PAGES PROLETARIENNES

vendredi 21 mars 2014

LE TRUAND PAUL BISMUTH PORTE PLAINTE




« Les français sont des veaux ».  Charles De Gaulle

Au début de l’an passé j’étais allé à Amiens participer à un court métrage pour Arte dans un vaste duplex de vendeur de motos, avec salle de mariage et bistrot au rez-de-chaussée. Quelques jours auparavant le magasin des grosses cylindrées avait fait l’objet d’une attaque armée en bande organisée pour faucher quatre ou cinq engins devant les clients médusés et terrorisés. Un des braqueurs avait été renversé par un client et n’avait pu s’enfuir avec la moto volée. Le malfrat avait été blessé. Cela faisait la deuxième fois qu’un tel braquage avait lieu au même endroit. Croyez-vous que le propriétaire du magasin ait été considéré comme victime ou disposé d’une indulgence de la « justice » ? Non mieux, il nage dans les emmerdements à répétition, il est poursuivi depuis des mois comme coresponsable des blessures du malfrat, lequel a bien sûr dûment porté plainte en tant que « citoyen » agressé.

Toute ressemblance avec le politicien Paul Bismuth comme avec gangster Chirac serait inconvenante. Pourtant couvert de soupçons pour diverses affaires obscures d’Etat l’ancien président de la République, que vous avez reconnu sous son pseudo riquiqui, porte plainte au nom d’une atteinte « aux principes sacrés de notre République… foulés au pied avec une violence et une absence de scrupule sans précédent ». Il dénonce dans sa lettre « Que je t’explique aux français » que « le droit au respect de la vie privée (est) bafoué par des écoutes téléphoniques (désacralisant) la présomption d’innocence » avec une « calomnie érigée en méthode de gouvernement » et une justice « instrumentalisée par des fuites opportunément manipulées » ; il ajoute une info intéressante : « les seuls détenteurs (des écoutes) en sont les juges ou les policiers » ; il lance une pique à la bande de ses successeurs à la tête de l’Etat bourgeois : ce sont des pratiques dignes de la Stasi ! Il déplore enfin d’occuper une « place de choix au mur des cons » du syndicat (gauchiste) de la magistrature ! C’est lui qui l’a dit, c’est lui qui l’est !

Emotion et indignation subite des occupants actuels du gouvernement et de leurs larbins journalistes du Monde au Nouvel Obs ! A deux jours des municipales Renaud Dély, ponte du Nouvel Obs, ironise : « c’est l’appel au secours de Paul Bismuth à ses supporters ». « Les mauvais arguments de Nicolas Sarkozy », et de nous rappeler que Sarkozy a été le champion de l’expansion des écoutes parallèles et secrètes depuis 2004. Soit.
Le justiciable Sarkozy a en grande partie raison pourtant, nonobstant qu’il se sent notoirement bien protégé contre toute sanction pour ses malversations avérées. Il a été apparemment blanchi dans l’affaire Bettencourt, ce qui est très curieux ; le public doit rester dans l’ignorance du véritable deal entre fractions bourgeoises. Ils savent tous mutuellement les limites à ne pas franchir car ils possèdent tous des dossiers « compromettants » les uns sur les autres ; celui qui n’a plus cette armure est mort (cf. Boulin). Sarkozy fait bien sûr piètre figure en jouant à la victime qui de président anormal exige désormais d’être considéré comme un citoyen « normal » (sic versus son pingouin en poste), comme notre voleur de moto se considère comme un citoyen normal qui a été injustement blessé en faisant son boulot de truand patenté. D’ailleurs flics apaches, supporters fanatiques volent au secours du « soldat Sarkozy » sans frémir. Résumé des souteneurs vertueux : « Courage monsieur Sarkozy !!! On attend avec impatience votre retour en 2017 (…) je crois en votre sincérité (…) Ne lâchez rien (…) Je suis révoltée par le traitement que TOUS vous infligent ainsi qu’à votre famille depuis des années (…) Pour votre courage Monsieur Sarkozy je vous soutiendrez toujours ». Quelques sincères croyants en la gauche immaculée s’immiscent tout de même entre les courbettes des barbouzes anonymes du Figaro ou du Point : « Comme un petit malfrat, Sarkozy se mue en Paul Bismuth pour tromper la justice et la police. Il se croit à l’abri. Les enquêteurs l’attrapent. Il est informé par une taupe (probablement du barreau) et fait griller la puce Bismuth. Les juges sont obligés de faire des perquisitions en catastrophe. Cela dit tout de l’état de déliquescence de la droite décomplexée ».

UN FEUILLETON MINABLE DES FACTIONS BOURGEOISES

On prédit un fort taux d’abstention important dans la jeunesse face aux rivaux petits politiciens locaux sans parler de la désaffection avérée des prolétaires pour ces jeux d’arrivistes aux petits pieds municipaux, incontrôlables une fois élus comme leurs compères de la hiérarchie parlementaire et sénatoriale. La mère Le Pen apparaît si peu crédible que la chaîne de la droite caviar BFM en fît des tonnes pour la mettre au premier plan : au moins quand ces stupides électeurs votent FN, ils valident la mystification électorale bourgeoise !
Sarko dans sa lettre de victime éplorée de menteur professionnel (et de président des riches) a aussi raison de dire que la principale préoccupation des français (de base) est le chômage ; il aurait pu ajouter que la Syrie et l’Ukraine sont bien autrement plus préoccupants que des secrets d’alcôve sans intérêt qui confirment la brutalité et le cynisme des dominants.          
Pourquoi ai-je dit donc que Paul Bismuth a en partie raison dans sa défense pro domo ? Certes comme une vulgaire racaille il a cru que se servir d’un téléphone à 25 euros acheté à Auchan avec son avocat et ses taupes le protègerait des grandes oreilles de l’Etat mais, outre qu’il pratiquait la même surveillance généralisée (et que les services spéciaux à ses ordres ont aidé au mieux la consoeur américaine à achever DSK), ce sont les mêmes pratiques de la part du gouvernement Hollande qui a agi en sa défaveur avec des couacs risibles de la part de ses ministres « inexpérimentés ». 

Premier exemple de la filouterie hollandesque : l’affaire Buisson. Le brillant écrivain monarchiste P.Buisson (cf. son livre « 1945 années érotiques ») s’est fait pincer lui aussi comme un gamin[1]. On a épilogué sur qui avait servi aux médias les écoutes personnelles de ce monsieur conseiller, dûment rétribué par la sarkozie, était-ce le fils prodige ou un concurrent malveillant ? Tout le monde oublia le compte-rendu journalistique sur le moment de la saisie par la police des enregistrements félons lors de la perquisition au domicile du récipiendaire qui se rêvait nouvel Attali mémorialiste de chef d’Etat ou nouveau Jean-Raymond Tournoux best seller. Or, comme de coutume, c’est bien la police aux ordres qui a transmis aux organes traditionnels à barbouzes Le Canard Enchaîné, Le Monde et Médiapart. « Violation de secret de l’instruction » ? Qui peut avaler cela ?
La pratique est courante pas seulement chez les dictatures méchantes ;  police et magistrature obéissent au doigt et à l’œil aux occupants successifs de la tête de l’appareil d’Etat. La faction de gauche - qui préside aux grandes oreilles à son tour, à une époque où le NSA américain contrôle le monde entier avec la complicité des services secrets de chaque nation occidentale, - n’allait pas se gêner pour clamer son… innocence, les mains pleines.
Conclusion naturelle. Le secret du pouvoir a toujours résidé dans la surveillance de la population, en entreprise comme au niveau du sommet de l’Etat. Jadis c’était le mouchardage, mais désormais le pouvoir moderne avec les mille ressources de la technologie et de l’informatique, peut écouter et surveiller à volonté à distance sans augmenter les effectifs policiers ni leurs rétributions. Les opérateurs de télécommunication privés sont les premiers instruments d’Etat pour démolir une réputation, permettre de pister des criminels et des terroristes certes mais surtout planifier d’efficaces campagnes idéologiques pour régler les comptes entre factions rivales de la bourgeoisie et abuser le bon prolétariat. L’avantage restant à la faction qui est aux commandes des manettes policières. La faction de droite est à la peine au point de se rabattre sur le vieux cheval Juppé (gaullien) pour limiter les dégâts. Le résultat des municipales ne renversera pas l’Etat aux grandes oreilles. Et Sarkozy peut aller aux champignons avec sa Bernadette éplorée et son Copé truqueur.





[1] Les factions dites d’extrême droite font toujours partie des conciliabules opaques de l’appareil d’Etat. Mitterrand et  Chirac ont toujours disposé de conseillers  dans les divers milieux du gauchiste parvenu Kouchner à Le Pen lui-même (cf. ses rencontres secrètes avec Le Pen où chacun délimite son territoire de mystification). Souvent plus au fait de la réalité sociologique et des fantasmes en milieu populaire, les conseillers d’extrême droite, vieux monarchistes ou féodaux de l’industrie, sont souvent plus à même d’analyser les mystifications qui fonctionnent à plein rendement et qui échappent  à la pensée vertueuse des intellectuels de gauche qui se gargarisent d’humanitaire de salon et de multiculturalisme confusionniste.

mardi 18 mars 2014

MORT D’UN COMMIS D’ETAT





Longtemps il fût un fumiste de bonne heure. L'ancien "général" de Force ouvrière, Marc Blondel, fils de gendarme qui a cru marquer la comédie syndicale française pendant près de deux décennies par de la gueule pour tenir la jambe du discours radical au syndicat stalinien, est décédé, dimanche soir, à l'âge de 75 ans (c’est pas vieux... tant de nos camarades révolutionnaires avoisinent désormais ce chiffre impressionnant il y a un siècle) sachant que les dinosaures Séguy et Bergeron sont toujours là. L'ensemble de la classe politique bourgeoise a salué, hier, un militant « résolu » et « passionné ».
« Toute l'organisation est dans la douleur », a déclaré Jean-Claude Mailly, son « fils spirituel » qui lui a succédé à la tête de FO en 2004. Marc Blondel, qui a dirigé le troisième syndicat français d'une main de fer rouillé, entre 1989 et 2004, lui avait imposé une ligne résolument trotskienne démocrate, en rupture avec le syndicalisme paisible et collabo de son prédécesseur André Bergeron. Ils ont tous  rendu hommage à ce syndicaliste pitoyable, m’as-tu-vu pour ses bretelles, son écharpe rouge et ses cigares. « Avec Marc Blondel disparaît un des grands acteurs du syndicalisme français », a affirmé le président pingouin François Hollande. « Il laissera le souvenir d'un partenaire résolu, exigeant, parfois intransigeant, mais toujours au service de l'intérêt des salariés», a ajouté le cuistre présidentiel. Il a aussi rappelé que, depuis dix ans, Marc Blondel se consacrait « à l'autre grand combat de sa vie, celui en faveur de la laïcité » combat très bcbg mais pour une laïcité qui tolère toutes les aliénations religieuses. Père-même-tout du pouvoir partagé des élites de la paix socale jusqu'au bout, l'ex-numéro un de FO a défendu une réhabilitation globale mais mortuaire des 740 soldats français fusillés durant la Grande Guerre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a « salué » ses « convictions progressistes » tandis que l'ancienne ministre du Travail, Martine Aubry, qui avait dû affronter les réticences du bonze néo-trotskien Blondel face aux 35 heures, a salué « sa fermeté dans les convictions » et « sa capacité à écouter et à comprendre les positions d'autrui ».

Pour la faction de droite, François Fillon (UMP) a dit garder « le souvenir d'un homme authentique, très sincèrement engagé, à la fois impétueux et jovial », qui a apporté à FO « une forte présence ». L'UDI (centre) a souligné « l'action passionnée et le militantisme infatigable » de Marc Blondel. En revanche, les réactions des actuels bonzes syndicaux ont été a minima : le numéro un de la CGT Thierry Lepaon a, dans une lettre à Jean-Claude Mailly, salué celui qui « a marqué son organisation et le paysage syndical français ». Laurent Berger (CFDT) s'est, lui, contenté d'adresser ses condoléances, reflet des relations tendues entre les deux centrales sur le pacte de responsabilité. De son côté, l'ex-dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, a rendu hommage à « un dirigeant au caractère bien trempé ». L'ex-numéro un de la CFDT, Nicole Notat (promue comme p’tit gros au cigare dans l’appareil d’Etat), qui avait entretenu des relations tendues avec Marc Blondel, a salué par-dessus des « différences », « la mémoire d'un militant qui a porté la défense de la liberté syndicale » au-delà des frontières nationales. Né le 2 mai 1938, ce fils de militaire et petit-fils de mineurs, qui a passé son enfance dans le Pas-de-Calais, a adhéré à FO, à 20 ans, en 1958. Il en prend la tête en 1989, succédant à André Bergeron, à l'issue d'un congrès houleux. Il a imprimé d'emblée une ligne plus offensive, s'opposant notamment à la réforme Juppé sur les retraites en 1995 - se rapprochant à cette occasion de la CGT - n'hésitant pas à employer un langage fleuri : « Mon boulot, ce n'est pas de faire l'amour avec les Premiers ministres ! », mais pourtant si apte à « baiser » la classe ouvrière. Blondel a confirmé que les fils de généraux donnent de bons anarchistes chefs syndicaux.

Lamentables condoléances entre larbins de l’Etat bourgeois ! Il faudrait étayer plus le parcours de ce sinistre sire syndical et ses complices trotskiens lambertistes. Voici ce que j’écris dans mon livre « L’aristocratie syndicale » à propos de ses dernières frasques oubliées par la presse bien pensante au seuil de la tombe.
(…) Le naïf de base, pas trop bête, ne peut ignorer non plus les liens occultes de ses chefs (syndicaux) avec les officines secrètes de l’Etat et un train de « sénateur » avec « suite » nomenklaturiste, voiture et chauffeur exploité. Pendant 15 ans, de 1989 à 2004, Marc Blondel fut la « tronche »  du syndicat Force Ouvrière qui fit oublier celle de Bergeron. À 71 ans, il présidait la Fédération nationale de la Libre Pensée. Il s’est rappelé à notre souvenir récemment dans l’affaire des emplois fictifs à la Mairie de Paris. Marc Blondel a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir bénéficié d’un chauffeur rémunéré par la Mairie.  Marc Blondel. Syndicaliste fort en gueule, Marc Blondel se dit franc-maçon et a dirigé d’une main de fer le syndicat F.O (Force Ouvrière) de 1989 à 2004, en prétendant défendre les droits et intérêts des salariés. Mais dans le même temps, il bafouait les droits et intérêts de ses propres salariés. Blondel a été mis en examen pour avoir fait financer par la mairie de Paris pendant 10 ans le salaire de son garde du corps Abdo. Il a accepté de rembourser les 280 000 euros à l’Hôtel de ville, comme l’a révélé Capital d’avril 2003. De même il exploitait littéralement ses chauffeurs. Il les faisait travailler à un rythme inhumain, jusqu’à 18h par jour ou 13 jours d’affilée, pour ses déplacements professionnels mais aussi personnels. Blondel fait toujours partie de la vie publique française, il a été de 2005 à 2008 un des représentants de la France au … Bureau International du Travail ! Sans que cela n’émeuve aucun syndiqué. Marc Blondel ne se cache pas d’être franc-maçon, membre de la loge « République » du Grand Orient. Via ce réseau, Blondel entretitenait des liens étroits avec Jean-Pierre Soisson, ancien ministre du Travail, ou Jean-Louis Giral, ex-président de la commission des affaires sociales du CNPF. Ainsi, en plein milieu de la crise sociale de décembre, un dimanche après-midi, Patrick Stéfanini, conseiller d’Alain Juppé, avait joint Jean-Pierre Soisson pour lui demander le numéro personnel... de Marc Blondel. Il devait en résulter deux rencontres, tout ce qu’il y a de plus discrètes, entre le Premier ministre et le secrétaire général de FO. On ne sait pas si les autres principaux bonzes sont aussi francs-macs, cela ne se dit pas. Nous en avons identifié un mais il y a tant d’autres officines et « think tanks » où les aristocrates syndicaux peuvent boire le Champagne en compagnie des hommes d’Etat que nous y perdrions notre latin.

 « Dans les pays de vieille culture parlementaire démocratique, la bourgeoisie a admirablement appris à agir non seulement par la violence, mais aussi par la tromperie, la corruption, la flatterie, jusqu'aux formes les plus raffinées de ces procédés. Ce n'est pas pour rien que les « déjeuners » des « leaders ouvriers » anglais (c'est à dire des commis de la bourgeoisie chargés de duper les ouvriers) sont devenus célèbres et qu'Engels en parlait déjà. La réception «exquise» que fit monsieur Clemenceau au social traître Merrheim, les réceptions aimables faites par les ministres de l'Entente aux chefs de l'Internationale de Berne, etc., etc., relèvent du même ordre d'idées. « Vous, instruisez-les, et nous, nous les achèterons », disait une capitaliste anglaise intelligente à monsieur le social impérialiste Hyndman, qui relate dans ses mémoires comment cette dame, plus avisée que tous les chefs de l'Internationale « de Berne » réunis, jugeait les « efforts » des intellectuels socialistes pour instruire les leaders socialistes issus de la classe ouvrière ».

Lénine (Les tâches de la IIIe Internationale)

PS: lire cet édifiant article de 2004

ARCHIVES - L'article du Figaro du 6 février 2004: Les adieux d'un maître queux