PAGES PROLETARIENNES

mardi 29 janvier 2013

Carnets de guerre 2 MALI : UNE GUERRE D’OPERETTE ?




Il est moins risqué de débarquer au Mali en tenue kaki que d’entrer dans une boite de nuit au Brésil (231 morts), ou encore de se bagarrer après un match de foot en Egypte (plus de cent morts). On objectera qu’il y a eu tout de même quelques dommages collatéraux, même si on compte encore zéro mort soldat blanc dans le désert malien ; mais bien plus loin. Dans le complexe gazier de Tigantourine en Algérie, une trentaine d’otages ont été tués ( sans doute beaucoup plus par les terroristes et les super-flics de Bouteflika le bien nommé) et une quinzaine de « terroristes » (on ne connaîtra jamais le nombre réel total grâce au décompte filandreux pour chaque nationalité). De plus pour maintenir le suspense, la « légitimité de l’intervention sans bla-bla » et faire croire à la faillibilité des troupes d’assaut algériennes on nous a assuré que deux terroristes auraient réussi à s’enfuir.
Autre sujet d’étonnement : la guerre du 11 janvier est restée absente des écrans. Remake hollywoodien  de la première « ingérence humanitaire » en Irak ? On invoqua d’abord en passant cent morts, à supposer probablement noirs et/ou islamistes. Puis chaque jour, depuis bientôt trois semaines, tous les journalistes et Mélenchon n’ont en rien gêné le conte de la cyberguerre hollandaise, laissant à la faction de droite ses supputations de frustrée du pouvoir les lamentations sur l’inévitable «enlisement » et les fables sur « l’impréparation ». Seul accroc bête, trois militaires, en partance pour la cyberguerre qui multiplie par trois la solde de base, se sont tués une semaine plus tard en lozère en dérapant sur la neige avec un camion militaire non équipé d’ABS. En cas de guerre moderne cybernétique et électronique la « doctrine zéro mort » qui régit toutes les communications des armées du monde… riche, peut connaître d’étranges ratés. J’y reviens plus loin.

LES LAURIERS HATIFS DE LA « METHODE HOLLANDE » EN AFRIQUE

Voici Hollande grimé en père la victoire sans la moustache de Clemenceau. Porté au pinacle le pingouin de l’Elysée par la voix de son maître – Le Monde du 29 janvier, avec ce gracieux intitulé : « La méthode Hollande en Afrique », et immédiatement dessous l’image le comité de réacs bouffons de l’union sacrée des intérêts impérialistes, couronne le généralissime en cravate : « Au cours des crises qu'il a déjà dû affronter sur le continent africain, François Hollande a voulu imprimer un nouveau style. Ses mots d'ordre : transparence et multilatéralisme ».
Le larbin Christophe Châtelot  du Monde bourgeois poursuit la saga maléfique djihadiste : « Même si la question de la légalité de l'intervention peut faire débat, personne ou presque, en France comme à l'étranger (à l'exception de l'Egypte et de la Tunisie), n'en conteste la légitimité. Tout d'abord parce qu'elle brandit l'étendard de la lutte, très consensuelle, contre le terrorisme. Cet argument, développé par François Hollande depuis le début de la crise au Mali, a d'ailleurs pris toute sa signification mi-janvier avec la prise d'otages meurtrière d'In Amenas, en Algérie, revendiquée par Mokhtar Belmokhtar, l'un des djihadistes algériens les plus recherchés installé de longue date dans le nord du Mali ».
Le larbin intronise Hollande nouveau Bush improvisé en miniature (ndlr l’ex-sauveur du monde capitaliste en général) : « Le 26 septembre 2012 à l'ONU, François Hollande avait tenu des propos qui campaient le débat : "Ce qui se produit au Nord-Mali n'est pas un défi pour les autorités de ce pays seulement, c'est une menace pour l'Afrique de l'Ouest et le Maghreb. C'est également un risque pour l'ensemble de la communauté internationale. Car, quand un territoire grand comme la France est occupé par des groupes terroristes dont le but n'est pas simplement de contrôler une population, de la punir, de la soumettre, mais de constituer une base arrière pour mener des offensives de même nature terroriste sur les Etats de la région, alors nous sommes devant une menace qui concerne l'ensemble du monde ».
La voix de son maître nie en toute innocence toute primeur de l’intervention française au nom de ses « intérêts particuliers : « On ne peut donc pas accuser Paris d'avoir agi unilatéralement. Depuis des mois, les diplomates français épaulent leurs collègues de la Cedeao dans la rédaction des textes adoptés à l'ONU. Ils sillonnent l'Europe pour alerter du danger et mobiliser moyens et énergies. De plus, c'est la Cedeao, communauté de 15 pays dont le Nigéria anglophone, poids lourd politique et économique du continent hors de la sphère d'influence française, qui la première a demandé une intervention militaire d'urgence. Initiative soutenue par Paris qui, dès le printemps 2012, a dépêché des spécialistes de la planification militaire pour aider la Cedeao à mettre sur pied le contingent africain, soit près de 6 000 hommes issus de 9 pays, réunis au sein de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) commandée par un général nigérian ».
Ce menteur professionnel nous prend pour des caves s’il imagine qu’on a oublié la longue attente « forcée » dans la mise en scène depuis le début de l’an dernier pour laisser aux « terroristes » le temps d’offrir le spectacle des horreurs de la charia afin de donner ce pur prétexte (abstrait) d’ingérence humanitaire : la défense de l’intégrité territoriale ! La guerre est pratiquement gagnée donc, après avoir mis en fuite les « méchants », mais il y a un mais (« maître ne vous réjouissez pas trop sauf à ouvrir les vannes des princes de la faction de droite ») : « Mais, à supposer que cette mobilisation internationale entraînée dans le sillage de la France chasse les djihadistes du nord du Mali, une autre partie, aussi difficile, se jouera : reconstruire un pays failli, plongé dans un chaos institutionnel depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012. Passé le temps d'apprécier la capacité de l'armée française à se projeter sur un théâtre d'opérations, il s'agira alors de juger de l'efficacité d'un autre volet, essentiel, de la politique française en Afrique, celui de l'aide au développement. Et il n'est pas là question que du Mali ».

LA TRANSPARENCE DE LA « METHODE HOLLANDE »...

D'où viennent les informations que nous voyons à la télévision, que nous entendons à la radio ou que nous lisons dans les journaux? Avec une foultitude d’organes de presse, la société bourgeoise laisse accroire que les informations viennent de sources variées et de courageux reporters sur le terrain (tenus à distance respectable des opérations en temps de guerre). Les lecteurs intelligents remarquent toujours la parenthèse conviviale « (avec AFP) ». Tous les media français ne se fondent en réalité que sur cette seule source d'information et de désinformation: l’AFP (Agence France Presse = l’Argumentaire Franchouillard Paie). Chaque chaîne de TV, journal, ou radio a souscrit un abonnement à l'AFP pour recevoir les informations et avoir le droit de les rediffuser. La majorité des media de taille petite ou moyenne ne font que les recopier. Les informations de l'AFP sont considérées comme officielles et il n'est pas nécessaire de les vérifier avant de les publier. Trois agences généralistes dominent le monde occidental : Associated Press, Agence France-Presse et Reuter. Tout le monde a oublié les anciennes agences staliniennes et lourdingues ; disparues l’agence Tass et sa version guévariste agence presse latin.
On peut vérifier la concordance de la description de la victoire par l’AFP et le contenu de la dithyrambique analyse du larbin du Monde ci-dessus évoquée dans la dénonciation de « l’obscurantisme djihadiste » (au même moment où en France des questions orientées d’un sondage « démontrent » que 74% des Français « en ont marre de l’islamisme » (sans que le gouvernement ne reconnaisse avoir commandité ledit bourrage de crâne sondagier) :
« La «boucle du [fleuve] Niger», cette région comprise entre les villes maliennes de Tombouctou et Gao, villes symboles de l’obscurantisme djihadiste, est ce lundi soir presque sous contrôle des forces franco-maliennes. L’opération Serval serait-elle terminée? Oui, à en croire François Hollande, qui a claironné dans la journée: «Nous sommes en train de gagner cette bataille.» Pour le chef de l’Etat, il appartient désormais aux forces africaines de poursuivre les terroristes dans le nord désertique du pays. Les armées malienne et française sont entrées lundi après-midi dans la ville de Tombouctou, cité mythique du nord du Mali qu'elles contrôlent désormais totalement, a appris l'AFP de sources concordantes ».
N’oublions pas que nous sommes toujours en guerre cybernétique et que la vision de réels cadavres risquerait de dégoûter nos djeuns d’acheter des jeux guerriers si les « grands frères » étaient nombreux au casse-pipe national. Claire Chazal nous a juste montré dimanche soir des murs en béton détruits et un vague terroriste qui traînait arme en bandoulière dans les rues de Gao. Etait-ce vraiment un « terroriste djihadiste » vu qu’ils ont tous pris la poudre d’escampette, ou un des guerriers du chômage en Afrique ? La « méthode Hollande » avec son alliée TF1 n’est plus « transparente » mais « opaque ». Et d’une ! Et de deux, comme il faut bien criminaliser « l’ennemi » vu qu’il n’est pas montrable ou étrangement invisible même à l’état de cadavre en putréfaction, il faut rappeler sa « méchanceté ». Ah oui, de précieux manuscrits du XIIIe siècle  font partie des destructions collatérales – « patrimoine de l’humanité » bigote - ils « ont été détruits avant la fuite des djihadistes » ! On en pleurerait presque plus pour les ponts moyenâgeux détruits à Sarajevo que pour les milliers de victimes de Srebrenica ; l’encadrement militaire des blancs français où leurs supplétifs africains (mal payés) sont placés sur le même plan renvoie à cette image subliminale des djiaïs US découvrant l’horreur à l’entrée d’Auschwitz (mais faut pas pousser):
« Soldats français et maliens avaient pris dans la nuit de dimanche à lundi le contrôle de l'aéroport et des principaux accès à la ville avant d'y entrer. Les militaires ont opéré une manoeuvre conjointe, terrestre et aérienne, avec largage de parachutistes, pour prendre le contrôle des accès de Tombouctou, ville-phare de l'islam en Afrique subsaharienne, située à 900 km au nord-est de Bamako. Mais avant l'arrivée des soldats des deux armées, les islamistes ont détruit de précieux manuscrits conservés depuis des siècles dans cette ville classée au patrimoine mondial de l'humanité, selon des témoins. Le maire de Tombouctou a également fait état de la mort d'un habitant, «brûlé vif» par les islamistes, parce qu'il avait crié «Vive la France» ». (Avec AFP) (sic !) » . Encore un suicidaire, mais n’y en a-t-il pas dans les deux camps ?
Ce qui ne fût probablement qu’une simple opération de pillage devient dans la saga cybernétique un meurtre du « patrimoine mondial de l’humanité », et plus horrifiant encore un « crime culturel », qui justifie en effet les milliards d’euros que coûte le débarquement militaire franchouillard ! Et qui nous rappelle un étrange épistolier : « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver » (Goebbels).
L’AFP récidive tous les jours depuis le QG, main dans la main avec les collègues de la haute hiérarchie de l’armée « humanitaire » et « démocratique », pour dénoncer la destruction de « précieux manuscrits » - après les « précieux mausolées » de l’an 2012 . L’AFP milite auprès des cyberbloggers pour rassurer les accrocs aux jeux vidéos militaristes et aux futurs chômeurs enrôlés dans la profession avec ce clin d’œil « multiculturaliste » sur les apports anciens d’une lointaine « civilisation antique » :
« TOMBOUCTOU (Mali) (AFP) - Soldats français et maliens sont entrés lundi dans la cité historique de Tombouctou, sans combattre et sous les vivats des habitants, après des mois d'occupation par des insurgés islamistes qui ont brûlé un bâtiment contenant de précieux manuscrits antiques avant de prendre la fuite. "Il n'y a eu aucun coup de feu, aucune goutte de sang, même pas de résistance passive avec des pièges", a déclaré à l'AFP le colonel français Frédéric Gout, chef de l'opération héliportée sur Tombouctou, ville-phare de l'islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles. "Nous sommes en train de gagner cette bataille", a asséné à Paris le président français François Hollande. "Quand je dis nous, c'est l'armée malienne, ce sont les Africains soutenus par les Français", a-t-il précisé aussitôt ».
Le sport étant une idéologie populaire qui abhorre le jeu individuel, donc, même s’il n’est pas transparent, le pingouin de l’Elysée sera « sportif ». Il n’est pas un vulgaire Cantona il joue « collectif » avec ses collègues africains. Cette sportive cyberguerre intéresse d’ailleurs les entraîneurs des autres pays dans ce challenge où ce n’est pourtant pas la coupe du monde qui est en jeu, ainsi que le commente le cybersportif anonyme de l’AFP :
« Le Royaume-Uni, qui envisagerait, selon la presse britannique, d'envoyer rapidement 200 militaires non-combattants en Afrique de l'ouest, dont quelques "dizaines" au Mali, deviendrait alors le premier pays occidental à épauler la France par une présence sur le terrain, même s'il ne s'agit que d'entraîner les troupes des pays d'Afrique de l'ouest chargées de prendre le relais pour combattre les islamistes. Lundi déjà, le Premier ministre David Cameron avait assuré M. Hollande que Londres était "disposée" à aider davantage Paris au Mali. Le Japon, lui, s'est engagé mardi à verser 120 millions de dollars pour aider à stabiliser le Mali et le Sahel, quelques jours après la mort de dix Japonais dans une prise d'otages en Algérie par des islamistes qui disaient agir en représailles à l'intervention française au Mali. De son côté, l'Union africaine va financer 10% de la force africaine au Mali, alors que la conférence de donateurs chargée de trouver au moins 460 millions de dollars pour repousser les insurgés islamistes s'ouvre mardi à Addis Abeba ».
L’AFP vient adouber la légitimité, et plus même la gloire de la chevauchée hollandaise dans sa charge contre le "Crime culturel", et ses sous-fifres témoignent de la justification suprême, les anciens esclaves de la charia qui s’était abattue sur eux depuis l’année trépassée explosent de joie devant la parade de nos pioupious professionnels en grand uniforme juchés sur les joujoux de Thalès et Dassault
« Aux cris de "Mali, Mali, Mali", la foule brandissait de petits drapeaux français et maliens au passage des militaires, a constaté un journaliste de l'AFP (l’AFP « constate » en général, n’en doutons pas !). Mais les témoignages se sont multipliés (sans blague ?) sur la destruction de précieux manuscrits datant de plusieurs siècles dans cette cité qui fut la capitale intellectuelle et spirituelle de l'islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles et une prospère cité caravanière. Le centre Ahmed Baba où se trouvent des manuscrits de valeur a été brûlé par les islamistes. C'est un véritable crime culturel", s'est lamenté le maire de Tombouctou, Halley Ousmane. L'Institut Ahmed Baba abrite entre 60.000 et 100.000 manuscrits, selon le ministère malien de la Culture. Selon les habitants, les islamistes ont pris la fuite après les frappes aériennes françaises ces derniers jours. Lundi soir, tout était calme dans Tombouctou plongée dans l'obscurité, l'électricité étant coupée, tout comme le réseau téléphonique, en raison de sabotages des islamistes, a constaté l'AFP ». L’AFP la pauvre ne fait toujours que « constater », qui oserait taxer de manipulation celui qui se borne à « constater » même avec une paire de lunettes orientées ?
« Quelques 3.500 soldats français et 1.900 soldats africains, notamment tchadiens et nigériens, sont déployés au Mali au côté de l'armée malienne », ajoute l’AFP, qui ajoute qu’il y aurait 25 morts en face « dans les rangs islamistes » à Gao (faut quand même donner en pâture un chiffre approximatif sinon le public va se mettre vraiment à croire que c’est une guerre pour rire et pas pour de vrai).
Notre général cybernétique d’opérette (depuis son confortable bureau de l’Elysée loin des roquettes) n’est pas au bout de ses soucis. Les assistés militaires de l’Etat malien fantoche sont lâches comme tous les vainqueurs militaires et veulent se « venger » des « islamistes, qui ont commis de nombreux crimes au nom de la charia (loi islamique): amputations, lapidations, exécutions et, à Tombouctou, destruction de nombreux mausolées de saints musulmans. La procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a mis en garde Bamako. "J'invite les autorités maliennes à mettre immédiatement fin aux actes allégués" et "à diligenter des enquêtes et poursuites à l’encontre des responsables", a-t-elle dit. La France a par ailleurs annoncé avoir reçu des menaces directes par "des groupes terroristes nigérians" en représailles à son intervention au Mali ».
Ouah ! pourvu qu’ils ne nous dynamitent pas notre précieux trésor culturel, la tour Eiffel ! Car pour les « spécialistes » : «La guerre n’est pas gagnée, elle n’a pas commencé. Ou presque »  (cf. Philippe Migaux). Tant mieux, tant mieux si çà se calme… car si le zéro mort devenait subitement « plein de cercueils », il y a tout lieu de supposer que not’gouvernement laisserait faire un attentat terroriste bien saignant dans l’hexagone pour empêcher l’insurrection du prolétariat, comme sait si bien les organiser l’ami de Depardieu, le tueur Poutine, afin de « calmer l’opinion » qui n’est paisible que tant qu’on lui promet « zéro mort ».
Chaque Etat bourgeois doit contribuer à alimenter cette nouvelle guerre obscure avec un « ennemi sans visage » (hé hé il est voilé le combattant « djihadiste » et probablement rétribué par le Qatar et l’Arabie Saoudite, mais personne n’en est sûr ni ne l’affirme) : « Le FMI a de son côté versé lundi 18,4 millions de dollars à Bamako pour faire face à "l'instabilité" dans le pays et convaincre les donateurs internationaux de reprendre leur aide, gelée depuis le coup d'Etat de mars 2012 qui a précipité le Mali dans le chaos » (source AFP, resic !). Ne diminuant en rien cette centralisation totalitaire de la presse, les journaux dits satiriques ou pauvrement sites dits contestataires :Canard Enchaîné, Charlie Hebdo, Rue 89 et Médiapart, ne sont que des instruments pour barbouzes qui règlent leurs comptes entre eux.

LA DOCTRINE DE GUERRE « ZERO MORT »[1]

Cette doctrine enseignée dans toutes les écoles de guerre occidentales est la philosophie affichée de la stratégie militaire impérialiste moderne, ou pour parodier un célèbre tacticien militaire « le zéro mort est une autre manière de faire la guerre » sans que l’Etat bourgeois ne la prenne dans la gueule par effet boomerang prolétarien. Cette théorie comique est née du traumatisme de la bourgeoisie au moment de la guerre du Vietnam, face au grand et courageux mouvement étudiant contre la continuation des massacres. Cette théorie élimée prétendait éviter toute perte dans le camp américain mais en garantissait de très nombreuses dans le camp d’en face. Elle s’est carbonisée en Irak et en Afghanistan, avec le retour à l’expéditeur de centaines de poches plastiques contenant les cadavres de GI’S et il semble bien que son « prolongement théorique » US actuel soit de laisser les puissances vassales la reprendre à leur compte… Une guerre « humanitaire » d’ingérence c’est lourd, çà coûte cher et c’est difficile à gérer politiquement face au prolétariat. Les guerres masquées entre grandes puissances doivent rester « internes », tant que la bourgeoisie craint que çà pète dans tous les pays si elle se hasardait comme en 14 et 39 à généraliser la compétition économico-militariste. Pour l’heure, la bourgeoisie US avec la reconduction d’Obama, considère que cela coûte trop cher économiquement et politiquement de ramener la stabilité dans certaines régions et délègue…
La doctrine pitoyable du zéro mort était venue supplanter l’évanescence du sacrifice idiot pour la patrie…bourgeoise. Ce truc n’est pas bien nouveau dans la mesure où le camp d’en face est présumé suicidaire (cf. les kamikazes japonais en 1945). La popularisation de ladite « guerre sainte » depuis le onze septembre 2001 à New York est rentrée dans les mœurs. Le bourrage de crâne est simpliste et lourdement insistant comme tout bourrage de crâne : les arabes aiment la mort pour retrouver plus vite leur dieu au paradis, quand les occidentaux aiment la vie et tiennent à leurs enfants. Le musulman est l’abruti béat et idéal qui s’exalte à l’idée de se sacrifier. En 1914 et en 1945, la logique d’embrigadement était la même, aucune armée ne s’engage dans une guerre avec le souhait de voir un maximum de ses soldats se faire zigouiller (exceptés les criminels de guerre Joffre, Mangin, Staline, Hitler et tutti quanti). La vie « des nôtres » doit être préservée mais certainement pas celle de « nos ennemis » surtout si en plus « ils aiment se sacrifier » pour les âneries de Mahomet. Cependant, la doctrine de « zéro mort » peut être très vite remplacée par « l’appréciation des pertes » par « l’opinion » surtout si les pertes en viennent à être « considérables », dès le peuple national peut devenir un vrai mouton, hurler en faveur de renforts lourdement armés et s’avérer prêt à accepter tous les crimes de son Etat et des généraux, aussi lâche que ces ouvriers qui se taisent lorsque un de leurs collègues est indûment licencié.
La « guerre interne » au Mali est peut-être plus maîtrisable dans le désert africain que dans les montagnes afghanes, mais les plus beaux stratèges cyberguerriers restent des rigolos infantiles. Tous les discours et les grandes théories fumeuses des soi-disant spécialistes ne servent à rien si ce n'est à satisfaire ceux qui tracent des plans sur la comètes dans leurs bureaux éloignés : une embuscade est un mode de combat vieux comme le monde, l'effet est assuré parce qu'il crée la surprise de l'objectif, mais il suppose aussi en amont des renseignements affutés récupérés chez l'adversaire. Les Afghans n'ont pas fait l'école de guerre, ni Sciences-Po mais la guerre à leur manière, ils savent la faire avec une efficacité redoutable comme les Fellaghas hier ou les Viets avant-hier.

Sur le plan des ratés idéologiques, au même niveau que ce spectacle de « guerre invisible », remake de la première en Irak, cette notion de "guerre contre le terrorisme" n'a aucun sens. On ne combat pas le terrorisme avec des chars et des bombardiers ou des missiles guidés.
Le directeur de la communication du ministère de la guerre et des bureaux de l'AFP devrait être démis de ses fonctions régaliennes.
Sur le plan de la « liberté de s’exprimer » sur le web, il faut constater hélas l’indigence totale de la plupart des commentaires. C’est anonyme, sans référence de classe et çà pue le nationalisme, l’ignorance et la soumission aux pires bobards de la guerre interne en cours. Et les quelques rares groupes maximalistes restent désarmés par cette guerre moderne opaque, vaincus par la doctrine zéro mort ou déçus que le prolétariat ne soit plus en uniforme involontairement ?







[1] Avec un rare cynisme les médias occidentaux faisant la promotion des armes écrivent: «Pour protéger sa vie, le matériel coûteux et éviter l’enlisement, notamment lors de combats en milieu urbain, le fantassin du futur sera bardé d’électronique et relié en réseau avec l’ensemble des blindés et aéronefs. Il ne s’agit plus de science-fiction, mais d’une réalité. Des fantassins en débarquent à couvert. Ils sont équipés d’un gilet bourré d’accessoires électroniques. Grâce à cet équipement, ils sont tous connectés à un réseau informatisé. Chaque combattant dispose d’un écran lui permettant de connaître sa position et celle de ses camarades via GPS. Ils peuvent s’organiser et communiquer entre eux avec un ostéophone, un système qui capte la voix via la résonance des os (…). C’est la poignée avant du fusil mitrailleur (Famas) qui permet de commander la radio. Ainsi, pas besoin d’arrêter un tir pour actionner un interrupteur. Ces mêmes commandes permettent de régler un tir sans se mettre à découvert (…) Ce même dispositif est doté d’options infrarouges, ou de vision de nuit. Le futur, c’est maintenant. Le combattant porte un équipement électronique qui le connecte en réseau avec la troupe, les aéronefs et les véhicules blindés.(…) Le LOCC, Logiciel opérationnel de conduite du combat, est l’outil de suivi des opérations du chef. C’est une sorte de gros iPad façon militaire, qui peut afficher en temps réel l’intégralité des combattants, véhicules et unités sur le terrain. Les positions des ennemis y sont affichées ainsi que les champs de vision et les directions de déplacement des uns et des autres. Dans un blindé, il est présenté sous la forme d’un double écran tactile. Sur le terrain, les chefs de sections sont, quant à eux, équipés d’une tablette tactique de plus petite taille ».

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