PAGES PROLETARIENNES

vendredi 25 décembre 2015

Déchéance de la nationalité et déchéance de l'internationalisme

UNE BAGARRE CREUSE ENTRE BOURGEOIS

Nationaux, binationaux, plurinationaux... les anneaux inextricables de l'idéologie de guerre moderne

Fièrement patriote dans la guerre anti-terroriste ?

Faut-il retirer la nationalité française aux personnes qui partent faire le djihad à l'étranger ? Pour l'instant, la loi autorise cette mesure uniquement quand elle cible des auteurs d'actes terroristes binationaux qui ont obtenu la nationalité française depuis moins de dix ans. Mais le débat se durcit depuis les attentats de Paris... dans le verre d'eau politicien hexagonal où tout est confus et où personne n'y pige que pouic ! Pourtant la vie politique bourgeoise semble bien n'être plus que répétitions de mêmes événements dramatiques, de mêmes arguties, de mêmes crimes, d'une même répétition... répudiation générale ?

Au début de cette année, dans les colonnes du Figaro, un sénateur belge, Alain Destexhe1, expliquait comment le gouvernement de son pays envisageait d'appliquer la déchéance de nationalité aux terroristes condamnés, le 10 février soit peu de temps après le meurtre des dessinateurs de Charlie Hebdo. Etait décrite la même scène de scandale qui se déroule en ce moment en France à la veille de la fête païenne de Noël : une gauche bourgeoise s'époumonant contre une stigmatisation honteuse au regard du « droit international » qui interdit de créer des apatrides2. Les binationaux peuvent être appelés à servir dans les deux armées, tout comme à voter les crédits militaires dans leurs deux pays même si ceux-ci sont en guerre... La gauche bourgeoise contestataire n'a pas entièrement tort pour une fois, mais pas pour les raisons qu'elle avance, et sans avouer la séduction indirecte qu'elle manifeste envers les « électeurs musulmans ».

La question de la déchéance de la nationalité est une très vieille question qui n'est en rien dépendante des droits de l'homme ou d'une dignité civique bafouée comme le proclame la gauche vertueuse électoraliste et antiraciste3. Si vous examinez le traitement chronologique de ladite déchéance, pas seulement pour les binationaux4,sur votre wikipédia ou dans la liste de vos favoris des mystifications historiques, vous verrez qu'elle est toujours corrélée au moment de guerres, aux nécessités idéologiques de désignation d'un « ennemi intérieur », à peu près sur le même plan que la suppression des droits civils pour les condamnés de droit commun, et surtout aux nécessités de recrutement militaire massif5. C'est pas grand chose pour un aventurier ou un espion, et ça fait pas mal comme le peloton d'exécution.

Peu nous chaut la querelle en ses débuts, campagne idéologique qui devrait perdurer jusqu'en février prochain. On ne va pas vers une presse des années 1930 exigeant chaque jour la déchéance des juifs ! La campagne inaudible de l'extrême gauche pour la vigilance de l'antiracisme en 2015 confirme qu'elle n'a rien à voir avec la classe ouvrière, peut-être avec les assocs caritatives, mais surtout rend ses comptes aux petits bobos parisiens. L'indignation des Mélenchon et des retraités à la Cohn-Bendit nous fait sourire. Moins l'orchestration de « double faute » de Hollande6. Visiblement « habité » par le manoeuvriérisme à la Mitterrand, Hollande tient à faire savoir qu'il est au centre du jeu symbolique7; cela lui réussit très bien comme l'a confirmé le résultat des élections, sauf que, comme toujours, à force de diaboliser le FN, le plus grave passe : rien n'est véritablement organisé contre l'islamisme rampant, en particulier sur les lieux de travail, et les crétins nationalistes corses se voient déjà tirer leur épingle du jeu suite à l'oubli présidentiel. Néanmoins, malgré des ratés, un chef doit toujours déstabiliser par période, leçon de Machiavel.
Le maintien de la déchéance de nationalité – qui existe pourtant déjà dans la législation - qui ne pourra concerner qu'une dizaine d'imbéciles attrapés avec leur cagoule, jette le trouble dans toutes les factions politiques de droite à gauche. Sel de la manœuvre, la « laxiste » Taubira devrait démissionner, victime du « couac gouvernemental ». Peau de balle ! Mme Taubira a toute sa place au gouvernement de la gauche caviar, comme hier M. Chevènement chez Mitterrand. Ou hier encore les transfuges Kouchner et Buisson chez Sarkozy. Les gouvernements modernes se doivent d'être dotés de « sensibilités » diverses, comme d'un quota racial pour donner l'impression de représenter « tout le peuple » républicain et vacciné journellement contre le racisme et le fascisme. De même, Mme Duflot, en tant que représentante de la rive gauche et de l'écologie évolutionniste, a tout à fait le droit de s'indigner de la « trahison » du président sans frac et sans gibus : « Les criminels, on les pourchasse, on les juge, on les condamne"(...) "je préfére que quelqu'un qui a attaqué notre pays soit jugé en France, en prison en France et surveillé plutôt que renvoyé dans un autre pays et qu'on ne sache pas quand est-ce qu'il peut intervenir ou revenir". 
Vous l'aurez remarqué elle ne défend ni l'assassin mercenaire de l'impérialisme ennemi, ni un principe républicain violé jadis par l'extrême droite, mais une répression « contrôlée » au pays. Toute la tempête dans un dé à coudre de la gauche diversifiée et pluriculturelle ne porte donc que sur le degré de nationalité à préserver. Ces galipettes procédurales abstraites entre bourgeois au pouvoir des médias esquivent le fond du problème : la cause du terrorisme et ses imbrications avec con-vertis islamiques dans un panel de concurrents masqués au niveau international, à une époque où traîtres et espions ne sont plus fusillés mais servent à leur tour d'otages ou de monnaies d'échange entre Etats terroristes ! Les « belligérants » islamiques, ceux qui n'ont pas eu le temps de s'enfuir sans crever après avoir opéré au nouveau concept sociologique en vogue de « tuerie de masse », pourront toujours attendre en prison démocratique d'être un jour libérés, à la faveur de négociations inter-étatiques dont vous avez des chances de ne jamais entendre parler.
Sur le fond, la querelle est d'importance tout de même pour les bourgeois en guerre. Le sens de la bataille verbale (à l'arrière) est : la nationalité ça se mérite ! C'est d'ailleurs un prolongement du projet de débat échoué de Sarkozy et sa troupe sur l'identité nationale. Tous semblent s'être mis d'accord sur une exhumation du terme « patriotisme », quand de sévères professeurs politiques autorisés veulent nous « expliquer » qu'il n'a jamais copulé avec le terme nationalisme. Désormais un peu partout, non seulement en France, la classe ouvrière est constituée majoritairement d'immigrés. En aussi peu de temps cela constitue un changement par rapport à jadis, mais ce n'est pas le seul changement. L'immigration massive, est désormais vouée à ne pas reproduire la classe ouvrière classique mais à entrer, avec sa religion, dans le cadre de la « communauté nationale », c'est à dire à se considérer comme... autonome par sa religion, libre de décider si elle souhaite des mosquées ou faire porter des rideaux à ses femmes. La menace de déchéance de la nationalité, comme également je l'avais signalé pour la punition de la catégorie des hommes seuls qui vont au bordel, vise donc spécifiquement cette partie de la population prolétaire ; je suis complètement d'accord avec cet internaute anonyme qui écrit : « L'impact de cette mesure contribuerait à fragiliser encore des populations issues de l'immigration, puisqu’elles constitueraient évidemment sa principale cible. Près du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double nationalité ». Dans le même sens, j'insiste sur le fait que l'islamophobie ne concerne pas les français croyants ou non, mais les prolétaires d'origine maghrébine qui en ont peur, qui sont soumis journellement à la pression policière de leurs maîtres à penser leur vie quotidienne et aux petits bras à longue barbe qui essaiment et prétendent régenter les mœurs de leur quartier à défaut de trouver une place honorable dans la société de classes hiérarchisées. En gros, sous prétexte de lutte contre une poignée d'assassins terroristes sans foi ni loi, on met la pression sur une grande partie de la classe ouvrière à connotation musulmane, pour faire mine de satisfaire celle, de souche, qui se sent aussi lésée que celle qui est stigmatisée si machiavéliquement par les médias Gorgones. L'ouvrier musulman est ainsi pris en otage entre imams et policiers institutionnels de l'ordre bourgeois.
On notera d'ailleurs immédiatement ci-après l'intrusion saoudienne (ce modèle de tolérance et de libération de la femme) qui arrive à peu près aux mêmes conclusions que moi :
« Parlant de cette mesure comme du résultat « des attaques de la droite contre les idéaux français », le site saoudien Arab News dénonce un « cadeau idéologique au Front national », et craint que l’extension de la déchéance de nationalité « n’isole les musulmans » de France. Car, « première cible de la lutte contre le terrorisme », les musulmans risquent de vivre dans la crainte de perdre leur nationalité, poursuit l’éditorial du site saoudien. Et de conclure : « Un tel changement de la Constitution ne fera que renforcer le statut de citoyens de seconde zone dont beaucoup de musulmans français ont souffert. »


Comment combattre une idéologie « sans patrie ni frontières » ?
On pensait en avoir fini avec la patriotisme depuis le carnage de 14-18, ou du moins depuis la boucherie « inter-nationaliste » et « anti-fasciste » de 39-45, ou encore, pour les puceaux, depuis le juvénile anti-patriotisme de 1968. Mais non, il nous est resservi, toutes classes, toutes races et toutes religions confondues, le patriotisme, ressorti de la naphtaline, des vieux livres d'école sentant bon l'aisselle des hussards noirs de la République. Est-ce qu'on n'avait pas trop rêvé, pas trop exagéré, pas trop oublié nos aïeux morts pour la France, Dantzig ou Alger ? Dans les moments de doute, un marxiste chevronné, devenu fébrile, se jette alors aussitôt sur ses classiques, couverts de poussière, pour se rassurer avec les « chers maîtres ».
Il trouve alors les classiques plus nuancés qu'il ne le pensait, pas anti-patriotiques simplistes à la Proudhon, Lafargue ou Gustave Hervé. Le Manifeste communiste :
« En outre, on accuse les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit, en premier lieu, conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe nationalement dirigeante, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot ». Manifeste communiste de 1848 ».
Etrange, se dit-il, ce prolétariat « encore national... quoique nullement au sens bourgeois du mot ». Et cet héritier qui n'éclaircit pas mieux :
«La notion de nation, écrit Kautsky, est également difficile à délimiter. La difficulté n'est pas diminuée par le fait que deux structures sociales sont désignées par le même mot et la même structure par deux mots différents. En Europe occidentale, avec sa vieille culture capitaliste, la population de chaque Etat se sent solidement liée à lui. On y désigne comme nation la population d'un Etat. Dans ce sens, on parle par exemple d'une nation belge. Plus on se dirige vers l'Est de l'Europe, plus nombreuses deviennent les parties de la population d'un Etat qui ne veulent pas lui appartenir et qui constituent dans celui-ci des communautés nationales. On les nomme aussi bien «nations» que «nationalités». Il serait bien plus approprié d'appliquer à ces communautés cette dernière désignation» (La Conception matérialiste de l'Histoire).
Plus tard, un essayiste de génie, Rosdolsky éclaircit sa lanterne : « Pour revenir au passage cité au début de cet article, en caractérisant la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie comme une lutte «en premier lieu nationale» Marx et Engels ont manifestement en vue une lutte menée en premier lieu dans le cadre d´un Etat. Cela découle clairement de la motivation de cette phrase selon laquelle «le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie». Mais, de ce point de vue, la phrase «s'ériger en classe nationale dirigeante», «devenir lui-même la nation», acquiert également une signification tout à fait définie. En fait, elle ne dit rien d'autre que le prolétariat doit se dresser tout d'abord dans les frontières d'Etat existantes, s'ériger en classe dirigeante à l'intérieur des Etats existants. C'est pourquoi il sera «encore national», provisoirement, «quoique nullement au sens de la bourgeoisie» qui aperçoit son objectif dans les séparations politiques entre les peuples et dans l'exploitation des nations étrangères par sa propre nation. En opposition à cela, la classe ouvrière victorieuse agira dès le début en vue d'éliminer les séparations nationales et les oppositions entre les peuples et créera par sa domination les prémisses pour que disparaissent, «avec l'opposition des classes au sein de la nation», en même temps aussi «les attitudes hostiles des nations les unes envers les autres». De ce point de vue, et seulement de ce point de vue, peut-il être question en général de «l'abolition» ou de «l'annihilation» de la nationalité - dans la mesure où il faut comprendre par cela non l'élimination de la formation linguistique-ethnique existante (ce qui serait tout-à-fait insensé !) mais au contraire des séparations politiques entre les peuples. Dans une société où, selon les termes du Manifeste, «l'autorité publique perd son caractère politique», où l'Etat en tant que tel «dépérira», il ne peut en tout cas plus y avoir de place pour des Etats nationaux distincts ! »8.

Notre marxiste fébrile reste tout de même fébrile ! S'il faut attendre une prise du pouvoir nationale du prolétariat pour mettre fin à « l'exploitation des nations étrangères », aux « séparations nationales », à « l'opposition des classes à l'intérieur de la nation », aux « attitudes hostiles des nations les unes envers les autres », l'eau coulera sous les ponts jusqu'à la pollution complète et rapide de la planète. L'auteur fait allusion à une forme de « déchéance de la nationalité », mais seulement après le renversement de l'Etat bourgeois, ce qui semble évident à notre marxiste fébrile ; il reste dubitatif sur la non élimination de la « formation linguistique-ethnique existante » ; de quoi veut-il parler ? Et à notre époque, pourra-t-on renverser l'Etat bourgeois ailleurs que dans une seule nation, voire simultanément, en restant divisés par les nouvelles guerres de religion impérialiste ?
Sera-t-on obligé de conserver toutes ces religions bellicistes au nom d'une démocratie prolétarienne meilleure que la bourgeoise ?
Laissons pour l'instant de côté ces questions folles-désirantes de notre marxiste fébrile et revenons à notre prosaïque monde altermondialiste et antiraciste oecuménique pour ausculter ceux qui ont le mérite de tenter quelque chose, et pour qui, même si je les critique, j'ai un grand respect.
Je recense en général les prises de position des groupes maximalistes, même lorsqu'il y en a peu lors des événements graves. Il n'y a plus grand monde dans cet univers. J'ai reçu ou découvert avec retard, et je m'en excuse, la prise de position de Voix des travailleurs, feuille de boîte clone de celles de LO par un site Matière et Révolution, animé par Robert Paris, sur les massacres à Paris. Ce cercle, qui n'est pas un véritable groupe, pourrait être qualifié de groupe trotskien évolué. Sa prise de position s'intitule sous forme de tract à quatre pages : « Quel est ce monde ? Est-ce le nôtre ? Ou le nôtre est-il encore à construire ? ». L'auteur, et ses cosignataires, eussent pu faire bref, mais non. Le déroulé de l'argumentation ne se prononce pas immédiatement par rapport au carnage terroriste, mais s'étale, dans le plus pur style hollandesque, en nous livrant un catalogue de constats des turpitudes du capitalisme sur diverses couches de la population mondiale avec la méthode qui me sort par les yeux désormais : l'anaphore. Celle-ci permet l'accumulation d'un certain nombre de données visant à solliciter la compassion ou l'indignation du public. Cette méthode n'est plus bonne que pour les enterrements où en effet Hollande a excellé. Mais nous, comme les victimes, et les exploités du monde entier, ne voulons plus de paroles de réconfort face à cette « guerre mondiale qui commence » comme le note justement le tract. Voulant s'élever, par le catalogue et l'anaphore, au niveau des problèmes du monde entier, l'argumentation faiblit dès qu'elle aborde les 132 massacrés de novembre à Paris. Peut-on trouver une excuse aux mercenaires terroristes assassins en justifiant leur action d'abord comme une conséquence de l'intervention de l'impérialisme français en Libye puis en Syrie? (« on n'est pas étonné que cette guerre nous revienne en boomerang en pleine gueule ! »)et de critiquer l'incompétence des services anti-terroristes... Ces remarques ne sont pas entièrement fausses, mais inopérantes pour comprendre l'expansion du terrorisme, pas seulement à cause du capitalisme en guerre. Plus loin dans le tract il est noté que dans aucun des pays (de la Tunisie à la Syrie : « le terrorisme n'est apparu avant les destructions massives causées par les armées occidentales ». C'est bizarre de n'évoquer que les armées occidentales (et la Russie ? Et les diverses puissances régionales?). Et c'est faux. La pratique terroriste a été constante partout depuis le début du XX ème siècle, et pour faire court, peut-on oublier le « terrorisme des Etats faibles » à la fin des années 1970 avec le triomphe des ayatollahs iraniens en 1979. Avant de devenir une des stratégies des grandes puissances décadentes, ce « terrorisme des pauvres » a été développé par ces Etats, vassaux ou non des deux principales puissances du temps de la guerre froide9. Tous ces Etats avaient d'ailleurs été découpés artificiellement, et patriotiquement, de façon aberrante ; il suffit de voir la carte de l'Afrique. Ce qui ne signifie pas que les grandes puissances n'étaient pas derrière. Et la plupart de ces Etats furent régi au nom de la théorie stalinienne de la « libération nationale ». L'idéologie stalinienne, fruit du « socialisme dégénéré dans un seul pays » allait comme un gant à l'idéologie patriotico-nationale de Cuba à Ouagadoudou.
Or, dans tous ces pays, faussement libérés des grands frères impérialistes, a fini par apparaître une nouvelle idéologie, qui était (bien que l'on ne l'ai pas vue sous le béret de Guévara) déjà une religion patriotique à vocation cosmopolite, déjà clairement avancée par les aïeux de Tariq Ramadan. Même si l'islam a été sponsorisé d'une façon ou d'une autre par la principale grande puissance, il marche, il avance avec ce soi-disant « islam radical » justification du terrorisme. Boomerang des forfaits impérialistes de la bourgeoisie française, je veux bien, mais que les mercenaires assassins s'attaquent à des hommes armés de l'armée française, sinon leur cause est de la merde. Dans un raisonnement néo-tiers-mondiste sur les injustices en général, on oublie de que la particulier – le massacre de civils innocents – est le lot quotidien de la plupart des populations des pays directement mêlés aux guerres de rapine capitaliste. Et qu'il ne s'agit pas de critiquer seulement sa bourgeoisie, qui joue à se confondre et à compatir avec les victimes, mais d'expliquer pourquoi des victimes, armées de pied en cap, sont COMPLICES ET EXECUTANTS des basses œuvres. L'islamisme et son utilisation médiatique n'est pas un fascisme relooké, il est pire, il annonce la nouvelle guerre mondiale à terme. Certes le salafisme (ou la secte daech qui s'en inspire) est à l'islamisme ce que le nazisme est au fascisme. L'islamisme se répand beaucoup plus rapidement que ne s'était répandu le stalinisme ; ce dernier fonctionnait bien dans un cadre national, quand l'islamisme « sans patrie ni frontières » est en adaptation permanente (depuis Al Qaïda) au besoin mondial d'un capitalisme à la recherche effrénée de reconstitution d'un bloc antagoniste capable de justifier une nouvelle guerre vraiment mondialisée. L'islamisme avec sa charia et ses défroques du Moyen âge est bien plus mondialiste que le nazisme, qui vénérait le bastion allemand et n'avait pas la prétention globale, tout comme le fascisme italien portait haut la prétention à conserver le drapeau patriotique mais en restant dans la botte et avec quelques dépendances coloniales. Aujourd'hui le capitalisme débarrassé de l'intermède stalinien, a besoin d'un adversaire à sa mesure, même si c'est son miroir. Le capitalisme n'étant qu'une accumulation de patriotismes en compétition a besoin de la guerre comme d'une drogue, quitte à frôler le suicide.
Le tract se base sur des clichés ringards. Ce n'est pas « l'état de guerre », plus ou moins mis en scène -qui fait fuir massivement les populations qui peut «  mieux détourner de la crise économique, et pas vraiment les plus pauvres - sociale et politique »10, c'est l'invention de toute une série de concepts visant à donner des leçons de citoyenneté antiraciste aux millions d'abstentionnistes, avec ce fleuron idéologique : la dite islamophobie (inventée non pas T.Ramadan mais par le colonialisme français)11.
Les attentats des mercenaires terroristes ne sont pas encore la guerre. Ils aident à la préparer. Le tract contient des vérités : « c'est bien de la lutte des classes que l'impérialisme veut nous détourner en combattant un ennemi qu'il s'est lui-même fabriqué sur mesure : le terrorisme intégriste se revendiquant de l'islam ». Quoique la bourgeoisie n'ait pas trop d'inquiétudes à l'heure actuelle sur le niveau de la lutte des classes... Surtout pas des fariboles de « Voix des travailleurs » qui imagine que l'Egypte et la Tunisie ont connu rien de moins qu'un « début de soulèvement révolutionnaire » ; et franchement ce n'est pas la magie du bal terrorisme/anti-terrorisme qui a coulé la soi-disante « vague des révolutions du Maghreb », mais l'absence de perspectives politiques de classe dans une grand encadrement « islaméricain ».

La classe ouvrière n'est pas encore dangereuse en Europe au point qu'elle puisse être confondue avec les tueurs islamiques, mais on nous chante que : « l'état d'urgence a servi à Cazeneuve pour perquisitionner contre les travailleurs les plus combatifs d'Air France »12. C'est pas contre des travailleurs combatifs que la police à perquisitionné mais elle a participé à la même mise en scène que sous Sarkozy en 2006, avec l'épisode « les mosquées de Roissy » et la mésaventure du pauvre « bagagiste de Roissy » Abderrezak Besseghir ; la presse avait répercuté, avec pratiquement les mêmes chiffres que récemment et sans preuve tangible, que 72 travailleurs s'étaient vu retirer leur badge d'accès en raison de leurs liens avec « des mouvances fondamentalistes à visée potentiellement terroriste ». Même s'il peut toujours y avoir un ou deux con-vertis, le but est d'effrayer la population et indirectement de tout mettre sur le dos des islamistes de l'ombre. Il peut y avoir aussi des ratés dans les campagnes de manipulation de l'Etat bourgeois. L'affaire Merah est une des plus cruelles. Comme les conseillers de Sarkozy, les Raffy et Mucchielli, accusateurs publics irresponsables, jamais la presse n'a fait amende honorable d'avoir fait courir le bruit que le meurtre des jeunes militaires d'origine maghrébine et des enfants de l'école juive, était le fait du FN ; ces crimes étaient : «  la conséquence d'une campagne violente et haineuse à l'égard des minorités religieuses » ; malgré le nombre des victimes il n'y eût pas de gigantesques manifs comme lors des tueries à Paris.
Difficile pour la classe ouvrière, ou ceux qui veulent être ses hérauts, de combattre tant de confusion, de démêler le vrai du faux, de ce qui a réellement échappé à la surveillance policière et de ce qui est brodé autour.
Enfin, il ne faut pas tomber dans la propaganda régnante sur les motivations des apprentis tueurs des recettes de cuisine du coran, où l'abus de vidéos de daech montrant des enfants tués « rendent fous les islamistes et qui les amènent à vouloir punir les populations des pays occidentaux ». Je reproduis cet extrait inséré dans mon article : qui est daech ?
Le recrutement terroriste n'est ni une radicalisation (radicalisation de quoi ? Politique ? Certainement pas. Sociale ? Encore moins. Romantisme révolutionnaire religieux ? Des clous !) Très prosaïque le recrutement aux causes, nullement psychologiques, si bien décrites par un internaute anonyme :
Que cette nébuleuse terroriste n'ait aucun problème à recruter, pas grand mystère là dedans. Du fric, des voyages, de l'aventure, de l'adrénaline à profusion, une image de héros aux yeux des jeunes femmes converties, un sentiment d'appartenance, le paradis garanti où l'attendront des houris de service, à opposer le plus souvent à une vie monotone, sans but, sans flouze, sans prestige, d'un vide sidéral. Ajouté à cela, comme le montre cette analyse, un champ d'action paralysé par l'inertie, englué dans la procédure, où ne règnent qu'un minimum d'entraves, Ni les attentats ni le recrutement ne sont en voie de se tarir.
Pas sûr que le cri « révolution sociale » suffise à réveiller les morts ou à rassurer les vivants .
Sans doute faudra-t-il nous pencher plus sérieusement sur l'échec de l'utilisation du « joujou patriotique », du patriotisme comme collaboration de classe, sans oublier le cosmopolitisme islamiste comme collusion de classes. Avant de pouvoir pronostiquer une révolution sociale à l'horizon, et empêcher la déchéance de l'internationalisme prolétarien.

Déchéance des doubles nationalitaires Cohn-Bendit et  Valls. Laissons les bourgeois enterrer leurs projets moribonds avec leurs phrases creuses sur la préservation sacrée d'une nationalité à double ou simple vitesse. Autrefois cette élite puante débordait de chauvinisme simpliste, maintenant, c'est le contenu multinationaliste qui déborde de phrases du magasin des antiquités.

 


1Il est ex-président de Médecins Sans Frontières et auteur d'une « Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac ».
2Sauf pour les révolutionnaires marxistes d'une Planète sans visa et réfugiés politiques laissés aux mains de leurs geôliers nationaux d'origine ! Lire l'article instructif sur les litiges posés par la gestion des « binationaux » : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/10/31003-decheance-de-la-nationalite-la-belgique-va-plus-loin-que-la-france
3Hollande enfonce une porte ouverte : sur l'OBS un spécialiste répond : « Patrick Weil : L’article 23-7 du code civil prévoit depuis le 12 novembre 1938 la possibilité de déchoir de la nationalité un Français né français qui possède une autre nationalité.
Cette disposition fut adoptée par l’un des fameux décrets-lois d’Edouard Daladier, dans une période où l’on approchait de la guerre – Hitler était au pouvoir, l’Espagne était en guerre civile –, en contrepartie de l’acceptation très libérale de la double nationalité et en réaction à la loi de 1927 qui prévoyait par exemple la naturalisation après trois ans de séjour seulement. Cette disposition a été maintenue après la Libération dans l’ordonnance de 1945 signée du général de Gaulle, et elle est donc intégrée à notre législation depuis 75 ans. Elle a été appliquée à quelques centaines de personnes, des collaborateurs après la guerre mais aussi des communistes pendant la guerre froide ».
4Les remarques incidentes des internautes valent souvent plus que le contenu des articles bourgeois. Celui-ci s'interroge : « Même s'il est vrai que jusqu'à présent la plupart des terroristes était des binationaux que fait-on de ceux qui ont uniquement la nationalité française? ». Et celui-là se moque franchement : « Est ce que ça peut s’appliquer à un fils d’immigré Hongrois qui massacre la langue française ? ».

5La naturalisation des juifs d'Algérie n'était pas une mesure humanitaire, mais présentait l'avantage en conférant la qualité de citoyen français (à la veille de 1940, décret Crémieux) : l'obligation du service militaire.
6Le Monde, premier prosélyte de la propagande islaméricaine (le mot n'est pas de moi), définit les deux rails de la pensée unique va-t-en-guerre : la citoyenneté sans classe et le tigre électoral de papier : « Car la décision présidentielle constitue une double et lourde faute. D’une part, elle porte directement atteinte au principe d’égalité des citoyens, fondement de la République inscrit à l’article 2 de la Constitution. Elle revient, en effet, à instituer deux catégories de Français, ceux qui le seraient sans conteste et ceux qui ne le seraient pas complètement au motif que leurs parents ou grands-parents ne l’étaient pas. Comme la République, la citoyenneté est indivisible. D’autre part, en reprenant à son compte une mesure réclamée depuis longtemps par le Front national, le chef de l’Etat prend la responsabilité, majeure, d’en banaliser la détestable logique xénophobe » (op cit)
7Symbolique que confirme le même Monde qui note ainsi le gouvernement selon les humeurs de ses commanditaires : « cf le monde : L’efficacité de cette mesure dans la lutte contre le terrorisme ? Le premier ministre lui-même a reconnu que ce « n’est pas l’enjeu premier ». Qui peut, en effet, imaginer qu’une telle déchéance ait quelque pouvoir dissuasif que ce soit sur un terroriste décidé à passer à l’acte ? Manuel Valls a, en revanche, souligné « le caractère hautement symbolique » de cette disposition. Et l’on peut admettre que les symboles comptent dans un pays sourdement traumatisé par les attentats du 13 novembre et la menace majeure qu’ils continuent à faire peser. C’est la responsabilité du chef de l’Etat de tout faire pour éviter que le pays ne « disjoncte » devant l’agression dont il est la cible ». Tout symboliser donc pour empêcher le « pays » de « disjoncter » !
9Au début des années 1990, certes c'est à cause de son soutien à l'oligarchie militaire algérienne que la France devient la cible privilégiées des tueurs du GIA, causant une dizaine de morts jusqu'à l'attentat de Port-Royal en 1996 ; mais c'est le FIS qui, malgré l'échec en Algérie, a commencé à tisser l'islamisation des banlieues ; pour la première fois les assassins terroristes n'étaient plus des professionnels mais des individus recrutés localement dans les milieux associatifs et religieux. Plusieurs affaires ont cependant révélé que les services secrets français cornaquaient certains attentats : l'affaire Thévenot, l'histoire de la taupe Ali Touchent, l'affaire Folembray où une vingtaine de types pas du tout islamistes ont été déchus de la nationalité française et déportés en Afrique (lire p. 90 et suiv. De « Islamophobie la contre-enquête »).
10Avant 14, les antimilitaristes « antipatriotes » utilisaient ce genre d'argument : « les bourgeois n'avaient d'autre but que de faire diversion à la permanente guerre économique menée par les capitalistes et d'égarer les ouvriers ». L'argument n'a pas eu d'écho... ou s'est trop bien vérifié ! Les bourgeois n'avaient-ils pas substitué au dogme vieilli une religion de haine, de mort, tout autant que l'avait été l'autre : la « religion patriotique ». lire ici : http://mots.revues.org/2093?lang=en

11Lire l'indispensable et confondant « Islamophobie, la contre-enquête », de Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, (ed PLEINJOUR).
12Que la planète gauchiste restreinte vante les arracheurs de chemises patronales comme nec ultra de la combativité me laisse de marbre. Que par contre islamistes et syndicalistes officiels laissent introduire le folklore religieux en entreprise depuis trente ans me pose problème. Même si on dénonça la déclaration de Mauroy de 1983, comme ayant pour but de diviser - « grèves menées par des groupes religieux ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises » - il avait vu les prolégomènes d'un syndicalisme islamiste, qui a réussi là où le FN a échoué. Faut-il oublier que les grèves de 1979 en Iran ont permis... l'installation des « gardiens de la révolution » féroces tueurs.

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