PAGES PROLETARIENNES

vendredi 18 décembre 2015

Inaugurations: La "fraternisation" commémorative des factions bourgeoises




- à mes deux grands oncles de lozère revenus du Canada pour se faire tuer à Verdun,
- aux deux amis de mon grand-père maternel à Tauves (Auvergne), Joseph Dauphin et François Brugière tués « pour l'exemple » par les généraux chiens de guerre morts dans leur lit1
Qu'est-ce qu'il en aura inauguré des chrysanthèmes le père-la-patrie Hollande tout au long de cette année si sanglante pour les civils en France. Même le père la victoire, Clemenceau, n'a pas dû prononcer autant d'homélies durant les quatre années de la première boucherie mondiale du capital !
L'année 2015 se termine donc par l'accouplement hideux d'un design pacifiste bêlant et de l'accolade avec un politicien de droite plus court sur pattes que le principal locataire de l'Elysée, pour l'inauguration d'un monument « aux fraternisations », assez minable2 ; j'ai été le voir juste après le départ des officiels (je vous joins les images). Le principal champ de bataille de la première boucherie mondiale a pour tapisserie les terrils de Liévin et de Lens. Comment ne pas penser à ces mineurs qui n'eurent le choix que de mourir au fond de la mine ou au fond d'une tranchée boueuse, et qui furent aussi les otages de la soldatesque allemande dans la lourde bataille de Vimy ; le charbon était alors un des nerfs de la guerre comme le pétrole de nos jours.
L'ex-trotskien Jospin avait fait naguère un jeu de manches pour demander la réintégration à la nation des fusillés pour l'exemple, ce qui pouvait leur faire une belle jambe. Il fallait concrétiser, et au moment adéquat, au lendemain d'élections où les comtes régionaux de la monarchie républicaine – adoubés par l'habile monarque démocratique – se sont engagés à faire front contre la perfide duchesse-bassesse Le Pen, quitte à ridiculiser le chevalier Bayard Nicolas qui en est resté à la stratégie de la bataille de Crécy.
La rencontre très symbolique de gentihomme François Hollande et d'inféodé Xavier Bertrand a toutefois fait grincer des dents aux nobliaux de droite de l'hémicycle carolingien. "Faire des grandes photos de fraternité n'est pas la bonne réponse" aux problèmes des manants Français, a tancé le marquis Bruno Le Maire, candidat à la primaire LR pour la monarchielle de 2017. Réponse cinglante de Gérald Darmanin, damoiseau de Xavier Bertrand durant les provinciales : "Si les soldats français et allemands en 1915, en pleine boucherie de la Première Guerre mondiale, ont su fraterniser, je pense que le roi de la monarchie républicaine et le futur comte provincial ont le droit de se saluer devant un monument".
Notre roi du discours anaphorien, que dieu le bénisse, a voulu faire plaisir à un quarteron d'artistes et d'intellectuels de cour avec le cinéaste Carion 3 en inaugurant ce piètre monument à la fraternisation, plus rêvée que répandue, mais habilement récupérée par l'orateur gentilhomme de cour européenne.
Le cinéaste Carion avait réalisé un film niais « Joyeux Noël »4 avec une brochette des acteurs les mieux payés du spectacle, mettant en scène une fraternisation lors des Noël 1915 et 1916 à Neuville Saint Vaast, au cœur de la fournaise du champ de bataille particulièrement sanglant autour de la crête de Vimy où furent massacrés des milliers de canadiens. Il y eût nombre de fraternisations certainement. J'ai eu, en 1971, à Vanves, le témoignage d'un vieux poilu, qui crût longtemps être sourd, alors qu'on avait oublié un bourrage de coton dans ses oreilles ; il me raconta avoir passé une nuit entière sous les schrapnels à Verdun serré contre un soldat allemand dans le no man's land. Ils s'étaient séparés le matin, chacun regagnant son camp. Le pauvre pioupiou pleurait avec sa compagne en me narrant son histoire.
Le cinéaste assurait dans son article idyllique « les tranchées de la fraternité » que, et au vu de sa visite superficielle des archives militaires, il n'y avait pas eu d'exécutions « pour l'exemple » des soldats impliqués dans les fraternisations, because elles auraient été trop nombreuses. Franchement on ne peut pas croire cela. La fraternisation étant, au point de vue de la férocité des généraux en campagne militaire, pire que la désertion individuelle (car possible contagion communiste à l'époque).
C'est la première fois qu'un film de fiction basé sur une histoire vraie mais interprétée à la sauce des dominants et faiseurs de guerres actuelles sert de justificatif à un monument aussi hypocrite au creux d'un cimetière de tant de martyrs de la folie impérialiste.
Le monument est donc sponsorisé « bande annonce officielle » (comme on dit pour la réclame des films) pour limiter et aseptiser ce qu’il s’est passé à la faveur du Noël 1914. Résumé du cinéaste : des soldats ennemis (français et britanniques face aux allemands) se sont rassemblés, ont fait des matchs de foot, joué aux cartes, visité les tranchées adverses, enterré ensemble leurs morts, fait des messes en commun, échanger du tabac, etc. Il précise même sans rire que « cela ne s'oppose pas aux monuments aux morts »... pour la patrie sans jouer au foot eux. Non ce sera un monument complémentaire donc, somme toute pour réconcilier la nation entre agneaux sacrifiés et moutons noirs gentiment contestataires...
Fraterniser, ou échanger par-dessus des barricades, ce n'est pas nouveau. Cela s'est reproduit dans
maintes guerres sans impliquer une véritable action subversive contre la guerre capitaliste. Des officiers ont même été responsabilisés pour tolérer certains relâchements aléatoires, à la façon du Carnaval au Moyen âge. Pendant la seconde boucherie mondiale, par exemple les soldats italiens combattaient le lendemain les alliés d'hier, ou vice-versa. Les milices phalangistes libanaises pouvaient taper le carton avec des soldats israéliens pendant que d'autres s'occupaient de massacrer les arabes... La fraternisation, comme la désertion individuelle, ne sont pas révolutionnaires en soi !
Hollande et son cinéaste font mieux en truquant les enjeux historiques (allez on tape dans le ballon et après on recommencera à se tirer dessus...) et, en même temps en oblitérant les véritables fraternisations entre soldats allemands et russes au front de la révolution mondiale : crosse en l'air et fusillons les généraux. Ceux-là ne seront jamais commémorés par la bourgeoisie si sûre de son impunité, de sa modernité et de son éternité.
La fraternisation d'un soir à la Neuville Saint Vasst, comme c'est admis par tous les gangs militaristes du monde, fait partie du jeu. Elle est inoffensive comme le navet de Clarion.
LA FRATERNISATION SANS REVOLUTION EXALTEE PAR UN CHEF DE GUERRE
JAMAIS NOTRE AUGUSTE CHEF DES ARMEES SI PACIFISTE SUR ESTRADE NE REMET EN CAUSE LA GUERRE MONDIALE CAPITALISTE!
Notre grand « chef des armées » lesquelles il envoie en ce moment au casse-pipe en Syrie5,  a donc
béatifié un épisode absolument inoffensif dans cette région qui a été le principal champ de bataille de 14-18. Mais avec son discours de Gorgones il va faire mieux, il célébra « un acte de paix en temps de guerre » (quand au même moment avec son porte-avions gaulliste le gouvernement « socialiste » fait un acte de guerre en temps de paix, tout au moins en Europe riche). Tourné ensuite vers ses généraux, qui pouvaient se vexer de l'exaltation du pacifisme « lâche », le chef de nos armées précise immédiatement : « Ce n'est pas un grand acte dans la guerre mais un instant d'humanité ». On ne le voit pas à l'écran mais les généraux enrichis aspirent un bol d'air. Puis le chef des armées fit un signe onctueux aux curés de toute résilience : « la laïcité permet de protéger toutes les religions ». Il termine par une révélation sur les souhaits des footballeurs en uniforme, à laquelle les fraternisations d'un soir n'avaient même pas pensé (comme par exemple « fusiller les généraux et
foutre en l'air l'Etat bourgeois militariste »), mieux encore, le général-président invente a posteriori sans craindre de sifflets de la part du cercle des invités régionaux triés sur le volet de la classe supérieure des apparatchiks provinciaux : « les fraternisations rêvaient de l'Europe unie ». Et Jeanne d'Arc de ressembler à Angela Merkel ?
Car, ajoute-t-il : « la fraternité est une valeur de la République ». Pourquoi ses mégaphones tel le laid Askolovitch nous jouent-il du violon patriotique qui serait au nationalisme ce que le sucre est au poivre ? Dans les comparaisons historiques fangeuses et les approximations post 1945, peut-on « fraterniser » avec les assassins de Daech ? Parce que c'est une valeur de la république ?
. A lire : « Fusillé vivant » de Odette Hardy-Hémery. L’histoire de François Waterlot, ouvrier des mines, exécuté pour l’exemple en 1914, survivant, et mort au combat. Ca se passe dans la région.


le comte provincial est plus petit que le monarque républicain

à visionner absolument: https://www.youtube.com/watch?v=mEkkpy4rBj4
 

1Je raconte leur histoire dans mon livre « A chacun sa famille » (2010). Privé de permission de sortie, Joseph Dauphin se saoule comme un polonais, il se met à crier ensuite en direction du QG des officiers : « A bas la guerre ! Vive la Révolution ! A bas Poincaré ! Vive la Russie ! ». Le peloton d'exécution est aussitôt formé, son pote François Brugière doit en être. Non seulement il refuse mordicus mais il aggrave son cas : « Si on m'oblige à tirer, la balle ne sera pas pour mon camarade, mais pour le commandant du peloton ». Joseph est fusillé et François condamné à la déportation au bagne militaire d'Orléansville en Algérie, où il meurt peu après.
2 En voici la description autorisée sur Le Parisien : « Le visiteur pénétrera dans une tranchée constituée de pans de béton brut, entourée d’un parc paysager. Le cheminement permet de rejoindre un peu plus haut un terre-plein où ont été placées six silhouettes de soldats, jouant au football ou assis au pied d’un sapin de Noël, figurés dans des blocs de verre translucide. Christian Carion y voit un monument « à hauteur d’homme, pas du tout ostentatoire, presque pudique ». En réalité on a l'impression de passer dans une entrée de parking bétonnée (les tranchées étaient dégoulinantes de gadoue et de sang), et les silhouettes fondues dans des panneaux de verre font décor pour boutique de manucure ou salon de coiffure. Ce machin pacifisto-européen de trucage de la mémoire, laid et ras du bitume, a coûté du pognon : budget de 800 000 €, avec des aides de l’État (ministère de la Défense), de la Région, du Département du Pas-de-Calais et de mécènes privés. Une démarche de financement participatif sur Internet a en outre permis de recueillir 55 505 € auprès de 317 donateurs.
4Les critiques de cinéma les plus sagaces éreintent ce navet à sa sortie :
La critique de Positif : « C'est beau comme un traité constitutionnel, émouvant comme une première communion. Joyeux Noël quand même ! ».

Les inrockuptibles :  
« Tellement irréel, non maîtrisé, de mauvais goût, stupide, que ça en atteint parfois des sommets poétiques (...) c'est tellement abject qu'on soupçonne Carion d'être un provocateur surréaliste.
Cahiers du cinéma : « Rien de neuf dans la tranchée de l'imaginaire poilu de la Grande Guerre (...) Le vrai sommet international de cette Grosse Illusion ne se passe toutefois pas dans les tranchées, mais dans son plan de financement (...) que le film s'occupe de raconter, faute de mieux ». 

Ma critique: Voulant mélanger grandiloquence théâtrale (le ténor est moche et raide, le couple de chanteurs allemands est franchement ridicule de se la jouer opéra au milieu de tranchées décorées de sapins de Noël) et moquerie de la hiérarchie militaire façon Fernandel revanchard, le scénario ne tient pas la tranchée avec cette insistance en toc de nous faire passer pour un internationalisme démocratico-européen la succession des dialogues en langues...européennes. Les acteurs, surtout D.Boon et G.Canet sont mauvais, leurs casquettes trop grandes. Cornemuse criarde, messe débile, cantatrice incrédible au milieu des pioupious convenus, rien n'est drôle ni émouvant dans ce navet inférieur au moindre feuilleton américain, un scénario simplet et irréel qui voulait magnifier un des nombreux cessez-le-feu au cours du massacre généralisé, mais absolument pas subversifs ni inquiétants pour les généraux assassins.


5On ne supposera pas la possibilité de fraternisations avec Daech, sauf à interdire les couteaux de cuisine dans un éventuel repas commun. Notre chef des armées (de la bourgeoisie) nous le laisse certainement déduire, car il ne faut plus dire du mal des allemands, ces européens confirmés. L'Europe n'est-elle pas la fraternisation des peuples « classe » ?

mercredi 16 décembre 2015

ILS VONT REPUBLIER MEIN KAMPF ET ON S'EN F...



Dans l'« Avertissement des éditeurs », Sorlot relève les menaces très lourdes à l'endroit de la France et souligne que « [ce] livre qui, répandu en Allemagne à plus d'un million d'exemplaires, a eu sur l'orientation soudaine de tout un peuple une influence telle, qu'il faut, pour en trouver l'analogue, remonter au Coran »

En 2007, il a été présenté à la Foire internationale du livre du Caire par une maison d’édition syro-égyptienne, al-Kitab al-Arabi, dont le représentant, Mahmoud Abdallah, a déclaré : « il [ce livre] représente une grande partie de notre succès, en particulier parmi le public des 18 à 25 ans ».



Peut-on imaginer que Mein Kampf va être lu de nos jours du fait qu'il peut être réédité en 2016 sans plus de droits d'auteur que de toute façon Hitler n'eût pas touché outre-tombe ? Voyez ce combat picrocholin entre universitaires allemands, leur gouvernement et des associations de déportés, à l'occasion du terme des droits d'auteur de feu Hitler – l'arsouille avait conservé ses droits depuis 70 ans, subtilité comique du droit éternel bourgeois - pour surseoir ou annuler la republication du « livre qui a causé le plus de morts au monde »(dixit Ach Arte!).

Le lire constituerait un effort d'abnégation considérable sur soi-même pour s'intéresser à un amas de fabulations aussi indigestes que le coran ou la bible. Je dois en posséder un exemplaire au fond d'une de mes bibliothèques, délaissé à la critique rongeuse des termites. J'avoue avoir essayé d'en lire plus de trois pages en sautant les chapitres, mais rien n'y faisait, non pas parce que je pense comme tout le monde que Hitler était un sacré salaud, mais parce que, intellectuellement et politiquement, c'est bête, confus et imbitable. Il y a a tant d'auteurs classiques plongés dans l'oubli qui mériteraient d'être réédités – d'un niveau autrement supérieur et structurant que ce vulgaire compilateur délirant – qu'on peut s'interroger sur le pourquoi d'une polémique internationale pour éditer, même annotée, cette merde ? Alors même qu'on peut le trouver chez plusieurs bouquinistes depuis la guerre ou en édition intégrale sur le web ? 1

Evidemment qu'il s'agit d'une séduction démoniaque démocratique, mâtinée de solides rails conceptuels du professorat de l'institut de Munich (qui veulent arrondir leurs fins de mois), d'un épiphénomène littéraire destiné à ressortir les increvables et répétitifs mensonges sur la guerre mondiale, à une époque où elle se repose à peu près dans les mêmes termes. C'est pourquoi la propagandastaffel Arte, après tout le monde, y a consacré une soirée, tape à l'oeil et superficielle comme d'hab. Vous pouvez lire les explications de wikipédia et, non seulement vous aurez le canevas qui a servi aux scénaristes d'Arte, mais vous en saurez même plus sur le monstrueux « Mein Kampf ».
Je ne m'en excuse pas, mais je vais vous dire mon avis sur un livre que je n'ai pas lu, que je n'ai pas lu lire et que je ne lirai pas, me fiant aux divers résumés pour le contenu mais pas pour l'interprétation ; on me dira que ce n'est pas bien, qu'il faut lire les écrits de ses adversaires et du principal Belzébuth contemporain avant de les critiquer, mais Hitler, ou plutôt le nazisme est un livre ouvert depuis longtemps pour la plupart des gens sensés, qui ont potassé moult livres d'histoire et qui ont réfléchi aux données historiques sur le déroulement de la seconde boucherie capitaliste mondiale. Pas besoin non plus de visiter les camps de la mort pour comprendre comment c'était horrible.

Avec sa lourdeur pachydermique, la chaîne teutonne bétonne et déconne d'entrée, en reprenant la méthode (très hitlérienne) des idées simples. Cela débute par l'évocation des migrants actuels qui marchent dans la nuit noire. Cette introduction se flatte elle-même de rappeler que le suc du danger hitlérien réside dans le refus des étrangers, pas dans les guerres capitalistes incessantes. On est en terrain connu et bordé pour tout lycéen antifa. On est prévenu que le livre du petit moustachu à casquette de postier de base, non syndiqué à Sud, exsude agressivité et haine.L'actualisation historique possède ses limites hystériques.

On nous cite ensuite des éléments : Hitler regrette un manque d'homogénéité de la nation et estime que « nous devons nous battre pour la multiplication de notre race ». Une vieille potiche fardée jusqu'aux yeux, genre sexagénaire gauchiste qui veut se croire encore jeune, filmée en gros plan pour qu'on voit bien des rides accumulées par les soucis de 14 et de 39, nous fournit une explication psychologique, sans doute pour remettre à sa place le non-lecteur inconscient comme moi :  « On a tendance à se moquer de Hitler... c'est pas peur de trouver ce qui sommeille en nous ».
Alors, ainsi averti, j'ai ensuite essayé de savoir ce qui sommeille en moi quand je vois de telles émissions : le fou-rire ou le dégoût ? Je vous le dirai à la fin.

Coupable parce que coupable, l'Etat allemand, pétri de honte, a interdit la republication du best-seller de Hitler depuis 1946... par peur de la contagion ! Ouf ce n'était qu'un propos d'estrade, car, heureusement le Manifeste communiste de 1848 – qui reste plus utile et contagieux pour le prolétariat que pour feu Brejnev – a continué à être édité au pays meurtri de Karl Marx.
Suivent les intermittents des interviews qui rythment le scénario. Celle-là nous assure que le lecteur comprend immédiatement que Hitler appelle à l'extermination des juifs, comme le tueur coranien appelle à tuer tous les mécréants de nos jours, ou les pacréants du tout. Il s'agit d'une ancienne déportée juive, on comprend que son jugement puisse être très affecté par une interprétation littéraire très mauvaise. En voici une autre qui témoigne que ce projet n'apparaît pas à la lecture du brouet.
Voici depuis un laboratoire de la génétique antifasciste, sis à Munich la salope, nos professeurs d'explication du texte maudit, 150 exégètes du navet nazi, qui ont planché trois ans durant pour « expliquer », « démystifier », « mettre en garde » contre la nocivité perverse d'oncle Adolf, avec ce résumé subliminal : « faut l'expliquer aux jeunes ».
Un autre combat, et pas des moindres en notre époque de misère galopante (plus que le fascisme), le notoire mérite des augustes professeurs de Munich, en osmose avec l'Etat des länders, est naturellement d'empêcher l'exploitation idéologique et commerciale de MK, « car son idéologie raciste continue de séduire aujourd'hui ».

La vieille décatie gauchiste, poudrée et rouge à lèvres criard (il y en a certaines qui mériteraient d'être voilées, foi de macho ridé), revient nous donner la clé : « avec Mein Kampf, tout s'explique » (entendez : pour les pauvres d'esprit... racistes et anti-migrants). Le reste est très accessible à un spectateur débile comme moi. Tout s'enchaîne : Hitler est en prison, remâche sa haine après un putsch minable et un jour, tilt ! Il se dit « je vais écrire un livre, ce sera un best-seller et je pourrai rembourser mes dettes », « c'est un mélange de biographie, de programme politique et d'obsessions ». Bien, plus j'avance dans mon écoute de l'émission, plus je me persuade qu'on me donne bien le résumé ad hoc du brouet et cela me confirme dans mon absence d'intérêt pour le lire de fond en comble, de nullité en caducité2 .

Les commentateurs de Arte font preuve d'un incontestable racisme intellectuel en traitant Hitler comme une vulgaire racaille de nos banlieues expulsée de l'école à l'âge ingrat : « Hitler a quitté l'école très tôt et ne sait pas écrire », « mais il n'est pas bête » (on respire ! Comment, autrement, un idiot aurait-il pu entraîner dans une guerre mondiale un peuple aussi cultivé et lecteur assidu de MK?).
La mémère décatie revient nous offrir la deuxième clé, l'ambiance du roman hitlériste : « il se voit investi d'une mission mais il n'est animé que par la haine ».

A cette étape du scénario, vous en avez déjà marre comme moi. Que signifie cette personnalisation de l'histoire ou plutôt de la barbarie capitaliste ? Qui défie toute chronologie historique, à la manière du brouet d'Hitler d'ailleurs. On a commencé par nous refiler la comparaison des migrants actuels et des juifs du passé avec un zozo emprisonné qui s'est mis dans la tête de faire un best-seller !
Rien sur le traité humiliant de 1918 ! Rien sur le véritable ennemi intérieur : le prolétariat qui s'était mis en révolution contre la guerre en Russie et avait « contaminé » les « frères de classe » jusqu'en Allemagne ! Rien sur la contre-révolution ! Hitler est tombé du ciel et on se magne de promettre la réédition de son navet plutôt que de faire lire aux masses des historiens intelligents comme Kershaw ou les écrits subtils et profonds des Bordiga et Trotsky !

Le lecteur aura intérêt à lire la notice de wikipédia assez complète sur Mein Kampf, bien que le sujet soit vaste, non exhaustif et même parfois aux limites du discernement humain. On y apprend que le jeune auteur Adolf a débité ses délires, compilations d'un autodidacte aigri après plein de lectures ésotériques et d'écrivaillons racistes des deux côtés du Rhin, et que des conseillers et un curé ont ordonnancé de flot hétéroclite3. L'historien Kershaw explique très bien aussi comme l'armée a instrumentalisé le nouveau petit caporal, sans oublier les appuis financiers du capital international.

MEIN KAMPF : UN LIVRE POUR ANNONCER LA GUERRE

C'est un livre de guerre, pas un livre pour annoncer le massacre des juifs, c'est pourquoi il n'en est pas question comme le confirment les divers lecteurs, sauf ceux qui supputent ou auscultent les intentions du zigoto pris comme instrument plénipotentiaire du Mal.

Enfin des intermittents de l'interview du scénario sans queue ni tête autre que l'ombre du fascisme et les fantasmes inconsistants pour l'époque actuelle que la classe dominante fait débiter à ses intellectuels de gouvernement (et de partis soliloques), viennent au moins reconnaître que Mein Kampf, en écartant fatras de commentaires hétéroclites et nombriliques ou digressions invraisemblables, contient deux projets essentiels :
  1. permettre à l'Allemagne de retrouver son rang impérialiste en écrasant la France, son principal ennemi (Hitler fait expurger un tiers du livre qui attaque ce pays pour l'édition française, mais pas ses digressions sur les juifs) ;
  2. le but concomitant (pour le capital allemand et pas pour Hitler en soi) est de conquérir « l'espace vital », c'est à dire la Russie et les pays de l'Est (comme aujourd'hui d'ailleurs, cf. la situation en Ukraine orchestrée par la bourgeoisie US pour empêcher un nouveau Barbarossa économique...).

Les juifs ne sont traités qu'en troisième lieu, et la chronologie et l'ordonnancement de l'argumentation a peu d'importance dans l'écrit de tout gourou qui « ne fait pas de politique » mais « parle aux sentiments » ; le liant dans ce magma plus belliciste que raciste (mais en même temps racisme et bellicisme font toujours bon ménage) est bien sûr le juif, bouc-émissaire tout trouvé, traditionnel depuis le 19 ème siècle, impeccable remplaçant du prolétariat. Nos cuistres d'Arte n'ont même pas osé invoquer la haine de la bourgeoisie allemande contre les « juifs bolcheviques », pour ne pas mécontenter l'un de leurs patrons, Poutine, antifasciste confirmé qui ne veut plus entendre parler des youpins du Kremlin... en 1917.

Mémère décatie revient nous expliquer que l'auteur Hitler voit le juif comme symbole d'un monde décadent, qui a intérêt au déclin de l'humanité ; peu lui chaut que les bandes d'Hitler et de la social-démocratie du « socialiste » Noske ait tiré plus qu'au Bataclan à la mitrailleuse contre des milliers d'ouvriers berlinois !
Un autre intermittent, peut-être ancien déporté, est chargé de nous glisser que le communisme pour Hitler est un grand danger ; mais cela apparaît comme anecdotique puisqu'on nous assure, et Hitler et le scénario de l'émission que le plus grand danger était « les juifs » ; mais personne ne nous démontre en quoi.

L'histoire est au niveau d'une émission de Bernard Pivot, on suit les chiffres de l'édition à la trace. Comme Sarkozy se rendant au Fouquet's au soir de sa première élection (et probablement la dernière) , Hitler relance la vente de son book au lendemain de sa victoire électorale de 1933 : « les ventes explosent ». Bingo ! Comme s'il devait arriver la même chose à Droopy Fillon s'il avait une chance quelconque de refiler son navet promotionnel en 2017; actualisation piège à ignorons!
 En 1935 le brouet n'intéresse déjà plus personne, aussi les apparatchiks nazis inventent de l'offrir en cadeau de mariage, idée reprise par Le Figaro lors de mon mariage en 1970; l'abonnement annuel pas le livret d'Hitler (ce journal me servit pour protéger mes pauvres meubles de la peinture); comme oncle Adolf j'ai tendance hélas dans cet article, vous le voyez, à mêler le subjectif à la grande histoire, que mes hautains lecteurs et lectrices me le pardonnent.

Un des supplétifs vient « combattre une idée tenace » ensuite : le fait que Mein Kampf n'était pas lu en général. C'est vrai pourtant et cela coule de source comme des historiens l'ont constaté il y a longtemps. D'une part les masses « populaires » ne lisent jamais les programmes et peu les livres en général. D'autre part, comme le rappelle la notice de wikipédia, le livre est offert en cadeau à tous les mariés non échangistes comme Mitterrand après 1935; c'est le genre de cadeau qui finit sur la cheminée ! Et ce cadeau est tiré à 12 millions d'exemplaires quand Hitler – se remplit les fouilles au point de refuser sa paye de premier ministre, échappant comme Xavier Bertrand à tout cumul compromettant de mandats. On nous assure qu'un allemand sur cinq a lu cette merde, ce qui fait beaucoup trop par rapport au petit temps libre dont disposent les ouvriers allemands, encore majoritaires et qui préfèrent une bonne bière au bistrot que lire à la bougie ou en polluant ses poumons près de la cheminée que Emmanuelle Cosse ou Ségolène Royal auraient fait ramoner par Nicolas Hulot si elles avaient été ministres d'Hitler en son époque.

Il y a suffisamment de journaux, la radio et les meetings pour « expliquer » et « lire » les idées nazies, qui sont avant tout un encouragement à la guerre, avec cette rouerie de fondre les classes dans une union défensive contre la personnalisation perverse du capital par les juifs ; ce que nos intermittents d'Arte définissent comme « montée du racisme » ; ce roc de la pensée moderne, germanopratine et décomplexée du stalinisme amoindrissant, qui oublie, même les mémères décaties, qu'il est surtout le bréviaire du réarmement, qui fait fi du niveau de terreur qui régissait de plus en plus la société en Allemagne, avec des bruits de botte croissants non pour aller combattre les juifs mais pour briser l'encerclement des compétiteurs capitalistes et relever le taux de profit par le pillage impérialiste.
Une nouvelle fois un autre intermittent reconnaît qu'il n'y a nul appel au meurtre massif des juifs. Malgré l'insistance grand-guignolesque sur l'ennemi juif, toute la promotion d'Hitler et l'avant-guerre ne reposent pas sur la chasse aux juifs en soi. La chasse aux juifs à l'approche de la guerre, c'est quoi ? C'est la fabrication d'un ennemi intérieur, qui fond ou unifie toutes les classes sociales tendues vers un seul but : la guerre externe. Admirable perversité de la bourgeoisie allemande, derrière sa marionnette Hitler : remplacer le dangereux prolétariat – liquidé en Russie par Staline et massacré par les social-démocrates et les corps francs avec le petit dernier Hitler, en 1919 et 1923 – par les « migrants » inoffensifs juifs, ou non migrants puisque qu'un grand nombre des prolétaires à l'Est étaient juifs ; comme aujourd'hui Daech est supposé être dans nos murs avec les millions de croyants musulmans. L'émission teutonne veut bien oser la comparaison historique mais sans oser la comparaison avec le subterfuge mystificateur ! Et pourtant le subterfuge est là aussi et fait dresser nos cheveux sur la tête : pour mener à bien une guerre mondiale, il faut être capable d'inventer un ennemi intérieur, du genre figurant comme les juifs  (qui s'excuseraient les bougres en général de vouloir prendre un pouvoir quelconque) , mais surtout pas une classe dangereuse historiquement et socialement comme la classe des classes : la classe ouvrière.

Il suffit d'égrener enfin les clichés convenus qui n'exigent plus d'explications, pour fossiliser le diable extra-terrestre Hitler. On évoque les gaz à Verdun, sans préciser que c'est une invention de l'armée française. Il est aussi convenu qu'ils sont d'accord avec l'affirmation d'Hitler « les juifs sont responsables de la défaite en 14 » ; on ne nous rappellera pas que c'était l'interprétation de l'état-major allemand, ni que Hitler savait très bien que c'était le prolétariat allemand qui avait « trahi » sa bourgeoisie ; c'est pourquoi il n'inquiéta jamais les chefs « socialistes » à la retraite, au contraire des collabos français qui s'en prirent au « juif Blum », alors que en France aussi les généraux avaient organisé la débâcle. On a compris après l'accumulation des clichés, science infuse de tous les potaches en politique, que ce salaud de Hitler était venu sur terre « prêt à tuer tous les êtres humains ». Churchill, Truman, Hiro-Hito n'étaient à côté qu'une nurserie bénévole sans nounou voilée.
On a donc compris le résumé de Mein Kampf : une incitation à la haine. Des juifs bien évidemment, espèce de lourdaud ! Mais aussi des français, des russes, des arabes mécréants, des témoins de Jéhovah pratiquants, etc.

Dégoût qui sommeille en moi devant cette propagande qui prend la tangente pour éviter de mettre en évidence la responsabilité du capitalisme dans la montée aux guerres mondiales, mais pas simplement. Cette actualité « littéraire » de peu d'importance en soi (vous n'attraperai ni la rougeole ni le virus du nazisme si toutefois vous lisez cette merde) comparée à l'enrichissement d'Amazone avec tous ceux qui revendront en vitesse cette vieillerie d'autodidacte ampoulé et dégénéré, illisible, surtout avec les commentaires de 150 ânes universitaires de Munich. Un conseil : lisez la notice de wikipédia, presque tout l'essentiel y est, sauf notre analyse marxiste du nazisme et du pion Hitler.

La conclusion de l'émission est aussi navrante que son contenu. La comparaison historique des juifs et des musulmans est bêtifiante. C'est faux les boucs-émissaires ne sont pas interchangeables, non parce que juifs et arabes n'auraient pas leurs « riches » exploiteurs du monde ou leurs terroristes marginaux, mais parce que nous vivons une période complètement différente que celle de la contre-révolution des années 1930 et d'une crise qui ne pouvaient mener qu'à la guerre par impuissance du prolétariat. Aujourd'hui, si les médias comparent facilement djihadisme et nazisme, cela reste incongru. Nous n'avons pas les mêmes dimensions entre le nazisme industriel et un islamisme armé avec un micro Etat régional qui n'est que le paillasson et le bourreau d'intérêts impérialistes rivaux. Le nazisme a trouvé sa force dans une homogénéité contrainte du nationalisme, sans commettre ses cruautés au début de son règne. L'islamisme marche à l'envers, il se veut mondialiste mais reste éclaté à ce niveau et commet ses atrocités maintenant sans avoir conquis une place-forte nationale.
Il n'est qu'une troupe d ' « éclaireurs » en vue de la guerre mondiale. Il peut compter sur l'idéologie interclassiste de l'antiracisme pour compléter la panoplie du futur épouvantable.

Au terme de cette émission de hâbleurs superficiels, le commentaire en voix off ne dit pas le contraire : « les deux idées majeures de Mein Kampf étaient l'ultra-nationalisme et le racisme », « solution simple dans un monde complexe ». Comme celui d'aujourd'hui ?

Le pire était à venir, la pub pour cette merde : « étudier Mein kampf c'est étudier le monde actuel ».

Et étudier le programme communiste de Marx et Engels, c'est étudier la lune ? Et Hitler le plus grand sociologue de tous les temps ?

BORDIGA avait raison en 1945, disant paradoxalement que le fascisme avait finalement triomphé. Puisqu'on trouve la même méthode de raisonnement binaire certes à l'envers, chez nos abrutisseurs publics de télé-radio-web !

Big brother vous a parlé mes chers frères. L'humanité et son ennemie la haine, décrite par cet auteur exceptionnel oncle Adolf au mitan des années 1920, vivotent comme au temps des années folles, entre diable et bon dieu. Pourvu qu'elles ne s'identifient pas un de ces jours à ces deux classes pithécanthropes : le prolétariat et la bourgeoisie !





1En 2013, par suite à une campagne des courageux apparatchiks antifascistes de salon, F de gauche et PCF, une librairie de Berck a été sommée de retirer l'ouvrage de ses rayons. J'ai été bien entendu soutenir ce libraire qui n'était ni facho ni un fourrier du nazisme. On ne peut regretter finalement qu'une chose : ces crétins d'apparatchiks auront servi à faire de la pub pour cette merde, et je suis sûr que plusieurs personnes, émoustillée par un possible contenu dérangeant le système, aient par la suite passé commande et dépensé leurs sous en vain, pour une vraie merde !
2Refuser de lire un auteur du calibre lamentable d'Hitler ne peut pas être un péché, de même que ne pas perdre son temps à lire les grands auteurs bourgeois n'est pas une régression de la pensée ; Bordiga se vantait bien de n'avoir jamais lu une ligne de Benedetto Croce !
3Le plan fourni par wikipédia ne concerne que l'édition (tronquée) française, mais révèle bien dans l'ordre les préoccupations non du seul Hitler, mais de la bourgeoisie allemande revancharde, les ennemis : 1. la France, 2. le bolchevisme, 3 l'ennemi intérieur remplaçant : les juifs. Mein Kampf n'a fait que s'inspirer des recettes des best-seller américains, mélange de petite histoire personnelle et de grande histoire à la façon de Léon Zitrone, pour l'estimation la plus haute. Le sommaire le démontre. Les nègres de Hitler ont dû suer sang et eau pour mettre un semblant d'ordre dans ce fatras, mais le plan reste délirant en lui-même sauf pour une obsession : la guerre.

Tome I : bilan

Préface de l'auteur
  1. La Maison familiale
  2. Années d'études et de souffrance à Vienne
  3. Considérations politiques générales touchant mon séjour à Vienne
  4. Munich
  5. Propagande de guerre
  6. Le commencement de mon activité politique
  7. Les causes de la débâcle
  8. Le peuple et la race
  9. La première phase du développement du parti ouvrier allemand national-socialiste

Tome II : le mouvement national-socialiste

  1. Opinion philosophie et parti
  2. L'État
  3. Sujets de l'État et citoyens
  4. La personnalité et la conception raciste de l'État
  5. Conception philosophique et organisation
  6. Lutte des premiers temps - L'importance de la parole
  7. La lutte contre le front rouge
  8. Le fort est plus fort quand il reste seul
  9. Considérations sur le sens et l'organisation des sections d'assaut
  10. Le fédéralisme n'est qu'un masque
  11. Propagande et organisation
  12. La question corporative
  13. La politique allemande des alliances après la guerre
  14. Orientation vers l'Est ou politique de l'Est
  15. Le droit de légitime défense
Conclusion

lundi 14 décembre 2015

VICTOIRE DU référendum ANTI-FN


photo prise à Calais le 13 décembre
« Succès sans joie » Cambadélis, secrétaire du parti gouvernemental

Quoiqu'il y ait eu un sursaut de l'électorat, de 4 à 8% d'abstentionnistes du premier tour qui ont fait l'effort d'aller risquer leur vie à la plus proche mairie pour défendre la république en danger, on a près de la moitié du « corps électoral » (= 22 millions de prolétaires en majorité) qui n'ont pas jugé utile d'aller cautionner la pitrerie électorale bourgeoise, et je ne compte ni les bulletins blancs ni les déchirés ou insultants. Si cinq à six millions, à peu près comme au premier tour, ont persisté, même en vain, à voter FN, cela signifie que les divers partis politiques de droite (y inclus le FN) et de gauche ne sont élus et ne gouvernent que pour un quart des habitants (électeurs) de la France. Fumisterie classique de la démocratie bourgeoise inter-classiste ! Le parti gouvernemental limite les dégâts grâce à une campagne hystérique au nom d'un fantôme du passé, la droite fait minable épaulée par ces pauvres électeurs de gauche et le FN prend une claque qui le remet à sa vraie place, celui d'un barnum creux de frustrés. Signe de la dispersion et du délitement de l'encadrement bourgeois, on ne se préoccupe pas de la montée du régionalisme nationaliste en Corse ou en Martinique (*).

Le retrait masochiste en faveur de la droite bourgeoise n'était pas seulement un réflexe de peur panique face au seul parti qui pouvait se prétendre subversif (quoique à moindre frais et sur des critères crétins plus que racistes) mais un réflexe monarchique du staff Hollande. Le référendum anti-FN a été clairement organisé et planifié en vue du « référendum présidentiel » dans une dizaine de mois. Tout a dans l'ensemble bien fonctionné. Les électeurs sont des veaux. Ils ont bien répondu à l'appel au barrage anti-FN, de la même manière qu'une masse d'autres crétins ont persisté à voter pour ce parti gériatrique et accessoire de mémères creuses. Le stress d'une ou deux victoires féodalo-régionales a été évacué dès le 20 heures de Pujadas et le brushing de Marschall sur BFM. La télé à l'heure d'internet est caricaturale, on voit désormais des haschtags de politiciens qui apparaissent sur la droite de l'écran pour commenter en cours de débat.

Tout était relatif, mesurable, quantifiable et non dommageable pour la gauche gouvernementale, sauf le drame de fin de soirée, pas un nouvel attentat, mais la perte de la première région française l'île de France, ce berceau de Paris, au profit d'une lieutenante de Sarkozy, quoique celle-ci salua en tribune son maître Chirac et non pas l'excité du bonnet ex-président roi du stress ministériel, frisa la comparaison avec l'accident de mai 1981 (les élections démocratiques bourgeoises ne sont pas complètement contrôlables comme un scrutin brejnévien). La gaffe du petit Bartolone1, ci-devant honoré président de l'Assemblée nationale mais concurrent mesquin, contre la figure de proue de la droite caviar, taxée de complaisance envers la race blanche, a fait la différence. Le mot de trop, la gaffe attendue, n'a pas profité au FN, mais les électeurs parisiens du FN s'en sont servi contre le PS en votant pour la candidate de droite2. Les bobos-intellos-gauchos sont dominants à Paris – avec le socialo-antiracisme – mais pas dans l'ensemble de l'île de France qui contient globalement une masse de couches moyennes artisanales et non pas la « texture » du 93 pour ne pas la nommer.


DES RESULTATS PAS JOYEUX

Victoire sans joie d'autant que, même avec zéro président de région, le parti des deux blondasses se retrouve avec trois à quatre cent apparatchiks dans tous les conseils régionaux de l'hexagone alors que, suite à la stratégie hollandaise, dans trois grandes régions il n'y aura plus un seul apparatchik de la gauche bourgeoise, et aussi que, par extension, des "élus" du FN finiront ainsi tôt ou tard sénateurs.
Bien sûr chacun, journaliste ou édile politicien du « camp républicain » nous répercuta que la joie ne pouvait être là avec un FN à 40% bis repetita, qu'il fallait répondre aux questionnements de l'électeur lambda du parti bleu marine légèrement foncé, chose qui fût stupidement résumée par la noble et sexy NKM comme seulement lié au chômage, preuve que l'oligarchie considère les laissés pour compte mais aussi les millions de prolétaires abstentionnistes pour des débiles « économistes », l'oeil rivé sur les aides publiques, les allocs de toute sorte et pas des êtres pensants révulsés que leur avis politique sur la marche de la société compte pour du beurre face à des milliers d'apparatchiks démocratiques pas plus respectables que ceux du temps de Brejnev ; il faut noter d'ailleurs l'incroyable culot subliminal du journaliste bourgeois moyen lorsqu'il décrit le FN comme une sorte d'ovni néo-bolchevique, indéniable tour de passe passe avec un passé diabolique toujours conjuré (comme illégal) : « un parti ne peut pas arriver au pouvoir seul ».
Les résultats sur cette « solitude » du FN ne sont pas joyeux en vérité parce que rien n'est tranché dans la compétition des diverses factions bourgeoises. Le but de la gauche gouvernementale était d'instrumentaliser le FN à la fois pour détourner l'attention de sa responsabilité première dans l'attaque capitaliste contre les conditions de vie du prolétariat, mais aussi pour émietter sa faction rivale de droite en vue de la prolongation de la manne seigneuriale présidentielle et de ses nombreux courtisans bénéficiaires en 2017.

Certes le résultat fait naître des barons de la droite bourgeoise : les sieurs Bertrand, Estrosi, Wauquier, et damoiselle Valérie Pécresse. Légitimés par le « suffrage populaire » ces nouveaux nobles de la démocratie étiquement représentative ne sont pas de bon augure pour le prince consort (qui avait été sorti) dit Sarkozy; les poignards sont aiguisés derrière le trône re-convoité. Le chef de guerre des ripoublicains n'avait pas de quoi pavoiser non plus - il n'a pas été le principal rempart contre le FN - mais sa tactique anti front républicain a quand même été complémentaire puisque son principal lieutenant, l'auvergnat Wauquier a triomphé sans le mouton électeur de gauche avec le slogan "l'immigration ça suffit". Juppé et Fillon ne passent toujours pas la rampe, le premier a l'air vieux, fait mou et chevrotant à la lecture de ses discours et le second reste fade comme Droopy.
Un des nouveaux barons, qui s'est complu (et corrompu) en remerciements pour les électeurs de gauche du Nord, le provincial "affranchi" X.Bertrand – non adepte le théorie sarkozienne du ni-ni comme NKM - a fait acte de lèse majesté en intimant à son ex-patron de se taire entre les deux tours ; Sarkozy draguant trop ostensiblement les voix du FN. Ce même baron est candidat aux primaires présidentielles à droite, et la sympathie qu'il a vu venir d'un électorat de gauche (effrayé par une possible victoire de Marine la moustachue) pourrait lui être plus utile de la part de couches pas très laïques, cajolées par la gauche gouvernementale quand l'ex-chef de file caractériel misait sur une séduction envers la clientèle du FN (tactique qui n'a pas été contredite sur la place parisienne).
La plupart des factions politiques bourgeoises sont au courant des sondages secrets sur l'état réel de « l'opinion » à tel ou tel moment, et ils gouvernent tous avec ce thermomètre, et tant qu'on ne le leur cassera pas ils régneront « en toute bonne foi » avec cet adoubement inconscient des gens du  « peuple » qui font la queue en mairie en croyant s'exprimer.

A l'heure fatidique de la révélation médiatique,  la bousculade pour la prise de parole face aux médias, mémère Le Pen en pôle position, puisqu'elle ne risquait plus d'être subversive, mais chahutée par une intervention concomitante du blaireau Sarkozy, révéla la fébrilité de ces différentes factions de la bourgeoisie, coincées depuis les débuts de la campagne dans les ornières des stratèges de l'Elysée.
Les seconds rôles Bertrand et Estrosi ont donné ensuite une enflure démesurée à leur sponsorisation réussie par la gauche de gouvernement. Des trémolos aux accents de Déroulède. Le nordiste nain Bertrand a assuré que l'histoire retiendra que c'est ici (dans le ch'nord) «  que nous avons stoppé le FN ». Le « résistant » du sud ensoleillé Estrosi a clamé son émotion de la victoire du peuple Alpes-Provence, cet Hercule, doté d'une volonté de résister inscrite "aux tréfonds de l'âme de ce peuple indomptable" ; on était ébaubi en pensant aux retraités  fortunés de la côte d'azur, et à ses potes mafiosos de Nice jusqu'à Monaco !
Dans un minutage calculé, juxtaposé à la suite des seconds rôles, le torero Valls a salué l'appel courageux de la « gauche unie » (en grande partie pourtant au service des barons de la droite reconnaissante) – et en réalité complètement dispersée du F de G aux écolos – pour l'appeler à continuer... le combat antifasciste ! (car « le danger de l'extrême droite n'est pas écarté »... au moins jusqu'à la prochaine élection présidentielle). Le carburant de l'antifascisme est en tout cas plus efficace que le carbone qui émeut les conférences genre COP21, mais ne fait rien avancer avant vingt ans de la part des grandes puissances... étouffantes pour l'humanité3.

Comme après la victoire brejnévienne de gangster Chirac en 2002, on nous a promis quantité de solutions nouvelles et, star des stars, la fin de la langue de bois politique qui avait tant vexé l'électeur moyen du FN, devenu soudain (mais seulement après sa défaite à plate couture) le barreau d'échelle où pourra être soupesée et évaluée l'ignominie politique permanente du sérail politique bourgeois.
Les divers mégaphones du FN firent par contre grise mine, preuve de leur immense auto-intoxication. Collard l'avocaillon fût pitoyable et le petit mignon de Marine, pas flamboyant le petit Philippot, ex-chevènementiste. Les Hamon, Dray, M.Aubry, Mélenchon, jouèrent l'air des prolongations en nous expliquant que le suspense FN va être l'âme du scénario jusqu'à 2017 pour nous affilier à leur tambouille électorale et faire lanterner la mise en cause du système cynique démocratico-capitaliste devant lequel ils s'agenouillent. Il faut faire durer le suspense de l'antifascisme de confort pour masquer l'impuissance de toutes les coteries bourgeoises à résoudre la précarité massive, le chômage massif, l'immigration massive, la crise identitaire et le terrorisme au quotidien.
Comme exutoire au pourrissement de leur société, ils nous proposent l'air pur de la planète, en dépit de la flotte aérienne US et chinoise, en promotion de débattre des « questions de fond » « enfin » - c'est la période des soldes et des colifichets de noël.
Tas de hâbleurs. Par devers leurs "consignes" de vote, leur façon de gérer leurs résultats comme un sac de patates, on a vu très nettement que la masse des abstentionnistes est composée de la majorité de la classe ouvrière. On  ne fera pas savoir à tous ces menteurs que la prise en main de la destinée de cette classe ne dépend en aucune manière du bon vouloir de leurs professionnels, psychologues et autres flics de la conscience d'une classe méprisée. Ni de l'orchestration périodique de ce genre de « consultation » populaire, joué d'avance et jeu démagogique à somme nulle.






1Marine Le Pen, venant consolider les sondages désespérant pour elle et sa bande, a aussi contribué à l'énorme différence à l'arrivée, appelant sur ses tracts à un refus de l'abstention (alors qu'elle la souhaitait au second tour) et dégonflé une de ses promesses – limiter l'immigration (pas une idée idiote actuellement où trop d'immigration tue l'immigration (et où ce n'est pas le réchauffement climatique qui fait fuir les peuples mais les guerres impérialistes) – avouant que, une fois élue à Calais, elle ne pourrait de toute façon rien faire contre les migrants... ce qui est une affaire qui dépend du gouvernement national !
2Dans le marais de la petite bourgeoisie une élection peut se gagner par un bon mot, une vacherie sans appel, ainsi en 1974 Giscard l'avait emporté face à Mitterrand avec cette formule « vous n'avez pas le monopole du coeur ». ; en 1981, Mitterrand baise Giscard : « vous êtes l'homme du passif ». En 1988, il baise aussi Chirac, répétant à deux reprises : « vous aves tout à fait raison monsieur le Premier ministre »...
3Valls a aussi parlé de l'importance du liquide lave-glace : « le patriotisme c'est la fierté de la France ». Or ce liquide patriotique était jusqu'à peu de temps le fonds de commerce du FN et du PCF.
 (*) Ni Valls ni Hollande n'ont vu venir le "patriotisme corse" (ou ont fait semblant comme l'irresponsable Jospin), Simeoni est le fils du fondateur qui tenait un discours proche de celui du FN de papy Le Pen, et le second Talamoni dénonçait "l'occupation française"; ces deux guignols nationalistes "au pouvoir" (relatif) de la région Corse réclament maintenant la libération du tueur Colonna "prisonnier politique" et ses potes libérateurs nationaux...