PAGES PROLETARIENNES

samedi 3 août 2013

Une nouvelle histoire "maquillée" de la « Résistance »



Olivier Wieviorka, Histoire de la Résistance,
1940-1945, Perrin, 2013.

« Allez vite. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’avoir une nouvelle Commune de Paris ». Général De Gaulle (23 août 1944)

Ce n’est pas tant d’une histoire de la Résistance nationale en France que nous avons besoin mais d’une réflexion sur sa signification, sa place dans les rapports de classes et sa dissolution morose à la Libération. Aucun livre ne remplace à ce jour celui de Madjarian[1] sur la problématique ambiguë de la Résistance. Il faut dire que les méthodes de ce combat « de l’ombre » sont très peu démocratiques et du même type que celles de n’importe quel groupe terroriste de nos jours. Une des leçons essentielles du « combat résistant » - que personne n’invoque – n’est pas banale : il n’est plus possible d’occuper militairement un grand pays sans que se développe une guerre interne de « dignité nationale » ; cela les impérialistes américains l’ont mieux compris que leurs homologues allemands ; l’occupation  américaine est indirecte, plus subtile, idéologiquement et économiquement : par exemple le cinéma américain conserve un accès privilégié et prioritaire sur le territoire français, sans parler des conditions des multinationales et de la contribution militaire obligatoire pour l’empire de l’Ouest. En Egypte, à l’autre bout, pas besoin de kakis US, l’armée nationale est directement rétribuée par Oncle Samuel ! Des contingents américains sont stationnés en permanence aux quatre coins du monde. Pour défendre la démocratie ? Certainement pas : voyez le Chili en 1973 et aujourd’hui l’Egypte où un gouvernement, choisi selon les rites artificieux dits démocratiques, a été viré par un simple coup d’Etat d’une armée totalement vassalisée par Washington. La comparaison de la Résistance française avec le terrorisme d’aujourd’hui s’arrêtera là. Elle ne peut pas servir de grille de lecture pour comprendre les clans terroristes bourgeois d’aujourd’hui. Il n’y a pas de commune mesure avec une situation de guerre mondiale où des hommes se battirent pour recouvrer une indépendance nationale interclassiste et de nos jours (guerre  mondiale larvaire)  la noria d’organismes terroristes de type salafistes ou pas qui recrutent des miséreux, des offensés et des exclus du système, non pour une juste cause (nationale ou sociale) mais toujours au service opaque d’un des impérialismes dominants. Les résistants étaient tout de même qualifiés de « terroristes » par les minables pétainistes comme par les « boches ». La bourgeoisie française d’hier et d’aujourd’hui pense la même chose, sans le crier sur les toits. C’est pourquoi la Résistance a été longtemps sulfureuse et ses tenants de magnifiques cocus de l’histoire.
Il faut le révéler ici, le succès - plus rétroactif que in vivo - de la Résistance a longtemps reposé sur le mythe de la « guerre révolutionnaire »[2], par son type d’action « armée », « clandestine », faire dérailler des trains,   « attentats contre les corps policés » et les « autorités constituées », exécution des pires salauds. Les sergents recruteurs de cette nouvelle « levée en masse » patriotique, gaullistes puis staliniens, ne se sont pas gênés pour relier ce (combat d’abord national avant d’être antifasciste) aux insurrections du 19e siècle. La plupart des trotskistes trahirent la classe ouvrière en reprenant cette argumentation inappropriée.
Petit coup de retro personnel. Dans les coulisses de mai 68, la question de la Résistance a agité bien des débats parmi nous, gauchistes et maximalistes : qu’aurais-tu fait camarade à l’époque, pétainiste ou résistant ? Le problème était dans la question. Lors d’une discussion avec les futurs fondateurs de « Communisme ou Civilisation » (futurs Robin Goodfellow) nous nous étions affrontés courtoisement. Je ne pouvais que me solidariser avec mon père fondateur d’un des maquis d’Auvergne, oui j’aurais été résistant, avais-je assuré. Nous non, m’avaient répliqué ces encore très jeunes camarades : « On aurait été sur la position de Lénine et Bilan : défaitisme révolutionnaire, propagande internationaliste, refus de participer à tous les camps bourgeois ». Evidemment, du point de vue de la doctrine marxiste version maximaliste je faisais pâle figure. J’ai toujours persisté à défendre l’action de mon père. Ancien déporté, jeune paysan prolétarisé à la banque de France à Clermont, lorsque son patron l’avait convoqué pour le renvoyer « pour la relève » en Allemagne il n’avait pas eu d’autre choix que de prendre le maquis. Dans les moments graves historiques, la bourgeoisie est capable de lier les mains des prolétaires en les jetant dans de faux choix, qui sont tous plus ou moins… mortels. D’une façon paradoxale, la bourgeoisie française, aidée par l’allemande, a réussi avec la vague d’adhésion (ou de fuite en avant) de 1943, à dépasser son échec de 1940 et à réussir un nouveau véritable engagement pour le front militaire, cornaqué cette fois-ci par les cadres essentiellement petits bourgeois de la Résistance et la valetaille stalinienne du Capital. Je m’étais mis à contester depuis peu la gloriole de mon père, non pas son évasion d’Allemagne ni ses faits d’armes, mais sa théorie de la « lutte pour la liberté ». J’étais particulièrement hérissé par le fait qu’il ait accepté pendant deux ans avant la libération d’obéir aux « ordres » des petits bourgeois dirigeants (toubibs et commerçants), des « ordres » qu’il ne discutait jamais et qu’il exécutait au péril de sa vie. Wieviorka ment quand il dit que la Résistance ne s’est pas souciée des juifs ; mon père et ses amis ont soustrait nombre d’entre eux en Auvergne à la Milice et aux soldats nazis. Mon résistant de père était au chômage à la libération, et vu comme un galeux. Le député socialiste du coin, qui n’avait pas trop résisté, n’a pas daigné lui trouver un travail, alors qu’en 1944 mon père était si connu qu’il aurait pu être élu maire de La Bourboule. Dois-je l’avouer je maintenais des réticences (paternellement génétique) à qualifier la résistance de bourgeoise. Et, vous ne me croirez pas, le coup d’estoc vint d’un groupe politique qui ne brille ni par la clarté politique ni par une cohérence révolutionnaire, Lutte Ouvrière. Sympathisant de ce machin à vingt ans, alors que j’attendais en vain que se reconstitue Pouvoir Ouvrier, je fus soumis à des saillies répétées par mes deux « contacts » Dumas et Petit. Paradoxalement, comme je les trouvais assez minables comparés aux militants qu’on nommait alors ultra-gauches, ma position ambiguë sur l’aspect moitié révolutionnaire de la résistance fût catapultée dans la tasse à café d’un bar du Chatelet : « comment, me dis-je, je me fais faire la leçon de déontologie marxiste par des merdeux de trotskars, qui sont plus en avance sur le sujet que moi, tout en étant des cons finis sur toutes les autres questions politiques… ». Ce jour-là j’ai avancé une case dans ma tête, qui n’a plus bougé, et on ne m’a plus entendu dire, même dans le Vercors ou au Mont Mouchet que la Résistance aurait pu préparer la révolution[3]. Mon père a été un soldat comme mes grands-pères, et je reste fier qu’il ait été ce soldat courageux et probe plutôt qu’un corrompu pétainiste ou un révolutionnaire marxiste en peau de lapin[4].

UNE FAMILLE HISTORIENNE INFEODEE A l’HISTOIRE SUR MESURE
Dans la famille d’historiens Wieviorka on ne sait compter que jusqu’à deux. Le chiffre 3, le prolétariat international ne fait pas partie de leurs calculs financiers littéraires. Il faut plaire au plus grand nombre, et surtout à une clientèle ciblée de « vieux lecteurs » (les jeunes ne lisent pas) constituée surtout de vieux socialos et de vieux staliniens. Le sujet de la résistance (sans R majuscule chez Olivier Wieviorka) reste encore trop brûlant pour qu’il en soit traité avec clarté et courage politique. L’auteur se livre donc à une saga de près de 550 pages assez superficielle et dont les révélations lyophilisées sont peu enthousiasmantes sur le rififi entre les divers clans maquisards. Wieviorka le spécialiste adoubé par ses lecteurs staliniens – tant il ménage le sordide parti chauvin[5] – s’est cru autorisé à trouver en fin de compte  un sens « citoyen » à la résistance nationaliste. Loin de constituer un ouvrage de référence pour enfin resituer la résistance nationale à sa vraie place, le travail d’académicien simplificateur de Wieviorka vient étaler une couche de mystification supplémentaire[6].
Des raisons de l’apparition de la Résistance, de son fonctionnement hiérarchisé et cloisonné, de son peu de succès initial puis de l’embrigadement forcé des prolétaires fin 1942, on ne saura rien.3
Après la défaite de la France il ne se produit rien. Ce n’est que peu à peu que, dans une situation d’occupation humiliante, les premiers actes de résistance viendront de militaires, comme le note De Gaulle dans son « Appel » ;  il dira même son étonnement à Londres que, après avoir fait appel aux français, il vit surtout arriver des cadres et politiques juifs. Wieviorka nous balade avec le concept de « société civile ». Il nous révèle en effet, pour les débuts de l’occupation, des actes assez massifs et méconnus de protestations pacifiques dans quelques grandes villes, mais se garde d’analyser l’étouffement de cette dynamique – surtout début 1943[7] - dès la mise en route du « virage terroriste » des abrutis du PCF. La société civile n’existe pas en France pendant la guerre, la grande bourgeoisie s’accommode de l’Occupant, et la classe ouvrière est tétanisée par la fin de ses illusions sur le Front populaire et surtout par le coup de poignard du pacte Hitler-Staline.
S’il développe sur les positions de droite maréchaliste de manitous de la résistance comme Frenay, Wieviorka n’approfondit pas sur les positions « communes » des diverses factions bourgeoises, à une exception intéressante et importante : les nationalisations, qui étaient dans le programme de Vichy et la plupart des clauses de « sécurité sociale » qui lui seront reprises après la Libération[8]. Il y a matière à indigner néo-staliniens, braves trotskiens et anars bêtas en révélant la base (consensuelle) du programme soft de la gauche bobo contemporaine, mais surtout matière à réfléchir sur les fonds baptismaux de tous ces faux ennemis politiques toujours d’accord finalement pour « conserver » le même système économique et social.
La résistance n’a pas les moyens d’un Etat major, même si elle est arrosée par l’argent conditionnel de l’impérialisme britannique. Ainsi, à l’hiver 1943 elle n’a pas les capacités d’encadrer les milliers de réfractaires qui fuient la réquisition pour la « Relève ». Toujours onctueux avec sa masse de vieux lecteurs staliniens des CCAS et des médiathèques gauche bobard, Wieviorka ne développe pas non plus sur l’intense travail de propagande nationaliste du PCF, mais préfère qualifier les fuyards du travail obligatoire chez les Boches de couards (« ils préfèrent se cacher dans des fermes… car la participation à la résistance présentait un réel danger » p.116). 

PEU LOQUACE SUR LE VIRAGE TERRORISTE DU PCF

Après juin 1941, le PCF de collabo vire terroriste avec l’acte fondateur de l’abruti Fabien au métro Barbès-Rochechouart. Wieviorka prend des gants et fait dire à d’autres l’abjection qu’il ressent face à cette nouvelle manipulation belliciste nationaliste du parti stalinien (il ne dit pas que l’action terroriste est surtout une arme anti-lutte de classe):
« … les chefs communistes visaient surtout un objectif de politique intérieure (sic !). En amenant les allemands à se livrer à une sanglante répression, ils espéraient gagner le soutien de l’opinion publique en dévoilant le véritable visage d’un occupant jusque là loué pour sa correction. En enclenchant un cycle attentats/représailles, ils espéraient accroître leur recrutement, ce que le communiste Georges Beaufils reconnaissait sans fard. « Eh bien ! vous trouvez que c’est ‘payant’ de faire fusiller cinq ou dix des vôtres contre la prise d’un revolver ou d’un mousqueton ? », protestait le colonel Rémy. « Oui, car à l’annonce que cinq ou dix des nôtres ont été fusillés, nous enregistrons cinquante ou cent adhésions nouvelles dans les FTP », rétorquait Beaufils. L’ambassadeur de l’Union soviétique à Londres, Alexandre Bogomolov, tint le même discours à Christian Pineau. « Cela secoue l’apathie des hésitants. Le peuple ne pardonne pas les exécutions d’innocents ».
Le PCF se garde au début de glorifier ses actes terroristes et les attribue à des règlements de compte entre « boches », sachant que nombre de « civils » trouvaient un peu lourd ce sacrifice d’innocents pour de vils calculs politicards. Les attentats individuels restent du domaine de la spécialité stalinienne qui s’en targuera électoralement à la Libération. Là aussi Wieviorka n’épilogue pas, évitant d’aboutir ainsi à des conclusions gênantes pour ce versant de la gauche… fasciste. 

PEU LOQUACE SUR LE FINANCEMENT DE LA RESISTANCE

Après avoir peu éclairci lui non plus l’épisode de Caluire (l’assassinat de ministre de De Gaulle, Jean Moulin)[9] – où à l’évidence il y a eu collusion d’intérêts entre mafiosos résistants pour faire éliminer le représentant du « gouvernement de Londres » - Wieviorka nous livre les comptes financiers de la Résistance. Une première à ma connaissance, et qui relativise les héroïsmes (et son putain de combat imaginaire « pour la citoyenneté). Avec des salaires versés sous condition on mesure l’idéalisme contraint et confus des engagés dans la résistance – la CGT est aussi financée par ce canal -… rétribués par l’impérialisme britannique. Des sommes énormes sont détournées ou même piquées par les allemands. Cette circulation et distribution de l’argent disqualifie la résistance comme action pseudo-révolutionnaire (au sens trotskien) comme elle qualifie ses tenants et principaux bénéficiaires comme simples entregents de factions bourgeoises (beaucoup feront une carrière politique parlementaire après-guerre). 

Dès 1943 LE GOUVERNEMENT DE LONDRES VISE A REDUIRE LA RESISTANCE

En prévision de la Libération. De Gaulle dit ouvertement craindre une nouvelle Commune de Paris si on laisse tant de civils en armes, non pas comme peuvent le supposer des naïfs (une « vraie » Commune révolutionnaire) mais une guerre civile menée par l’appareil stalinien. La bagarre à couteaux tirés qui se mènent entre généraux français à Alger donne une idée vaguement conflictuelle d’un conflit bien plus sanglant qui ne s’est pas limité au seul assassinat de l’amiral Darlan.
Les bourgeois Alliés américano-britannique ont toujours méprisé la résistance française la considérant comme un simple réseau d’espionnage[10] ; la bourgeoisie française avait conscience elle qu’il lui revenait de remettre cette résistance à sa place, c’est dire dans le néant, pour permettre aux patrons vichystes et à leurs amis de reprendre une « vie normale », j’allais dire une exploitation normale.
Sous la plume de Wieviorka, la libération de Paris est conforme aux pires films de propagande. C’est beau, pas trop sanglant (quelques centaines de morts et blessés,pff…). Rien n’est analysé sur les négociations avec les Alliés pour laisser au petit général Leclerc la gloriole de l’entrée par la Porte d’Orléans, ni n’est étudié la composition de la fameuse 2eDB : des tirailleurs algériens et africains et sur les tanks à l’avant on avait meublé avec des blancs pour masquer l’absence massive de français de souche quelques anarchistes espagnols ! Et blouser les « actualités » cinématographique qui ne filment pas nos « colonisés » qui sont en train de se faire massacrer par milliers à Sétif vers la même époque.
Dans le chapitre sociologique Wieviorka livre des données pertinentes confirmant que la résistance n’a embrigadé qu’une infime minorité de la classe ouvrière (dont une partie conséquente – 2 millions - de sa jeunesse était prisonnière chez les Teutons). La hiérarchie résistante était calquée sur la hiérarchie capitaliste (pourquoi en changer ?). Les « classes moyennes » en forment l’ossature (toubibs, profs, étudiants, commerçants, artisans)
Dernier chapitre : La victoire inachevée.
C’est encore assez stalinien d’ignorer volontairement tout le débat impulsé par les trotskistes et les minorités internationalistes maximalistes (il cite « la libération trahie » du stalinien Hervé mais pas l’excellent «  La libération confisquée » de Craipeau). Wieviorka délaye comme si le deal n’avait été que prise du pouvoir par une résistance fadasse et hétéroclite sans véritable programme et sa colonne vertébrale gaulliste, voire avec le PCF qui en fait se met tout de suite à plat ventre face à ses collègues bourgeois. La gauche a failli en 36-37 et a mené à la guerre et la droite a couché avec Pétain et les « boches », le gaullisme sera donc le ventriloque et nouveau déguisement bourgeois gagnant, mais, curieusement, Wieviorka ne semble pas mesurer l’importance électorale du PCF dans le charivari "nationaliste citoyen" et ne prend pas en compte le fait que De Gaulle baise les staliniens en imposant le droit vote, conservateur, aux femmes, lesquelles permettent le triomphe du clan gaulliste ! Sous couvert d'une prétendue objectivité il conserve les pires poncifs de la résistance nationaliste (= fusion des classes et unité des "français" dans la guerre) ne levant pas non plus la chape de plomb sur les actes de banditisme et de terrorisme contre les personnes du côté de la sinistre Milice pétainiste comme du côté des aventuriers de la résistance; sans oublier l'étrange neutralité de certains intellectuels comme Sartre, l'absence de conscience des artistes bourgeois, etc.; on le sait cette prétention à la synthèse historique se fait toujours sous l'égide de la "réconciliation citoyenne", et chauvine, quitte à étaler une superficialité navrante. Il reste beaucoup à découvrir, pour mieux comprendre, mais pour l'essentiel les histoires politiques de cette époque doivent rester "mystifiées", néo-gaullistes et néo-staliniennes; pour ce faire il faudra à des historiens révolutionnaires prendre d'assaut les archives d'Etat.
Le livre de Wieviorka n’est pas seulement inachevé par les questions auxquelles il n’a pas répondu, il représente l’indigence de pensée sociale et politique chez la plupart des académistes d’Etat, midinettes blanchies sous le harnais de l’édition grand public protégées de la contradiction de classe par un rempart de mensonges. Et d’oublis.


[1] Grégoire Madjarian, Conflits, pouvoirs et société à la Libération, Union générale d’édition (10/18), 1980, Il analyse très bien le mépris qui prévaut de la part de la bourgeoisie à la Libération avec son grand Charlot. Comme au moment de la fin de l’occupation de l’Algérie, le grand Charles se sert puis jette.
[2] Cf. Le film de propagande « La bataille du rail » a longtemps fait figure de référence d’une résistance courageuse, crédible et nationaliste unitaire. La bataille gréviste, elle, est restée longtemps enfouie et rejetée, comme O.W. le rappelle en p.56 ; les gueules noires grévistes du 62 en 1941n’obtiennent le titre de déportés-résistants qu’en 1962.
[3] Mon long séjour ensuite à Révolution Internationale a parachevé mon éducation maximaliste, nettoyant toutes les scories « résistancielles » et m’amenant à comprendre avec Rosa Luxemburg qu’il ne peut plus y avoir de guerre nationale révolutionnaire à l’époque présente du capitalisme. Ce qui ouvrit positivement ma réflexion sur la mystification historique de la « guerre révolutionnaire ».
[4] Il avait le grade de lieutenant dans le maquis auvergnat.
[5] S’il rappelle bien la position « collabo » du PCF jusqu’en juin 1941 (p.51) il s’efforce de blanchir l’appareil avec ses troupes… finalement à peine un quart de la mouvance de la Résistance. Il a le mérite de révéler malgré tout que la grande masse des prolétaires « ne marchaient pas » dans la combine, mais jette l’opprobe sur ceux qui bossaient pour l’industrie allemande sans aller jusqu’à céder à « la relève ». Le virage terroriste du PCF (= action de guerre nationaliste) accentue évidemment la terreur nazie, ce que Wieviorka tente de minimiser p.445).
[6] Il se coule dans le moule idéologique d’un antifascisme intemporel qui expliquerait une conscience résiduelle chez les français en général, mais surtout chez les dévoués des virages du parti stalinien, et toute sa maïeutique simpliste de prof en chaire consiste à assurer que la « défense de la démocratie » était le moteur des résistants, et, à la façon très typique stalinienne, il gomme l’espoir de la plupart d’une révolution à la Libération ; ce qui lui permet de ne jamais parler des opposants trotskistes, qui jouèrent un rôle important pour rabattre les prolétaires vers le camp nationaliste, dont certains furent assassinés par des sbires staliniens toujours vivants ; il élude aussi par ailleurs toute la littérature qui témoigne de l’action des minorités révolutionnaires internationalistes contre les divers camps impérialistes. Il croit avoir tout dit en rapportant la célèbre phrase de Laval : « La démocratie parlementaire a perdu la guerre » ! Au lieu de préciser que c’est la démocratie parlementaire qui a permis la guerre, et mieux qui « a déclaré la guerre » (cf. France et Angleterre ont déclaré la guerre à l’Allemagne et pas l’inverse). Des explications pas claires relèvent du registre de la théorie antifasciste: « La crise économique des années 1930 avait accru la xénophobie et l’antisémitisme » ? La crise ou la propaganda bourgeoise? 

[7] Cf. lire page 211 et suivantes, grèves, manifestations et blocages des voies contre le travail obligatoire. A la même époque partout la classe ouvrière (inexistante pour monsieur Wieviorka) en a marre de la guerre ; en Italie de puissantes grèves font tomber Mussolini (encore un chapitre d’histoire quasiment gommé par tous les officiels de l’histoire sur mesure de la propaganda démocratique-tique !
[8] Lire page 374. Le blanc et noir n’existe pas plus qu’aujourd’hui, il y a des vichysto-résistants, des gaullo-staliniens, et des rigolos trotskiens (totalement absents de ce livre pipole). Wieviorka devrait être membre de LO, dont la célèbre pensée de base stalinienne conduit à effacer ses concurrents avec ce sublime argument  de foirail: « la classe ouvrière ne comprendrait pas qu’il y ait des disputes… ».
[9] La bourgeoisie émigrée est formidable de culot, elle se constitue en gouvernement autour d’un général de brigade et celui-ci nomme ministres ceux qu’il envoie au casse-pipe, comme Thorez depuis Moscou qui félicite ses envoyés spéciaux terroristes, mais pas encore Marchais, courageux « travailleur volontaire » en Germanie.
[10] Parfois efficace, cf. les renseignements fournis sur la topographie des usines ou des dépôts d’armement, le centre de tir des V2 à Eperlecques. Mais parfois pas. Quant au « merveilleux » débarquement il faut attendre la sortie d’un livre cette année pour apprendre que la soldatesque US « libératrice du nazisme » s’est livrée en Normandie à une razzia de milliers de viols… ce qui n’avait jamais été le fait de l’armée d’occupation allemande. Le libérateur américain se payait… sur la bête.

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