PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 octobre 2011

LA PROFESSEURE ET LA POLICIERE


Tant pis si je choque mes amis maximalistes et les anarchistes angéliques qui méprisent les faits divers et prêchent la communion solennelle, consensuelle et syndiquée de la grève générale et de l’indignation bobo au niveau du quartier ou de Wall Street pour résoudre tous les problèmes de l’humanité.

Deux professions qui sont devenues complémentaires dans l’encadrement et la socialisation de la jeunesse se sont trouvées, simultanément et paradoxalement, opposées de manière sanglante au cours de deux drames qui ne devraient pas être classifiés banalement au rang de faits divers. L’immolation par le feu de la professeure de mathématiques de Béziers me choque autant que les suicides à France Télécom, ou même, nombreux, dans la police. La jeune policière tuée par un autre professeur avec un sabre, dans les locaux du commissariat est tout aussi choquante et du même ordre puisque ces deux métiers sont parmi les plus exposés (avec les contrôleurs de train, de métro, etc.). Analyser ces deux faits divers dramatiques n’est pas simple et ne relève pas de la gentille théorie de l’incivilité des djeuns ; le malaise est général, et concerne tous d’autant qu’il est insoluble, quoique entretenu par l’Etat et ses officines éducatives et juridiques.

Le système décadent a tellement intériorisé la notion de responsabilité individuelle que l’individu, dans ses derniers retranchements (et sans aucune solidarité même professionnelle) est poussé à s’autodétruire dès qu’il y a un problème. L’acte de la professeure de mathématiques, dont les syndicats s’emparent pour mieux en diminuer la portée dans les oubliettes corporatives – se faire cramer vive au milieu de la cour en présence des élèves – ne peut être réduit aux interprétations sournoises sur un drame de sa vie personnelle. L’acte tragique et courageux de cette professeure n’est ni celui d’une malade mentale ni d’une « psychorigide » qui aurait rêvé de se venger de ses élèves tarés. Il manifeste combien cette femme était bien attentive aux affaires du monde en révolte et n’avait trouvé que ce moyen pour exprimer sa souffrance. Pour qu’en France, en 2011, une femme de 44 ans s’immole à l’imitation du jeune tunisien qui a été l’étincelle de la dite « révolution de jasmin », c’est bien d’abord parce que cette pauvre morte croyait possible de crier un message et d’être entendue comme Mohamed Al Bouazzizi et ouvrir la protestation de marées humaines. Hélas en France, il n’y aura pas de marées humaines contre les conditions de travail sordides en milieu scolaire – une grande partie des scolarisés ne sont plus méprisés mais méprisables – ni un hommage digne à cette enseignante ; les aristocrates syndicaux français sont connus comme excellent fossoyeurs et curés contrits. Et la classe ouvrière reste entièrement disposée pour un moment à baisser l’échine derrière sa feuille de paye et les conseillers syndicaux.

La policière de Bourges a été éventrée, comme on fait hara-kiri, par un prof des « sciences de la vie et de la terre ». Le type serait revenu au commissariat pour protester contre un refus d’autorisation de port d’armes. On ne saura jamais exactement ce qui s’est passé, est-ce que les flics lui ont tiré en premier dans la jambe et qu’il aurait foncé ensuite sur la policière sabre en avant ? Ce drame pose une double question, pourquoi d’abord un prof des « sciences de la vie et de la terre » - sujet plutôt pacifique et œcuménique – en était-il venu à réclamer un port d’armes autorisé ? Il ne voulait pas buter tous les tarés de sa classe scolaire mais simplement répondre à ceux qui le menaçaient à la sortie ou qui lui crevaient les pneus ?

Et pourquoi ce prof d’une matière si pacifique est-il venu s’en prendre aux flics dans des conditions plutôt suicidaires (aller attaquer un commissariat avec un sabre est du donquichotisme qui fait douter de la raison du type) ? Conflit de préséance ? Rivalité ? En général les rapports sont tendus entre flics et professeurs, intermittents disons. Quand un élève fait le con il peut être emmené en GAV, mais il est rendu rapidement à l’école : les flics ne s‘emmerdent pas longtemps avec les déchets sociaux et les refilent aux profs.

Il existe cependant deux points communs aux deux professions. L’une comme l’autre ne peuvent pas répliquer aux agressions. C’est la loi. Comme l’a fort bien souligné S. Freud au début du siècle dernier, l’Etat s’est emparé du corps du citoyen et décide pour lui de ce qui est bon ou pas. Vieille tradition (cf. la contrainte par corps), le fonctionnaire sait, comme l’accusé, que toute réaction ou action de sa part « peut se retourner contre lui ». Le flic et le professeur sont ainsi assez représentatif des chaînes qui oppriment l’homme moderne. Le prof n’a que le droit de se laisser cracher dessus et le flic de se faire insulter (comme vous et moi). Que l’un ou l’autre réplique à sa manière et il sera irrémédiablement coupable. Là réside le pouvoir d’ l’Etat, dans cette forme sournoise de la domination idéologique qui fait passer le conflit pour un problème individuel où le fonctionnaire (flic ou enseignant) sera lâché par sa hiérarchie « si cela fait trop de vagues », et où le voyou innocenté empêchera l’émeute.

Je n’aime pas les profs en général, ils ne font que reproduire les inégalités sociales en ne se prenant pas pour de la merde. Je n’aime pas les flics – qui traitent la population comme du bétail – car ils restent des mercenaires cyniques et autistes de l’Etat des riches. Mais il faut encore dans cette société des profs et des flics. On devrait s’en passer un jour. Il faut quand même le constater, profs et flics ne servent plus à rien qu’à cultiver la haine (les profs étaient "brillants" au temps de leurs études et les flics ont un "emploi à vie". Finis les enfants ingénus, finie la jeunesse « sportive », baveuse au cours d’instruction civique. Dans cette société no future qui creuse et bétonne les inégalités ni l’autoritarisme de papa ni la répression simple ne peuvent calmer cette haine, cette impulsivité dans les agressions.

Alors, triste diversion, il ne faut pas être là au mauvais moment. La professeure de Béziers avait choisi son moment et de montrer aux petits imbéciles ce que c’est de « casser quelqu’un » (par la hiérarchie ou le connard de base), c’est à dire le cramer ! La policière de Bourges, la pauvre, elle n’avait pas choisi son moment. Elle était de faction, elle aurait pu ne pas être là ce jour, le prof rendu fou par cette société, en l’empalant sordidement, signait sa propre destruction comme être humain, devenu hermétique aux sciences « de la vie et de la terre ».

C’est le but d’un « fait divers » dans son interprétation officielle : faire diversion des problèmes de fond d’une société agonisante qui n’aboutit qu’à la mort. Et tourner la page.

Le fait divers suivant me paraît assez secondaire comparé au drame quotidien de la peur des prolétaires dans les trains de banlieue la nuit ou pour leurs enfants à l’entrée et à la sortie de l’école.

FAIT DIVERS POLITIQUE :

LA GAUCHE NE S’AFFICHE PAS POUR GAGNER LA PRESIDENTIELLE MAIS POUR LIMITER L’ABSTENTION ET LE VOTE FN

L’éditorialiste du Nouvel Obs, Joffrin, est inquiet :

« Cogner, frapper, attaquer pour détruire. Martine Aubry et ses partisans ont choisi, pour refaire leur retard, une tactique de terre brûlée. "Gauche molle", "propositions floues", "utilisation des mots de la droite", "candidat du système" : répétés et amplifiés par des lieutenants déchaînés, le réquisitoire contre François Hollande devient avec chaque heure qui passe plus acerbe et plus violent. Disons-le tout net : ce comportement est parfaitement irresponsable. (…) Comment, si elle est battue dimanche, Martine Aubry pourra-t-elle soutenir soudain un homme qu’elle a cherché à piétiner pendant toute la fin de campagne ? Qui croira à la sincérité de son ralliement ? Si le caractère de Hollande est inexistant, mieux vaut laisser Sarkozy à l’Elysée : au moins, c’est un mec qui a des couilles… Cette agressivité traduit une ligne politique suicidaire : plutôt faire perdre la gauche que perdre la primaire ».

Pourtant Mme Martine Aubry reçoit, après le lâchage du « lion qui miaule » le soutien indirect de la présidente du premier parti de France (crédité de 20% pour l’heure) le FN : « Marine Le Pen, a estimé vendredi 14 octobre au soir au 20h de TF1 qu'en votant pour François Hollande, Arnaud Montebourg avait abandonné son combat pour la démondialisation, "une trahison à l'égard d'une partie (du) peuple de gauche". "M. Montebourg, en décidant de voter pour M. Hollande, vient d'arrêter net la dynamique qu'il avait créée au premier tour", a estimé la candidate du parti d'extrême droite à la présidentielle. "Je trouve que c'est une trahison à l'égard d'une partie de ce peuple de gauche qui attendait de lui qu'il continue de porter cette idée-là", a-t-elle ajouté ». L’expression « le lion qui miaule » était bien entendu celle d’un coucou nommé Laurent, sec général du PCF, fils de l’apparatchik marchaisien Paul Laurent, qui en a profité pour faire un bon mot pour montrer son ombre derrière Mélanchon qui aboyait dans l’espoir de récupérer les voix du traître Montebourg…

Revenons à Joffrin qui nous explique qui est exactement l’éventuelle championne d’une gauche bourgeoise prétendue plus radicale que « Flamby » (nommé aussi par l’Elysée « pirouette-cachuète) :

« D’autant que la championne de la "vraie gauche" n’a vis-à-vis de François Hollande aucun différend idéologique sérieux. Elle souscrit au même programme que son rival, elle propose la même réforme fiscale, la même réglementation bancaire, la même priorité donnée à l’éducation, les mêmes changements institutionnels. Elle dit "relance mais aussi rigueur", Hollande dit "rigueur mais aussi relance". Elle dit : "il faut réduire la dette". Il dit : "réduire la dette, il faut". Elle entretient avec l’establishment des affaires des relations plutôt plus étroites que celles de François Hollande. Amie d’Alain Minc, le Jiminy Cricket des élites, elle aime à rappeler qu’elle a travaillé au sein d’un groupe multinational, non comme salariée et syndicaliste, mais comme directrice des ressources humaines, chose parfaitement honorable au demeurant, mais qui ne vous désigne pas d’emblée comme une héroïne de la classe ouvrière. Laquelle, au demeurant, a voté plutôt Hollande, alors que les bobos à statut ont en majorité préféré Martine Aubry. Elle est tout aussi européenne que lui et se tient depuis toujours dans une filiation largement démocrate-chrétienne (voir le "care"), fidèle en cela à l’héritage réformiste et européen de son illustre père ».

Analyse presque juste sauf sur un point, pas de pot Joffrin, la classe ouvrière dans les banlieues ouvrières et jusqu’à Marseille n’a pas trempé dans les combines des primaires et s’est donc abstenue…

Royal et Montebourg, pitoyables, se sont assis leur prétendue rénovation démocratique en choisissant d’appeler les électeurs à voter pour Hollande. En 2011, Royal avait mené campagne en assurant incarner une ligne volontariste et interventionniste, contre la finance et les banques, et Montebourg avec son histoire de protectionnisme européen qui espérait grapiller des voix au FN (il avait été félicité par Marine Le Pen), se prend les pieds dans le tapis au service d’une classique combine, s’assurer un poste de ministre… quoiqu’ils n’y croient pas eux-mêmes, la fonction figurative de chacun (les Valls et Montebourg) est de compléter le dispositif bariolé du programme creux et hétéroclite du PS. La fin des primaires est partie en quenouille avec les déclarations contradictoires du clan Hollande sur la question des retraites… Le PS est apparu encore une fois comme un parti bourgeois qui ne pourra pas tenir ses promesses si, par accident, il détrônait le blaireau Sarkozy.

Le PS n’est pas guéri de son angélisme jospinien qui imagine doser le souci anti-nucléaire des bobos écolos, et empêcher les citoyens arabes de voter facho-intégriste (la gauche au pouvoir la dernière fois avait laissé passer le port du voile et les prières de rue)(*). Le premier adversaire du PS n’est pas Sarkozy, mais le Front national qui caracole déjà à 20% des intentions de vote en 2012. Le PS pourra toujours appeler au bout du rouleau en faveur du « démocrate » Sarkozy pour « faire barrage » au fascisme !

(*) Avec l’apologie du droit de vote aux immigrés, le PS va encore renforcer le FN. Surtout après les révolutions de jasmin où les populations arabes en redemandent des élections « démocratiques » pour élire « leurs » représentants intégristes fachos et jouir librement de la loi de la Charia. L’Etat occidental sait très bien depuis le début se servir de l’électoralisme islamiste dans les zones qui resteront arriérées. Le massacre des Coptes en Egypte (organisé par les généraux qui ont chassé le dictateur) reste traité secondairement dans les infos, tout comme les menaces des abrutis musulmaniaques (manipulés aussi par les h=généraux tunisiens) contre la télévision tunisienne qui avait diffusé le beau film de Marjanne Satrapi, Persépolis.

jeudi 13 octobre 2011

Primaires second round : Monsieur Pilepoil et Madame Facepoivre ont débattu


Si j’étais un électeur croyant en la bondieuserie électorale je serais content du succès populaire du loft socialisme. Comment ne pas avoir envie de voir disparaître au fond d’un conseil d’administration le candidat des riches, le meilleur client du Fouquet’s, le blaireau qui a ridiculisé l’onction présidentielle ? Cette droite bourgeoise si arrogante, qui affecte tant d’irritation et de jalousie feinte pour ces « primaires » qui avantageraient l’appareil PS et qui fait aboyer n’importe comment le nouveau chien de garde Copé, remplaçant du pauvre Lefebvre, et aussi minable.

Il est sûr que des primaires à droite sont inenvisageables, son altesse Sarko Ier face au nul Morin, à l’asperge Villepin, au plouc Bayrou, à la grosse Marine, et au pâle Fillon. Vous imaginez le loft UMP ? A crouler de rire. On aimerait bien pourtant. On verrait alors se déployer un concert de louanges pour le caïd des riches pour deux des candidats prêts à se racheter (ou à se revendre) et trois autres se défouler avec élégance contre le blaireau qui se mettrait à tiquer frénétiquement et à taper des pieds…

Mais revenons au loft socialiste qui touche à sa fin et nous fera subir à partir de dimanche prochain en pole position du bazar médiatique (et pour des mois) la « solidité tranquille » d’un gugusse à bobos ou d’une notable de gauche sponsorisé par une campagne de marketing politique repiquée aux italiens, au nom de la « démocratie ». Démystifions encore l’entourloupe. Ces « primaires » sont comme les élections syndicales, c’est d’abord l’appareil qui ne fournit que ses propres candidats au choix « populaire ». Ce choix qui prétend s’adresser à tous (la règle démocratique) concerne surtout les couches moyennes et salariées ; sous le découpage électoral réside toujours les diverses couches sociales. Plus fort encore, avec le discret soutien de la droite au pouvoir, l’organisation de ces élections « pour rire » utilisant les mêmes moyens (TV, radio, web,etc.) que des élections normales, révèle que ce sondage en réel n’est donc pas démocratique puisqu’il ne propose que le choix entre membres d’un même parti ; élections du genre brejnéviennes sauf que le nombre n’y est pas, leur principal promoteur, le rigolo Montebourg, espérait près de 5 millions de participants, il y en eût deux fois moins. On reste discret sur les moyens financiers utilisés en se cachant derrière la joyeuse trouvaille de faire payer 1 euro à chaque électeur (jamais personne n’avait encore osé faire payer la participation à ce jeu de dupes, encore bravo aux organisateurs qui devraient persister dans ce projet pour les «élections régulières ») !

LA GAUCHISATION DU PS A-T-ELLE ETE TERNIE PAR PILE ET FACE ?

Il est sûr que les deux blancs bonnets sentaient encore le formol et qu’ils ont œuvré pour le faire évaporer avec l’éventail montebourgien. Mais ce qui était le plus patent chez nos deux notables ennemis, le plus visible à l’œil nu, non pas d’un électeur bobo fumant son shit écolo, mais de tout ouvrier conscient, était la faculté de mentir et de mentir considérablement, avec la faculté de le faire savoir pour le plus malin des deux, le sieur Hollande. Tout en se retranchant sous un décor de chiffres, de souci de l’économique national et du social, Monsieur Pile poil a bien voulu concéder des gâteries aux forcenés du travail et un peu moins aux grands parasites sociaux – ce qui fait gauchiste rose comme son sourire yaourt – mais sous-entendu que la gauche benêt n’est pas majoritaire et qu’après il faudra bien « recentrer » car la victoire se gagne au centre en France comme toujours, sauf quand les couches moyennes (cadres et aristocraties syndicales) sont mal loties. Ce fût la seule vérité qui pouvait sourdre pour un observateur non aliéné à la religion électorale. Tout le reste ne fut qu’empilement de mensonges comme les poupées russes qui s’emboitent les unes dans les autres. Suite à la « bombe » de Royal l’après-midi, offrant son soutien entier à son ex, chacun et chacune rivalisa de dénégation de quelconques arrangements de cuisine (quand chacun sait que le moindre "soutien"vaut portefeuille ministériel). Valls et Baylet m’ont apporté leur soutien sans aucun arrangement assura Monsieur Pilepoil. Moi c’est pareil renchérit Madame Facepoivre, et d’ailleurs les amis d’Arnaud et de Ségolène peuvent aussi bien voter pour moi car ils auront, je ne saurais trop souligner ce trait, la première femme présidente en France… argument de poids pour les électeurs « pour rire » et qui paye en plus, avec cette prime la présidence de la jupe à la place du pantalon.

L’électeur est vraiment le roi des cons avec ces primaires. On lui offre six notables bourgeois sans les clés de leur programme de promesses. Il doit en éliminer cinq. Chacun des cinq lui indique ensuite qui il doit choisir au cas où il n’en voudrait plus aucun. Et l’heureux élu décidera ce qu’il voudra, fondé sur la légitimé médiatique que lui aura conféré l’électeur bêta, pourtant non encadré dans ledit parti de notables bourgeois.

Le plus drôle de ces discours primaires restera leur côté simpliste, malgré les chiffrages fantaisistes à la Sarko auxquels se livrèrent les deux énarchiens de garde de l’Etat bourgeois démocratique et vélocipédiste qui veulent combler la dette à leur manière ; pas loin pourtant de la même méthode du bandit Sarkozy qui chante le célèbre couplet « les caisses de l’Etat sont vides ». Sus aux banques est en effet le discours à la mode du plus grossier notable au plus poilu des « indignés ». Il suffira de les brider ces salopes, de les fouetter un peu pour qu’elles recrachent les niches fiscales. La réforme de la fiscalité fleurait l’argumentaire à la Jacques Mesrine : « faut prendre l’argent là où il est ». Madame Facepoivre sembla parfois appuyer la délinquance dans les chaumières avec une argumentation qui frisait le hold up étatique. Monsieur Pilepoil faisait frissonner dans les palais les très riches arcboutés, les malheureux, sur leurs niches fiscales. Pédantesques saltimbanques, jamais un parti social-démocrate n’a touché ni ne touchera aux banques puisque son programme n’est qu’un énième programme de sauvegarde du capitalisme financier !

Le plus beau mensonge concerne le prétendu retour à la retraite à 60 ans. Les deux arsouilles se sont fichus royalement du monde en insistant sur le départ des plus éclopés, ce qui ne les différencie pas des mesures que l’actuel gouvernement prend. Mais la théorie du « cas par cas » est la même que la droite, et l’électeur qui pense que la gauche défera que la droite a si bien réussi avec l’aide des syndicats est un double con. On a noté combien au passage l’élite socialiste voue un amour inconsidéré aux traîtres professionnels syndicaux (qui ont essuyé un énorme échec pour leur JA « ça suffit l’austérité », preuve que la classe ouvrière n’a pas pardonné leur complicité avec le gouvernement Sarkozy. Mme Facepoivre a tout de même laissé à comprendre que les syndicats préfèrent négocier avec la droite bourgeoisie plutôt qu’avec la gauche bourgeoise…

Le recentrage de la gauchisation « primaire » du PS, s’accentue ensuite avec l’enrobement du « zéro licenciement » cher aux notables gauchistes Melenchon et Montebourg. Monsieur Pilepoil et Madame Facepoivre assaisonnent cette réforme non de la funeste (et tant honnie par la droite) autorisation brejnévienne de licenciement, ni d’un appel à des grèves de solidarité mais d’une juridicisation des conflits sociaux. Vous serez licencié, mais vous aurez droit à un « référé » (justice immédiate). La gauche de retour au pouvoir va donc « rétablir la justice ». Vous y croyez vous à la justice de classe ?

Enfin, comme pour les questions de sécurité, l’angélisme qui va aider la gauche à rester dans l’opposition et conforter le FN à 20%, est incontestablement la promesse de refiler le droit de vote aux immigrés, qui outre que le pauvre électeur immigré sera aussi manipulé que son conjoint autochtone (dans le choix entre notables bourgeois), a l’art et la manière de hérisser une partie de la population française contre des travailleurs qui ne sont pas responsables des massacres des coptes en Egypte ni des tortures policières qui n’ont pas cessé en Tunisie, et qui ne sont pas des fascistes islamistes.

En résumé, avec une analyse simpliste de la crise capitaliste, des promesses toutes aussi mensongères les unes que les autres, un mépris total du prolétariat , la gauche bourgeoise non seulement joue de la flûte pour ramener les prolétaires aux urnes truquées mais surtout aggrave la division et l’atomisation des prolétaires en leur promettant « plus de justice » et des réformes institutionnelles de papier.

La gauche bourgeoise peut renvoyer Sarkozy à ses dîners de riches cons, et une immense majorité de la population le souhaite en effet, mais son accession au pouvoir serait plus dramatique et moins durable qu’en 1981, parce que la crise capitaliste ne plaisante pas avec les fausses promesses. Et la classe ouvrière non plus.

La dynamique du mensonge rose de Monsieur Pilepoil et Madame Facepoivre ne risque-t-elle pas de capoter dimanche prochain si les naïfs votards ont pris du recul face à la représentation scénarisée ? A la fin d’un loft spectacle on connait surtout le gagnant, mais les jeux sont faits pour les spectateurs qui n’ont rien gagné eux et peuvent toujours aller se faire voir chez les grecs.

LES CAISSES DE L’ETAT SONT VIDES !?

PAR RONNY

La question qui se pose est donc de savoir si les caisses de l’Etat sont vides, si l’Etat est en faillite ou si on impose cette vision des choses à nos concitoyens.

Dans ce cadre, il faut revenir sur ce qui rentre et ce qui sort du budget. Ce qui rentre, c’est essentiellement le résultat de l’imposition directe ou indirecte ; ce qui sort, c’est le coût de fonctionnement de l’Etat. S’il sort plus qu’il ne rentre, le budget est en déficit, et l’on emprunte pour boucler les budgets, opération génératrice d’une dette... Il se trouve que les budgets de la France n’ont presque jamais été équilibrés au cours des vingt dernières années. Ceci a conduit à un accroissement global de la dette nationale, dette qui reste quand même inférieure à celle des pays de l’Union européenne, et très inférieure à celle de l’Italie ou du Japon (3). Il est cependant nécessaire de réduire cette dette, car le montant des intérêts (le service) est élevé, représentant en 2005 à peu autant que le rapport de l’impôt sur le revenu, autour de 50 milliards d’euros. Le service de la dette était d’ailleurs en 2005 le deuxième poste budgétaire de l’État, après celui de l’Education nationale et avant celui de la Défense. Avec une dette réduite, le service se réduit, et les sommes dégagées peuvent être utilisées à d’autres fins, par exemple à des fins sociales, une utilisation en contradiction avec la vision libérale de l’économie qui prévaut. En relation avec ceci, il est remarquable de constater que sur les quinze dernières années, la dette s’est généralement accrue sous des gouvernements de droite, et réduit ou stabilisée sous des gouvernements de gauche (4).

Il y a, de plus, de multiples façons de comptabiliser la dette, en valeur absolue, par rapport au PIB, et en tenant compte ou non de actifs de l’Etat, de ses immobilisations mobilières et immobilières. Un économiste de l’OCDE a réintroduit ces critères dans les calculs de dettes. Si l’on inclut les actifs (valeurs mobilières) de l’Etat tel que l’on devrait le faire dans un bilan, la dette tombe à 38,2 % du PIB seulement. Et, si sont prises en compte les valeurs immobilières (terrains, bâtiments), nous disposons alors d’un crédit représentant presque 38 % du PIB (5) ! Peut-être serait-il possible de céder certains de ces actifs (alors qu’il aurait fallu en conserver d’autres, tels EDF ou GDF) pour rembourser une partie de la dette... Tout cela démontre en tout cas qu’il faut être prudent en manipulant les chiffres et que la dette française, qui gagnerait à être réduite, n’est probablement pas le monstre que d’aucun ont voulu nous présenter (6). Signalons pour conforter ce point de vue que l’agence de notation financière Standard and Poor’s précise que, bien que la dette publique française se soit dégradée, l’assurance de paye et de recouvrement restait très solide, notée AAA, meilleure notation existante sur une échelle à 22 échelons.

Si l’on regarde du côté des recettes, on constatera que des disparités existent. Globalement, les contributions directes sont peu élevées, en revanche, les impôts indirects, souvent plus injustes (TVA, TIPP), le sont. On pourrait s’intéresser aussi aux niches fiscales multiples qui existent. Citons, par exemple, les faibles cotisations liées aux parachutes dorés et autres stocks options, ainsi que les « cadeaux fiscaux » faits au début du mandat de l’actuel président de la République à des concitoyens qui - dans leur très grande majorité - n’en n’avaient pas vraiment besoin. Coût pour la collectivité : 15 milliards d’euros, et utilité économique proche de zéro. Toujours en matière de recettes, il est intéressant de regarder le refus constant de taxer plus lourdement les transactions et les revenus financiers (7), idée qui fait se dresser les cheveux du libéral de base. On pourrait pourtant générer sur les seules transactions de 5 à 15 milliards d’euros en années pleines, avec un taux d’imposition très faible (0,5 %).

On pourrait aussi regarder de près le cas particulier des aides publiques aux entreprises. En 2006, un rapport de l’Inspection générale des finances, de l’Inspection générale des affaires sociales et de l’Inspection générale de l’administration avaient remis au Premier ministre un rapport sur les aides publiques aux entreprises. Leur montant est estimé à 65 milliards d’euros. Citons des extraits très éclairants de ce rapport : « L’extraordinaire profusion des dispositifs ne permet pas aujourd’hui d’en cerner les interférences et les effets non escomptés... En conséquence, ce sont parfois les entreprises qui choisissent l’utilisation relative des aides qui leur sont destinées, réalisant ainsi de facto la régulation du système... Au total, le constat est largement partagé d’une situation très confuse, mal cernée et d’une absence quasi complète de régulation. Nombreux sont les rapports bien pensés et solidement documentés sur ce sujet sans qu’il en ait été tiré toutes les conséquences souhaitables » (8). Parmi ces rapports, celui de la Cour des comptes en 2004 évoquait un « dispositif incontrôlé », au coût « très élevé » et « à l’efficacité trop incertaine pour qu’on ne s’interroge pas sur la pérennité et l’ampleur du dispositif ». En terme choisi, les 65 milliards n’ont eu aucune utilité économique marquée.

L’argent a-t-il été perdu pour tout le monde ? Non, car 91 % des aides vont aux grandes entreprises, notamment celles qui font partie du Cac 40 et qui ont battu tous les records de profits et de valorisation boursière en 2006. Autant dire que les PME n’en voient que très peu la couleur. Pourtant globalement en France, les PME sont créatrices d’emplois alors que les grandes entreprises internationales sont destructrices d’emplois. On peut donc effectivement s’interroger avec la Cour des comptes sur « l’efficacité trop incertaine » de ces aides publiques.

Dans une société où les entreprises n’hésitent plus à proposer des reclassements au Brésil ou en Roumaine à leurs salariés tout en leur « offrant » un revenu divisé par quatre ou cinq, à un moment où le gouvernement s’apprête à supprimer les allocations chômage aux demandeurs d’emploi qui auraient refusé par deux fois des propositions leur faisant perdre jusqu’à 30 % de leur revenus et les éloignant à deux heures aller-retour de leur domicile, on peut se demander combien pourrait-on payer de salaires avec ces 64 milliards d’euros ? Le calcul est simple : avec 64 milliards, on peut financer plus d’un million et demi de salaires et leurs charges (1 700 euros nets /mois) et donc autant d’emplois (8).

On peut également rembourser la dette progressivement, avec une efficacité économique et sociale réelle... Rappelons à cet égard que 65 % des détenteurs de la dette de notre pays sont des résidents français qui « en profitent » via des entreprises d’assurances, des Sicav obligataires, des banques françaises... C’est par l’intermédiaire des dividendes versés aux souscripteurs, aux actionnaires des banques et des compagnies d’assurances, ou par les produits d’épargne émis par ces organismes que la couche la plus favorisée de la population s’enrichit (6). Visiblement, tout le monde n’a pas intérêt à voir cette dette disparaître...

Les caisses de l’Etat ne sont donc pas vides ! Simplement pour des motifs idéologiques, on affecte tout d’abord les « trop-pleins » à ceux qui en ont le moins besoin, ensuite on ne les remplit pas à la hauteur voulue et, enfin, on nous les présente comme vides...

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Notes et références

(1) Ces déclarations sont toutes disponibles sur la toile, via votre moteur de recherche préféré.

(2) Voir l’excellent papier du Monde diplomatique « Quand la droite américaine pensait l’impensable », de Serge Halimi (2002) et la définition précise sur Wikipedia.

lundi 10 octobre 2011

LA GAUCHISATION DE LA MACHINE A PERDRE GRACE AU TROISIEME HOMME



Le grand vainqueur de la soirée électorale des « primaires » socialistes est incontestablement l’idéologie de la religion démocratique inter-classiste. Sans aucun autre enjeu que le choix entre des « egos » de notables bourgeois, près de deux millions et demi de personnes se sont précipitées un dimanche certes pluvieux pour aller choisir un compétiteur présentable pour 2012 face à l’ignoble Sarkozy, après trois loft-confrontations entre membres du même appareil politique élitaire.

Camouflet pour tous les maximalistes qui se persuadent à chaque élection que le parlementarisme a du plomb dans l’aile ? En partie oui parce que les élections démocratiques bourgeois, aussi faussées soient-elles par l’argent et les médias, reflètent tout de même l’opinion du peuple moutonnier. Deux principales leçons viennent confirmer mon analyse de la gauchisation du PS et de son absence de réelle volonté de succession au pouvoir de la droite pour la période qui vient. Evidemment, chaque candidat rêve d’un « destin national », à la manière fofolle de la pauvre Royal, et chacun peut toujours rêver, la bourgeoisie tranche toujours. Les cinq candidats (Baylet n’étant qu’une potiche) restent, on l’oublie, membres d’un même appareil qui prétend offrir plusieurs lessives avec une seule marque qui ne sent plus la rose. Deux enseignements donc.

Le premier, la fabrication du candidat Hollande depuis plusieurs mois, et surtout face à l’explosion en vol du pervers DSK, récolte ses premiers fruits. Un candidat présentable et assez faiblard pour ne pas inquiéter Sarko II. Flanby arrive en tête, même lesté de sa vieille réputation de mollesse (cf. Aubry dixit). Flanby se la joue Mitterrand bis, ne s’appelle-t-il pas François lui aussi ? Il est le candidat par excellence que la droite bourgeoise souhaite voir figurer face au « viril » Sarko. Fluctuant, florentin, blablateur, as des propos lyophilisés, amis des journalistes, il est resté vague à peu près sur tous les sujets du pauvre « programme socialiste », excepté sa saillie en faveur d’une embauche de 60.000 enseigneurs qui fait tâche dans un programme de serrage de vis inévitable dans la crise qui n’est pas prêt de cesser ni de se calmer dans l’attente d’une présumée victoire de la gauche plumard. Mais comme il l’a dit lui-même, le PS (et la gauche) c’est moins de 50% des électeurs… ce qui signifie que dans une (improbable) marche à la victoire il faudrait composer avec les bourgeois centristes (déplumés depuis que Borloo s’est couché à nouveau devant Sarko) avec des Mr 1% comme Bayrou et le traître Morin. Malheureusement ce « recentrage » affiché par l’obséquieux Hollande a fait flop le dimanche 9 au soir, puisque les électeurs de gauche se sont montrés sensibles à la démagogie protectionniste de Montebourg, immédiatement félicité par Marine Le Pen.

La rude Martine Aubry qui talonnerait Hollande, aurait eu ses chances si elle n’était pas apparue comme la porte parole de la mafia du PS, en défendant son ex-chef de clan DSK au mépris de toute solidarité féminine (et antiraciste) et en protégeant la mafia PS de Marseille. Plutôt que de supputer vers qui les voix du 3ème homme – Montebourg – vont se porter, les journalistes eussent été mieux inspirés de se demander pourquoi Aubry est tombée si facilement dans les pièges à Montebourg. Le Monsieur Propre du PS depuis 15 ans – il a régulièrement dénoncé les magouilles judiciaires dont la protection de bandit Chirac – ne s’est plus comporté en cire-pompe obligé de la fofolle Royal, mais s’est « payé » Aubry en beauté en l’interpellant sur le fameux Guérini et en exigeant que DSK présente des excuses aux français. Aubry, coincée dans son rôle de secrétaire du parti, était obligée de défende caciques et pervers, mais du même coup perdait toute crédibilité. Reprenant la radicalité langagière de Royal et cassant à plusieurs reprises le petit roquet de droite Valls, Montebourg n’a pas lésiné non plus sur les promesses intenables avec ses mots durs contre le système bancaire, son misérabilisme ouvriériste, sa démagogie sur l’impossible retour en arrière sur la retraite avec en prime cette connerie : la retraite égale promise aux bourgeoises qu’ont jamais travaillé comme à celles qui ont été au turbin en usine toute leur vie…

C’est là le deuxième enseignement du scrutin pour rire – le suffrage universel est d’abord et avant tout une mystification pour duper la classe ouvrière – la bourgeoisie (droite complice en coulisses) a réussi à intéresser une bonne partie des prolétaires qui croient avoir retrouvé un bon parti challenger dans la planète des notables de la gauche très bourgeoisie et libidineuse (avec ses journalistes échangistes comme Ivan Levaï) en vue des échéances de 2012. Les deux étoiles montantes Hollande le centriste et Montebourg le gauchiste risquent fort de n’être que des comètes. Promettre de raser gratis dans le frileux cadre national x), face à un pouvoir « réaliste », soucieux de préserver les biens des très riches, de ponctionner toujours plus les prolétaires mais dans l’intérêt national et avec le total soutien des syndicats gouvernementaux, est le tableau qui n’échappe point à la majorité des électeurs, ces veaux qui préfèreront rester conservateurs pour préserver leurs « avantages acquis », les déjà retraités, les déjà indemnisés, etc. La religion électorale c’est chacun pour soi dans le confessionnal, pardon l’isoloir. Montebourg n’est un clown inoffensif dans le cirque électoral, Hollande le clown blanc et Sarko le directeur du cirque.

(x) avec cet imbécile slogan utopique gauchiste: "interdiction des licenciements". Mais les gauchistes n'ont jamais prétendu accéder au pouvoir, seulement lui servir de bouffons. Montebourg a par ailleurs suivi les traces commerciales de papy Hessel, dans les supermarchés il vend sa camelote un euro moins cher: 2 balles!