« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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samedi 29 janvier 2011
THERMIDOR CACTUS EN TUNISIE
Il faut expliquer encore ici que nous avions raison de ne pas croire à une révolution tunisienne, avec ou sans jasmin au bout des fusils. Tous les réactionnaires gauchistes du NPA aux maoïstes de La Forge sont tombés dans le puisard. Les dernières virevoltes du fantoche Ghannouchi démontrent une fois de plus l’arriération politique des anciennes colonies. Ghannouchi comme Moubarak doivent à chaque étape des révoltes populaires prendre longuement conseil auprès de la bourgeoisie américaine. La sainte alliance des Etats bourgeois locaux et des grands frères occidentaux n’hésite pas à utiliser toutes les cartes mystificatrices EN MEME TEMPS. La révolution de palais tunisien a limité les dégâts en invoquant une peur fictive des islamistes mais pour laisser le pouvoir à de vieux caciques ; voyez ces vieux machins bourgeois sur la photo de la « réconciliation nationale » (ce « piège à cons ») ! Les révolutions, les vraies, mettent toujours au premier plan les JEUNES et pas spécifiquement dans la rue mais AU POUVOIR!
En Egypte les médias ont tenté de zoomer sur les seuls agenouillements des « frères musulmaniaques » alors que la majorité de la population se ruait de façon exemplaire contre les symboles pitoyables du pouvoir policier, tenancier de la misère. Dans les deux pays, mais aussi en Jordanie, en Algérie et au Yémen, l’Etat bourgeois arabe n’a pas cessé de psalmodier avec le chantage au loup islamiste pour juguler la colère dans la voie de la légalité bourgeoise ; il faut reconnaître que cela lui réussit très bien jusqu’à présent.
La bourgeoisie égyptienne comme sa consoeur tunisienne se servira encore de l’islamisme capitaliste pour justifier la pluralité démocratique de ses élections de prétendue jouvencelle, tout comme elle se résoudrait à laisser gagner d’aventure une dictature islamo-fasciste de sauvetage capitaliste si le prolétariat avait l’heurt de se constituer et de devenir une alternative menaçante dans ces pays en commençant par déchirer les drapeaux nationaux. Les bourgeoisies américaine, française, tunisienne et égyptienne ont montré qu’elles sont si lâches que même le courage d’être lâche leur manque. Or, par chance en l’absence d’un prolétariat organisé en Tunisie et en Egypte, la défaite politique des soulèvements est assurée. On n’aura pas pu prendre au moins à ces peuples une révolution qui n’aura pas eu lieu. La révolution de palais tunisien se dégonfle comme baudruche conservatrice, avec l’aide des principaux flics spirituels, qui ont prouvé leur efficacité en Occident (et chez ce pauvre prolétariat français retraité avant l’heure) : les aristocraties syndicales. L’UGTT qui n’a pas cessé de chanter les vertus de la collaboration des classes, qui militait pour la « réconciliation nationale » alors que Ben Ali n’était pas encore parti en vacances, a manipulé le peuple tunisien en trois étapes :
- UN MENSONGE qui a consisté à se désolidariser du régime benaliste et à courir derrière les manifestants en faisant prétendre à ses émissaires en Europe qu’il avait contribué à lancer le soulèvement ;
- LE DEGUISMENT. Le syndicat d’Etat a joué le caméléon en se fondant dans la contestation des masses et en la chapeautant par son refus de participer au 2ème remaniement ;
- L’APPROBATION du 3ème remaniement ministériels pour favoriser la « transition nationale » jusqu’aux élections bidons.
MALGRE TOUT, même si le jasmin s’est vite fané, des leçons de ces soulèvements populaires peuvent être déjà surlignées :
- La peur des gouvernants de toute la planète faisait plaisir à voir ; même non organisés les prolétaires se sont affirmés comme une puissance en devenir : « Ce n’est qu’en opposant une fière résistance que nous avons imposé à tous le respect, et sommes devenus une puissance. On ne respecte que la puissance, et tant que nous en serons une, les philistins nous respecteront. Quiconque leur fait des concessions se fait mépriser par eux, et n’est déjà plus une puissance. On peut faire sentir une main de fer dans un gant de velours, mais il faut la faire sentir » (Engels).
- Ce n’est qu’un début marqué par d’inévitables temporisations et trahisons politiques, mais un début de soulèvement contre la misère capitaliste qui interpelle le prolétariat mondial ;
- Enroulés dans les drapeaux nationaux et non soutenus par la classe ouvrière des pays riches, les prolétaires maghrébins n’ont pas été en mesure de poser la généralisation internationaliste ;
- Les nouveaux « réseaux sociaux », malgré la vantardise des bobos apolitiques et anarcho-libéraux, n’ont pas été les principaux vecteurs de l’extension, mais c’est bien, classiquement, la misère et la répression qui ont jeté les peuples dans la rue ; on peut noter cependant, dans le cas de l’Egypte, que la coupure du web et de twitter a tout de même plus encore desservi le pouvoir ;
- Les prolétaires n’ont rien à attendre des élections programmées assez loin pour que la fureur retombe, et afin que les bourgeois émigrés reviennent prendre leur place dans le concert national unanimiste et frauduleux pour les prolétaires.
Je dois déplorer encore une fois l’absence de tout groupe maximaliste révolutionnaire, absence assez significative de la torpeur du prolétariat occidental pourtant aussi attaqué par sa bourgeoisie, face à ces événements. Heureusement que le petit groupe bordiguiste sauve l’honneur du prolétariat universel dans son deuxième tract (sur la Tunisie et l’Algérie) en indiquant les bonnes orientations « de classe » :
« Une organisation de défense prolétarienne authentiquement de classe, en rupture avec les impératifs de la conservation sociale et de la soumission au capital, non seulement organisera la lutte contre les mesures anti-prolétariennes avec des méthodes de classe – appel à la grève de toutes les catégories de travailleurs, formation de piquets et de comités pour diriger la lutte, organisation de la défense contre la répression policière ; elle se lierait aux luttes des prolétaires du pays voisin pour unifier les grèves, pour renforcer la lutte de défense des conditions de vie et de travail prolétariens sur le terrain même que la bourgeoisie a choisi : le terrain de l’affrontement ouvert et violent.
POUR LA REPRISE DE LA LUTTE DE CLASSE ET LA SOLIDARITE PROLETARIENNE INTERNATIONALE !
A BAS LA PATRIE BOURGEOISE, PATRIE DE L’EXPLOITATION, DE L’ASSASSINAT LEGAL, DU MASSACRE DES PROLETAIRES !
POUR L’EMANCIPATION DES PROLETAIRES DU CAPITALISME ! POUR LA REVOLUTION COMMUNISTE DANS TOUS LES PAYS ! ».
ANNEXE (éléments de réflexion : une interview de 20 minutes de Karim Bitar, le financement de l’armée égyptienne et une info du NPA)
« Quel est le profil du mouvement de protestation?
Il est moins «bourgeois» que le mouvement tunisien. «Il est un peu plus populaire car le pays est aussi plus pauvre», précise Karim Bitar. Mais la classe moyenne et les intellectuels sont également bien présents. Quant aux islamistes, ils ne sont pas à l’origine des manifestations, mais «il faudra compter avec eux» même si le régime a tendance à agiter le spectre islamiste afin conserver un minimum de soutien de la part des Egyptiens laïques et de la communauté internationale.
Que réclament les jeunes égyptiens?
«Au-delà de la colère, il y a une volonté d’en finir avec le régime lui-même», explique Karim Bitar. La population égyptienne n’a pas pu s’exprimer lors des dernières élections législatives de novembre dernier où les fraudes ont été légion afin de maintenir le parti présidentiel en place. D’après le chercheur, les aspirations du peuple vont vers un Etat de droit, soit la fin de «la confiscation du pouvoir politique et économique par de petits groupes de personnes». L’économie égyptienne est ainsi mal gérée, avec un potentiel inexploité. Même constat pour la politique de l’emploi, peu ouverte aux nouvelles générations, tandis que le chômage des jeunes augmente.
Le régime peut-il vraiment tomber?
«On ne sait pas encore si le domino politique va tomber, mais le domino psychologique a lui été atteint», affirme Karim Bitar. Les choses seront tout de même plus difficiles à bouger qu’en Tunisie. En Egypte, les militaires soutiennent Hosni Moubarak et sont très présents dans la structure économique du pays. «A ce stade, l’armée est fidèle, mais elle vient du peuple et peut s’inspirer du cas tunisien», tempère Karim Bitar. Le comportement des Etats-Unis pèse également dans la balance car l’Egypte a une «importance stratégique» pour les Américains. «C’est le cœur battant du monde arabe, doté du Canal de Suez et impliqué dans le conflit israélo-palestinien et le dossier nucléaire iranien», rappelle le chercheur qui ajoute que le régime d’Hosni Moubarak a également «survécu ces 10-15 dernières années» grâce à la lutte contre le terrorisme. «Il ne peut pas survivre sans le soutien des Etats-Unis», tranche Karim Bitar.
Existe-t-il une opposition crédible en Egypte?
Oui, même si, comme en Tunisie, le régime a fait en sorte de marginaliser les opposants. «Ils peuvent très vite reprendre pied grâce au soutien des jeunes et des intellectuels», indique Karim Bitar. Outre les Frères musulmans, le chercheur voit émerger «une troisième force», notamment avec le retour de Mohamed El Baradeï au pays. L’ancien directeur de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), respecté en Occident, est «l’homme politique arabe le plus populaire», selon Karim Bitar. Autre leader de l’opposition influent et historique, Ayman Nour, chef de file du «parti de demain», apparaitrait également comme un futur dirigeant potentiel.
Corentin Chauvel
La situation dans le pays représente un dilemme pour les Etats-Unis, enclins à soutenir la démocratie, mais dont M. Moubarak est le plus proche allié arabe. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, avait estimé, mardi, que le gouvernement au Caire était "stable", avant que l'administration Obama ne mette très vite l'accent sur la nécessité de respecter le droit à manifester. L'armée égyptienne a bénéficié l'an dernier de subventions américaines à hauteur de 1,3 milliard de dollars. Les Etats-Unis ont toutefois financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars des organisations de promotion de la démocratie en Egypte, au grand dam du président Moubarak, selon des notes obtenues par WikiLeaks et publiées vendredi par le journal norvégien Aftenposten.
Sur le site du NPA, les trotskiens caméléons se racontent des histoires d’apparition de « Conseils » locaux, très responsables certes mais si conciliateurs dans le fond qu’ils ne peuvent être que des succursales de l’infâme UGTT, et qu’ils ne constitueront jamais un double pouvoir mais ne sont qu’une cogestion de la pénurie. En voici une description :
Déclaration constitutive du conseil local provisoire pour gérer les affaires de la ville de Sidi Bou Ali
Suite à la décision de confier à Mohamed Ghannouchi, la mission de former un nouveau gouvernement chargé d’organiser les nouvelles élections présidentielles dans le pays ;
Après le vide administratif et de gestion dans les villes de Sidi Bou Ali, wilaya de Sousse ;
Nous, citoyens de la ville de Sidi Bou Ali rassemblés à la « Place du Peuple » en ville déclarons :
- nous rejetons cette décision qui se base sur une Constitution antidémocratique et impopulaire, et qui ne garantit pas les droits de toutes les sensibilités nationales dans le pays ;
- nous refusons la domination du parti au pouvoir et à sa continuation à contrôler la vie politique dans le pays, à travers ses symboles et ses valets dans le gouvernement;
- nous élisons, d’une façon publique, un Conseil local temporaire pour qu’il gère les affaires de la cité et pour travailler dans le cadre de la coordination régionale et nationale pour retrouver le fonctionnement normal de la vie civile, économique, culturelle et politique dans le pays jusqu’à ce qu’une nouvelle Constitution d’une société démocratique et populaire ouvre la voie à des élections pour assurer la dévolution pacifique du pouvoir et sans aucun monopole. Et veille à ce qu’il représente l’ensemble des parties nationales.
Les fonctions de ce Conseil sont :
- La formation de comités de sécurité pour protéger les quartiers,
- Aider à reprendre la vie économique quotidienne et à assurer les nécessités de la vie quotidienne des citoyens,
- Assurer la réouverture des institutions civiles (banques, hôpitaux, municipalités, écoles, instituts, ...)
- Assurer la propreté de la ville,
- Coordonner avec les conseils locaux et régionaux formés,
- Communiquer et assurer la liaison avec l’armée nationale tant qu’elle est la seule institution qui veille, aujourd’hui, sur le pays.
Nous décidons de nous répartir sur les comités suivants :
- Comité de la propagande et des médias ;
- Comité de la communication avec l’Armée nationale ;
- Comité de la protection des quartiers ;
- Comité de la propreté de la ville ;
- Comité de la logistique ;
- Comité de sensibilisation, d’orientation et de culture.
bonjour,
RépondreSupprimeren Tunisie comme en Egypte, un processus revolutionnaire non mediatisé mais reel :
en Tunisie:
dans un certain nombre de villes et de villages, en nombre indeterminé,les organes de pouvoir locaux,commissariats sieges du parti et mairies ont été brulés et donc detruits, privant le pouvoir central de relais locaux vitaux...
Le 30 janvier: le chifre de 20 commissariats detruits circule
En Egypte,appel a la greve generale ce midi
hier,en direct sur telé satellitaire AL Jaziraa english,fermée depuis : incendie du siege du parti,des camions “blindés” de la police,un aveu au moins 30 commissariats dans differentes villes mis a sacs,des prisons etc...
La foule sur les chars, applaudie par les tankistes
31/01/2011 -
Comme on le sait, lorsque Robert Fisk est en reportage quelque part et qu’il fait les gros titres de son journal, The Independent, c’est qu’il se passe quelque chose d’important. Fisk est donc en Egypte, plus précisément juché sur un char de l’armée égyptienne, lequel char est couvert de graffitis anti-Moubarak en guise de camouflage. La foule est elle-même sur les chars, encouragée et accueillie par les tankistes.
Fisk nous donne des détails, ce 30 janvier 2011 dans The Independent, sur cette évolution capitale de la situation égyptienne. L’armée, venue pour renforcer la police contre les émeutiers, se retrouve souvent aux côtés des seconds et, dans certains cas, les défend contre les tirs de la police.
http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/fisk/robert-fisk-egypt-death-throes-of-a-dictatorship-2198444.html