PAGES PROLETARIENNES

mercredi 26 octobre 2011

APOCALYPSE HITLER : UNE OPERATION PEDAGOGIQUE (Marie Drucker)



(le nazisme en couleur à la télé)

La « remise en couleur » de l’antifascisme opéra à merveille ce mardi soir sur « France 2 ».

« Apocalypse Hitler » une série documentaire exceptionnelle sur France 2 ! Ce mardi 25 octobre à 20h35, France 2 a diffusé en deux épisodes une série documentaire hors norme consacrée à Adolf Hitler. Entièrement réalisée grâce à des images d’archive, Apocalypse Hitler a nécessité un travail faramineux. Synopsis : ce documentaire en deux parties est intégralement composé d'images d'archives en haute définition, restaurées et colorisées. Résumé des programmes télé : « Les auteurs avaient pour ambition de retracer l'irrésistible ascension d'Adolf Hitler à la tête de l'Allemagne, dans le contexte « troublé » de l'Europe du début du XXe siècle. En 1924, le futur Führer écrivait : «Un Etat qui refuse la contamination des races doit devenir un jour maître de la terre». Comment a-t-il réussi à imposer cette idée ? Artiste raté dans sa jeunesse, rien ne prédestinait cet homme à devenir un jour le dictateur de l'Allemagne. C'est la guerre de 1914-1918 qui le transforma en nationaliste et antisémite exacerbé, habité par une vision ».

Les images d’Hitler sont toujours fascinantes et font le plein d’audience pour la propagande simpliste de la télévision d’Etat dite « service public ». Hitler dans l’histoire moderne, et pour les siècles des siècles si l’humanité survit, restera aussi important que le Christ depuis 2000 ans, ange parfait du MAL, parangon de tous les fantasmes de la mystique démocratique et aune de la connaissance rudimentaire des populations catéchisées, endoctrinées et manipulées. Les deux séries révèlent certes des images inédites du dictateur. La colorisation est très surprenante et renouvelle le mythe de l’archange du mal. Hitler est un comédien extraordinaire. La personnalisation colorisée vient renforcer, pour ne pas dire authentifier l’histoire fabriquée sur mesure de la bourgeoisie dominante. La « résistible » ascension psalmodiée par le saltimbanque Matthieu Kassowitz, procède de la dramatisation cinématographique. Le scénario, écrit d’avance, est bien léché. Le parcours du mal est décrit crescendo mais avec les poncifs invraisemblables dès le départ : Hitler est responsable de 50 millions de morts. Une évidence scolaire, universitaire et politique dominante. Même les pires fumisteries sont alignées au fur et à mesure. Ainsi la fameuse « marche sur Rome », la pantalonnade de son compère Mussolini, est sensée s’être avoir été « si bien réussie ». Aucun téléspectateur lambda – qui en général achète au supermarché l’œuvre considérable en 13 pages (3 euros) du penseur du XXIème siècle, S. Hessel – n’ira vérifier que le Duce a simplement pris le train affrété par les «autorités » bourgeoises italiennes…

Le documentaire colorisé peut prétendre à l’objectivité séquentielle d’un nazisme pas simplement allemand en glissant en passant une vérité – plutôt gênante pour le capitalisme industriel mais néanmoins démocratique – le soutien financier de l’industriel US Ford aux premiers pas du nazisme, comme celui de l’industriel Krupp. On passe aussi vite sur l’incendie du parlement prêté au courageux communiste maximaliste Van der Lubbe, geste noble mais hélas salement récupéré par les nazis ; incendier un parlement nazi qui pourrait d’ailleurs le lui reprocher de nos jours de pourriture parlementaire ? L’élimination des SA avec leur chef homosexuel Röhm est aussi évoquée brièvement comme celle d’un clan de « bolcheviques déguisés », manière élégante et peu coûteuse de mettre le « totalitarisme bolchevique » dans le même sac. On sourit aux images de l’enterrement d’Hindenburg avec des femmes allemandes en tchador (vêtues de noir et voilées de la tête au pied), clin d’œil à la vision simpliste du salafisme par les maîtres penseurs de la porosité de l’idéologie démocratique bourgeoise.

Après ces images alléchantes d’une historiographie destinée à être au top des ventes de DVD dans les FNAC et projetée dans toutes les écoles et facultés de France et de Navarre, la gracieuse présentatrice Marie Drucker peut ensuite annoncer un débat entre les deux réalisateurs, le saltimbanque Matthieu Kassowitz et un quelconque psychologue. La sémillante présentatrice précise que ce documentaire a été réalisé sous la haute autorité historique d’un certain Jean-Paul Bled que personne ne connait. Le principal réalisateur Costelle attaque très fort, sans doute pour nous faire comprendre ce qui nous menace de nos pauvres jours : « L’Allemagne était une véritable démocratie, une des plus libres d’Europe ». Ce type est un menteur formidable car en une phrase il évacue l’établissement de cette démocratie sur le sang de milliers de révolutionnaires et d’ouvriers allemands en 1919 et en 1923. Mais pour ne pas prêter le flanc à la critique révolutionnaire moderne, il prend soin d’ajouter que la guerre de 14-18 fût fondatrice de toutes les dictatures européennes et a « forgé le personnage de Hitler », sans développer, chose qui contraindrait le spectateur à réfléchir au sens véritable de la montée du nazisme. Sont évoquées les deux terribles crises économiques que subit l’Allemagne et défilent des images de chômeurs, ainsi qu’un Hitler qui dénonce des « milliers de suicides dus à la misère »… causée par les juifs ! Maillon invraisemblable de l’embrigadement de la population allemande, est évoqué le « désir de revanche », c à d non seulement de Hitler mais de la population allemande… La cause de la guerre ? Le nationalisme, autre poncif à gauchiste moyen. Fleur de rhétorique journalistique et cabalistique : « L’arrivée du MAL qui prend le pouvoir » ! Il faut certainement revenir aux prêches religieux du haut moyen-âge pour trouver un aussi gros tas d’âneries au temps jadis des illettrés bigots.

Le psychologue de plateau (Nasio…) télé résume le plus innocemment du monde la prise de pouvoir par Hitler à deux phénomènes :

- L’Allemagne voulait se venger de l’humiliation de 14-18 (le film prétend que c’est le « couloir de Dantzig » qui en est la cause…)

- La volonté de Hitler de préserver la pureté de la race.

Matthieu Kassowitz, le saltimbanque qui a fâcheuse réputation de révisionniste (pour ses doutes sur les attentats contre les twins) lâche d’abord une évidence, qui semble semer le trouble parmi les invités : « Hitler n’a pas pris le pouvoir par la force », mais il se rattrape en assurant que les nazis étaient des « gens tout à fait normaux… (comme vous et moi ?) qui ont transmis leur conviction à la foule ».

Le psy abonde aussitôt dans le sens du comédien : « la foule a besoin de défouler son agressivité », car « il y aura une répétition (ouh la la !) l’être humain porte en lui l’agressivité comme l’amour, les forces de destruction sont dans l’être humain » et Hitler est « un homme qui se méfie ». Stupéfiante la psychologie de plateau télé !

Le comédien metteur en scène Kassowitz lâche une autre perle qui ne semble pas ravir ses comparses documentalistes : « cette force de conviction (des nazis) qui est propre aux hommes politiques… ». Tiens tiens… Comme il ne connait pas plus l’histoire de la contre révolution des années 1920-1939 il veut nous faire croire que Hitler va voir les généraux et leur dit « voilà pourquoi nous devons être antisémites » (alors que c’est le contraire comme l’a établi un historien sérieux Ian Kershaw) !

Foin de toute guerre entre impérialistes acharnés, le réalisateur Costelle balance alors cet autre poncif éculé qui caractérise si avantageusement le MAL : « Hitler disait que les juifs sont des bacilles ». Comme cause de la Deuxième Guerre mondiale les profs des écoles sont tenus de ne pas trouver mieux. Et d’ailleurs, précise l’ignorant Kassowitz : « il (Hitler) s’en sert à des fins politiques ». C’est formidable comme les intermittents du cinéma récitent la leçon des fabriquants d’histoire moderne, républicaine et gérontocratique. Pour bien montrer qu’il en connait un bout, et même pas du tout, ce pauvre Kassowitz croit bon de préciser que Hitler est « seul à avoir écrit Mein kampf » (ce qui est notoirement faux vu la débilité intellectuelle d’Hitler).

Le réalisateur Costelle, qui se méfie des répercussions de l’ignorant Kassowitz, croit nécessaire de préciser qu’il est en tous points dans la ligne officielle enseignée dans les écoles de la république : « c’est une piqure de rappel ».

Pour ne pas laisser l’impression que Kassowitz n’est qu’un gros nul mais qu’il en a été quand même un, Marie Drucker ajoute : « Matthieu Kassowitz vous vous êtes approprié ce rôle (de lecteur off du docu), le texte est présentable et accessible ». En effet.

Conforme à la lèche professionnelle de son oncle, la bien marrie se hasarde à une nuance de poids sur l’hitlérisme : « il faut préciser qu’il s’agit d’une remise en couleur et non pas d’une simple colorisation ». Costelle n’en peut plus d’un tel hommage et avec le ton de la modestie du génie documentariste il se livre à une ode à ses employeurs : « notre ambition était de faire une œuvre grâce au service public ». Et de se livrer à une honnête opération marketing pour annoncer que la « série apocalypse » nous ferait subir bientôt le même traitement avec 14-18, mis en couleur également prochainement.

Marie Drucker pouvait conclure souverainement avec un clin d’œil aux dominants en histoire et à tous les mandarins de l’Eduque naze : « une véritable opération pédagogique ».

4 commentaires:

  1. Article nul.
    Qui parle ? dans quelle perspective ?
    Un post qui pouvait être fait par un facho. pas d'argmunents.

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  2. Faudra m'expliquer pourquoi j'ai eu en 4 heures plus de 15.000 lecteurs et pourquoi j'ai été censuré par Le Post? Je n'ai rien à justifier aux crétins qui ignorent l'histoire du prolétariat et même le titre et le cadre d'un de mes nombreux articles de pamphlétaire. Ce blog est réservé aux amis et camarades de combat pour la destruction du capitalisme et de ses idéologies truquées.

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  3. A l'attention de l'anonyme qui se permet de critiquer mais n'a pas d'argument politique valable, je lui dit :va jouer ailleurs. De la part d'une anonyme qui apprécie tout particulièrement le contenu de ce blog.

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  4. - Il paraît évident que l'usage de Hitler par la bourgeoisie industrielle et bancaire allemande, afin d'éviter une révolution bolchevique, est presque systématiquement occulté. Un marxiste peut décrire cette stratégie comme l'analogue de celle qui a consisté pour la bourgeoisie française à utiliser Louis-Napoléon Bonaparte pour méduser la paysannerie française.
    - Occulté aussi le fait que le nazisme est un républicanisme ordinaire, ou qui ne s'en distingue que par les circonstances de crise économique et de désordre politique favorables à un régime fort.
    - La méthode d'enseignement de l'histoire par le cinéma s'apparente au bourrage de crâne totalitaire. Le cinéma est fait pour la légende dorée ou l'éducation civique républicaine.

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