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vendredi 3 octobre 2014

La Kabylie est une terre de résistance à l'islamisme


Par Ferhat Mehenni (Artiste et militant kabyle exilé en France)

… L'assassinat d'Hervé Gourdel a soulevé, à juste titre, une grande indignation à travers le monde. Les Kabyles en sont horrifiés et révoltés. Ils sont choqués par le sort tragique réservé à ce malheureux et sont particulièrement en colère du fait que cet ignoble crime ait été commis sur leur territoire. Ils s'en sentent salis ! Les médias internationaux, surtout français, les accablent en présentant la Kabylie comme le fief d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de l'islamisme. Accuser la Kabylie d'être le fief de l'islamisme ou d'avoir de la sympathie pour cette idéologie fasciste est si grave que cela appelle une mise au point.
Pour s'être battue pour la liberté et la reconnaissance de son identité durant les trente années de dictature du Front de libération nationale (FLN), la Kabylie, fer de lance du berbérisme, n'a jamais été gagnée par le raz de marée islamiste algérien. Toutes les élections pluralistes qui s'y sont déroulées depuis 1990 sont là pour le prouver : les islamistes y essuient toujours des échecs. La Kabylie est laïque depuis des siècles. Sa laïcité n'est le fait ni d'une décision violente à la turque ni d'une loi à la française. Elle est simplement culturelle et répond au besoin de liberté de chaque individu et de chaque village, mais aussi à la nécessaire solidarité entre tous ses enfants.
Les terroristes islamistes, bien qu'il y ait parmi eux quelques recrues locales, sont pour l'essentiel des étrangers à la Kabylie. Ils viennent d'ailleurs. Le terrorisme islamiste n'a été transféré en Kabylie qu'à partir de 1997, lorsque le pouvoir algérien conclut un accord de paix avec l'Armée islamique du salut (AIS). Pendant cinq ans, alors que le terrorisme ravageait Alger et ses environs (1992-1997), la Kabylie faisait figure de pays paisible et sûr. C'était la Suisse locale. Malgré quelques rares incursions, dont furent victimes Mohand Aouchta, Rabah Stambouli et Nabila Djahnine, le terrorisme islamiste sévissait plutôt ailleurs. Dès 1995, les Kabyles furent les premiers à s'organiser et à prendre les armes contre le terrorisme islamiste.
L'accord signé entre le pouvoir et l'AIS en 1997 avait besoin d'un bouc émissaire : la Kabylie, qui refusait d'accepter un Etat arabo-islamique. La fin du terrorisme posait problème au régime algérien. En son absence, comment justifier la présence de l'armée en Kabylie ? Il y eut donc conspiration contre elle. Les terroristes sont autorisés à se venger contre les Kabyles et l'armée est chargée de leur garantir la liberté d'action et l'impunité. Ce sont les barrages militaires qui protègent à ce jour la circulation de ces nervis.
M. Bouteflika est arrivé au pouvoir avec la ferme intention de détruire la Kabylie. Dès sa première campagne électorale (1999), il déclara à Tizi Ouzou : « Je suis venu dégonfler votre ballon de baudruche ! » Lors de sa deuxième campagne (2004), il cria à Vgayet (Bougie), où il fut accueilli avec des jets de pierres : « Kabyles ! De loin je vous voyais des géants, mais de près vous n'êtes que des nains ! »
M. Bouteflika décréta une « concorde nationale » et prit le parti des jeunes terroristes en disant que, « s' avai leur âge, serai l'un des leurs » ! En 2001 et 2002, sa gendarmerie organisa la tuerie du « printemps noir » dans laquelle on dénombra près de 150 morts et des milliers de blessés, dont 1 200 handicapés à vie, tous des civils kabyles sans armes. Il commença à envoyer des renforts en surnombre, plus de 100 000 hommes y sont stationnés depuis 2004.
L'ASTUCE EST DIABOLIQUE
Les terroristes islamistes amnistiés sont envoyés en tant qu'imams en Kabylie. Nombre d'entre eux ont été chassés par les comités de village pour avoir incité à la haine et au meurtre. Le maintien du terrorisme en Kabylie permet de faire passer, auprès des médias internationaux et des chancelleries, la thèse suivante :« Le pouvoir algérien se bat contre le terrorisme islamiste. Il fait de son mieux, mérite le soutien de l'Occident. Mais le terrorisme ne subsiste qu'en Kabylie, qui se bat contre ce même pouvoir. Les Kabyles sont donc, sinon les complices des terroristes, du moins leurs alliés objectifs ! » Par conséquent, le pouvoir algérien serait à encourager dans sa lutte contre les Kabyles qui l'empêchent d'éradiquer les terroristes. L'astuce est diabolique, mais elle fait mouche ! Ainsi, on donne de la Kabylie l'image du « bastion du terrorisme islamiste » et du « fief de l'AQMI ».
On oublie de dire que les militaires algériens ne sont nullement entravés dans leur action par les populations kabyles. Ils se déploient en toute liberté. Les Kabyles, s'ils ne sont pas d'accord avec le régime fasciste algérien, sont encore davantage opposés aux islamistes.
La Kabylie n'a pas d'Etat, pas de service de sécurité. Les militaires et les terroristes islamistes sont armés, les Kabyles non. Avant de quitter le pouvoir, M. Bouteflika s'est juré de donner le coup de grâce à la réputation des Kabyles. Il a sorti sa nouvelle tactique : commettre des atrocités en Kabylie contre des étrangers et en accuser les Kabyles. C'est ainsi qu'au mois d'août Albert Ebossé, un footballeur camerounais de la Jeunesse sportive de Kabylie, fut assassiné dans les vestiaires du club à Tizi Ouzou. Toutes les versions inventées par les scénaristes du pouvoir ne sont pas parvenues jusqu'ici à avoir la moindre concordance avec les faits, qui restent têtus.
Aujourd'hui, c'est un Français qu'on fait enlever, dans des conditions pour le moins suspectes, et qu'on décapite. Hervé Gourdel n'a-t-il pas été carrément livré par les services algériens à ses ravisseurs ? Nous sommes fondés à nous poser cette question.

Lire la suite sur Le Monde
et aussi : Où va l'Algérie après l'assassinat d'Hervé Gourdel ? Par Malika Rahal (Historienne)
et pour l'horreur de l'oppression des femmes : 
http://apostat-kabyle.blogspot.fr/2014/01/visages-de-lislam-en-12-photos.html?showComment=1412320314765#c4864256779318163535


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