PAGES PROLETARIENNES

vendredi 22 mars 2013

ABUS DE FAIBLESSE DU PROLETARIAT




Cela faisait longtemps qu’on l’attendait la mise en examen de Sarkozy; j'allais dire la mise à nu. Elle était dans l’air depuis sa claque électorale. On en venait même à douter du nouveau pouvoir qu’il tienne ses engagements… à régler ses comptes avec le blaireau arrogant. Ce n’était qu’une question de calendrier. Le pouvoir rend intelligent. Plus étonnant est la quasi inconscience de l’impétrant qui s’était mis soudain à caracoler et à se moquer à nouveau de tous comme un vrai PN. N’avait-il pas envoyé sa chanteuse se gausser de « pingouin Hollande » ? N’était-il pas en partance pour les ors de la Libye reconnaissante, bien que privé de son acolyte BHL, trop « juif » pour les « libérateurs » de feu le copain de Chavez ? Les sondages quotidiens du Figaro Monsieur n’alignaient-ils pas des chiffres au-dessus de la moyenne attestant l’engouement des masses de lecteurs de Neuilly-Passy pour le futur  « redresseur » de la France des riches injustement taxés au point que le plus alcoolique d’entre eux soit obligé de s’expatrier chez un vulgaire dictateur à tête de morue congelée ? En l’espace de quelques jours nous étions replongés dans l’engouement du même type prêté aux « électeurs », ces pauvres sondés, orchestré par certains groupes de pression (dont on taira le nom ici, Joffrin ayant assuré que le Nouvel Obs avait refusé le chantage du futur violeur) pour un certain DSK, déjà élu par les « maitres du monde », comme l’avait confié sa poufiasse Sinclair à une journaliste putasse. 

La mise en examen est moins cher payée qu’une tentative de viol, mais l’utilisation de cette mesure judiciaire contre Sarkozy n’en est pas moins fatale au politicien qui se voyait déjà sur le nuage de « la reconquête ». Humiliante la posture de Lazare Sarkozy croyant ressortir du tombeau de ses frasques contre les chômeurs, enfermé une dizaine d’heures dans la sinistre cave du tribunal de Bordeaux, questionné plus de dix heures comme un vulgaire gardé à vue, puis relâché, gueule enfarinée sous les flashs des voyeurs journaleux. Et son ancienne affidée aux finances, la mère Lagarde, grande prêtresse du FMI, perquisitionnée à domicile comme un vulgaire « jeune » dealer !
La dégaine de la justice (qui nous la joue raide même avec les puissants) constitue pourtant elle aussi un viol des masses. Il n’y a pas de justice et trop de monde dans les prisons qui y prennent la place d’autres, moins nombreux, politiciens, syndicalistes, juges et avocats. La justice de classe et ses magistrats infantiles dans leur cocon n’a jamais été et ne sera jamais indépendante. Une fraction bourgeoise succède à une autre et y place ses hommes de main. Hier, ou plutôt la semaine dernière, la justice avait jugé bon de casser un jugement interdisant le port du voile musulmaniaque dans les crèches, en effet la coutume arriérée s’installant peu à peu en particulier dans le 9-3 et le 9-4 où de plus en plus de pétasses anarcho-musulmanes défilent en costume de chauve-souris sans que les flics subalternes n’osent plus intervenir, il n’y avait pas d’autre solution que de légiférer un clin d’œil « intégrationniste » en faveur de l’indispensable immigration musulmane.  On condamna lourdement un chômeur qui avait arraché un voile à une chauve-souris ambulante, en taisant de multiples « réactions » du même type, ou insultes aux voilées volontaires. Premier temps de la stratégie, et pour diviser le prolétariat.

La justice de classe obéit à un calendrier gouvernemental. Le gouvernement Hollande ne possédait pas qu’un spécialiste chevronné avec Cahuzac, mais toujours une ribambelle d’énarques et de flics futés qui traitent chaque chose en son temps. Le père l’austérité Cahuzac, qui plaçait son pognon en Suisse, faisait tout de même tâche, même si le commissaire politique de Médiapart veut sauver la mafia démocratique en faisant croire qu’il était le seul à oser s’enrichir avec des « biens publics » ; même si Libération a tenté de faire cracher aux députés la véritable utilisation des sommes faramineuses qui leur sont allouées par le Parle-ment de la pute publique.
Deuxième temps, face à la crise, le nouveau gouvernement de gauche caviar a décidé de ne plus se montrer en train de boire du Vouvray-Chambertin mais du Jean-Pierre Chenet pour faire cause commune avec le peuple des licenciés. Les fractions de droite avaient beau aboyer, on leur jeta du Montebourg et du Mélenchon en pleine poire. Ce n’est tout de même pas la faute à Hollande s’il ne bénéficie pas de la meilleure conjoncture de l’époque du gouvernement Jospin, lequel avait pu se permettre le luxe des trente cinq heures ! La cata économique, malgré son jogging quotidien dans nos oreilles, Sarkozy le petit l’avait bien préparée ; et heureusement comme l’ont analysé les bordiguistes que ce truand de petite envergure n’a pas été réélu, sinon l’explosion sociale anti-syndiquée eût répandu la terreur  de la violence des classes opprimées. Une explosion sociale certainement mieux organisée que celle qui se répand avec un gouvernement «édredon ». La violence, détournée de l’Etat (qui n’est pas responsable des marchés…) s’individualise : un ouvrier licencié va s’en prendre à son patron parce que ses autres collègues sont lâches, un retraité qui n’a pas les moyens de se faire soigner les dents va tuer le dentiste, les voyous (nommés jeunes par la presse conditionnée) s’entretuent à la mitraillette comme chez James Bond, régulièrement des lycéens se poignardent à mort entre eux, etc. Toutes les « autorités » méprisantes se font casser la gueule : le toubib comme le pompier-flic, et même les psychanalystes ont peur désormais.
Braves masses d’électeurs qui votent, qui croient décider, qui vous insultent si vous refusez de les suivre dans leur aliénation démocratique, quand tout passe… par le pognon. Braves électeurs, minets du métro parisien qui ont besoin de la police pour se défendre quand une bande de racailles les attaque dans le métro, qui regardent en baissant la tête une jeune fille se faire tripoter ou agresser sans rien faire de peur de salir leurs fringues ou d’y perdre une dent.
Car enfin, qu’est-ce qu’il y a de scandaleux d’avoir piqué une partie de l’argent de la vieille bourgeoise la plus riche du monde ? En général les partis bourgeois sont généreusement financés par un tas de bourgeois friqués, et l’abus de faiblesse est bien plus souvent leurs exigences – en tant que grands patrons – auprès de leurs larbins élus et ministrés, d’avaliser leurs magouilles et licenciements dits « boursiers ». Mieux le but de ce cinéma est de faire croire que tout politicien ne serait plus intouchable, à défaut de pain et de travail – en un temps où même les cancéreux doivent crever plus vite faute de pouvoir se soigner – vous aurez de la justice et du spectacle pipole !
Troisième temps « magistral », la bourgeoisie règle ses comptes entre ses factions concurrentes. Le massacre judiciaire est aussi nécessaire à la stabilité gouvernementale qu’un cordon de CRS pour mater des grévistes voulant échapper à l’enfermement syndical. On se souvient de la « gauche plus rien » au début des tristes années Sarkozy. Peu de différence avec la « droite plus rien ». Sauf que, héritage béni du mitterrandisme avec la marionnette Le Pen, la gauche au pouvoir dispose d’un boulevard face aux rivalités intrinsèques de la droite bourgeoise avec ses petits personnages mesquins et répugnants, les Copé, Dati et tutti bandit. La résistible chute du revival Sarkozy est menée sans hésitation avec l’aval silencieux de la fraction gaulliste les Fillon, et même le Copé buté. Le massacre de Sarkozy est enfin très utile à la droite bourgeoise. Elle sait très bien qu’en cas de faillite sociale complète de la gauche bourgeoise et d’élections anticipées (cf. l’Italie), elle serait tout aussi incapable de « relancer la croissance » ou de mettre fin aux « odieuses garanties sociales ». Cramer Sarkozy l’intempestif, qui naturellement traîne de lourdes casseroles, sert à doucher l’impatience des excités embrumés, impulsifs incapables de réfléchir à l’inévitable « long terme » de l’alternance qui fait si bien oublier aux masses lobotomisées les frasques de la fraction bourgeoise précédente lorsqu’elle revient défaire ce que la fraction opposée venait de faire.
Abus de faiblesse du prolétariat  donc, privé de parole et d’espoir[1], qui en est réduit à montrer les seins de ses femmes, comme la ravissante et courageuse lycéenne tunisienne Amina qui me sert aujourd’hui de vignette, contre l’obscurantisme idéologique de la bourgeoisie mondiale.


[1] Est-ce un hasard si la chaîne boche Arteux et Le Monde s’attaquent au même moment de concert au « mythe Lénine » ? Le Monde ressort la thèse du prude Lénine soigné pour syphilis, une hypothèse que j’avais déjà évoquée dans un de mes livres, et qui avait heurtée Camoin. Or, qu’il ait été victime d’un mauvais héritage génétique ou ait réellement chopé la maladie dans un boxon au  temps de sa jeunesse, ce n’était pas une honte puisque la maladie se répandait, en particulier aux armées, plus vite que le sida de nos jours. Et, de toute façon, Lénine manifestait des symptômes comparables à ceux causés par la syphilis ; et plus encore il fût soigné en effet avec des médicaments destinés aux syphilitiques. Sur le fond, cela ne diminue en rien Lénine et son génie politique prolétarien, mais l’insistance lourdingue sur sa maladie  vise à pipoliser, c'est-à-dire à ridiculiser en attaquant l’homme et en même temps le courant maximaliste révolutionnaire dont il reste le plus haut représentant pour le XXe siècle.(cf. Le mystère de la mort de Lénine enfin résolu?).

1 commentaire:

  1. "Lénine et son génie politique prolétarien..."(cf note 1).Quel brillant génie politique en effet, mais, les faits l'attestent, aucunement prolétarien. Car l'oeuvre de Lénine c'est l'annihilation précisément du courant maximaliste révolutionnaire dans le parti bolchévik, l'étatisme liquidant le soviétisme, le capitalisme d'Etat comme modèle et réalisation...Il n'y a rien chez ce "génie" de prolétarien car il appartient tout entier à la social-démocratie, en est "le plus haut représentant pour le XXe siècle"(pour reprendre ta formulation dithyrambique).Loin de rompre avec elle, le léninisme l'a renouvelée radicalement. Parée de ces habits neufs, elle a absorbé les authentiques révolutionnaires prolétariens et les a enregimentés pour un combat contre leur propre classe ! Là est tout le génie politique de Lénine indubitablement anti-prolétarien. Un "génie" qui ne le fut que par l'incapacité du mouvement ouvrier de son époque de se détacher effectivement de la social-démocratie. Lénine et son oeuvre sont les fruits de cet échec, pas notre héritage. PS: Bien qu'atteint de la léninite invalidante, tu sembles posséder encore de solides anti-corps prolétariens, à ce que tu écris par ailleurs. Une étude attentive de "l'anti-kapédisme du PCI" de Lucien Laugier (texte disponible sur ce site et dont tu fais, à juste titre, l'éloge) me parait toute indiquée dans ton cas, et non simplement une lecture enthousiaste. Avec tous mes voeux de rétablissement prolétarien et l'espoir de te voir remiser le fameux "génie" dans sa bouteille. Le prolétariat, dans son grand ménage, se chargera, lui, de nous en débarasser.

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