PAGES PROLETARIENNES

vendredi 21 octobre 2011

Kadhafi au paradis, la révolution de jasmin aussi


Que les politiciens se félicitent de son lynchage ou fassent croire à une ère de paix en Libye, l’essentiel est de laisser dans l’oubli, les vraies raisons de cette guerre pare-feu, qui ne furent pas simplement motivées à l’origine par le désir de repartage des marchés pétroliers des vieux impérialismes européens, sous couvert des « droits de l’homme ».

Le lynchage de Kadhafi constitue une victoire en forme de triomphe qui sert d'avertissement aux autres dictateurs du Moyen-Orient tout en soulevant des inquiétudes sur l'avenir du pays, estime la presse britannique du vendredi 21 octobre.

"Le corps ensanglanté de Kadhafi devrait inciter tous les despotes qui continuent de s'accrocher au pouvoir dans la région, et notamment Bachar al-Assad en Syrie, à se lancer dans des réformes politiques", écrit notamment le journal populaire Daily Telegraph. Il affirme en outre que la mort de Kadhafi a aidé à redessiner la carte politique de cette région agitée. Pour le Daily Telegraph, "la mise à l'écart de Kadhafi, ainsi que celles de Hosni Moubarak en Egypte et de Zine el Abidine Ben Ali en Tunisie, ont "incontestablement transformé la donne politique dans le monde arabe et nous devrons nous y adapter en conséquence". Le quotidien de gauche Guardian estime de son côté "qu'il n'aurait pu y avoir de signe plus prophétique pour les tyrans encore en place que celui du corps de Kadhafi emmené à l'arrière d'un camion". "C'est le sort qui pourrait attendre Al-Assad (x), ainsi que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, et il faut qu'ils le sachent", écrit encore le journal. Le journal incite d'autre part les dirigeants libyens "à construire en Libye un avenir assurant à la fois les droits de l'homme et l'indépendance de toute interférence étrangère. "Il s'agit là d'une nécessité absolue dans un pays qui n'a pas de tradition démocratique et de grandes réserves de pétrole. Le prochain chapitre de l'histoire de la Libye vient de commencer", estime le Guardian. Enfin le Times trouve que la mort de Kadhafi était préférable à un procès qui aurait probablement révélé peu de choses que le monde ne sache déjà.

(x) Le sanglant Kadhafi avait commencé les tueries EN FAISANT TIRER sur les manifestants sans armes, puis en faisant lancer des grenades dans la foule (cf. mon article avec ce titre repris sur d'autres sites)

L'oubli en Libye (ce que Sarko veut appeler "le pardon")

Entre les cyniques politiciens de l’Etat sarkozien va-t-en guerre qui font la danse du ventre sur le cadavre de Kadhafi et le fair play torpide des bourgeois britanniques il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarettes, entre complices non pour éliminer les tyrans mais pour s’emparer de la manne pétrolière. Initialement, l’objectif était différent. Toutes les fractions bourgeoises en lice n’étaient pas déterminées à éliminer le système Kadhafi, sans oublier la somptueuse réception qui lui avait été offerte à Paris par notre chien de guerre. On l’a oublié mais la temporisation américaine visa à bloquer ladite révolution de jasmin et, au bout du compte, elle y a réussi : le but du jeu étant de récupérer dans l’ornière occidentale l’idéologie de la « libération des peuples » grâce aux instructeurs et au matériel occidental ; dans le long deal feutré Obama a laissé finalement GB + France faire presque cavaliers seuls, un prêté pour un rendu. L’Allemagne qui avait refusé de s’en mêler a conquis en douce d’autres lettres de noblesse impérialiste en négociant pendant ce temps en coulisses avec le Hamas et Israël la libération du soldat Shalit. Puis la bourgeoisie US s’était ralliée à la nécessité de l’élimination de Kadhafi.

La focalisation sur la guerre en Libye a dévitalisé le dit mouvement des peuples qui, électoralement, dans une logique de chacun chez soi, redeviennent les proies des simili fascistes musulmaniaques. Une fois la paix revenue – mais rien n’est moins sûr avec la mise en vedette des intégristes par tous les gouvernements de la région comme « opposants » déplorables mais déplorablement nécessaires (fabulation de l’Etat algérien pour sa survie) et les querelles de tribus – la Syrie reprend le flambeau. Le boucher Assad sera-t-il crédité d’une volonté de développer des armes chimiques comme Saddam et Kadhafi – ce beau prétexte pour « l’ingérence humanitaire » impérialiste ? Pas le problème pour l’heure.

Les grandes puissances laissent se dérouler un immense massacre impuni jusqu’au moment où un peu partout dans le croissant arabe, les « élections » bénies et un soupçon de démocratie même avec quelques intégristes, auront démoralisé chaque peuple dans ses frontières. Malgré les déclarations à la façon d’Obama et de la bourgeoisie qui laisseraient entendre que le prochain tyran lapidé en public sera Assad, rien n’est moins sûr. Outre que la Syrie ne possède pas de pétrole, plus Assad massacre, plus cet assassin génocidaire rend service aux bourgeoisies occidentales dans la remise en ordre du croissant arabe où les masses ne sont plus, comme la classe ouvrière ici, que spectatrices des massacres ininterrompus d'innocents pacifistes.

Voici ce que j’’écrivais il y a plusieurs mois sur la fonction de la guerre en Libye :

« POURQUOI LA BOURGEOSIE US TEMPORISE

Si le « printemps arabe » n’était pas encore en développement, nul doute que le choix ancien de la bourgeoisie US d’éliminer Kadhafi, aurait été réglé. La plupart des monarchies arabes + Israël + les nuls de « l’unité africaine » (incapables d’endiguer l’horreur en Côte d’Ivoire) n’auraient pas levé le petit doigt pour sermonner l’empire US. La ligne d’Obama obéit à la même logique que Bush père, sans sentiment et qui va vers la même catastrophe. L’impérialisme US ne peut pas s’empêcher de généraliser le chaos qui sert si bien le maintien de l’ordre bourgeois et la prospérité de l’industrie d’armement, dont la Palestine est le joyau. »

Et voir mes différents articles à l’époque(*) que je résumais ainsi : « La bourgeoisie française, plus ou moins sponsorisée par la bourgeoisie US – qui l’a réintégrée dans l’OTAN et convaincue d’apporter sa quotepart militariste en Afghanistan – peut être déléguée pour décharger quelque peu le lourd fardeau de pax americana sur le reste du monde. Le colonel Sarkozi portant haut le drapeau de la démocratie… humanitaire. A moins que cette pauvre armée française toujours à la traîne n’arrive que pour compter les cadavres sur les ruines de Benghazi ».

Les milliers de cadavres de cette longue guerre – du point de vue du prolétariat universel - qu’on ne nous a pas montré, sont bien plus choquant que le lynchage du bouffon de Syrte.

(*) Nota « L’attentisme criminel », et « Les dessous secrets de l’amitié entre Kadhafi et l’Italie ». Le type d’intervention impérialiste de deux Etats européens pour « sauver la population libyenne » a été un bon coup politique pour Cameron et Sarkozy. Comme d’habitude gauchistes et milieu maximaliste ont dénoncé cette guerre « impérialiste », quand beaucoup d’entre nous pensaient quand même « tant mieux s’ils virent cette ordure de clown sanglant et drogué ». Comme quoi dénoncer la guerre en soi peut vouloir dire agréer au statu quo des dictateurs en place. Comme quoi la bourgeoisie nous piège aimablement dans un faux choix, qui va si bien à son efficace destruction de toute énergie autonome de masses « impuissantes » et dépendantes de « l’aide militaire occidentale » pour obtenir des « élections libres ». La révolution de jasmin a bel et bien été remplacée par la conservation de la fleur de lys, couleur kaki ! Et qu'on ne nous raconte pas des blagues sur la confusion autour des circonstances du lynchage de Kadhafi, ce sont bien les soudards ailés de la sarkozie armée qui ont butés les fuyards de Syrte; sans cette aide "amicale", les excités d'en bas en pickup et autres Allah akbar avec portables, n'auraient jamais pu déchiqueter leur ancienne idole, rendant un fieffé service à la mafia du CNT. La rectification "ce sont des hélicos de l'OTan qui", a eu simplement pour but d'éviter que les prochaines cibles du terrorisme d'Al Aqmi et consorts (leur guerre à eux) ne soient exclusivement françaises...

Nota benêts: le dessin qui sert d'illustration à cet article est la reproduction d'une scène du film de Marjane Satrapi, la merveilleuse iranienne - Persépolis - qui a déchaîné la colère des fachos musulmaniaques en Tunisie... libérée, parce que dieu est représenté comme un vieillard! Ce qu'il n'est plus en effet puisqu'il est mort! S'étonner de ce qui est vécu comme une offense par les milliers d'ayatollah et autres bédouins en robe affublés d'une barbe chenue et longue comme celle des vieux dieux disparus, c'est ne pas comprendre que la superstition permet de gérer les sous-développés sans être emmerdé par des questions d'augmentation de salaires. Le salafisme est d'ailleurs une très bonne salade capitaliste.

Enfin le titre le plus débile et creux est celui du site gauchiste rue 89:"mort de Kadhafi: des images pour tuer le mythe"! Quel mythe? Sont miteux ces plumitifs recyclés de Libé .

mercredi 19 octobre 2011

C’EST DANS L’AIR DU TEMPS… GARE ! L’opinion politique soutient le « terroriste » de Pole emploi », qu’on se le dise !


PRISE D’OTAGES A POLE EMPLOI (suite et fin)

Heureusement les flics n’ont pas abattu le chômeur qui a réussi à se gagner les faveurs de l’opinion publique ; et Sarkozy n’avait aucun intérêt à appliquer la même solution que lors de la prise d’otages dans la maternelle de Neuilly, qui avait servi de première marche à sa montée vers la gloire (et dont le déroulé est resté très bizarre ainsi que le meurtre du preneur d’otages, des enfants°.

La droite gouvernementale est ridicule, son émission pipole « loft convention » pour « démonter » le projet du PS a été minable, vraiment nullarde comparée au loft socialiste démagogique. Les journalistes larbins du sarkozysme en déclin ne savent plus quoi justifier. Le Figaro - incapable de dénigrer le geste spectaculaire, et inoffensif du cadre au chômage (son arme était factice), ne pouvant dénigrer directement une action fort bien comprise par « l’opinion » - ce journal du gouvernement donc, apeuré par la forte probabilité de l’éjection de son maître Sarko en 2012 (jamais un président de la République de droite n’a été réélu d’affilée), a fait du zèle à la manière de « Je suis partout », revue pétainiste. Un zélé journaliste a cru bon de chiffrer le coût d'une demi-journée de mobilisation des forces de l'ordre pour la prise d'otages de lundi à Paris :

« Un chômeur avec une arme factice qui prend en otage le personnel d'un agence Pôle emploi pour attirer l'attention du public ? Coût estimé pour les autorités: 20.000 euros, au bas mot. Le Figaro a reconstitué la facture de la prise d'otage qui a eu lieu lundi, rue Pelée, à Paris, dans le XIe arrondissement. Il a fallu mobiliser sur cet événement près de 100 fonctionnaires en surnombre, dont une trentaine d'as de l'antigang, avec tout leur matériel. La prise d'otages s'est déroulée de 11h30 à 14h30. Mais les effectifs de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) et de la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP) ont été engagés plus de six heures, bloquant le périmètre et gérant les flux de circulation alentour, pendant et après l'événement. «La seule facture en personnel, calquée sur un taux horaire applicable de 9,10 euros (au 1er novembre 2005) pour le personnel le moins gradé, et qui va croissant en intégrant officiers et commissaires, dépasse déjà les 10.000 euros pour cette grosse demi-journée», selon une source policière. Il faut y ajouter le coût de mobilisation d'un camion truffé d'électronique et d'utilisation des matériels spéciaux de détection et d'écoute employés par les hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), dépêchés sur place «pour environ 5000 euros supplémentaires» estime un haut fonctionnaire de la préfecture de police. La mobilisation des structures médicales en cas de blessés et le suivi psychologique du personnel de Pôle emploi après la prise en otage ont également un coût. Sans parler des suites judiciaires dans cette affaire, qui implique désormais des expertises et un travail de police technique et scientifique obligatoire pour «verrouiller la procédure», explique un gradé de la PJ. Ce qui ajouterait au moins 5000 euros à la note.

Coût total estimé donc: 20.000 euros. «Et encore faudrait-il prendre le temps de calculer les heures perdues pour nombre de professionnels bloqués dans les bouchons créés par le bouclage de ce quartier du boulevard Beaumarchais en pleine journée», complète un commissaire de la police en tenue. Christian Denisot, le preneur d'otages, disait se battre pour les chômeurs «du monde entier». «Il a surtout fourni du travail à la police», commente-t-on dans l'entourage du préfet de police de Paris, Michel Gaudin »(qui s'est fait piquer son portable comme un bleu dans le métro...les djeuns ne font pas la différence entre un Préfet et un vulgaire gratte-papier, bravo!).

S’il devient de plus en plus impossible de faire figurer des commentaires non triés de lecteur dans la plupart des journaux (Libé vient de mettre au point un système de censure qui déconnecte les critiques des lecteurs de l’article considéré, alors qu’on aimait souvent plutôt lire les commentaires avant les articles souvent nunuches) Le Figaro, paradoxalement laisse filer, et dans le cas du preneur d’otages qu’il leur était impossible de culpabiliser autrement que par ce minable raisonnement d’apothicaire des riches, la verte réponse des lecteurs (réacs en général) est unanimement époustouflante et jubilatoire pour nous les maximalistes (le styloplume a dû se mordre les doigts):

Roquentin : « Ce genre de raisonnement est totalement stupide. Un tel évènement (celui-ci ou un autre, ne serait-ce qu'un banal accident de la route mobilisant 3 policiers) ne se définit pas en termes de coûts. Les personnels qui sont intervenus sont tous salariés de l'Etat. Qu'ils aient été là ou tranquillement assis sur un canapé dans leur service, leurs coûts cumulés pendant la période auraient été de 20.000 euros. La prise d'otage a couté 20.000 euros. Mais, paradoxalement, la non prise d'otage aurait couté elle aussi 20.000 euros.

TRIBUN : »Et combien coute le service d'ordre d'un match PSG - Marseille au Parc des princes ? Bien sur en incluant les dégradations du quartier à la sortie du match. »

Black Slash : « Quelle belle digression... / Toute à l'instar des digressions comparant le nombre d'insectes du jardin de J-F.C avec le nombre d'électeurs à la primaire fauxcialiste... / Il y a des cours, en ce moment, de digressions, pour les ' hauts ' fonctionnaires ? / Sans rire, c'est au delà du pathétique, c'est ' petit '... // @ Chevalier Cathare : Ca va coûter moins cher qu'une police de proximité et des structures publiques pour désenclaver les ' cités ', mais surtout, surtout, cela va faire entrer le train de l'insécurité dans la gare électoraliste de la campagne électorale UMPiste... / Et c'est bien là le but recherché, terroriser la tranche d'âge qui commence à être atteinte d'Alzheimer pour qu'elle vote ' comme il faut ', les ' médias ' veilleront à le leur rabâcher à longueur de reportages et autres ' sensationnalismes ' bien comme il faut...


tout ça c'est du pipeau. Ce genre de calcul est complètement déplacé !Avancer le coût du désespoir d'un homme c'est honteux, n'y-a-t'il que l'argent comme repère dans ce monde !

zazoult : « Combien va coûter l'accouchement de Carla, ??? çà va coûter combien à la France en gardes du corps pour la protéger à la clinique ».

Chevalier Cathare : « et pour les émeutes dans les cités , ça coute combien par jour ? »

musici : « Votre article est stupide. Cet homme exprime un mal qui peut tous nous concerner : ne pas réussir à s'en sortir et en arriver là, par désespoir... Le coupable ce n'est pas lui, c'est notre système injuste, malhonnête et contre lequel on ne sait plus comment se battre. De savoir combien d'euro son action a coûté est absolument hors sujet, puéril et montre bien la mentalité de votre magasine pourri. Quand allez vous vous poser des questions constructives, allant vers une vraie réflexion. Les journalistes finiront eux aussi au chômage, chez pôle emploi, et ceux qui pondent des articles aussi merdiques les premiers. Et d'ailleurs, il coûte combien cet article inutile?

jean coller : « Le montant de la mobilisation des forces de l'ordre pour les déplacements de Sarkozy c'est combien ??? Et le gros navion c'est combien l'heure de vol ??? »

ss ss 3 : « bien vu .... les journalistes qui écrivent des âneries à propos du coût soi-disant élevé feraient bien mieux :- soit de s'abstenir,- soit d'estimer que ces fonctionnaires auraient été de toutes les manières occupés à autre chose ... à quoi ? ...

Valmont40 : « Mon message faisant état de ma stupéfaction sur un tel article a été modéré ! On ne peut donc pas dire que ce genre de propos semble destiné à créer encore plus de haine envers les chômeurs qui coûtent, on nous le répète assez, beaucoup trop cher au pays ?Pas le droit de demander de faire la même étude sur le coût de la surveillance des alentours de la maternité de La Muette ?

Elysee2007 : « Il serait intéressant que le Figaro fasse la même analyse de coûts pour les déplacements de Sarkozy. Il serait bon aussi que Le Figaro calcule le coût des invitations pluri-hebdomadaires des caciques de la majorité à l'Elysée payés par nos impôts. »

QUAND ON PENSE AUX MILLIONS D’OTAGES

DU CAPITALISME LIBERAL, DEMOCRATIQUE ET ARMé...

LA JEUNESSE MONDIALE TRAUMATISEE PAR LA CRISE

OU LA CLASSE OUVRIERE OBNUBILEE PAR SON ABSENCE DE PERSPECTIVE ?

L'Organisation internationale du travail (OIT) a lancé une sévère mise en garde mercredi contre "le traumatisme" de toute une génération de jeunes, confrontés à un chômage toujours élevé, et à du travail précaire dans les pays développés, dans son étude annuelle sur l'emploi des jeunes.

En outre, l'OIT dénonce la multiplication du nombre des travailleurs pauvres dans les pays en développement. Dans son étude, l'OIT stigmatise "l'infortune de la génération qui arrive sur le marché du travail en cette période de grande récession". Outre le chômage et la précarité, les jeunes peuvent aussi être contraints à accepter des rémunérations moins élevées. Le rapport note que "cette frustration collective chez les jeunes a été l'un des moteurs des mouvements de protestation qui ont eu lieu à travers le monde cette année, car il devient de plus en plus difficile pour les jeunes de trouver autre chose qu'un travail à temps partiel ou un emploi temporaire". Selon le rapport, le nombre absolu de jeunes chômeurs a légèrement diminué à 75,1 millions à la fin 2010, contre 75,8 millions fin 2009 (OUF ! JLR). Ce nombre correspond à un taux de chômage de 12,7%. Ce taux de chômage « serait » (on sourit au conditionnel) :…l'un des moteurs des mouvements de protestation !

La version courte du journal gouvernemental Figaro est plus perverse que la précédente (AFP/Libé) et induit que c’est la faute aux chômeurs eux-mêmes… qui démissionnent:

L'Organisation internationale du travail (OIT) a lancé une sévère mise en garde mercredi contre "le traumatisme" de toute une génération de jeunes, confrontés à un chômage toujours élevé, et à du travail précaire dans les pays développés, dans son étude annuelle sur l'emploi des jeunes. En outre, l'OIT dénonce la multiplication du nombre des travailleurs pauvres dans les pays en développement. Dans son étude, l'OIT stigmatise "l'infortune de la génération qui arrive sur le marché du travail en cette période de grande récession". Outre le chômage et la précarité, les jeunes peuvent aussi être contraints à accepter des rémunérations moins élevées. Selon le rapport, le nombre absolu de jeunes chômeurs a légèrement diminué à 75,1 millions à la fin 2010, contre 75,8 millions fin 2009. Ce nombre correspond à un taux de chômage de 12,7%. Selon l'OIT, ce taux devrait baisser en 2011 pour atteindre 12,6% (74,6 millions de chômeurs). Le rapport relève cependant que la diminution du nombre de jeunes chômeurs s'explique aussi par le fait qu'ils se retirent du marché du travail, et renoncent à chercher un emploi.

La mise en parallèle de ce « traumatisme mondial de la jeunesse » au lendemain de l’acte désespéré du camarade Denisot (pas celui de la télé) devrait donner des idées, et si au lieu de casser et de montrer son cul comme en Grèce, les chômeurs s’organisaient, pour mieux défendre le droit de vivre et de manger, et face à l’arsenal policier et judiciaire en créant leurs propres comités de défense en particulier pour ceux qui ont crié seul leur colère comme Christian Denisot ?

lundi 17 octobre 2011

Primaires (fin) LE PETIT CHOSE MIS SUR LE TABOURET


Ou lancé en piste...

Normalement, aujourd'hui, Sarko serait battu, laminé, écarté par même une chèvre. Il ne remonte pas des sondages catastrophiques qui allient l'impuissance du blaireau à limiter la misère (c'est vrai il ne suffit pas de prendre aux riches) et faibles espoirs en des notables bourgeois "socialistes" du même bord. Mais ne boudons notre plaisir devant la fête bcbg des snobinards de la "gauche solférinesque"!

Quel panache ce Hollande avec ses trois discours d’affilée, filmé en continu toute la soirée sur BFM. Temps de parole illimité (consigne de l’Elysée, amoindrie seulement par les piques provocatrices de N.Morano, deuxième chien de garde après Copé). Il est en effet bon orateur, sait glisser le bon mot qui gagne les bons rires, se soucier de l’estomac des convives bobos et journalistes qui se pressent sous les ors prolétariens du local de banlieue ouvrière, rue de Solférino. Le discours travaillé par son équipe d’énarques contient pourtant des couplets à faire pisser de rire la réalité sociale. Lorsque ce bon monsieur loyal du trucage démocratique renouvelé crie « nous voulons permettre aux jeunes d’avoir une vie meilleure que la nôtre » et qu’il reçoit par une salve d’applaudissements d’un parterre d’élus et journalistes aux salaires mirobolants, de cadres supérieurs et de grisettes de l’enseignement supérieur, on pense qu’ils fumaient un shit pendant la rédaction.

Droit comme Artaban sur le perron de la maison du « peuple de gauche », au milieu d’un tas d’énarques amis ou judas (comme Fabius), François II agitait ses petits bas avec un lyrisme touchant. Toute sa prosodie enchantait à nouveau la « vie de parti socialiste », un parti de « rassemblement du peuple de gauche » et même peut-être au-delà. Un parti capable de réunifier tous ses éléphants énarques ou pas. Un parti de « militants »qui, avec ses « élus », ses « conseillers », ses « parlementaires » jusqu’au plus petit maire de Corrèze s’est montré capable « d’enchanter » le « peuple de gauche » par cette victoire « primaire ». Admirable aussi la prestance avec laquelle il amalgame tous les votards des autres candidats, incluant ceux de la conseillère patronale Martine Aubry, pourtant farouchement anti-« gauche molle », les bobos de Paris et des départements du nord en majorité en faveur de la fille à Delors; entre parenthèses si cette "gauche molle" était élue, comme, naturellement elle ne tiendrai pas ses promesses les plus maximales (retraites, embauches, emploi des jeunes) le PS pourrait toujours sauvegarder sa pérennité de "partie du peuple de gauche" et invoquer la (fausse) radicalité de la conseillère patronale M.Aubry au temps d'une primaire où les électeurs n'auraient eu qu'à s'en prendre à... eux-mêmes).

Les mêmes journalistes qui eurent des yeux de Chimène pour le pervers DSK, ont ressorti la même lyre, cet hymne à l’individu, d’autant que les électeurs volontaires, ces gros nuls, ont voté pour un type pas pour un programme ni s’assumer eux-mêmes, et bien conférer un « pouvoir personnel » à Tartempion. Ou le confier à ce petit bonhomme dont la moitié des français ne se souviennent pas des idées qu’il propose… (c’est Le Figaro qui le dit avec le Nouvel Obs…).

Pour un stylo du Nouvel Obs, Serge Raffy : « Durant presque toute sa carrière, le député de Corrèze a fait figure de remplaçant dans l’équipe des présidentiables qui empoisonnait le PS de leurs ambitions féroces. Il était le "livreur de pizzas", le "substitut", le "porteur de serviette" de Delors, puis de Jospin. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à se défaire de son image d’énarque, certes sympathique, pour ne pas dire accorte. Il était un homme de cabinet, un gentil camarade au caractère patelin et conciliant. Et puis Jospin, Premier ministre, le fit roi, en lui confiant les clés du Parti socialiste. Sa mission ? Jouer l’édredon entre toutes les écuries de la maison rose, pour que le "Frisé" gouverne en paix et se concentre sur sa cible numéro un : Jacques Chirac.

Pour un autre stylo de la revue de la gauche caviar : « La dynamique Hollande procède, quand on interroge les Français, d’un triptyque: attention aux autres, humilité et détermination. Le premier atout d’image est fondamental. 70% des Français et 83% des sympathisants socialistes estiment que "l’attention aux autres" est un trait de sa personnalité. Les plus modestes et les retraités en sont aussi largement convaincus. Cette perception est essentielle dans une société où le sentiment d’abandon, notamment par les politiques, va désormais croissant. Chez les personnes interrogées, l’image du député de la Corrèze n’est pas associée à celle du père ou du frère mais à celle de l’ami. Comme dit un interviewé: "Si on avait un coup dur, on imagine qu’il serait là ». L’interviewé est aussi navrant que les votards, le coup dur est déjà arrivé depuis des années et la classe ouvrière n’a pu ni compter sur Hollande ni aucun des énarchiques bonzes de ce parti bourgeois.

Allons plus loin, plus près de la vérité de fond de la propagande intensive autour de cette «élection « primaire ». La victoire du « petit chose » (un « rien » comme un des chiens de garde l’a osé, car leur maître est « tout » pour leur carrière) est sensée redonner du sentiment à la politique, pas vraiment de réinventer un « père », incarné par feu Tonton le collabo, au « peuple de gauche » : « Toute l’équation que doit résoudre désormais François Hollande se trouve ainsi résumée: l’ami n’est pas un chef. Les atouts qu’il possède actuellement lui permettent de figurer dignement dans la primaire socialiste et même de la remporter. Mais s’il ne réunit pas ses deux images – celle de l’ami et celle du chef –, il aura du mal à s'imposer face à Nicolas Sarkozy. Même si, comme dit un interviewé: "Il faut un président compréhensif qui ait de la considération pour nos problèmes"; "On a besoin d’être rassuré et Sarkozy nous stresse ». (F.Bazin, NouvelObs)

Les bobos de base veulent être rassurés dans la crise mais le petit Chose intronisé « élu du peuple de gauche » (pas de la classe ouvrière mais d’un patchwork de vieux et d'encratés) n’a pas les moyens de sa politique lyrique, et a bien trop démontré son flou (comme Aubry l’a si agressivement fait remarquer) sur tous les sujets qui sont astreints à la « responsabilité gouvernementale » bourgeoise : redressement financier de la nation (= poursuite de l’enrichissement financier des riches capitalistes), rétablir les comptes (= licencier toujours plus), réduire les déficits (= combler ceux des banques avec les impôts sur le dos des travailleurs), renforcer la police et limiter l’immigration et le laxisme vis-à-vis du fétichisme musulman (face à la crise qui fait affluer les pauvres, la gauche angélique ne peut plus se reposer sur l’ambigu anti-racisme et la tolérance du voile et des prières de rue). Sur ce dernier point, la bande à Hollande est créditée d’un score voisin voire inférieur à celui de Marine Le Pen au premier tour en 2012… Seule une bonne dose de protectionnisme à la Montebourg et quelques renationalisations pourraient concrétiser pour le « peuple de gauche » une tentative de solution nationale à la crise.

Nouveau réac en chef du Nouvel Obs, Joffrin se moque en parlant de possible victoire, et en soulignant l’aspect ringard de cette rhétorique militante que j’ai commencé par épingler : « Il faut à la fois rétablir les comptes et exalter les rêves, réduire les déficits et rompre clairement avec le cours libéral qui domine les grandes démocraties depuis trente ans. Exigence de vérité. Rien, dans ce qui sera avancé, ne pourra passer la rampe si l’on préfère la rhétorique militante au réalisme gouvernemental. Le "rêve français" cher à Hollande doit conduire à une réalité tangible. Sinon le crible de la campagne réduira en miettes les illusions imprudemment jetées au vent ».

La question du présumé retour à la retraite à 60 ans est une gageure qu’on n’avait pas pu obtenir en 1968 et qui avait dû être concédée en 1981, pour éviter à l’accidentelle élection de Mitterrand que l’émeute gagne le pays. Les déclarations floues ou contradictoires du « favori » Hollande ont révélé que, si par inadvertance, il emportait le poste du margoulin suprême, il ne pourrait pas défaire ce que les Sarko-Fillon et syndicats de gouvernement ont eu tant de mal à faire passer. Ce flou est aussi une lucidité. Hollande sait que les vieux votent en majorité et donc que les vieux retraités ou plus jeunes (les gagnants gagnants qui ont décroché la timbale de la paix sociale personnelle) n’ont pas envie qu’une forte portion de « rétroactifs » viennent faire basculer le régime général ; comme les immigrés déjà intégrés sont réticents à ce que les nouveaux arrivants viennent les concurrencer… De plus Sarko a déjà commencé sa campagne comme dans toute république bananière et à couper l'herbe sous les pieds de la "gauche lyrique", en arrosant de billets diverses clientèles. Au cours des visites en maison de retraite, il se flatte d’avoir donné consigne de donner la retraite à ceux qui ont déjà les annuités mais pas l’âge, c’est ainsi que des tranches de 58 ou 59 ans décroche en ce moment la timbale et en seront très reconnaissant à qui de droite…

Toutes les chansons lyriques de la gauche privée du caviar ou les marivaudages du lobby anti-nucléaire des bobos intermédiaires sont donc voués à se briser sur l’urne en bois rigide de la vie espacée du scrutin personnel de l'élection personnelle, cette intimité religieuse qui gît au fond de la culotte de l'électeur moyen.

Le corrompu Julien Dray a timidement aboyé, lui qui s’en veut encore d’avoir refusé l’offre ministérielle de Sarkozy, espérant ramener sa fraise : « on sent une envie de chasser ceux qui sont au pouvoir ». Oui il y a une envie très forte de chasser ceux qui sont au pouvoir mais pas pour vous y mettre à la place cochons de députés compromis ! Le soutien des ralliés – les éléphants étaient hyper divisés et ne se remettaient pas du suicide sexuel de DSK – est le même que la corde qui soutient le pendu. Les grands chambellans de la peuplade de la gauche bourgeoise, les Royal (qui s'est précipitée pour, non pas adouber, mais jeter dans l'arène son ex... "vazy pépère à ton tour dans l'eau sale"), Fabius et Cie ne rêvent secrètement que du même sort pour leur concurrent intra-Solférino… cela disons au moins que c’est humain, avec cette lucidité bien connue des arrivistes, quoique intime, sur l’inanité de leur programme de sauvetage du capitalisme. Je ne cite jamais tant cette saillie de Marx si applicable au mode relationnel bourgeois classique : « « Tout besoin est une occasion pour s’approcher du voisin avec l’air le plus aimable et lui dire : cher ami, je te donnerai ce qui t’est nécessaire ; mais tu connais la condition sine qua non, tu sais de quelle encre tu dois signer le pacte qui te lie à moi : je t’étrille en te procurant une jouissance ».

UNE CAMPAGNE ANTICIPEE POUR FAIRE REVENIR LES OUVRIERS AUX URNES

(et limiter l’abstention en 2012)

Comme on le voit, dans les hautes sphères de la bourgeoisie comme chez leurs larbins de la presse et d'internet, tout le monde se fiche de la victoire de Hollande et ne croit pas à « son destin ». Deux leçons se dégagent.

Le tintamarre autour de ces primaires a eu clairement pour fonction d’intéresser à nouveau le prolétariat (caricaturé comme « peuple de gauche »), pour qu’il se mette à la queue des vieux et des bobos qui ont fait le déplacement comme toujours le dimanche comme on allait autrefois à la messe (cf. pub pour mon prochain livre : La religion électorale de Lénine à Sarkozy), car, vu la haine qui persiste contre les syndicats traîtres, si le mysticisme électoral n’est pas suffisant pour dérider les masses, c’est l’émeute généralisée qui pourrait bien gagner la France en 2012, pas simplement contre la crise économique mais contre le cynisme puant des gouvernants et leurs faire-valoir dans les jeux télévisés.

La deuxième leçon est une manière d’enfoncer une porte ouverte. La crise exigeant de ne plus porter des ray bans ni de festoyer au vu et au su de tous au Fouquet’s, ni d’insulter à tout va, le sieur Hollande base sa campagne d’encravaté sur le thème d’un « président normal », l’image du type sympa qu’il affectionne donner aux braves gens du « peuple de gauche » (il aurait dû arborer un col roulé). Sa campagne commence mal, il va donner des leçons de morale au blaireau de l’Elysée alors que Sarko, qui est déjà en train de jouer au "président normal" (pour faire oublier le petit abruti insultant qui roulait des mécaniques de parvenu), il se fait plus petit qu’il n’est, il se tient en retrait tout en lâchant une ou deux phrases assassines pour montrer qu’il ne changera jamais, cynique il est et cynique il restera. C’est ce que demandent les électeurs, ils veulent toujours choisir le plus cynique des candidats, car, comme disait ma mère : « bon et con finissent par la même lettre ».

Les syndicats ont contribué au début de la campagne pour 2012, par leur échec de mobilisation la semaine dernière confirmant le dégoût pour leur sabotage de la lutte pour les retraites, mais si pervers au fond car voulant signifier que rien n’est possible dans la rue dans l’attente des élections. Et, comme les « travailleurs » n’ont ni mémoire ni parti révolutionnaire conséquent, après la réélection de Sarkozy il sera toujours temps de reconnaître que les « élections ne changent rien » mais que le troisième tour se passera dans la rue et à la Saint Glinglin.

Certains jours je suis malade de constater que la politique bourgeoise et tous ses acteurs sont schizophréniques, ou plutôt nous ont rendu fous et impuissants nous tous les prolétaires.