PAGES PROLETARIENNES

lundi 30 janvier 2012

L’arrogant président sortant



La pravda élyséenne, Le Figaro, l’avait annoncé à grands sons de trompe : « Le grand soir de Sarkozy ». Le chambellan Guéant l’avait crié sur les toits : « Sarkozy a un moral d’acier ». Le parti gouvernemental UMP louangeait son « courage ». Angela Merkel, pourtant étrangère sans papiers français faisait savoir qu’elle voterait Sarkozy, ou que, si on l’en empêchait elle viendrait quand même à ses meetings. Grand soir ou bide assuré?

Si on laisse de côté le bla bla sur des réformes de dernière minute pour en mettre plein la vue, une jeu de prestidigitateur hâbleur avec des chiffres invraisemblables et des comparaisons à hurler de rire, tout le propos du candidat à sa propre succession peut se résumer à deux petites choses :

1. C’est pas ma faute, c’est la faute à la crise,

2. Je suis un être humain, j’ai pu commettre des erreurs, qui n’en commet pas.

Jouant ventre à terre son va-tout, après la raclée subie par son estafette Juppé, Sarkozy avait préparé les questions avec Chazal, laquelle commença la première par les « questions sociales ». Alors qu’en fin d’interview il confessera avoir été arrogant, tout son comportement avait démontré depuis 21 H10 qu’il ne cessait jamais d’être arrogant. Ce petit boutiquier, avocat parce que cela rapporte, nul en économie, recommençait à se la jouer professeur, pour « expliquer aux français », mais tout en leur expliquant, il avoua humblement parler en leur nom car « il ne faut pas prendre les français pour des imbéciles ». Et, démarche typiquement narcissique perverse – c à d celle qui ignore l’autre - comme il leur « explique » et qu’il « pense à leur place » il s’est bien agi d’un soliloque entre un prince ordinaire et son destin de futur commis de la finance. Sarkozy se parlait tellement à soi-même qu’il ne laissait jamais terminer la question des journalistes à sa solde (tellement il les connaissait « d’avance »).

Questions de larbins, jamais méchantes, qui n’outrepassaient jamais le « nous » convivial, national, démocratique et apostolique du président sur fauteuil éjectable. Sarkozy abusait comme tout bourgeois hâbleur de ce « nous » qui signifie qu’il faut faire payer les frais au plus grand nombre sans souci d’équité : « nos » dépenses, « nos » dettes, etc. Ce « nous » sacerdotal avait pourtant peu de chances de passer la rampe télévisée. Le blaireau président ne se rendait vraiment pas compte de son ridicule. A force de prendre les masses pour des crétins, il en devient crétin lui-même. Il ne se rendait pas compte que les mensonges qu’il proférait (il a dit tout et son contraire sur tous les sujets, sans compter ses promesses non) suivies d’effet), étaient visible aux yeux de tous.

Pire, il se détrônait lui-même en calquant ses propositions de réforme (à moins de trois mois des élections… cela fît effet de cours de rattrapage dans l’explication plutôt ensablée) sur celles de Hollande : sur le chômage, sur la question du logement, pour la création d’une banque de l’industrie, etc. Des réformettes aussi électoralistes que celles de son adversaire de la gauche caviar, mais autant irréalistes pour combattre les maux de la crise.

(L’allusion au programme concurrent, aussi navrant, du nouveau manitou du PS était si pesante que les journalistes bourgeois se sentirent obligés de mentionner le nom de l’impétrant, au point de faire lever un sourcil colérique au dictateur bling bling : « vous êtes venus ici que pour me parler de M. Hollande ? ». Hollande en tout n’a jamais été ministre ni président, c’est un avantage pour les sondages…

Avec cette autre différence que Sarko n’a rien changé au chômage des jeunes, a laissé les moins jeunes défiler à pôle emploi une éternité, n’a fait que du bla bla devant des usines qui fermaient, qu’ils envoient les pioupious se faire tuer pour les beaux yeux d’Obama et le beau sourire d’Angela la teutonne. Sarkozy incarne le passif du capitalisme à la française, avec cette manie simpliste de radoter que c’est la faute aux 35 heures et aux gouvernements qui l’ont précédé ; avec cette courbette répétitive sur « l’exemple allemand ».

Tout le bla bla social pour « produire en France », « garder les salaires » (surtout plus les augmenter !), « l’allègement des coûts de production », pour développer les emplois, aider les PME, ne se différenciait en rien des promesses de Hollande. Avec cette autre différence que Hollande n’a pas eu à les tenir ces promesses (électorales) et que Sarkozy lui a tenu le pouvoir cinq ans, après s’être assis sur ses promesses et avoir dansé comme un minable parvenu au Fouquet’s et tenté de bombarder son fils en tête du département le plus riche de France.

Comme le premier imbécile venu, il pointe encore la crise : « la finance s’est comportée de façon folle » ! Voilà la crise taxée de folie douce ! Une forme d’autisme féodal, comme jadis les nobles qui allaient proclamant que la pauvreté n’était qu’un signe du destin imparable.

Oui il a bien fait de casser les retraites. Oui il explique toujours aux syndicats, ces brêles. Oui il ment quand il assure qu’il ne peut pas être acteur et commentateur, alors qu’il est les deux. Le petit pacha parade et commente sa propre parade. Il veut bien être son propre critique, mais de président à président : « vous êtes journalistes, moi je suis président ». Il y tient à son grade, plus pour longtemps ? Et même qu’on dira, s’il est déchu : qu’a-t-il été faire dans cette galère, ce poste sacrificiel où l’on vous réveille même la nuit pour le job, quand les français reste d’indécrottables veaux qui vous rejettent ou vous oublient du jour au lendemain.

Le blaireau souhaitait cacher sa bestialité d’homme de pouvoir, en tentant, pour le secteur gériatrique, de donner figure humaine à ses délires et mensonges. On imagine l’explosion de rires dans les chaumières prolétaires lorsqu’il se livra au feu d’artifice final : je souscris à la sincérité et à l’authenticité… deux notions bien étrangères à sa classe d’appartenance ! Quant à la progressivité de la démocratie « exemplaire » sarkozienne, elle s’arrête à l’entrée des bureaux de police et se clôt sur les champs de bataille du côté de Kaboul.

Avantage Hollande pour l’heure : deux manches à zéro.

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