« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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mardi 19 avril 2011
LE RESERVOIR DU PROLETARIAT MONDIAL CRAQUE DE TOUTE PART
La question de l’immigration (Sous ses trois aspects de la circulation capitaliste, de la reproduction sociale et de la division du prolétariat)
Dans tous les domaines de la vie politique et sociale sous le règne du capitalisme rien n’est plus comme avant, et tout est encore comme avant sur le fond. Etrange paradoxe mais pas si étrange si nous prenons conscience de l’impasse du capitalisme, impasse financière, sociale et écologique. Les extrêmes de l’échiquier politique se retrouvent dans la même barque. Le gouvernement oligarchique non démocratiquement élu de M. Sarkozy, aux valeurs de respectabilité républicaine reconnue unanimement par les élites dominantes, s’est aligné sur le discours et les thèmes récurrents du diable à éclipses dit front national. La patronnesse du patronat français tient carrément le même langage que n’importe quel gauchiste humanitaire. Samedi dernier, Mme Parisot (dont la féminité et l’intelligence humanisent à tort le patronat français) a plaidé pour que la France reste un pays « ouvert » à l’immigration… légale « qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage ». Belles paroles dignes d’un Besancenot ou de Martine Aubry. L’immigration « légale » serait de 20 à 30.000 personnes par an en France. Dans cette fourchette le patronat ment déjà, surtout celui du bâtiment et les grandes familles riches concernant leurs bonnes à tout faire. Depuis toujours existe un volant plus important d’immigration illégale qui sert à faire pression sur ladite immigration légale qui sert elle aussi depuis les généraux colons à faire pression sur les salaires des autochtones.
La déclaration gauchiste de Mme Parisot avait pour but de modérer les déclarations du ministre du front national sarkozien en vue de l’échéance présidentielle, M. Guéant lequel avait choqué gauchistes et patrons en déclarant que « l’intégration est en panne » - ce que pourtant tout citoyen lambda ou prolétaire effaré peut constater avec le règne des communautarismes et des tribus banlieusardes. Propos d’estrade de ce M. Guéant que de prétendre vouloir faire passer de 200.000 à 180.000 le nombre d’étrangers admis chaque année en France. Paroles en l’air à la Sarkozy son maître, mais en multipliant par dix les chiffres réels fournis par l’honnête patronnesse Mme Parisot. Quant aux problèmes d’intégration, si le sinistre de l’Intérieur Guéant invoque le bâton, il suffit pour Mme Parisot de botter en touche : aux enseignants de se démerder avec les pré-délinquants insolubles dans le savoir collégien au rabais, les voilées et les sans voiles.
L’IMMIGRATION EST TOUJOURS « CHOISIE » POUR DIVISER LE PROLETARIAT !
Plus que le pétrole, l’immigration est le carburant des marchés du travail du monde entier et de l’enrichissement bourgeois. La plupart des Etats prônent des politiques hypocrites à géométrie variable pour attirer les prolétaires du monde entier possédant des compétences et des talents spécifiques pour qu’ils viennent s’installer chez eux. Tous les immigrés eux-mêmes ne sont pas traités à la même enseigne. La migration internationale est beaucoup plus sélective en ce qui a trait aux migrants hautement qualifiés; que dans la plupart des pays de l’OCDE, le nombre d’immigrants ayant suivi des études tertiaires dépasse celui des expatriés hautement qualifiés, qui se sont installés dans d’autres pays de l’OCDE.
Choisir ses immigrés en fonction des "compétences" et des "talents", pour en faire des "atouts" pour le "développement de la France", se présente comme une bonne intention visant à séduire un électorat autochtone (non délimité en classes sociales, mais en régions ou en zones, quoique la propagande ne se gêne pas pour qualifier cet électorat d’ouvrier, alors qu’il comporte pas mal de couches moyennes artisanales, commerciales et assistées) crucifié d’ordinaire comme proie facile du discours haineux de l'extrême droite. Le principal argument des partisans de cette "immigration choisie" est la présence de 300 000 emplois non pourvus et cela malgré 3 millions de chômeurs (sous-entendu : "les chômeurs français sont des fainéants qui ne veulent pas travailler").
Après le débat avorté sur l’identité nationale depuis une année, la fausse interdiction du voile et la fausse réforme de la garde à vue, sous l’égide du parti totalitaire au pouvoir, il ne fallait pas s’attendre à un relâchement du discours populiste gouvernemental. Et c’est encore en direction de la classe ouvrière que les attaques populistes frappent. Un autre sinistre du gouvernement, bon à tout faire et interchangeable commis d’Etat, Plastic Bertrand, annonçait à son tour vouloir réduire « la liste des emplois ouverts aux étrangers » ; pas très neuf le propos car un arrêté de janvier 2008 fixe une liste de 30 métiers « en tension » sous préciser lesquels alors qu’on devine que ce sont les plus pénibles et où le recrutement est le plus difficile. Plus vicieux que Guéant, Bertrand a précisé qu’il est « possible de réduire l’immigration légale »… « notamment liée au travail » qui représente 20.000 personnes comme on l’a déjà noté, pour les faire passer de 20.000 à 18.000 ? (Ce n’est pas précisé et vous vous rappelez que Guéant avait outrageusement parlé de réduire de 200.000 à 180.000 ! car plus le chiffre est grossi mieux il passe). Le gouvernement du capital financier joue gaiement avec la xénophobie et la peur du lendemain.
L’Expansion explique : « Cette volonté de limiter l'immigration légale du travail est en rupture avec la politique prônée par Nicolas Sarkozy à son arrivée au pouvoir en 2007. Le chef de l'Etat affichait alors sa volonté de réduire le poids l'immigration familiale, immigration "subie" selon lui, en faveur d'une immigration "choisie", axée sur l'accueil de travailleurs qualifiés répondant aux besoins économiques nationaux. Mais le contexte a changé. Avec la crise économique, le taux de chômage en France a explosé. "24% des étrangers non Européens qui se trouvent en France sont des demandeurs d'emploi. C'est presque trois plus que le taux de chômage national ». La question de l'immigration, c'est la question de la capacité de notre pays à intégrer les étrangers", a justifié le principal bateleur électoral de Sarko bis en 2012, Claude Guéant.
L’IMMIGRATION EST LE MOTEUR DE L’ENTREPRISE CAPITALISTE
Les principaux pays capitalistes ont une longue tradition d'immigration, mais d’autres pays modernes considérés comme secondaires également, par exemple les deux pays qui défrayent la chronique en ce moment la Côte d’Ivoire et la Libye. . L'immigration est classiquement sujet à polémiques nationalistes et xénophobes utiles aux Etats bourgeois jusqu’aux pires fantasmes alors que la bourgeoisie a besoin comme la prunelle de ses yeux du renouvellement et d’une main d’œuvre diversifiée ; on se souvient du ridicule concept d’ivoirité dans un pays où tout le monde est avant tout africain… pour mieux diviser la faible classe ouvrière de Côte d’Ivoire.
Les nouveaux boat-people du croissant arabe ont ravivé la plaie xénophobe et des peurs compréhensibles. Le réservoir de main d’œuvre d’Afrique du nord a craqué et continue de craquer. Il est bien inutile de la part des révolutionnaires maximalistes d’appeler en vain depuis trois mois la classe ouvrière occidentale à se solidariser avec les révoltes arabes.
Le prolétariat européen et américain n’a fait montre d’aucune solidarité et les manifestations maigres pour la Tunisie et la Côte d’Ivoire n’ont vu défiler que des arabes ou des noirs ! L’explication est connue. La dépolitisation liée à la chute du bloc dit alternatif de l’Est perdure, et il faut se souvenir que longtemps après la période de contre-révolution, la classe ouvrière s’est avérée incapable d’assumer quoi que ce soit politiquement par elle-même, tout le (sale) boulot déviationniste, l’utilisant comme masse de manœuvre pour des objectifs de cinéma oppositionnel creux, était fait jusque là par les partis staliniens et gauchistes. A notre époque où la classe ouvrière est repliée sur le frileux terrain de la stricte défense salariale (parfaitement contrôlé par l’aristocratie syndicale), parler de solidarité avec les peuples opprimés ou baignant dans le sang des tueurs policiers et militaires, autant demander au prolétariat de remplacer pôle emploi ! Et comment le prolétariat européen pourrait-il se solidariser avec des révoltes enfermées dans la croyance au sauvetage national sous une marée de drapeaux chauvins, avec des gens qui meurent en criant Allah Akbar ? En plus tous ces mouvements n’ont eu jusqu’à présent aucun contenu internationaliste mais ont été manœuvrés et endigués sous le concept frauduleux et creux de « conquête de la démocratie ».
Partout, bien avant les soulèvements de la misère dans les poches réservoir de main d’œuvre des ex-colonies, le sujet était récurrent sous des airs de pas y toucher : comment les immigrés s'insèrent-ils dans « notre » société, notamment dans l'emploi ? Leur arrivée pèse-t-elle sur les salaires ou le chômage ? Sont-ils victimes de pratiques discriminatoires pénalisantes ? Les difficultés de recrutement de certaines entreprises appellent-elles la relance d'une politique d'immigration de main-d'oeuvre ? L'immigration était-elle une réponse à l'avenir de « nos » retraites ? (non puisque les syndicats français ont aidé Sarkozy à prolonger la vie au travail).
Ce qui est spécifique aux migrations depuis 2 ou 3 siècles, c’est qu’elles ont été étroitement liées au développement du capitalisme. Les gens migraient dans les pays où le capitalisme se développait. L’exemple le plus fort a été sans doute la migration des européens vers les Amériques, mais aussi entre les pays européens. Le capitalisme était loin d’avoir atteint les limites de son développement tant quantitativement que géographiquement telles qu’on les connaît aujourd’hui. Les colonies ont été très tôt des réservoirs de main d’œuvre pour les tâches ouvrières ingrates : coolies dans les ports, personnel de maison, ouvriers agricoles, puis avec le développement de l’industrie automobile en particulier déportation de villages entiers pour répondre à la soif de main d’œuvre des trusts automobiles. Il ne faut pas cacher que l’attrait des salaires des pays riches était un appel d’air (est encore) pour sortir de la misère du bled et pour beaucoup d’immigrés un moyen de promotion sociale (on retourne au bled avec une belle voiture en taisant qu’on est éboueur à Paris). Même moins rémunéré et discriminé l’ouvrier immigré peut y trouver son compte et à force de patience et d’abnégation finissait par s’intégrer d’une façon ou d’une autre par la société colonialiste capable d’intégrer. Il y a toujours eu des conflits entre les immigrés et les autochtones, non motivés par le racisme en premier lieu, qui leur reprochaient de casser les salaires, d’accepter n’importe quoi. Partout les nouveaux arrivants tendaient à rester entre soi, le développement était très communautaire et encadré par la religion d’origine. Les migrants finissaient en général par s’intégrer, faisaient souche. Cette situation a duré jusque dans les années 60. Les deux périodes de reconstruction après les deux guerres mondiales ont été une pompe aspirante de l’immigration à la fois volontaire et forcée. Néanmoins à chaque période de récession, les prolétaires immigrés sont les premiers à en faire les frais en termes de chômage et d’ostracisme. Dans les années 1920 des ouvriers polonais avaient été renvoyés dans leur pays d’origine. L’immigration n’a jamais favorisé le facteur révolutionnaire, et son utilisation idéologique par le gouvernement populiste ridiculise tout contenu internationaliste.
Devant l’afflux exponentiel et incontrôlable de la crise du mitan des années 1970, l’Europe avait mis en place des barbelés contradictoires à partir de 1974, avec des contradictions boomerang (cf. le regroupement familial autorisé sous Giscard qui vint mettre fin à la théorie selon laquelle les immigrés ne coûtaient rien à l’éducation nationale, et menant à un échec scolaire massif du fait des discriminations persistantes, alliées à la perte d’autorité parentale).
La vérité et la différence aujourd’hui, depuis 25 ans, c’est que la période d’expansion a atteint ses limites et que les Etats bourgeois peinent, voire sont débordés par l’afflux migratoire (bien avant les soulèvements de jasmin) comme ils sont incapables de faire baisser le chômage. Immigration incontrôlable et chômage massif sont des deux principaux révélateurs de la crise capitaliste. Le travail n’est plus essentiel pour le capital pour deux raisons. Premièrement le capital financier a pris un tel poids qu’il acquiert une certaine autonomie face au travail et qu’il génère des profits par lui-même sans le travail. En second lieu l’augmentation de la productivité du travail détruit le travail lui-même. Il n’y aura plus de conquêtes de l’Ouest ou accueil avide des Métropoles, les limites de la planète elle-même sont devenues pour l'instant les limites du capitalisme. Le mythe de la croissance infinie s’est effondré. Aujourd’hui, les migrants partent là où il y a de l’argent, là où il y a un mode de vie meilleur que le leur, souvent avec cet esprit arriviste petit bourgeois de se tailler une place au soleil de plomb capitaliste même au détriment de leurs coreligionnaires. Aussi, la migration ne peut plus être associée aux conquêtes du capitalisme, au développement de la croissance, mais doit se comprendre dans le contexte mondial de la domination du Nord sur le Sud ou l'Est. En ce sens l’immigration est liée aux rapports de force impérialistes, qu’on peut pour l’instant résumer à pétrole contre main d’œuvre corvéable.
Si la classe ouvrière est par excellence et par nature une classe d’immigrés sans patrie, qui tend à se fondre dans une unité solidaire face aux conditions d’exploitation partout accrues et inégalitaires, elle n’est plus en mesure de résister autant qu’avant à la propagande xénophobe déguisée des Etats du capitalisme. Le chômage, au lieu d’unifier la conscience des prolétaires de toute origine, vient rendre opaque la question de l’immigration alors que ces deux questions relèvent du même processus d’oppression capitaliste. Pire le discours des gestionnaires capitalistes plongés dans l’impuissance face à leur crise est sensé devenir la problématique des victimes prolétaires de toute origine, sous l’affligeant et impersonnel « on » (« on n’y peut rien », « on est débordé », « comment peut-on faire ? », etc.). « On » comprend que vouloir lier régularisation et travail devienne une gageure. « On » se dit comment exiger des immigrés de trouver du travail pour avoir une carte de séjour quand 2 ou 3 millions de personnes ne peuvent en trouver (preuve de l’exagération du gouvernement « on » Sarkozy, ce n’était pas pire sous le gouvernement Mitterrand-Chevènement où avait été atteint le pic de 5millions de chômeurs). Peut-« on » partager « nos » écoles, « nos » allocations familiales, « nos » « ascenseurs sociaux » avec les nouveaux arrivants, etc.
L’INCIDENT DE VINTIMILLE
L'EUROPE BOURGEOISE est lâche et c'est chacun pour sa pomme.En matière de décision "unilatérale", le gouvernement Berlusconi, ami de Kadhafi, a tout de même fait très fort. Donner des visas, sous le seul prétexte que des réfugiés tunisiens ayant atterri à Lampedusa déclarent vouloir s'installer en France ou ailleurs, est la réponse du berger à la bergère, c’est repasser la patate chaude au voisin européen ! La libre circulation dans l'espace Schengen a toujours nécessairement des limites. Cette arrivée massive de migrants clandestins - venant d'un pays où le jeu de chaises musicales de l’Etat bourgeois a tari les emplois du tourisme – vient révéler qu’il n’y a aucune solution « démocratico-indutrielle » dans ces pays soi-disant libérés de leurs tyrans ; révéler aussi que la « liberté de circulation » est une bonne vertu démocratique pour discours de foire électorale mais au compte-goutte. Or, le réservoir du prolétariat mondial craque, fuit de toute part. Le réservoir du chômage déborde. Le réservoir des camps de main d’œuvre du tiers-monde déborde lui aussi. C’est la grande famine du travail. Le capitalisme est devenu une gigantesque léproserie incapable de sauver l’espèce humaine de la misère généralisée comme autrefois la société féodale resta impuissance face aux immenses ravages de la peste noire. Même impuissante face à l'impéritie de son régime, la bourgeoisie mondiale se donne tous les moyens de diviser le prolétariat, et surtout en lui proposant de monter dans la charrette vermoulue de la démocratie oligarchique, au besoin à coups de fouet.
JLR
CONTRE LES IDEES RECUES QUELQUES ELEMENTs :
- L’INSEE avait publié en 2009 une étude intitulée « Langue, diplôme, des enjeux pour l’accès des immigrés au marché du travail ».L’enquête a été menée sur les personnes arrivées après l’âge de 18 ans, « qui sont susceptibles de rencontrer des obstacles vis-à-vis de l’emploi». Ses principales conclusions :
- 57% des immigrés ont un emploi, contre 69% des non-immigrés ;
- Les femmes sont moins nombreuses à avoir un emploi ou à en chercher un, notamment les femmes originaires du Maghreb et d’Asie.
- La proportion d’immigrés titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur est la même que celle des non immigrés ; en revanche, les immigrés sont plus souvent peu -voire pas- qualifiés que les non immigrés.
- Pour un même niveau de diplôme, il existe un écart important en défaveur des immigrés en matière d’exposition au chômage ; cet écart est réduit pour les faibles niveaux de qualification; il est beaucoup plus élevé pour les diplômés (= discrimination).
- Ceux qui sont arrivés en France récemment sont plus nombreux que les autres à suivre une formation linguistique et/ou professionnelle.
- Près de la moitié des immigrés trouvent du travail par le biais de relations ; les immigrés originaires d’Afrique recourent toutefois fréquemment aux agences de l’emploi.
Quel est le poids de l'immigration légale du travail?
En 2010, 188 780 immigrants hors ressortissants de l'UE sont arrivés légalement en France, selon les statistiques de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de l'Office français de l'immigration (OFII). Parmi eux, environ 31 000 correspondent à un motif économique, dont 20 000 visas accordés pour établissement professionnel, selon le gouvernement. C'est ce chiffre que le gouvernement entend réduire, si l'on en croit Xavier Bertrand. Ce qui est paradoxal puisque ces migrants en emploi ne sont pas ceux qui viennent gonfler les listes de Pôle emploi. "L'immigration de travail ne représente donc qu'une petite fraction de l'immigration légale en France, commente Xavier Chojnicki, économiste au CEPII et maître de conférence à l'Université Lille 2. Pour autant, si l'immigration pour motif de travail est marginale en France, une partie très importante des migrants arrivés en France pour des motifs familiaux accède ensuite au marché du travail." C'est pourquoi le gouvernement entend également réduire l'immigration légale liée au rassemblement familial.
Quels métiers occupent les immigrés?
Les métiers "en tension" concernés par l'immigration légale du travail sont très limités. Ils sont au nombre de trente. On trouve dans cette liste des métiers tels que conducteur de travaux du BTP, opérateur de formage du verre, façonneur bois, pilote d'installation de production, ingénieur expert, géomètre, dessinateur en électricité ou encore responsable d'exploitation en assurances. Les autres immigrés, ceux venus légalement en France pour leurs études ou pour rejoindre leur famille, sont eux majoritairement employés "dans le secteur tertiaire et dans des métiers moyennement qualifiés, détaille Xavier Chojnicki: les services aux entreprises, comme le nettoyage, les services à la personne, la restauration ou le bâtiment."
Pourquoi ne pas donner les emplois des immigrés du travail à des chômeurs français?
Parce que le profil des demandeurs d'emploi ne correspond pas forcément aux offres. Les métiers visés par l'immigration légale du travail sont en effet à forte qualification. Xavier Bertrand propose donc de former les demandeurs d'emploi à ces métiers. Mais la plupart des ces métiers industriels nécessitent une formation de niveau CAP, BEP, bac professionnel ou technologique. Les plus qualifiés, comme ingénieur géomètre ou cadre de l'audit et du contrôle comptable, nécessitent plus de cinq ans d'étude après le bac. Des formations difficiles à donner à des chômeurs en milieu de parcours professionnel. Pour faire face aux tensions qui pèsent sur ces métiers, il apparaît plus judicieux d'orienter en amont les jeunes en scolarité vers ces filières d'avenir.
Limiter l'immigration légale permettrait-il de réduire le chômage?
L'immigration légale liée au travail représente 20 000 emplois par an, alors que la France compte plus de 4 millions de demandeurs d'emploi. Surtout, les métiers visés représentent à peine 5% des offres d'emplois à pourvoir. Si aujourd'hui un tiers des offres d'emplois ne trouvent pas preneur, selon la dernière enquête en besoin de main-d'oeuvre réalisée par Pôle emploi, c'est parce qu'il s'agit de métier difficiles ou peu rémunérés (aides à domicile, cuisiniers, infirmiers, employés de maison, aides-soignants, agents de sécurité, serveurs, etc.). "Aucune étude sérieuse n'a réussi à établir un impact visible de l'immigration sur le chômage, souligne Xavier Chojnicki. Une étude de Oudinet, Mazier et Saglio appliqué au cas européen et américain montre qu'une augmentation de 10% de l'immigration sur un an entrainerait une hausse de 0,01% du taux de chômage au bout de 13 années. Autant dire que l'effet est nul. Par ailleurs, la concurrence sur le marché du travail s'exerce d'avantage entre anciennes et nouvelles vagues de migrants qu'entre migrants et natifs."
Y a t-il beaucoup d'immigrés actifs en France ?
Relativement peu. Rappelons d'abord la définition : un immigré est une personne née à l'étranger et de nationalité étrangère à la naissance. 40 % des immigrés ont été naturalisés et sont donc devenus français. Depuis 1974, avec le choc pétrolier et le ralentissement économique, le gouvernement restreint l'immigration au regroupement familial et aux demandes spécifiques émanant d'employeurs. Ainsi, en pourcentage de la population, il y a beaucoup moins d'immigrés en France qu'aux Etats-Unis, au Canada, en Suède, en Allemagne ou au Royaume-Uni ou même en Espagne ou en Grèce. En 2007, la France compte 2,4 millions d'actifs immigrés, soit 8,6 % des actifs.
Qui sont les immigrés en France ?
Depuis 1974, les personnes en provenance d'Europe sont moins nombreux que celles du Maghreb, tandis que la part des originaires d'Asie et d'Afrique subsaharienne s'accroît fortement. Par rapport aux salariés nés en France, les salariés immigrés sont plus souvent ouvriers, moins présents dans l'administration et davantage dans la construction, pour les hommes, et les services aux particuliers, notamment aux personnes âgées,pour les femmes.
Quels sont les effets de l'immigration sur l'économie ?
Comme le soulignait le collectif, l'arrivée d'immigrés contribue à la croissance d'un pays. "Elle accroît la demande de biens et de services. Les entreprises vont faire face à cette demande nouvelle et accroître en conséquence leur demande de travail", explique un rapport du ministère de l'économie. L'immigration joue aussi sur le marché du travail. C'est d'ailleurs cet aspect qui suscite le plus de craintes chez les autochtones. De fait, l'arrivée de migrants non qualifiés peut légèrement augmenter le chômage ou peser sur les salaires des travailleurs soumis à la concurrence des immigrés. Mais "l'effet est globalement positif, relativise Gérard Cornilleau, économiste à l'OFCE. La baisse du coût du travail étant bénéfique à l'employeur, mais aussi au consommateur, via les baisses des prix". Enfin, l'immigration affecte la structure industrielle d'un pays. "Un pays qui a accès à une main d'oeuvre abondante peu chère investira moins dans des technologies coûteuses, explique Christian Dustmann, professeur d'économie à University College London. L'industrie du vin en Australie est plus intensive en capital qu'en Californie, qui a recours à la main d'oeuvre d'immigrants mexicains." De même, la présence d'une main d'oeuvre peu chère dans un pays permet d'éviter les délocalisations.
L'économie française a-t-elle besoin d'immigrés ?
Pas du point de vue démographique : la France a la plus forte natalité des pays de l'UE. C'est pourquoi le vieillissement démographique "ne devrait pas engendrer de besoins globaux de main-d'oeuvre", explique Yves Chassard dans un article du Centre d'Analyse Stratégique,d'autant plus qu'il "sera possible de compenser la légère baisse de la population en âge de travailler par une hausse des taux d'activité".
En ce qui concerne l'emploi, il est difficile d'imaginer qu'il faille importer des travailleurs supplémentaires, alors que 5 millions de personnes sont au chômage ou en sous emploi. Pourtant, certaines entreprises ont beaucoup de mal à recruter, du fait de conditions de travail difficiles ou de rémunérations peu attractives. C'est en particulier le cas dans les métiers du bâtiment, de la mécanique, de la restauration ou encore dans le secteur hospitalier. Ainsi, "accepter les emplois dont les autochtones ne veulent pas" serait la fonction principale des immigrés, résume Gérard Cornilleau. "Ils apportent de la flexibilité au marché du travail."
Mais à plus long terme, c'est aussi une immigration qualifiée, voire très qualifiée qui sera recherchée, selon Yves Chassard : informaticiens, cadres commerciaux et technico-commerciaux, dirigeants d'entreprise, enseignants... D'où la mise en place récente de programmes pour attirer les étudiants étrangers et assouplir leurs conditions de travail.
Les immigrés représentent-ils un coût pour les finances publiques?
Les immigrants sont souvent perçus comme une charge pour l'État-providence. De fait, les immigrés représentent 16 % des chômeurs, alors qu'ils ne constituent que 9 % de la population active, selon l'INSEE. Car non seulement "ils sont moins qualifiés, mais en plus ils souffrent de discrimination à l'emploi", explique Gérard Cornilleau. Une meilleure intégration des immigrants améliorerait donc les finances publiques."
Si leur taux élevé de chômage représente un coût pour l'Etat, "leur pyramide des âges est plutôt favorable aux finances publiques, rappelle l'économiste de l'OFCE : il s'agit souvent de personnes jeunes et en âge de travailler. Ils vont donc payer des impôts alors que leur éducation n'aura pas été à la charge de l'Etat". En fin de compte, "l'effet budgétaire net semble assez réduit", concluait le premier rapport annuel de la Commission européenne sur la migration et l'intégration.
« Le travail n’est plus essentiel pour le capital pour deux raisons. Premièrement le capital financier a pris un tel poids qu’il acquiert une certaine autonomie face au travail et qu’il génère des profits par lui-même sans le travail. En second lieu l’augmentation de la productivité du travail détruit le travail lui-même.»
RépondreSupprimerJe crois que cela est faux. Dans le capitalisme la source du profit est le travail humain. Effectivement, le capital financier a pu se croire autonome, d’ailleurs la conception bourgeoise (on fait travailler un capital) pour laquelle le capital « travaille » tout seul comme un grand pour faire des « petits » le conforte dans cette croyance . Mais avec les crashs la réalité matérielle rappelle brutalement qu’elle a toujours le dernier mot. Les crashs boursiers sont la meilleure démonstration que ce que vous dites est faux. La finance est un lieu où sont aspirés et partagés les profits qui sont générés dans la production. Or, vous avez raison sur ce point, la productivité détruit le travail qui est la source du profit. Exploités de plus en plus de moins en moins de travailleurs. C’est une des contradictions fondamentales du capitalisme, la source de son profit se rétréci (il faut donc augmenter la productivité pour contrecarrer la baisse du taux de profit) en même temps que le volume des consommateurs solvables. Il est pris entre deux étaux: Baisse du taux de profit et rétrécissement du marché. La croyance que le capital génère des profits par lui-même est une superstition dont l’équivalant pour la biologie est la création spontanée.
Je vous remercie pour votre commentaire pertinent avec lequel je suis à la fois en accord et en désaccord. Oui bien sûr le profit provient pour l'essentiel du travail humain mais une fois engrangé ce profit qu'en font les capitalistes, c'est l'agiotage boursier (qui génère des profits partiels, des investissements à perte, le gaspillage. Vous m'avez demandé de corriger "pris entredeux étaux" par "un étau", mais je n'ai pas la possibilité de corriger les commentaires, mais votre idée d'étau entre bttp et marchés est aussi fausse; les deux jouent mais ce qui importe c'est la surproduction qui bute en effet sur la limitation des marchés (avec la paupérisation) et entraine la baisse du taux de profit. Dans ce cadre la masse financière accumulée sert à dégager des profits limités et n'empêchent pas les krachs et en sont responsables. Je reconnais que ma phrase n'était pas mauvaise mais incomplète, à l'origine c'est toujours en effet comme vous le dites du point de vue marxiste que le profit repose sur le travail humain. L'enrichissement (plus que le simple profit) passe par la capitalisation, les spéculations des marchés boursiers. Sinon vous ne pouvez pas expliquer comment des sociétés redistribuent des dividendes gigantesques à leurs actionnaires tout en licenciant. Le capitalisme comme système se mort la queue, c'est pourquoi il est en faillite même si l'enrichissement décuple.
RépondreSupprimerLorsque des licenciements sont annoncés dans une entreprise, cela a généralement pour effet d’augmenter la valeur de ses actions. Certains y ont vu une absurdité de la conception de Marx. Si la source du profit est le travail, remarquaient-ils, pourquoi les capitalistes licencient ? Cet argument un peu simple (iste) ignore la concurrence qui est inhérente au système capitaliste. Dans un secteur donné, une entreprise qui a un nombre d’employés par unité de production inférieur à la moyenne de ce secteur réalise un surprofit et obtient un avantage pour la conquête du marché. La compétition pousse toujours à l’économie de la force de travail. Le profit venant du travail humain, le secteur le plus capitalistique (Capital fixe important et nombre d’ouvriers par unité de production faible) capte une partie de la plus-value des autres branches moins capitalistiques en vendant ses marchandises à un prix supérieur à leurs valeurs (valeur = temps travail socialement nécessaire à la production des marchandises). La plus-value est finalement captée à l’ensemble des travailleurs par l’ensemble de la classe bourgeoise. Point très important car fondamentalement, c’est donc bien classe contre classe que le conflit s’articule. La somme de la plus-value à se partager peut arriver malgré tout à augmenter avec la productivité du travail. Le secteur financier ne produit et ne génère aucun profit. C’est la sphère dans laquelle les profits réalisés dans l’économie réelle sont partagés entre capitalistes. Il crée des bulles dans lesquelles les prix sont très au-dessus des valeurs. Par exemple l’immobilier aux USA avant la crise. La titrisation des crédits immobiliers n’est que la tentative de sécurisation d'un marché hyper spéculatif qui brasse des valeurs fictives qui n’existent pas dans l’économie réelle.
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