PAGES PROLETARIENNES

samedi 1 janvier 2011

UN RENOUVEAU NATIONALISTE EUROPEEN ?

Ou les chinoiseries d’un entremetteur de l’islam « métis »

Critique de livre : « Réinventer l’occident »

de Hakim El Karoui (Flammarion 2010)

Un notable banquier (*), jeune de surcroît vient nous faire la leçon de choses, par un essai hors du problème universel des classes, qui est sponsorisé par certains médias en France. Il s’adresse non à nous, petits prolétaires ficelés à nos salaires et à nos ennuis terriblement quotidiens et à courte vue, mais aux puissants du monde. Il les alerte : « La désoccidentalisation du monde a commencé et l’Occident est devenu un problème pour le reste de l’humanité ». Si les chinois sont les inventeurs la poudre et s’il est avéré que les arabes l’ont apportée en Europe à dos de chameau en passant par l’Espagne, les chinois modernes n’inventent plus rien quoique certains intellectuels pan-arabisants veuillent se mettre à leur service une nouvelle fois. « Identifier le phénomène de désoccidentalisation du monde, montrer que les musulmans n’en sont que des acteurs finalement secondaires, expliquer et comprendre ce qui se joue en Chine et en Asie, telles sont les ambitions de cet essai qui veut promouvoir une idée simple : la désoccidentalisation du monde doit être une opportunité historique pour l’Europe de se réinventer et une occasion pour l’Occident de revisiter à ( ?) ses valeurs ». Le conseiller pro-occidental El Karoui s’incline bien bas en faveur de la nation européenne ou de l’Europe-nation: « Se rassurer sur le devenir de la nation permettra de travailler à l’invention d’un nouvel intérêt général européen… ». Et « occidentalisation » cela voulait dire quoi ? La colonisation ? Puis la décolonisation sous l’aile des blocs dominants ? Notion assez farfelue pour remplacer l’épithète de capitalisme moderne. On verra que même s’il y avait désoccidentalisation (une chinisation par exemple, ou une halalisation ?) on traite toujours du même capitalisme qui s’ingénie à diviser le prolétariat en peuples et en autochtones et immigrés.

On va traiter ici d’une question secondaire face à la lutte des classes ; on se souvient ainsi que, même durant l’invraisemblable balade syndicale pour les retraites, la question de l’islam et de ses fétiches visibles en Occident était le cadet des soucis des prolétaires de toute origine et de tout secteur. Une fois la défaite planifiée des charlots syndicaux validée ce premier janvier au journal officiel, les questions idéologiques peuvent reprendre le dessus et, au lieu de manifestants moutons on peut fantasmer à nouveau sur le défilé des voilées et des barbus musulmans (quoique défilé limité à certaines aires paupérisées). Tant qu’à regarder passer les trains… Mais cela nous fournit l’occasion de voir de plus près comment la grande bourgeoisie avec un de ses jeunes loups s’efforce de faire croire à une nouvelle unanimité nationale vers un consensus nationaliste où prolétaires chrétiens, athées et musulmans sont sensés trouver le nirvana dans un protectionnisme européen copié sur celui de la Chine.

La colère des prolétaires en Tunisie en toute fin d’année 2010 aura été la meilleure réponse à ces grands bourgeois qui veulent nous faire accepter le respect des religions et surtout de la « religion d’Etat » : il faut se battre comme classe, indépendamment des syndicats officiels et forcément en désobéissant à la soumission religieuse. Il n’y a aucune concession charitable à faire à toute religion, et en particulier à la religion musulmane laquelle s’avère être le principal vecteur des nationalismes sous-développés et sans avenir ; cette religion très exhibitionniste sert de refuge hélas à de nombreuses minorités raciales opprimées ; aux Etats-Unis en particulier elle symbolise la seule religion qui n’était point celle des colonisateurs… pour des ignorants que les Arabes anciens étaient aussi des colons. Les partis islamo-gauchistes soutiennent honteusement la tolérance de cette idéologie religieuse. Le NPA s’est pourtant fait hara-kiri sur cette question en France. On lira avec profit l’excellent compte-rendu du SPGB « Les amis de nos ennemis », article de juillet 2010 sur une manif pro-palestinienne à Trafalgar Square, sur le site La Bataille Socialiste : il est impossible de discuter et de manifester avec les nationalistes religieux ou religieux nationalistes, hard ou soft. Ce ne sont pas des fascistes mais des totalitaires arriérés. La grande bourgeoisie envoie des émissaires chargés de modérer le discours de ses extrémistes, des entremetteurs qui visent au fond le même but : faire croire qu’une identité de classe commune est impossible entre prolétaires autochtones et immigrés du fait des coutumes séculaires de la religion de Mohammed. Un serviteur de la grande bourgeoisie française utilise la même méthode que le FN ou Sarkozy en commençant par agiter la peur de la perte d’identité… occidentale.

Qu’est-ce que cette désoccidentalisation selon Hakim El Karoui, ce servile conseiller qui détient déjà de multiples pouvoirs occultes?: « c’est d’abord l’Occident qui se vide lui-même… c’est la fin d’un monde organisé selon les valeurs occidentales ». Nous, pauvres hères du prolétariat indistinct, multiracial et multisexe tendons un moment l’oreille à ce discours national avec œillères communautaires, dubitatifs sur lesdites « valeurs occidentales », face à cet inventeur du présent dans le « sens de la destinée nationale et collective » avec :

- Une « logique de la montée en puissance des communautés »

- Leur « communautarisme (des musulmans) – quand il n’est pas agressif – est un signe de bonne intégration : la montée de l’islam en France n’est pas la cause de l’éclatement de l’idée nationale, c’est sa conséquence ».

On va examiner ces deux aspects. A côté d’analyses stratégiques du beau monde qu’il fréquente, ce jeune banquier bi-national, qui fût conseiller du Premier ministre Raffarin et électeur de S.Royal, produit parfois des constats éclairants ; ainsi l’intervention américaine en Irak a-t-elle été motivée plus par la volonté stratégique de priver la Chine de la ressource pétrolière arabe, essentielle pour l’Empire du Milieu, alors que les USA n’en dépendent que pour seulement 10%. El Karoui touche juste contre les leçons de morale de la démocratie occidentale à la Chine, leçons assez misérables en effet : « Quand on attaque le mal élu président iranien Ahmadinejah et que l’on salue l’élection de l’encore plus mal élu président Karzaï dans le pays voisin, l’Afghanistan, on perd la dernière crédibilité qui nous restait » (et l’élection de Bush en l’an 2000…). Ce « nous », c’est qui ? Le comité directeur de la banque Rothschild ? Les francs-macs du PS ?

La crise de 2008 a été pour lui, à la suite de Paul Jorion, une simple crise de la demande. La Grèce est un cas d’école typique de la crise européenne, aire menacée par une récession sans fin. Derrière l’argumentation qui sermonne l’ingrate Allemagne (dite xénophobe à l’égard de la Grèce) perce l’aspirant conseiller au futur gouvernement Sarkozy de 2012 : défendre l’intérêt national européen ! S’il semble peindre un tableau d’une société européenne plus proche de la décadence de l’Ancien régime, c’est pour fractionner les raisons de la crise capitaliste. Au lieu du tableau de la crise mondiale du système, on veut nous faire pleurer sur les conséquences pour les pays européens faibles. El Karoui prend même le plus mauvais exemple de la théorie économique de la bobologie – la croissance verte – avec une France qui ne détient que 3% du marché mondial de l’éolien face à la Chine (7%) et à l’Allemagne (16%), alors que ce même marché est en train de se casser la figure royalement ; quoiqu’il ajoute que le lobby « vert » ne peut pas résoudre le problème économique des pays développés.

Pas très rigoureux, le jeune banquier se répète souvent d’un chapitre à l’autre, obsédé par les chinois, comme on va le voir. Péril jaune à la place du péril musulman ?

« Et les chinois nous regardent et se demandent pourquoi l’Europe passe tant de temps à régler ses problèmes internes et en consacre aussi peu à élaborer une stratégie commune pour régler ses relations avec le reste du monde ».

DESOCCIDENTALISATION : L’OCCIDENT PREND-T-IL PEUR FACE A L’ISLAM ?

Les classes moyennes votent sur les thèmes « propres à l’extrême droite » : insécurité, immigration, identité. Ces thèmes ne sont pourtant pas du domaine réservé de ladite extrême droite, et El Karoui différencie ces « mouvements » de révolte électorale du fascisme des années 1920, mais, l’air de rien, il enfonce des Etats européens : « Tant que les gouvernements européens n’auront pas trouvé le moyen de relancer les salaires, ils seront contraints de trouver dans des thématiques ethniques, dans la xénophobie, la justification de leur existence ». On eût aimé que ce constat évident de la manipulation étatique soit développé par cette honorable banquier candidat au poste de conseiller près le Chef d’Etat… La solution de ce jeune arriviste fringant ? Juste avant de tacler avec le mépris de l’élite gauchiste « le vieux monde populaire français formant le chœur du vote FN » (les bobos n’en étant que les artères…) il expose prématurément une perspective à chier : « Seule la définition d’un horizon économique décent nous permettra d’échapper à la généralisation d’une politique du ressentiment tournée contre les plus faibles de nos pays. Seule une conception égalitaire des rapports entre les peuples européens permettra de trouver une solution à la crise économique. Seul un monde économique réorganisé permettra une bonne entente entre les peuples ». Ne vous interrogez pas plus loin sur le programme de base de ce vertueux banquier « bien classé en haut lieu », tout est dit avec ces trois phrases touchantes de bonhomie républicaine et eucharistique ; on n’est pourtant encore que page 61, et vous aurez beau aller jusqu’à la fin p. 238, vous ne trouverez pas d’autre argument plus consistant que cette galipette de dame patronnesse, variété de discours villepinesque.

Dans le chapitre « Les musulmans ne sont pas coupables », le patron banquier El Karoui se base sur le raisonnement de tout honnête homme. Les amalgames faisant choquer identité et immigration seraient seulement le produit de la propagande des dirigeants de l’Etat français actuel, lesquels ne se promenant pas dans les quartiers déshérités avec boutiques du tiers-monde. Le penseur « identitaire » Sarkozy est ainsi cité à profusion (même si c’est son nègre Guaino qui a scribouillé le truc). Tout n’est pas idiot dans ce qu’écrit H.Guaino annoné par Sarkozy ; El Karoui se garde de développer et d’y répondre :

- Est-ce que des immigrés peuvent dénaturer le cadre de vie, les modes de pensée, les relations sociales des français ?

- Est-ce que les immigrés échouent à s’intégrer parce qu’ils haïssent la France ?

El Karoui ne répondra pas aux deux questions mais nous entrainera dans ses références cinématographiques ou littéraires (Pérec) et ira chercher des exemples de bonne intégration dans d’autres contrées (GB et Allemagne où il est culotté d’affirmer que « l’assimilation fonctionne » et aux USA.. où à peine 2 ou 3% de femmes noires vivent avec un blanc). Or, premièrement le piège était déjà dans les deux questions. La première ne commence pas par demander « est-ce que vous vous considérez comme prolétaire ou citoyen de ce pays ? », ensuite il est évident qu’au nom du droit communautariste de répandre les religions arriérées, des comportements envahissant dénaturent (non pas la France) mais un cadre de vie où, nous les prolétaires en premier lieu, ne supportons ni les signes ostensibles de richesse mafieuse (BMW, Audi...) ni les habits du Moyen âge pour les femmes. La deuxième question, en éliminant l’appartenance de classe, ne répond pas non plus à la situation de paupérisation des prolétaires dernièrement immigrés et stigmatisés à l’embauche, et qui ne sont pas là pour « la France » mais comme tout prolétaire autochtone, pour vivre décemment. Le toutou extrémiste pro-nationalisme juif, Finkielkraut – conseiller de l’autre extrémité - va plus loin que Sarkozy avec sa théorieticule du « racisme de la différence » ; mais ce larbin médaillé peut sortir des énormités que son maître ne peut point étaler. Sur la question du voile El Karoui est aussi confus, centriste et conciliant qu’un membre du NPA ou du PS, quand ses édiles gouvernementaux ont fait voter peureusement une loi interdisant la burqa sans se donner les moyens de l’appliquer vraiment.

Pire, et cela n’étonne guère de la part d’un banquier bourgeois, la véritable voie vers l’assimilation (comprenez « la progression sociale » - comme dans la City) est d’offrir une honorable carrière de cadre sup aux immigrés ! Et avec une totale naïveté il en conclut que « c’est parce qu’ils sont en train d’être assimilés que les enfants d’immigrés venus d’Afrique du Nord concentrent l’attention et la haine ». Certainement que cette assimilation « par le haut » - sous l’injonction gouvernementale des « quotas » d’intégration vers le haut – permet de diviser un peu plus le « milieu salarial » avec la promo à tous les étages de petites Rachida Dati, très antiracistes mais très autoritaires, classique patronal (dans les 50 et les 60, en usine les patrons nommaient toujours des chefs d’une autre nationalité que celle des ouvriers du service concerné). On parle bien souvent des refus à l’embauche des personnes aux noms maghrébins pour les boulots de merde, mais on tait la proportion encouragée de « brillants » enfants de l’immigration… très zélés pour s’assimiler aux mentalités hiérarchiques bien franç… non capitalistes ! En soi, la gouvernance de l’immigré parvenu ne dénature pas « le cadre de vie » professionnel, mais a des conséquences plus perverses et condamnables par les patrons anti-racistes… Les « vieux français » peuvent être remisés au chômage quand « le Maghreb est jeune, commence à former des diplômés en nombre et a un besoin urgent de cadres bien formés pour transmettre de l’expérience et des savoir-faire » (p.96). Si les enfants d’immigrés deviennent tous cadres, qui va se farcir la truelle et la pelle dans le bâtiment ?

El Karoui, voulant rester fidèle à ses origines, moitié immigrées moitié grandes bourgeoises, tient à faire croire à ses possibles employeurs ministériels que les sociétés arabes ne sont qu’une « crise de transition ». On croirait lire du Tariq Ramadan : « La crise de l’Islam, c’est une crise de transition, douloureuse et complexe, parfois violente, souvent régressive. Mais, ce n’est pas une fatalité. Oui, l’Islam est compatible avec la laïcité. Il faut lui donner le temps de gérer sa crise de transition… ». On ne sait pas dans quelle dictature arabe – et il n’en cite aucune – « la place des femmes continue de changer, certaines sociétés se laïcisent.. » (lesquelles ?). La Turquie est évoquée pour son occidentalisation qui a condamné les tenues traditionnelles, supprimé le califat et donné le droit de vote aux femmes 22 ans avant la France (catho-facho jusqu’en 1944) certes. Mais El Karoui ne nous dit pas que sur le fond, rien n’a changé : la religion arriérée sert toujours de morale sociale à l’Etat bourgeois dirigé encore et toujours par une armée d’assassins, et les femmes sont considérées toujours comme espèce inférieure.

El Karoui, ex-conseiller de Raffarin n’est pas un anarchiste chérubin, pétitionneur émérite pour tous les sans-papiers du monde, il condescend que l’immigration n’est « pas populaire » (l’a-t-elle jamais été ?) et note qu’il n’est plus possible d’ouvrir les frontières comme avant 1974 ; alors il propose un remède de négrier français de souche : « Il faut inventer un modèle nouveau, fondé sur la rotation plutôt que l’installation, avec des permis de travail temporaires, adaptés aux besoins (du capitalisme français ? ndt) : quelques mois pour les saisonniers agricoles, quelques années pour des professions plus qualifiées… » (p.97).

Pour ce banquier aristocrate, en conclusion du chapitre en cours, le monde arabe et musulman est en crise de transition, marquée par une « agressivité antioccidentale ». Pour ma part, les régimes arabes, en général des dictatures militaro-religieuses ou dictatures de pitres royaux sanguinaires, ne sont que le produit d’une vie sociale fossilisée, maintenue dans l’arriération par la religion, incapables de développer une industrie ou un semblant de capitalisme moderne. Les capitalismes occidentaux sont obligés de négocier avec eux pour les matières premières de leurs sous-sols mais se fichent de la promotion des fringants diplômés des universités arabes, seule les intéresse la main d’œuvre à bas prix pour les sales boulots ; à noter que les Etats-Unis ont révisé leur cuti quant à la promotion des ingénieurs hindous, qui retournent finalement au pays avec le savoir-faire occidental en poche comme les étudiants chinois. Cette « occidentalisation » intellectuelle ne favorise en rien ni assimilation des prolétaires immigrés du bas de l’échelle sociale partout, ni l’amitié entre les peuples, puisque les banquiers, scientifiques et autres ingénieurs reviennent au pays pour se mettre au service du potentiel militaro-industriel de leur « nation ».

DES BANALITES SUR LA CHINE NOUVELLE

Croyant frapper un grand coup, le banquier El Karoui nous apprend que la Chine a été la plus grande puissance du monde jusqu’au milieu du XIXe siècle. On ne sait comment des types ont été capables de calculer le PNB et le PIB de l’époque. C’est possible selon Paul Bairoch, mais peu importe, la révolution industrielle européenne a mis le monde entier d’accord. En résumé, El Karoui va nous seriner l’adage du nouvel empire du Milieu : « pas besoin de démocratie pour développer le capital, et nous achetons vos produits pour mieux les copier ». Le confucianisme qui a succédé au maoïsme paysan diffuse en gros les mêmes préceptes que les religions monothéistes qui dominent une minorité des peuples en Europe : respect de l’autorité et de la hiérarchie sociale, réticence aux conflits, un leadership éclairé, la subordination du loisir au travail… Il vaut mieux travailler en Europe du Nord, sans voile que prier à genoux en Afrique du Nord.

Pour faire travailler le prolétariat chinois dans des conditions dignes du XIXe siècle infernal, pas besoin de démocratie, le fouet suffit. Tout le monde l’a compris mais cela ne produit pas une réémergence du capitalisme. Au lieu de dénoncer frontalement la domination capitaliste en Chine, le conciliateur El Karoui – ami des peuples obéissants, bénis et fraternels – ressasse les généralités du brave démographe Emmanuel Todd. Il note le faible statut de la femme, l’infanticide féminin, mais ne commence pas par le plus scandaleux, et qui explique la réussite provisoire de l’économie chinoise basée sur une tricherie généralisée : le travail des enfants. Il évite le tableau d’une société hyper-fliquée où les condamnations à mort sont légion, où l’emprisonnement politique pour des peccadilles est furieusement répandu, journalier et honteux. Notre brave banquier des puissants, amoureux des chiffres, est séduit par « l’accès de dizaines de millions de chinois aux études supérieures » ; qu’importe la répression pourvu qu’on ait les diplômes !

Si le rond de cuir El Karoui croit bon d’alerter face à l’aveuglement occidental », il nous décrit ensuite une Chine modèle de protectionnisme, pas du tout impérialiste – passant sous silence son budget d’armement et le nombre de ses soldats. Le rond de cuir se pâme à son tour devant « le modèle économique » où les mots « croissance », « pourcentage », « dévaluation » remplacent les morts à la mine, les licenciements massifs et les enfants estropiés.

Autant El Karoui tentait de nous faire croire que le Maghreb serait en train de sortir de sa fossilisation religieuse, autant va-t-il essayer de nous assurer que l’Asie n’est pas l’avenir de l’Occident… mais qu’il faut à tout prix imiter le protectionnisme goujat de la Chine. Ce serviteur d’Etat bourgeois tient à préciser que la Chine n’est pas exemplaire politiquement et qu’il n’est nullement question dans sa « réinvention » de « mettre en péril quelques grands acquis occidentaux comme la démocratie » ! Sa démonstration concernant les faiblesses du capitalisme chinois est assez proche de la réalité d’un analyste marxiste. Il n’y a aucune illusion à se faire (exit les marchés émergents) « l’Asie ne tirera pas les économies occidentales ». La Chine croule sous une montagne de dettes, des bulles considérables se forment. 400 millions de personnes ne bénéficient d’aucun régime de retraite (deux tiers des paysans). Enfin le gros risque de la surproduction, cercle vicieux dangereux : « plus le taux de profit baisse, plus – comme l’avait bien compris Marx - , « le capitaliste réduit de son plein gré son profit sur chaque marchandise, mais se dédommage en produisant davantage ». Merci pour le coup de chapeau du banquier à Marx, mais c’est Marx qui lui a expliqué, pas l’inverse (pour ce qu’El Karoui a compris partiellement). La dette réelle de la Chine serait de 96% de son PIB, pour la France elle est de 78%.

El Karoui n’aborde, succinctement, la question sociale qu’au deux tiers de son ouvrage, sans s’intéresser du tout au formidable poids du prolétariat chinois et à ses capacités encore insoupçonnées, même s’il n’a pas créé un Marx ou un Lénine comme l’Allemagne le fit au XIXe siècle et la Russie au XXe siècle. Il se contente de décrire la Chine comme vaste usine d’assemblage où les mouvements sociaux sont sous contrôle et où « on n’entend parler que des revendications salariales dans les entreprises étrangères travaillant en Chine ». C’est la faute à la crise financière occidentale si des dizaines de millions de travailleurs migrants ont été renvoyés chez eux, permis de séjour interne confisqué. El Karoui frôle pourtant la réalité explosive de la Chine, sans être apte à analyser les parades politiques à la future explosion sociale. Corruption de l’Etat et népotisme des enfants des cadres du parti (communisme… c’est bourré de fautes de frappes, bravo Flammarion !) enferment les millions d’exploités dans une alternative sans issue : ou la continuation de la dictature du parti komvantard ou une éventuelle démocratie occidentale aussi pourrie ?

El Karoui en déduit que l’Occident n’imposera plus ses vues et que l’Asie est en train de bâtir « une autre organisation du monde ». Furieusement irréaliste : le capitalisme n’est plus occidental en soi et le nationalisme chinois n’est pas une nouveauté hors du capitalisme. Si c’est pour nous répéter que la Chine se fout de délivrer un message universel, peu nous chaut. L’impérialisme US (+ francophone) nous diffuse à longueur de journée un message universel bien plus creux, parce qu’il prétend être un message (mais repose sur l’infamie) et parce que la démocratie n’est que le cache-sexe de l’oligarchie la plus puante. El Karoui réinvente le capitalisme d’Etat pour la Chine, la Russie et les monarchies du Golfe… on le sait depuis Bilan en 1937 et tous les trotskiens défroqués des années 1930, le capitalisme d’Etat est resté permanent sous de multiples formes dites libérales ou financières. « L’Asie met un terme à l’expansion des valeurs occidentales » (p.161), quelles valeurs occidentales encore une fois? Les valeurs des banksters de Wall Street ! La Chine n’a pas plus vocation messianique que les Etats-Unis avec leur messianisme de la démocratie truquée en Afghanistan et dans tous les pays occidentaux… Le rond de cuir El Karoui a oublié ce qu’il écrivait dès les premières pages !

DE L’ISLAM METIS A L’ EXALTATION POUSSIVE DE LA NATION EUROPEENNE

Les nations ne sont pas plus éternelles que la croissance chinoise, et la connaissance de l’histoire de France de notre banquier ne va pas plus loin que les âneries de De Gaulle ou les propos des garden party où il trempe son biscuit. El Karoui ne connaît rien à l’histoire du prolétariat en France pour nous assener ce mépris de la classe dominante sarkozienne qui veut effacer l’histoire réelle dans les écoles, comme la Chine efface le taux de productivité des enfants et le taux de mortalité dans les mines dans ses chiffres de croissance industrielle : « Il fallait donner une cohérence (le chant La Marseillaise) au nouveau prolétariat urbain qui faisait peur ». Archi débile. En 1848, sur le sang des ouvriers un poète de cour Lamartine impose le drapeau tricolore comme signe de victoire bourgeoise et la Marseillaise sera chantée longtemps dans les grèves de tous les pays, comme chant de révolte, en attendant l’Internationale. Ce chant guerrier a eu longtemps plus une cohérence prolétarienne que nationale ! Une dignité symbolique pour les lutteurs dans les grèves autrement enthousiasmante que ce chant « nationalisé » pour compétiteurs sous-développés des stades de football.

Notre banquier réformateur, qui plaide pour une rotation des travailleurs immigrés dans les boulots de merde (à défaut d’une place de cadre pour les plus arrivistes) imagine l’invention d’une nouvelle France « où il ne faut pas s’inquiéter de voir disparaître une certaine façon d’être français »… Ah oui ! Par exemple ? Habiter des grands ensembles paumés à la périphérie ? Ne pas blairer le voile religieux ostentatoire ? Ne plus râler face aux prières dans la rue ? Se mettre à respecter ses chefs, etc. L’invention du petit El Karoui ressemble pourtant étrangement au monde présent : à la société de consommation a succédé la société de communautarisation et d’islamisation pacifique: « Aujourd’hui, chaque individu combine un grand nombre d’identités, plus ou moins exprimées en fonction des circonstances ». Décidément fidèle à son riche papa, El Karoui plaide contre « l’universalisme par uniformisation » pour « la diversité des cultures » : « Il est temps par exemple d’inventer l’islam métis, l’islam non pas en France ou de France, mais l’islam français, tout simplement ». Quelle invention de génie ! Et qui sait, un autre proposera l’invention d’un catholicisme algérien, catholicisme non pas en Algérie, mais le catholicisme algérien, tout simplement : un catholicisme métis ! Comme Tariq Ramadan, El Karoui semble se démarquer de « l’islam militant » en répondant aux « intégristes » : « Ils ne savent pas ce qui se passe dans les pays musulmans les plus avancés (sic) dans l’invention de la modernité ». Si, ils savent ce qui se passe en Turquie et en Iran : RIEN. Structurellement, le capitalisme est incapable de faire évoluer désormais les Etats arriérés ; même au XIXe siècle les facteurs d’arriération religieux dans certains pays rendaient impossible la révolution du mode de production capitaliste – Marx et Engels avaient fondé (en vain aussi) de grands espoirs sur la Turquie pour la diffusion de structures modernes au Moyen orient et en Afrique du Nord. Il faut le reconnaître, malheureusement, tous les pays où la religion musulmane est reine sont incapables d’innovation scientifique et de révolutionner la production capitaliste. Au contraire, ces pays arriérés peuvent prendre pour modèle la Chine dictatoriale qui n’est capable que de tricher, de piquer les innovations ailleurs et de traiter les prolétaires comme des chiens. La Chine ne représente même pas un retour aux sources du capitalisme flamboyant et sanglant du XIXe siècle mais une fuite en avant vers l’abîme, avec Confucius et Allah. Il faut préciser que si la bourgeoisie se sert partout des religions pour maintenir les peuples dans la soumission, le capitalisme dominant reste profondément anti-religieux et très pragmatique, et c’est encore ce qui fait sa force. L’Afrique post-coloniale, contrairement aux espoirs de toutes les catégories de marxistes des sixties, n’a pas développé un prolétariat conscient de sa tâche historique, il demeure une vaste population de prolétaires dispersés, attirés par la « promotion occidentale » et encore plus illusionnés par la perspective d’une vraie démocratie bourgeoise. Comme compensation misérable à l’échec de la perspective marxiste – même staliniste gauchiste – l’Afrique a été envahie pour partie par la superstition musulmane, qui est devenue la meilleure garantie de survie du capitalisme en milieu paupérisé puisque cette religion, pas du tout anti-capitaliste, a aussi essaimé jusque parmi le prolétariat noir nord-américain.

Le benêt courtisan d’Etat ressort les naïvetés (cf. de la page 61) pour lycéen en classe terminale. L’islam et la France n’ont pas besoin de convoler en justes noces, « se pacser » leur suffirait. Il suffirait de « cultiver » les « jeunes désocialisés des banlieues ». Quel mépris de petit bourgeois parvenu ! Les jeunes en question ne sont même pas socialisés et, selon lui, n’ont pas accès non plus « à la liberté de penser », celle-là même qui est diffusée par ses chefs ministériels, les gérontocrates du PS et les réactionnaires anarchistes. Tout ce que notre banquier en déroute propose n’est-il pas « ce bouillonnement associatif » qu’il faudrait fédérer ? En réinventant la nation « grâce à l’identification au métissage, à la fraternité, trois manières d’être ensemble et de célébrer le sacré qu’il y a en l’humanité ». Ce démocrate républicain pan-arabe ne rate jamais une occasion de nous glisser la dimension religieuse dans des discours qui pourraient être prononcés par Villepin, Bayrou ou Sarko, ou DSK, quatre de ses possibles futurs employeurs.

INVENTER UNE RELIGION EUROPEENNE

Il veut tout inventer dans un monde pourri qui a déjà tout inventé et des inventions toutes plus mortifères les unes que les autres, surtout les inventions banquières (cf. celles de 2008). Il veut inventer une nouvelle régulation commerciale, une nouvelle fiscalité, une nouvelle régulation des échanges, un nouveau protectionnisme. Lorsqu’il fait la leçon de solidarité européenne à l’Allemagne, il ose à peine une petite flèche contre les magnats allemands : « Les allemands savent d’ailleurs qu’il y a bien sûr des gagnants de cette insertion forcenée de l’Allemagne dans le commerce mondial : la même petite élite qu’en France… ». Mais notre banquier, limité à la vision de son guichet franco-musulmanophone, ne porte jamais un jugement sur le capitalisme mondial, s’arrêtant simplement à chaque fois sur chacun de ses dominos et limité à la poussée de celui-ci sur celui-là. Tout n’est qu’imagination de clerc d’Etat, comme cette supputation d’une coupure totale avec la Chine, supputation qui révèle combien notre jeune économiste est aussi crétin que les meilleurs prix Nobel et ne mesure pas le degré d’interdépendance des diverses économies, ni la volonté expansionniste de la Chine qui, récemment, par ses aides à la Grèce et au Portugal, manifeste une volonté (très messianique dans la charité) d’aider cette Europe chancelante en difficulté, cette vieille Europe cheval de Troie US qui n’est qu’une planète à éliminer de la compétition impérialiste pour dominer le monde. Ou à phagocyter au profit d’un futur bloc. Mais la Chine peut toujours courir, c’est l’Amérique qui tient la Chine pour l’instant et pas l’inverse.

El Karoui voudrait rajeunir le capitalisme européen, qui reste l’enfant bâtard de l’Amérique. Autant le caïd dont il aurait aimé être le conseiller rétribué, Sarko Ier, est un empereur en guenilles, autant El Karoui peut aller se rhabiller au pôle emploi s’il escomptait apparaître possible guide éclairé du prince. Il raconte n’importe quoi sur la construction de l’Europe. Le marché européen a été piloté depuis Washington face au bloc russe depuis 1945. L’Europe a toujours été un mythe qui excitait les vieilles bourgeoisies désireuses de redevenir maîtresses du monde, comme la Chine peut s’accrocher pour redevenir le présumé Empire du Milieu, céleste dominateur du monde. El Karoui reprend le même raisonnement que les gauchistes des sixties qui assuraient que des pays arriérés « libérés » du colonialisme allait gicler l’exemple pour la révolution prolétarienne mondiale, mais en plus minable : copions le protectionnisme du capitalisme chinois primaire pour retrouver la croissance et payer mieux à nouveau « nos classes moyennes », incluant un bon quota d’immigrés diplômés. Balivernes : copié collé !

Au fond toujours musulmaniaque, ce sacré El Karoui nous propose, bonnet d’âne à la main : « d’inventer une religion européenne » (p.206). Et il repart fissa dans l’identité française, refusant de considérer qu’elle ait été fabriquée avant le XIXe siècle (et 1789 ?). Jusqu’à sa prétendue désoccidentalisation du monde (le monde est capitaliste pas occidentalisé), la France éclairait un peu et l’Europe « guidait l’humanité par les progrès qu’elle parvenait à faire faire à l’esprit humain ». Quel charabia ! Il termine par force coups de chapeaux à Balladur et à Sarkozy ces grands penseurs d’une … occidentalisation rajeunie. Pour que « l’Occident redevienne une référence » (p.227). Quel retournement final ! Après nous avoir fait le coup (vieille blague) de la mort de l’Occident, voici que le prophète capitaliste libéral, en tenue blanche et chaussures crocos nous fait son gentil sourire de cadre bankster. L’islam doit revenir une foi, et pas disparaître. La France doit assimiler cette religion ou disparaître. C’est ce qui se lit entre les lignes. El Karoui n’aura aucun prix au concours Lépine.

El Karoui a échappé miraculeusement (grâce à Allah ?) à la véritable question posée par la crise systémique mondiale : Guerre ou révolution prolétarienne ? Ce vieil aveuglement de parvenus qui ignorent la capacité d’initiative des masses prolétariennes du monde entier.

ADDENDA I: El Karoui ne nous définit jamais ce que sont les « acquis occidentaux » dans le présent. La révolution industrielle a fait long feu mais on ne peut pas dire encore que le capitalisme moderne est devenu incapable de révolutionner sans cesse les instruments de production ; les principales découvertes et brevets proviennent toujours des anciennes puissances européennes et des Etats-Unis. Les acquis politiques des pays développés sont par contre très discutables et relatifs: la démocratie permet un semblant de liberté d’aller et venir, limité par l’argent et la contrainte professionnelle de toute manière, elle est caricature de vraie démocratie au niveau du trafic népotiste électoral dominant, le contrôle policier de la société civile n’est pas moindre qu’en pays dictatorial sous-développé, les syndicats sont des syndicats de république bananière, le statut public de la femme est certes beaucoup plus libre et protégé qu’en pays musulman (la plupart des femmes maghrébines rêvent de vivre libres en Europe) mais la femme reste une inférieure sociale et un objet sexuel de marketing. En réalité, la démocratie réelle n’est plus liée au développement du capitalisme en Europe comme en Chine ; en Chine les choses sont claires, elle est interdite de cité quand, en Europe ou aux Etats-Unis, elle n’est plus qu’une sinistre parodie de consultation des peuples (cf. le traité de Lisbonne refusé par les électeurs mais avalisé par les fonctionnaires de Bruxelles). Le refus français taxé de ringard et chauvin par les élites de Bruxelles, a manifesté plutôt une réticence positive indirecte du prolétariat à appuyer cette Europe fictive et irréalisable de dominos impossibles à assembler dans la perspective de la reconstitution d’un bloc pour la guerre.

Si l’on se situe hors du raisonnement de petit bourgeois arriviste, El Karoui pose tout de même des questions gênantes concernant l’avenir de la société moderne, qu’on la nomme multiculturelle ou multiraciale, questions qui n’existaient pas comme telles au XIXe siècle de Marx. Marx se contentait de généralités idylliques, paraphrasait les utopistes pour se garder de se projeter dans l’avenir avec des écumoires de sorcières. Argument un tantinet facile et dépassé. Dans la perspective du renversement de la société bourgeoise, on ne peut plus se permettre de dire à la façon du Marx anarchiste : on fait tout péter et après on verra.

- Les prolétaires n’ont toujours pas de patrie, mais dans les anciens pays dominants ils en ont toujours eu une, et dans les pays libérés de la colonisation s’est développé un nationalisme hystérique qui a bien oublié les guévaristeries et autres angéliques abolitions des frontières sous le communisme. Peut-on dire que la société bourgeoise décadente actuelle avec son multiconfessionnalisme et son antiracisme serait une préfiguration de la société communiste sans frontières ? OU bien qu’il s’agit d’une mystification sur une base économique pourrie qui rend impossible la fraternité des peuples et des prolétaires en concurrence sur un marché du travail mondialisé et en rétrécissement ? Ne pourrait-on pas resituer comme partie du programme communiste que la société entière devra être réinventée du sol au plafond, mettre fin à la sous-alimentation sans attendre l’application lointaine de la taxe gauchiste Tobin, calculer les vrais besoins, équiper partout avec les mêmes matériaux urbains respectant l’écologie, mettre fin au déplacement anarchique des populations miséreuses en leur donnant les moyens du développement sur place, etc.

- Avec ce qu’il faut bien toujours considérer comme une sorte de décomposition sociétale du capitalisme, peut-on prendre exemple sur l’utilisation perverses des diverses religions par les Etats capitalistes pour prétendre qu’on continuera à leur faire des concessions à la superstition antique au nom de la « liberté de penser », « liberté de culte », alors que le financement des cultes sera immédiatement supprimé, tout comme la rétribution des intellectuels religieux fainéants : curés, imams, rabbins, et sorciers divers ? Et parce que l’humanité n’aura plus besoin de « prier » dans les nuages de la superstition mais d’exister vraiment sans les chaînes séculaires de l’oppression.

Le communisme ne peut pas être uniformisation, mais sa diversité culturelle et scientifique – conservant les apports précieux de l’humanité – ne peut pas être confondue avec le bordel élitaire et bigot du capitalisme. El Karoui n’est pas loquace non plus sur cette identité métissée pour laquelle il milite. « Il ne faut pas s’inquiéter de voir disparaître une certaine façon d’être français », nous a-t-il assuré ? Faisait-il référence à ses cousins pauvres (et éloignés de son statut social élitaire) de banlieues qui moquent « le gaulois », version caillera du beauf avec baguette et béret ? Car il existe autant un racisme anti-français dans l’hexagone qu’un racisme anti-blanc en Afrique… Dois-je être complexé d’être natif de cette contrée dite « terre catholique » mais dont je n’ai pour héritage que les belles montagnes et les rivières généreuses, qui a longtemps été pour les révolutionnaires du monde entier une « terre d’asile », et accepter une « nouvelle façon d’être français » en supportant que des imams arrogants en pyjama et longues barbes viennent remplacer les robes noires des curés disparus dans la surveillance des rues ? (pour vérifier si le ramadan est bien appliqué ou s’il n’y a pas couple adultérin). L’humanité ne sera pas libre tant que le dernier curé n’aura pas été pendu avec les tripes du dernier syndicaliste et le dernier imam avec la ceinture du dernier flic. Et le dernier flic avec le… Bon j’arrête là l’imagerie nanar-situ extravagante, tous ces fainéants pourront être recyclés sans les zigouiller dans des camps de travail… écologiques par exemple. Mais gageons que les nanarchistes qui vont me lire vont hurler au retour de Staline alors qu’ils se sont réconciliés et ligués avec les derniers staliniens pour décréter qu’il valait mieux une bonne société parlementaire à l’affreux régime bolchevique.

Le communisme peut dépasser le multiconfessionalisme, qui n’est que l’orchestration de la division des peuples, consolation religieuse pour les pauvres, et nullement un échange permanent cultuel ou culturel. Le communisme ne signifie pas la table rase de toutes les anciennes cultures nationales, mais il est évident que l’abolition réelle des frontières conduira à une humanité supérieure, au-delà du progrès national incontestable représenté par l’abolition des patois au profit d’une langue unique, laquelle langue maintenant devra être universelle même si elle conserve les anciennes dans des universités ou des archives locales spécialisées. El Karoui, comme la plupart des cadres supérieurs issus des écoles élitaires ne connaît rien à l’histoire concernant l’histoire des nations, qu’il lise par exemple comment le grand Engels entrevoyait le chemin vers l’unification: « Certes, pendant tout le moyen âge, les frontières linguistiques et nationales furent loin de coïncider ; mais, à l’exception peut-être de l’Italie, chaque nationalité était tout de même représentée en Europe par un grand Etat particulier, et la tendance à établir des Etats nationaux qui ressort d’une façon toujours plus claire et plus consciente, constitue un des principaux leviers de progrès du moyen âge. » (La décadence de la féodalité et l’essor de la bourgeoisie).

ADDENDA II : Impossible de résister à l’idée de reproduire les projections sur la Chine des Marx et Engels.

- « L’industrie et le commerce de la vieille Europe devront faire des efforts terribles pour ne pas tomber en décadence comme l’industrie et le commerce de l’Italie au XVIème siècle, si l’Angleterre et la France ne veulent pas devenir ce que sont aujourd’hui Venise, Gênes et la Hollande. D’ici quelques années, nous aurons une ligne régulière de transport maritime à vapeur d’Angleterre à Chagres, de Chagres et San Francisco à Sydney, Canton et Singapour ». (cf. Nouvelle Gazette Rhénane n°2, février 1850, trad Roger Dangeville).

- « La seule chance pour que les pays civilisés d’Europe ne tombent pas dans la même dépendance industrielle, commerciale et politique que l’Italie, l’Espagne et le Portugal modernes, c’est qu’ils entreprennent une révolution sociale qui, alors qu’il en est encore temps, adaptera l’économie à la distribution, conformément aux exigences de la production et des capacités productives modernes, et permettra le développement des forces de production nouvelles qui assureraient la supériorité de l’industrie européenne et compenseraient ainsi les inconvénients de sa situation géographique ». (ibid)

- « Il peut paraître très étrange et paradoxal d’affirmer que le prochain soulèvement des peuples européens en faveur de la liberté républicaine et d’un gouvernement bon marché dépendra probablement plus de ce qui se déroule dans le Céleste Empire – au pôle opposé de l’Europe – que de toute autre cause politique actuelle » (Marx : La révolution en Chine et en Europe, New York Daily Tribune, 1853).

Et si c’était vrai ?

(*) Hakim El Karoui cumule des postes de pouvoir, outre une naissance grande bourgeoise, cet avocat du protectionnisme européen est directeur adjoint de la banque Rothschild, ce dit « intellectuel inclassable » est aussi maître d’œuvre d’un institut pour la culture musulmane, acoquiné avec Rachida Dati pour des projets divers et n’a jamais caché avoir voulu miser sur le bon cheval… Sarkozy. Mais rien n’est impossible au pays de l’oligarchie des valets interchangeables.

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