PAGES PROLETARIENNES

mardi 8 décembre 2015

FRANCE COMIQUE : LA GAUCHE APPELLE A VOTER POUR LA DROITE


(En épilogue : les aventures de Pyrrhus Sarkozy)

de notre envoyé spécial: Lou Soliterre

On avait la formule de l'union nationale funèbre il y a à peine trois semaines, mais les corps des massacrés à Paris à peine refroidis et les médias indifférents au sort de près de 400 blessés, voilà qu'on nous serine, explique, assomme avec « l'horreur », le terrible séisme : la possible conquête de deux ou trois régions par le « F'Haine » ! Sauf que, loin des funérailles, nos deux veuves du terrorisme arabo-persique veulent bien porter le voile mais séparément et tirer chacune leur épingle du chignon électoral.
Comble de l'horreur : 6 millions de français ont voté au 1er tour de ces « jeunes » élections régionales, dont la plupart des gens se savent pas à quoi servent ces machins plutôt provincieux qui font office de co-gestionnaires locaux de l'Etat décentralisé mais encore mieux bureaucratisé. Le FN a-t-il mitraillé de mensonges ces lamentables électeurs de pacotille? Ou ces féroces soldats, sont-ils venus égorger jusque dans nos campagnes (électorales) nos louables institutions et tant de fables des lois?

Aux urnes citoyens! Votons, Votons, qu'un gang impur abreuve nos émissions!

Ce type d'élection inventée en 1986 se caractérise par une refonte plus élargie depuis 2014 sous la correction du gouvernement Hollande :l'addition de régions voisines avec l'objectif de créer des zones à potentiel industriel au niveau du fédéralisme européen1. A quoi servent les conseils régionaux ? Ce ne sont pas spécialement des organismes de décision politique, mais des succursales des partis oligarques dominants. Ils s'occupent de cogestion au niveau européen, des transports ferroviaires, des cars scolaires (avec le projet arriéré de Macron il faudra gérer aussi les nombreux accidents) de la formation professionnelle des ouvriers de base, de la reproduction des inégalités sociales dans les lycées, de l'idéologie écologique, de l'hydre aménagement du territoire, de la culture au rabais, du domaine sportif abrutissant. En somme guère plus de compétences que la gestion d'une ville moyenne, et encore sous contrôle étroit de l'Etat bourgeois. La rétribution du personnel anonyme qui compose ces conseils régionaux est une ressource financière très importante pour les diverses cliques des partis en compétition. Ce qui explique la mine allongée des divers bureaucrates de gauche et de droite au soir du premier tour de cirque face à la probabilité de perdre les bonnes places.

Mais horreur dans l'horreur : si 6 millions de salauds ont voté Le Pen, 20 millions d'autres salauds ne se sont même pas déplacés aux urnes citoyennes, sans compter 500 000 bulletins blancs et des milliers de votes "nuls" ( c à d déchirés ou insultants, généralement non comptabilisés) ! Sur Radio France propagandastafel, les commentaires aigris seront plus durs contre les salauds d'abstentionnistes que contre les salauds d'électeurs (inconscients et bêtes des blondasses du FN), car ceux-là ils votent, même par bêtise, mais au moins ils vont glisser un bulletin dans l'urne. Les autres salauds, non seulement ne participent pas à la défense de la démocratie contre le terrorisme – car le bulletin de vote est une « arme » qui défrise les assassins du Bataclan – mais de fait cautionnent l'extrême droite... en la laissant s'exprimer... Et de déplorer que partis honorables de droite et de gauche ne parviennent toujours pas à endiguer ce « cancer » de la démocratie... pour un peu l'abstentionniste va finir par se faire qualifier de terroriste. Mais l'argutie n'est pas étayée, on préfère délayer sur le crétinisme de l'électeur lambda : de toute façon « ils » n'y comprennent rien, les régions « ils » s'en foutent, « ils »
exhalent un désamour de la politique...

Sur les plateaux TV les soirées électorales sont écourtée comparées à naguère, « ils » lâchent prise si rapidement qu'il faut leur refiler leur feuilleton américain préféré sinon « ils » vont refuser de régler la taxe télé. Au soir du cataclysme pour la république démocratique, j'ai zappé comme tout le monde et cela m'a suffi. France 2 s'est arrangé pour laisser le crachoir le plus longtemps possible aux pleureuses de la gauche gouvernementale, laissant un strapontin au zigoto du FN parisien, qui refusa de servir d'idiot du village et s'éclipsa du plateau des pitres autorisés. Lorsque vinrent les déclarations hilares de la fille Le Pen et son très accrocheur mignon en Alsace-Lorraine, cela apportait tant de dérision et parfois de bon sens, que le discours fût châtré avant la fin de la prestation du petit Philippot (ex-chevènementiste). Sur FR3, un aéropage d'édiles bourgeois du 62 diabolique faisait très province endormie, seul un chauve du FN à mine patibulaire, placé pour le cirque juste à côté d'une fofolle de l'écologie gauchiste, donna crédibilité à la sinistrose que suscite ce parti de merde en se comportant de façon menaçante, avec sa patte velue, vis à vis de cette jeune fille pourtant très obligée envers la corruption des partis officiels.

J'ai évidemment préféré continuer à regarder « Le trou normand » de ce génial acteur qu'était Bourvil ; au moins lui était-il drôle et profond à la fois d'humanité et de respect des autres. J'évitai d'allumer télé et radio toute la journée du lendemain. J'en avais ma claque. Le lundi soir pourtant, mes oreilles se firent musicales lorsque j'entendis à l'émission « les informés » de la radio d'Etat des tentatives d'explication plus fines au « cancer de l'abstention ». Une voix disait : longtemps on a dit que l'abstention faisait monter le FN, ce n'est plus vrai, il n'y a plus de lien entre l'abstention et le FN, il est suivi par les mêmes électeurs. Un autre, ou le même ajoutait : pour que les gens votent, il faut leur donner envie. Un autre encore : y a que des vieux clous en politique, les mêmes depuis 50 ans, et ils ne savent même plus parler aux gens. Marine Le Pen, elle, elle parle aux mémères parce qu'elle s'affiche mémère. On a fait du consumérisme politique, et les politiques ne sont plus que des marques de lessive, comme la nièce en PACA Marion Maréchal-Le Pen, c'est un nouveau produit « jeune », c'est la plus jeune dans un parterre de vieillards (ces astucieux commentateurs oublient que longtemps Besancenot a été le seul jeune des plateaux télé).

Enfin un de ces anonymes de radio que mes oreilles ne pouvaient pas identifier, cracha la vérité : « les partis politiques ne sont devenus que des écuries présidentielles » ; j'y reviens par après pour décrypter le sensationnalisme qui obère les manœuvres sous-jacentes.

Le clou du spectacle, depuis la veille était surtout la répartition des rôles, pas vraiment un scénario inédit (cf. le vote de 2002 pour Chirac afin de barrer la route au « fascisme ») : une gauche maso au profit d'une droite maso. Un Sarko arrogant et « intransigeant » qui nous « explique », à l'unisson de ses divers lieutenants déconfis que la fusion serait la confusion, que « la seule force contre le FN, c'est nous » et cette extraordinaire explication de texte : « je ne veux pas d'arrangement dans le dos des électeurs » ! Sublime ! L'arrangement il n'a même pas besoin de le demander, le PS le lui offre sur un plateau !2 Pressés par la journalistes de répondre nommément pour le candidat de droite auquel ils appelaient à voter, toute la journée les sous-fifres de la gauche caviar avaient marmonné rageusement qu'ils voteraient pour éliminer Le Pen... Ouf en fin de soirée, robot Valls vint afficher carrément la couleur, savonnant la planche de la droite caviar comme jamais il n'avait osé même au moment des attentats, sans se rendre compte qu'il faisait dans le jeu de mot et qu'il entend des voix: « quand la république est en cause, on vote républicains... j'entends la peur des français3 ».
Il continue, il est désormais le centre du monde : « … c'est un moment historique, avec la COP21... il nous faut assumer l'avenir de l'humanité (du Rosa L dans le texte!). Deux conceptions de la France s'affrontent : celle de la république (la bonne, la pure) et celle d'une vision étrangère (sic) de l'extrême droite, du désastre économique » (les patrons comme les gauchistes font de l'urticaire à l'idée que le FN occupe des strapontins régionaux).

Ce n'est bien sûr que le début d'une intense semaine de racolage électoral face à la sidération bourgeoise, il y aura d'autres épisodes, d'autres déclarations méprisantes ou hautaines contre cette masse énorme d'abstentionnistes qui fait honte aux cliques oligarchiques auto-proclamées, et qui leur pisse au cul de vouloir « expliquer », « condescendre », « conscientiser » face à l'horreur qui risque de faire basculer « l'avenir de l'humanité » et surtout les postes des petits potes de parti, ces « élus » organisationnels dont le nombril éclaire nos quartiers multiculturalistes et ne se coupe pas avec les migrants du monde entier.

En vérité, les appareils se fichent que le FN s'empare de deux ou trois régions. A ce niveau, il ne s'empare de rien du tout. C'est au même niveau que la gestion des quelques municipalités qu'il a raflé. Cela ne change rien au sort des prolétaires, des chômeurs. Cela peut criminaliser un peu plus les migrants, calmer un peu des racailles, de souche arabe ou pas, française ou pas. L'agitation du grand danger de la venue au pouvoir du parti populiste d'extrême droite n'est encore une fois que du domaine de la politique d'ajustement entre grands truands des partis officiels.

La gonflette du FN, tout le monde ne s'en rend pas compte, est liée directement aux attentats criminels si récents. Il n'aurait pas autant engrangé d'électeurs sans cela ; personne n'est revenu sur les responsables et les causes des attentats, laissant le FN fructifier avec le fantasme de « l'immigration terroriste », comme généralité et les arabes comme particularité. Dans le département de la « honte », le Pas de Calais, près de 60% des ouvriers font pourtant partie des abstentionnistes4, et nombre de ceux, ouvriers aussi, qui font partie des 40% obtenus par Le Pen sont souvent plus des paumés, des cloches, que l'avant-garde de la classe ouvrière, mais très minoritaires ; les grandes cités comme Lille et Amiens ont méprisé les candidats FN. Le butin électoral dont se repaissent les diverses cliques bourgeoises ripoublicaines est au demeurant fort étriqué ; si vous enlevez le chiffre du FN il leur reste trois à quatre millions d'électeurs à se partager et le barnum de Sarkozy est aussi composite que les factions de gauche qui vont s'additionner – sociologie-stalinologie-bobologie – les Mariton-Morin-Juppé, autant de paniers de crabes pour l'examen présidentiel à venir. Et c'est cette minorité qui pose au donneur de leçon... antifasciste surannée !

En vérité, finalement, on est bien en plein dans les écuries présidentielles et pas dans une horrifiante « résistible » ascension du fascisme, hormis la blondeur aryenne des deux candidates.
Disons-le sans fard, Hollande s'est place dans les pas de Mitterrand. Tonton avait su très bien mettre en scène son pote Le Pen pour laisser la droite au fond de l'impasse.

D'abord le découpage des régions, cornaqué par l'Elysée, laissait prédire que la réunion du Pas-de-Calais et de la Picardie allait ouvrir une autoroute (électorale) au FN, et ridiculiser Sarko et sa bande. Mieux encore, et aussi prévisible, la victimologie du PS – tout parti au pouvoir dérouille électoralement deux ou trois ans après sa prise de fonction gouvernementale – consistant à cautionner son principal adversaire sans contrepartie... vous trouvez pas ça louche ?
Quitte à ce qu'une poignée de seconds couteaux trouvent un peu fort le café... Que le parti au pouvoir laisse plastronner le chef de l'opposition dans un apparent suprême dédain d'un front unique antifasciste d'opérette, vous ne trouvez pas cela drôle ?

C'est pourtant simple : c'était le meilleur moyen de piéger le compétiteur Sarkozy-Poulidor. En fonçant bêtement dans la négation arrogante de « toute compromission », croyant que les braves électeurs de gauche (antifascistes génétiques et veautants de première) donneraient blanc-seing à ses lieutenants Bertrand X. et Estrosi et Cie, la stratégie de Sarkozy apparaîtra comme ayant favorisé la conquête de quelques régions par le « dangereux FN », une victoire à la Pyrrhus ! Et la voie romaine sera ouverte à l'actuel pensionnaire de l'Elysée. Ou à Juppé.

Le FN n'est pas ne train de « s'implanter » comme le radotent les journalistes, s'implanter où et avec quel programme alternatif à l'incurie gestionnaire des différentes factions du capital ?

Ce qui me pose plus problème est que la classe ouvrière - inerte naturellement au niveau électoral (ce n'est pas une gloire de voter-cautionner les partis oligarchiques ce n'en est pas une non plus de rester éternellement engoncé dans l'abstentionnisme... d'autruche– ne trouve pas les moyens d'exister politiquement. Et si elle s'avise de croire qu'on se soucie réellement de sa participation dans la cadre de la tricherie électoraliste, sa partie venant de l'immigration vote pour les factions islamistes et l'autochtone pour les pires bourgeois « de souche » qui la méprisent.



1Ce qu'indique d'ailleurs le formulaire explicatif sur le site du gouvernement : «Ce nouveau découpage a pour objectif de constituer des régions plus fortes afin d’engager des coopérations interrégionales en Europe et de réaliser des gains d’efficience ».
http://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/projet-loi-relatif-delimitation-regions-aux-elections-regionales-departementales-modifiant-calendrier-electoral.html
2Nom de dieu ! On n'en finira donc jamais avec la domination capitaliste ! Les mêmes sornettes de sauvetage de la démocratie nous sont resservies comme en 2002, où Chirac, il est vrai, a empêché un nouvel Hitler de mettre le feu à l'Elysée, quoique Hitler Le Pen pissait dans sa culotte à cette idée (comme il l'a confié récemment lors d'une complaisante interview télévisuelle, j'en ai rendu compte sur ce blog).
3Preuve qu'il n'y a pas que Sarkozy à torturer la langue française, Marion Le Pen et pas mal dans son genre (mais elle est jeune) ; Valls nous sert des formules parfois assez dingues : « Nous entendons leur malaise » (Valls, à la police, avant les attentats ). Doit-on en conclure que les français poussent des cris de frayeurs et les policiers des râles ?
4Les interrogations des journalistes de radio aux piétons, en général ouvriers, révèlent plus de bon sens et une capacité à aborder les problèmes réels de la part de ces inconnus de la rue : « ce n'est pas Le Pen qui va résoudre les problèmes posés par les migrants », dit l'un. Et, en effet, ce domaine restera celui de l'Etat, dont le représentant Cazeneuve, fait en ce moment un boulot plus productif que ne l'a fait le démagogue Sarkozy, parvenant à décongestionner Calais, en dispatchant les migrants ailleurs en France en particulier en rouvrant des foyers Sonacotra. Cela dit, je persiste à dire, avec John Kerry, que la solution à la fuite migratoire passe avant tout par la fin de la guerre en Syrie.

PS: quelques saines réactions sur Le Monde, et ce n'est qu'un début de décrédibilisation générale de la gauche caviar et bobo, la droite sarkozozo n'en parlons pas, et le FN = une bande de rigolos plein de plumes.

Une électrice de gauche 07/12/2015 - 20h17
plus question de se faire avoir comme en 2002
 

le belge 07/12/2015 - 20h16
la démocratie a mauvaise figure depuis le 7 janvier. Dans le nord il y a des élus socialistes qui cumulent 4 ou 5 mandats en comptant les interco et les associations du genre éco musée de ceci ou cela. depuis hier soir c est fini pour eux et bien fait: direction lundi 14 a la région pour leur carton: dramatique pour l époque de Mauroy mais c est comme ça va éloigner les notables qui cumuleront de toutes façons leur retraite avec leurs feu mandats.
 

MAC 07/12/2015 - 19h47
Front républicain = UMPS = mariage de la carpe et du lapin = simulacre de démocratie = foutaises

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/video/2015/12/07/un-front-republicain-peut-il-encore-faire-barrage-au-fn_4826611_4640869.html#1FcvkyoCUV1LeC8V.99

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