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jeudi 1 décembre 2011

NAPOLEON SARKOZY EN RADE A TOULON


Le président Sarkozy s’est souvenu que l’illustre criminel de guerre Bonaparte avait lancé sa conquête de l’Egypte depuis Toulon. L’histoire se répète comme une vulgaire farce électorale. Notre caporal épinglé, affublé parfois du sobriquet de Naboléon, ou de Pétain le bref, a tenu un discours peu glorieux de catastrophe dans le deuxième port historique français. C’est la seule vérité qu’on peut lui concéder. En surface il parodia assez bien le maréchal Pétain qui, dans sa célèbre affiche pointait du doigt les vranzais d’époque, avec pour légende : « Français ! vous n’êtes ni vendus ni trahis ni abandonnés, VENEZ AVEC MOI AVEC CONFIANCE ». Les milliers de groupies qui, amenées en cars, avaient emplis la salle, applaudirent rituellement comme savaient le faire les milliers de collabos artisans, industriels et commerçants de l’ère de « l’amitié franco-allemande » en période de guerre mondiale, où « ami français » était joyeusement méprisé et piétiné. La comparaison s’arrêtera là, car la légende d’une Allemagne bismarkienne, selon le bourgeois Montebourg (et qui sous-entend « hitlérienne » prédatrice) est ridicule. Je reviendrai au cours de cet article sur cette Allemagne accusée d’ exiger « la discipline » pour une austérité tout azimuts. Des dessinateurs gauchistes se sont efforcés eux aussi de caricaturer Sarko en Pétain concernant les discours de limitation des immigrés par ses sous-fifres, ce qui n’est pas entièrement faux – manifestant la continuité idéologique des successifs gouvernements de la république bourgeoise des années 30 à aujourd’hui – mais inadéquat pour comprendre l’impasse bourgeoise actuelle, à la manière superficielle des gauchistes et autres anarchistes.

Piètre discours électoraliste au fond pour un commis d’Etat et des grandes banques quand il n’y a plus rien à promettre que « l’effort », la « discipline », et autres vertus réservées aux seuls prolétaires exploités. La salle avait été soigneusement nettoyée de toute pancarte à l’américaine ou des habituels tee-shirts à l’effigie de la vedette plébiscitaire ; assez semblable à une tournée du Jacques Doriot, avec un peu moins de musclés au premier plan. Sarkozy a lu péniblement le discours de ses tâcherons nègres, dont le nerveux Guaino au premier rang des groupies. Leni Riefenstahl peut dormir tranquille, son « triomphe de la volonté » n’aura pas été égalé par les cameramen de TF1 au service du petit caporal de l’Elysée. Les vieux bourgeois agglomérés dans la salle avaient la même mine patibulaire que les spectateurs du Maréchal ou les soutiers du Général d’après guerre. Leur mine contrite reflétait bien l’impasse de la bourgeoisie française peu soudée derrière les gesticulations de son principal bonimenteur. Plombées par les deux affaires interminables du pervers DSK et de l’affaire Karachi (le financement gangstériste de la fraction Balladur-Sarkozy), les deux principales factions de la bourgeoisie française sont dans la m…

Les électeurs voteront comme toujours dans six mois comme on les fait voter, à coup de manipulations sondagières et de financements occultes, et peu importe leur choix, aucun de leurs champions n’apportera de solution à la crise systémique, qui, cette vache, se moquera probablement bien d’eux aussi avant les échéances de la mystification démocratique. La comparaison avec le pétainisme impuissant est prégnante dans tout le discours du caporal « épinglé ». C’est quasiment la même antienne que la bourgeoisie française humiliée de 1940 : pas d’a priori idéologique, non au marchandage des partis, la faute au front mitterrandien (Retraite à 60 piges, 35 heures) ; et celle-ci, typiquement pétainiste « contre ceux qui ont conduit le pays à la tourmente ». Et aussi cette fleur de rhétorique capitaliste éculée : « l’avenir de la France est dans la compétitivité et la productivité ».

Charmant pour les millions qui bossent et qui engraissent les riches, ministres, avocats et chanteurs de variétés. ! Se sont succédées des tautologies qui ravissaient les patrons sous occupation allemande : « c’est le travail qui crée le travail », « c’est l’investissement qui crée l’investissement ». Cette foi de charbonnier quitte ostensiblement le pétainisme, lequel ne se posait pas le même type de problème, la guerre tuant suffisamment de chômeurs et développant les emplois en nombre pour le matériel militaire et les blockhaus. Notre caporal épinglé n’a même plus les moyens de la « révolution nationale » : « Nous avons le devoir de chercher toutes les solutions pour créer des emplois ». Une dernière allusion au pétainisme évite Verdun mais n’évite pas le néant : « Nous ne gagnerons pas la bataille de l’emploi sans les chefs d’entreprises et sans les partenaires sociaux ». Et pourtant ce sont bien des patrons flexibilisant et tueurs dont la classe ouvrière a un besoin urgent de se débarrasser, tout comme des syndicats collabos qui auront bien du mal pourtant à baiser le prolétariat, dans cette « bataille », comme ils s’y sont ingéniés avec la suppression homologuée de la retraite.

Le discours lu péniblement, lorsqu’il prend une tournure protectionniste (« Lever les tabous sur les freins de la compétitivité française » = merde à la Chine et à l’Allemagne) entraîne les applaudissements nourris des groupies blafardes. Ce n’est qu’un pied de nez au potache d’estrade Montebourg et à la grosse Le Pen. Le caporal épinglé glisse ensuite sur la croissance de l’immatériel, ce qui fait plus chic. Est évoquée une quelconque « immense révolution », qui ne peut pas rejeter « le progrès » et la nécessité hugolienne de « reprendre la maîtrise de notre destin » vers le chemin aride et peu glorieux de la… croissance. Croissance et compétitivité des PME sont les mêmes mamelles du PS et de l’UMP. Le principal ennemi est tout désigné, c’est le prolétariat international, pour toutes les fractions bourgeoises de droite à gauche : « pas d’immigration non contrôlable qui menace notre protection sociale » (comprenez : les allocs et le filtrage des candidats à l’exploitation forcenée en Europe). La salle des groupies applaudit à rompre le sonotone des électeurs à Mélenchon. L’Europe est la seule voie de salut (comme sous Pétain…) et heureusement qu’elle possède à l’heure actuelle de bons politiciens technocrates capables de décider à la place des peuples moutonniers. Grâce à la crise, le petit caporal épinglé, qui n’a jamais inventé que le fil à couper les salaires, assure ses chers compatriotes avoir réussi à « tout réinventer » ; le mensonge en politique est en effet une invention permanente. Les chefs lumineux de l’Europe vont continuer à « traiter », un traité par jour s’il le faut, toujours pour plus de « discipline », de « responsabilité », etc. La salle des groupies est vent debout pour le final avec zoom sur le premier rang des commis d’office ministériels ? L’air pourtant… consternés. Le petit père de la nation, sans moustache et sans galon de général, se livre ensuite à la baignade de foule apprêtée et larvaire. Le marchand de montres socialistes, J.Dray est ensuite convié sur le plateau de la chaîne idéologique la plus consultée, BFM, pour apporter le petit brin de critique de bon aloi qui différencie la république gaullienne de la dictature sanglante d’Assad la girafe de Russie : « le seul problème est la banque centrale va-t-elle rembourser ? », ses montres ou les dettes nationale ? Mère Aubry et la fille Le Pen se succèdent pour dénoncer l’inféodation à l’Allemagne. Aubry avec ces trois magnifiques solutions à la crise capitaliste en France : plus de solidarité, plus de démocratie et plus de PME (écologique si possible) : « notre candidat Hollande sera celui du redressement pour sauver les PME qui sont en train de crever parce que les banques ne prêtent pas ».

Lui succède donc Marine Le Pen qui, gaullienne pas chienne et anti-pétainiste à retardement, conspue la fin de la « France libre ». On se passera de nommer et citer les nullités politiques et économistes qui se succèdent au parloir des journalistes plus rigolards qu’effarés de tant d’incongruités de leur principal patron et des ses souris concurrentes.

AUCUN DEBAT NI AUCUNE SOLUTION POUR TOUTES LES FACTIONS BOURGEOISES

Ils disent tous à peu près la même chose. Dans la crise la déliquescence politique s’accélère et révèle un même fond d’idéologie vieillotte nationale. Le clivage de leur confrontation ne recoupe pas même les divers partis en lice, divisés eux-mêmes. Le clan au pouvoir est lui-même un mélange hésitant de libéralisme coupable et de protectionnisme contrit. Il se dégage de ce magma une aile souverainiste (nationaliste primaire) qui va du parti sarkozien à Montebourg, Mélanchon et son petit PCF, et une aile européenne qui part aussi du parti sarkozien aux verts, Cohn Bendit et tutti quanti du lobby pro-fédéraliste allemand. Il n’existe pas plus de solution nationale qu’européenne pourtant à la crise.

Sarkozy rêve à une France réindustrialisée mais il ne sait pas comment cela serait possible, même immatériellement. Le PS crie sur tous les toits que la solution réside dans la multiplication des PME. Les verts veulent bien donner leur accolade à ce parti morpion de l’Etat bourgeois, mais à condition que les PME sauvent le monde en s’appuyant sur le lobby écologique.

La méchante Allemagne fait figure de séductrice et de bouc émissaire. La « peur » évoquée dans son discours de Toulon II par le caporal épinglé, y fait une allusion indirecte tout en encourageant le recours au baiser du tueur. Montebourg, Aubry, Mélanchon, Le Pen fille, surfe sur la même allusion, et vu la connaissance réduite des causes de la seconde boucherie mondiale, le thème est porteur électoralement pour les français sous politisés et niais. De toutes parts, le « c’est la faute aux autres » est le langage commun, inter-national, de tous les dirigeants capitalistes. En France, Sarkozy est accusé de se coucher devant Merkel. La ficelle n’est pas bien grosse, l’exigence de « l’effort », de la « discipline », de « l’austérité » qui ne dit plus son nom, n’est pas le fait de la seule bourgeoisie allemande, mais la chanson de tous les Etats démocratiques bourgeois !

Sait-on le nombre faramineux de pauvres en Allemagne ? Sait-on que l’Allemagne est le troisième pays le plus endetté au monde. Sous le règne de Merkel ce pays s’est autant de fois endetté que du temps des quatre précédents chanceliers.

La dette actuelle de l’Allemagne : 2079 milliards d’euros = 83,2% de son PIB ! Mieux encore, la bourgeoisie d’Outre Rhin triche pire que la Grèce en ne comptant pas les dépenses pour les retraités, les malades et les personnes dépendantes, auquel cas sa dette sera accrue de plus de 5000 milliards supplémentaires !

Dette de la France : 1591 milliards = 81,7 % de son PIB.

L’Italie est championne du dépassement des 100% : 1843 milliards = 119% de son PIB.

Heureusement le président plus pour longtemps, en rade idéologique à Toulon, a parlé d’une « immense révolution » ! Y aura de quoi faire. Contre lui et ses compatriotes concurrents.

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