PAGES PROLETARIENNES

mardi 18 mars 2014

MORT D’UN COMMIS D’ETAT





Longtemps il fût un fumiste de bonne heure. L'ancien "général" de Force ouvrière, Marc Blondel, fils de gendarme qui a cru marquer la comédie syndicale française pendant près de deux décennies par de la gueule pour tenir la jambe du discours radical au syndicat stalinien, est décédé, dimanche soir, à l'âge de 75 ans (c’est pas vieux... tant de nos camarades révolutionnaires avoisinent désormais ce chiffre impressionnant il y a un siècle) sachant que les dinosaures Séguy et Bergeron sont toujours là. L'ensemble de la classe politique bourgeoise a salué, hier, un militant « résolu » et « passionné ».
« Toute l'organisation est dans la douleur », a déclaré Jean-Claude Mailly, son « fils spirituel » qui lui a succédé à la tête de FO en 2004. Marc Blondel, qui a dirigé le troisième syndicat français d'une main de fer rouillé, entre 1989 et 2004, lui avait imposé une ligne résolument trotskienne démocrate, en rupture avec le syndicalisme paisible et collabo de son prédécesseur André Bergeron. Ils ont tous  rendu hommage à ce syndicaliste pitoyable, m’as-tu-vu pour ses bretelles, son écharpe rouge et ses cigares. « Avec Marc Blondel disparaît un des grands acteurs du syndicalisme français », a affirmé le président pingouin François Hollande. « Il laissera le souvenir d'un partenaire résolu, exigeant, parfois intransigeant, mais toujours au service de l'intérêt des salariés», a ajouté le cuistre présidentiel. Il a aussi rappelé que, depuis dix ans, Marc Blondel se consacrait « à l'autre grand combat de sa vie, celui en faveur de la laïcité » combat très bcbg mais pour une laïcité qui tolère toutes les aliénations religieuses. Père-même-tout du pouvoir partagé des élites de la paix socale jusqu'au bout, l'ex-numéro un de FO a défendu une réhabilitation globale mais mortuaire des 740 soldats français fusillés durant la Grande Guerre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a « salué » ses « convictions progressistes » tandis que l'ancienne ministre du Travail, Martine Aubry, qui avait dû affronter les réticences du bonze néo-trotskien Blondel face aux 35 heures, a salué « sa fermeté dans les convictions » et « sa capacité à écouter et à comprendre les positions d'autrui ».

Pour la faction de droite, François Fillon (UMP) a dit garder « le souvenir d'un homme authentique, très sincèrement engagé, à la fois impétueux et jovial », qui a apporté à FO « une forte présence ». L'UDI (centre) a souligné « l'action passionnée et le militantisme infatigable » de Marc Blondel. En revanche, les réactions des actuels bonzes syndicaux ont été a minima : le numéro un de la CGT Thierry Lepaon a, dans une lettre à Jean-Claude Mailly, salué celui qui « a marqué son organisation et le paysage syndical français ». Laurent Berger (CFDT) s'est, lui, contenté d'adresser ses condoléances, reflet des relations tendues entre les deux centrales sur le pacte de responsabilité. De son côté, l'ex-dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, a rendu hommage à « un dirigeant au caractère bien trempé ». L'ex-numéro un de la CFDT, Nicole Notat (promue comme p’tit gros au cigare dans l’appareil d’Etat), qui avait entretenu des relations tendues avec Marc Blondel, a salué par-dessus des « différences », « la mémoire d'un militant qui a porté la défense de la liberté syndicale » au-delà des frontières nationales. Né le 2 mai 1938, ce fils de militaire et petit-fils de mineurs, qui a passé son enfance dans le Pas-de-Calais, a adhéré à FO, à 20 ans, en 1958. Il en prend la tête en 1989, succédant à André Bergeron, à l'issue d'un congrès houleux. Il a imprimé d'emblée une ligne plus offensive, s'opposant notamment à la réforme Juppé sur les retraites en 1995 - se rapprochant à cette occasion de la CGT - n'hésitant pas à employer un langage fleuri : « Mon boulot, ce n'est pas de faire l'amour avec les Premiers ministres ! », mais pourtant si apte à « baiser » la classe ouvrière. Blondel a confirmé que les fils de généraux donnent de bons anarchistes chefs syndicaux.

Lamentables condoléances entre larbins de l’Etat bourgeois ! Il faudrait étayer plus le parcours de ce sinistre sire syndical et ses complices trotskiens lambertistes. Voici ce que j’écris dans mon livre « L’aristocratie syndicale » à propos de ses dernières frasques oubliées par la presse bien pensante au seuil de la tombe.
(…) Le naïf de base, pas trop bête, ne peut ignorer non plus les liens occultes de ses chefs (syndicaux) avec les officines secrètes de l’Etat et un train de « sénateur » avec « suite » nomenklaturiste, voiture et chauffeur exploité. Pendant 15 ans, de 1989 à 2004, Marc Blondel fut la « tronche »  du syndicat Force Ouvrière qui fit oublier celle de Bergeron. À 71 ans, il présidait la Fédération nationale de la Libre Pensée. Il s’est rappelé à notre souvenir récemment dans l’affaire des emplois fictifs à la Mairie de Paris. Marc Blondel a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir bénéficié d’un chauffeur rémunéré par la Mairie.  Marc Blondel. Syndicaliste fort en gueule, Marc Blondel se dit franc-maçon et a dirigé d’une main de fer le syndicat F.O (Force Ouvrière) de 1989 à 2004, en prétendant défendre les droits et intérêts des salariés. Mais dans le même temps, il bafouait les droits et intérêts de ses propres salariés. Blondel a été mis en examen pour avoir fait financer par la mairie de Paris pendant 10 ans le salaire de son garde du corps Abdo. Il a accepté de rembourser les 280 000 euros à l’Hôtel de ville, comme l’a révélé Capital d’avril 2003. De même il exploitait littéralement ses chauffeurs. Il les faisait travailler à un rythme inhumain, jusqu’à 18h par jour ou 13 jours d’affilée, pour ses déplacements professionnels mais aussi personnels. Blondel fait toujours partie de la vie publique française, il a été de 2005 à 2008 un des représentants de la France au … Bureau International du Travail ! Sans que cela n’émeuve aucun syndiqué. Marc Blondel ne se cache pas d’être franc-maçon, membre de la loge « République » du Grand Orient. Via ce réseau, Blondel entretitenait des liens étroits avec Jean-Pierre Soisson, ancien ministre du Travail, ou Jean-Louis Giral, ex-président de la commission des affaires sociales du CNPF. Ainsi, en plein milieu de la crise sociale de décembre, un dimanche après-midi, Patrick Stéfanini, conseiller d’Alain Juppé, avait joint Jean-Pierre Soisson pour lui demander le numéro personnel... de Marc Blondel. Il devait en résulter deux rencontres, tout ce qu’il y a de plus discrètes, entre le Premier ministre et le secrétaire général de FO. On ne sait pas si les autres principaux bonzes sont aussi francs-macs, cela ne se dit pas. Nous en avons identifié un mais il y a tant d’autres officines et « think tanks » où les aristocrates syndicaux peuvent boire le Champagne en compagnie des hommes d’Etat que nous y perdrions notre latin.

 « Dans les pays de vieille culture parlementaire démocratique, la bourgeoisie a admirablement appris à agir non seulement par la violence, mais aussi par la tromperie, la corruption, la flatterie, jusqu'aux formes les plus raffinées de ces procédés. Ce n'est pas pour rien que les « déjeuners » des « leaders ouvriers » anglais (c'est à dire des commis de la bourgeoisie chargés de duper les ouvriers) sont devenus célèbres et qu'Engels en parlait déjà. La réception «exquise» que fit monsieur Clemenceau au social traître Merrheim, les réceptions aimables faites par les ministres de l'Entente aux chefs de l'Internationale de Berne, etc., etc., relèvent du même ordre d'idées. « Vous, instruisez-les, et nous, nous les achèterons », disait une capitaliste anglaise intelligente à monsieur le social impérialiste Hyndman, qui relate dans ses mémoires comment cette dame, plus avisée que tous les chefs de l'Internationale « de Berne » réunis, jugeait les « efforts » des intellectuels socialistes pour instruire les leaders socialistes issus de la classe ouvrière ».

Lénine (Les tâches de la IIIe Internationale)

PS: lire cet édifiant article de 2004

ARCHIVES - L'article du Figaro du 6 février 2004: Les adieux d'un maître queux

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