PAGES PROLETARIENNES

lundi 14 décembre 2015

VICTOIRE DU référendum ANTI-FN


photo prise à Calais le 13 décembre
« Succès sans joie » Cambadélis, secrétaire du parti gouvernemental

Quoiqu'il y ait eu un sursaut de l'électorat, de 4 à 8% d'abstentionnistes du premier tour qui ont fait l'effort d'aller risquer leur vie à la plus proche mairie pour défendre la république en danger, on a près de la moitié du « corps électoral » (= 22 millions de prolétaires en majorité) qui n'ont pas jugé utile d'aller cautionner la pitrerie électorale bourgeoise, et je ne compte ni les bulletins blancs ni les déchirés ou insultants. Si cinq à six millions, à peu près comme au premier tour, ont persisté, même en vain, à voter FN, cela signifie que les divers partis politiques de droite (y inclus le FN) et de gauche ne sont élus et ne gouvernent que pour un quart des habitants (électeurs) de la France. Fumisterie classique de la démocratie bourgeoise inter-classiste ! Le parti gouvernemental limite les dégâts grâce à une campagne hystérique au nom d'un fantôme du passé, la droite fait minable épaulée par ces pauvres électeurs de gauche et le FN prend une claque qui le remet à sa vraie place, celui d'un barnum creux de frustrés. Signe de la dispersion et du délitement de l'encadrement bourgeois, on ne se préoccupe pas de la montée du régionalisme nationaliste en Corse ou en Martinique (*).

Le retrait masochiste en faveur de la droite bourgeoise n'était pas seulement un réflexe de peur panique face au seul parti qui pouvait se prétendre subversif (quoique à moindre frais et sur des critères crétins plus que racistes) mais un réflexe monarchique du staff Hollande. Le référendum anti-FN a été clairement organisé et planifié en vue du « référendum présidentiel » dans une dizaine de mois. Tout a dans l'ensemble bien fonctionné. Les électeurs sont des veaux. Ils ont bien répondu à l'appel au barrage anti-FN, de la même manière qu'une masse d'autres crétins ont persisté à voter pour ce parti gériatrique et accessoire de mémères creuses. Le stress d'une ou deux victoires féodalo-régionales a été évacué dès le 20 heures de Pujadas et le brushing de Marschall sur BFM. La télé à l'heure d'internet est caricaturale, on voit désormais des haschtags de politiciens qui apparaissent sur la droite de l'écran pour commenter en cours de débat.

Tout était relatif, mesurable, quantifiable et non dommageable pour la gauche gouvernementale, sauf le drame de fin de soirée, pas un nouvel attentat, mais la perte de la première région française l'île de France, ce berceau de Paris, au profit d'une lieutenante de Sarkozy, quoique celle-ci salua en tribune son maître Chirac et non pas l'excité du bonnet ex-président roi du stress ministériel, frisa la comparaison avec l'accident de mai 1981 (les élections démocratiques bourgeoises ne sont pas complètement contrôlables comme un scrutin brejnévien). La gaffe du petit Bartolone1, ci-devant honoré président de l'Assemblée nationale mais concurrent mesquin, contre la figure de proue de la droite caviar, taxée de complaisance envers la race blanche, a fait la différence. Le mot de trop, la gaffe attendue, n'a pas profité au FN, mais les électeurs parisiens du FN s'en sont servi contre le PS en votant pour la candidate de droite2. Les bobos-intellos-gauchos sont dominants à Paris – avec le socialo-antiracisme – mais pas dans l'ensemble de l'île de France qui contient globalement une masse de couches moyennes artisanales et non pas la « texture » du 93 pour ne pas la nommer.


DES RESULTATS PAS JOYEUX

Victoire sans joie d'autant que, même avec zéro président de région, le parti des deux blondasses se retrouve avec trois à quatre cent apparatchiks dans tous les conseils régionaux de l'hexagone alors que, suite à la stratégie hollandaise, dans trois grandes régions il n'y aura plus un seul apparatchik de la gauche bourgeoise, et aussi que, par extension, des "élus" du FN finiront ainsi tôt ou tard sénateurs.
Bien sûr chacun, journaliste ou édile politicien du « camp républicain » nous répercuta que la joie ne pouvait être là avec un FN à 40% bis repetita, qu'il fallait répondre aux questionnements de l'électeur lambda du parti bleu marine légèrement foncé, chose qui fût stupidement résumée par la noble et sexy NKM comme seulement lié au chômage, preuve que l'oligarchie considère les laissés pour compte mais aussi les millions de prolétaires abstentionnistes pour des débiles « économistes », l'oeil rivé sur les aides publiques, les allocs de toute sorte et pas des êtres pensants révulsés que leur avis politique sur la marche de la société compte pour du beurre face à des milliers d'apparatchiks démocratiques pas plus respectables que ceux du temps de Brejnev ; il faut noter d'ailleurs l'incroyable culot subliminal du journaliste bourgeois moyen lorsqu'il décrit le FN comme une sorte d'ovni néo-bolchevique, indéniable tour de passe passe avec un passé diabolique toujours conjuré (comme illégal) : « un parti ne peut pas arriver au pouvoir seul ».
Les résultats sur cette « solitude » du FN ne sont pas joyeux en vérité parce que rien n'est tranché dans la compétition des diverses factions bourgeoises. Le but de la gauche gouvernementale était d'instrumentaliser le FN à la fois pour détourner l'attention de sa responsabilité première dans l'attaque capitaliste contre les conditions de vie du prolétariat, mais aussi pour émietter sa faction rivale de droite en vue de la prolongation de la manne seigneuriale présidentielle et de ses nombreux courtisans bénéficiaires en 2017.

Certes le résultat fait naître des barons de la droite bourgeoise : les sieurs Bertrand, Estrosi, Wauquier, et damoiselle Valérie Pécresse. Légitimés par le « suffrage populaire » ces nouveaux nobles de la démocratie étiquement représentative ne sont pas de bon augure pour le prince consort (qui avait été sorti) dit Sarkozy; les poignards sont aiguisés derrière le trône re-convoité. Le chef de guerre des ripoublicains n'avait pas de quoi pavoiser non plus - il n'a pas été le principal rempart contre le FN - mais sa tactique anti front républicain a quand même été complémentaire puisque son principal lieutenant, l'auvergnat Wauquier a triomphé sans le mouton électeur de gauche avec le slogan "l'immigration ça suffit". Juppé et Fillon ne passent toujours pas la rampe, le premier a l'air vieux, fait mou et chevrotant à la lecture de ses discours et le second reste fade comme Droopy.
Un des nouveaux barons, qui s'est complu (et corrompu) en remerciements pour les électeurs de gauche du Nord, le provincial "affranchi" X.Bertrand – non adepte le théorie sarkozienne du ni-ni comme NKM - a fait acte de lèse majesté en intimant à son ex-patron de se taire entre les deux tours ; Sarkozy draguant trop ostensiblement les voix du FN. Ce même baron est candidat aux primaires présidentielles à droite, et la sympathie qu'il a vu venir d'un électorat de gauche (effrayé par une possible victoire de Marine la moustachue) pourrait lui être plus utile de la part de couches pas très laïques, cajolées par la gauche gouvernementale quand l'ex-chef de file caractériel misait sur une séduction envers la clientèle du FN (tactique qui n'a pas été contredite sur la place parisienne).
La plupart des factions politiques bourgeoises sont au courant des sondages secrets sur l'état réel de « l'opinion » à tel ou tel moment, et ils gouvernent tous avec ce thermomètre, et tant qu'on ne le leur cassera pas ils régneront « en toute bonne foi » avec cet adoubement inconscient des gens du  « peuple » qui font la queue en mairie en croyant s'exprimer.

A l'heure fatidique de la révélation médiatique,  la bousculade pour la prise de parole face aux médias, mémère Le Pen en pôle position, puisqu'elle ne risquait plus d'être subversive, mais chahutée par une intervention concomitante du blaireau Sarkozy, révéla la fébrilité de ces différentes factions de la bourgeoisie, coincées depuis les débuts de la campagne dans les ornières des stratèges de l'Elysée.
Les seconds rôles Bertrand et Estrosi ont donné ensuite une enflure démesurée à leur sponsorisation réussie par la gauche de gouvernement. Des trémolos aux accents de Déroulède. Le nordiste nain Bertrand a assuré que l'histoire retiendra que c'est ici (dans le ch'nord) «  que nous avons stoppé le FN ». Le « résistant » du sud ensoleillé Estrosi a clamé son émotion de la victoire du peuple Alpes-Provence, cet Hercule, doté d'une volonté de résister inscrite "aux tréfonds de l'âme de ce peuple indomptable" ; on était ébaubi en pensant aux retraités  fortunés de la côte d'azur, et à ses potes mafiosos de Nice jusqu'à Monaco !
Dans un minutage calculé, juxtaposé à la suite des seconds rôles, le torero Valls a salué l'appel courageux de la « gauche unie » (en grande partie pourtant au service des barons de la droite reconnaissante) – et en réalité complètement dispersée du F de G aux écolos – pour l'appeler à continuer... le combat antifasciste ! (car « le danger de l'extrême droite n'est pas écarté »... au moins jusqu'à la prochaine élection présidentielle). Le carburant de l'antifascisme est en tout cas plus efficace que le carbone qui émeut les conférences genre COP21, mais ne fait rien avancer avant vingt ans de la part des grandes puissances... étouffantes pour l'humanité3.

Comme après la victoire brejnévienne de gangster Chirac en 2002, on nous a promis quantité de solutions nouvelles et, star des stars, la fin de la langue de bois politique qui avait tant vexé l'électeur moyen du FN, devenu soudain (mais seulement après sa défaite à plate couture) le barreau d'échelle où pourra être soupesée et évaluée l'ignominie politique permanente du sérail politique bourgeois.
Les divers mégaphones du FN firent par contre grise mine, preuve de leur immense auto-intoxication. Collard l'avocaillon fût pitoyable et le petit mignon de Marine, pas flamboyant le petit Philippot, ex-chevènementiste. Les Hamon, Dray, M.Aubry, Mélenchon, jouèrent l'air des prolongations en nous expliquant que le suspense FN va être l'âme du scénario jusqu'à 2017 pour nous affilier à leur tambouille électorale et faire lanterner la mise en cause du système cynique démocratico-capitaliste devant lequel ils s'agenouillent. Il faut faire durer le suspense de l'antifascisme de confort pour masquer l'impuissance de toutes les coteries bourgeoises à résoudre la précarité massive, le chômage massif, l'immigration massive, la crise identitaire et le terrorisme au quotidien.
Comme exutoire au pourrissement de leur société, ils nous proposent l'air pur de la planète, en dépit de la flotte aérienne US et chinoise, en promotion de débattre des « questions de fond » « enfin » - c'est la période des soldes et des colifichets de noël.
Tas de hâbleurs. Par devers leurs "consignes" de vote, leur façon de gérer leurs résultats comme un sac de patates, on a vu très nettement que la masse des abstentionnistes est composée de la majorité de la classe ouvrière. On  ne fera pas savoir à tous ces menteurs que la prise en main de la destinée de cette classe ne dépend en aucune manière du bon vouloir de leurs professionnels, psychologues et autres flics de la conscience d'une classe méprisée. Ni de l'orchestration périodique de ce genre de « consultation » populaire, joué d'avance et jeu démagogique à somme nulle.






1Marine Le Pen, venant consolider les sondages désespérant pour elle et sa bande, a aussi contribué à l'énorme différence à l'arrivée, appelant sur ses tracts à un refus de l'abstention (alors qu'elle la souhaitait au second tour) et dégonflé une de ses promesses – limiter l'immigration (pas une idée idiote actuellement où trop d'immigration tue l'immigration (et où ce n'est pas le réchauffement climatique qui fait fuir les peuples mais les guerres impérialistes) – avouant que, une fois élue à Calais, elle ne pourrait de toute façon rien faire contre les migrants... ce qui est une affaire qui dépend du gouvernement national !
2Dans le marais de la petite bourgeoisie une élection peut se gagner par un bon mot, une vacherie sans appel, ainsi en 1974 Giscard l'avait emporté face à Mitterrand avec cette formule « vous n'avez pas le monopole du coeur ». ; en 1981, Mitterrand baise Giscard : « vous êtes l'homme du passif ». En 1988, il baise aussi Chirac, répétant à deux reprises : « vous aves tout à fait raison monsieur le Premier ministre »...
3Valls a aussi parlé de l'importance du liquide lave-glace : « le patriotisme c'est la fierté de la France ». Or ce liquide patriotique était jusqu'à peu de temps le fonds de commerce du FN et du PCF.
 (*) Ni Valls ni Hollande n'ont vu venir le "patriotisme corse" (ou ont fait semblant comme l'irresponsable Jospin), Simeoni est le fils du fondateur qui tenait un discours proche de celui du FN de papy Le Pen, et le second Talamoni dénonçait "l'occupation française"; ces deux guignols nationalistes "au pouvoir" (relatif) de la région Corse réclament maintenant la libération du tueur Colonna "prisonnier politique" et ses potes libérateurs nationaux...

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