PAGES PROLETARIENNES

mercredi 14 décembre 2011

RENAULT BUTIN DE GUERRE DES STALINIENS (suite)


(2ème épisode)

La gauche caviar et les historiens gauchistes au service de l’oubli des méfaits des staliniens

(Cf. relisez mon article sur ce blog, du 13 mai de cette année, Renault butin de guerre des staliniens, pour lequel j’ai reçu pas mal de menaces)

Etrangement coordonné médiatiquement le mercredi 14 décembre avec le procès intenté par la famille Renault à l’Etat, FR3 livra un documentaire retraçant la rivalité de deux industriels de génie, Louis Renault et André Citroën. Le documentaire fût pourtant dans l’ensemble d’une haute qualité historique, malgré de lourdes allusions ponctuelles à la persévérance de Citroën malgré ses origines juives. Louis Renault est décrit comme un patron seigneur, dur avec ses ouvriers. La première partie est toute de glorification pour l’émulation des deux génies, pour leur capacité patronale merveilleuse à faire produire par les femmes ouvrières des canons pour Verdun. Avantage Louis Renault avec les taxis de la Marne. Images saisissantes de ces milliers d’ouvriers veules qui acclament le seigneur de Billancourt et le ministre socialiste de la guerre Albert Thomas. Au salon automobile de Berlin, Citroën rapatrie tous ses commerciaux tandis que L. Renault se laisse photographier aux côtés d’Hitler. Personne ne songe à l’époque à lui reprocher d’être le meilleur commercial français. André Citroën meurt ruiné à la suite d’un complot du patronat des forges et des banquiers pourris de l’époque. Louis Renault connait ses premières aigreurs d’estomac face au front popu, plus sa femme, la belle Chrstiane, le cocufie avec le facho sentimental Drieu la Rochelle. Suit le commentaire lèche-botte du pigiste de FR3 : « elle participe déjà de la légende noire de Louis Renault. Les élites françaises sont prêtes à tout pour commercer avec l’Allemagne » (nb : Sarko est donc condamnable comme collabo ?). La voix off du pigiste reconnait que tous les industriels sont contraints par les caves du gouvernement fantoche pétainiste de collaborer industriellement. Autre commentaire bête : « Louis Renault commet une erreur qui ne lui sera pas pardonnée ( !? par qui ? par ses assassins staliniens ?) : « il s’accroche à son usine alors que ce sont les allemands et Vichy qui décident » ( !?)

Un peu de scénario à suspense ensuite : « Eté 44, l’heure des comptes a sonné… il est malade. L’enfermement aggrave son état de santé. Il meurt dans une clinique d’un hémorragie cérébrale ». Le docu s’effondre au final dans le mensonge le plus plat, en oubliant de dire que l’hémorragie a été provoquée par les coups sur la tête de ses geôliers staliniens. Le débat avec la petite fille de L.R. et des historiens de pacotille ne vaut même pas d’être relevé. On reste soft, et on reconnait qu’il n’y a pas toutes les raisons suffisantes pour accuser L.Renault.

A la veille de l’émission du documentaire, le ton n’était pas si courtois dans la presse bourgeoise. « L'attitude » de Renault pendant la guerre, les accusations de « collaboration » avec l'Allemagne nazie, sa « nationalisation-sanction » en 1945, écrivait Le Figaro, c'est un large pan de cette histoire controversée qui va s'ouvrir aujourd'hui (mercredi) devant la justice. Les héritiers de Louis Renault contestent en effet la confiscation de l'entreprise en janvier 1945, qui aboutira à sa transformation en Régie nationale. Ils veulent obtenir réparation et ont assigné l'État devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Une démarche dénoncée comme «une falsification de l'histoire de l'Occupation» et une «tentative de réhabilitation» par leurs adversaires. Les sept petits-enfants de Louis Renault, fondateur avec son frère de l'entreprise de Boulogne-Billancourt en 1898, attaquent l'ordonnance prise le 16 janvier 1945 par le gouvernement provisoire de la République française. Selon leur avocat, Me Thierry Lévy, ­cette «nationalisation a revêtu un caractère unique et sans précédent». «Aucune autre entreprise n'a fait l'objet d'un pareil traitement, même parmi celles dont les dirigeants ont été condamnés par la justice pour des faits de collaboration», poursuit Me Levy. Arrêté en septembre 1944, Louis Renault est mort un mois plus tard en prison. Sans avoir été jugé. Le TGI de Paris choisira de transmettre ou non la question à la Cour de cassation. Sans chiffrer son éventuel préjudice, la famille Renault dresse la liste des biens confisqués sans aucune indemnisation. Le fondateur possédait 96,8% de sa société, qui, outre «les usines dites de Billancourt et du Point-du-Jour», comprenait des terrains et bâtiments en Savoie, des «brevets, licences d'exploitation, procédés de fabrication», une succursale à Vilvorde, en Belgique, des immeubles sis aux 51 et 53 avenue des Champs-Élysées et des usines au Mans, pour ne citer que les principaux biens.

Bon c’est pas notre problème, l’Etat actuel a bien écrasé aussi le pillage et la récupération des appartements à Paris appartenant à des juifs déportés et qui ne sont jamais revenus, et jamais rendu à leurs familles au nom de la … mémoire du retour à la paix sociale ! Des millions de prolétaires ont perdu leurs maigres biens sans jamais être « remboursés » du crime impérialiste. Non, ce qui est choquant pour nous, plus que la spoliation généralisée en temps de guerre mondiale, c’est la falsification de l’histoire pour la propagande du présent.

Un certain Richard Cannavo, éditorialiste au Nouvel Obs, maquillait lui le meurtre de Louis Renault pour sponsoriser le « documentaire » de télévision. Son billet, titré « Une histoire française », déguisait ladite histoire avec une manière toute stalinienne, de concasser et absoudre les faits, que voici : « Sa vie durant, Louis Renault aura été adulé, avant de susciter la haine. Retour sur le destin tragique d’un homme qui connut gloire et fortune et mourut dans une déchéance psychologique et physique totale ».

S’il vous arrive d’être tabassé à mort, par un nazi, un flic quelconque ou un gros bras stalinien, nul doute que vous mourrez « dans une déchéance psychologique et physique totale » ! C’est bien ce qui est arrivé à Louis Renault, assassiné comme le sculpteur Aristide Mayol par les sous-hommes de main staliniens à la Libération. Le deal a toujours été masqué par les partis gaullistes (pour faire oublier leurs collègues pétainistes grillés), sans le vote concédé bien tardivement aux femmes et la concession des nationalisations « dépeçage » surtout de Renault – car la plupart des patrons enrichis durant la guerre ne furent pas inquiétés – la bourgeoisie gaulliste n’aurait pu éviter que le parti stalinien rafle la majorité des sièges au parlement. Le lâche éditorialiste du principal hebdo de la gauche bourgeoise et nationaliste juive, oppose donc le bon patron juif Citroën au méchant patron français Renault, qui tous deux se battirent vaillamment pour faire tuer le plus possible d’allemands : « 36.000 obus par jour pour Louis, 50.000 pour André. Avantage Citroën ». Dans l’accélération de la falsification, Cannavo est doublé sur sa droite par son collègue F.Caviglioli : « Louis court aussi vers son tombeau. Sous l’occupation, pour faire tourner ses usines, il fournira à l’armée allemande des véhicules de transport et de combat. Comme Berliet et Peugeot. Mais, en 1944, à l’heure des comptes, il sera le seul à être frappé. Bête noire des syndicats et de la gauche (laquelle ?) il incarnait la droite fascisante (à la place de Pétain ?). Incarcéré à Fresnes, il meurt peu après, en gardant jusqu’au bout ce silence hautain qui l’a tant fait détester ».

Sous l’avalanche des coups de ses geôliers il est pourtant remarquable, que la gueule fracassée sur le béton de la prison de Fresnes, il ait été en état de « garder jusqu’au bout ce silence hautain » qui précéda son agonie ! Les journalistes du Nouvel Obs sont aussi lâches que les plumitifs du triste et odieux « Je suis partout » !

Cannavo en rajoute une couche, page suivante, dans le genre description minable du physique, spécialité des porteplumes antisémites du maréchal : « Avec son visage rude et tendu, ses coups de gueule et ses yeux froids, Louis Renault, disons-le, a quelque chose d’effrayant ». C’est encore une fois hyper lâche et stupide. L.Renault est plus petit que le nain Hitler et il n’offre que la mine triste d’un vulgaire commercial en représentation dans une vulgaire expo de bagnoles. Renault a reçu Hitler en client, rien de plus, comme Dassault a reçu tant de dictateurs pour leur refourguer les engins de mort made in France, qui servent encore en particulier à mitrailler les manifestants arabes.

Nulle part Cannavo, qui veut ménager les abonnés du parti stalinien de Mélanchon, ne rappelle les crimes des staliniens, nombreux crimes à la dite libération pour faire oublier les leurs. Cannavo choisit, aux ordres de Jean Daniel, de maintenir l’obscurité : « Il (L.R.) meurt le 24 octobre, à 67 ans, dans des circonstances demeurées obscures (sic). Des radios révèleront une fracture de la première vertèbre cervicale, ce qui accréditerait la thèse, soutenu par sa veuve, d’une mort due à un tabassage trop poussé du vieil homme ».

Qui a tabassé à mort Louis Renault ? Pas difficile à savoir, les séides des FTP qui contrôlaient la région parisienne !

Avant même que la justice ait tranché sur la légalité de la procédure, l’oubli du comportement des staliniens s’appuie sur la question du comportement de Renault sous l'Occupation pour les journalistes surpayés comme pour les historiens rétribués pour approfondir les mensonges d’Etat. En 2010, les héritiers du constructeur avaient intenté une action en justice au Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, qui présentait une photo de Louis Renault en compagnie de Hitler et Göring au Salon de l'automobile de Berlin en 1939. La photo avait été retirée de l'exposition car il s’agissait d’un montage simpliste des staliniens pour se servir doublement du massacre perpétré en 1944 à Oradour, et justifier leur pillage de Renault, devenu bureau d’embauche prioritaire pour les familles des activistes nationalistes staliniens. Un sujet abordé avec prudence, concède le Figaro, contrairement à ses collègues gauche caviar/stalinisme pinard. Ce journal de gouvernement avance tête basse sur le sujet pour ne pas nuire à la légende officielle de la gauche collaboratrice pour la reconstruction du pays, laquelle risquerait d’être encore plus ridicule en 2012 si cet épisode venait à révéler qu’à chaque fois qu’elle a été au pouvoir, cela fut pour « faire retrousser les manches aux prolétaires », en leur désignant des boucs émissaires. Le nouveau stalinien d’estrade Mélenchon n’appuie-t-il pas sa maigre argumentation sur 36 et 45, les deux pires moments d’embrigadement de la classe ouvrière à une solution nationale avant et après guerre ? Mais bon, cela les prolétaires intelligents le savent, mais toute la presse bourgeoise du Figaro au Nouvel Obs veut surtout continuer d’enfumer les jeunes générations privées d’histoire par le roquet Sarkozy dès le lycée (ou suprême double arnaque il est interdit de critiquer Pétain, qui ne doit plus apparaitre que comme le héros de Verdun, alors que mon grand-père a fait partie de ceux qui lui ont jeté des pierres lors de sa courte visite aux tranchées…).

Pour contrer les réclamations de la famille Renault, qui exige la restitution des biens de L.Renault pillés par l’Etat stalino-gaulliste, l’Etat actuel peut compter sur les héritiers des faussaires Thorez et Frachon. La menace de rétorsion vise tout rétif à l’interprétation officielle, comme on peut le constater dans mon article du mois de mai : « Est-ce qu’un jour la France réhabilitera le fils qu’elle a renié ? Ceux qui en France croient en l’injustice infligée à Louis Renault jugent cette possibilité improbable. Or, légalement, il pourrait être prouvé que la Régie constitue un recel qui découle d’un meurtre et d’une spoliation. L’administration française ne peut accepter que cet argument remonte à la surface, car reconnaître que Louis Renault n’a pas été jugé équitablement, soulèverait le problème d’une énorme compensation pour ses héritiers. Ceux qui lèvent leur verre à la mémoire de ce grand homme à l’occasion de chacun de ses anniversaires, le 15 février, ne le font qu’avec prudence. Car il est murmuré que d’aborder publiquement un tel sujet en France, même 60 ans plus tard, pourrait provoquer des représailles. Par exemple… un contrôle fiscal ».

Au secours d’un Etat français déjà empêtré dans de colossales dettes, la CGT-métallurgie et une fédération d'anciens déportés, ainsi que la révisionniste néo-stalinienne, professeur à Paris-VII, Annie Lacroix-Riz, ressortent de la naphtaline l’hystérie post 1944 contre Louis Renault, l’arbre à came idéologique (Il s'agit d'un arbre, entrainé par des pignons, une chaîne ou une courroie crantée… conforme à la quincaillerie antifasciste éternelle). Au CNRS comme à l'École des hautes études en sciences sociales, les intellos de gouvernement marchent sur des oeufs. Henry Rousso, directeur de recherche au CNRS, reconnait que : «Renault a indéniablement fait l'objet d'un traitement particulier. C'est la seule nationalisation-sanction prononcée. Les autres répondaient à des motivations économiques ou ont donné lieu à des indemnisations». Henry Rousso rappelle «la dimension fortement symbolique de Renault», avec le Front populaire, la répression des grèves de 1938 puis l'Occupation. «Renault a travaillé pour l'économie de guerre allemande. Avec quel degré d'enthousiasme ou de contrainte? Cela reste largement à étudier», se fiche l'historien. Également directeur de recherche au CNRS, Denis Peschanski, élevé au biberon dans la secte d’Arlette Laguiller, se joint aux chœurs qui hurlent encore contre le baudet de Billancourt ; il tient en vérité à garder ses lecteurs staliniens : «Peugeot et Michelin ont, eux, noué des contacts avec les Alliés et la Résistance intérieure, ont mis en place un sabotage intelligent, des actions clandestines et ont aussi négocié secrètement le non-bombardement de leurs usines[1]. Ce que n'a absolument pas fait Renault». L’imbécile, et comment justifie-t-il que les usines Renault aient été bombardées deux fois, et quasi détruites – en passant pour la plus grande joie de la concurrence automobile US – parce qu’il fallait se coucher déjà en faveur des futurs occupants US ?

Le suc de ce maquillage du calvaire d’un patron de génie rattrapé par le capitalisme décadent en guerre, n’est-ce pas de nous refourguer le mythe blanc et pisseux des nationalisations comme charpente du socialisme… stalinien ? Pour faire suer le burnous aux ouvriers pour qu'ils "retroussent leurs manches" afin de reconstruire le pays sous la férule de l'Etat gaullo-stalinien.


[1] Menteur trotskien : C’est faux, comme le rappelle le docu de FR3, les usines Peugeot à Sochaux, Simca, etc., ont été également bombardées…

mardi 13 décembre 2011

MAFIAS SYNDICALES EN COLERE : PASSER DE L’ABANDON DE LA CLASSE OUVRIERE A SON ATTAQUE EN REGLE… D’OR


L'intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-FSU-Solidaires (officine obscure près le conseil des ministres) a programmé pour ce mardi 13 décembre, une journée de manifestations pour bêler "refuser l'austérité". La classe ouvrière n’a que foutre de cette programmation ministérielle et est à son poste d’exploitation la journée durant, laissant défiler le personnel syndical corrompu avec ses colifichets et grigris habituels.

Le Monde, s’entretenait au même moment avec le bonze François Chérèque, qui préside le trust CFDT. On verra que le bonze ne répond pas, esquive certaines questions et fait pitié par sa gentillesse avec ses « partenaires sociaux », et l’amalgame du prolétariat à Le Pen. Il parle en outre de la dette et de la règle d’or (union nationale bourgeoise) comme un chef d’Etat « responsable » et soucieux de l’effort que doivent consentir les puent-la-sueur.

Question : La Cour des comptes dénonce "les dysfonctionnements" du comité d'entreprise de la RATP et le thème de "l'argent caché des syndicats" resurgit. L'air du temps est-il antisyndical ?

Depuis que je suis syndicaliste, je n'ai jamais vu un vent d'antisyndicalisme aussi fort (non un pet des prolétaires !)

- Une partie de la droite et une fraction du patronat n'ont jamais accepté le fait syndical. (…) Un palier supplémentaire a été franchi avec le dossier du Figaro Magazine [du 3 décembre] sur "l'argent caché des syndicats", qui rapporte de façon malveillante le rapport de la commission parlementaire sur le financement des syndicats. Rapport qui n'a pas été voté et dont la publication est donc interdite. Nous allons porter plainte contre les personnes qui l'ont diffusé. (ah ah, c’est déjà fait et les mafias syndicales règlent leurs comptes en justice bourgeoise, et Le Monde comme le reste des médias, bouche cousue sur ces procès entre bonzes) ; L'antisyndicalisme n'est pas vraiment nouveau… On va jusqu'à attaquer personnellement le secrétaire général de la CGT, sa femme et sa famille. C'est très grave. Il y a une forme de poujadisme vis-à-vis du syndicalisme qui est dramatique. J'entends dans les discours que le chômage, c'est la faute des immigrés trop nombreux, les déficits sociaux, c'est la faute des assistés fainéants et les problèmes des entreprises, c'est la faute des syndicats corrompus. Cela pue le Front national !

Question : Avec la réforme de la représentativité, les syndicats vont asseoir leur légitimité sur leur audience électorale. Mais l'amélioration de leur image ne passe-t-elle pas par un aggiornamento de leurs pratiques ?

- On mélange souvent le nombre d'adhérents avec la représentativité électorale, qui couvre, grosso modo, les deux tiers des salariés. Dans ces élections, la participation oscille entre 60 % et 80 %, largement au-dessus des élections politiques locales. Mais le nombre de syndiqués est insuffisant et on ne peut pas attribuer cette faiblesse à la seule répression syndicale. La réforme de la représentativité doit nous amener à des pratiques plus en proximité avec les salariés et à plus de transparence sur nos modes de fonctionnement, y compris financiers. Il nous faut redonner du sens au syndicalisme, développer son utilité, renforcer l'intérêt des salariés.

Question : Pour sortir de la crise de l'euro, faut-il modifier les traités et renforcer la discipline budgétaire ?

(…) (cf. discussion interne entre la haute hiérarchie des mafias syndicales et les technocrates de Bruxelles). La Confédération européenne des syndicats met plusieurs conditions à l'évolution des traités : qu'on intègre un volet social, qu'on mette en place des eurobonds [euro-obligations] afin de mutualiser les dettes pour faire baisser la spéculation, et qu'on investisse dans l'économie de demain collectivement au niveau européen. C'est dans ce cadre-là que la règle d'or peut être acceptable.

Question : Le 13 décembre, vous manifestez sur le refus de l'austérité. Mais vous avez affirmé que la dette était "excessive" et qu'il était "inévitable" de la réduire. Y a-t-il une rigueur acceptable ?

- La résorption de la dette doit être une priorité des politiques budgétaires. C'est une question d'honnêteté vis-à-vis des futures générations. Ce n'est pas la nécessité de faire des économies qu'on critique, mais les choix du gouvernement. Les syndicats ont fait des propositions communes, comme par exemple d'économiser les 4,2 milliards d'euros de défiscalisation des heures supplémentaires, de remettre en cause la niche Copé pour les grandes entreprises, de créer une tranche d'impôt supplémentaire.

Question : Les syndicats ne vont-ils pas afficher leur impuissance ?

- En période électorale, les Français attendent plus du changement par le politique que par des mouvements sociaux. Si on m'avait écouté le 17 août, quand j'ai demandé un sommet social, si on avait anticipé des difficultés qui à coup sûr allaient survenir, comme la hausse du chômage, nous n'aurions pas eu à organiser une journée d'action dans un contexte électoral qui favorise le repli.

Question : Comment réagissez-vous aux enquêtes sur la montée de la défiance vis-à-vis des politiques et du sentiment d'abandon ?

- Ce n'est pas en ayant des discours politiques qui martèlent que les étrangers sont responsables du chômage et que les malades sont responsables des déficits qu'on renforcera la confiance. Les politiques doivent avoir un discours honnête et les syndicats doivent répondre à ce sentiment d'abandon. Sinon, ceux qui se sentent abandonnés iront vers les extrémismes de droite, qui flattent ces populations sans leur offrir de solutions concrètes et positives. (…) A la présidentielle, la CFDT va afficher sa neutralité et ne soutiendra aucun candidat. Comment allez-vous concilier cette position avec le bilan globalement négatif que vous dressez du mandat de Nicolas Sarkozy ? Notre critique de l'action de Nicolas Sarkozy est aussi un avertissement à la future majorité quelle qu'elle soit. On ne juge pas un gouvernement putatif, on juge un gouvernement au pouvoir. Et notre capacité d'autonomie rend légitimes (Ah Ah Ah !) ces critiques. Si nous adoptions une démarche partisane, nous serions inefficients sur la critique de ce qui se fait aujourd'hui et inefficaces demain quelle que soit la future majorité. Maintenant, c'est aussi aux politiques, comme cela se fait dans tous les pays, de reconnaître que la critique, positive ou négative, fait partie de l'action du syndicat qui est avant tout un contre-pouvoir.(et ta sœur elle est un conte du pouvoir ?)

COLÈRE FEINTE APRES LA PUBLICATION PARTIELLE DU RAPPORT FINANCIER

Les BONZES de la CGT et de la CFDT n’ont pas déjugé de la même manière la "situation insupportable" créée par le scandaleux rapport moitié secret. Seule la CGT a réclamé la publication du document, dont "la plupart des exemplaires ont été passés à la broyeuse", selon Nicolas Perruchot. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, en a appelé au président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. "La non-parution de ce document a multiplié les allégations et les suspicions à l'égard des syndicats", a-t-il déploré sur RTL. "Je vais m'adresser au président de l'Assemblée nationale, M. Accoyer, et je vais lui demander officiellement au nom de la CGT la publication de ce rapport", a-t-il ajouté, précisant que 70 % de l'argent de la CGT provenait des cotisations de ses membres et 12 % de fonds publics. Ceci pleurniché sachant que de toute façon le rapport ne sera jamais publié.

L’autre bonze, tenu à être moins vindicatif et plus près de la fiscalité opaque des mafias syndicales, Chérèque, a rappelé – ce qu’il ne rappelle pas dans l’interview ci-dessus au Monde) qu'il était tenu au silence sur ce rapport. "Je n'ai pas la possibilité de le commenter, parce que j'ai juré devant la commission parlementaire que s'il n'était pas publié je n'avais pas le droit, sous peine d'amende, de pouvoir le commenter", a-t-il déclaré sur iTélé. M. Chérèque indique aussi que 44 % des ressources de l'organisation provenaient des cotisations, 30 % des ventes de produits internes et "seulement 30% de fonds publics". Menteur !

Etat et syndicats veulent faciliter le chômage partiel (att aque anti-ouvrière complice syndicats/gouvernement.

A la veille du grand krach attendu, mais modéré dans les médias, le chômage partiel fait son grand retour en France. Premier secteur touché, l'automobile, avec des arrêts d'activité chez PSA ou Michelin. Avec l'aggravation promise du chômage, gouvernement et complices syndicaux s'accordent sur la nécessité de promouvoir un dispositif, particulièrement prisé dans l'industrie pour éviter les licenciements. Problème : le bilan du chômage partiel lors de la précédente crise 2008-2009 fût nul, et les ouvriers les dindons de la farce des protecteurs des banques et des 1% de riches qui bouffent 40% du produit national.

Dans un autre rapport, que celui concernant les mafias syndicales, publié en février, la Cour des comptes est largement revenue sur les raisons de cet échec. Elle expliqua que les patrons français disposent de mesures de flexibilité plus pratiques comme l'intérim, les CDD ou les RTT. Le chômage partiel reste trop complexe avec trois dispositifs différents, qui se chevauchent. Voyez la différence ! La mafia CGT compte sur une fusion des dispositifs, avec éventuellement la création d'un grand fonds unique abondé par l'Etat, les employeurs et l'Unedic. "L'objectif est de généraliser le maintien de 75 % du salaire brut et de faire une réelle sécurisation de l'emploi pour décourager les licenciements, tout en renforçant le contrôle des entreprises qui y recourent", défend Maurad Rabhi, chargé de l'emploi à la CGT.

Le gouvernement ne veut pas que l’orchestre des partenaires sociaux joue trop fort du basson et du violoncelle avant la réélection présidentielle. Mais le ministère de l'emploi admet qu'une telle réforme nécessite "un nouvel accord national interprofessionnel, ainsi qu'une modification de la loi". Des conditions compliquées à réunir à moins de cinq mois de la présidentielle. Xavier Bertrand, ministre du travail, pourrait donc se contenter de défendre sa promesse d'abaisser le délai de réponse pour l'agrément de l'inspection du travail de vingt à dix jours, voire de supprimer l'accord préalable. Du calme, du calme, on discute au sommet derrière des portes matelassées. Du calme. On verra bien.

dimanche 11 décembre 2011

Dernières nouvelles avant la tragédie?


Jean-Paul Fitoussi est directeur de recherche à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il répond aux questions de Liberation.fr.

L'accord entre Paris et Berlin vous semble-t-il un bon chemin pour sortir l'Europe de la crise?

Non. Le deal franco-allemand est décalé par rapport à la crise sans précédent que l'on vit en Europe. Il prendra un temps à être mis en pratique quand il faudrait être beaucoup plus réactif. Un accord sur la discipline budgétaire et une union monétaire seraient acceptables s'il existait un gouvernement fédéral et des Etats qui acceptent la règle du jeu. Ce n'est pas le cas. Promouvoir la vertu à tout prix, renforcer encore la rigueur dans des pays qui ont abdiqué toute liberté budgétaire est non seulement incohérent, mais contre-productif...

Pourquoi?

Parce que la crise à laquelle on est confrontés n'est pas la conséquence d'un laxisme budgétaire! L'Irlande, premier pays à tomber, avait un excédent budgétaire de 2,9% en 2006 et une dette publique de moins de 24%! Tout comme l'Espagne, 2,4% en 2006 et 36%. Ce qui a produit le tumulte actuel, ce n'est donc pas la trahison de Maastricht et des critères du pacte de stabilité. Ce sont les flux de capitaux spéculatifs. Ils avaient massivement investi ces pays et les ont fui. Il aurait seulement fallu les empêcher d'y rentrer en taxant les flux à court terme, à l'instar de ce qu'avait fait le Chili dès 1991 avec l'encaje: le pays a été mis à l'abri des dysfonctionnements économiques et financiers. Mais ça, Maastricht ne le permet pas.

Le pacte franco-allemand reposerait donc sur un mauvais diagnostic, entraînant un remède inefficace?

Oui, et on continue à détailler encore plus le traité européen. Plus il est "encadrant", et donc contraignant, plus il empêche la réaction rapide. Et comme il a, en plus, une clause qui tient du pêché originel, on fonce dans le mur. C'est la fameuse clause de non sauvetage (no bail out), qui interdit aux Etats unissant leur monnaie de s'entraider. Avec l'interdiction faite (par le même traité de Maastricht) de recourir à la Banque centrale européenne pour financer leurs déficits, les États ont été contraints d'emprunter sur les marchés. Résultat: ils doivent satisfaire aux critères et exigences de l'industrie financière et des agences de notation. Et les marchés punissent les Etats dits laxistes par des taux d'intérêts élevés sur leurs emprunts...

De Paul Krugman à Joseph Stiglitz, de Jeffrey Sachs à Kenneth Rogoff, beaucoup d'économistes préconisent aussi de voir la BCE devenir beaucoup plus interventionniste...

Que la BCE commence déjà par jouer le rôle normal d'une banque centrale, comme dans tous les autres pays du monde, et achète des nouveaux emprunts d'Etats émis avant de racheter des obligations sur le marché secondaire! Pour se donner de l'oxygène, il faut aussi des eurobonds qui permettront de financer de projets de croissance et de lutter contre le chômage. Or, ces deux options, les seules à même de nous sortir de la crise, sont fermées: c'est une erreur doctrinale fondamentale. Au lieu d'en changer, on la renforce. Conséquence: on entretient de l'austérité généralisée. Aucune politique d'expansion n'est donc possible. Et la récession est annoncée: elle fera beaucoup de malheureux, et quelques heureux, ceux qui achèteront des actifs en chute libre...

Mais comment gérer le risque de l'inflation, qui fait si peur à l'Allemagne? Le rachat direct de la dette d'un Etat par sa banque centrale revient à faire marcher la planche à billet....

Je redoute moins l'hyperinflation que l'hyper-récession. Ce que l'on vit est de l'ordre de la tragédie. L'Europe est coincée et se retrouve à faire de la surenchère sur l'austérité. Les pays multiplient les plans d'austérité pour montrer patte blanche aux marchés financiers et aux agences de notation. Lesquels, après les avoir poussé à faire cela, leur reprocheront d'avoir laissé filer la croissance...

Le retour du débat sur la "règle d'or" va-t-il resurgir et diviser, à l'image du débat sur la constitution européenne en 2005?

Derrière les apparences, ce débat-là fracture les partis à droite comme à gauche. Il va phagocyter les débats de la campagne et c'est un drame. Il va détourner du vrai débat et renforcer notre incapacité à prendre les bonnes décisions.

L'alternative, c'est la sortie de l'euro?

Non. Ce serait un cataclysme économique. La monnaie serait dévaluée, les dettes publiques s'envoleraient. Le protectionnisme rayonnerait. Et la récession ferait exploser le chômage. Un cycle dévastateur et durable.