PAGES PROLETARIENNES

vendredi 11 janvier 2013

RAPIDES NOTES DE LECTURE



Danton, le géant de la révolution par David Lawday


Un bon livre d’histoire par un anglais « dantoniste ». Le personnage truculent de Danton vaut le détour, c’est un bourgeois courageux. Son éveil au libéralisme le conduit à sa perte sous la Terreur. Beaucoup moins clair que Robespierre sur la question de la "guerre révolutionnaire", le premier ministre commissaires aux armées passe son temps à essayer de rattraper et dédommager les Belges victimes des pillages et viols des soudards du félon Dumouriez, pseudo héros de la fausse bataille de Valmy de l'armée de "la liberté", oppresseur des peuples sur le terrain loin des utopies partisanes anarchistes et marxistes.
L’auteur nous mène dans les secrets d’alcôve avec ce Danton Frankenstein qui va récupérer le cadavre de sa première femme Gabrielle - décédée en couches alors qu'il trinquait avec les généraux à Bruxelles - pour lui mouler le visage, qui épouse peu après une ado de 16 ans, puis est guillotiné deux mois plus tard. A lire les phrases sonores de Danton, à écouter sa grivoiserie on croit entendre Depardieu dans le rôle titre. Difficile en effet désormais de détacher Danton de Depardieu. Danton est un centriste, souvent confus, hésitant mais sans conteste courageux jusqu’au bout et bourré d’ironie féroce contre le puceau vertueux Robespierre dont il s’est souvent si bien moqué. Seule différence avec Depardieu, il n'a pas quémandé un passeport russe pour ne pas emporter "la patrie à la semelle de ses souliers".
 Il s’est cru tout puissant. Fatale erreur en période révolutionnaire. Le livre se lit donc comme on visionne un film passionnant. Ceux qui désirent connaître un peu mieux du point de vue des classes opprimées la Révolution des bras nus, ont intérêt à lire les grands classiques (Lefebvre, Aulard, D.Guérin, Dommanget, etc.) mais aussi Hazan et… jl Roche (cf La guerre révolutionnaire de Robespierre à Lénine).


Mao, sa cour et ses complots, Derrière les murs rouges par Jean-Luc Domenach


Une bonne mise à jour du stalinisme chinois après tant d’ouvrages. Mais pour ceux qui n’ont jamais lu il y a quarante ans Simon Leys ou les articles de Piere Souyri dans Socialisme ou Barbarie. Domenach actualise les données sur le fonctionnement de la bureaucratie chinoise, atténue l’ampleur des massacres pendant la « révo cul dans la Chine pop » . En tout cas on comprend mieux la cupidité des faux communistes chinois aujourd’hui, avec des parents pareils. Je le répète, à conseiller à ceux qui n’ont jamais suivi de près les soubresauts du stalinisme en Chine, sinon les histoires de bureaucrates serviles de tout Etat, c’est longuet et chiant.


Marie-Claude Vaillant-Couturier : Une femme engagée du PCF au procès de Nuremberg

Paul Vaillant-Couturier était un éditorialiste brillant de l'Huma avant-guerre (dont M.Chirik me confia qu'il aimait lire les textes) qui mourut peu après son mariage avec la très jeune et jolie Marie-Claude qui allait devenir après-guerre l'une des principales égéries du parti stalinien avec Danièle Casanova. La trajectoire de cette femme courageuse, qui a tant souffert dans les camps nazis mais s’est battue pour aider ses congénères, qui a survécu en rendant hommage aux victimes par son témoignage au niveau international, forcerait plutôt l’admiration. Hélas elle s’est mise à la Libération au service d’une cause complice de la guerre, le stalinisme. Elle sert de cache-sexe aux ambigus Thorez et Marchais (qui avaient fui la France) tout en chantant l’hymne chauvin. Elle devient la complice de la reconstruction de la France sous le terrorisme idéologique de l’hyménée gaullo-stalinienne.
L’auteur D.Durand ment à plusieurs reprises : sur le stalinisme complice du nazisme, sur la grève de 1947 à Renault, sur la raison du vote concédé aux femmes en 1944… MC PVC est complice jusqu’au bout de Staline : « …je sais qu’il n’existe pas de camps de concentration en URSS » assure-t-elle au procès Kravtchenko et David Rousset.
Seule pourtant la déportée MC Vaillant-Couturier semble sortir la tête haute de ce panégyrique fait pour complaire aux vieux caciques staliniens retraités – pour son passé de prisonnière et non pas d’édile d’un parti gouvernemental - elle se rend compte combien le tribunal de Nuremberg était une vaste comédie… pour excuser le capitalisme.

1940-1945 Années érotiques de Patrick Buisson (Livre de poche): Travail, partouze, orgie? savez-vous que le maréchal Pétain était peu catholique en position allongée et fameux coureur de jupons et qu'en temps de guerre les collabos ne pensent qu'à baiser, comme les résistants aussi d'ailleurs. On raconte que dans le bunker d'Hitler, sachant tous qu'ils étaient cuits, ils se sont livrés à une dernière orgie?  Reich, fureur et bestialité! L'enfer d'un des moments clé de la décadence capitaliste ne serait-il pavé que de partouzes finales?

MISERE DE LA PENSEE ECONOMIQUE par Paul Jorion


Misère de l'économie de la pensée politiquei  Le m'as-t-u-vu Jorion, un temps célébré comme dame Soleil de la crise à rebondissements du capitalisme, Jorion n'est plus que la dame pipi qui baratine une littérature de moins en moins économiste et de plus en plus libéraliste utopique. Ce pépère narcissique se permet de dire que Marx avait tout faux concernant la base de la crise capitaliste (la baisse tendancielle du taux de profit) dans son "capitalisme à l'agonie", qu'il espère pourtant bien ranimer par un bouche à bouche démocratique et gogologique. J'ai refourgué mon exemplaire illico sur price minister. Exit Jorion.

LES LIVRES CHERS (qu'il vous fait faire  acheter par la médiathèque du coin)

BIOGRAPHIE DE ROSA PAR JOHN PETER NETTL (version courte, Cahiers Spartacus): une évidence et qu'il faut acheter pour sa propre table de nuit.

1917 LES HOMMES ET LA REVOLUTION de l'inépuisable Marc Ferro: en papier bible les docus de toutes les tendances à l'état brut. Bien mais bourré de coquilles, (ed omnibus).

L'ENFANCE ABANDONNEE ET DELINQUANTE DANS LA RUSSIE SOVIETIQUE (1917-1937) par Dorena Caroli (L'Harmattan) : pour les vrais combattants de l'alternative au capitalisme pas trop étonnés de son taux de délinquance, comment nos ancêtres maximalistes ont tenté de résoudre la question.





mercredi 9 janvier 2013

UN ANARCHISTE DE DROITE DEVENU SPARRING-PARTNER





LE PEN une histoire française

De Philippe Cohen et Pierre Péan

Diabolisé le roitelet des concierges? Martyrisé le borgne haï? Exagérée la dédiabolisation? L’avis ordinaire sur un Le Pen présumé « fasciste » est certes réduit à néant par ce livre pressé de journalistes superficiels et peu regardants sur les fautes d’orthographes des noms propres des personnages évoqués. Le livre qui s’affiche contre toute hystérie concernant le personnage Le Pen ne fait qu’égrener un parcours politique parsemé de scandales, et pose plus de questions qu’il n’apporte de lumières. Il aurait scandalisé un quarteron d’intellectuels de gauche et leurs amis gauchistes selon mes ponctions rétroactives sur le web. Sur le fond il n’y a pas de quoi fouetter un anarchiste ringard. Une première partie ferait presque passer ce politicien poujadiste un peu particulier pour un arriviste sympa, fort en gueule comme un épicier, bambocheur comme pas deux, qui, après un épisode en Algérie qui reste trouble (mais n’était-il pas qu’un des multiples soudards aux ordres de la « gauche colonialiste au pouvoir » ?), prépare à la quarantaine une thèse sur l’histoire… de l’anarchie (acte manqué ?), court le jupon comme un soixantehuitard et porte des cheveux longs qui détonnent en milieu crâne rasé.
Lorsque vient l’ascension médiatique au tout début des années 1980, le poujadiste qui a troqué son bandeau de pirate borgne pour des lunettes de cadre et un œil en verre, peut remercier Mitterrand et les quarante groupes gauchistes pour lui avoir savonné son tremplin bien avant la crise de 2002 et la hausse des faits divers impliquant de « jeunes hommes » jamais nommés « forcenés » quels que soient leurs crimes (le terme étant réservé à ceux qui tirent au fusil sur leur patron ou sur les flics). L’instrumentalisation de Le Pen comme Satan moderne télévisuable s’est faite en deux temps, à un double titre ; d’abord dès 1981 il fallait remettre en selle la vieille droite des « fafs » pour affaiblir électoralement une droite surprise de sa défaite, ensuite coincer à la marge antisémite et justiciable un personnage présenté comme violent, versatile, un peu crétin sur les bords, destructeur pour son entourage – en gros et en large, comme n’osent point le caractériser les auteurs : un pervers narcissique, pas un simple caractériel - sans déroger au découpage institutionnel et aux prérogatives du gâteau électoral de la « bande des quatre » (RPR-UDF-PS-PCF) ; marginalité consacrée qui fît le bonheur de l’impétrant autant que jalon pour succès futur. Sur ce dernier plan, les auteurs démontrent parfaitement l’habileté de Mitterrand et de la bourgeoisie derrière-lui, qui saisit très vite le rôle de sparring-partner de Le Pen. Mitterrand a très vite compris que Le Pen, comme tout PN, est un faible, sensible aux honneurs et qui adore les tête-à-tête clandestins avec les puissants, Chirac comme Pasqua ou Tapie, Saddam ou tel waffen-SS… En 1984, Tonton l’explique à Max Gallo : « Nous allons envoyer une grenade qui éclatera bientôt entre les jambes de la droite. Le Pen n’est pas dangereux. C’est un notable. Il cherche la notabilisation ». Sur ce point, on comprend l’irritation de l’intelligentsia des commissaires politiques de Médiapart et de ce qu’il reste du NPA et du PCF lorsqu’il appert que le loup public n’était qu’un vulgaire agneau des antichambres gouvernementales.
L’antifascisme hystérique de la gauche caviar et de ses activistes anarchistes sert à brouiller et à atténuer le mauvais effet d’une gauche qui gouverne résolument bourgeoise. Les auteurs ne sont pas les premiers à l’avoir découvert, le milieu maximaliste révolutionnaire prolétarien l’avait souligné en temps et en heure ; et c’est pourquoi l’oligarchie a monté le « scandale de la négation des chambres à gaz », en se servant de l’aile anarcho-marxiste petite bourgeoise emmenée par les Guillaume et Barrot ; leur but : faire payer à ce qui était nommé frauduleusement ultra-gauche la négation de la représentation ouvrière aux caciques SD et staliniens, par les millions de prolétaires de 1968.
Les auteurs estiment à plusieurs reprises que Le Pen n’est pas antisémite. Autant que le qualificatif de facho, celui d’antisémite est à la fois simpliste et vague, et pas forcément de la bêtise. Les piques concernant quatre journalistes au commande de la majeure partie de la presse nationale en 1985 Jean Daniel, Ivan Levaï, Elkabach et JF Kahn (qui nie à l’époque être d’origine juive qui mais reconnait 20 ans après « avoir repris son identité » quand a triomphé la mode du communautarisme arrogant), font écho à ce que pense le « petit peuple » interdit d’expression, pourquoi y a-t-il tant de juifs pro-américains et pro-israéliens dans les médias (une pré-théorie des quotas ?)? Le Pen ne « lepénise pas les esprits », par-dessus les hauts le cœur des bien-pensants qui gouvernent et leurs supplétifs gauchistes, et malgré les procès (qu’il gagne souvent) sait faire écho aux opinions les plus communes qui persistent en dépit des procès intentés et de la chasse aux sorcières dans le milieu hétéroclite et compromis de l’intelligentsia. Mais ses blagues finissent par être lourdingues.
Mais il ne faut jamais oublier que ce pitre est un truand parvenu, sans principes, terroriste et sans foi ni loi, qui n’admire que la haute bourgeoisie et la richesse. C’est par chance ou accident, sous la pression de lieutenants plus avisés politiquement que lui, qu’il trouve l’échappatoire électorale à la fin des années 1970 ; il s’obstinait à faire présenter ses candidats dans les quartiers bourgeois (milieu naturel aux prébendes patronales), lorsqu’on lui a soufflé qu’il ferait mieux d’aller du côté des pauvres. Les « pauvres » se désintéressant des élections longtemps encore après 1968, face aux mêmes bourgeois socialos et capitalos qu’au temps passé du gaullisme triomphant, un individualiste marginal, outrancier, doté d’un équipement politique sommaire (l’anti-immigration) n’aurait-il pas plus d’étoffe face aux délirants gauchistes, pour ne pas parler de plus large tissu électoral ? Heureusement pour l’avenir électoral en impasse du FN, d’autres thèmes sont venus enrichir une panoplie politique limitée : le chômage, l’insécurité, l’anti-homosexualité, etc., sans oublier la montée de l’islamisme levain bienfaiteur apte à remplacer les boulangers gauchistes qui ne peuvent plus être au four et au moulin.
Les vrais PN ne réussissent jamais et cassent tôt ou tard leur jouet, c’est la nature de ce genre de psychopathe (Il casse aussi ses propres filles, car il veut qu’elles n’aillent pas plus loin que lui dans la marginalité qui est la marque de fabrique familiale et politique, et puis, hélas, ce roitelet de concierges n’a pas eu de fils !). Au seuil de sa résistible ascension, Le vampire Le Pen ne se rend pas compte combien il se ridiculise en parlant comme d’un détail du massacre des juifs. Possible que cela ait été un piège d’O.Mazerolle le larbin d’Etat en service depuis un demi-siècle. Mais au bout du compte, la mayonnaise prenant – au grand désespoir de la secte à Le Pen, le scandale de la négation des chambres à gaz (jamais nettement affirmée par Le Pen mais mordicus hors micro par tous ses cire-pompes) sert plus encore l’histoire truquée de la bourgeoisie : le vrai trucage – la guerre mondiale non comme boucherie inter-impérialiste mais comme croisade démocratique pour libérer les juifs – va pouvoir se répandre. Le fait que Le Pen ne se défende pas ne peut étonner que ces journalistes superficiels et les partisans les plus ignares de la secte. Le Pen reste toujours un nationaliste. Si sa secte fonctionne comme n’importe quel parti stalinien, il n’a rien à critiquer dans les guerres capitalistes et surtout pas à leur reprocher d’être impérialistes. Il est plus malin, et sait qu’il touche son public par-dessus les indignations de la gent bien-pensante, il répond à plusieurs reprises qu’il n’y a pas eu que les juifs de massacrés. Ce qui est vrai mais en les réduisant au « détail », il évite la réflexion sur la nature impérialiste de la guerre, sur le fait que la bourgeoisie a remplacé le prolétariat par les juifs, et il laisse la porte ouverte à l’idée fasciste que c’est quelque part, en exagérant leur martyre, les juifs qui sont responsables du massacre généralisé. Les auteurs dans cette partie ne sont pas très courageux dans l’analyse mais cherchent quand même à décrire un Le Pen déboussolé, ce qui n’est pas le cas comme je viens de le démontrer. Sur le plan idéologique, Le Pen, reste complètement sur le terrain de sa classe d’appartenance même si les petits toutous anarchistes de la gauche lui aboient dessus et exultent qu’il soit trainé en justice. Le PN est un artiste dans l’art de la provocation. Si les médias semblent l’oublier, il sait qu’il peut récidiver à tous les coups gagnant sur un aspect de 39-45 ; il récidive donc en 2005 en minimisant la gravité de l’occupation allemande, quitte à scier les pattes à sa fille. Vanité mal placée ou désir de passer pour irremplaçable ?
L’ouvrage dessert le mythe Le Pen pour ses adeptes les plus croutons et couillons sur deux plans. Le récit de la bagarre interne contre le clan Mégret est épique. Le despote se comporte comme un vulgaire chefaillon stalinien, exclut à tour de bras, et roule dans la farine une bande d’idiots. C’est dans ses rapports avec l’argent que Le Pen est vraiment mis à nu. Le despote confond sa caisse personnelle avec celle de la secte. Il pille les vieilles connasses milliardaires
La conclusion est très bien. Les auteurs concluent à l’utilité de Le Pen comme « klaxon social ». Ils soulignent l’intérêt de la « face cachée de la diabolisation » : Le Pen tire un profit considérable de l’impossibilité d’accéder à de réelles responsabilités politiques car celles-ci (comme dans le cas de la mairie de Nice ou de Vitrolles, ou des venues au pouvoir d’islamistes) déshabillent très vite tout bla-bla politique électoraliste bourgeois. Celui qui a fait son fonds de commerce contre la « corruption des élites » est pourtant plus corrompu que les corrompus. Il habite Montretout mais il ne montre rien.

dimanche 6 janvier 2013

PRINTEMPS DISPARU : REVOLTEZ-VOUS ! Vous êtes filmés !





Le printemps arabe une manipulation ?
De Naoufel Brahimi El Mili (ed Max Milo)


Heureuse surprise fin 2012. Le livre qu’on attendait depuis deux ans… qui nettoient la plupart des sornettes sur la spontanéité des soi-disant « révolutions arabes » et explique comment la bourgeoisie américaine a pris immédiatement en marche le train de la révolte dès 2010 puis comment « … début 2011 la dramaturgie des Révolutions arabes (est) formidablement orchestrée par la chaîne qatarie Al-Jazeera ».
Dans les coulisses d'Al-Jazeera, commencent la fabrication d'une icône : Mohamed Bouazizi, et la création d'un mythe labélisé "printemps arabe". L'Occident relaye cette dynamique printanière. Le strory telling qatari fonctionne. Est diffusé à partir de Doha, en continue, le soap-opera, "plus belle, la révolution". A titre d'exemple, les héroïques insurgés libyens sont filmés en continu sans préciser toutefois qu'ils sont protégés par la puissance de feu de l'OTAN. Le registre émotionnel - la colère, l'indignation et la révolte - remplace tout contenu informatif. Il était une fois la télé-révolution. Al-Jazeera est l'instrument de tricotage d'une histoire sur mesure, d'où sont expurgées toute ingérence étrangère et toute visée économique. Le Qatar va être le bras armé de la remise en cause populaire des dictatures vieillissantes. Disposant d'énormes fonds, ce petit État entretient des relais au sein des mouvances islamistes modernistes supposées "modérées"….

MORCEAUX CHOISIS 

LA DRAMATURGIE EN TUNISIE 

« Il est nécessaire pour les ‘spin doctors’ qataris de faire croire aux masses arabes que le régime Ben Ali s’est effondré s’est effondré sous la pression des protestations populaires. L’intervention de militaires tunisiens, avalisée par les Américcains, ne doit à aucun prix être évoquée. Al-Jazeera prend un malin plaisir à pointer du doigt le soutien complice des Saoudiens qui accueillent chez eux le président tunisien déchu. L’occasion est trop belle pour Doha de ramener son voisin wahhabite au même plan que Kadhafi, grand supporter jusqu’au bout de Ben Ali. Une certitude, le divorce entre le commandement militaire tunisien et le Palais de Carthage a joué un rôle clé dans l’effondrement du régime ».

L’ECOLE DE LA REPRESSION 

(La répression plutôt que la fuite) : « Diplomate en Pologne de 1980 à 1984, Ben Ali en a conservé une profonde admiration pour le général Jaruzelski. Dans les analyses fort pertinentes qu’il livre dans son livre ‘L’an I des révolutions arabes’, Bernard Guetta confirme la vénération de Ben Ali pour le dernier général polonais : « Je me suis souvenu du couscous qu’il m’avait offert, en 1982, lorsqu’il était ambassadeur à Varsovie où j’étais correspondant du Monde. Le général Jaruzelski venait de proclamer « l’état de guerre ». Tous les cadres et dirigeants de Solidarité étaient en détention. Le téléphone était coupé. L’armée quadrillait les villes. La nuit était tombée sur la Pologne et, lorsque je lui avais expliqué que la violence ne parviendrait pas à normaliser ce pays, car le rejet du communisme était trop massif, il avait ri : « Voyons, m’avait-il dit, les Polonais n’ont pas d’armes. Ils devront se soumettre. Soyez réaliste : ils sont battus ». A titre anecdotique, Ben Ali, de Varsovie, fait un rapport à son ministère de tutelle sur Solidarnosc et Lech Walesa, en les décrivant comme des phénomènes éphémères et passagers ».

AL TAHRIR STORY

« Les journalistes vedettes d’Al-Jazeera se transforment en autant de Shahrazade ! Ce personnage central des contes des mille et une nuits, fille d’un grand vizir, raconte au Sultan une histoire dont la suite est reportée au lendemain. Il en est de même pour la chaîne qatarie qui tient en haleine ses cinquante millions de téléspectateurs par un feuilleton qui donne ses mythes fondateurs à la révolution (…) Invariablement Al-Jazeera construit le grand récit du soulèvement version populaire (…) Les Frères musulmans deviennent le moteur de la place Al-Tahrir. (…) A la tombée de la nuit, sur un des ponts menant à Al-Tahrir, des camions déchargent des milliers de morceaux de marbre brisé. Les hommes de main du régime déclenchent un caillassage massif, provoquant dix-huit morts. (…) De cette journée particulière apparaissent deux héros : l’imam (Al Qaradawi) et Al-Jazeera ».

BENGHAZI MON AMOUR
« L’imam sunnite tire le premier en promulguant sur Al-Jazeera une fatwa au ton sentencieux et déclamatoire : il faut tuer Kadhafi ».

LE LOGICIEL OTTOMAN
En réalité c’est plus tôt que je ne croyais que la manip est partie des USA (je ne la faisais partir que du fameux discours d’Obama) : « Dès le 4 février 2004, la déclaration de Deorges W. Bush devant le Congrès marque le virage de la diplomatie américaine à l’égard du monde arabe ».
« Ankara doit, à la fois peser sur le printemps arabe, prévenir ses explosions et veiller à ce que ses propres minorités ne tirent pas profit de cette vague de révoltes pour revendiquer, à leur tour, leurs spécificités ethniques et religieuses. C’est l’Orient compliqué ».

APRES LA GUERRE LES AFFAIRES
« D’énormes enjeux commerciaux attendent une Libye débarrassée de Kadhafi, ce dictateur ingrat qui signe des accords colossaux avec la France, mais vite oubliés. (…) La ville de Tripoli libérée, une course aux airs de chasse au trésor, commence entre la Turquie et la France… »

LE GAZ face cachée du printemps arabe
DU PETROLE DES FUSILS ET DES URNES
TOUS UNIS CONTRE BACHAR AL-ASSAD
Appétits financiers de l’armée...

UN ACCORD SECRET AVEC LES FRANGINS
« Les Frères musulmans ont su admirablement récupérer les martyres  de la place Al-Tahrir. Alors que, dès que sur  cette place, la contestation avait pris de l’ampleur, les dirigeants des Frères ont négocié un accord secret avec les proches de Hosni Moubarak pour tout faire afin que ce soulèvement échoue, en échange de la libération des responsables islamiques détenus dans les prisons du Raïs ».

RYAD AU CŒUR DU PRINTEMPS SYRIEN
« … bien que tardive, l’implication de Ryad dans le dossier syrien est totale. Les Saoudiens oeuvrent moins à la démocratisation du pouvoir à Damas qu’à l’éradication du régime alaouite, allié de l’Iran et du Hezbollah libanais ».

CITATION ECLAIRANTE DE BOUTEFLIKA
Il faut rappeler le commentaire de Bouteflika, alors élu président pour la première fois en 1999, sur les événements d’octobre 1988 : « en 1988, on a donné la démocratie aux gens alors qu’ils avaient manifesté pour le lait et la semoule », il ajoute : « On a traité les problèmes économiques et sociaux par la thérapie miraculeuse et salvatrice des abstractions, pompeusement appelées « pluralisme », c'est-à-dire effritement de la société, et « démocratie », c'est-à-dire tapage et bavardage ».

LES ISLAMISTES C’EST COMME LES RHUMATISMES
« Les élites tunisiennes sont prêtes à faire place à un courant islamiste, s’il est cautionné par les Etats-Unis et le Qatar. Béji Caid Essebsi confie parfois avec humour : « Les islamistes, c’est comme les rhumatismes en vieillissant, il faut apprendre à vivre avec ».
« Les islamistes prennent le pouvoir sans triomphalisme. Tranquilliser une population éduquée par le système Ben Ali à considérer les barbus comme le mal absolu, telle est la priorité d’Ennhada ».
« Le monde arabe ne vit pas une « movida » comme en Espagne… à la mort de Franco le 20 novembre 1975… ».

BONNE LECTURE. VOUS POUVEZ COMMANDER LE LIVRE RAPIDOS SUR PRICE OU AMAZONE avant qu’il ne soit épuisé.

POUR APPROFONDIR...

Les services secrets américains ont longtemps soutenu la confrérie, née en 1928 en Égypte.
Le fonds E 4320, conservé aux archives fédérales à Berne, concerne Saïd Ramadan, le gendre d'Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens. Poursuivi par le régime nassérien, réfugié en Suisse en 1959, Saïd Ramadan a créé le Centre islamique de Genève, le premier institut de ce genre en Europe. Il est par ailleurs l'un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale inspirée par les Saoudiens.
Une note confidentielle des services secrets suisses datant du 17 août 1966 évoque la "sympathie" de la BUPO, la police fédérale sur la protection de l'État, pour Saïd Ramadan. Elle ajoute : "Il est très certainement en excellents termes avec les Anglais et les Américains."
Un autre document, daté du 5 juillet 1967, se montre encore plus précis. Saïd Ramadan est présenté comme un "agent d'information des Anglais et des Américains. De plus, je crois savoir qu'il a rendu des services - sur le plan d'informations - à la BUPO." Toujours est-il qu'une réunion, présidée par le chef du service du Ministère public fédéral, du 3 juillet 1967, décide d'accorder un permis de séjour à Saïd Ramadan, alors que ce dernier aurait dû être expulsé le 31 janvier 1967. Les raisons de cette tolérance ? La possibilité "que les amis de Saïd Ramadan prennent le pouvoir dans les mois à venir dans l'un ou l'autre État aujourd'hui qualifié de progressiste ou socialiste".
Saïd Ramadan et le président américain
Ces documents déclassés vont dans le même sens que l'ouvrage publié en septembre dernier par le journaliste américain Ian Johnson, lauréat du prix Pulitzer, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident (*), on découvre que les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont utilisé les Tchétchènes, les Kazakhs, les Ouzbeks, les musulmans vivant en URSS contre les communistes athées. Les Américains ont ensuite pris le relais, soutenant les islamistes contre le bloc communiste et ses satellites. En juillet 1953, une délégation de musulmans est invitée aux États-Unis, et reçue à la Maison-Blanche, parmi eux Saïd Ramadan.
Le 28 octobre dernier, dans un article intitulé "Le rôle mobilisateur de Saïd Ramadan", le site francophone Oumma.com montre la photo du président Dwight Eisenhower entouré des membres de la délégation. Saïd Ramadan est à sa droite. Le président américain estime que, dans ses relations avec les dirigeants arabes, "notre foi en Dieu devrait nous donner un objectif commun : la lutte contre le communisme et son athéisme", relève Ian Johnson. Quelques années plus tard, Saïd Ramadan, réfugié en Europe, traite avec Bob Dreher, un agent de la CIA installé à Munich.
Une thèse sur la charia
Saïd Ramadan vient d'obtenir en 1959 un doctorat en droit de l'université de Cologne pour sa thèse La charia, le droit islamique, son envergure et son équité. Il brûle d'envie d'étendre son influence à l'Europe entière. "Installé à Genève, il considérait Munich, à une journée de route de son domicile, comme l'endroit idéal où établir une sorte de base avancée", lit-on dans Une mosquée à Munich. La CIA finançait-elle directement Saïd Ramadan et les Frères musulmans en Europe ?
Ian Johnson reste prudent, dans la mesure où une partie des archives de l'agence de renseignements ne peut être consultée. "Tout indique que Dreher et l'Amcomlib eurent recours aux moyens financiers et politiques à leur disposition pour donner un coup de pouce au principal représentant des Frères musulmans en Europe", écrit-il. L'Amcomlib, ou American Committee for Liberation from Bolshevism, était un faux nez des services américains.
Il roulait en Cadillac
René Naba, ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l'AFP, penche davantage pour une sous-traitance par la Jordanie et l'Arabie saoudite. Pour preuve, Saïd Ramadan, de nationalité égyptienne, voyageait à cette époque avec un passeport diplomatique jordanien. Apparemment, le gendre d'Hassan el-Banna ne manquait pas de subsides, Une mosquée à Munich raconte ainsi qu'il roulait en Cadillac...
Décédé en 1995 à Genève, Saïd Ramadan est notamment le père de l'islamologue Tariq Ramadan, et de Hani Ramadan, qui lui a succédé à la tête du Centre islamique de Genève. Interrogé sur les liens éventuels de son père avec les services secrets américains et européens, ce dernier n'a pas souhaité nous répondre.
(*) Ian Johnson, Une mosquée à Munich. Les nazis, la CIA et la montée des Frères musulmans en Occident, JC Lattès
Ian Hamel  
Lu sur le Point.fr
2/10/2012, 13:39 Par Giuliettalasubversive
«L’impérialisme et le colonialisme ont fourni armes et argent aux Frères Musulmans. Lors d’un de mes entretiens avec le dirigeant de la confrérie, l’homme à barbe m’a déclaré que le socialisme est contre la religion. …
Réponse de Nasser: Mais la religion prescrit elle que le pouvoir soit détenu exclusivement par une seule famille , que cette famille dispose de toutes les ressources du pays et de réduire l’ensemble de la population au statut d’esclaves?
Un des aspects de la question, notamment la collaboration avec les Etats-Unis et l’Arabie saoudite a été traité dans «Les Révolutions arabes et la malédiction de Camp David» René Naba, Editions Bachari Mai 2011 (1).


Dieu a bon dos... Et sans l'islam politique,  vendu  après les révolutions, comme le meilleur des mondes, et comme une identité obligatoire,    pour les pays liés à la religion musulmane.
Comme alibi suprême  pour ne pas séparer la religion du pouvoir... et continuer à  commander les  peuples par les  dictats et des fatwas en direct des Emirats et" des rois"..  grands amis des anglos-saxons.

Les pauvres, les seuls pour qui l'argent est un péché.. n'iraient plus  déposer de l'argent dans les banques des Émirats...chapeautées par les banques anglos saxonnes..
La finance est concentrée entre les mêmes mains, chacun son    terrain de chasse ...et sa part du gâteau...Les révolutions et la victoire des islamistes fais grossir la part de gâteau de 40%...
Alors que 25% de la population mondiale est de confession musulmane, certains estiment que 40 % à 50% de leur épargne sera gérée par la finance islamique d'ici 8 à 10 ans, contre 10 % vers 200715.
Les principales banques islamiques dans le monde sont, par ordre de taille décroissante d'encours en 200615 : Al Rajhi Bank (Arabie saoudite), la Kuwait Finance House (Koweït), la Dubai Islamic Bank (Dubaï, Émirats arabes unis), l'Abu Dhabi Islamic Bank (Abou Dabi, Émirats arabes unis), et la Bank Al Jazira (Arabie saoudite). En Algérie, Al Baraka Bank est une banque islamique. Meezan Bank est une des banques islamiques du Pakistan. En Tunisie, Banque Zitouna est une ébauche de banque islamique



Son capital de départ s’élève à 14 millions de livres (20,8 millions d’euros). Il a été souscrit par des investisseurs du Proche-Orient (Abu Dhabi, Qatar, Barheïn et Arabie Saoudite) et par un groupe de millionnaires anglais. A sa tête : Abdul Rahman Abdul Malik, ancien directeur de la Banque islamique d’Abu Dhabi. Son directeur du management : Michael Hanlon, ancien directeur regional de la banque de détail au sein de Barclays.
 Banque Populaire et Qatar Islamic Bank s’unissent pour la Finance Islamique en France
Le développement de la coopération entre les secteurs public et privé dans le domaine de la finance islamique a été au centre d'une rencontre tenue, vendredi 21 septembre 2012, à Tunis, entre le ministre des Finances par intérim Slim Besbès et les représentants de la Banque française BNP Paribas.
L’arrivée des islamistes au pouvoir attire les fonds d’investissement spécialisés en finance islamique au Maroc. Un projet de banque et de société d’assurance conformes aux préceptes de l’Islam, ont été proposés samedi au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane par un fonds d’investissement qatari.
Le Groupe Qatar National Bank (QNB), l'une des plus grandes institutions financières au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a signé un accord pour prendre une participation majoritaire dans l’Union Marocaine des Banques (UMB) qui est sous administration provisoire depuis 1967.


Libye : Qatar National Bank prend 49% de Bank of Commerce and Development
La banque libyenne Bank of Commerce and Development (BCD) a accepté de céder 49% de son capital à Qatar National Bank contrôlée à 50% par le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Le montant de la transaction n’a pas été communiqué.
« Non seulement les États-Unis ont livré à Kadhafi ses ennemis sur un plateau, mais il semble que la CIA avait d’abord torturé bon nombre d’entre eux», a déclaré Laura Pitter, conseillère pour les questions d’antiterrorisme à Human Rights Watch et auteur du rapport. «L’étendue des violations des droits humains commises par l’administration Bush apparaît bien plus grande que précédemment admis et cela illustre combien il importe d’ouvrir une enquête complète sur ce qui s’est réellement passé.»
Le rapport est également fondé sur des documents – dont certains sont rendus publics pour la première fois – que Human Rights Watch a découverts abandonnés, le 3 septembre 2011, dans les bureaux de l’ancien chef des services libyens de renseignement, Musa Kusa, après la prise de Tripoli par les forces rebelles.
Les entretiens et les documents permettent d’établir qu’après les attentats commis sur leur sol le 11 septembre 2011, les États-Unis, avec l’aide du Royaume-Uni et de pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, ont arrêté et détenu sans chef d’accusation un certain nombre de membres du GICL vivant hors de Libye et les ont ensuite livrés au gouvernement libyen.
Le rapport décrit aussi les mauvais traitements subis, selon eux, par cinq des anciens membres du GICL dans deux centres de détention en Afghanistan gérés par les États-Unis, selon toute probabilité par la CIA. Cela inclut de nouvelles accusations de simulacre de noyade et d’autres actes de torture par l’eau. Les détails cadrent avec les rares autres témoignages directs disponibles sur les pratiques observées dans ces installations gérées par les États-Unis.
Ces anciens détenus ont également raconté avoir été parfois enchaînés à un mur entièrement nus – ou avec juste une couche-culotte – dans des cellules obscures et sans fenêtre, pendant des semaines ou des mois; maintenus dans des positions douloureuses et stressantes pendant de longues périodes, entassés de force dans des espaces réduits; battus et projetés violemment contre des murs; empêchés de sortir pendant près de cinq mois sans pouvoir se laver; et privés de sommeil par la diffusion continuelle de musique occidentale à plein volume.
« J’ai subi des interrogatoires sévères pendant trois mois lors de la première période et chaque jour, ils me soumettaient à un type différent de torture. Parfois ils utilisaient de l’eau, parfois non.… Parfois ils me déshabillaient entièrement, parfois ils me laissaient mes vêtements», a déclaré Khalid al-Sharif, qui a affirmé avoir été détenu pendant deux ans en Afghanistan dans deux centres de détention contrôlés par les États-Unis et dont on présume qu’ils étaient gérés par la CIA. Khalid Al-Sharif commande désormais la Garde nationale libyenne. L’une de ses responsabilités est d’assurer la sécurité des lieux où sont incarcérés les détenus libyens importants.
Les témoignages des détenus libyens figurant dans le rapport de Human Rights Watch étaient pour l’essentiel restés inconnus car la plupart de ceux qui ont été extradés en Libye sont restés emprisonnés jusqu’à l’année dernière, avant que la révolte populaire libyenne ne conduise à leur libération. D’autre part, le gouvernement américain a toujours été réticent à rendre publics des détails concernant les centres de détention secrets de la CIA. Les témoignages d’anciens détenus, les documents de la CIA découverts en Libye et certains mémorandums du gouvernement américain retirés de la liste des documents classés « secrets », viennent ainsi éclairer d’un jour nouveau les pratiques de l’administration Bush en matière de détention, mais aussi illustrer le fait que de grandes quantités d’information demeurent secrètes.
Malgré l’existence d’éléments de preuves convaincants que des sévices nombreux et systématiques étaient infligés aux suspects détenus par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis n’ont toujours pas fait rendre de comptes au moindre haut responsable. Seuls quelques militaires de rang subalterne ont été punis.
Le 30 août 2012, le ministre de la Justice américain, Eric Holder, a annoncé que la seule enquête criminelle entreprise par le Département de la Justice sur les allégations de mauvais traitements infligés à des personnes détenues par la CIA, dirigée par le procureur spécial John Durham, allait se conclure sans que quiconque soit inculpé de crimes. Eric Holder avait déjà réduit le champ d’investigation du procureur Durham le 30 juin 2011, le limitant à seulement deux cas d’individus dont on présume qu’ils avaient été détenus par la CIA, alors qu’à l’origine l’enquête devait porter sur le sort réservé à 101 personnes.
Dans ces deux cas, les détenus sont décédés, l’un en Afghanistan, l’autre en Irak. L’enquête a également été limitée en ce qu’elle n’a examiné que les abus excédant ce que l’administration Bush avait autorisé. Ainsi, elle ne pouvait couvrir des actes de torture, tels que les simulacres de noyade, ou d’autres mauvais traitements que les avocats de l’administration Bush avaient approuvés, même si ces actes constituaient des violations de la loi américaine et du droit international.
« Les récits des Libyens détenus par les États-Unis, puis extradés vers la Libye, établissent clairement que la politique consistant à infliger des mauvais traitements aux détenus, y compris certains sévices non spécifiquement autorisés par des responsables de l’administration Bush, était d’une portée considérable»,a ajouté Laura Pitter. « Le fait que l’enquête du procureur Durham va s’achever sans qu’aucune inculpation ne soit prononcée, revient à signaler au monde que les mauvais traitements, tels que ceux qui ont été infligés aux détenus libyens, continueront à être tolérés.»
La Commission du renseignement du Sénat américain (Senate Select Committee on Intelligence, SSCI) a effectué pendant trois ans des recherches sur les pratiques de la CIA en matière de détention et d’interrogatoire et aurait produit un rapport. Human Rights Watch a appelé cette commission à rendre public son rapport sans tarder et en l’amendant le moins possible, et à recommander qu’une commission indépendante et non partisane effectue une enquête sur tous les aspects de la politique des États-Unis en matière de traitement des détenus.
« Le gouvernement américain continue d’exiger, à juste titre, que des pays comme la Libye, la Syrie ou Bahreïn fassent rendre des comptes aux responsables accusés d’avoir commis de graves violations des droits humains, dont des actes de torture»,a relevé Laura Pitter. « Ces appels auraient beaucoup plus d’impact si le gouvernement ne protégeait pas en même temps contre toute forme de poursuite d’anciens responsables américains qui ont autorisé des actes de torture.»
Depuis la chute du régime Kadhafi, des diplomates et des parlementaires américains ont rencontré certains des anciens prisonniers de la CIA qui sont actuellement en Libye, et les États-Unis ont soutenu les efforts du gouvernement et de la société civile libyens pour surmonter le lourd héritage que représente le passé autoritaire de leur pays. Human Rights Watch a exhorté le gouvernement américain à reconnaître le rôle qu’il a lui-même joué dans les sévices subis par les détenus et dans l’aide apportée à Kadhafi pour s’emparer de ses opposants en exil, à fournir réparation aux victimes et à poursuivre en justice les responsables des tortures qu’elles auraient subies lors de leur détention par les États-Unis.
L’un des cas déjà connus du public au sujet desquels Human Rights Watch a découvert des informations nouvelles est celui d’Ibn al-Sheikh al-Libi. L’administration Bush a fondé en partie sa justification de l’invasion de l’Irak en 2003 sur des déclarations faites par al-Libi alors qu’il était soumis à des sévices et des mauvais traitements aux mains de la CIA. La CIA a reconnu que ces déclarations n’étaient pas crédibles. Plusieurs années plus tard, les États-Unis ont effectué le transfèrement extrajudiciaire d’al-Libi en Libye, où il est mort en prison en mai 2009. Des témoignages de codétenus d’al-Libi en Afghanistan et en Libye, des informations fournies par sa famille et des photos visionnées par Human Rights Watch, apparemment prises le jour de sa mort, fournissent un éclairage sur le traitement qu’il a subi et sur sa mort, que les autorités libyennes ont enregistrée comme un suicide.
De nombreux documents découverts par Human Rights Watch en Libye font aussi apparaître un haut niveau de coopération entre le gouvernement de Kadhafi en Libye et les États-Unis et le Royaume-Uni dans le programme de transfèrements extrajudiciaires décrit dans le rapport.
Les États-Unis ont joué le rôle principal dans les transfèrements extrajudiciaires vers la Libye. Toutefois d’autres pays, notamment le Royaume-Uni, étaient également impliqués, même si leurs gouvernements savaient et reconnaissaient que la torture était monnaie courante sous le régime de Kadhafi. Parmi les pays cités dans les témoignages concernant ces transfèrements extrajudiciaires, se trouvent l’Afghanistan, le Tchad, la Chine et Hong Kong, la Malaisie, le Mali, la Mauritanie, le Marocles Pays-Bas, le Pakistan, le Soudan, la Thaïlande et le Royaume-Uni. Certaines des victimes interrogées pour la rédaction du rapport ont affirmé que des personnels de certains de ces pays – et d’autres pays dont la France - leur avaient également fait subir des sévices avant de les transférer vers la Libye.
Le droit international, qui a force contraignante pour les États-Unis et les autres pays, interdit la torture et les autres mauvais traitements en toutes circonstances, ainsi que le transfèrement extrajudiciaire de personnes vers des pays où elles courraient un risque sérieux de torture ou de persécution.
« L’implication de nombreux pays dans les violations des droits humains des ennemis de Kadhafi indique que les ramifications du programme de détention et d’interrogatoire des États-Unis allaient bien plus loin qu’on ne le croyait auparavant»,a conclu Laura Pitter. « Les gouvernements des États-Unis et des autres pays qui ont prêté assistance aux mauvais traitements de ces détenus devraient rendre compte pleinement de leurs rôles respectifs. »
Vous pouvez télécharger le rapport complet (en anglais) ici.
Mais que veut le Qatar ?
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/international/mais-que-veut-le-qatar-37433




Après la disparition du Califat en 1924, la conquête du pouvoir en 1932 et l'exploitation des gisements pétrolifères d'Arabie à partir de mars 1938, la famille des Saoud et le wahhabisme prennent leur essor suite au pacte « pétrole contre protection » qui est conclu sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945 entre le roi Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al Saoud et le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt3. Ce pacte permet la protection militaire du régime wahhabite des saouds par les Etats Unis en échange du pétrole. Ainsi, le wahhabisme se développe avec l'apport des pétrodollars et la protection militaire des États-Unis. Ce mouvement se propage alors à l’extérieur du royaume via les médias (télévision, ouvrages, radio cassettes et sites internet)4.


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