« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
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vendredi 27 janvier 2012
SARKO ET HOLLO S’EN VONT EN BATEAU : QUI TOMBE A L’EAU ?
EN AVANT POUR LA PSYCHO-ELECTION
Le petit chose de la gauche caviar serait-il devenu le grand Sachem de la gauche restaurée social-démocrate (à retardement) ? J’ai trouvé le titre de la mafia Nouvel Obs assez bien tourné : « François Hollande assure l’après-vente à la télé ». Le produit « social-démocrate », un peu ovni, qu’il avait présenté dimanche dernier sur l’estrade du Bourget, n’en reste pas moins une marchandise secondaire, et peu performante, dans le combat de nains qui s’engage.
L’élection présidentielle est partie pour être au niveau de l’épicerie de commerce avec querelle de chiffonniers, querelle de chiffrages (de prestidigitateurs énarquois) entre représentants de commerces politiques en faillite. Le déroulement de la mystification électorale majeure en France, qui intéresse visiblement la population qui n’a rien d’autre à se mettre sous la dent comme distraction à une société bloquée et ennuyeuse où absence de travail et solitude se répandent.
Sur le plan électoral sondagier jamais il n’y a eu une telle différence entre un candidat sortant et son challenger. Le principal challenger F.Hollande est très en avant et semble impossible à rattraper par lapin Sarkozy honni au moins autant dans les chaumières que dans certains palais lambrissés. Le « Dégage Sarko ! » - si j’en juge par mon propre nombril, et indépendamment du bla-bla électoral de chacun – reste prédominant et, au vu de l’affolement de la fraction de droite bling-bling, semble bien programmé pour emporter la mise fort probablement en faveur de Hollande qui s’impose de plus en plus surtout comme bon orateur, pugnace et, qualité absente chez le sortant, par une maîtrise étonnante de ses affects sans jamais être arrogant. Garder son calme et ne jamais laisser une vacherie sans réponse immédiate sont les clés du succès. C’est ainsi que Mitterrand avait baisé aussi bien Giscard que Chirac. De même Sarkozy face à Royal. Hollande est d’un autre calibre que Mitterrand, moins malin mais bien malin tout de même. Mitterrand était un illettré en économie ; Hollande a fait l’ENA et l’avocaillon Sarkozy ne pèsera pas lourd si leur prochaine confrontation tourne au pugilat économique. Juppé, ancien énarque, vieilli et cabot sans conviction envoyé au casse-pipe, pinailleur minable, n’a pas fait le poids. D’emblée, Hollande l’a ridiculisé avec sa maladresse (Juppé parla du président comme « Sarko », ce qui faisait en effet faussement familier, et étrangement révélateur de la relation perverse entre deux complices qui se haïssent). Face à un Juppé intenable d’agressivité disproportionnée, Hollande le rappela à plus de tenue (rires garantis dans l’assistance). Même la petite vacherie de chiromancienne balancée à la fin par le Juppé, paillasson élimé de ses maîtres – qui tentait comme un vieil enfant de garder le dernier mot – tourna à son désavantage face au sans gêne bienvenu de Hollande.
Hollande a marqué un point important dans sa résistible ascension en éliminant sans mal un Juppé décati que d’aucuns envisageaient comme le plus apte à suppléer à la catastrophe annoncée de l’élimination du blaireau de l’Elysée. Mais du même coup il a ravivé les peurs de perdre la place chaude pour les oligarques à la botte de Sarkozy, qui hurlent au feu ; et les journalistes de France 2 de trembler eux aussi, très courageux pour tenter de dézinguer Hollande, mais si obséquieux face à Sarkozy ; ce qui risque de se voir encore plus lorsque ce dernier sera sur la sellette, aggravant son cas.
Nous allons assister au spectacle débilitant, psycho-électoral, entre le normal et l’anormal, mais très focalisé sur ces deux petits personnages, insignifiants sans leurs armées de conseillers en tout genre et leurs nègres littéraires. Hollande a partie gagnée s’il continue à dénoncer doublement l’anormalité de la droite au pouvoir (le « comportement » pervers de Sarko plus sa collusion avec la finance gangstériste), mais il n’est pas plus en mesure que la droite de ramener le capitalisme « à la normale ».
Hollande n’est pas viril, avais-je constaté dans le précédent article. Mais, bien que je me foute de la virilité en soi, je me suis trompé, ce n’est pas son principal point de faiblesse face au candidat sortant, qu’une majorité de sondés – du jamais vu pour tout autre candidat de droite – veulent « dégager » au plus vite. La « virilité » à la Sarkozy n’est plus suffisante, elle s’apparente à une « anormalité » caractérielle, pour ne pas dire à une beauferie ; traité d’arrogant par Juppé, Hollande couche sans mal l’homme sans bottes : « question arrogance vous avez des rechutes possibles », si Juppé avait eu des cheveux on les aurait vu décoiffé !
La virilité, selon le psychiatre Serge Hefez, correspond aux caractéristiques que toute culture associe aux valeurs masculines : le courage, le goût du combat, une tendance à la domination etc. Dans ce sens Hollande a révélé ces mêmes vertus de la virilité… d’estrade politicienne. Mais pas simplement, Hollo se moqua du côté macho de Sarko par son attitude bienveillante, souriante sans jamais être carnassier ni vouloir humilier son contradicteur ; Hollande a inauguré une virilité soft plus tolérable pour les électrices féministes de la gauche bobo. Très efficace aussi au niveau psychologique pour les masses spectatrices qui sont écoeurées par cinq années de sarkozysme aigu, par cette arrogance de parvenu qui n’a rien changé au sort des prolétaires, a osé aller mentir directement à ceux parmi eux qui portent encore le bleu de chauffe (cf. ses visites en usines choisies, qui ne lui ont pas gagné beaucoup de voix en milieu ouvrier sauf de quelques fayots arriérés). L’électorat féminin, majoritaire aux urnes comme je l’ai rappelé, est, au plan de sa majeure catégorie sociale (femmes prolétaires) encore plus touché par la crise et considère l’actuel président comme principal responsable (les cadeaux fiscaux ont le même effet que les diamants de Giscard).
F.Hollande a défendu, avec culot, un programme économique « social-démocrate »qui promet de serrer la vis à la finance (parfaitement utopique) avec des effets d’annonce (réduction de 30% des salaires ministériels) ; seule la deuxième proposition apparaît réalisable et populaire, et devrait lui permettre de l’emporter pour les masses moutonnières, simplement pour le plaisir de « dégager » l’autre Tartuffe. Il s'est présenté comme le VIP "des solutions" face à Sarkozy, l'homme "du passé". S'il a n'a pas prononcé le mot, son programme - crise oblige - est aussi, et peut-être surtout, un véritable exercice de rigueur. Une rigueur certes tempérée par une redistribution importante. Mais une rigueur réelle, puisqu'elle reprend les objectifs de baisse de déficit transmis à Bruxelles par le gouvernement Sarkozy : -4,5% du PIB en 2012, -3% en 2013 et 0% en 2017.
Il n’y a pas de solution ni « nationale » ni « française » à la crise systémique, c’est pourquoi la bataille des chiffonniers électoralistes doit écraser toute sérieuse réflexion politique et économique. C’est pourtant, depuis longtemps un classique, la discussion de bistrot est tout sauf politique. Le « grand rendez-vous » des « présidentielles » n’a jamais été que confrontation psychologique où il serait méprisable d’y chercher une alternative de société.
J’ai noté le revirement en une journée de la mafia présidentielle concernant la réplique à opposer à Sarkozy, être plus cool. Or, ni le blaireau ni ses affidés n’ont pu s’y tenir et ils se remettent à aboyer à tout crin. Au point qu’ils tendent à mettre fin à tout suspense, toute cette tension en compétiteurs de la haute bourgeoisie, avoine pour appâter le bon peuple aux auges électorales. Il est étonnant que, tout à leur ferraillage, les deux principaux partis de l’oligarchie, aient remisé au second plan la dernière galipette de Mme Le Pen ; laquelle a proposé le retour de la retraite à 60 ans… pour couper l’herbe sous les pieds du PS. Intéressant ce revirement du FN. Il signifie d’abord que la dénonciation des immigrés ne suffit plus dans la crise, qu’il faut mettre en avant des questions plus sérieuses même pour la couche la plus arriérée de la classe ouvrière. La stratégie du FN, parti bourgeois, évolue elle aussi (le père de la fille était un as des négociations secrètes avec Chirac), et ce revirement sur la retraite à 60 ans, semble bien destiné à désavantager le PS au profit de la « réaliste » UMP !
Mais ensuite, la proposition est une moquerie puisqu’il est impossible de revenir en arrière, et pour l’UMP (fière d’avoir fait passer la pilule avec les syndicats de… gauche) et pour le PS dont le candidat n’oppose qu’une histoire de « cas par cas » comme pour la régularisation des immigrés ; que le blaireau ou le gentil « seul à pouvoir porter le changement », soit élu, cela ne changera rien à la volonté bornée de la bourgeoisie de continuer à faire payer la crise à la classe ouvrière. Hollande n’arrête pas de faire des mamours aux PME, tout en se moquant et de Juppé et de ses futurs électeurs en justifiant son inévitable échec : « s’il n’y a pas la croissance, il n’y aura pas réduction des déficits ». Le même argument que les sarkoziens, mais à l’envers : c’est la faute à la crise dans tous les cas de figure.
Hollande occupe tout le paysage médiatique, mais tiendra-t-il la route, ainsi que son rival dépressif Sarkozy, au long des trois mois qui viennent ? Au plan politique général le problème reste entier, comme le symbolise la vieille photo de Paris Match (Sarko et Hollo ensemble pour le oui à l’Europe), l’opinion diffuse UMP et PS sont à mettre dans le même sac, Bayrou et Mélenchon ne sont pas crédibles, reste l’abstention et le vote protestataire… voire des « voies de fait » grévistes en plein marasme électoral si le suspense se délite dans une querelle de clocher face à une réalité sociale de plus en plus intenable.
Sinon, on se fout du futur élu. La fonction présidentielle reste un élément de parasitisme de la société qui devra être éliminée en même temps que la démocratie représentative truquée.
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