PAGES PROLETARIENNES

vendredi 11 décembre 2015

Parade anti-FN : L'ANTI-FASCISME DE CONFORT ACCOUCHE D'UNE SOURIS


Du jamais vu dans le genre non plus diabolisation mais hystérie médiatique lourdingue et calamiteuse pour massacrer la candidature FN au deuxième tour. Ils me donnent tous franchement envie de voter pour ce parti pas plus galeux qu'eux tous en tas de hyènes ; mais je ne le ferai pas.
Ils sont tous là à aboyer après que le maître des séances, silencieux en son palais de l'Elysée, ait donné le la. Après quelques ronchonnements face à l'ordre « républicain » de voter pour la droite, la deuxième étape du rouleau compresseur consiste à vomir en long, en large et en travers sur la bande à mémère Le Pen. Toutes les ressources de la psychologie de comptoir et de la psychanalyse des cauchemars ésotériques, et diverses amulettes éculées, sont déversées à l'unisson. Sus aux baudets « racistes » et « orduriers » qui voulaient soulever sans façon les jupes de Marianne. A mort : Hurlent Valls, Bové, Cohn-Bendit, Dany Boon et Guy Bedos. Mais au final nulle manif nubile massive comme en 2002, l'état d'exception venant en plus, hélas deux fois hélas, gripper une impossible mascarade de rue, les CRS sont épuisés et en trop petit nombre.
Quelques voix, dans les coins1, s'interrogent sur ce cirque ahurissant, non qu'ils créditent le FN d'une réelle représentativité, car on ne peut que soulever un coin du voile de l'après, les non-dits dans les écuries d'Augias présidentiable; le plus époustoufflant dans la série des non-dits restera sans doute l'incapacité des gauchistes, tout à leur antiracisme de salon, à parler d'abstention, preuve de plus qu'ils sont totalement étrangers au prolétariat. Tout est au point pour que Marine Le Pen ne se donne même pas la peine de se prendre pour Héraclès (celui qui avait nettoyé les écuries en une journée). Et d'autres de chuchoter : ne pourrait-on pas « entendre » ce que signifie le vote FN disproportionné ? Ils sont certes courageux comme les quelques types qui, à la Libération, ont dû tenter de dissuader les résistants de la dernière heure de tondre les femmes collaboratrices à l'horizontale.
J'avais remarqué il y a deux jours que l'hystérie était plus belliqueuse contre les abstentionnistes que contre les électeurs du FN, ceux-là au moins participant au carnaval des puissants. Inversion de tendance en fin de courte : on te cajole toi le coupable abstentionniste qui a failli te faire le complice de la chute de la république ! On te saisit plus aux tripes qu'à la cravate : fait barrage à la femme d'Hitler et à Eva Braun Maréchal-la-voilà ! Ferme les yeux le temps d'un dimanche sur le mépris de la bourgeoisie de gauche et de droite pour les sans-dents ! En rang pour les urnes : le FN te ment en te faisant des promesses qu'il ne peut pas tenir quand nous, nous crachons tellement de promesses que tu comprends pourquoi on ne peut pas les tenir (cher électeur floué je te joins la copie des promesses électorales du candidat Hollande – Monsieur « quand je serai président « – roi de l'anaphore en toute circonstance ; en effet aucune n'a été tenue). Il n'y a pas que le programme FN qui trompe les gens, quoique personne ne vote pour un programme, il y a les programmes de ceux, les moralistes caviar qui ont déjà si souvent trompés la classe ouvrière, quant au peuple... c'est du vent.



Mais le plus scandaleux dans cette hystérie n'est pas l'acharnement contre un parti gérontocrate idéologiquement, et dont les membres vont et viennent avec les cliques de la droite « présentable » selon les époques, mais une façon terriblement dictatoriale d'opprimer toute réflexion non partisane, qui pourrait s'appliquer de la même façon si un parti révolutionnaire maximaliste avait concouru, ou si par exemple les sectes Lutte ouvrière ou Front de gauche avaient obtenu des scores comparables à ceux du FN cuvée 2015 ; on se souvient que le PCF, au temps de sa splendeur électorale fût l'objet de dénigrements pire encore que ceux utilisés contre le FN, et ses militants autrement inquiétés par les
gouvernants de l'époque.
Je le répète ce FN n'est pas un parti fâchiste, et la possibilité qu'il emporte une élection régionale serait certes plus source de pagaille qu'une solution à la crise bourgeoise, c'est un parti du sérail !
Il fonctionne selon les mêmes principes oligarchiques que les autres, enfin non-principes si vous voulez. On veut nous faire oublier qu'une bonne partie du personnel qui compose les partis de droite et du centre ont été formés dans leur jeunesse dans des cliques d'extrême droite, comme aujourd'hui les aboyeurs du système « républicain » indépassable, les Cambadélis, Kouchner, Plenel, etc. ont été formés dans les ligues d'extrême gauche qui prônaient la dictature du parti et tous les opposants en prison. Libre à toi, électeur docile de penser que tu exprimes ton opinion en votant pour un personnel qui a un étrange passé peu présentable dans l'opaque présent ; qui recrutaient de la même manière que l'extrême droite du début du XX e siècle (si vous remplacez métèques par « fascistes ») :


Je vous joins la photo ci-dessous, du 22 mars 1986, et vous allez comprendre comment tout ce beau monde peut leurrer le prolétariat en se tenant par la main dans tous les conseils des ministres ; c'est pourquoi il serait incongru de se choquer que la gauche gouvernementeuse actuelle rende service à certains chevaux de droite en opposition, quoique en ridiculisant le vieux canasson fatigué Sarkozy. Nous sommes sur le seuil du premier conseil des ministres de la cohabitation : Chirac vient d'être nommé Premier ministre par le président Mitterrand, preuve rétroactive bien oubliée que gauche et droite peuvent assurer la pérennité étatique sans heurts, qu'ils ne peuvent être ennemis au fond. Partons de la gauche, laissons de côté ce chauve que je n'ai pas identifié. Voici le fringant François Léotard, destiné à une carrière moins alcoolisée que son frère l'acteur, fils d'un père monarchiste il n'a pas dû avoir une éducation spécialement prolétaire ni de gauche. Bien que ce personnage ait été défait dans son aspiration au poste suprême, il reste un homme de l'ombre important pour le pouvoir, et un allié des mafieux corse (il l'est par sa mère)2. Il est chef de file de l'ancien parti républicain puis de l'UDF3. Il ne s'est certainement pas préoccupé du cv politique de ceux qui le suivent. Voici ensuite Gérard Longuet, fondateur en 1964 du groupuscule facho Occident avec Madelin qui marche à l'extrême droite sur la photo, suivi par le petit De Villiers dont la réputation n'est plus à faire, qui, lui cache qu'il était à la même époque dans les eaux de Nouvelle Action royaliste. Derrière arrive Hervé de Charette qui vient d'une famille aristo et n'est pas connu pour avoir fondé dans sa jeunesse une section de la CNT. Le petit chauve à moustache de gaulois qui sourit aux photographes a été pistonné par Madelin et on ne connaît pas vraiment sa trajectoire politiquement, c'est le genre du gugusse accessoire droidelomiste qui est ajouté depuis à tout gouvernement, s'il n'est pas confondu avec les quotas raciaux.


ALEA JACTA EST...

Mémère Le Pen a déjà posé en victime du système UMPS, mise à genoux par la manie des sondages déstabilisants, et cruellement véridiques en général, qui confirment l'inutilité des élections puisque 803 consulté(e)s suffisent à déterminer les opinions de 30 ou 40 millions d'individus en âge de marcher jusqu'aux urnes. Sans doute a-t-elle déjà commencé à admettre la triste vie politique qui l'attend : n'être qu'une variable d'ajustement et dérivatif facile au prosaïque gouvernement bourgeois, comme papa...
La benjamine plie aussi un genou. Marion Maréchal-Le Pen, tête de liste du Front national en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour les élections régionales, a dénoncé mercredi tous ceux qui prennent la "démocratie en otage" pour priver le FN d'un "succès historique". Elle avait avancé un peu imprudemment le possible soutien d'un tonton riche en Afrique pour arguer que les capitaux n'allaient pas fuir la région Paca. Le coup est porté, l'internaute moyen, décillé par l'honnête contre-campagne pour sauver la république, a tranché pour empêcher l'horreur brune de se répandre, résumant le dégoût des millions d'internautes alertés enfin du danger : «Consternant. Le FN n'est pas un parti, c'est une entreprise familiale ! ». Qui l'eût cru ? Les autres entreprises familiales aussi « affairistes » ?
Le chevalier à la triste figure éthique et étique Valls, lui, a tonné qu'il fallait « défendre les musulmans », comme son adjoint Bartolone - qui puisent régulièrement chez Terra Nova une dimension arabo-ethnique de la France électorale - il n'oublie jamais que les musulmans auxquels il s'adresse sont avant tout des électeurs du PS que des croyants au gouvernement du coran sur terre (et les vieux si attachés sentimentalement à la gauche contestataire de leur jeunesse qu'ils n'ont plus les bonnes lunettes pour voir ce qu'elle est devenue, un simple appendice du Capital moraliste); ce n'es pas seulement à l'électorat dit immigré (intégré et payant ses impôts) que s'adresse le torero de gouvernement Valls mais aussi à cette couche de grabataires qui votent encore, les vieux: "ce serait un désastre pour leurs petites retraites!"; comme quoi le désastre ne serait pas encore là.

La stratégie d'utilisation du parti droite radicale aurait ainsi pleinement fonctionné par la magie des stratèges de l'Elysée. La complicité un tantinet tumultueuse, mais pas mortelle, des deux fractions bourgeoises majoritaires dans la lutte des places étatiques, ne bouleversant ni l'ordre des choses ni n'émouvant la grande majorité des abstentionnistes qui sont reconnus désormais comme majoritairement jeunes - premiers frappés par la dérégulation salariale - et des classes populaires (entendez: classe ouvrière). La comédie fût si bien ordonnancée, malgré le seul véritable couac de Masseret (qui sert de baume au cœur de l'électorat gauche fidèle et de canne blanche à Mélenchon), que le train-train pourra reprendre post-festum, laissant quelques journalistes commenter avec une peine feinte l'absence de considérations des masses par les « élites »4.

UNE STRATEGIE DE DIABOLISATION QUI PERMET LE PARTAGE DES TACHES ENTRE PARTIS CUMULARS: dramatisation-culpabilisation-décrédibilisation

Après la phase de dramatisation, a succédé celle de la culpabilisation puis la décrédibilsation, l'incapacité à gérer du FN ("la seule alternative crédible, a dit Sarko le mégalo, c'est nous"). Les épisodes ont défilé aussi vite que les explications bidons de Benzema, au point qu'on ne peut plus s'en remémorer ni la logique ni la temporalité. Qui se souviendra qu'un des lieutenants de Sarkozy lui a dit de se taire (cesser de tiquer en faveur du vilain électeur FN)  pour ne pas troubler le flirt gauche-droite face au voyeur FN ? Qui se souviendra de l'enflure d'un autre lieutenant versus une blondinette qui se sentait pousser les ailes de Charles Martel terrassant l'émir de Cordoue Abd El Rahman : « Marion Maréchal-Le Pen est une des plus grandes menaces de notre histoire politique » (émir Estrosi)? Ou de l'historien de gouvernement, le torero Valls agitant le spectre de la "guerre civile" à laquelle conduirait (historiquement?) la prise d'assaut de quelques bastions électoraux régionaux par le nouveau fascisme (le Front Nazi...)?

Kif kif bourricot. Autant de dérapage chez les gladiateurs d'opérette de gauche comme de droite dans l'arène médiatique, où les chevaliers de la droite caviar sont parfois pires que les palefreniers du FN, où les archers de la gauche homard ont encore démontré que leur antiracisme de façade n'était qu'un moyen de cueillette électorale devenue légendaire. La préférence immigrée ne se fonde que sur des chiffres : 82% de l'électorat prolétaire et musulman a coté Hollande en 2012, mais nés de souche, assimilés citoyens, pas vulgaires sans -papiers ; cela mérite qu'on soit avant tout antiraciste, quitte même à inventer des racistes comme le petit Bartolone, qui a perdu lui aussi une occasion de se taire, qui joue l'ami des noirs et des arabes en reprochant à la bourgeoise Pécresse, encore une lieutenante de Sarkozy le déchu, de défendre la race blanche (ce qui n'est pas faux pour Neuilly).

Bah tout cela n'est que poussière du temps. La chronologie en fera bouillie. Ce qui doit rester argument de base, au terme du feuilleton électoral, après dramatisation et culpabilisation, c'est certes l'incompétence du FN. A l'unisson avec Libération, le Figaro est allé fureter chez les mines patibulaires aux propos peu recommandables. Le « Figaro Régionales » indique : les listes de Marine Le Pen pas épargnées par les outrances. De qui ? Des hystériques partisans de saint Hollande et de ses apôtres trotskiens  antifascistes circonstanciels? Non pas, mais parce que certains zélés rasés de base se sont fait remarquer par des propos publics trop osés sur l'islam et les migrants ; le FN drague aussi les électeurs musulmans forcément français de souche et détenteurs de leur livret de naissance national gaulois. C'est tout à fait possible. Ciel ! L'appareil bourgeois droite radicale, avec sa grande prêtresse parisienne, passerait son temps en procès internes contre les dérapages des gros bêtes5. On apprend que le FN peine à trouver un nombre suffisant de gens présentables. Absence de cadres bien formés donc. Face à ce ramassis d'incompétents, heureusement que nous avons le personnel expérimenté qui sait gérer notre pays : chômage, pauvreté, taxes et impôts. Mais c'est une autre histoire. On se doute bien, avec l'hydre fâchiste, que le FN recaserait ses militants minables et illettrés comme gardiens de nouveaux camps d'internement et d'élimination physique des réfugiés étrangers, fourriers du terrorisme arabo-persique !
Les malheurs du foot, rongé par l'argent et des pratiques de racailles, ont été traités avec des pincettes. L'affaire traîna en longueur pour ne pas heurter les masses des stades. Les journalistes de la science footballesque firent des ronds de jambe au risque d'une rupture de ligament. Benzema étant très apprécié par l'électeur de gauche musulman en banlieue, c'est du bout des lèvres que le regrettable Noël Legreat a regretté la suspension du joueur compromis dans une regrettée affaire de sextape, quoique tout le monde en fasse mais sans les vendre (Les seuls courageux empêcheurs d'admirer en rond ont été Lizarazu et Dugarry); victimes collatérales: le "petit blanc" Platini, pour faire bonne mesure, et "papy collabo" Masseret (dixit l'aboyeur Malek Boutih, c'est lui qui l'a dit et c'est lui qui l'est... pour les banlieues...).
On ne sait jamais. Un mot de trop. Un dérapage conceptuel. Un sein qui dépasse. Un bus vandalisé par une bande de "jeunes hommes". Un rien pourrait faire mentir les sondages gracieux pour les deux lieutenants de Sarkozy. Le dernier jour électoral, la gent abstentionniste était l'objet de toutes les faveurs médiatiques, apitoyées et empathiques... On faisait encore des signes de croix vers l'Orient, en faisant tourner les tables. Malgré ses dérapages « droitiers » « un gauchiste aurait dit fâchistes à la place du plumitif du Parisien) C. Estrosi « bénéficierait de bons reports de voix des électeurs de gauche » , « ce qui lui permettrait de battre, de peu, sa rivale Marion Maréchal-Le Pen ». Le conditionnel restera de mise jusqu'aux dernières heures du suspense électoraliste (qui éclipse les émissions de variétés) dans l'instrumentalisation du sondage pour désespérer l'électeur de base du FN et laisser les abstentionnistes chez eux ; en effet les collages politiciens de la vingt cinquième heure au sommet entre PS, écolos et post-staliniens suffisent à dépasser même d'une courte tête le FN (qui a fait le plein au premier tour et qui fait rire les asbtentionnistes).
Mais dans tous les cas de figure, le parti gouvernant est en passe d'emporter la mise. Sauf accident, comme en mai 1981. Mais des accidents comme ce dernier il n'y en a qu'un ou deux par siècle ! La participation des abstentionnistes ne sera pas massive. La plupart n'ont pas oublié leur sacrifice en 2002 qui a certes vu l'ombre de papy Le Pen, mais a permis l'enfoncement dans la soumission à l'austérité et aux développement des inégalités capitalistes depuis une dizaine d'années ; comme quoi les élections bourgeoises servent à relancer le mécanisme de la soumission à chaque adoubement populaire d'un prince charmant démagogique !
Si les deux sous-fifres de Sarkozy l'emportent, même de justesse dimanche soir, le non-dit qui aura tant marqué cette campagne, reprendra ses droits. On ne dira pas « le candidat de droite, ce sale pourri, a gagné », mais « ouf ! on a fait barrage au FN ». Si une région est gagnée par un des candidats de la droite radicale cacahuète, cela occasionnera des débats germanopratins et tout continuera presque comme avant, ou plutôt comme après les attentats. Les élus du parti droite radicale nationale n'auront pas plus de moyens, que leurs collègues de la noble république bourgeoise de s'opposer à la tyrannie du système financier.

La publication bien ciblée des sondages à trois jours du scrutin a comme dégonflé la vague des « on est chez nous » et flingué la prétention des deux mémères du sud et du nord à prétendre être les justiciers (justicières?) du système de foutage de gueule démocratique à la manière du faisceau de Valois (qui n'était pas un parti vraiment fasciste), surtout en rivalisant dans la défense de cette
démocratie bourgeoise qui permet à cet organisme oligarchique de se présenter, de disposer du pognon nécessaire et des chaises dans les studios de télévision pour vendre sa camelote ; alors que par exemple (bien que je m'en foute) un petit parti comme le NPA n'a pas eu droit à la parole médiatique, faute de pognon. Vive la démocratie égalitaire et fraternelle dans le pognon !

Ces sondages ad hoc, sont probablement assez proches de la réalité. Il suffit de consulter les grilles des résultats de différentes régions. La bourgeoisie parvient quasi scientifiquement à découper régions et quartiers des villes suivant les couches sociales pour les livrer à la conquête des deux principales organisations du partage du pouvoir. Il est d'ailleurs toujours intéressant de suivre les explications des politologues au moment des élections, car ils en viennent à révéler ce qui est contraire à la doxa sur la place publique. Par exemple concernant l'abstentionnisme. Celui-ci est en général criminalisé : vous faites le jeu de l'extrême droite ! Telle était l'accusation infâme des militants roses et gauchistes depuis au moins la mort du pétainiste Mitterrand. Or, voilà que plusieurs de ces « spécialistes », qui n'ont même pas besoin de l'avis de l'électeur, nous ont expliqué à plusieurs reprises que l'abstention ne profite plus à l'extrême droite ! C'est bon, donc on est peinard nous les abstentionnistes on ne pourra plus nous traiter de fachos ! Le FN « a fait le plein », est-il ajouté, et il ne mord pas beaucoup en général lors des deuxième tour chez les abstentionnistes repentis. Fort bien. Mais reprenons nos propres facultés. Qu'aperçoit-on lorsque l'on se penche sur les résultats locaux un peu partout ? D'abord que la classe ouvrière est majoritairement abstentionniste, que ce sont ses parties arriérées ou campagnardes qui, éventuellement, rejoignent artisans et petits commerçants pour sacrifier leur être (prolétarien) au parti du diable (bourgeois avec des cornes). Dans les anciennes cités des mines comme à Liévin ou staliniennes comme à Malakoff, s'il n'y a pas de candidat de gauche ou plus qu'à gauche, les ouvriers restent chez Michel Drucker. Un peu partout la petite bourgeoisie intellectuelle et artisanale se dispute les candidats des oligarchies, mais elle est consentante à cette supercherie parce qu'elle croit qu'elle ne va pas tomber de plus en plus dans le prolétariat qui ne se satisfera pas éternellement de l'abstentionnisme de classe.

Les auteurs du livre qui fait fureur le dernier jour de la campagne antifasciste de confort, avec une promotion matinale sur radio propagandastaffel, indique la solution: la fin des cumuls et la révocabilité. Ils rêvent d'une  démocratie prolétarienne sans renversement violent de l'Etat bourgeois ou quoi?



ADDENDA DU COTE DES SPECIALISTES ELECTORAUX

Les banlieues ont sans surprise peu voté aux régionales, mais « c'est dans les villes ayant le plus contribué à la victoire de Hollande qu'on a eu la plus forte démobilisation », souligne Antoine Jardin, chercheur au CNRS et spécialiste du vote dans les quartiers populaires.

Comment expliquer la forte abstention dans les quartiers populaires ?

Antoine Jardin : Il y a d'abord des raisons sociologiques : traditionnellement, la population de ces quartiers vote beaucoup à la présidentielle mais moins aux élections intermédiaires. On a eu dimanche un taux de participation régulièrement en dessous de 35 %, voire de 20 % dans certains bureaux.
« Après 2012, le gouvernement s'est assez rapidement détourné des quartiers populaires (...) Les promesses du droit de vote des étrangers ou du récépissé de contrôle d'identité n'ont pas été tenues »
Mais il y a aussi eu, après la présidentielle de 2012 pourtant victorieuse pour ces quartiers, un retrait rapide de l'électorat dans l'abstention. Cela s'explique d'une part par l'aggravation de la situation économique et de la précarité. Le gouvernement, une fois mis en place en 2012, s'est assez rapidement détourné de la question des quartiers populaires, et a développé des politiques qui concernaient l'ensemble du territoire, mais avec peu d'actions spécifiques pour réduire les inégalités entre ces quartiers et le reste du pays.
Il y a aussi un facteur symbolique, avec les promesses du droit de vote des étrangers ou du récépissé de contrôle d'identité qui n'ont pas été tenues. Or il y avait une attente de rupture après la défaite de Nicolas Sarkozy. Dans les quartiers populaires, beaucoup de gens ont l'impression que l'attitude du gouvernement n'est pas tellement différente de ce qu'elle était sous le quinquennat précédent. A la suite des attentats de janvier, il y a eu une inquiétude dans les quartiers populaires d'être stigmatisés ou désignés comme responsables, mais aussi un glissement dans le discours politique qui a associé la question du terrorisme à ces espaces, alors qu'on sait bien que ça représente une composante infime de la population de ces quartiers. Cela a suscité une sorte d'incompréhension, voire de défiance vis-à-vis du discours du gouvernement, puisqu'il n'y avait pas l'impression d'être perçus comme une partie du problème.
Évidemment les attentats du 13 novembre et le fait que la plupart des auteurs soient nés en France et aient été socialisés en France est de nature à augmenter cette dynamique d'éloignement, et c'est très dangereux, parce que paradoxalement c'est l'éloignement de la participation politique qui offre un terreau plus favorable pour les groupes revendiquant un islam politique qui s'inscrit dans une contestation de la participation citoyenne.

1Ainsi Robert Redecker, dont je n'ai pu lire tout l'article qui est payant sur Le Figaro et qui m'a agréablement surpris : « l'antifascisme de confort est de retour. Il l'est dans les médias, il l'est sur les réseaux sociaux, il ne l'est pas au café du coin. Il l'est dans des groupes humains bien intégrés,bien protégés. Il ne l'est pas dans les classes populaires qui fournirent jadis l'essentiel des troupes de l'antifascisme, quand la chose était dangereuse. Il l'est du côté des éternels donneurs de leçons à la vie facile, il ne l'est pas du côté de ceux qui souffrent. La force du FN tient à avoir réussi à se faire passer pour la voix de ceux qui souffrent,la voix vivante du peuple.Un post revient de façon récurrente sur Facebook et Twitter insistant sur le faible niveau de diplôme des électeurs du FN. Ce courrier, présenté sous la forme d'un tableau statistique, complète cette information par la ventilation des électeurs selon les catégories socio-professionnelle (les CSP).C'est la gauche désormais ... ».
2Puissant parmi les puissants, son arrogance envers les sous-fifres policiers ou juges, ne passe pas toujours, il a été condamné pour outrages : . Lors d'une perquisition au domicile de M. Léotard, à Fréjus, les cinq enquêteurs mandatés par les juges de l'affaire Karachi s'étaient fait injurier par l'ancien ministre de la défense (1993-1995) en ces termes : "Vous me faites chier. Je n'ai rien à vous dire. Je ne veux pas vous parler. Quel est le juge qui vous envoie ? De toute façon je l'emmerde… Entrez bande de connards, la maison est à vous, vous n'avez qu'à tout fouiller mais ne me parlez pas, je n'ai rien à vous dire. Il n'y a pas de police judiciaire en France mais une police politique.". Confiant à ses potes : « je les traite comme des chiens ». Assez facho comme comportement non ?En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/30/francois-leotard-condamne-pour-outrage_3421347_3224.html#kcLUlOHrGf5Um85C.99. Source des photos : La tentation du pire, l'extrême droite en France de 1880 à nos jours (Hugo image). Lire aussi:
Les citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter, de Thomas Amadieu et Nicolas Framont, éd. Le bord de l’eau, 160 p., 16,50€. Et l'article des Inrocks: https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=8698696750816731979#editor/target=post;postID=4227266892722850115;onPublishedMenu=posts;onClosedMenu=posts;postNum=0;src=link
 
3Le grand ordonnateur en avait été Giscard d'Estaing, dont la chaîne parlementaire vient de nous passer un conte fée intime pour un personnage peu reluisant, à l'origine de magouilles sanglantes en Afrique comme en France. C'est en outre l'ex-président qui coûte le plus cher à entretenir par les finances publiques. Il a tout fait pour savonner la planche à ses successeurs Léotard comme Bayrou, réduit à n'être qu'un roitelet de Pau. Il se flatte d'être un descendant d'une bâtarde de Louis XV, comme le roitelet de Pau se rêve en petit-fils d'Henri IV. Sa famille était pétainiste. Mon père, qui était résistant en Auvergne, ma raconté qu'ils ont failli avoir des problèmes à la Libération. Giscard s'est chargé de faire nettoyer le musée des martyrs au Mont Mouchet de tout ce qui pouvait être gênant concernant les résistants de la dernière heure. Il se vante de s'être engagé d'ailleurs en 1944 à 18 ans et d'avoir été médaillé dans les fourgons US, juste à la conclusion. Il incarna une droite libérale mais cela ne l'empêchait pas de serrer la main au ministre Papon, et d'avoir recours comme De Gaulle avant lui aux services des barbouzes d'extrême droite, autrement plus dangereux à la fin de la guerre d'Algérie que maintenant.
4Comme Mélenchon, mais free lance de la droite égarée, Guaino s'agite pour trois fois rien : « Guaino Si tout se mélange, il ne peut plus y avoir de ligne, d’identité. Si on dit que le clivage qui dépasse tous les clivages, c’est le Front National, alors, il n’y a plus que deux partis. Sauf que le mélange de toutes les faiblesses, ça n’a jamais fait une force. On va mettre en sécession une partie du corps électoral et ça aura des effets ravageurs. La démocratie le paiera cher ». Les électeurs soumis en général ne feraient pas de mal à une mouche, et ceux du FN guère plus.

5C'est en fait CELA le mode de vie des partis bourgeois, la discussion politique est réservée à l'élite des comités centraux, les désaccords traînés dans la boue. Ce genre de fonctionnement des partis bourgeois n'est pas différent de celui des partis staliniens, ni hélas de sectes maximalistes qui se prétendent le squelette (sic) du parti, comme je l'ai subi dans le CCI. Le même autisme et esprit de meurtre qui règne dans les médias pour fustiger abstentionnistes ou électeurs du FN, on a pu le vivre dans des organismes qui se prétendaient en lutte pour le communisme. Le déviant ou le mécontent chercherait toujours à « se faire consoler », il faut le démolir ou le recadrer comme dit l'expression à la mode. Je me rappelle d'un camarade, Christian, qui face à l'arrogance des fondateurs et autres « animateurs historiques » disait : avant de rentrer dedans, je me pose toujours la question : « quelle question est posée ? Qu'a voulu dire le camarade ? » En réalité, entreprises et partis méprisent les questionnements des « petits », fonctionnent en régime capitaliste comme fonctionne l'armée bourgeoise, sans uniforme apparent, et à sens unique: tu dois marcher et pas penser!

mercredi 9 décembre 2015

Y A-T-IL LE RISQUE D'ARRIVEE D'UN PARTI "EXTREME" AU POUVOIR?

  Qui est Marine Le Pen? Une Arlette Laguiller qui a réussi. (JLR)

Qui a dit « la pire chose qui puisse advenir à un parti extrême est de parvenir au pouvoir » ? Je ne m'en souviens plus, mais j'ai retrouvé cet échange de correspondance entre le grand Engels et ses camarades réformistes de la SD allemande. Vous sourirez de l'analogie avec la France électorale de 2015 de Pif Marine Le Pen et sa drôle de bande, analogie assez décalée, la classe ouvrière n'en est pas à faire face à un gouvernement "fâchiste", quand même cet organisme de mémères tabliers de politiciens patibulaires serait à la veille d'une victoire présidentielle à la Clochemerle. Le FN n'est pas un parti fasciste contrairement à ce que hurlent les diverses couches de soldats du militantisme bobo qui participent à une simple dramatisation électorale, alors que le gain de quelques régions, au pouvoir politique très restreint, est mutatis mutandis souhaité par les fractions les plus malignes de la bourgeoisie de gauche à droite. Par exemple Le Figaro explique bien que des pans entiers de son programme sont quasiment inapplicables, même s'il y en a de sympas : retraite à 60 ans, obliger les entreprises qui ont fermé leurs portes ou licencier inconsidérément de rendre l'argent avancé par l'Etat. La re-diabolisation effrénée du FN tient du forcing pour une aussi courte semaine électorale de second tour, et de la gageure pour tenter (à mon avis vainement) de réduire la masse des abstentionnistes. La carte « brune » dessine pourtant assez bien une « réaction » de défense nationale face aux « invasions » : au nord, comme à l'est et dans le grand sud, les « pue-le-FN » se sont dressés comme pour Valmy, quoique les migrants arrivent par avion ou par mer, quoique les musulmans soient ceux qui fuient en nombre ininterrompu les bouchers de guerre « islamistes ». Le rôle du FN en ce moment n'est plus en effet, simplement d'être une variable d'ajustement, ou un simple parti contestataire des « grands frères corrompus », mais d'être un lot de consolation, sans avenir crédible une fois la période d'exception retombée (pour nous protéger des attentats arabo-persiques passe-partout). Si elle retombe avant la guerre généralisée.


ARCHIVES MARXISTES...

COURRIERS ENTRE MEMBRES DU PARTI SOCIALISTE ALLEMAND (au 19ème siècle)

Engels à Ed. Bernstein

Londres, le 14 mars 1884
Cette notion de démocratie change avec chaque demos (peuple) donné à chaque fois, et ne nous fait donc pas avancer d'un pas. Ce qu'il y avait à dire, à mon avis, c'est que le prolétariat a besoin de formes démocratiques pour s'emparer du pouvoir politique, mais comme toutes les formes politiques, elles ne sont que des moyens. Cependant, si l'on veut aujourd'hui, en Allemagne, la démocratie comme but il faut s'appuyer sur les paysans et les petits bourgeois, autrement dit des classes en voie de disparition, c'est-à-dire réactionnaires, par rapport au prolétariat, si l'on veut les maintenir artificiellement. En outre, il ne faut pas oublier que la forme conséquente de la domination bourgeoise est précisément la république démocratique, devenue trop risquée à la suite du développement déjà atteint par le prolétariat, mais qui reste une forme encore possible de la domination bourgeoise pure, comme le montrent la France et les États-Unis.
Le principe du libéralisme comme « un état de choses déjà atteint historiquement » n'est en fait qu'une inconséquence. La monarchie constitutionnelle libérale est une forme adéquate de la domination bourgeoise: 1º au début, lorsque la bourgeoisie n'a pas encore réglé complètement ses comptes avec la monarchie absolue; 2º à la fin, lorsque le prolétariat rend déjà trop risquée la république démocratique. Quoi qu'il en soit, la république démocratique restera toujours la forme ultime de la domination bourgeoise, forme dans laquelle elle crèvera. Mais, il suffit sur cette salade.
Nim me prie de te saluer. Je n'ai pas vu Tussy hier.
Ton F.E.

Engels à A. Bebel

Londres, le 6 juin 1884
Nous ne pouvons détourner les masses des partis libéraux, tant que ceux-ci n'ont pas eu l'occasion de se ridiculiser dans la pratique, en arrivant au pouvoir et en démontrant qu'ils sont des incapables. Nous sommes toujours, comme en 1848, l'opposition de l'avenir et nous devons donc avoir au gouvernement le plus extrême des partis actuels avant que nous puissions devenir vis-à-vis de lui l'opposition actuelle. La stagnation politique c'est-à-dire la lutte sans effet ni but des partis officiels telle qu'elle se pratique à l'heure actuelle - ne peut pas nous servir à la longue, comme le ferait un combat progressif de ces partis tendant au fur et à mesure à un glissement vers la gauche. C'est ce qui se produit en France, où la lutte politique se déroule comme toujours sous forme classique. Les gouvernements qui se succèdent sont de plus en plus orientés à gauche; le ministère Clemenceau (Le Pen...) est déjà en vue, et ce ne sera pas le ministère de la bourgeoisie extrême. À chaque glissement à gauche, des concessions tombent en partage aux ouvriers (voir la dernière grève de Decazeville où, pour la première fois, la soldatesque n'est pas intervenue). Ce qui importe avant tout, c'est que le champ soit de plus en plus net pour la bataille décisive et la position des partis claire et pure. Dans cette évolution lente, mais irrésistible de la république française, je tiens pour inévitable ce résultat final: opposition entre les bourgeois radicaux jouant aux socialistes et les ouvriers vraiment révolutionnaires. Ce sera l'un des événements les plus importants, et j'espère qu'il ne sera pas interrompu. Je me réjouis de ce que nos gens ne soient pas encore assez forts à Paris (et ils le sont d'autant plus en province) pour se laisser aller à des putschs, par la force du verbe révolutionnaire.
Évidemment, dans la confuse Allemagne, l'évolution ne se poursuit pas d'une manière aussi classiquement pure qu'en France. Elle a trop de retard pour cela, nous n'arrivons à ce stade que quand les autres l'ont déjà dépassé. Mais, en dépit de la mesquinerie de nos partis officiels, la vie politique, quelle qu'elle soit, nous est bien plus favorable que l'actuel désert politique où ne joue que le faisceau des intrigues de politique extérieure...

Londres, le 11 décembre 1884
... Pour ce qui est de la démocratie pure et de son rôle à l'avenir, je ne partage pas ton opinion. Il est évident qu'en Allemagne, elle jouera un rôle bien plus insignifiant que dans les pays de développement industriel plus ancien. Mais, cela n'empêche pas qu'elle acquerra, au moment de la révolution, une importance momentanée en tant que parti bourgeois extrême: c'est ce qui s'est déjà passé en 1849 à Francfort, du fait qu'elle représentait la dernière bouée de sauvetage de toute l'économie bourgeoise et même féodale. À ce moment, toute la masse des réactionnaires se range derrière lui et le renforce: tout ce qui est réactionnaire se donne alors des allures démocratiques. De mars à septembre 1848, toute la masse féodale et bureaucratique renforça ainsi les libéraux, afin de mater les masses révolutionnaires et, le coup réussi, les libéraux furent éconduits à coups de pied, comme il fallait s'y attendre. C'est ainsi qu'en France, de mai 1848 aux élections de Bonaparte en décembre, ce fut le parti républicain pur du National, le parti le plus faible de tous, qui régna du simple fait qu'il avait derrière lui toute la masse organisée de la réaction.
C'est ce qui s'est passé à chaque révolution: le parti le plus bénin qui puisse encore régner, arrive au pouvoir, simplement parce que le vaincu voit en lui la dernière chance de salut. Or, on ne peut pas s'attendre à ce qu'au moment de la crise, nous ayions derrière nous la majorité des électeurs, c'est-à-dire de la nation. Toute la classe bourgeoise et les vestiges des classes féodales possédantes, une grande partie de la petite-bourgeoisie et de la population des campagnes se rangeront alors derrière le parti bourgeois extrême qui se donnera des allures révolutionnaires extrémistes, et je tiens pour très possible qu'il soit représenté dans le gouvernement provisoire, voire qu'il en forme un moment la majorité. La minorité social-démocrate du gouvernement parisien de Février a montré comment il ne fallait pas agir lorsqu'on est en majorité. Cependant, pour l'heure, c'est une question encore académique.
Néanmoins, les événements peuvent se dérouler tout autrement en Allemagne, et ce sont pour des raisons militaires. Dans l'état actuel des choses, l'impulsion, si elle vient de l'extérieur, ne peut venir que de Russie; mais si elle vient de l'Allemagne elle-même, la révolution ne peut alors partir que de l'armée. Un peuple sans armes contre une armée moderne est, du point de vue militaire, une grandeur purement évanescente. Dans ce cas, nos réservistes de 20 à 25 ans, qui ne votent pas mais qui sont exercés dans le maniement des armes, entreraient en action, et la démocratie pure pourrait être sauvée. Mais, présentement, cette question est également académique, bien que je sois obligé de l'envisager, étant pour ainsi dire le représentant du Grand Quartier général du Parti. En tout cas, notre seul ennemi, le jour de la crise et le lendemain, ce sera l'ensemble de la réaction groupée autour de la démocratie pure, et cela, me semble-t-il, ne doit pas être perdu de vue...

Marx à F. Domela Nieuwenhuis

Londres, le 22 février 1881
À propos du prochain Congrès de Zurich, la question que vous me posez [sur les mesures législatives à prendre en vue d'assurer la victoire du socialisme en cas d'arrivée au pouvoir des socialistes] me semble des plus maladroites. Ce qu'il faut faire immédiatement à un moment bien déterminé de l'avenir dépend naturellement tout à fait des circonstances historiques dans lesquelles il faut agir. Votre question se pose au pays des nuages et représente donc pratiquement un problème fantasmagorique, auquel on ne peut répondre qu'en faisant la critique de la question elle-même. Nous ne pouvons résoudre une équation que si elle inclut déjà dans ses données les éléments de sa solution.
Au demeurant, l'embarras dans lequel se trouve un gouvernement subitement formé à la suite d'une
victoire populaire n'a rien de spécifiquement « socialiste ». Au contraire. Les politiciens bourgeois victorieux se sentent aussitôt gênés par leur « victoire », quant aux socialistes, ils peuvent au moins intervenir sans se gêner et, vous pouvez être sûr d'une chose: un gouvernement socialiste n'arriverait jamais au pouvoir si les conditions n'étaient pas développées au point qu'il puisse avant toute chose prendre les mesures nécessaires à intimider la masse des bourgeois de sorte qu'il conquiert ce dont il a le plus besoin: du temps pour une action durable.
Vous me renverrez peut-être à la Commune de Paris. Mais, abstraction faite de ce qu'il s'agissait d'un simple soulèvement d'une ville dans des conditions exceptionnelles, la majorité de la Commune n'était pas socialiste, et ne pouvait pas l'être.  Avec une faible dose de bon sens, elle aurait pu néanmoins obtenir avec Versailles un compromis utile à toute la masse du peuple, seule chose qu'il était possible d'atteindre à ce moment-là. En mettant simplement la main sur la Banque de France, elle aurait pu effrayer les Versaillais et mettre fin à leurs fanfaronnades.
Les revendications générales de la bourgeoisie française avant 1789 étaient à peu près établies - mutatis mutandis - comme le sont de nos jours toutes les mesures à prendre uniformément par le prolétariat dans tous les pays à production capitaliste, Mais, la façon dont les revendications de la bourgeoisie française ont été appliquées, un quelconque Français du XVIIIe siècle en avait-il la moindre idée a priori ? L'anticipation doctrinaire et nécessairement fantasmagorique du programme d'action d'une révolution future ne ferait que dévoyer la lutte présente. Le rêve de la ruine tout à fait imminente du régime enflammait les Chrétiens primitifs dans leur lutte contre l'Empire romain et leur donnait la certitude de vaincre. La compréhension scientifique de la dissolution inéluctable et toujours plus grave sous nos yeux de l'ordre social dominant et les masses poussées à coups de fouet à la passion révolutionnaire par les vieux simulacres de gouvernements, en même temps que par le prodigieux développement positif de moyens de production, tout cela suffit à garantir qu'au moment où éclatera une véritable révolution prolétarienne, nous aurons également les conditions de leur modus operandi immédiat, qui ne s'avérera certainement pas idyllique.
Je suis convaincu que la conjoncture de crise n'existe pas encore pour une nouvelle Association internationale des travailleurs. En conséquence, je considère que tous les congrès ouvriers ou socialistes - pour autant qu'ils ne se préoccupent pas des conditions données immédiates de telle ou
telle nation - ne sont pas seulement inutiles, mais encore nuisibles. Ils se perdront toujours en fumée, en rabâchant mille fois des généralités banales.
Amicalement
votre dévoué Karl Marx

Engels à J. Mesa

Londres, le 24 mars 1891
Mon cher Mesa,
Nous avons été très heureux d'apprendre, par votre lettre du 2 courant, la publication imminente de votre traduction espagnole de la Misère de la Philosophie de Marx. Il va sans dire que nous nous associons avec empressement à cette oeuvre qui ne manquera pas de produire un effet des plus favorables sur le développement du socialisme en Espagne.
La théorie proudhonienne, démolie dans ses bases par le livre de Marx, a certainement été balayée de la surface depuis la chute de la Commune de Paris. Mais, elle forme toujours le grand arsenal dans lequel les bourgeois radicaux pseudo-socialistes d'Europe occidentale puisent les formules propres à endormir les ouvriers. Or, comme les ouvriers de ces mêmes pays ont hérité, de leurs devanciers, de semblables phrases proudhoniennes, il arrive que, chez beaucoup d'entre eux, la phraséologie des radicaux trouve encore un écho. C'est le cas en France, où les seuls proudhoniens qu'il y ait encore, sont les bourgeois radicaux soi-disant socialistes. Et si je ne m'abuse, vous en avez aussi, dans vos Cortès et dans votre presse, de ces républicains qui se prétendent socialistes, parce qu'ils voient dans les idées proudhoniennes un moyen plausible tout trouvé d'opposer au vrai socialisme, expression rationnelle et concise des aspirations du prolétariat, un socialisme bourgeois et de faux aloi.
Salut fraternel
Fr. Engels

Engels à Lafargue

[Reproduite dans le Socialiste, le 24 novembre 1900]
« Ah, mais nous avons la république en France », nous diront les ex-radicaux, « chez nous, c'est autre chose. Nous pouvons utiliser le gouvernement pour des mesures socialistes ! » 
La république, vis-à-vis du prolétariat, ne diffère de la monarchie qu'en ceci qu'elle est la forme politique toute faite pour la domination future du prolétariat. Vous avez sur nous l'avantage de l'avoir là; nous autres, nous devrons perdre vingt-quatre heures pour la faire.
Mais la république, comme toute autre forme de gouvernement, est déterminée par ce qu'elle contient; tant qu'elle est la forme de la démocratie bourgeoise, elle nous est tout aussi hostile que n'importe quelle monarchie (sauf les formes de cette hostilité). C'est donc une illusion toute gratuite que de la prendre pour une forme socialiste par son essence; que de lui confier, tant qu'elle est dominée par la bourgeoisie, des missions socialistes. Nous pourrons lui arracher des concessions, mais jamais la charger de l'exécution de notre besogne à nous. Encore si nous pouvions la contrôler par une minorité assez forte pour qu'elle pût se changer en majorité d'un jour à l'autre...
Londres, le 3 avril 1895
Liebknecht vient de me jouer un vilain tour.  Il a pris de mon introduction aux articles de Marx sur la France de 1848-1850 tout ce qui a pu lui servir pour soutenir la tactique, à tout prix paisible et anti-violente, qu'il lui plaît de prêcher depuis quelque temps, surtout en ce moment où on prépare des lois coercitives à Berlin. Mais cette tactique, je ne la prêche que pour l'Allemagne d'aujourd'hui et encore sous bonne réserve. Pour la France, la Belgique, l'Italie, l'Autriche, cette tactique ne saurait être suivie dans son ensemble, et pour l'Allemagne elle pourra devenir inapplicable demain...
F. E.



mardi 8 décembre 2015

FRANCE COMIQUE : LA GAUCHE APPELLE A VOTER POUR LA DROITE


(En épilogue : les aventures de Pyrrhus Sarkozy)

de notre envoyé spécial: Lou Soliterre

On avait la formule de l'union nationale funèbre il y a à peine trois semaines, mais les corps des massacrés à Paris à peine refroidis et les médias indifférents au sort de près de 400 blessés, voilà qu'on nous serine, explique, assomme avec « l'horreur », le terrible séisme : la possible conquête de deux ou trois régions par le « F'Haine » ! Sauf que, loin des funérailles, nos deux veuves du terrorisme arabo-persique veulent bien porter le voile mais séparément et tirer chacune leur épingle du chignon électoral.
Comble de l'horreur : 6 millions de français ont voté au 1er tour de ces « jeunes » élections régionales, dont la plupart des gens se savent pas à quoi servent ces machins plutôt provincieux qui font office de co-gestionnaires locaux de l'Etat décentralisé mais encore mieux bureaucratisé. Le FN a-t-il mitraillé de mensonges ces lamentables électeurs de pacotille? Ou ces féroces soldats, sont-ils venus égorger jusque dans nos campagnes (électorales) nos louables institutions et tant de fables des lois?

Aux urnes citoyens! Votons, Votons, qu'un gang impur abreuve nos émissions!

Ce type d'élection inventée en 1986 se caractérise par une refonte plus élargie depuis 2014 sous la correction du gouvernement Hollande :l'addition de régions voisines avec l'objectif de créer des zones à potentiel industriel au niveau du fédéralisme européen1. A quoi servent les conseils régionaux ? Ce ne sont pas spécialement des organismes de décision politique, mais des succursales des partis oligarques dominants. Ils s'occupent de cogestion au niveau européen, des transports ferroviaires, des cars scolaires (avec le projet arriéré de Macron il faudra gérer aussi les nombreux accidents) de la formation professionnelle des ouvriers de base, de la reproduction des inégalités sociales dans les lycées, de l'idéologie écologique, de l'hydre aménagement du territoire, de la culture au rabais, du domaine sportif abrutissant. En somme guère plus de compétences que la gestion d'une ville moyenne, et encore sous contrôle étroit de l'Etat bourgeois. La rétribution du personnel anonyme qui compose ces conseils régionaux est une ressource financière très importante pour les diverses cliques des partis en compétition. Ce qui explique la mine allongée des divers bureaucrates de gauche et de droite au soir du premier tour de cirque face à la probabilité de perdre les bonnes places.

Mais horreur dans l'horreur : si 6 millions de salauds ont voté Le Pen, 20 millions d'autres salauds ne se sont même pas déplacés aux urnes citoyennes, sans compter 500 000 bulletins blancs et des milliers de votes "nuls" ( c à d déchirés ou insultants, généralement non comptabilisés) ! Sur Radio France propagandastafel, les commentaires aigris seront plus durs contre les salauds d'abstentionnistes que contre les salauds d'électeurs (inconscients et bêtes des blondasses du FN), car ceux-là ils votent, même par bêtise, mais au moins ils vont glisser un bulletin dans l'urne. Les autres salauds, non seulement ne participent pas à la défense de la démocratie contre le terrorisme – car le bulletin de vote est une « arme » qui défrise les assassins du Bataclan – mais de fait cautionnent l'extrême droite... en la laissant s'exprimer... Et de déplorer que partis honorables de droite et de gauche ne parviennent toujours pas à endiguer ce « cancer » de la démocratie... pour un peu l'abstentionniste va finir par se faire qualifier de terroriste. Mais l'argutie n'est pas étayée, on préfère délayer sur le crétinisme de l'électeur lambda : de toute façon « ils » n'y comprennent rien, les régions « ils » s'en foutent, « ils »
exhalent un désamour de la politique...

Sur les plateaux TV les soirées électorales sont écourtée comparées à naguère, « ils » lâchent prise si rapidement qu'il faut leur refiler leur feuilleton américain préféré sinon « ils » vont refuser de régler la taxe télé. Au soir du cataclysme pour la république démocratique, j'ai zappé comme tout le monde et cela m'a suffi. France 2 s'est arrangé pour laisser le crachoir le plus longtemps possible aux pleureuses de la gauche gouvernementale, laissant un strapontin au zigoto du FN parisien, qui refusa de servir d'idiot du village et s'éclipsa du plateau des pitres autorisés. Lorsque vinrent les déclarations hilares de la fille Le Pen et son très accrocheur mignon en Alsace-Lorraine, cela apportait tant de dérision et parfois de bon sens, que le discours fût châtré avant la fin de la prestation du petit Philippot (ex-chevènementiste). Sur FR3, un aéropage d'édiles bourgeois du 62 diabolique faisait très province endormie, seul un chauve du FN à mine patibulaire, placé pour le cirque juste à côté d'une fofolle de l'écologie gauchiste, donna crédibilité à la sinistrose que suscite ce parti de merde en se comportant de façon menaçante, avec sa patte velue, vis à vis de cette jeune fille pourtant très obligée envers la corruption des partis officiels.

J'ai évidemment préféré continuer à regarder « Le trou normand » de ce génial acteur qu'était Bourvil ; au moins lui était-il drôle et profond à la fois d'humanité et de respect des autres. J'évitai d'allumer télé et radio toute la journée du lendemain. J'en avais ma claque. Le lundi soir pourtant, mes oreilles se firent musicales lorsque j'entendis à l'émission « les informés » de la radio d'Etat des tentatives d'explication plus fines au « cancer de l'abstention ». Une voix disait : longtemps on a dit que l'abstention faisait monter le FN, ce n'est plus vrai, il n'y a plus de lien entre l'abstention et le FN, il est suivi par les mêmes électeurs. Un autre, ou le même ajoutait : pour que les gens votent, il faut leur donner envie. Un autre encore : y a que des vieux clous en politique, les mêmes depuis 50 ans, et ils ne savent même plus parler aux gens. Marine Le Pen, elle, elle parle aux mémères parce qu'elle s'affiche mémère. On a fait du consumérisme politique, et les politiques ne sont plus que des marques de lessive, comme la nièce en PACA Marion Maréchal-Le Pen, c'est un nouveau produit « jeune », c'est la plus jeune dans un parterre de vieillards (ces astucieux commentateurs oublient que longtemps Besancenot a été le seul jeune des plateaux télé).

Enfin un de ces anonymes de radio que mes oreilles ne pouvaient pas identifier, cracha la vérité : « les partis politiques ne sont devenus que des écuries présidentielles » ; j'y reviens par après pour décrypter le sensationnalisme qui obère les manœuvres sous-jacentes.

Le clou du spectacle, depuis la veille était surtout la répartition des rôles, pas vraiment un scénario inédit (cf. le vote de 2002 pour Chirac afin de barrer la route au « fascisme ») : une gauche maso au profit d'une droite maso. Un Sarko arrogant et « intransigeant » qui nous « explique », à l'unisson de ses divers lieutenants déconfis que la fusion serait la confusion, que « la seule force contre le FN, c'est nous » et cette extraordinaire explication de texte : « je ne veux pas d'arrangement dans le dos des électeurs » ! Sublime ! L'arrangement il n'a même pas besoin de le demander, le PS le lui offre sur un plateau !2 Pressés par la journalistes de répondre nommément pour le candidat de droite auquel ils appelaient à voter, toute la journée les sous-fifres de la gauche caviar avaient marmonné rageusement qu'ils voteraient pour éliminer Le Pen... Ouf en fin de soirée, robot Valls vint afficher carrément la couleur, savonnant la planche de la droite caviar comme jamais il n'avait osé même au moment des attentats, sans se rendre compte qu'il faisait dans le jeu de mot et qu'il entend des voix: « quand la république est en cause, on vote républicains... j'entends la peur des français3 ».
Il continue, il est désormais le centre du monde : « … c'est un moment historique, avec la COP21... il nous faut assumer l'avenir de l'humanité (du Rosa L dans le texte!). Deux conceptions de la France s'affrontent : celle de la république (la bonne, la pure) et celle d'une vision étrangère (sic) de l'extrême droite, du désastre économique » (les patrons comme les gauchistes font de l'urticaire à l'idée que le FN occupe des strapontins régionaux).

Ce n'est bien sûr que le début d'une intense semaine de racolage électoral face à la sidération bourgeoise, il y aura d'autres épisodes, d'autres déclarations méprisantes ou hautaines contre cette masse énorme d'abstentionnistes qui fait honte aux cliques oligarchiques auto-proclamées, et qui leur pisse au cul de vouloir « expliquer », « condescendre », « conscientiser » face à l'horreur qui risque de faire basculer « l'avenir de l'humanité » et surtout les postes des petits potes de parti, ces « élus » organisationnels dont le nombril éclaire nos quartiers multiculturalistes et ne se coupe pas avec les migrants du monde entier.

En vérité, les appareils se fichent que le FN s'empare de deux ou trois régions. A ce niveau, il ne s'empare de rien du tout. C'est au même niveau que la gestion des quelques municipalités qu'il a raflé. Cela ne change rien au sort des prolétaires, des chômeurs. Cela peut criminaliser un peu plus les migrants, calmer un peu des racailles, de souche arabe ou pas, française ou pas. L'agitation du grand danger de la venue au pouvoir du parti populiste d'extrême droite n'est encore une fois que du domaine de la politique d'ajustement entre grands truands des partis officiels.

La gonflette du FN, tout le monde ne s'en rend pas compte, est liée directement aux attentats criminels si récents. Il n'aurait pas autant engrangé d'électeurs sans cela ; personne n'est revenu sur les responsables et les causes des attentats, laissant le FN fructifier avec le fantasme de « l'immigration terroriste », comme généralité et les arabes comme particularité. Dans le département de la « honte », le Pas de Calais, près de 60% des ouvriers font pourtant partie des abstentionnistes4, et nombre de ceux, ouvriers aussi, qui font partie des 40% obtenus par Le Pen sont souvent plus des paumés, des cloches, que l'avant-garde de la classe ouvrière, mais très minoritaires ; les grandes cités comme Lille et Amiens ont méprisé les candidats FN. Le butin électoral dont se repaissent les diverses cliques bourgeoises ripoublicaines est au demeurant fort étriqué ; si vous enlevez le chiffre du FN il leur reste trois à quatre millions d'électeurs à se partager et le barnum de Sarkozy est aussi composite que les factions de gauche qui vont s'additionner – sociologie-stalinologie-bobologie – les Mariton-Morin-Juppé, autant de paniers de crabes pour l'examen présidentiel à venir. Et c'est cette minorité qui pose au donneur de leçon... antifasciste surannée !

En vérité, finalement, on est bien en plein dans les écuries présidentielles et pas dans une horrifiante « résistible » ascension du fascisme, hormis la blondeur aryenne des deux candidates.
Disons-le sans fard, Hollande s'est place dans les pas de Mitterrand. Tonton avait su très bien mettre en scène son pote Le Pen pour laisser la droite au fond de l'impasse.

D'abord le découpage des régions, cornaqué par l'Elysée, laissait prédire que la réunion du Pas-de-Calais et de la Picardie allait ouvrir une autoroute (électorale) au FN, et ridiculiser Sarko et sa bande. Mieux encore, et aussi prévisible, la victimologie du PS – tout parti au pouvoir dérouille électoralement deux ou trois ans après sa prise de fonction gouvernementale – consistant à cautionner son principal adversaire sans contrepartie... vous trouvez pas ça louche ?
Quitte à ce qu'une poignée de seconds couteaux trouvent un peu fort le café... Que le parti au pouvoir laisse plastronner le chef de l'opposition dans un apparent suprême dédain d'un front unique antifasciste d'opérette, vous ne trouvez pas cela drôle ?

C'est pourtant simple : c'était le meilleur moyen de piéger le compétiteur Sarkozy-Poulidor. En fonçant bêtement dans la négation arrogante de « toute compromission », croyant que les braves électeurs de gauche (antifascistes génétiques et veautants de première) donneraient blanc-seing à ses lieutenants Bertrand X. et Estrosi et Cie, la stratégie de Sarkozy apparaîtra comme ayant favorisé la conquête de quelques régions par le « dangereux FN », une victoire à la Pyrrhus ! Et la voie romaine sera ouverte à l'actuel pensionnaire de l'Elysée. Ou à Juppé.

Le FN n'est pas ne train de « s'implanter » comme le radotent les journalistes, s'implanter où et avec quel programme alternatif à l'incurie gestionnaire des différentes factions du capital ?

Ce qui me pose plus problème est que la classe ouvrière - inerte naturellement au niveau électoral (ce n'est pas une gloire de voter-cautionner les partis oligarchiques ce n'en est pas une non plus de rester éternellement engoncé dans l'abstentionnisme... d'autruche– ne trouve pas les moyens d'exister politiquement. Et si elle s'avise de croire qu'on se soucie réellement de sa participation dans la cadre de la tricherie électoraliste, sa partie venant de l'immigration vote pour les factions islamistes et l'autochtone pour les pires bourgeois « de souche » qui la méprisent.



1Ce qu'indique d'ailleurs le formulaire explicatif sur le site du gouvernement : «Ce nouveau découpage a pour objectif de constituer des régions plus fortes afin d’engager des coopérations interrégionales en Europe et de réaliser des gains d’efficience ».
http://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/projet-loi-relatif-delimitation-regions-aux-elections-regionales-departementales-modifiant-calendrier-electoral.html
2Nom de dieu ! On n'en finira donc jamais avec la domination capitaliste ! Les mêmes sornettes de sauvetage de la démocratie nous sont resservies comme en 2002, où Chirac, il est vrai, a empêché un nouvel Hitler de mettre le feu à l'Elysée, quoique Hitler Le Pen pissait dans sa culotte à cette idée (comme il l'a confié récemment lors d'une complaisante interview télévisuelle, j'en ai rendu compte sur ce blog).
3Preuve qu'il n'y a pas que Sarkozy à torturer la langue française, Marion Le Pen et pas mal dans son genre (mais elle est jeune) ; Valls nous sert des formules parfois assez dingues : « Nous entendons leur malaise » (Valls, à la police, avant les attentats ). Doit-on en conclure que les français poussent des cris de frayeurs et les policiers des râles ?
4Les interrogations des journalistes de radio aux piétons, en général ouvriers, révèlent plus de bon sens et une capacité à aborder les problèmes réels de la part de ces inconnus de la rue : « ce n'est pas Le Pen qui va résoudre les problèmes posés par les migrants », dit l'un. Et, en effet, ce domaine restera celui de l'Etat, dont le représentant Cazeneuve, fait en ce moment un boulot plus productif que ne l'a fait le démagogue Sarkozy, parvenant à décongestionner Calais, en dispatchant les migrants ailleurs en France en particulier en rouvrant des foyers Sonacotra. Cela dit, je persiste à dire, avec John Kerry, que la solution à la fuite migratoire passe avant tout par la fin de la guerre en Syrie.

PS: quelques saines réactions sur Le Monde, et ce n'est qu'un début de décrédibilisation générale de la gauche caviar et bobo, la droite sarkozozo n'en parlons pas, et le FN = une bande de rigolos plein de plumes.

Une électrice de gauche 07/12/2015 - 20h17
plus question de se faire avoir comme en 2002
 

le belge 07/12/2015 - 20h16
la démocratie a mauvaise figure depuis le 7 janvier. Dans le nord il y a des élus socialistes qui cumulent 4 ou 5 mandats en comptant les interco et les associations du genre éco musée de ceci ou cela. depuis hier soir c est fini pour eux et bien fait: direction lundi 14 a la région pour leur carton: dramatique pour l époque de Mauroy mais c est comme ça va éloigner les notables qui cumuleront de toutes façons leur retraite avec leurs feu mandats.
 

MAC 07/12/2015 - 19h47
Front républicain = UMPS = mariage de la carpe et du lapin = simulacre de démocratie = foutaises

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/video/2015/12/07/un-front-republicain-peut-il-encore-faire-barrage-au-fn_4826611_4640869.html#1FcvkyoCUV1LeC8V.99

dimanche 6 décembre 2015

Le Climat de terreur va-t-il réchauffer les classes sociales ?


Par Lou Soliterre


Il paraît qu'on est en week-end électoral en France. Qu'est-ce qu'on s'en branle. Un fauteuil régional pour Mme Le Pen serait une catastrophe, ajouterait le malheur au malheur (dixit bobo NKM). De même qu'on a déposé des bougies pour les morts du Bataclan pour signifier notre amour de la festivité démocratique, de même le bulletin dans l'urne ferait reculer l'engeance terroriste falsificatrice d'une religion de paix et d'amour et surtout le FN qui appelle à zigouiller les gauchistes comme le coran les mécréants. Un recul du cancer abstentionniste confèrerait mutatis mutandis encore plus de robustesse à notre unique porte-avion de rechange d'une des flottes US. Que foutre !

Même pas peur de ne pas aller en mairie faire la courbette à une noria anonyme de petits arrivistes régionaux indifférents à notre sort et pour les légitimer cinq années durant à palabrer, nous faire les poches et plastronner en petits comités de politiciens1. Désespérant pour les tenanciers de bureaux de foin électoral, la préoccupation reste en dehors, concernant cette guerre opaque qui se généralise en ridiculisant toute prétention à un internationalisme de fabrique ou d'usine où le mouvement ouvrier s'arrogeait être le seul véritable « ennemi intérieur » du capitalisme, quand il n'accusait pas la bourgeoisie d'être celui-ci, et en tout cas l'ennemi du genre humain. Les ennemis du genre humain seraient des « loups solitaires », météorite qui a éradiqué les dinosaures ou dinosaures qui se régalent des créatures sans défense ? Pas les avions des riches qui massacrent les populations otages de Daech ou des Etats intégristes ? Pas les souteneurs intellectuels de l'islamofolie ? Le prolétariat a-t-il les moyens d'être ce météorite géant qui viendra faire trembler la planète et éradiquer le dinosaure capitalisme ? Ou la guerre mondiale viendra-t-elle jouer ce rôle pour retourner à l'âge de pierre avec un coran gravé dans le marbre d'une partie sauvegardée de la croûte terrestre ? Armaggedon verra-t-il une grande confrontation entre marsupiaux islamistes et placentaires laïques quand nos lémuriens gauchistes se seront glissés dans les deux camps ?

A la suite du nouveau meurtre de masse à San Bernardino – à l'épicentre du « pays le plus dangereux du monde » 2- apparaît la tribune de deux petits profs universitaires aux Etats-Unis :

« Paris pourrait-il arriver chez nous ?" Leur réponse : probablement pas. "Personne ne devrait paniquer", écrivent-ils, "les musulmans américains sont bien moins attirés par l'EI et son idéologie que ne semblent l'être les musulmans d'Europe". "Pour de nombreuses raisons", estiment-ils, "les Etats-Unis sont un endroit nettement plus sûr"… ».

Raisonnement très ambigu comme s'il s'agissait d'un problème musulman ? Partiellement musulman ? Exclusivement musulman ? Tous les musulmans d'Europe seraient-ils recrutables, radicalisables et suicidaires ? Comme par hasard Daech officiel (?) - qui annexe n'importe quel crime réussi dans le monde - vient confirmer la théorie obamesque du « loup solitaire », l'officine en invente tous les jours, qualifiant ses représentants indirects (?) de « partisans », ce qui pour le FBI servile s'apparente plutôt à une opération de « loups solitaire(s) » ; déjà le pluriel est pourtant de mise - en plus rien de moins solitaire qu'un loup! -  en plus il s'agit d'un couple... solitairement bigot + un acolyte déjà recherché. Les Républicains US, qui dénoncent cette guerre intérieure, se voient traités comme leurs homologies de la droite française d'islamophobes.

L'Obs commente : «Il faudrait comparer le couple au Major Nidal Hasan, le psychiatre de l'Armée qui a tué 13 personnes à Fort Hood en 2009, ou aux frères Tsarnaev, auteurs de l'attentat du marathon de Boston en 2013, plutôt qu'aux attaquants de Paris. Cette fois, pourtant, le traumatisme est bien plus profond qu'en 2009 ou 2013. Pour deux raisons évidentes :
  • les victimes ne sont pas des militaires et les tueurs ne sont pas tchétchènes mais arabes
  • le souvenir de Paris est encore dans tous les esprits.
L'attaque de San Bernardino survient à un moment unique pour les Etats-Unis: elle s'est produite au beau milieu d'une campagne présidentielle marquée par une escalade de la rhétorique anti-immigrés et plus encore islamophobe, alors que la logique voudrait que le monde politique s'attelle aux deux failles que révèle ce massacre ».

Le Nobs snob nous livre donc les deux failles, mais pas la faillite du capitalisme : primo le « lone wolf » difficile à détecter, et deuxio l'abondance d'armes non remise en cause par l'Etat-roi des vieux cow-boys américains. Pas terrible les deux causalités suggérées !

L'Obs, principal hebdo de la gauche caviar, esquive royalement la nature et les origines de ce terrorisme « internationaliste » : l'absence d'alternative au capitalisme décadent et l'expansion d'une mission meurtrière de désespérés, qui se revendiquent généralement d'une origine arabe, indépendamment de leur lieu de naissance et se sentent investis d'une règle divine, coranesque, de tuer partout où ils le peuvent des « mécréants » de quelque classe sociale ou de quelque religion qu'ils soient, de Paris à Tel Aviv ou de San Bernardo à Londres. C'est ce qu'on peut nommer la cécité volontaire de l'islamologie gouvernante ou la volonté de faire passer pour des crétins toute une partie de la population qui ne croit toujours pas que les boches dévoraient les enfants français en 1915, mais que la religion islamique sert de terreau à toutes les idéologies et qu'elle n'est pas plus défendable que la société qui est obligée de la tolérer. Le reste ce ne sont que moyens : effectivement se développent à la fois une haine socialo-religieuse désespérée – quoique je doute que ces exécutants soient de vrais kamikazes3 – et une possibilité de se procurer des armes, pas seulement aux Etats-Unis car en Europe c'est devenu pratiquement aussi facile.
Les rebuts (avec un t) de la société avaient jusqu'ici toujours alimenté plus ou moins une lie, une faune, une pègre, des mafias et des zones « coupe-gorge » qui ne dérogeaient pas à la marche générale de la société. Il apparaît de plus en plus que les couches des laissés pour compte génèrent non plus des révoltés mais des tueurs qui se réclament d'une origine arabe (même s'ils n'en possèdent ni la culture ni la langue) et du coran (qu'ils n'ont ni lu ni réfléchi). Cela n'a rien d'étonnant pourtant dans une société qui cultive l'ignorance, croupit, tourne en rond et se repaît de la réussite sociale des uns en déplorant l'inutilité des « autres » sans-diplômes4.

Obama nous explique, depuis son pèlerinage à Paris, qu'il y aurait un chaînon manquant, voire un simple hic, entre Daech et le « loup solitaire » (lequel serait le plus dangereux, plus dangereux que son géniteur capitaliste, mais cet « autre », parmi nous, « imprévisible », quand le problème n'est pas Daech - simple bâtard des impérialismes (panier de crabes en Syrie) facile à éliminer si disparaissait le brigandage régional - mais la facilité de certains (traduite par ce curieux terme de « radicalisation ») - comme par hasard en majorité d'origine arabe5, échoués scolaires ou petits malfrats - à s'engager de manière totalement irrationnelle même à l'anéantissement de leur vie et de celle de leurs proches. La théorie de imprévisibilité, additionnée aux attentat programmés, sert à instiller la terreur. Il y a toujours eu des fadas mais :

  1. il y en a beaucoup plus aujourd'hui, et bien secrétés par le système capitaliste lui-même ; et dotés d'une insensibilité à la souffrance des autres du même ordre que le mental du PN ; l'égoïsme individuel, dit individualisme, a mué en perversion narcissique, l'individualiste paumé est devenu vampire sans foi ni loi, qu'il soit riche comme Ben Laden ou paumé comme Abdelhamid Abaaoud.
  2. ces nouveaux fadas (désespérés ou embrigadés) disposent d'une idéologie toute trouvée, matière à interprétations délirantes à l'infini mais qui aboutissent toutes au désir de meurtre de celui qui pense autrement ; cette idéologie féodale n'est pas propre à la religion islamiste seule – produit arriéré et pérenne des conditions féodales d'avant le capitalisme6 – mais le propre de toutes les dictatures qui existaient avant la colonisation comme après, surtout après la découverte du pétrole : c'est dieu qui a refilé la manne pétrolière à une infime minorité de roitelets qui, serviette à carreau sur la tête, font respecter leur légitimité divine en tranchant la main du voleur d'orange.

JE SUIS CLIMATO-SCEPTIQUE (mais pas Charlie ni Paris)

Plus précisément, et je dois l'avouer presque honteusement, climato-agnostique. La rencontre internationale « pour le climat » à Paris aurait presque fait passer pour une anecdote de fait-divers le massacre de masse au cœur de la ville des Lumières. Le boucher télégraphiste de Beuerch (trad. De Daech en français) Boko Aram commet autant de meurtres chaque semaine en Afrique et cela ne provoque pas tant de haut-le-coeur chez les saltimbanques occidentaux.
A la suite de cette admirable conférence hulotienne pour sauver la planète, va-tu enfin mesurer le niveau carbone du steak que tu es inconsciemment en train de faire cuire (au profit de la fonte du pôle nord), steak pour pauvres bien entendu car je n'ose pas imaginer que tu l'ai acheté chez le meilleur boucher bio de Neuilly conseillé par Franz-Olivier Gilbert et Caron, l'excité herbivore ?
Es-tu prêt à abandonner cette guimbarde puante au diesel qui te mène au turbin pour emprunter chaque jour le métro avec ses possibles « rats solitaires » (non euthériens) et ses multiples Belphégors qui représentent mieux que la pub médiatique incessante et indécente pour Daech, l'avenir de la femme cloisonnée en Occident libérée de la mécréance et de ton regard concupiscent pour les pots à tabac?

En marge (sic) de la COP21, j'ai adoré le litre du bcbg Libération :

Sommet citoyen pour le climat: «Toucher les personnes qui ne sont pas dans le milieu écolo ». 

La description se suffit à son propre ridicule :

 « Des militants déguisés en zèbre et en lion arborant une pancarte «le réchauffement climatique nous menace», suivis par une petite troupe d’ours polaires, ceux d’Alternatiba, un des organisateurs du rassemblement, des clowns dansant au son d’un accordéon, un père Noël «durable et non de la consommation» et une chorale de grands-parents norvégiens jurant, en chanson, qu’ils «combattront le changement climatique»: c’est sous des airs de carnaval qu’a débuté, samedi à midi, le Sommet citoyen pour le climat, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Une des rares manifestations citoyennes en marge de la COP 21 maintenue malgré l’état d’urgence ».

Bravant l'état de grâce anti-terroriste, plastronna en la principale banlieue cosmopolite (pas complotiste7) un ensemble bigarré de tout ce que la société française comporte de couches les plus réactionnaires : maire stalinien rangé du goulag, bobos gauchistes marginaux, petits boutiquiers et ploucs bios. Tous ces communo-bobos, comme le titre l'indique croyaient pouvoir s'extirper de leur milieu écolo marginal, en conscientisant les prolétaires (cosmopolites) sur le marché du lobby maraîcher écolo avec le bazar théorique climatologue dont les éminents représentants hollywoodiens étaient venus minuter en silence la place fleurie de la république. Arnold Schwarzy, le petit musclé dit Conan le barbare, déclara qu'il fallait agir vite, que notre président Hollande assumait bien, car la pollution est responsable de 7 à 8 millions de morts par an sur la planète terre ; plus que les guerres climato-impérialistes ? Personne n'a pu porter la contradiction à l'ancien maire d'Hollywood.


Le capital carbone est sérieusement menacé mais pas le capitalisme

A Montreuil, lors du Sommet citoyen pour le climat, samedi dernier, il était interdit de parler politique mais pas de discuter (= négocier), ou marchandiser la valeur du bio contre le vilain industriel ; on ne soulignera jamais assez combien l'attitude de la police fût honteuse en essayant d'empêcher de s'exprimer cette frange radicale du réformisme vert, vert-galant et mosquée rouge, courageuse avant-garde de la « parole citoyenne » :

«Attablé sous le chapiteau restauration, où, pour moins de cinq euros, sont proposés des «tartes aux alternatives», des gâteaux de maïs ou encore des galettes «végé», un étudiant du Nord-Pas-de-Calais se veut plus optimiste: «Nous sommes d’abord venus parce que l’ambiance est plutôt sympa, un peu comme en festival. Mais bien sûr, on est aussi là pour débattre et montrer qu’on est nombreux, pacifiques et qu’on a de bonnes idées.» Militant chez les Jeunes écologistes, il espère que «les ateliers et les débats organisés à Montreuil pourront faire contrepoint sur le Bourget», où se déroulent les négociations de la COP 21. Mais il n’a pas attendu ce week-end pour essayer de se faire entendre. Il y a une semaine, il était aussi place de la République «pour scander des slogans pour le climat». Mais n’y est pas resté longtemps, lorsque la situation s’est tendue entre manifestants et force de l’ordre. Même chose, vendredi, lors de l’action contre le greenwashing des grandes entreprises au Grand Palais. «C’était hallucinant, raconte son ami et voisin de table. On a été encerclé par la police. Leur réaction était vraiment disproportionnée. Et d’ajouter: On a l’impression qu’on essaye de faire taire la parole citoyenne. On nous dit que les manifestations sont interdites à cause de la sécurité, mais les marchés de Noël ne sont pas annulés eux. Alors on se pose des questions.»
Vente à la criée, disco-soupe, ces braves militants-citoyens n'ont lésiné sur aucune action radicale pour faire germe la conscience bioéthique, alpaguant par la cravate le promeneur insousciant des dangers du monde :
« Au Village des initiatives, des enfants participent à un éco-quizz. «Quelle est la température idéale dans une chambre à coucher?», questionne l’animatrice. La bonne réponse: 17 degrés. Plus loin, une imprimante 3D et un tricycle à assistance électrique intriguent. A l’extérieur, deux hommes discutent «capteurs», «paraboles» et «alimentation électrique», devant des cuiseurs solaires et une machine à glace à énergie solaire. D’autres se prennent en photo devant une statue de la Liberté en modèle réduit, arborant un écriteau «freedom to pollute» et une torche laissant émaner une épaisse fumée blanche ».
La lutte est dure pour ces valeureux combattants de la citoyenneté :  «C’est difficile de s’exprimer en dehors des canaux officiels» :
«Le changement doit venir du peuple et c’est cette pression qui va changer le système. Hollande et les autres ne feront rien. C’est nous, en sensibilisant une personne, qui à son tour, en sensibilisera un autre, qui permettrons ce changement, abonde Paula Gioia, Brésilienne et paysanne installée en Allemagne, qui vient tout juste de prendre le micro, pour présenter le mouvement Via Campesina, dont elle est membre. Elle espère «montrer et partager ce qu’il est possible de faire», tout en dénonçant les «fausses solutions négociées entre les capitaux privés et les chefs d’Etat, celles qui tuent les paysans et les populations indigènes». Dans sa ligne de mire: l’accaparement des sols, qui profitent à l’agriculture industrielle, qui produit toujours plus de déchets, et empêche les petits paysans d’avoir un bout de terre.(...) Comment peut-on toucher les citoyens? Comment faire passer nos messages, quand on nous confine dans des espaces restreints? Et qu’en même temps, les grandes multinationales, les Total, les Sofiprotéol ont, eux, pignon sur rue pour se faire entendre leurs voix.» (…) « Car tout repose sur les futurs citoyens, pas sur le Bourget.»

Cette dernière remarque ne serait pas fausse si le citoyen existait, or, comme le mot peuple, c'est de la foutaise. Seules s'expriment les classe dominantes, l'oligarchie bourgeoise supérieure et ses petits contestataires, la frange des dites couches moyennes intellectuelles et artisanales. Le prolétariat, si je peux m'exprimer en son contenu et contenant, sait bien que les constructions délirantes en bord de mer, les explosions atomiques souterraines, l'incapacité du capitalisme à se passer de la rente pétrolière et ses guerres incessantes sont les principales avanies d'un navire qui provoque la furie de la mer sur laquelle il navigue... comme l'énorme météorite qui aurait fait trembler la planète terre et éradiqué les dinosaures !

Euthériens et lémuriens de tous les pays unissez-vous contre le jeune dinosaure capitaliste (moins de deux cent annuités) !

Les plus grands pollueurs de la planète américano-chinois vont-ils réduire leurs profits pour éviter son réchauffement dangereux à la planète ? En développant les différentes branches des lobbies écologiques ? Pas très crédible. Aussi vain que Copenhague en 2009.

Le pacte universel de 195 pays « contre le réchauffement de la planète » n'aura été qu'une nouvelle ébauche impuissante. Ce genre de réunion confirme que la bourgeoisie mondiale a pris conscience des risques qu'elle fait subir à Miami et à tous les lieux de résidence privilégiée de ses archi-milliardaires mais pour le reste elle s'en fout. Le texte adopté, de 48 pages, a besoin qu'on « écrive la suite » (sic Laurence Tubiana). On nage dans la totale démagogie où les « pays riches » sont tancés « de payer » pour ceux « en développement » . Tout est ramené à cet objectif à long terme de limitation du réchauffement - 1,5 degré, que réclament les petits États insulaires, ou - 2 degrés. Comme si les pays riches étaient seuls responsables dudit réchauffement (nouveau terme généraliste qui permet de passer sous silence d'autres pollutions moins industrielles) ; qui a déjà pris le bateau pour l'Algérie, comme moi (dixit Lou Soliterre) sait que ce sont aussi et surtout les navires des pays en développement qui se servent de la Méditerranée comme d'une poubelle. L'ère « post-industrielle » a bon dos, quoiqu'elle doive rester industrielle, ou crever aussi !

« En marge de la conférence se tient samedi la Journée de l'action (Action Day), qui doit réunir sur le site de la conférence (COP21) plusieurs dizaines de personnalités du monde entier mobilisées dans la lutte contre le changement climatique. Après Leonardo DiCaprio et Robert Redford, accueillis vendredi au sommet des maires à Paris, Sean Penn était l'un des hôtes de la COP21. "C'est peut-être le moment le plus excitant de l'histoire de l'humanité", a déclaré l'acteur américain. La Journée de l'action sera clôturée par le président François Hollande, qui s'entretiendra avec l'ancien vice-président américain Al Gore, colauréat du prix Nobel de la paix en 2007 avec le GIEC, les scientifiques qui ont alerté depuis plusieurs années sur le climat ».

Dernier détail, la plupart des acteurs du cinéma pour sauver la planète, possèdent un hôtel particulier avec piscine à Miami, menacée par une hausse de 50 cm du niveau de la mer. C'est dire leur niveau de conscience. En attendant peut-on se demander si la paralysie du prolétariat aléatoire ou temporaire facilite le refroidissement des rapports sociaux ?




1Disposant du droit de vote contrairement aux repris de justesse et aux criminels incarcérés, je me suis posé la question d'aller voter, mais je suis tombé d'abord sur un os : pour qui ? Le Pen en apesanteur sondagière serait pas mal si c'était vraiment une postiche, comme Coluche, qui se moquait du système frauduleux, impossible du fait qu'ils y participent et qu' ils ne sont pas une imposture ; ils fonctionnent exactement comme les partis concurrents : oligarchie, népotisme et corruption. Le NPA a renoncé, fauché comme les blés, ce qui ne l'empêche pas d'appeler à voter contre le FN, alors que la pourriture des élections est basée non sur un fascisme supposé, mais sur l fric. Alors j'ai lu attentivement le tract de LO. Encore plus nul que les autres : du bla-bla ouvriériste-populiste inconsistant et une noria de profs-candidats à la retraite, ces éternels pas finis, avec quelques syndicalistes « du rang », pour faire « ouvrier ». Non pas que l'abstentionnisme me ravisse, mais on n'a pas encore trouvé mieux pour dire merde au système du foutage de gueule organisé.
2Allusion à l'émission de France 5 qui répercute les peurs climatiques de la bourgeoisie US : tornades, tremblements de terre et surtout inondation des « paradis des riches » : Miami, côte californienne, etc. Et surtout ébranlement des tours financières de New York.
3L'acte de meurtre lâche, donc commis par des lâches (tout être humain l'est forcément face à un danger incontrôlable) ne nous fera pas croire qu'ils veulent « y passer » eux aussi ; toute leur organisation s'occupe aussi de bases arrières, de comment organiser la fuite. Formés à une éducation occidentale compétitive (j'écrase mon concurrent pour mieux jouir) on ne nous fera pas croire qu'ils gobent, à l'état normal, les sornettes du coran pour l'après-vie ? Sauf quelques imbéciles congénitaux... Sinon pourquoi sont-ils drogués au dernier moment ? Où l'effet insensibilisant des amphétamines s'est-il évaporé – car prises trop tôt – au point que le dernier tueur islamiste recherché a pris ses jambes à son cou ?
4Ce qui est bien plus fâchiste que le prétendu racisme et son petit-frère l'islamophe.
5Tout en se proclamant islamophile des islamophiles, l'Etat bourgeois répercute insidieusement, l'air de rien, sur cette origine, sans vouloir « discriminer », tout en grossissent l'adhésion au prosélytisme meurtrier lorsque tel européen de souche s'est fait embrigader. Or l'idéologie musulmane de Daech ou du coran est à la fois très hiérarchique et très raciste. Les non-arabes sont considérés comme des inférieurs, les noirs comme les français, les juifs comme les bouddhistes, les chinois comme les pakistanais. On recrute, car la fameuse radicalisation n'est qu'un recrutement, en vue du casse-pipe pour arabo-français en les renvoyant dans leur propre pays pour qu'ils tuent leurs anciens voisins sur ce coin de terre, je ne dirai pas compatriotes puisque la patrie n'existe plus. Comparer l'islamisme, radical ou soft, au fascisme, est encore leur faire trop d'honneur. Le fascisme ou nazisme était une idéologie de guerre mondiale qui avait triomphé, l'islamisme est une idéologie de guerre mondiale qui est impuissante et simplement criminelle. Dans les deux cas ce ne sont que des porteurs de la destructivité d'un capitalisme à bout de souffle qui a peur qu'une montée des eaux de 20 cm ne noie les villégiatures secondaires des grands bourgeois à Miami ou Saint Tropez.
6Trotsky était une plume de paon, avec des dons visionnaires, mais parfois très limité, quoiqu'il y ait du vrai dans nombre de ses constats – même à l'époque où il régresse dans son soutien opportuniste au stalinisme - où il laisse entendre que le capitalisme n'est pas le système le plus arriéré que l'humanité ait connu ; il manque aussi un maillon darwinien dans son raisonnement, par ex les produits du capital décadent comme le fascisme peuvent être d'une certaine façon pires ; dans la citation suivante tout est juste sauf qu'il oublie de remplacer fascisme par capitalisme : « Le fascisme a amené à la politique les bas-fonds de la société. Non seulement dans les maisons paysannes, mais aussi dans les gratte-ciel des villes vivent encore aujourd'hui, à côté du XX° siècle, le X° et le XII° siècles. Des centaines de millions de gens utilisent le courant électrique, sans cesser de croire à la force magique des gestes et des incantations. Le pape à Rome prêche à la radio sur le miracle de la transmutation de l'eau en vin. Les étoiles de cinéma se font dire la bonne aventure. Les aviateurs qui dirigent de merveilleuses mécaniques, créées par le génie de l'homme, portent des amulettes sous leur combinaison. Quelles réserves inépuisables d'obscurantisme, d'ignorance et de barbarie ! Le désespoir les a fait se dresser, le fascisme leur a donné un drapeau. Tout ce qu'un développement sans obstacle de la société aurait dû rejeter de l'organisme national, sous la forme d'excréments de la culture, est maintenant vomi : la civilisation capitaliste vomit une barbarie non digérée. Telle est la physiologie du national-socialisme ».
7C'est un anagramme de cosmopolite, sauf qu'il y a un o en plus à ce dernier terme ; normal, c'est un complot !