L’heure est grave.
Les régimes dictatoriaux tuent de plus en plus. En Libye et au Bahreïn les flics tirent directement à balles dans la foule. Les morts s’accumulent, mais rien ne semble devoir vous arrêter. Dehors le temps du chantage des flics terroristes et des embrouilles religieuses. Dehors le temps de la peur de la police. Fini les mensonges des journaux, radios et télévisions. La vérité du système d’oppression – misère et meurtres à répétition – ne peut plus être cachée.
La population tunisienne des prolétaires et des étudiants chômeurs a été la première à réagir victorieusement aux conséquences de la crise mondiale du capitalisme en faisant tomber un premier dictateur ; et on en oublie l’Algérie prolétarienne meurtrie où les grèves et soulèvements limités n’ont pas cessé. Toutes les forces capitalistes du monde se sont liguées alors pour agiter sous le nez des prolétaires en révolte ce vulgaire chiffon de papier où sont inscrits les mots « libertés démocratiques ». On a même hâtivement qualifié la révolte tunisienne de révolution de jasmin. Le but de tout ce cirque était évidemment de faire croire à des solutions nationales dans une hâtive réconciliation nationale pardonnant tous les crimes et sévices de l’Etat bourgeois. Les manifestants eux-mêmes qui s’enveloppaient du drapeau national ne mesurèrent pas à quel point ils se laissaient enfermer dans une impasse en laissant au second plan la question sociale. Le résultat de cette politique d’œillères nationales est là, une seule solution croient certains face à la continuation de la misère… nationale : la fuite vers les pays où il y a du travail mieux payé !
Ensuite la population prolétaire d’Egypte a suivi l’exemple tunisien en faisant chuter plus rapidement encore un autre dictateur à partir de la place Tahrir devenue centre de la lutte pour focaliser l’attention du prolétariat mondial grâce à Al Jazeera et France 24. Comme en Tunisie l’armée fût chargée, par la bourgeoisie locale et internationale, de limiter les dégâts en virant sans ménagement, après quelques inutiles journées d’hésitation, la principale potiche de l’Etat.
UNE GRADATION DANS LA VAGUE DE FOND
Chaque pas de cette magnifique vague d’insubordination pousse plus loin les exigences du prolétariat internationaliste que les observateurs borgnes ne voient pas avancer et qu’ils croient masqué ou disparu. Autant les prolétaires tunisiens se sont laissés enfermer dans les plus du drapeau national sous les chants de la liberté virtuelle retrouvée autant ils ont buté sur l’absence de concrétisation de cette liberté - emplois et salaires conséquents – autant ils se retrouvent avec la seule « solution nationale » : la fuite d’un pays de misère vers les rivages hostiles de Lampedusa.
Au contraire, dans leur gigantesque masse, les prolétaires égyptiens ont trouvé la première marche de la réelle voie émancipatrice : la lutte de classe à l’intérieur des barrières nationales. Alors que la bourgeoisie se réjouissait déjà de la joie des manifestants de la place Tahrir face au départ du tyran, autant son armée a été chargée immédiatement de tenter de mettre fin oralement aux grèves qui se développent.
La théorie des dominos est l’explication la plus simpliste que les médias ont trouvé pour tenter d’expliquer un phénomène de généralisation qui échappe à tous. En réalité, sous la pression de la crise systémique, qui frappe inégalement les pays du monde mais surtout le réservoir de main d’œuvre de l’Europe, le croissant arabe, la lutte frontale, sans intermédiaires vendus à l’ennemi étatique, poursuit son chemin au Yémen, Barheïn et en Libye. Dans le cas de ces trois pays, avec une classe prolétarienne plus faible qu’en Tunisie et Egypte, une répression sans fard, la lutte prend un tour plus politique. Il ne faut pas se faire d’illusions pacifistes ou trop optimistes, un boucher sénile comme Kadhafi peut accomplir un immense massacre avant de tomber, pendu nous l’espérons. Il s’agit d’une lutte, non plus pour le pain, mais pour renverser un domino capitaliste particulièrement odieux et bichonné par Sarkozy et Obama. Les prolétaires libyens ne pourront pas y parvenir isolés. Mais, dans chaque pays apparaît à chaque fois une lueur géniale en faveur de l’union grandissante du prolétariat, au Yémen et au Bahreïn les manifestants vont dans ce sens en criant : « Ni sunnites, ni chiites, union nationale », comme en Algérie ils peuvent crier « ni kabyles, ni arabes, tous prolétaires » !
Un autre acteur, immensément important du mouvement, vient à son tour montrer l’exemple du pas supplémentaire à accomplir : le prolétariat iranien. Alors que, en Tunisie comme en Egypte, le mouvement était resté compartimenté dans ses illusoires solutions nationales démocratiques sans qu’il n’y ait d’appel à une jonction de la lutte des deux peuples – sans doute à cause des deux pays muselés intercalés (Algérie et Libye) – les courageuses premières manifestations iraniennes pour bafouer l’état de siège ont lieu en solidarité avec la lutte en Tunisie et en Egypte. Malgré les médias qui s’efforcent de nous expliquer que l’Iran ne fait pas partie du monde arabe, la population iranienne démonte le mensonge : les autocraties et oligarchies capitalistes sont les mêmes partout.
NE PAS S’ARRETER EN COURS DE ROUTE
Nous pouvons être satisfait, malgré l’existence encore de crimes des polices, du fait que la masse prolétarienne d’Egypte et de Tunisie ait obtenu la fin de l’état de siège. La fin de l’état de siège n’est pas une vraie démocratie prolétarienne. Comme fanal incontournable, l’expérience tunisienne et égyptienne nous enseigne qu’il n’est pas possible que le mouvement démarre ou continue derrière les factions bourgeoises des dites oppositions libérales ou islamistes. L’échec de la mobilisation en Algérie est clairement dû à la pourriture et compromission de tous les partis dits d’opposition. Ce qui a fait démarrer en force la lutte en Tunisie et Egypte a justement été l’appel des internautes et Al Jazeera. Il ne faut pas sous-estimer la possibilité d’utilisation des moyens modernes ; en mai 68 les radios avaient favorisé au début la généralisation du mouvement, même après que le pouvoir gaulliste ait fait interrompre les émetteurs radio et télévision.
Si pour l’instant la Sainte Alliance de la bourgeoisie mondiale et arabe n’a pas réussi à éteindre la dynamique de révolte pays par pays, elle peut encore éteindre l’incendie des dominos en laissant faire une féroce répression dans les pays comme la Libye encore tenus en main par des leaders terroristes qu’elle n’a pas réussi à éliminer comme Saddam Hussein, et leur faire porter le chapeau de meurtres massifs et ainsi finir par terroriser tout le monde !
CAMARADES, FRERES DE CLASSE DE LA ZONE DU CROISSANT ARABE
Vous devez lancer des appels internationalistes aux prolétaires des pays développés pour manifester eux aussi leur soutien aux prolétaires sous le feu de la mitraille, et pour arrêter la main des tueurs appeler leurs gouvernements à cesser toute fourniture de munitions de toutes sortes à ces régimes barbares. Isolés dans vos régions domino par domino, vous serez vaincus et nous avec vous.
En général ceux qui sont en lutte sont plus à même d’appeler à l’extension et au soutien de la lutte. Les prolétaires européens ne se sentent pas concernés directement, bien qu’ils vous approuvent, parce que nos médias nous mentent en présentant votre lutte comme simple conquête de la démocratie à l’occidentale ; les commentaires des blogs révèlent que la plupart des gens croient qu’il s’agit d’un « problème arabe » ou de menace des pantins nationalistes islamistes. La vérité est que votre lutte inquiète la bourgeoisie mondiale (imams et curés compris), qu’elle est sociale comme partout, contre le chômage et la « hora » bourgeoise. Isolés par la domination des mensonges, chacun des prolétaires conscients ne peut que vous soutenir et vous approuver. MAIS POUR QUE LA COLERE SE LEVE ICI VOUS DEVEZ APPELER EXPLICITEMENT LE PROLETARIAT DE TOUS LES PAYS A VOUS SOUTENIR !
SACHEZ QUE LES PREMIERS APPELS REVOLUTIONNAIRES EN 1917 EN RUSSIE ET EN 1968 EN France ONT ETE FAIT A DESTINATION DES PROLETAIRES DU MONDE ENTIER !
Cela seul peut retenir la main criminelle de la bourgeoisie. Nous ne pouvons plus nous contenter de rester les spectateurs des solutions nationales : des massacres à répétition de prolétaires et d’étudiants.
Signé : Parti Pris Pour l’Insurrection Prolétarienne internationale.
bonjour,
RépondreSupprimerLes images televisées des revoltes vont plus vite que les proclamations, meme si celles ci sont indispensables,donc merci :
Crise à Bahrain, dilemme pour Moby Dick
18/02/2011 - Bloc-Notes
La situation à Bahrain, certes, ne s’améliore pas. D’une façon très caractéristique, cette situation inquiète beaucoup le Pentagone, en un sens bien plus que la situation égyptienne qui inquiétait plutôt le département d’Etat. Bahrain, c’est une pièce stratégique essentielle dans le dispositif du Pentagone, directement avec le quartier-général et le port d’attache de la 5ème Flotte de l’U.S. Navy, indirectement avec divers prolongements stratégiques...
http://www.dedefensa.org/article-crise_a_bahrain_dilemme_pour_moby_dick_18_02_2011.html
Du Caire à Madison, really ?
18/02/2011 - Bloc-Notes
Il y a des images qui courent plus vite que les événements qu’elles prétendent décrire, et qu’elles prétendent souvent décrire d’une façon excessive, ou provocatrice, ou démagogique, ou militante, etc. Les habitants du Wisconsin se révoltent contre les mesures d’austérité du gouverneur républicain Walker, avec des manifestations importantes, des occupations de lieux publics, etc. L’incident qui a attiré l’attention sur ces événements, c’est la menace du gouverneur Walker de faire intervenir la Garde Nationale contre les manifestants ; l’image Le Caire-Madison (capitale du Wisconsin) tend à charger ces événements d'une dimension symbolique qui pourrait leur donner un prolongement politique important, selon leur évolution…
• Lundi, déjà, certains des manifestants en révolte avaient placé leur révolte sous le signe de la référence égyptienne : «On Monday, hundreds of University of Wisconsin-Madison students and professors showed up at the state Capitol chanting “kill this bill” and carrying signs with messages such as “From Cairo to Madison Workers Unite.”» (Dans Huffington.Post, le 17 février 2011.)
• Jeudi, le slogan avait fait son chemin et est devenu une image symbolique de la situation à Madison, dans le Wisconsin, même si les faits et les événements sont notablement différents. Le slogan devenu image est devenu un événement national avec la déclaration télévisée du député républicain Paul Ryan (RAW Story, le 17 février 2011) : «Wisconsin Rep. Paul Ryan, a rising star in the Republican Party, on Thursday equated the protests against his home-state Gov. Scott Walker's (R) budget plan to the world-historic demonstrations in Egypt that last week led to the fall of President Hosni Mubarak. “He's getting riots. It's like Cairo's moved to Madison these days,” Ryan said on MSNBC's “Morning Joe.”».......
Mis en ligne le 18 février 2011 à 07H08
http://www.dedefensa.org/article-du_caire_a_madison_really__18_02_2011.html