PAGES PROLETARIENNES

mardi 10 septembre 2013

A LA RETRAITE LES ARISTOS SYNDICAUX !



GRAND PLOUF POUR LES PIGNOUFS SYNDICONS RETRAITés

 Ils avaient joué les marioles les Le Paon et Cie, prenant les prolétaires pour des caves sans mémoire, ou des abrutis trop bêtes pour lire la pauvreté de leur argumentation servile de leurs maîtres au pouvoir.
Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, a justifié mardi 10 septembre la journée d'action sur les retraites de ce 10 septembre  par la nécessité d'"améliorer" (sic) la réforme du gouvernement, assurant que "la mobilisation allait surprendre" (Oh Oh). "La mobilisation va vous surprendre", a lancé Thierry Lepaon sur France Info, en rappelant que la journée de manifestations et de grèves portait aussi sur les salaires (poil aux verres !). (sur la photo vieil acteur retraité roulé par une jeune syndicaliste arriviste)
"L'objectif est de rassembler, d'informer, de dire aux salariés qu'il y a besoin d'une irruption de leur part sur le terrain social", avait-il éructé Sur les retraites, il faut "améliorer les réponses de ce gouvernement"’Ah Ah Oh Oh), qui ne sont "pas bonnes"(pouèt pouèt), selon Thierry Lepaon. « Cette réforme "constitue un progrès" notamment sur la pénibilité et la prise en compte des années d'étude mais nous voulons "améliorer le projet de loi" qui sera présenté le 18 septembre en conseil des ministres et examiné à partir du 7 octobre au Parlement, a nuancé le numéro un de la CGT. De son côté, le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly a admis qu'il n'y aurait pas de "déferlante" (ouah la lucidité) dans la rue contre le projet de réforme des retraites. "Ça bouillonne" (bof) et "près de 200 manifestations sont prévues" (composées de vieilles ganache retraitées privilégiés), a-t-il dit sur France Inter, mais la mobilisation ne devrait pas conduire à une "déferlante". Ah Bon ! Celui-là penserait-il que les prolétaires floués de 1010 auraient de la mémoire ? Et au terme de cette « journée de parade de l’armada et du personnel limité des bonzes bronzés »… rien, il ne s’est rien passé, même les ballons gauchistes suivistes et anarchistes bêlants étaient dégonflés.
En tout cas, il est toujours bon de la rafraichir la mémoire tiens en te livrant cher lecteur ces extraits de mon livre « L’aristocratie syndicale »… à l’œuvre en 2010.
« Qu’est-ce que les aristocrates syndicaux ont pu suer à freiner pourtant dès septembre, tant cela poussait derrière. Et modérer mois après mois en arguant de leur civilité républicaine ! Personne n’en doutait : ils trahissaient depuis le début ! On disputait tout au plus de la date où ils se diviseraient ! Mais les religieux du syndicalisme veulent toujours croire à la rédemption de Saint Pouget et Saint Pelloutier lorsqu’ils sont en lévitation, pardon en manifestation. L’article le plus lu sur mon blog jusqu’au milieu du mois d’octobre fût « Prière de ne pas déranger la trahison en cours » (daté au 27 septembre) qui était une revue de presse de ce qui filtrait pour calmer le jeu en donnant le beau rôle aux aristocrates syndicaux:
« Au mois de mai dernier, un journaliste de la chaîne idéologique du Sénat, E.Kessler définissait la journée d’action sur les retraites du mois en question comme une « mobilisation en trompe l’œil » : « Non. Cette journée pourrait au bout du compte se résumer à un jeu de rôle assez classique. Depuis le début, le gouvernement a compris qu’il ne peut absolument pas compter sur un quelconque soutien syndical sur ce dossier. La CFDT a payé trop cher son acquiescement à la réforme Fillon de 2003, par une hémorragie des adhérents - 10% sont partis - pour qu’aucun syndicat ne se risque au compromis. La concertation – pas la négociation - organisée depuis des semaines vise à les ménager, mais en réalité, l’Elysée vise surtout à gagner la bataille de l’opinion. D’où une communication par petits pas successifs. Pour aboutir à ce qui était depuis le début l’hypothèse la plus probable : la fin de la retraite à 60 ans. Elle est acquise, quelle que soit la mobilisation d’aujourd’hui. Simplement, en l’annonçant avent les manifs, le gouvernement pourra, en fonction de leur ampleur, moduler son impact social en jouant sur différents amortisseurs : le rythme des changements, la prise en compte des métiers pénibles, des carrières longues, etc. ». Finaud, le journaliste expliquait comment le gouvernement avait acheté la paix sociale par la corruption d’une frange aristocratique: « Dès à présent, le gouvernement annonce que les régimes spéciaux – agents SNCF, RATP ou EDF notamment – ne seront pas concernés par la réforme. Pour quelle raison ? Concession révélée 24 heures avant cette journée d’action. Au mieux, leur système de retraite sera concerné à partir de 2018. C’est évidemment une annonce tactique pour essayer de contenir tout mouvement chez les cheminots ou les conducteurs de métro, eux qui donnent le plus de visibilité aux grèves. Au risque de brouiller le message d’une réforme qui veut affirmer un principe d’équité. Cela s’appelle acheter la paix sociale…».
Un achat de la paix sociale ambigu qui ne déshonore pas cette majorité de manifestants qui défilaient en solidarité avec tous prolétaires contre la rallonge gouvernementale, mais dont la conservation (toute provisoire) de statuts particuliers était utilisée par les journalistes gouvernementaux pour décourager les autres – ceux du privé et les chômeurs – de se joindre aux cortèges et de plus derrière les faux amis syndicaux !
Le commentaire de Pawel de Révolution Internationale en juin 2010 croyait résumer toute la vérité d’un petit groupe qui est resté invisible tout le long des dix mois et n’a pratiquement pas écrit d’articles sur le déroulement des enterrements syndicaux : « Le gouvernement et les syndicats ont travaillé ensemble contre la classe ouvrière ». Mais les syndicats sont-ils donc les seuls et uniques responsables de cette corrida qui a duré si longtemps et si vainement, comme les gouvernants l’avaient présumé dès janvier 2010?
Etrange lame de fond, si amorphe au début de l’année, qui sembla avoir trouvé du tonus en septembre, à la surprise des journalistes et des spécialistes révolutionnaires, qui grognait, tapait du pied sans vraiment chercher à argumenter. Argumenter quoi ? Contre ou avec qui ? Le gouvernement qui veut toujours faire payer la crise aux multitudes prolétaires ? Aux partis bourgeois qui disent représenter les « salariés » qui « souffrent » ? Aux micro-partis gauchistes qui ont pour tout programme alternatif au « nain Sarkozy » : la grève générale ?
Que s’est-il passé pendant ces dix mois dans les AG, dans les discussions entre grévistes ? Nul ne le sait. On ne nous rendit compte que d’actions de blocages de ci de là. On nous livra profusion de petites phrases des aristocrates de plateaux de télévision. Nous n’étions que de vulgaires spectateurs suspendus au suspense d’un éventuel nouvel appel à une autre « JA » puisque la précédente avait été « fournie », « épatante » surtout en province. On allait « gagner », « mettre Sarko KO » ! Henri Simon dans sa feuille de chou analyse en octobre avec pertinence les méthodes des « chiens de garde du prolétariat » : « Il y a en France une sorte de culte ou de routine de la manifestation. C’est une arme aux mains des syndicats car ils sont pratiquement les seuls à pouvoir en organiser de significatives à l’échelle de la France. Gouvernement et confédérations syndicales s’affrontent sur le nombre des manifestants, ce qui serait une sorte de thermomètre de la tension sociale et donnerait plus de poids aux dirigeants syndicaux dans leur dialogue avec le pouvoir. Mais il ne faut pas se faire d’illusion sur ce nombre. En général, il se double d’une « journée d’action », ce qui ne signifie pas forcément une grève mais laisse latitude aux sections syndicales dans la protestation au niveau de l’entreprise (…) une usine de taille moyenne, par exemple de 1000 travailleurs, peut ainsi « mobiliser » une quarantaine de « représentants syndicaux », tous syndicats confondus ». S’y ajoutent éventuellement quelques fidèles auxquels les horaires en équipes ou les ajustements de la loi sur les 35 heures permettent d’aller manifester ainsi sans perte de salaire, au point que les détracteurs ont pu parler de « grèves RTT ». La manifestation est un substitut à la grève, uniquement à caractère politique, sans affirmation sociale en termes de lutte de classe »([1]).
Henri Simon estime que la participation plus importante que prévue par les aristocraties syndicales manifesta « un mouvement plus ample de mécontentement social », « qui ne pouvait s’exprimer en raison des particularismes divers ». Très bien vu, tout le monde savait que les régimes spéciaux étaient encore maintenus et que le privé et les chômeurs étaient massivement absents, saufs les puristes rêveurs maximalistes ou les braillards grève-généralistes. Mais Simon ignore le plus important qui explique ce tortillard mou et inoffensif : l’apolitisme qui règne depuis des années, et en particulier depuis l’élection de Sarkozy à la présidence. La vie politique est « pipolisée », elle n’est plus que foire d’empoigne entre individus. Aucun parti politique bourgeois, réformiste, calotin, écologique, révolutionnaire, gauchiste, syndicaliste pour proposer un programme alternatif à l’éventuel renversement du gouvernement en place ! Après mai 68 on disait avec humour « sous les pavés la plage ». Fin 2010 sous la fable anarchiste grève générale, l’apolitisme !

Paradoxalement, la réflexion des prolétaires plus réfléchis et dubitatifs face au carnaval syndical, apparaissait sur les forums d’Internet où l’on pouvait discuter contrairement aux manifestations où obligation est faite de « marcher » puis de « se disperser ». J’en fis plusieurs fois une synthèse sur mon blog. En septembre, beaucoup ne se faisaient aucune illusion : « Entièrement d'accord gros foutage de gueule des syndicats, en tout cas des 2 "majoritaires" qui j'espère vont devenir tout pitipiti à force d'arrangements et de concessions au medef et consorts. On n'arrivera à rien si on ne continue pas à mettre la pression. Y'a plus qu'à faire des manifs sauvages tout seuls toutes les semaines ». Cette autre agréait sur la trahison perpétuelle: « Bonne question!! Malheureusement je suis convaincue que les dirigeants syndicaux ne sont plus du tout au service ni à l'écoute de la rue. Bien au contraire!!! Ils ont passé des accords que nous ignorons (plus personnels que politique) et ne servent qu'à endiguer notre colère. Subtilement, en prétextant ceci ou cela, ils éteignent la flamme à chaque fois ». Les syndicats ne préparent que les défaites selon celui-ci : « C'est quand-même flagrant quand on voit que les seuls conflits réussis pour les ouvriers se passent toujours sans eux..!! Tant qu'on restera sous la coupe des vedettes syndicales qui ont chauffeur et tout ce qui suit, je pense que Sarkozy n'aura aucun souci à se faire ».

D’une façon générale il n’est apparu, depuis la mi-janvier (2010), date où Fillon avait posé sur la table le projet de réforme des retraites, AUCUNE CRITIQUE DES SYNDICATS, excepté sur mon blog et le site du CCI, rien sur les sites gauchistes bien sûr, rien sur Rue 89 ni sur Agora, ni sur LE POST ni sur Médiapart. Dans les commentaires glanés de ci de là, j’avais trouvé «Hêtre », le 21 septembre, qui récidivait sur Médiapart fin octobre : «Que syndicats et partis de gauche soient prêts à trahir, une fois encore, les gens qui leur auront, pour d'obscures raisons, fait confiance, voilà qui ne fait guère de doute. Combien de milliers de gens dans les rues pour, dans le meilleur des cas, une toute petite chose, une négociation, qui verra les riches, à travers l'Etat qu'ils ont acheté, octroyer quelques miettes à leurs pauvres? ». La tristesse est le lot de la vieillesse, et la retraite repoussée… un naufrage. (…)
Avec la fumisterie de l'action syndicale moderne et sa cogestion de la misère sociale, Proudhon aurait à présent plutôt raison, le cadre syndical ne favorise plus une conscience de classe qui s’est répandue comme telle à toute la société indépendamment des différentes formes d’organisations existantes. En tout cas, Proudhon serait rejoint par Marx. Ce dernier fut longtemps favorable aux grèves et aux syndicats comme constituants de l’expérience prolétarienne, tout en disant qu’il ne faut pas se mettre à genoux derrière la théorie de l’organisation pour marchander le salaire. En septembre 1850, au sein de la Ligue des Communistes, Marx vitupérait la conception idéaliste - « la simple volonté comme moteur de la révolution » - et il enjoignait aux ouvriers « de se transformer eux-mêmes » et « pour se rendre aptes au pouvoir politique ». Marx s’indignait qu’on encourage le « caractère primitif » du prolétariat allemand, qu’on flatte « outrageusement le sentiment national et les préjugés corporatifs », ce qui rend «populaire». Hélas : « De même que les démocrates font du mot «peuple » une entité sacro-sainte, vous sanctifiez le mot «prolétariat ». Si on est révolutionnaire, on n’est pas là pour flatter le prolétariat (ou une de ses parties) quoiqu’il fasse. Les révolutions mêlent toujours le politique et l’économique, mais c’est bien les questions politiques événementielles (guerre, répression, catastrophes, chômage de masse) qui sont décisives et favorisent ou pas l’unité de la classe ouvrière. La révolution est le point de rencontre entre la crise du capitalisme à son sommet (krach ou guerre) et la théorie révolutionnaire dont les masses s’emparent. Sur le fond, ce n’est pas vrai que la classe ouvrière aurait régressé comme « multitude salariée ». Il faut toujours se méfier du prolétariat qui dort. La classe ouvrière continue à s’abstenir massivement d’adhérer aux partis politiques et aux partis syndicaux. Elle n’a pas besoin  du mot d'ordre creux de "Grève Générale", abstrait, statique, du ready-made syndical "préparé d'avance" et qui serait capable de décréter un beau jour la révolution attendue depuis si longtemps.
La corruption du syndicalisme n’est pas avérée pourtant, même avec les quelques données collectées sur les financements troubles (cf. annexe). Qui peut se prétendre « spécialiste » de la question syndicale instrumentalisée par l’Etat ? Comme s’il y avait des « spécialistes » des partis politiques comme il existe des spécialistes de la cuisine à la vapeur? La question de se syndiquer ou pas, d’être membre ou pas d’un parti dépendrait-elle des indications d’un «expert » ? Il n’existe pas un syndicalisme « à la française » mais, partout, diverses formes d’adaptation de ce caméléon étatique modernisé.
Une étude du syndicalisme hexagonal ([2]), nous le décrit comme particulièrement pourri alors que dans les autres pays (Suède, Allemagne, etc.) il fonctionnerait sur la base de probes cotisations des prolétaires eux-mêmes. Cette étude aurait gagné à dénoncer non la seule corruption financière opaque des principaux syndicats français que surtout « l’abus de confiance » ou « abus de faiblesse » des espérances des exploités. Nos intellectuels d’édition n’ont jamais eu faim ni fait grève. Plusieurs commentateurs, comme M. Noblecourt, dans le journal Le Monde, en octobre 2009, avaient frémi en y décelant une thèse « séduisante» bien qu’avec une plume trempée au vinaigre car les « syndicats sont payés par le patronat » mais jamais décrit comme nécessaires au fonctionnement des Etats modernes. Déclin du syndicat ? Parler de déclin du syndicalisme concorderait avec des organisations autrefois vraiment nobles du point de vue ouvrier. Dès la Première Guerre mondiale, et à la vieille de la seconde, les syndicats étaient déjà des instruments nationaux de la bourgeoisie ([3]). Les auteurs de cette étude ne sont pas clairs d’emblée, en ignorant volontairement l’immense rejet des syndicats initié par mai 68 ([4]), tout comme en ignorant les multiples exemples de critiques virulentes des syndicats, y compris tout au long de l’année 2010 en France. Ils contribuent à la confusion en faisant équivaloir déclin des syndicats à déclin de la classe ouvrière, laquelle ne peut plus être confondue avec cette aristocratie d’Etat, notoirement depuis mai 1968.  Des révélations sur la « syndicratie » ou la farce de la « privatisation » syndicale il n’y en a point ([5]) ? Pas de réflexion non plus sur la fonction de l’aristocratie syndicale. Relevons une seule révélation intéressante mais hors de ce livre, par un de ses critiques M. N.Noblecourt dans le journal  Le Monde : « (Aucun chef syndical n’est sûr du nombre de ‘salariés’ qui vont obéir à un appel à cesser le travail) ce qui signifie que le réseau syndical ne fonctionne plus et que les représentants ont, pour la plupart perdu leur légitimité professionnelle ».
Les aristos à la retraite ou à la lanterne ?







[1] Cf. Dans le monde une classe en lutte, publication diffusée gratuitement, octobre 2010. Echanges et Mouvement, BP 241, 75866 Paris cedex 18. Internet : http://www.mondialisme.org. En 2008, la population active était estimée à 28 millions de personnes, or, au plus fort des JA les « défilés » étaient très inférieurs au 3 millions prétendus par les syndicats (province + Paris). Représentatifs de la classe ouvrière les « défilés » ? Même si les 3 millions reflétaient la désaprobation de « l’opinion ».
[2] « Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française » par D.Andolfatto et D.Labbé (ed Gallimard, sept 2009)



[3] C’est la tentative de révolution en pays développé, en Allemagne en 1918 et les années suivantes, qui révèle la compromission définitive des appareils syndicaux, malgré l’entretien de l’idée morte syndicale par les anarchistes arriérés (cf. mon ouvrage « En défense de la Gauche communiste et de la November révolution ».

[4] Excepté sous ce doux euphémisme vague et cabalistique de « la rupture de la fin des années 70 ».

[5] « Un bien collectif qui aurait dû profiter à tous » (p.56)

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