PAGES PROLETARIENNES

lundi 3 juin 2013

MUTATION DE L’ANTITERRORISME ?




 Ou le nouvel ennemi (présumé) de l’intérieur ?
 
Le même son de cloches antiterroristes et de cloches journalistes de Libé au Figaro prétend renouveler la nature (pas la fonction sécuritaire inversée) du terrorisme. Il ne serait plus simplement le fait de couches moyennes endoctrinées (cf. les ingénieurs suicidaires du world trade center) mais un sous-produit de paumés marginaux surfant dans les web cafés. Un « ennemi intérieur », çà ne vous rappelle rien ? Dans toutes les guerres modernes la bourgeoisie exhibe un ennemi intérieur : en 1914 c’était le prolétariat et les communistes (selon le versant du front), en 1939 les juifs et les nazis (selon le bord) : dans les années 2000 on a inventé l’ennemi intérieur immigré, de préférence maghrébin, avec des nuances bien sûr, Obama veut des immigrées voilées tout en torturant leurs époux à Guantanamo hors du territoire démocratique US tout comme les nazis assassinaient les juifs hors du territoire sacré de la patrie en Pologne. Le réseau Voltaire se focalise lui sur l’Etat « raciste » d’Israël. Marine Le Pen rêvait d’être stigmatisée par les « européistes », c’est fait. Hé hé il y aurait bien plus de comparaisons à faire avec le nazisme et l’hypocrisie torride de la démocratie représentative, et pas avec ladite invasion immigrée… Passons rapidement sur les typologies journaleuses et justes bonnes à généraliser l’opacité du phénomène.
« Il est toujours tentant et rassurant d’établir une typologie des terroristes. Aujourd’hui, des «lumpenterroristes» ou des «loups solitaires» selon des formules trop faciles ; des paumés, enfants des territoires perdus de la République, abreuvés aux sites jihadistes, comme l’auraient été aussi bien Mohamed Merah, Michael Adebolajo, le tueur du soldat britannique, ou les auteurs des attentats de Boston. D’autres spécialistes mettent en cause les convertis comme le serait «Alexandre», le suspect arrêté hier. Dans un passé récent, notamment en Grande-Bretagne, les jeunes immigrés éduqués, issus des classes moyennes mais aliénés, faisaient figure de terroristes types. Preuve que toute lecture simpliste sociale, religieuse ou psychologique, comme l’explique le ministre de l’Intérieur dans l’interview que nous publions, sera nécessairement réductrice. Elle empêchera une compréhension et, donc, la répression de ce phénomène qui touche tous les pays. L’extrême fermeté des réponses de la police et de la justice est évidemment justifiée dans le cadre de la loi ; mais on ne peut pas mettre un flic dans chaque café internet de banlieue et la plupart des suspects avaient été repérés par les services. Comme le disait Camus : «Le terrorisme ne mûrit pas tout seul. Il est le fruit amer des humiliations accumulées par une population marginalisée.» A nos sociétés, aux communautés musulmanes de convaincre ceux qui s’en sentent exclus que la violence au nom d’une religion dévoyée est une impasse personnelle et un suicide politique » (cf. François Sergent éditorialiste de Libé le 30 mai).

LE MEME JOUR, MEME REFRAIN DANS LE FIGARO

Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Éric Denécé était convié à pointer les limites des services de renseignements face à la montée en puissance d'un « nouveau profil de terroristes », face au journaleux du Figaro.
LE FIGARO.- L'agresseur de la Défense est un converti. Est-ce un profil émergent?
Éric DENÉCÉ.- Oui, sachant qu'il n'y a plus de profils bien définis. Nous sommes plutôt confrontés à des «milieux cibles» très typiques dans lesquels gravitent plusieurs nuances d'individus. Au côté de pratiquants endurcis, nous assistons à la montée en puissance de terroristes re-islamisés comme Merah et d'une génération spontanée de Français un peu perdus qui épousent l'islam radical.
Des déséquilibrés qui s'inventent une mission divine au nom d'Allah?
Oui, souvent. Parmi nombre de présumés terroristes interpellés ces derniers temps, on trouve de plus en plus un cocktail détonant où se mélangent des fragilités psychiatriques, des trajectoires marginales et des casiers judiciaires assez bas de gamme comme le SDF actuellement entendu par la PJ parisienne. La radicalisation se fait ensuite dans les mosquées salafistes, sur Internet, voire entre copains de cités. Depuis la fin des années 1990 et avant même le 11 Septembre, nos sociétés postindustrielles accouchent d'illuminés en pleine errance sociale, prêts à se raccrocher à n'importe quel «idéal» spirituel. L'islamisme radical, comme l'écoterrorisme ou encore le mouvement animaliste sont les symptômes d'un malaise profond qui va se traduire dans les prochaines années sur le champ terroriste et du maintien de l'ordre. À ce titre, on peut regretter la suppression du service national…
Pourquoi?
Il avait l'intérêt de dépister des profils déviants et de remettre sur le droit chemin certains jeunes cherchant à exprimer leur virilité d'inquiétantes façons.
Peut-on vraiment assimiler l'agresseur de la Défense à un islamiste?
Seule sa garde à vue établira son niveau d'endoctrinement et ses éventuels relais terroristes, mais il est fort à parier qu'il ne connaît rien du Coran, n'a jamais fait le djihad et ne parle pas l'arabe. Nous sommes a priori loin du loup solitaire. Ce jeune sous influence a été embrigadé par la propagande islamiste qui, comme le nazisme ou le stalinisme autrefois, enrôle les sujets plus faibles. (ce zigoto ne dit rien de différent de la mère Le Pen !)
Une armée de quidams indétectables…
Oui, car nos services de renseignements sont inadaptés. Sans maillage territorial susceptible de capter des signaux précoces, ils ne savent pas lutter contre ce terreau. Le continuum terroriste qui commence par l'enrôlement dans les banlieues jusqu'à la commission de l'acte terroriste n'est pas suivi. La Direction centrale du renseignement intérieur, fondée sur une logique de contre-espionnage, excelle dans la lutte contre les groupes structurés et l'interpellation de «gros poissons». Pas dans la détection des illuminés de banlieue. Notre tamis ne permet pas d'arrêter ce genre de grain de sable.

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Comme on le voit, la même intox de Libé au Figaro, concernant cette étrange mutation de l’antiterrorisme,
ou plutôt son renouvellement avec multiples autres fables à l’appui ; notamment le fait que les services de surveillance de l’Occident hyper-armé seraient capables d’annihiler les grands attentats mais pas de détecter « une armée de quidams in détectables ». Le « loup solitaire » à la Breivik semble passé de mode pour les fabricants de la mythologie terroriste (à géométrie variable) ; les méchants pourvoyeurs de terrorisme planétaire (Pakistan, Arabie Saoudite, Etats-Unis, Russie et Chine) sont remisés au grenier des mystifications « complotistes », place au « terrorisme des jeunes immigrés paumés, marginalisés », voire d’une «  génération spontanée de Français un peu perdus qui épousent l'islam radical ».
La bourgeoisie est formidable d’arrogance avec sa propagande simpliste, unilatérale et l’air de ne pas y toucher. C’est le même ennemi que dénoncent les journaleux bcbg et Marine Le Pen, avec cette subtilité, si l’on pense que c’est une subtilité, de mettre en valeur ladite Le Pen, menacée de voir levée son immunité européenne par la bureaucratie obscure de Bruxelles pour avoir mis sur le même plan l’occupation « par les prières de rue musulmane et l’occupation nazie ». Ce bouc-émissaire c’est l’immigré plutôt de type maghrébin, banlieusard et chômeur. L’explication sociologique étroite c’est « l’errance sociale », « SDF bas de gamme », les « exclus humiliés ». C’est le prolétaire musulman jeté en pâture face à tous les autres prolétaires nationaux, bi-nationaux ou pas nationaux du tout. Comme l’invention de l’antifascisme[1], l’antiterrorisme a pour but simpliste de diviser le prolétariat et de le souder à sa bourgeoisie (ah… quand rétablira-t-on le service militaire obligatoire qui permettrait de débusquer les vrais « ennemis de l’intérieur »…). Comme l’antifascisme, l’antiterrorisme a pour fonction de faire passer les démocraties impérialistes pour des victimes. Les attentats terroristes de toute sorte servent en même temps d’enfumage pour voiler et répandre l’incompréhension sur les guerres incessantes des démocraties dominantes dans les aires où elles s’entredéchirent – avec chair à canon locale – pour maintenir leurs « chasses gardées » ou conquérir ce qu’il reste des marchés… ou des marchandages impérialistes.
J’ajoute en passant un premier commentaire lucide d’un posteur contre les menteurs du Figaro : « J'aime bien la pudeur de ce Directeur qui évoque le nazisme et son homologue le communisme qu'il transforme par une pirouette en "stalinisme". Or le communisme (et sa conception matérialiste de l'histoire) nie le rôle des prétendus grands hommes seuls comptent les rapports entre les classes sociales et modes de production ».
L'errance sociale est le nouveau nom pour désigner le fondamentalisme religieux, nous voila bien avancés ! Le type qui tranche lâchement, et par surprise, la gorge d'un soldat est le soldat du nationalisme islamiste et on ne peut lui trouver des excuses à 2 balles ! Il est totalement mystificateur de vouloir faire croire tout simplement au déséquilibre de ces individus, comme ça, sans raison valable réelle ... De l'auto-enfumage! En admettant qu'ils soient effectivement des déséquilibrés, il faut savoir qu'ils servent au renforcement de l’antiterrorisme, doublé de la fable selon quoi l’acte terroriste serait la seule compensation à la misère sociale et au chômage de masse.
Sans doute on assiste à un envahissement des démonstrations religieuses largement permises par la bourgeoisie occidentale, alors qu’en Orient et en Turquie les populations dénoncent cet éteignoir calotin soutenu par l’Occident en pays arriérés comme chez les faux développés. Sans doute que cette société est tellement déshumanisée et pourvoyeuse d’exclusion généralisée qu’elle pousse nombre de laissés pour compte à  se jeter dans les bras de l’obscurantisme étroitement subversif seulement par la bombe ou le couteau, qui n’est que cette espèce de nihilisme anarchiste suicidaire qu’ils nomment islam radical.

Sans doute que les millions de laissés pour compte, les vagues « paumés » aussi (comme les journaleux les qualifient du haut de leur confortable mercenariat), les « populations marginalisées » confondues avec quelques tarés assassins, auraient des raisons d’avoir d’autres espoirs politiques pour sortir de la tutelle miséricordieuse du terrorisme et de l’antiterrorisme, en particulier la volonté de changer partout de société et de mettre fin aux privilèges des puissants et de leurs acolytes des partis et syndicats. Ce sera pour plus tard.
On nous abreuve de « paumés islamistes » et de "loups solitaires" mais les loups journalistes chassent toujours en MEUTE !


PS: La Turquie présentée comme un exemple d'islamisme soft, du fait des manifestations importantes en cours que les journalistes ne veulent pas assimiler à un remake du "printemps arabe" ni en faire porter la charge aux "bobos occidentalistes", est l'objet d'un curieux revirement à donner raison à la mère Le Pen et aux "identitaires", et de révélations pas tristes, nota par Le Monde:

"Une démarche progressive et stratégique : pour rappel, avant son élection en tant que premier ministre en 2002, Recep Tayyip Erdogan avait promis de construire des minarets dans tout Istanbul. L'ancien maire de la métropole turque avait même été condamné à une peine de prison en 1998 pour incitation à la haine avec les propos suivants d'un théoricien du nationalisme turc Zia Gokalp (1876-1924) : "Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats". Dans le contexte opaque et sanglant des massacres en Syrie, l'Etat turc n'a peut-être pas été assez suiviste des désidératas américain et européen? Qui a intérêt a ranimer la flamme du nationalisme musulman? Comment se fait-il que ces journaleux découvrent soudain que la religion sert de prétexte au nationalisme le plus étroit, du soft à l'extrême, du sol au plafond, mais aussi de modèle de  comportement pour se différencier et s'affirmer. Le nationalisme a toujours eu besoin "d'uniformes", et que les "uniformisés" soient véritablement croyants ou pas. Et les journalistes, loin des balles, de continuer à être les putains caméléons...




[1] Même s’il n’arrive pas à la cheville de la Gauche communiste (qui est anéantie cependant comme structure en 1940) Barta a le mieux formulé la fabrication idéologique – grâce au tournant stalinien mondialiste : « Pour justifier le tournant, une nouvelle théorie, bâtie de toutes pièces, prit la place de la doctrine révolutionnaire de Lénine. La guerre n’est pas due à l’impérialisme (…) mais uniquement aux impérialismes fascistes : l’Allemagne, l’Italie et le Japon. Même après Munich, le 21 novembre 1938, Maurice Thorez déclare : « On doit dénoncer comme un appui direct au fascisme … les affirmations mensongères que «  tous les impérialismes se valent ». Cette dernière phrase voudrait dissimuler les différences essentielles entre les pays où sévit la dictature fasciste qui conduit à la guerre et les pays de démocratie intéressés au maintien de la paix ». Mais en 1939, le même Thorez et sa clique approuvent le pacte de deux étranges pays intéressé au maintien de la paix : le traité d’amitié stalino-nazi ! ‘cf. Cahiers Léon Trotsky n°49, page 54).

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