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samedi 4 mai 2013

Le risque d'un retour à une société de rentiers



 Le risque d'un retour à une société de rentiers


L’euthanasie des rentiers ou des retraités et l’Etat rentier
« Avec la réforme des retraites, il y a de quoi faire sauter plusieurs gouvernements » Michel Rocard (1991)
Réponse aux crétins de conseillers du pouvoir : Jean-Hervé Lorenzi, Alain Villemeur et Hélène Xuan sont, respectivement, initiateur, chercheur associé et directrice scientifique de la chaire "Transitions démographiques, transitions économiques" de l'université Paris-Dauphine et de la Fondation du risque[1].
Après les immigrés, les chômeurs, les fonctionnaires, la faute au gouvernement précédent de droite ou de gauche, la bourgeoisie a trouvé une nouvelle cible pour expliquer sa crise : les rentiers, mais pas n’importe quels rentiers : les retraités EN GENERAL.
En particulier en France il y a pourtant 36 régimes de retraite différents par « répartition », ce qui fait que la lutte syndicale « pour les retraites » ne pouvait être qu’un foutoir généralisé où personne ne pouvait retrouver ses petits. La question essentielle n’a jamais été une défense de la retraite par répartition contre les méchants capitalistes (scolarisés par l’école de Chicago ou les savantes écoles d’économistes distingués) partisan de la retraite « par capitalisation ». Les retraites sont inégales par excellence : les retraites des cadres ne sont pas du même niveau que celles des ouvriers et les « régimes spéciaux » (services publics et ex-nationalisés) correspondent à des prérogatives de divisions corporatives pour fidéliser le personnel dont l’Etat bourgeois  a besoin pour assurer sa pérennité. Il n’y a donc jamais eu UNE RETRAITE égalitaire et valable pour tous, comme il n’y a jamais eu une hiérarchie des salaires égalitaire, tout comme, statistiquement, les ouvriers meurent plus jeunes que les couches supérieures.
Les retraités du salariat sont dans une situation de continuation de versement d’un salaire après cotisation proportionnelle au salaire, souvent – soit dit en passant - parfaitement et paradoxalement inégalitaire, où un ancien salarié ou patron des couches dites moyennes peut percevoir une pension inférieure à celle d’un ouvrier d’usine. La mystification en vogue prétend assimiler les retraités en général à des « rentiers » qui grèvent le budget de l’Etat. Les retraités de la classe ouvrière ne sont pourtant nullement des « rentiers », ni assimilables à cette espèce de profiteurs. Néanmoins, contrairement à la confusion régnante il y a un problème réel dès l’instant où le nombre de retraités rattrape ou même dépasse le nombre de travailleurs en activité. La soi-disant lutte pour les acquis concernant la retraite, l’âge auquel il est convenable d’y accéder, des syndicalistes de tout acabit et des gauchistes, ment effrontément sur des acquis fictifs liés à la période de reconstruction d’après-guerre – au nom de réflexes corporatifs et de clientélisme électoral – aboutissant à masquer la crise réelle du capitalisme qui ne peut plus assurer une « fin humaine » aux prolétaires et à une masse de la population considérée en surnombre, improductive ou « assistée ». Il n’est pas besoin d’être une économiste des grandes écoles bourgeoises ni un marxiste chevronné pour comprendre que quand le gâteau productif devient trop étroit pour être partagé, quand ceux qui travaillent deviennent minoritaires, quand l’assistanat étatique atteint ses limites, les caisses de l’Etat sont insuffisantes. Sans êtres des rentiers, la masse des retraités, qui ne participent plus à la production de la richesse sociale, pèse d’un poids considérable  sur le budget de l’Etat bourgeois et pose le problème d’une crise de société qui n’a plus « les moyens d’assurer à chacun une survie décente ». Une société devenue incapable de donner du travail à tous et rétive à réduire les profits de la minorité qui profite du système, et dont les profits ne peuvent plus assurer un minimum vital à tous.
Le discours, venu se greffer sur cette problématique,  qui confond retraités et rentiers ne vise pas à s’attaquer aux rentiers mais à euthanasier les retraités, c'est-à-dire majoritairement les anciens salariés du prolétariat à qui on avait promis des revenus fixes jusqu’à la mort en récompense de leur vie de travail dans quelque domaine que ce soit.
Marx, en son époque, avait dit que la France était un pays de rentiers où le bourgeois ne rêve que de terres et de châteaux, mais il ne visait pas les ouvriers et les employés hors du monde du travail pour le renouvellement des générations exploitées.
QU’EST-CE QUE LA RENTE ?
Les canadiens participent de la confusion en nommant leurs caisses de retraite « Régime des rentes ». À part le spéculateur, l'individu le plus haï d'une économie de marché est le rentier, c'est-à-dire ces capitalistes qui ne dirigent pas leurs affaires, mais qui ont simplement investi leur épargne dans une entreprise et perçoivent une rente périodique (sous formes d'intérêts ou de dividendes) qui leur permet de vivre sans travailler. Les prolétaires peuvent tolérer les capitalistes qui travaillent jour après jour pour faire avancer leur business et continuer à verser des salaires, car leur contribution à la création de richesse semble relativement directe et immédiate – ils travaillent, ils font quelque chose et méritent d'être payé pour cela, même à un prix qui ébouriffe les trotskiens –, mais méprise les rentiers : Keynes proposa même de pratiquer l'euthanasie sur eux. En bref, ces types n'en foutent pas une et vivent de la sueur du front d'autrui. Servent-ils réellement à quelque chose ? Quel est exactement la contribution à la production de biens et de services d'un type qui passe sa journée vautré dans son jacuzzi et son 4X4 ?
La plupart des élites de droite et de gauche en France sont directement fils et filles de rentiers. Il nous suffit ici de recopier wikipédia. En France, la rente apparut sous l'Ancien Régime à partir de la première émission d'emprunt sous cette forme par François Ier, puis réapparut à partir de la stabilisation financière après la Révolution française et dura jusqu'à la troisième République. Des instruments identiques existaient dans les autres pays. Très tôt, il a existé un marché des rentes, puisqu'il était possible de vendre son titre de rente en échange d'un capital, ou inversement de se constituer une rente en achetant un titre.
La rente a un avantage politique, celui d'obliger le rentier à soutenir le gouvernement contre les alternatives qui menacent de supprimer les rentes, et c'est l'un des plus puissants motifs à l'introduction des pensions de retraite en Allemagne par Bismarck. Mais si le rentier perdait confiance, il vendait sa rente plutôt que de risquer de la perdre dans un soubresaut politique, et le prix baissait. C'était inquiétant pour les gouvernants et ils surveillaient cela comme le lait sur le feu : représentatif de la confiance accordée au gouvernement, au gré des événements économiques, politiques ou militaires, ce prix de la rente avait un impact direct sur les finances publiques. En effet, les États perpétuellement nécessiteux et par conséquent perpétuellement émetteurs de dettes étaient obligés de suivre le prix du marché pour les nouvelles dettes, et donc, si celui-ci baissait, à donner plus de rente pour recueillir la même quantité d'argent, donc à gager plus de leur futures recettes (fiscales).
Une rente est, pour un particulier, une somme fixée à l'avance reçue périodiquement (par exemple chaque mois ou chaque année), pour une durée fixée d'avance (rente certaine) ou, éventuellement, pour le reste de sa vie (rente viagère), provenant du patrimoine de ce particulier. Une rente est également définie de façon plus générale comme le revenu provenant d'un patrimoine.
En économie, c'est une notion centrale (liée à celle de profit) mais qui a de multiples définitions selon les auteurs. De façon approximative, c'est un bénéfice supplémentaire qu'un agent économique peut obtenir par rapport à ses concurrents, parce que ses coûts de production sont inférieurs pour un prix de vente identique, ou parce qu'il est en mesure d'obtenir un prix de vente supérieur.
En finance, c'est un emprunt perpétuel (sans remboursement du capital, mais avec versement d'intérêts réguliers et fixes) émis par un État, constituant une source de revenus pour un particulier. Si la rente est payable en fin de période, elle est postnumerando ; si elle est payable en début de période, elle est praenumerando. Quant à la période de paiements, la rente est perpétuelle quand elle est toujours payée, ne connaît pas de terme, alors qu'une rente temporaire se paie pour une durée déterminée.
La rente viagère, les pensions d'invalidité ou les pensions alimentaires sont ainsi des formes particulières de rente ou assimilables à des rentes. La retraite par contre n'est une rente que dans un système par capitalisation. Dans un système par répartition la retraite n'est pas un revenu de patrimoine qui a été acheté -elle est parfois considéré comme un salaire continué.
Le terme de rentier est en général réservé à un individu qui « vit de ses rentes », c'est-à-dire qui n'a pas d'« emploi » (même si par ailleurs la gestion de son patrimoine peut représenter un travail important) et qui dispose de revenus relativement fixes et sans risques (placement obligataires à base d'emprunts d'État ou garantis en or, revenus fonciers, contrats d'assurances ou de vente viagère, indemnités obtenues par voie judiciaire, etc.) et suffisants pour un train de vie moyen ou supérieur. Cela exclut les artisans ou professionnels libéraux, dont les revenus sont liés à leur travail même lorsque leur activité représente un capital important. Selon qu'on considère la rente comme un revenu fixe sans risque ou un le revenu provenant du patrimoine, les « capitalistes » sont ou pas des rentiers.
Les fortes périodes d'inflation liées aux deux guerres mondiales ont provoqué la « mort des rentiers », tandis que Keynes se félicitait de « l'euthanasie des rentiers » (façon de mettre au travail une frange de la population) pour tenter de sauver le capitalisme à une époque de guerres et de révolutions.

LA GAUCHE AU POUVOIR OBLIGEE DE CONTINUER LES « SOLUTIONS » DES GOUVERNEMENTS JUPPE ET FILLON
La ministre des réformes impopulaires mais nécessaire concernant LES RETRAITES et les prestations familiales, Marisol Touraine, en charge des Affaires sociales et de la Santé, fait face à un calendrier chargé - et miné - d'ici à la fin de l'année. Le dossier des retraites est  épineux, dit  Big Brother, l’AFP. Il faut trouver 20 milliards d'euros d'ici à 2020. Il s'agit aussi d'assurer, à plus long terme, l'équilibre du système par répartition, menacé par une démographie et une économie moins clémentes que durant les 30 glorieuses. Pour cela, il faudra un cocktail de mesures de court et de long terme. Syndicats et patronat ont déjà montré la voie. En charge des régimes complémentaires de retraite des salariés et des cadres, ils se sont accordés en mars pour augmenter temporairement les cotisations versées par l'employeur et le salarié. Ils ont surtout détaché pour trois ans l'évolution des pensions de celle des prix.  En clair, les retraites vont moins augmenter que l'inflation, ce qui va amputer le pouvoir d'achat des pensionnés. Pour sa part, le gouvernement n'y coupera pas, il devra aussi repousser l'entrée en retraite des seniors. «Comme la vie s'allonge, il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues», a reconnu François Hollande.
Ce n’est pourtant nullement un problème « français » :
« Contredisant des réformes passées, le Kremlin vient de réduire l’importance des fonds de pension placés dans les retraites futures pour soulager le financement actuel des retraites d’État. Mais dans un pays vieillissant, les Russes de la nouvelle classe moyenne ont pris l’habitude d’investir pour financer leurs propres retraites.  Comme chaque 1er -Mai, les retraités étaient au premier rang du traditionnel défilé communiste. Avec pour principale complainte déjà maintes fois répétée : précarité de leur situation, faible montant des pensions publiques… Dans la rue depuis plus d’un an, les manifestants opposés au Kremlin de Vladimir Poutine ne protestent pas seulement contre l’autoritarisme de son régime mais aussi contre ses politiques économiques. Parmi les causes de la colère de la frange la plus libérale de cette opposition : la réforme des retraites. « De plus en plus, ces dernières années, nous mettons de côté de l’argent dans des fonds privés pour assurer nos vieux jours. Mais les mesures adoptées par le gouvernement vont dans le sens contraire », dénonce ainsi Elena Bychkova, manifestante issue de la nouvelle classe moyenne à Moscou. « Ils ont une vision à court terme. Alors que nous essayons de mieux préparer l’avenir… » . En vue de leurs dépenses futures, nombre de russes économisent chaque mois une partie de leurs revenus sur des fonds de pension et autres comptes similaires à des assurances-vie.   Le gouvernement vient de réduire la part des cotisations obligatoires que les employés versent dans des fonds d’investissement pour financer leurs propres retraites. Avec un objectif urgent aux yeux des autorités russes : augmenter, en contrepartie, la part versée dans le fonds d’État finançant les retraites actuelles. Une manœuvre pour éviter une aggravation du déficit public. Une aberration, aux yeux des libéraux.  Quoique en hausse régulière, les retraites d’État restent modestes (l’équivalent de 250 € en moyenne). Si cette réforme rassure les retraités d’aujourd’hui, cœur de l’électorat de Vladimir Poutine, elle met en effet en péril l’équilibre budgétaire à terme du système.  Les retraités seront majoritaires dans le pays en 2025.  Et elle contredit la réforme initiale lancée il y a dix ans : accroître l’importance des fonds de pension, à la fois, pour responsabiliser les Russes dans le financement de leurs retraites et pour favoriser le développement d’un marché financier national (notamment les fonds de pension) aujourd’hui encore balbutiant.  En parallèle, le gouvernement avait remplacé une partie des avantages matériels assurés aux retraités depuis l’époque soviétique (gratuité des transports publics, hôpitaux…) par des allocations en argent liquide. Une manière de libérer de l’argent susceptible d’être placé en fonds de pension.  Les dernières mesures sont donc un pas en arrière par rapport à ces réformes initiales alors que, contrairement à l’avis des libéraux (y compris au sein du gouvernement), Vladimir Poutine s’est engagé à ne pas changer l’âge de la retraite (60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes).  Avec la menace démographique et le vieillissement de la population, le financement du système public se retrouvera en péril : le versement des retraites actuelles représente déjà 10 % du PIB et engloutit un quart du budget fédéral. D’ici à 2025, le nombre de retraités devrait dépasser la population active » [2].

Dans la crise capitaliste, le ridicule ne tue toujours pas. Un ministre conservateur britannique a suggéré aux retraités aisés de "rendre" à l'Etat l'argent des allocations qui leur sont versées quand ils n'en ont pas besoin. Au Royaume-Uni, les personnages âgées bénéficient d'aides pour payer leur note de chauffage, de la gratuité des transports publics et sont exonérées de la redevance télé, quelles que soient leurs ressources. Le ministre du travail et des retraites Ian Duncan Smith a assuré que le gouvernement n'avait pas l'intention de changer le système actuel, conformément à la promesse faite par le Premier ministre conservateur David Cameron, malgré la politique d'austérité infligée au pays. Mais il a proposé aux retraités de renoncer spontanément à ces aides. "La décision leur appartient, mais les retraités peuvent, s'ils n'en ont pas besoin, rendre" cet argent, a-t-il déclaré dans un entretien au Sunday Telegraph. "J'encouragerais tous les lecteurs du Telegraph qui n'en ont pas besoin à le faire", a poursuivi le ministre, sans toutefois préciser comment s'y prendre. Cette proposition n'a pas reçu un très bon accueil de la part du vice-Premier ministre, le libéral-démocrate Nick Clegg, qui est lui favorable à une suppression des aides aux retraités les plus riches. "Accorder des allocations aux gens et puis leur dire ensuite: 'au fait, pouvez-vous me les rendre?' n'a aucun sens", a-t-il rétorqué. Le ministre du Travail s'était déjà illustré en déclarant dernièrement à un journaliste, pour défendre la diminution de prestations sociales bénéficiant aux actifs, qu'il serait parfaitement capable de vivre avec 53 livres (62 euros) seulement par semaine, s'il y était contraint.(cf AFP).
Les crétins de conseillers du pouvoir commencent ainsi leur diatribe contre les « retraités rentiers » :

« Notre modèle social est confronté à deux défis majeurs ; celui de la longévité et celui de la société des rentiers. L'espérance de vie a progressé de dix ans en France depuis les années 1960. Le nombre de centenaires devrait passer de 15000 aujourd'hui à 200000 en 2060.

Le nombre de retraités augmente rapidement et leur niveau de vie égale désormais celui des actifs. Et, alors que les dépenses de santé des premiers sont largement financées par les seconds, les transferts intergénérationnels publics (pensions, santé, dépendance, etc.) en faveur des retraités, déjà très importants – environ 20 % du produit intérieur brut (PIB) –, sont appelés à grossir avec le vieillissement de la population ».
« Or, les rentiers sont de plus en plus âgés ! Les plus de 65 ans possèdent la moitié de la capitalisation boursière et 70 % des retraités sont propriétaires de leur logement. Les transmissions patrimoniales ont plus que doublé sur les trente dernières années et représentent aujourd'hui environ 10 % du PIB, tandis que les successions moyennes ont augmenté de 75 % depuis dix ans. On hérite de ses parents de plus en plus tard, en moyenne bien après 50 ans. Avec l'arrivée des baby-boomers à la retraite, le risque est donc grand d'accoucher d'une société de rentiers se désintéressant des jeunes générations ».
Le gâteau productif étant devenu étroit, oubliant les efforts des familles de prolétaires pour soutenir les enfants au chômage, nos crétins appointés proposent à ces mêmes familles, dans un effort supplémentaire de « solidarité nationale » de se dépouiller de leurs maigres ressources, voire possession de leur logement pour les refiler à leurs enfants, ce qui relancerait… la fameuse croissance !
Les cinq axes des crétins de la démagogie économiste de prétendus sauveurs du capital:
-          Taxation plus forte de l’héritage, « donation afin que cette « redistribution » se fasse au plus vite, et que les retraités « financent solidairement la dépendance des personnes très âgées dans le cadre d’un effort national jusqu’à présent trop retardé ». Le top de cette participation conviviale (cette consommation partielle du patrimoine) « pourrait accélérer le développement d’une économie locale liée aux services à la personne » ! Le bénévolat, cette arnaque libéralo-chrétienne, au service de la cuistrerie planétaire !
-          Deuxième axe : optimiser les transferts intergénérationnels… des plus âgés vers les plus jeunes… afin de permettre aux plus jeunes de créer une entreprise ». En effet la masse des retraités étant des « fils de » a les moyens de relancer l’entreprise capitaliste.
-          Troisième lubie ordinaire de l’Etat bourgeois : repousse l’âge moyen de départ à la retraite à 65 ans « qui est un moyen de créer davantage de richesse, de doper la consommation des ménages et de réduire le poids des retraites dans le PIB au profit d’investissements d’avenir ». La consommation de cannabis chez les élites parvient apparemment à les enfumer face à toute réalité quand le « bien être au travail des seniors » et « une meilleure formation des jeunes » n’est même plus crédible pour les salariés de Pôle emploi !
-          Quatrième billevesée : égalité dans les conditions de départ à la retraite, avec un système à points et le « nécessaire effort de solidarité »… nationale ! On va prendre à Paul retraité quelconque en distribuant des points pour seulement trois régimes (secteur public, secteur privé et indépendants » pour que Pierre et Jacques « ait conscience du niveau de retraite qu’il obtiendra ». Nos spécialistes de la misère répartie et partagée en sont à leur troisième shit.
-          La cinquième blague de ces cuistres est du plus haut comique : réformer le fonctionnement du marché du travail par un « cumul emploi-retraite » (le vague devient sidéral) et liquider l’avancement salarial à l’ancienneté. En effet, le Capital n’a plus besoin de fidéliser les exploités mais envisage de les réduire tous à la mendicité du travail, denrée désormais rare en « conciliant sécurité et flexibilité ». Il paraît qu’existe même un futur « modèle social de 2020 » pour mener « la, lutte contre les déficits des régimes sociaux ».
Pourquoi les retraités en général, et indistincts, sont-ils au banc des accusés ? Parce qu’ils sont considérés comme des privilégiés notamment les « baby boomers » et les personnes ayant vécu l’euphorie économique des « trente glorieuses ». A cette époque, le chômage n’était pas un problème et la plupart des retraités de ces générations ont donc pu connaître une continuité au sein de leurs vies professionnelles, qui les a placés à l’abri du besoin. A cette époque l’achat d’un bien immobilier était beaucoup moins douloureux en raison de l’inflation des salaires, du faible taux de chômage et de la fixité des crédits immobiliers. Ce système plus accessible aux prolétaires de l’époque et au détriment des rentiers permettait l’acquisition à moindre frais de différents biens immobiliers vers la quarantaine et ainsi de ne plus subir la menace de la hache de Damoclès de paiement d’un loyer avec une pension insuffisante. Il est certain que les conditions de vie de ces générations sont acceptables pour une grande partie, quoique la situation soit très dramatique pour les « petites retraites » des femmes en particulier. Au lieu de tenir pour normale cette trajectoire passée, les crétins au service du pouvoir d’Etat, lorgnent sur ce qu’ils considèrent comme des « privilèges » de « rentiers » et militent via leurs tribunes bourgeoises en se demandant comment récupérer ces biens « injustement » acquis. Alors on trouve des systèmes de taxation des retraités en arguant que la « solidarité intergénérationnelle » devrait jouer comme à l’époque où les retraités étaient pauvres. Alors, le « minimum vieillesse » et l’obligation de cotiser à une caisse de retraite complémentaire avaient pour but d’assurer une fin de vie décente alors qu’aujourd’hui les zélés sauveurs du capitalisme prétendent compenser tant bien que mal la paupérisation des jeunes prolétaires en dévalisant les anciens.
Au lieu de lorgner sur les richesses des seniors inactifs (importants consommateurs et clients estimés des agences de voyage) et d’en « saigner » une partie en leur faisant payer des loyers prohibitifs dans des maisons de retraite, destinées à alimenter des produits financiers, nos crétins complices feraient mieux de la fermer. Face à la décomposition de la société capitaliste, il faut aux crétins complices des gouvernants trouver des boucs-émissaires, ce n’est qu’une solution proposée par des médiocres. Les millions de prolétaires exploités et jetés à la rue ne peuvent penser qu’à renverser un système économique menteur qui n’aboutit qu’à la paupérisation du prolétariat universel, à la montée des inégalités et qui monte les prolétaires les uns contre les autres. Au profit de la continuation de l’exploitation des classes minoritaires de la mafia capitaliste.

OU LA PRESSE PATRONALE DE DROITE SE FELICITE DE LA COLLABORATION DE HOLLANDE

Philippe Mabille dans La Tribune, écrivait en février 2011 : « La mécanique d'euthanasie des rentiers chère à Keynes (l'inflation efface en douceur les dettes) est donc lente à se manifester. Les détenteurs d'obligations n'ont pas encore perdu leur mise mais sont pris en étau entre deux risques imprévisible mais l'un comme l'autre de plus en plus probables : celui du défaut de paiement d'un État, ou d'une restructuration de sa dette, ce qui pousse les investisseurs à acquérir les titres les plus sûr (allemands et français), dont les taux restent du coup très faibles; ou bien celui d'une perte sur la valeur de ces titres lorsque l'inflation viendra, vraiment, manger son capital. Ce sera, à n'en pas douter, LE dilemme de 2011-2012, dans un contexte où la crise de la dette et l'incertitude sur la zone euro demeurent le seul véritable obstacle à la reprise économique. En sept 2012 il félicitait l’actuel président français : « En alignant fiscalité du travail et du capital, François Hollande vient donc donner un coup d'accélérateur à l'euthanasie des rentiers dont parle Keynes ».
Or les banques se comportent justement comme des rentiers. Elles ne prennent pas beaucoup de risques en ce temps de crise en prêtant plus aux entreprises publiques ou encore mieux, en plaçant leurs ressources dans les bons de trésor. L’Expansion, journal patronal par excellence, ne couvrait pas déloge l’ancien président sur la question. : "Nicolas Sarkozy (n’était) donc pas le président des riches, mais celui des rentiers", estimait Antoine Bozio, directeur de l'IPP, l'un des co-auteurs du rapport.
Qui sont les gagnants et les perdants de cette politique fiscale? Les riches, accuse la gauche et ses gauchistes électoralistes. Oui, mais pas tous. Les rentiers seulement. C'est ce que révélait un rapport publié par l'Institut des politiques publiques (IPP), issu des travaux de chercheurs de l'Ecole d'économie de Paris et du Centre de Recherche en Economie et Statistique[3]. Or, les rentiers se foutent de l'inflation (les pensions de retraite, par exemple, sont indexées sur l'inflation), et les patrimoines augmentent mécaniquement avec l'inflation. Seuls les prolétaires seront menacés, jeunes et moins jeunes, et les  inactifs à la retraite au flambeau.
Le plafonnement des retraites est une solution temporaire et fictive, mais elle est insuffisante. La gauche-œufs-de-lump (le caviar c’est pour les soirées privées hors caméra) est félicitée par la presse « industrielle » de provoquer la baisse des retraites, car les retraités en général ne comptent plus que comme bétail électoral manipulable. Les vieux à la marge et solitaires sont coincés en tant qu’électorat conservateur et constituent les principaux bataillons électoraux et sondagiers de la droite, ou de la gauche qui continue la même politique que la droite : on ne touchera pas vraiment à vos pensions mais terminus pour les générations prolétariennes suivantes ! Après tout, Sarkozy et consorts ne se sont pas gênés pour flatter leur clientèle électorale de retraités impuissants et de rentiers professionnel et pour taper sur les prolétaires considérés comme actifs corvéables à merci. Il n'y a donc aucune raison que la gauche bourgeoise et clientéliste au pouvoir  n'en fasse pas autant que les Fillon et Sarkozy. Une masse de retraités électeurs inconscients et les rentiers professionnels veulent préserver leurs « acquis » indépendamment des actifs qui subissent les destructions d’emplois à répétition générées par l’Etat et ses patrons devenus fous et qui cherchent à décupler leurs profits à partir de spéculations et de magouilles de casino. Les retraités de Californie ne sont pourtant pas responsables eux non plus des dirigeants des fonds de pension qui bradent les entreprises et jettent à la rue les employés considérés en surnombre, ou sombrent dans la faillite les obligeant à retourner au travail. Les retraités prolétaires américains ou français ne sont pas responsables du manque de cotisation dû a la désindustrialisation  et au transfert de la production, génératrice de revenus, vers des pays ou les lois du travail sont inexistantes.
La raison fondamentale de la dépression systémique actuelle est la crise de surproduction mondiale, pas la dite montée des inégalités et la course en avant des plus riches vers plus de richesse ; en France certes entre 1998 et 2006, les salaires des 0,01 % les mieux payés ont progressé de 69 %, et ceux des dirigeants des entreprises du CAC 40 (hors stock-options) ont, eux, augmenté de 120% ! Mais on se fout de ce laïus pour gauchiste attardé de Lutte Ouvrière, car ce n’est pas une question de fric ni de cette bêtise trotsko-stalinienne « de l’argent il y en a »… y aurait qu’à le partager ! Thomas Piketty, qui n’est pas un âne, corrige : « « Le conflit sur les retraites est avant tout un conflit sur la répartition des richesses, et il se nourrit des incertitudes qui y sont liées. Pour les opposants les plus déterminés à la réforme Fillon, la question ne fait guère de doute : il est inacceptable de demander des efforts aux salariés moyens, puisqu'il suffirait pour résoudre le problème du financement de ponctionner les nantis, les spéculateurs, les revenus financiers, les stock-options, etc. D'où la question : les riches sont-ils effectivement assez riches pour payer les retraites ? La réponse à cette question est malheureusement négative. Les riches sont (trop) riches, mais la masse des retraites à financer, compte tenu de l'allongement de l'espérance de vie, est encore plus gigantesque. Les ordres de grandeur ne sont tout simplement pas les mêmes (…) L'honnêteté oblige néanmoins à reconnaître que l'essentiel de l'effort concernant la réforme des retraites devra dans tous les cas de figure reposer sur des couches de la population nettement plus larges que les seuls "riches". Il n'existe pas de prélèvement miracle ou de trésor caché» (…) Les riches sont riches, mais il ne sont pas assez nombreux »[4].
Dans le milieu des révolutionnaires maximalistes on trouve une aussi lucide analyse de la fixation gauchiste et altermondialiste bobo sur le « capital financier » : « D’une certaine manière, insister sur la financiarisation du capitalisme conduit à sous-estimer la profondeur de la crise en laissant entendre qu’elle proviendrait du rôle parasite de la finance qui exigerait des taux de profit trop élevés aux entreprises les empêchant ainsi de réaliser  leurs investissements productifs . St telle était bien la racine de la crise, alors une « euthanasie des rentiers » (Keynes) suffirait à la résoudre »[5].

C’EST L’ETAT BOURGEOIS QUI EST LE RENTIER PRINCIPAL
Dans le chapitre sept de son ouvrage « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », intitulé « Le parasitisme et la putréfaction du capitalisme » (la traduction eût dû plus efficacement utiliser le terme décomposition plutôt que putréfaction), Lénine fournit de très perspicaces développement sur la notion d’ « Etat rentier » :
« L'Etat-rentier est un Etat du capitalisme parasitaire, pourrissant; et ce fait ne peut manquer d'influer sur les conditions sociales et politiques du pays en général, et sur les deux tendances essentielles du mouvement ouvrier en particulier. Pour mieux le montrer, laissons la parole à Hobson, le témoin le plus "sûr", car on ne saurait le soupçonner de parti pris envers l'"orthodoxie marxiste"; d'autre part, étant Anglais, il connaît bien la situation des affaires dans le pays le plus riche en colonies, en capital financier et en expérience impérialiste.
Décrivant, sous l'impression encore toute fraîche de la guerre anglo-boer, la collusion de l'impérialisme et des intérêts des "financiers", les bénéfices croissants que ceux-ci retirent des adjudications, des fournitures de guerre,, etc., Hobson écrivait : "Ceux qui orientent cette politique nettement parasitaire, ce sont les capitalistes; mais les mêmes causes agissent également sur des catégories spéciales d'ouvriers. Dans nombre de villes, les industries les plus importantes dépendent des commandes du gouvernement; l'impérialisme des centres de la métallurgie et des constructions navales est, dans une mesure appréciable, la conséquence de ce fait." Des circonstances de deux ordres affaiblissaient, selon l'auteur, la puissance des anciens empires : 1) le "parasitisme économique" et 2) le recrutement d'une armée parmi les peuples dépendants. "La première est la coutume du parasitisme économique en vertu de laquelle l'Etat dominant exploite ses provinces, ses colonies et les pays dépendants pour enrichir sa classe gouvernante et corrompre ses classes inférieures, afin qu'elles se tiennent tranquilles." Pour qu'une semblable corruption, quelle qu'en soit la forme, soit économiquement possible, il faut, ajouterons-nous pour notre part, des profits de monopole élevés ».
Il cite longuement Hobson qui décrit une situation étrangement contemporaine :
« La perspective du partage de la Chine provoque chez Hobson l'appréciation économique que voici : "Une grande partie de l'Europe occidentale pourrait alors prendre l'apparence et le caractère qu'ont maintenant certaines parties des pays qui la composent : le Sud de l'Angleterre, la Riviera, les régions d'Italie et de Suisse les plus fréquentées des touristes et peuplées de gens riches - à savoir : de petits groupes de riches aristocrates recevant des dividendes et des pensions du lointain Orient, avec un groupe un peu plus nombreux d'employés professionnels et de commerçants et un nombre plus important de domestiques et d'ouvriers occupés dans les transports et dans l'industrie travaillant à la finition des produits manufacturés. Quant aux principales branches d'industrie, elles disparaîtraient, et la grande masse des produits alimentaires et semi-ouvrés affluerait d'Asie et d'Afrique comme un tribut ».
Et il en déduit une analyse particulièrement pénétrante sur la façon dont la bourgeoisie s’ingéniait à diviser le prolétariat :
« Et, parlant de la classe ouvrière anglaise, l'investigateur bourgeois de "l'impérialisme britannique du début du XXe siècle" est obligé d'établir systématiquement une différence entre la "couche supérieure" des ouvriers et la "couche inférieure prolétarienne proprement dite". La première fournit la masse des coopérateurs et des syndiqués, des membres des sociétés sportives et de nombreuses sectes religieuses. C'est à son niveau qu'est adapté le droit de vote qui, en Angleterre, "est encore suffisamment limité pour qu'en soit exclue la couche inférieure prolétarienne proprement dite" ! ! Pour présenter sous un jour plus favorable la condition de la classe ouvrière anglaise, on ne parle généralement que de cette couche supérieure, qui ne forme qu'une minorité du prolétariat : par exemple, "la question du chômage intéresse surtout Londres et la couche inférieure prolétarienne, dont les hommes politiques font peu de cas [9]"... Il aurait fallu dire : dont les politiciens bourgeois et les opportunistes "socialistes" font peu de cas ».
Les divisions idéologiques et corporatives orchestrées par les partis de gauche dans la classe ouvrière contemporaine étaient déjà très bien décryptées par Lénine. Ainsi la persistance du mythe national sauveur de la nationalisation est encore très prégnante comme la soi-disant normalité des avantages des services publics ; les prolétaires du privé sont toujours passés à la casserole les premiers sans que ceux du public ne les soutiennent sérieusement. Les histoires de financiarisation criminelle simplistes, la croyance gauchiste qu’il suffirait de « faire payer les riches », dominent encore l’esprit d’une grande partie des prolétaires du secteur public qui, comme le disait Engels des employés de chemins de fer à son époque, se contentent encore d’être le « bétail électoral »  des partis de la gauche bourgeoise hâbleuse!

QUEL EST L’ENJEU VERITABLE DE LA SITUATION ?

C’est un article de Révolution Internationale de 2003 qui synthétise le mieux les enjeux historiques face aux grenouillages et mensonges contre les retraités, espèce à euthanasier pour le Capital en décomposition :
« Quel est l'enjeu véritable de la situation ? Il s'agit pour la bourgeoisie de masquer aux yeux de la classe ouvrière que la véritable signification de l'attaque sur la Sécurité sociale est la même que celle sur les retraites l'an dernier, sur les chômeurs il y a quelques mois. Ces attaques n'ont rien à voir avec une "situation transitoire" liée à une "mauvaise conjoncture économique" ou encore avec une "mauvaise répartition des richesses" comme le prétendent les altermondialistes ou les gauchistes de "Lutte Ouvrière". Le démantèlement accéléré de l'Etat providence n'est pas particulier à la France. Partout, dans tous les pays industrialisés, qu'ils soient gouvernés par la gauche ou par la droite, les ouvriers subissent avec l'aggravation de la crise économique mondiale, la même remise en cause des "acquis sociaux" et de toute la protection sociale qui avait été mise en place, notamment en France, pour mieux amener les prolétaires "à retrousser les manches" pour faire redémarrer l'économie nationale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela révèle au grand jour la faillite historique du système capitaliste qui n'a rien d'autre à offrir à l'humanité que toujours plus de misère, de massacres, de barbarie, de famines, d'épidémies. C'est justement pour cela qu'il n'existe pas d'autre perspective pour les ouvriers que de renverser le capitalisme à l'échelle mondiale et de le remplacer par une autre société, basée non plus sur la recherche du profit et l'exploitation mais sur la satisfaction des besoins humains. »
Et un article de leur organe en Belgique Internationalisme :
« C'est la crise de surproduction et donc la raréfaction des lieux d'accumulation rentables qui engendrent la rétribution de plus-value sous forme de revenus financiers, et non la finance qui s'oppose ou se substitue à l'investissement productif. La financiarisation correspond à l'augmentation d'une fraction de la plus-value qui ne trouve plus à être réinvestie avec profit. La distribution de revenus financiers n'est pas automatiquement incompatible avec l'accumulation basée sur l'autofinancement des entreprises. Lorsque les profits tirés de l'activité économique sont attractifs, les revenus financiers sont réinvestis et participent de manière externe à l'accumulation des entreprises. Ce qu'il faut expliquer, ce n'est pas que les profits sortent par la porte sous forme de distribution de revenus financiers, mais que ces derniers ne reviennent pas par la fenêtre pour se réinvestir productivement dans le circuit économique. Si une partie significative de ces sommes était réinvestie, cela devrait se traduire par une élévation du taux d'accumulation. Si cela ne se produit pas c'est parce qu'il y a crise de surproduction et donc raréfaction des lieux d'accumulation rentables. Le parasitisme financier est un symptôme, une conséquence des difficultés du capitalisme et non la cause à la racine de ces difficultés. La sphère financière est la vitrine de la crise parce que c'est là que surgissent les bulles boursières, les effondrements monétaires et les turbulences bancaires. Mais ces bouleversements sont la conséquence de contradictions qui ont leur origine dans la sphère productive ».






 






[1] Fondation du risque mafia bourgeoise, composée de banquiers et d’universitaires) qui a pour mission La demande d'assurance (hi hi)et la prévention face aux risques sociaux majeurs  (émeutes, financement de la santé, vieillissement de la population),  L'étude et la prévention des risques systémiques politiques, etc. et les nouveaux défis de la « modélisation » (coquille involontaire de leur site, mondialisation, bien sûr) sponsorisée par la Société Générale, Allianz, AXA, Groupama  et les Donateurs : SCOR, CNP, MEDERIC, Quatrem.

[2] La Revue de Presse des retraites, 5 janvier 2013, Benjamin Quénelle, lacroix.com.
[3] L’Institut des politiques publiques (IPP) est développé dans le cadre d’un partenariat scientifique conclu par PSE-École d’Économie de Paris et le Centre de Recherche en Économie et Statistique (CREST). L’IPP vise à promouvoir l’analyse et l’évaluation quantitatives des politiques publiques en s’appuyant sur les méthodes les plus récentes de la recherche en économie.

[4] De même pour la taxe à 75% : « C'est un écran de fumée. Ça n'a aucun sens de créer une contribution frappant les très riches, tout en épargnant totalement les revenus du capital. Il s'agit du reste d'une innovation majeure à travers le monde: historiquement, des taxes sur les très hauts revenus ont existé, dans les pays industriels, mais elles ont toujours privilégié les revenus salariaux par rapport à ceux du capital. Là, on fait curieusement le choix inverse. Taxer les très riches en privilégiant les rentiers, cela ne s'est jamais vu.C'est d'autant plus curieux que le gouvernement réinstaure un bouclier fiscal. Il était donc possible de viser tout le monde avec la taxe à 75%, le bouclier évitant toute surtaxation ».

[5] « La crise économique signe la faillite historique des rapports de production capitalistes », par Mcl, publié sur le site du CCI. Article très intéressant et profond d’un camarade qui a été exclu pourtant de cette secte, et qui a fondé la revue Convergences en Belgique. Il critique Lénine pour avoir accordé une importance démesurée au rôle du capital financier, passant à côté « de processus bien plus fondamentaux à l’époque comme le développement du capitalisme d’Etat ». La critique est exagérée car l’ouvrage de Lénine ‘L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » comporte encore d’admirables pépites, comme je vais le montrer.

mardi 30 avril 2013

LUIGI PREITI HEROS DESESPERE ?




« Le geste criminel tragique d'un chômeur qui voulait se suicider ».
Angelino Alfano, nouveau ministre italien de l'Intérieur.

Cet homme de 49 ans, au chômage, qui a tiré à l’aveugle sur les flics italiens le jour de l’intronisation d’un nouveau gouvernement bourgeois fait de bric et de broc, doit se sentir bien seul au fond de la geôle où il a été jeté après avoir été tabassé. Nous les maximalistes n’oublions jamais la terrible solitude de Van der Lubbe. Son acte a quelque chose d’héroïque parce que pour la première fois il montre ce que peut être un « suicide par procuration ». Nous sommes des millions à pester tous les jours face aux multiples suicides sur les lieux de travail (ou en dehors) que sont croissants depuis des années, à pester en se disant « m’enfin pourquoi celui-là n’en a pas profité pour zigouiller un exploiteur ou un ministre », au lieu, pauvre victime désespérée, de se flinguer lui-même ?
Je n’ai aucunement l’intention de lui faire la morale ni de saluer son geste, mais je comprends. Je comprends et compatis pour cet homme dont la vie est doublement fichue, et qui sait, au fond de la sordide prison où on l’a jeté, que la bourgeoisie l’accablera éternellement, et qu’aucune voix « autorisée » ne prendra sa défense.
Etranges, très étranges les lazzis mesurés, voire compatissants de cette même flopée de politiciens de tous bords, corrompus jusqu’à la moelle, qui jouent les pleureuses ou les cyniques face au chômage massif et qui ne sont que les délégués politiciens des grands industriels et de la petite bourgeoisie intermédiaire âpre au profit.
Luigi Preiti lui a choisi de tenter de mettre fin à cette longue série de suicides « masochistes » ou « victimaires », de prolétaires dans plusieurs pays ou même de flics de base, destruction peronnelle qui est aussi indifférente à la bourgeoisie que ses premiers billets de banques ; « l’acte personnel » (cf. Pannekoek) ne signifierait plus que destruction personnelle « désespérée », comme si celui ou celle qui s’y livre n’avait jamais espéré en une autre société. Mais Luigi n’a-t-il pas raté son projet, tirant stupidement sur les sous-fifres flics et blessant une passante ? Enfin stupidement n’est pas le mot, il a apparemment tiré « dans le tas » en leur criant « de tirer à leur tour pour le ‘suicider’ à sa place » ; car la forteresse étatique est inattaquable par un révolté seul.
Raisonnons.  C’est une honte quand même pour un prolétaire d’avoir à se suicider ; c’est rendre service à ces canailles d’exploiteurs qui « veulent nous enterrer tous » comme dit le poète Ferrucio Brugnaro. Après son arrestation, Luigi Preiti a déclaré qu’il voulait abattre « les hommes politiques », qu’il voulait faire un « geste éclatant » puis se suicider mais « qu’il n’avait plus de balles pour le faire ». C’est une version journalistique. En fait, il cria aux flics, après avoir vidé son chargeur, de l’abattre à son tour, preuve qu’il voulait les démasquer en leur laissant accomplir eux-mêmes la sale besogne, pour écourter le suicide à petit feu que constitue le chemin de croix du chômage.
Son geste est éclatant… de maladresse et d’échec, et il va le payer toute sa vie. Mais geste éclatant quand même pour nous les millions de prolétaires méprisés, bafoués ou jetés à la rue, pour nous tous qui rêvons, au bout du rouleau, de « flinguer » les politiciens bourgeois (un au moins ou deux) tout en succombant à la mitraille de leurs mercenaires protecteurs. Eclairant notre impuissance à agir collectivement et unitairement pour foutre en l’air l’Etat bourgeois et incarcérer ses politiciens et magistrats. Puisque la révolution se fait attendre ou plutôt que plus personne n’a envie de la prise du pouvoir par un parti prétendu « révolutionnaire » et pour que ses bureaucrates s’en foutent plein les poches à leur tour… et zigouille à tour de bras.
Geste désespéré, selon les médias qui ne s’attardent guère plus d’une journée (le 28 avril) à ce drame ni sur son sens profond. La presse internationale titre en gros que l’intronisation d’un nouveau gouvernement italien (péniblement constitué et de diverses confréries de partis pourris) «  a été gâchée par des coups de feu ». La presse française illustre l’évènement comme un simple fait divers d’abord avec la photo de Berlusconi (dont le parti est rattaché au gouvernement) – véritable chiffon rouge – qui sert à déclencher la fureur de tous les posteurs gauchistes qui s’époumonent contre la « momie », et ainsi passent à côté du geste symbolique  du chômeur armé ; et d’autre part en illustrant ce fait de révolte personnelle avec une photo de Luigi Preiti, jeté au sol, face contre terre, qui semble sourire alors qu’il grimace, puis une photo d’un des carabiniers touché et ensanglanté près de la tête ; ce qui réduit évidemment le geste de Luigi Preiti au rang de l’acte « fou » d’un « forcené », irresponsable et dangereux. Tournez la page, info suivante.
Or il est intéressant de noter que les « autorités italiennes », elles, se gardent de le qualifier de terroriste, comme les braves journalistes français qui voient un Merah partout ou comparent avec le cinglé qui a tiré sur des innocents à Istres (bled français). Les médias italiens se sont efforcés de « relativiser » : « Les blessures des deux policiers, touchés au cou pour l'un et à la jambe pour l'autre, ne seraient pas mortelles, selon les médias italiens » (cf. AFP). Le maire de Rome a « cependant » exclu la piste d'une attaque terroriste. "Ce n'est pas un acte de terrorisme mais le climat de ces derniers mois a certainement aidé", a déclaré Gianni Alemanno, une allusion aux tensions politiques qui durent depuis deux mois (cf. la crise politique en Italie suite aux élections bâtardes). 
On marche sur des œufs. La bourgeoisie a très bien compris que Luigi Preiti s’est fait l’expression, certes violente et désespérée, du prolétariat italien acculé, bafoué par les divers clowns politiques et jeté massivement sans vergogne au chômage. Luigi Preiti doit se sentir bien seul pourtant dans l’univers carcéral bourgeois. Personne ne va le soutenir, ni les prolétaires devant leur écran plat comme leur encéphalogramme politique et syndical, ni bien sûr les couards complices dans l’Etat, syndicratie et particules gauchistes électoralistes.
Enfin surtout, il faut souligner  la honteuse génuflexion du premier représentant de la petite bourgeoisie bobo sans avenir et sans option politique claire : celle du clown Beppe Grillo qui s’est grillé en se désolidarisant totalement du petit prolétaire de Calabre. Le patron de la Ligue du nord et président de la région Lombardie, Roberto Maroni, ayant accusé le « Mouvement 5 Etoiles » de Beppe Grillo d'avoir alimenté la colère contre la classe politique. ("Certains soutiennent que les hommes politiques sont la cause de tous les maux", avait-il argué), l’excité des foirails pipoles bobos, frissonnant sous cette sorte d’accusation de « faiseur de terrorisme », petit chef  péteux et inconsistant de la petite bourgeoisie romaine,  a condamné le geste de Luigi Preiti : « Le M5S est absolument contre la violence. Notre unique violence est de recueillir des signatures pour des pétitions, faire des référendums et des lois voulues par le peuple », a-t-il minaudé.
Le nouveau chef de la police italienne s’est montré plus digne que le clown Grillo en parlant : d’un «acte isolé», déclarant que l’auteur, Luigi Preiti, ce chômeur calabrais de 49 ans, «a manifesté l’intention de se suicider mais n’y est pas parvenu car il avait vidé son chargeur». Le procureur de Rome, Pierfilippo Laviani, a évoqué dignement aussi un «homme plein de problèmes qui a perdu son travail, a tout perdu, et a dû retourner vivre» chez ses parents en Calabre. Selon le magistrat, Luigi Preiti voulait initialement «tirer sur des hommes politiques, mais comme il a vu qu’il ne pouvait pas, il a tiré sur les carabiniers».
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano, chef du parti de Silvio Berlusconi, a choisi aussi le profil bas, « par précaution » (comme le note avec ambiguïté un journal français) en bottant en touche pour la défense de l’ordre policier et financier véreux, tout en instillant la menace diffuse du « terrorisme » : « …le ministre Alfano a renforcé la surveillance «des objectifs à risque», notamment Montecitorio, le siège de la Chambre des députés, où le nouveau Premier ministre Enrico Letta se présentera lundi après-midi pour son premier discours de politique générale ». Quant au nouveau ministre des Infrastructures Maurizio Lupi (droite) : « (il) s’est toutefois voulu rassurant en estimant qu’«il n’y a pas de lien entre ce geste et la prestation de serment du gouvernement».
« Après les tirs, le passage de relais entre les gouvernements de Mario Monti et d’Enrico Letta s’est poursuivi normalement, avec le traditionnel échange de la clochette du conseil des ministres. Le président américain Barack Obama, qui s’est gardé de crier au loup terroriste ou au spectre de la dictature du prolétariat, a félicité «chaleureusement» Letta, souhaitant qu’Etats-Unis et Italie travaillent étroitement «pour la croissance», alors que l’Italie traverse sa plus longue récession de l’après-guerre. Mêmes voeux de réussite de la part du président français François Hollande et du président de l’Union européenne Herman Van Rompuy, qui a appelé M. Letta à «poursuivre les réformes entreprises par l’Italie».
« Né au terme de deux mois d’impasse politique, l’«équipe Letta» suscite beaucoup d’espoir. Elle se distingue par la jeunesse de ses membres (53 ans en moyenne, 10 de moins que l’exécutif Monti) et une forte présence de femmes (7 sur 21 ministres). Surtout, le gouvernement est le fruit d’une alliance droite-gauche sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qui se traduit par un savant dosage, avec neuf ministres du PD, cinq du Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et trois centristes, quatre autres étant des technocrates. «C’est la première tentative explicite de pacification de l’Italie» avec la formation d’une «coalition totalement inédite qui balaye 20 ans d’inimitiés» entre droite et gauche, a souligné l’éditorialiste politique du Corriere della Sera, Massimo Franco. (Une curieuse « pacification » qui donne envie aux prolétaires désespérés de « tirer dans le tas » !)
Sur Nice matin, on lit à peu près le même canevas recopié de l’AFP et des agences italiennes, mais le conditionnel est de mise :
« Le gouvernement du chrétien démocrate Enrico Letta a prêté serment dimanche au Palais du Quirinal à Rome, dans une cérémonie solennelle mais ternie par des coups de feu tirés sur des carabiniers par un "désespéré", devant le siège du gouvernement à un km de distance. M. Letta, issu du Parti démocrate (PD), première force de centre gauche, a été le premier à jurer fidélité à la Constitution, suivi de ses 21 ministres, dans l'atmosphère un peu compassée du Quirinal, le siège de la présidence. Vers 09H40 GMT, au beau milieu de la prestation de serment mais à l'insu des participants, un homme a tiré une série de coups de feu sur des carabiniers en faction devant le Palais Chigi, siège du gouvernement.(…) Selon les médias, Luigi Preiti aurait perdu son travail et est séparé de son épouse, restée avec leur fils de 10 ans dans le Piémont (nord de l'Italie). Il aurait dilapidé les économies familiales en jouant au vidéopoker et aux machines à sous ».
Un type plein de problèmes psychologiques qui aurait dilapidé les maigres ressources familiales dans des casinos?
«  Il s'agirait d'un Italien de 49 ans, originaire de Calabre, qui aurait des problèmes psychiques.  Selon le tout nouveau ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano, il s'agit d'"un acte isolé", "le geste criminel tragique d'un chômeur qui voulait se suicider". "Il voulait viser des hommes politiques", a précisé le procureur adjoint de Rome, Pierfilippo Lavian. Un policier a raconté que l'homme avait tiré plusieurs coups de feu sur les deux carabiniers en faction en criant "Tirez, tirez sur moi" aux autres agents des forces de l'ordre présents ». 
Des aveux dans l'après-midi
« Vers 16h30, on apprenait que l'auteur des tirs était passé aux aveux. 
Luigi Preiti, qui était bien habillé et arrivait du Palais de Montecitorio, siège de la Chambre des députés, a tiré à l'improviste sur des carabiniers en faction devant le Palais Chigi, le siège du gouvernement. Les médias italiens ont indiqué que Preiti est un maçon au chômage qui avait quitté sa Calabre natale pour le Piémont il y a 20 ans. Il s'était séparé il y a deux ans et demi de sa femme et traversait des difficultés économiques. Il était retourné en Calabre pour vivre chez ses parents à Rosarno, laissant dans le Piémont sa femme et leur fils de 10 ans.
Selon certaines sources, il se serait mis récemment à jouer au vidéopoker et aux machines à sous -- présentes dans tous les bureaux de tabac en Italie - dilapidant les économies familiales et accumulant des dettes. Luigi Preiti était arrivé samedi soir à Rome avec l'intention d'accomplir "un geste éclatant", et logeait dans un hôtel, ont indiqué des enquêteurs cités par l'agence Ansa. "C'est le geste d'un fou déséquilibré", avait aussi affirmé le maire de Rome, Gianni Alemanno, devant la presse, en indiquant que les deux carabiniers blessés et la passante "ne sont pas dans un état grave". (le « geste fou d’un déséquilibré », glissement de la presse française aux ordres car, comme on l’a vu plus haut, la déclaration du maire de Rome était plus mesurée et niait qu’il faille le considérer comme un acte de terrorisme !)
Le Procureur de Rome a décidé de l’inculper en aggravant son crime de la préméditation, au-delà d’une tentative de triple meurtre, le port et détention d'arme clandestine et le recel avec le fait aggravant d'avoir agi contre des officiers publics en service de l’ordre public."
Le regard vide, alternant de longs silences face aux interrogatoires policiers, l’homme s’est dit désespéré pour lui et son fils : « J'ai voulu faire un geste éclatant dans un jour important, mais je n'ai de haine pour personne en particulier », a déclaré M. Preiti dans ses aveux, selon l'agence de presse italienne Ansa.
« Après les tirs, le passage de relais entre les gouvernements de Mario Monti et d'Enrico Letta s'est poursuivi normalement, avec le traditionnel échange de la clochette du conseil des ministres ».
Tout était rentré dans l’ordre. En attendant la prochaine crise politique et les dernières statistiques du chômage.