PAGES PROLETARIENNES

jeudi 11 juin 2015

DERRIERE LE VOILE ET SOUS L'IMMIGRATION ACTUELLE, LA DISSOLUTION DU PROLETARIAT




Les deux catégories sociologiques les plus méprisées par la population - les flics et les enseignants - sont en ce moment catapultées au premier rang de l’actualité entre Roland Garros et le PSG. Les flics robocops pour leur action violente de nettoyage des campements sauvages en plein Paris et les enseignants pour leur capacité à reproduire les inégalités sociales tout en ne pouvant nous débarrasser du voile islamique en expansion chez les femmes au foyer et dans la jeunesse improlétarisable de banlieue. Tout est mélangé en réalité. L’immigration incontrôlable est au menu quotidiennement, de plus en plus de populations fuyant les guerres, non simplement la misère; la migration échevelée se confond de plus avec l’expansion de la tenue voilée et voilante; la plupart de celles qui descendent des bateaux de fortune et qui ont survécu aux eaux profondes et létales de la traversée méditerranéenne, sont voilées. La complexité des multiples formes d’émigration/immigration se simplifie avec ces arrivées voilées. On ne vient pas seul/seule ou avec sa simple force de travail. On débarque avec sa religion à la boutonnière. Car l’immigration n’est plus une immigration d’hommes mais de plus en plus de femmes, qui savent que la bourgeoisie des beaux quartiers a besoin de leurs petites mains pour libérer les dames bien mises des ingrates tâches ménagères et du méprisable élevage des progénitures du divorce ou de l’égoïsme partagé. Et qui ont besoin de consommer en croyant à autre chose qu’aux stupidités électoralistes occidentales ou aux promesses des politiciens laïcs.




LE VOILE DIRIMANT et la religion aberrante au travail

La grande bourgeoisie n’est pas très regardante sur l’habillement de ces pauvresses, qui n’iront pas se vêtir chez Cacharel ou Chanel. Leur défroque musulmane ferait presque penser aux épaisses robes des lavandières du temps de Zola. Aux sorties des écoles des beaux quartiers, les bonnes voilées ne détonnent pas plus que les cortèges de bonnes soeurs qui longeaint les terrains vagues de Versailles où étaient entassés les communards. Triste époque réactionnaire où les classes sociales ne doivent plus exister. Dans les quartiers populaires, à la moindre brocante ou les jours de marchés, les voilées sont de plus en plus nombreuses et fières. Elles caquètent, rouspètent, avancent avec l’arrogance des chevaliers de robe d’antan, sous l’oeil vigilant de grands barbus en pyjama.


Dans l’édition, on trouve beaucoup plus d’anti-Zemmour primaires que de zemmouriens secondaires. Une Nahida Nakad déplore la non acceptation de l’expansion du voile, phénomène phobique dit islamophobique où l’islam est supposé «fragiliser les valeurs laïques et démocratiques du pays», vu à tort comme «un certain intégrisme islamique potentiellement expansionniste» (ed Don Quichotte, p.145 et suivantes); quoiqu’elle ait matière à se réjouir:


«...Aujourd’hui, dans certaines banlieues ou certains quartiers, les forces de l’ordre évitent globalement de contrôler les femmes en niqab, confortées par leurs supérieurs hiérarchiques (...) De plus en plus de femmes se voilent dans les quartiers à forte présence musulmane et ne comprennent pas pourquoi leur tenue vestimentaire devrait leur être dictée».(...) En 2012, 86 % des musulmans ont voté pour le candidat socialiste, selon l’Ifop. Cela représente «1,5 point du corps électoral... soit l’avance qui a permis à François Hollande de l’emporter».
Le journal Le Monde, organe de la haute bourgeoisie bien-pensante ne cesse de livrer des articles sur les subtilités des divers voiles «Niqab, hijab, burqa : des voiles et beaucoup de confusions» et de crier haro sur les islamophobes, du tout acabit et de tout établi, fort probables racistes impénitents. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/06/11/niqab-hijab-burqa-des-voiles-et-beaucoup-de-confusions_4651970_4355770.html#csuEEucaUbtIFyuz.99.

Tout cela c'est dans la rue, qu'on le déplore ou qu'on s'en accommode. Pour le "monde du travail", le combat reste à mener, la vigilance s'impose surtout face aux syndicats FO et CGT prêts à tout pour gagner des adhérents (cf. à Aulnay et les magouilles du CE d'EDF pour privilégier la viande halal, cf. Nahida Nakad p.130). C'est la direction d'EDF qui a été le plus loin dans les concessions à l'islam (cf. son livret débile). En Seine Saint Denis: "certains employés en ont profité pour formuler des demandes collectives (sic), et plutôt radicales (resic), telles le refus de travailler sous les ordres d'une femme ou de transporter des produits alcoolisés (...) d'autres cas difficiles à gérer comme celui de femmes qui se présentent à l'entretien d'embauche sans voile, achèvent leur période d'essai ainsi, et une fois le contrat à durée indéterminée acquis, se couvrent les cheveux". Bonjour les rapports de confiance et de solidarité au travail! L'islamisation au travail est en marche pourtant sous la pression des divers consultants par exemple de "dieu et l'entreprise" qui chante la diversité des cultures pour une "terre désormais partagée"et suggèrent une salle de prière pour tous: "ouverture de lieux de recueillement ou de détente où les collaborateurs (sic) de toutes les religions peuvent se recueillir et les non-pratiquants se reposer". Géniale substitution aux laïques et houleuses AG en plein siècle réactionnaire clérical!



LES SUCCESSEURS DE L’ABBE PIERRE et le migrant sans papier super-star

Le NPA, qui perdit tant de plumes à tenter de lancer en piste une candidate voilée (relativement) reste très tolérant pour les femmes voilées autant que pour les anciens électeurs du stalinisme, est régulièrement sponsorisé par une chaîne indépendante d’Etat, pas forcément prolétarienne, mais très visionnée en banlieue, où son «grand journal» tient lieu de 20 heures ludique, antiraciste et pipole, au point que le site du NPA a fait sienne cette lucarne bourgeoise, animée par un De Caunes qui ne déconne plus ni ne se rase, pour faire peuple.

Les extraits d’interviews de sa vedette postière Besancenot sont calés sur le site sous la rubrique «NPA television». Qui se ressemble s’assemble. Peu après la brutale répression des CRS contre les occupants sans papier sous le métro la Chapelle (qui ont d’ailleurs tenté de se réfugier dans une vraie église, dite Saint Bernard), Besancenot était invité sur le plateau de C+ en compagnie d’un expulsé d’origine syrienne, où il tint le discours subversif suivant:"nous n’avons rien à attendre de la gauche au pouvoir», au nom de qui parlait-il? Aux mannes de l’abbé Pierre? Comme délégué du plateau de pitres de C+? Au nom de la fraction humanitaire du NPA?. Le site du NPA relayait le soutien des camarades de Canal +, ni plus ni moins dans un «Front uni contre la répression»:
«L’ensemble des organisations de gauche et des associations de l’arrondissement se sont réunies pour organiser mardi 9 juin un rassemblement parisien de solidarité avec les migrants. Nous défendons les revendications essentielles des migrants : arrêt du harcèlement policier, libération des personnes arrêtées, mise à disposition d’un local collectif d’habitation et d’organisation permettant aux migrants de se reposer et d’entreprendre les démarches nécessaires au règlement de leur situation. Ces revendications doivent être satisfaites au plus vite et ne sauraient attendre le résultat des hypothétiques vœux déposés en mairie par les élus du Front de gauche ou de EÉLV. Elles ne sauraient non plus entrer dans les divisions que voudrait instaurer le pouvoir, en créant des différences de traitement entre demandeurs de droit d’asile, déboutés du droit d’asile, ou migrants en transit. Comme l’affirment depuis des années les sans-papiers : « le cas par cas, on n’en veut pas, régularisation de tous les sans-papiers ! ». Sur le même site, on peut lire une critique amicale des camarades cinéastes qui ont réalisé «Samba», ode au sans papier super-star:

«Utiliser les moyens du cinéma à large diffusion pour aborder les problèmes des sans-papiers n’est pas forcément une mauvaise idée. Dans Samba, appuyé par le savoir-faire de deux acteurs de qualité, Omar Sy, interprète du personnage central venu du Sénégal, et Tahar Rahim en prétendu Brésilien, on trouvera un certain nombre de notations justes sur les sans-papiers. D’abord l’obsession de trouver un travail (n’importe lequel, on est toujours prêt), l’accumulation des documents (pour pouvoir prouver qu’on est en France depuis plusieurs années), la peur de la police (dans la rue, les transports en commun, lors des descentes sur les chantiers, etc.). Pour ce qui est du travail, agences d’intérim et patrons sont souvent peu regardants : il suffit de leur montrer un papier d’identité qui ait l’air à peu près authentique (comme ça, l’employeur est couvert en cas de contrôle). Au gré des aléas de la vie, noms et prénoms varient : le personnage de Samba a trois ou quatre identités au long du film ; Wilson n’est pas Wilson, ni même Brésilien...Il y aussi les sigles barbares que policiers, juges et organisations humanitaires utilisent sans les expliciter et dont il faut apprendre la signification... et les dangers comme OQTF. Enfin, il y aussi dans ce film des moments de fraternité.Mais le manque de crédibilité de l’intrigue et du personnage interprété par Charlotte Gainsbourg gâche cette bonne idée de départ. Dommage !" (Henri Wilno).

 

Tous ces éléments ici listés de l’édition à la télévision démontrent à profusion que journalistes, Besancenot et tutti quanti, viennent répercuter la campagne de «Cette classe dominante (qui) accompagne ses infâmes pratiques d'une crapuleuse propagande anti-immigrés, dans le seul but de diviser la classe ouvrière» (déclaration de la secte ultra-gauche CCI).


 


DES AFFABULATIONS GROSSIERES SUR UNE SOIT DISANT POSITION INVARIABLE DU MOUVEMENT OUVRIER SUR L’IMMIGRATION

Là où le NPA s’agite devant quelques caméras de télévision pour bien faire voir sa position humanitaire concernant les réfugiés de toute sorte - ce dont il a parfaitement le droit, tout comme toutes sortes d’organismes charitables qui ont pignon sur rue et aides de l’Etat - le chétif CCI dit la messe derrière les claviers des militants rabougris. Il reproduit ad patres et ad etrenam ses vieux articles poussiéreux férus d’idéologie simpliste et ouvriériste. Ainsi cet article que j’ai déjà critiqué et décortiqué dans mon livre sur le sujet - L’immigration et le mouvement ouvrier (reprint de 2010 de sa Rint, rédigé par l’ami américain de Willy Brandt, et qui avait rédigé un livre commun, social-démocrate, pour se féliciter de la chute du mur de Berlin; on peut être militant du CCI et journaliste libéral!). L’analyse reconduite, resucée dans toutes les langues abordables par la secte reproduit une même analyse idéaliste et totalement anti-marxiste. Résumons leur vision de la «position historique du mouvement ouvrier sur l’immigration»:

- d’abord la leçon de morale: historiquement, le mouvement ouvrier a été guidé par le principe : “les ouvriers n’ont pas de patrie”, un principe qui a influencé à la fois la vie interne du mouvement ouvrier révolutionnaire et l’intervention de ce mouvement dans la lutte de classe. Tout compromis envers ce principe représente une capitulation envers l’idéologie bourgeoise».

On apprend qu’il a toujours existé des sentiments fraternels que les ouvriers avaient pour les ouvriers des autres pays... Puis que la Première Internationale avait pour habitude «d’intervenir dans les grèves avec deux objectifs centraux : empêcher la bourgeoisie de faire venir des briseurs de grève de l’étranger et apporter un soutien direct aux grévistes comme elle le fit envers les fabricants de tamis, les tailleurs et les vanniers à Londres et envers les fondeurs de bronze à Paris». (Marx n’aimait pas cette corporation...)

Tiens déjà, à l’insu du rédacteur social-démocrate Grevin, la Première Internationale s’opposait à sa manière à la venue malvenue de travailleurs étrangers... et on ne nous précise pas la teneur du «soutien direct» de cette Internationale (morale ou pécunière?). Il est précisé par après que la Première Internationale n’envoyait pas des boat people mais des «représentants en Belgique et au Danemark", qui n’étaient pas forcément des travailleurs.

L'exception suivante, pourtant en continuité avec les exceptions précédentes, démontre-t-elle que la Première Internationale était raciste dans sa scetion américaine ou soucieuse de l’intérêt des ouvriers nationaux?: «L’exception la plus marquante à cette position internationaliste eut lieu aux Etats-Unis en 1870-71 où la section américaine de l’Internationale s’opposa à l’immigration d’ouvriers chinois aux Etats-Unis parce que les capitalistes les utilisaient pour faire baisser les salaires des ouvriers blancs».

Jerry Grevin, notre social-démocrate du CCI, oublie le rôle constitutif du prolétariat par la nation (selon une analyse vieillote d’un certain Manifeste communiste) pour conchier une section américaine... raciste, l’argument de la défense du travail des autochtones ayant, selon lui: «servi à donner une explication rationnelle à l’exclusion raciste». Bel exemple d’analyse intemporelle digne du gauchisme éternellement antiraciste et antifasciste! A la suite du petit bourgeois Lénine qui voyait partout dans les pays industriels de l’époque des »aristocrates ouvriers», confondant planqués syndicalistes et ouvriers des métiers spécialisés.

Même lorsque Grevin semble s’élever au-dessus de la charité politique gauchiste, son argumentation reste idéaliste, et, concédons-lui qu’il pouvait être encore loin d’une réalité plus aliénée encore, il écrivait à une époque où l’islam n’était pas venu compliquer la question en supplantant le stalinisme:

«... on blâme, avec des arguments moralistes, les ouvriers qui se méfient des immigrés, et pas le capitalisme pour son racisme anti-immigrés ; et on poursuit même en glorifiant les ouvriers immigrés comme des héros plus purs que les ouvriers de souche. Les “anti-racistes” soutiennent les immigrés contre les non-immigrés au lieu de mettre en avant l’unité de la classe ouvrière. L’idéologie multiculturelle qu’ils propagent dévoie la conscience de classe des ouvriers sur le terrain de la “politique d’identité” pour laquelle c’est “l’identité” nationale, linguistique, ethnique qui est déterminante, et pas l’appartenance à la même classe. Cette idéologie empoisonnée dit que les ouvriers mexicains ont plus en commun avec les éléments mexicains bourgeois qu’avec les autres ouvriers».

Suivait enfin cette guimauve simpliste non dialectique, ahistorique et impuissante


«... les ouvriers n’ont pas de patrie ; la défense de la culture nationale, de la langue ou de l’identité n’est pas une tâche ni une préoccupation du prolétariat ; nous devons rejeter les tentatives de tous ceux qui cherchent à utiliser les conceptions bourgeoises pour exacerber les différences au sein de la classe ouvrière, pour saper son unité. (...) Nous considérons la diversité ethnique, culturelle, linguistique de notre classe avant tout comme une force et nous soutenons la solidarité internationale prolétarienne face aux tentatives de nous diviser entre nous. Nous devons transformer le principe “les ouvriers n’ont pas de patrie” en une réalité vivante qui contient la possibilité de créer une communauté humaine authentique dans une société communiste. Toute autre perspective constitue un abandon du principe révolutionnaire». (Jerry Grevin)
 

Incapable de critiquer ses à peu près idéalistes sans cesse réédités, la secte en remet une couche dans le révisionnisme depuis une dizaine d’années en claironnant cette thèse idiote que la classe ouvrière «est une classe d’immigrés»; alors cela peut devenir «immigrés de tous les pays unissez-vous», tout autant que cette autre outre vide «pauvres de tous les pays unissez-vous»!

 

Sans du tout se placer à partir des moments historiques successifs, on va nous balader des «déshérités» aux «paysans» avec les banalités sociologiques les plus éculées: « La bourgeoisie n'a pas de solution de rechange à offrir à ces déshérités pas plus qu'à l'ensemble de la classe ouvrière. Et pour cause. Le poids du développement du chômage massif au sein de la classe ouvrière et l'incapacité à intégrer à la production de nouvelles générations d'ouvriers comme des masses croissantes d'indigents agglutinés dans des mégapoles sont des signes indubitables de la faillite irrémédiable du capitalisme. En développant régulièrement des campagnes contre l'immigration, la bourgeoisie tente non seulement de faire passer de nouvelles attaques dirigées en fait contre l'ensemble du prolétariat mais elle s'efforce de masquer que l'immigration est à la base même des conditions d'exploitation de la classe ouvrière. C'est ce cadre que nous rappelons dans les larges extraits de l'article qui suit, déjà paru dans RI n°206.





ROSA LUXEMBURG QUI RAPPORTE QUE DES OUVRIERS EXIGEAINT UN MAXIMUM DE 10% D'EMBAUCHE D'OUVRIERS ETRANGERS

«L’immigration à la base même des conditions d’expoloitation de la classe ouvrière»!? Il fallait l’inventer, c’est fait! Jamais nulle part on ne lira cela sous la plume de Marx. Rosa Luxemburg ne traite pas elle directement de l’immigration, elle considère que la destructuration de l’ «économie naturelle» n’est pas une conséquence mais un fondement de l’accumulation du capital. La destructuration des zones pré-capitalistes sert à étendre les marchés à à libérer la main d’oeuvre des structures sociales archaïques antérieures, mais par exemple en Angleterre, avant de faire venir les irlandais, la bourgeoisie exproprie les paysans, puise dans la paysannerie sa main d’oeuvre corvéable. Pour les marxistes de l’époque, et même ceux des sixties, ce phénomène contraignant était sensé servir au développement et à la maturation de la classe ouvrière du tiers-monde comme la nation en Europe avait été le corset de la révolution industrielle. Le cadre national est bien révolutionnaire pour toute une époque et ce jusqu’à l’aube du XXème siècle, et ce n’est pas sans poser de problèmes disons déontologiques au mouvement ouvrier. Rosa évoque parmi les revendications des ouvriers d’une fabrique une limitation à 10% de l’embauche d’ouvriers étrangers sans cracher sur cette revendication ni traiter ces ouvriers de racistes (cf. le tome de l’OC de Rosa Luxemburg consacré à ses écrits sur la France, pour la première fois traduits en français, sous l’égide des éditions Smolny).

Depuis 1945, en France en particulier, aucun gauchiste, aucun syndicaliste n’a jamais remis en cause le fait que dans le secteur nationalisé, l’emploi était réservé exclusivement aux ouvriers français de souche; ce qui selon moi était une hérésie chauvine, un décalé réactionnaire, complètement étranger au souci naturel et temporaire des prolétaires de la fin du XIXe siècle dans des nations jeunes ou en constitution; quoique la priorité à l’emploi pour les résidents auprès de la fabrique ou de l’entreprise ait été logique, de même que le sont les préférences régionales dans les dits bassins d’emploi.

La secte CCI vient aligner sur le même plan immigration intérieure et extérieure, et pour les besoins de cette analyse stupide - afin d’exclure l’analyse du caractère provisoirement révolutiionnaire de la nation - résume la chose lamentablement: «...les paysans et petits artisans, en devenant prolétaires, vont, dès cette époque, constituer les premiers travailleurs immigrés. Cet exode rural massif imposé par le développement sauvage du capital, s'est encore accompagné, de masses d'affamés venues des régions agricoles, en particulier d'Irlande. (...) Le prolétariat est, par essence, une classe d'immigrés, de transfuges issus de la destruction sanglante des rapports de production féodaux».

Non le prolétariat fût d’abord une classe nationale, quoique pas tout à fait comme l’objectait le Manifeste de 1848 qui ne théorisait pas la composition du prolétariat (en immigrés et nationaux) mais comme une dynamique universaliste vers l’abolition des frontières et non par une quelconque alchimie de transhumance massive de populations «déshéritées", «affamées" ou «persécutées"; quoique anarchistes et socialistes du dix-neuvième étaient loin d’imaginer quel degré de barbarie la capitalisme serait capable d’atteindre au cours des siècles suivants.

Les importantes migrations de travailleurs européens entre 1848 et 1914, correspondent encore aux besoins de développement du capital dans la plus grande colonie du monde mais au lieu d’être une confirmation de la théorie simiesque de la "classe immigrée" signifient l’étiolement de la dynamique capitaliste et butent sur la Première guerre mondiale, et nullement sur un renforcement de la classe ouvrière internationaliste, malgré la courte vague révolutionnaire en Russie.

Pour justifier la théorie simiesque de Tintin CCI, on brode n’importe comment, non sur l’agonie de l’idée nationale, mais sur cette histoire très inventée et très gauchiste de «ralentissement des flux migratoires», sans évoquer de plus la crise économique. La pensée cciesque avance par bonds comme un sauterelle; la confirmation du progrès capitaliste au XXe siècle aurait été le phénomène de «migrations massives», non pas l’industrialisation plus poussée, les découvertes de la médecine, etc. mais les voyages forcés des prolétaires à la recherche de cet Eden sado-maso le travail là où ils espéraient en trouver, qu’on nomme pour l’occasion et la pertinence de la fabulation théorique «ralentissement croissant du développement des forces productives» (Marx se retourne dans sa tombe en criant «merde à ces cons»!):

«Tout au long du 20e siècle, le ralentissement des flux migratoires va devenir un signe de plus en plus évident de l'enfoncement du capitalisme dans sa période de décadence marquée par l'éclatement de la Première Guerre mondiale. Avec la première boucherie impérialiste de 1914-18, les migrations massives de prolétaires qui avaient accompagné et permis l'ascension du capitalisme commencent à décliner».

C’est faux et d’une naïveté à pleurer, plus complexe et plus tordu. Par exemple, aux Etats Unis, dans les années 1930, la diminution du nombre d’irlandais employés à la municipalité de New York, permet l’arrivée des juifs et des italiens: «ces derniers font valoir leurs compétences professionnelles et utilisent également les relations de proximité qu’ils entretiennent avec le pouvoir politique pour occuper des postes publics. Une fois en place ces deux groupes monopolisent les places, par exemple dans la police, chez les pompiers et dans l’enseignement. Ils font alors barrage aux autres groupes ethniques, notamment les noirs et les portoricains, jusque dans les années 1970, en favorisant le recrutement dans le réseau ethnique ou dans la parenté".

Il serait fastidieux de relever toutes les insanités contenues dans cet article, mais au cours de la seconde boucherie mondiale, le capital a bien recours à une immigration "forcée" encore une fois, celle des millions de prisonniers de guerre (pendant et même après)! Après la guerre idem, l’Allemagne de l’Est est aux commandes pour piloter les déplacements de millions de travailleurs du bloc de l’Est sans oublier ceux des goulags! Partout encore au contraire la bourgeoisie a recours massivement à une main d’oeuvre immigrée à l’Est comme à l’Ouest

Dans la période d’après-guerre mondiale II, le fait que la bourgeoisie européenne puise la main d’oeuvre immigrée au sud de l’Europe et dans les ex-colonies, n’est pas significatif d’un renforcement du prolétariat international mais vient conforter la mise en place et la bénédiction de la fameuse société de consommation où tous les chats sont gris et l’oubli roi.

Et la conclusion va vous navrer, elle est la même que ce pauvre Grevin, un coup de clairon humaniste, bourrée d’intention pieuse et aussi subversive qu’un pétard de carnaval à la fête de LO ou à un bal du NPA:

«... il n' y a qu'une seule perspective pour la classe ouvrière : rejeter fermement la logique de la concurrence et du "chacun pour soi" de ses propres exploiteurs. Quelles que soient son origine, sa langue, sa couleur de peau, le prolétariat n'a aucun intérêt commun avec le capital national. Ses intérêts, il ne pourra réellement les défendre qu'en développant partout sa solidarité de classe internationale, en refusant de se laisser diviser entre ouvriers immigrés et ouvriers "autochtones". (...) Seule l'affirmation de ses intérêts communs, dans la lutte, permettra au prolétariat de rassembler toutes ses forces, de s'affirmer comme classe mondiale solidaire et unie, pour abattre le Moloch capitaliste». (D'après RI n°206, en ligne).


L’IMMIGRATION N’EST PAS REVOLUTIONNAIRE

Derrière la théorie «le prolétariat est une classe d’immigrés», il y a la vision plate de petits intellectuels sans imagination, pour forcer à tout prix la certitude écornée de la «classe ouvrièree classe révolutionnaire» parce que internationaliste. Or si le plouc national du 19ème siècle avait besoin qu’on lui explique que les ouvriers des autres pays subissaient la même exploitation, les mêmes humiliations - et il ne le comprit pas tout à fait puisqu’on réussit à l’envoyer s’entretuer avec ses «frères de classe» - le brassage des populations depuis le XXème siècle et la mondialisation des informations (bien que cloisonnées et très contrôlées) aboutit à ce que toutes les classes sont non pas internationalistes mais mondialistes, et capables de se reconnaître entre elles hors frontières ou à distance. Toutes les classes voyagent, ce n’est pas ni plus une spécificité du prolétariat.

 MULTIPLES IMMIGRATIONS

Un excellent petit livre aux éditions La Découverte en 2003, décrit les multiples aspects de la complexité migratoire qui ne permet aucunement de simplifier à outrance en inventant une classe «immigrée» unique et réservoir idéologique pour humanitaire gauchiste ou ultra-gauche. On y parle des travailleurs saisonniers, des Gastarbeiter (travailleur-hôte dont la bourgeoisie allemande est friante), de l’ethnic business, etc.

«... L’accroissement sans précédent du nombre de commerçants et de petits indépendants parmi les immigrants récents conduit des chercheurs à s’interroger sur les conditions d’émergence de leurs activités entrepreneuriales. Des secteurs tels que la confection, la restauration, le commerce de détail et les taxis sont particulièrement investis par les nouveaux arrivants. Depuis 1980 (aux Etats Unis) ces derniers sont proportionnellement plus nombreux que les natifs à travailler à leur compte» (p.44)

Le capitalisme décadent, loin d’agoniser, trouve encore son jus dans l’ostracisme, le racisme et donc le commerce ethnique:

«La mobilité sociale ascendante étant bloquée en raison de la discriminbation ethnique et raciale, l’entreprenueriat ethnique constitue un alternative à une position précaire sur le marché du travail secondaire. L’entrepreneur ethnique transforme un désavantage, son imputation ethnique, en une ressource qui devient le fondement d’une solidarité communautaire».



«La discrimination subie forge une «solidarité contrainte» qui renforce la conscience d’appartenir à une communauté ethnique et alimente la préférence à participer à des réseaux sociaux de même origine nationale (...) La «confiance obligée» est à la base des tontines, mécanisme traditionnel de mobilisation de ressources financières, fréquent chez les asiatiques, ou des emprunts sans garantie chez les cubains ou les dominicains. L’enclave ethnique constituerait pour certains une manière de réussir économiquement aux Etats Unis tout en refusant leur américanisation».

Enfin, malgré le bruit des curés gauchistes et les lamentations de la gauche caviar compatissante, une autre réalité se révèle derrière les diverses migrations, et qui était déjà visible du côté américain au début des années 2000, l’importance de la migration petite bourgeoise: «... l’idéal-type du migrant rural et peu qualifié cède le pas à d’autres figures d’immigrés, qui, sans être totalement nouvelles, n’étaient pas dominantes, comme les commerçants. Des études relatives aux sans-papiers montrent que les nouveaux migrants songt aussi issus des classes moyennes de leur pays d’origine. Contrairement au passé, ils viennent des villes et possèdent des diplômes. ceux-là entendent accélérer leur mobilité sociale grâce aux gains financiers escomptés par la migration».

Mais ce qu’il faut ajouter en fin de compte c’est que la migration, pour ce qui concerne sa partie arriviste et cynique, c’est qu’elle n’est pas simplement individualiste, elle est porteuse d’un projet religieux conforme à la pérennité du capitalisme, sous des déguisements folkloriques et avance la prétention de confirmer l’adage antique: le commerce mène le monde.

Quant à la défense des migrants en général de plus en plus nombreux pour la période à venir, les protestations de la «gauche radicale» ne sont que roupie de Sansonnet. Il ne s’agit pas d’un combat politique mais d’un tour de magie humanitaire parfaitement hypocrite et creux. La véritable aide pour les victimes non consentantes, pas la petite bourgeoisie arriviste, résiderait:

- dans la dénonciation réelle et concrète de la guerre, des guerres entretenues par les grandes puissances,

- une réflexion sur l’alternative d’une société où les hommes et les femmes ne seront plus obligés de fuir la terre où ils sont nés pour continuer à y vivre libre, heureux et sans terreur.

Cela aucun parti politique n’est capable de la proposer. Tous ils ne sont que des pleureuses méprisables.



 

"Je prévois combien de mes lecteurs seront surpris de me voir suivre tout le premier âge de mon élève sans lui parler dse religion. A quinze ans, il ne savait s'il avait une âme, et peut-être à dix-huit ans n'est-il pas encore temps qu'il l'apprenne; car s'il l'apprend plus tôt qu'il ne faut, il court le risque de ne le savoir jamais...
Il faut croire en Dieu pour être sauvé. Ce dogme mal entendu est le principe de la sanguinaire intolérance, et la source de toutes ces vaines instructions qui portent le coup mortel à la raison humaine en l'accoutumant à se payer de mots. sans doute il n'y a pas un moment à perdre pour mériter le salut éternel; mais si, pour l'obtenir, il suffit de répéter certaines paroles, je ne vois pas ce qui nous empêche de peupler le ciel de sansonnets et de pies, tout autant que d'enfants. L'obligation de croire en suppose la possibilité. le philosophe qui ne croit pas a tort, parce qu'il use mal de la raison qu'il a cultivée et qu'il est en état d'entendre les vérités, qu'il rejette. Mais l'enfant qui professe la religion chrétienne, que croit-il? Ce qu'il conçoit; et il conçoit si peu ce qu'on lui fait dire que, si vous lui dites le contraire, il l'adoptera tout aussi volontiers. La foi des enfants et de beaucoup d'adultes est une affaire de géographie. Seront-ils récompensés d'être nés à Rome plutôt qu'à La Mecque?"

Jean-Jacques Rousseau


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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