« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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jeudi 24 février 2011
CREVER POUR UN BOUQUET DE JASMIN
Pourquoi Obama et Sarkozy laissent massacrer les libyens ?
Ce jeudi à 9h10: Des soignants témoignent des atrocités à Benghazi
Le Dr Jérôme Cau, médecin français, a expliqué sur RTL qu'après les premières manifestations, l'hôpital a reçu tellement de blessés que «la première nuit, on opérait à la chaîne. Ensuite, moi je n'étais plus là, mais les médecins ont continué à opérer pendant 3 ou 4 jours sans dormir, jusqu'à ce qu'ils n'aient plus les moyens, c'est à dire plus de compresses, plus d'analgésique mais les soins étaient assurés en permanence. Même si en tant que médecin et chirurgien on est habitué à des situations des plus extrêmes, là c'est totalement démesuré, c'est incroyable c'est une catastrophe». Nadia, responsable d’une équipe d’infirmières, a elle aussi raconté sur RTL son expérience au Benghazi Medical Center. «Il y a eu les premiers tirs de missiles sur la population. Après il y a eu vraiment un défilé d’ambulances sur l’hôpital, ça ne faisait qu’empirer, en fin de journée on a reçu un flot continu de patients. (...) On peut parler de carnage surtout par rapport à la quantité de gens tués de gens blessés sur le peu de jours. C’est tout sauf de la répression ordinaire je pense».
Comme je l’ai indiqué dans mes messages du 18 et 20 février, rien n’a changé, les puissances occidentales misent toujours sur le massacre le plus horrible possible, à une échelle comparable à la semaine sanglante de 1871 (vous n’imaginez pas Londres et Washington protester contre la répression de Thiers ou invoquer un quelconque droit d’ingérence !). Il ne s’agit toujours pas de révolution en Libye, comme en Tunisie ou en Egypte, mais d’un soulèvement du peuple contre la misère et l’oppression, dont la classe ouvrière est incapable d’être la colonne vertébrale.
LE LONG SILENCE COMPLICE D’OBAMA ET SARKOZY
Inutile de s’interroger sur les grandes dictatures terroristes, Russie et Chine – qui ne peuvent que se féliciter d’un bain de sang pour calmer les populations en révolte. Inutile de s’interroger sur l’amitié renouvelée du maquereau Berlusconi, régulièrement réélu par le bon peuple italien soucieux du plein de réservoir pour la voiture individuelle.
Il n’en est pas de même pour les grandes puissances dites démocratiques. Ce qui est frappant, et très clair même aux yeux de l’opinion indistincte, est la longue complicité avec le bouffon sanguinaire Kadhafi, depuis 2008 pour la plupart des oligarques démocratiques, depuis toujours pour le capital italien. Au lieu de se flageller pour leur complicité criminelle, les dirigeants bourgeois Obama et plus encore Sarkozy se présentent comme les victimes (Oh certes commerciales) d’un « fou ». Ce fou avec lequel ils paradaient il y a si peu devant les photographes du monde entier, ils n’avaient pas assez d’amabilités pour le compter parmi leurs « amis », certes un ami riche en pétrole, mais surtout comme excellent gendarme de l’Afrique du nord, comme excellent filtre de ce vivier de main d’œuvre pour l’Europe vieillissante. Malgré ses crimes passés et ses excentricités de pervers narcissique, Kadhafi était redevenu présentable car, tout fou qu’il est, il avait saisi parfaitement qu’il pouvait finir pendu comme Saddam. On peut aujourd’hui légitimement s’interroger sur la capacité de pardon des Blair, Sarkozy et Bush à un petit dictateur cynique qui pouvait être renversé comme le tortionnaire de Bagdad. Le long silence temporisateur des Obama et Sarkozy, est venu nous apporter la réponse : Kadhafi faisait bien son boulot de négrier en chef! Il freinait aux portes de l’Europe et de l’Occident une trop grande migration de la main d’œuvre africaine. Il était le bon passeur qui régulait suivant la demande des négriers patronaux européens. Un argument accessoiriste a été constamment distillé pour tenter de rendre Kadhafi indispensable. Comme l’Afghanistan, la Libye ne serait qu’un pays arriéré, une mosaïque de « tribus » sans compter les amis d’Al Qaida (dont Kadhafi avait exterminé 2000 individus au moins pour la gloire du roi de Prusse) ; on peut noter au passage cette hogra occidentale néo-colonialiste qui se permet de mépriser les peuples dès l’instant où ils ne possèdent pas cette étrange machinerie oligarchique de truands nommé parlermentarisme, et qui s’applique tout autant au prolétariat des pays développés, considéré comme incapable de gérer la société si la bourgeoisie venait à être culbutée ! Le peuple libyen est tout à fait capable de se doter de Conseils prolétariens ou de structures élues pour remettre en route l’économie du pays malgré les destructions du fou (des financiers se portent déjà candidats pour sponsoriser la reconstruction ou occuper la main d’œuvre sur place...).
Je le répète, l’espoir, toujours présent, que Kadhafi « s’en sorte », est toujours le souci des dirigeants bourgeois et du repaire de brigands de l’ONU, sinon ils ne se contenteraient pas de simples « remontrances » très diplomatiques. Car, double intérêt, même avec sa baignoire pleine de sang humain, le colonel enguirlandé reprendrait sa tâche de négrier en chef, et, double victoire appréciable pour tous les Etats bourgeois, mettrait probablement fin au tsunami social qui lève dans le croissant arabe et interroge le monde entier. Le rouleau compresseur d’années de dictatures sanglantes en Grèce, au Chili, en Argentine n’a jamais empêché les « affaires » de continuer. Les massacres au Cambodge, au Rwanda, à Srebrenica, n’ont jamais empêché de dormir les dirigeants du capitalisme. Si Kadhafi dispose de suffisamment de mercenaires pour écraser son peuple et qu’il y parvient, ce sera un pis-aller pour nos dictateurs démocrates, mais tout sera à recommencer avec le fou, qui posera alors de nouvelles exigences….
KADHAFI A-T-IL ETE TROP LOIN ?
C’est semble-t-il le message très tardif d’Obama, qui s’est bien gardé d’en appeler à l’hypocrite « droit d’ingérence », cette vague notion occidentale qui ne sert à rien en cas de bains de sang, mais peut être très utile pour des objectifs naturels d’ingérence impérialiste comme en Irak et en Afghanistan. Tout comme il n’a aucunement évoqué ni envoi d’urgence de tonnes de médicaments (si urgents vu l’ampleur du massacre à l’arme lourde) ni nouvelle intervention militaire (Obama a été élu pour calmer l’anti-militarisme du prolétariat, en attendant le retour d’un faucon). Sans aucun doute Kadhafi a été trop loin. Jamais dans l’histoire moderne un dictateur n’avait osé tirer au canon directement sur son peuple. Hitler avait conduit le peuple allemand à l’abîme (6 millions de morts) mais on ne pouvait pas dire qu’il commandait aux bombardiers anglais et américains. Les nostalgiques du grand criminel autrichien peuvent toujours dire qu’il a été vaincu avec « son peuple ». Le petit Kadhafi, il n’est pas plus haut que ses amis Berlusconi et Sarkozy, après une apparition folklorique digne d’un film de Kusturica, a fait donner son chien de fils pour aboyer qu’ils allaient tirer dans le tas. Tirer dans le tas de leur propre peuple, pas simplement – ce qui serait simple voire compréhensible – sur une classe ouvrière en insurrection mais sur les habitants indistincts des villes et des quartiers. Ni guerre civile, ni guerre entre pays, mais massacre intérieur des civils !
Et l’ONU, et Obama de morigéner, ce qui n’est pour eux qu’une banale « affaire intérieure ». Voyez donc ces dignes héritiers des « libérateurs » de 1945, bardés de lois et de résolutions contre les « crimes de guerre » et autres atteintes « contre l’humanité », qui regardent le sang couler massivement et doctement font la leçon d’humanité à un assassin à l’œuvre qui poursuit tranquillement ses tueries, et s’en vante à la terre entière.
POURQUOI LAISSER KADHAFI ALLER AUSSI LOIN ?
Pour la simple raison que, même après leur long silence, les principaux dirigeants des pays européens et nord-américains (le Canada cire toujours les pompes de l’Oncle Samuel), vont offrir un bouquet de jasmin aux familles des nombreuses victimes : la démocratie. Sonneront alors les cloches d’honneur de la démocratie universelle pour tenter de sécher les larmes des populations endeuillées. Et, comme la misère n’est pas soluble dans la crise systémique capitaliste, on laissera les fous de Dieu développer leurs attentats comme en Afghanistan. On regrettera en catimini dans les chancelleries la main de fer de Kadhafi, mais on tirera argument des attentats islamo-fachos pour déplorer que la démocratie ne soit pas applicable dans les déserts arriérés. On n’épiloguera nullement sur l’incapacité du capitalisme à occuper tous les hommes, à leur donner travail, dignité et liberté réelle de circuler, etc.
Les mêmes lâches oligarques démocratiques qui serraient la main du fou sanguinaire déploreront alors enfin, à nouveau, comme toujours, l’arriération des masses paupérisées. Et qu’on est obligé de laisser croupir dans LEUR misère.
PS : J’ajoute un commentaire très intéressant repris du message blog qui contient le 3e communiqué du PCI : « Pendant que les medias presque abscents du terrain libyen supputent le rapport de force et les rumeurs, la taille du ” corps expéditionnaire humanitaire” de l’Otan , frégates au plus laisse supposer que c’est bien l’armée égyptienne qui risque d’être chargée de la tache sur le terrain pour le compte des USA ,dont les forces sont braquées sur le contrôle du canal de Suez. L’Otan comme l’Europe n’a pas peut-être les moyens militaires de ses ambitions, d’autant que l’Afrique sud saharienne commence à bouillir... Le pacte entre Berlusconi et Kadhafi contre les migrants : le joker libyen » (mardi 22 février). James Ridgeway – Counterpunch http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=10213
Kadhafi malgré sa sénilité télévisée n’est peut être pas fini et peut jouer au “gendarme de l’occident ” en Afrique centrale comme sur ses frontières maritimes, même et surtout en cas de balkanisation de la Lybie. Quant au pétrole libyen les compagnies occidentales sont déjà maitresses de son évacuation, quelques mois d’incertitudes ne leur font pas peur, vue la flambée des prix que cela entrainera... ».
J’ajoute que si l’empire US se sert de l’armée égyptienne, avec pourquoi pas des volontaires tunisiens et yéménites, vous imaginez le symbole gagnant-gagnant pour Obama qui a appelé à l’unité du monde pour défendre … la démocratie. Une armée égyptienne, précédée d’un drapeau orné de la fleur de jasmin, entrant dans Tripoli, cela aurait un petit air de remake des brigades internationales antifranquistes, mais victorieuses pour la bourgeoisie dominante, qui pourrait ainsi complètement chapeauter la vague du croissant arabe, dite « pour les libertés démocratiques » ! Vous avez bien dit toutes les libertés démocratiques ? Et çà consiste en quoi ? En du vent, des chants, puis on range les lampions et on retourne à la misère. En toute liberté.
La liberté de la presse n’existe toujours pas en Egypte,et ça n’emeut personne:
RépondreSupprimerLa desobeissance avance,les etudiants egyptiens lancent la publication d’un journal sans l’autorisation des militaires et du gouvernement,au sommaire compte rendu de la place Tahrir,etc :
"It’s Time to Push the Borders of Freedom": Egyptian Students Defiantly Publish Newspaper Without Government Permission
....
http://www.democracynow.org/2011/2/18/its_time_to_push_the_borders
APPEL pour une manifestation permanente place de la Concorde :
Eninel dit :
24 février 2011 à 10:07
Mais qui va débaptiser la Concorde ?
(La Concorde plutôt qu’à la Bastille, car là bas, on est à deux pas de l’Elysée)
La jeunesse évidemment ! Cette jeunesse en France et en Europe qui n’a guère à espérer plus de son avenir que dans le reste du monde.
Lorsque je vois avec quelle passion les plus agés s’acharnent à geler la lutte des classes et tenter de la cadrer dans le stricte calendrier électoral de cette V République, qui contrairement à l’esprit et à la lettre d’une République (égalité du citoyen) oblige le bon peuple, une fois tout les cinq ans, à se choisir un guide sûpréme au dessus des lois, je me dis que l’une des raisons de la Crise, c’est l’utilisation perverse des mots.
Jeunesse du monde; Jeunesse de France; On vous camisole, les vieux vous imposent leurs phobies. En vous dirigeants vers des bureaux de vote en 2012, pour des élections truquées, alors même que l’âge du corps électoral en France est en moyenne de 55 ans, ils vous jouent.
La perversité des systémes qui vieilissent fait que l’élection présidentielle de 2012 va être un formidable tremplin pour l’émergence en France d’une droite Lepeniste fascisante (surtout si l’Euro implose, et évidemment que l’Europe et sa monnaie va imploser, un peu avant ou un peu après 2012.).
Faites chauffer vos Phone & I.Phone. Jouez de vos réseaux. Les notres, sont cadenassés par des bureaucraties ouvrières éteintes et plus capable de la moindre indignation.
Joignez-vous au printemps des peuples et apportez une réelle solidarité aux Révolutions Arabes. La jeunesse a été et sera toujours l’aiguillon de la contestation. Vous réveillerez le prolétariat et ses gros bataillons qui le moment venu, feront la différence.
Investissez la Place de la Concorde ! Exigez que Sarkozy aille rejoindre ses amis dictateurs sanguinaires et voleurs dans les poubelles de l’histoire. Tenez-y un sit-in permanent sur cette Place de la Révolution où jadis on décapitait les ennemis de la République.
« Sarkozy Dégage ! »
La Sociale, vite !
http://www.pauljorion.com/blog/?p=21470