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vendredi 27 mars 2015

ANDREAS OUVRE! Révélations sur le crash du A320: le capitalisme n’est pas responsable!

   

Ouf les compagnies aériennes respirent et l’industrie aéronautique se détend, ce ne fût pas un incident mécanique mais la faute d’un homme, d’un jeune homme, d’un copilote peu expérimenté et probablement dépressif caché. Trois hypothèses tenaient en haleine la population mondiale un jour à peine après le terrible crash: incident mécanico-électronique, acte terroriste ou suicide. Le procureur de Marseille n’a pas lésiné sur les détails mais personne n’a relevé son insistance (deux fois) qu’on ne lui ait pas permis de révéler les détails plus tôt, qu’il aurait obtenu pendant la nuit ou au petit matin. Pourquoi cette insistance?

Hélicoptère, civière, magistère...

Tout s’était déroulé comme sur un tarmac normal: condoléances des chefs d’Etat sur le terrain, préparation de l’accueil des familles des victimes, déboulé d’une armada de gendarmes spécialisés pour récupérer les confettis atroces du crash, et malgré l’impudeur de la droite sarkozienne, jalousant la solennité de Hollande, le président dans son rôle répétitif de croque-mort en chef n’avait pas failli à la fonction, même si certains avaient cancané que la parade des politiciens avait pu gêner les secours, quoiqu’il n’y eusse plus rien à secourir.
Tout procureur qu’il est, sentencieux, sûr de son fait,  son récit comportait nombre d’invraisemblances. Non pas que de déroulé des faits ne sidère point, non pas qu’il n’y ait pas de quoi douter de la détermination funeste du jeune copilote, mais qu’au final on nous raconte sans pouffer avoir entendu jusqu’au bout la respiration de celui-ci - dans le vacarme du ronronnement des moteurs et des coups sur la porte par le pilote... Cette histoire de porte fermée à double tour et qui n’est sensée être ouverte côté passagers qu’à coup de hache, relève au surplus d’une paranoïa moyenâgeuse invraisemblable. Juste rançon de la parano antiterroriste? Tout comme la solution proposée: pendant qu’un pilote va faire pipi une hôtesse (qui ne sait que pouic des nombreux cadrans) devrait venir tenir compagnie à icelui resté en poste!), tout cela pour éviter qu’un éventuel dépressif n’appuie sur le bouton pour crasher avion et passagers! La dernière fois qu’un pilote dépressif a réussi son coup, son copilote a eu beau se battre avec lui, cela n’a pas empêché l’aéronef hyper bardé d’informatique de plonger bagages et équipage compris.

Désarmante affaire où l’humain (trop humain?) peut venir gripper la machine moderne si sophistiquée! Il n’y a pas qu’à l’hôpital ou à l’Elysée que l’on côtoie la mort - les présidents de la IVème étaient réputés pour l’inauguration des chrysanthèmes - mais quiconque a déjà pris au moins une fois l’avion sait que celle-ci est présente - peu ou prou chez tout passager - au décollage comme à l’atterrissage. Mais l’homme dépressif est aussi un produit du système, d’autant qu’il ne sera jamais équivalent à ces machines qu’on prétend parfaites. Une dizaine de grèves dans le transport aérien en Allemagne rien qu’en 2014! Tout ne va pas si bien dans les airs! Compagnies low cost mais aussi salaires... wages low cost! Un pilote d’avion n’est pas un vulgaire conducteur de bus, ses responsabilités sont énormes. Ce métier suppose des études poussées, un goût de l’aventure, du risque, une gageure renouvelée que celle d’élever en plein ciel un engin de plusieurs tonnes et de le faire voler et arriver à destination comme un oiseau.
Le suicide-homicide pourrait bien être mis sur le même plan que la logique des assassins djihadistes, d’une société qui crée à profusion de plus en plus de tueurs sans surmoi. La carte des «radicalisés» islamistes en France montre l’implantation de possibles tueurs suicidaires un peu partout mais dans les zones urbaines particulièrement. Des pilotes, des ingénieurs, d’ex-brillants étudiants qui en viennent à mépriser non seulement leur vie mais aussi celle d’une foule d’autres!Qui ne veulent pas mourir seuls pauvres numéros impuissants et transparents... ou ignorés et méprisés éternellement. Qui ont soudain, une fraction de leur vie minable, ce pouvoir de la mort sur la vie... Cela devrait interroger sur ce nihilisme croissant dans une société désespérante. En attendant que philosophes et spécialistes en psychologie se départagent, revenons à l’irritation de notre procureur de Marseille, rendant compte «un peu tard» à son goût des causes trouvées dans la boite noire-orange. Ce monsieur était irrité tout simplement parce que le New York Time avait eu la primeur et balancé les infos avant les autorités françaises. Cela aussi fait partie du chacun pour soi nihiliste que se fiche de l’autre: pour une poignée de dollars un des spécialistes du BEA, bureau d’identification du truc, s’était laissé acheter par le canard neworkais ou un affidé de la CIA ou du NSA. Un épisode banal. Comme est banalisée la perversité de BFM qui s’est empressé de zoomer sur les parents effondrés des victimes à leur arrivée, avec le même voyeurisme que lors des attentats de janvier.
Avant de vous laisser lire l’article le plus pertinent sur ce drame par le philosophe Bertrand Vergely, repiqué au Figaro, il me faut diagnostiquer que le capitalisme n’est pas responsable mais irresponsable.


«Le crash de l'avion Düsseldorf-Barcelone qui vient d'avoir lieu dans les Alpes du Sud est bien évidemment tragique et il ne saurait être question de ne pas être bouleversé face au drame qu'il représente. Néanmoins, sa «gestion» par notre postmodernité ne peut pas ne pas nous interroger quand on a quelque bon sens.

Écoutons la radio relatant ce qui se passe maintenant. Nous apprenons que des avions ont été affrété pour que les familles puissent se rendre sur les lieux du drame afin de faire leur deuil, le tout accompagnées par des cellules de soutien psychologique. Constatons le. Désormais, lorsqu'une catastrophe se produit, le scénario est bien orchestré. Immédiatement nous apprenons que «tout est mis en œuvre» pour qu'il y ait «prise en charge» des familles par des «antennes de soutien psychologique» afin de «mettre des mots» et ainsi de permettre de «faire le deuil».

Dans ce scénario bien rôdé il y quelque chose qui dérange. Le fait qu'il soit bien rôdé. Et derrière ce rodage, une certaine mécanicité. On n'est pas humain. On est mécaniquement humain. Comme si on avait peur. Peur que les familles endeuillées se révoltent. Peur qu'elles crient au scandale. Peur qu'elles disent haut et fort qu'elles ont été mal traitées. Qu'elles ont été abandonnées. Qu'elles ont été laissées à elles-mêmes, seules avec leur chagrin. Alors, non seulement, on «fait» mais on montre que l'on «fait». On communique. On sur-communique. Pas question qu'il y ait un moment de solitude ni de silence.

    On a psychiatrisé la mort ? On a fait en sorte que tout le monde fasse gentiment son deuil comme certains font la Turquie quand ils sont en vacances ou que le petit fait son rôt à la fin du repas ? On a bien fait. On a fait ce qu'il fallait faire. Le monde peut continuer de dormir en paix.

Une expression frappe dans ce tourbillon communicationnel: faire son deuil. Se rend-t-on compte de ce que l'on dit quand on prononce ce terme?

Quand Freud a prononcé cette formule, il songeait à certains de ses patients maladivement attachés à des proches décédés. On ne peut pas vivre éternellement dans le regret de nos chers disparus. Il y a un moment où il faut les laisser partir. D'où l'expression «faire son deuil», cette expression désignant le fait de faire son deuil d'un attachement névrotique, hystérique à des proches disparus.

Prise en dehors de son contexte pathologique, constatons le, cette expression est proprement ridicule. Que l'on sache, toute personne qui perd un de ses proches n'est pas dans un état pathologique, névrotique ou hystérique au point de devoir «faire son deuil» avec un psychiatre. Qu'à cela ne tienne. Notre postmodernité a décidé de psychiatriser le deuil et oblige désormais de «faire son deuil» en dépêchant pour cela des «psys» afin de veiller à ce qu'on le fasse. Faute d'un discours religieux sur la mort nous avons aujourd'hui affaire à un discours médical et psychiatrique sur celle-ci, une personne endeuillée étant un malade potentiel qu'il faut soigner et le prêtre étant remplacé par le psychiatre. En fait, ne sachant pas quoi faire en l'absence d'un ordre religieux du monde, la postmodernité qui a tué Dieu médicalise la mort et la psychiatrise faute de la spiritualiser en dépêchant sur les lieux des catastrophes et des tragédies des équipes médico-psychiatriques veillant à ce que l'ordre d'un monde sans Dieu soit bien assuré. On a psychiatrisé la mort? On a fait en sorte que tout le monde fasse gentiment son deuil comme certains font la Turquie quand ils sont en vacances ou que le petit fait son rôt à la fin du repas? On a bien fait. On a fait ce qu'il fallait faire. Le monde peut continuer de dormir en paix. On a veillé à ce que la mort ne soit plus un événement spirituel et métaphysique. On a empêché de la penser. On a évité qu'elle bouleverse et que, derrière elle, la vie, bouleverse».

(Rien ne remplace le temps pour faire son deuil)

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