PAGES PROLETARIENNES

jeudi 27 janvier 2011

Au 40ème jour de la révolution tunisienne

26 janvier par Fathi Chamkhi

Présentation (JLR) : Fathi Chamkhi a eu la gentillesse de me communiquer ces informations que vous pouvez retrouver sur son site (j'ai validé son commentaire qui reproduit ce texte, mais de crainte que vous ne le lisiez point, je vous le mets sous le nez). J’ai ajouté des prises de position saluant le peuple tunisien. Je ne suis pas d’accord avec le qualificatif de révolution bien évidemment puisque révolution signifie mise à bas de l’Etat bourgeois, désarmement des forces armées de la bourgeoisie, élection de conseils de travailleurs et armement du prolétariat. Le camarade Fathi qui milite apparemment dans les rangs d’Attac semble avoir des illusions sur la capacité de restauration bourgeoise soft du syndicat collabo UGTT. Mais rien ne nous empêche de confronter nos infos et opinions. Je persiste, quitte à passer pour mauvais coucheur, à réaffirmer avec Rosa Luxemburg et Paul Mattick, que la solution n’est pas en Tunisie, mais dans ce vent chaud qui se lève d’Egypte au Yémen, et je l’espère profondément de l’Algérie à la France. Nous avons des solutions internationalistes en dehors des ornières nationales. J’espère que partira de Tunisie un appel au prolétariat international pour affirmer que :
- Les prolétaires n’ont pas de patrie ni de religion,
- Ni modèle oligarchique occidental, ni modèle islamo-fasciste, VIVE LES CONSEILS DE PROLETAIRES ! BRISONS LES FRONTIERES !



Chers ami-e-s,
Voici la situation politique en Tunisie le mercredi 26 janvier 2011 à 17h30
Coté contre révolution
1. Des milices du RCD ont attaqué hier les sièges de l’UGTT de Gafsa et de Sousse.
Aujourd’hui, ce fut le tour de celui du Kef, notamment.
2. Des pro gouvernementaux ont organisé des petits rassemblements, pour réclamer le retour au travail, contre, je cite ‘la paresse’ et pour dire non au ‘désordre’…
3. Le GUN hésite à annoncer le remaniement qu’il a annoncé pour hier, puis pour aujourd’hui… Il semblerait que le bâtonnier de l’ordre des avocats Kilani ait demandé au GUN de patienter afin de voir ce que vont donner les pourparlers qui se déroulent sous l’égide de l’UGTT.
Coté révolution
1. Poursuite des grèves pour exiger la dissolution du ‘Gouvernement d’unité nationale’ (GUN) et le RCD et pour la constitution d’un ‘gouvernement provisoire’ représentatif de la révolution :
Grève générale régionale dans 5 gouvernorats (départements) dont Sfax, deuxième ville de Tunisie.
Demain, Sidi Bouzid sera en grève générale
Demain aussi, grève générale nationale dans l’enseignement secondaire.
2. Manifs :
Les manifs continuent un peu partout. A Tunis, le palais du 1er ministre est toujours en état de siège. Des tentes, représentant diverses villes révolutionnaires, sont plantées par les participants, des ‘caravanes de la liberté’ dans la place d’El Kasba, siège du 1er ministre. En outre, l’approvisionnement, de ces milliers de manifestants, qui ont déjà passé 3 nuits à la belle étoile avec une température minimale de 8°, est assuré par une multitude de citoyens qui n’ont pas cessé de faire le va-et-vient pour pourvoir aux besoins vitaux de ce campement en eau et en nourriture. Il constitue, tout le monde l’a bien compris, la garde révolutionnaire des acquis de la révolution. Certains citoyens font même des dizaines de km pour leur apporter des provisions sous forme de packs de laits ou/et de packs d’eau, de sandwichs, de plats cuisinés bien chauds, de jus, de café…
3. Sur le plan du gouvernement de la révolution :
La réunion d’aujourd’hui, des différentes composantes politiques et civiles et professionnelles, hors patronat et RCD, ont abouti à deux positions :
ü Celle de l’ordre des avocats, avec semble-t-il une recomposition du GUN avec maintien de Ghannouchi. Il semble aussi que le GUN, est prêt à de nouvelles concessions et souhaiterait, selon des bruits ‘des sources bien informées’ en plus de Ghannouchi les deux ministres actuel de l’industrie (Jouini) et Chelbi (ministre ?)
ü Une deuxième proposition, a été formulée, à propos de laquelle j’ai beaucoup plus de détails parce que j’en fais partie, et qui émane du ‘Front du 14 janvier’ qui est constitué des diverses constituantes de la gauche radicale et des nationalistes, en résumé cette proposition propose :
La convocation d’un ‘congrès national pour la défense de la révolution’, qui sera composé de toutes les sensibilités politiques, les associations, les corps professionnels (avocats, juges, médecins, journalistes, artistes…), des représentants des comités locaux et régionaux de défense de la révolution, des personnalités indépendantes, sans le patronat ni le RCD et les ex membres du gvt Ben Ali.
La reconnaissance du président par intérim en tant que ‘garant de la continuité de l’Etat’ mais aussi ‘source de légitimité pour le gouvernement de transition’ !!!!
Dissolution du GUN
Constitution d’un Gvt provisoire
Principe de souveraineté populaire
Assemblée constituante…
La Commission administrative de l’UGTT va se réunir demain pour étudier les deux propositions, et afin de réagir par rapport à la campagne anti-UGTT, notamment, les agressions des milices RCD contre certains de ses locaux régionaux.
Toutes les composantes se sont donné de nouveau un rendez-vous pour jeudi 28 janvier afin de tenter de sortir avec une position unitaire.
Fathi Chamkhi

http://www.cadtm.org/Au-40eme-jour-de-la-revolution


Peuple tunisien : merci !!
23 janvier par Jawad Moustakbal


Le soir du 14 janvier, au moment où je regardais les informations sur la télé et la reprise du discours de l’ex-président tunisien où il empruntait le fameux “je vous ai compris” du Général de Gaulle, je me suis dit que c’est, encore une fois, une sale manœuvre pour faire calmer les protestataires et étouffer cette révolution extraordinaire du peuple tunisien. Ma méconnaissance de l’état des lieux en Tunisie, la force de sa jeunesse et sa détermination était certainement à l’origine de mes craintes, puisque avant même la fin de ce journal d’information, on nous informe que le “grand” dictateur, qui faisait trembler presque tout le monde en Tunisie, a pris la fuite comme un petit lâche voyou.
Un mouvement principalement contre la “HOGRA”
“HOGRA” politique
Si le jeune tunisien devenu martyr et héros national, Mohamed ELBOUAZIZI, a pris cette décision suicidaire de s’immoler c’est surtout contre la HOGRA qu’il a senti des représentants de ce régime répressif. Habitant à Sidi Bouzid, ville de 40 000 habitants située dans le centre-ouest de la Tunisie, Mohamed Bouazizi a dû arrêter ses études secondaires après la mort anticipée de son père qui était ouvrier agricole. En vendeur ambulant de fruits et de légumes, il a pris la lourde responsabilité d’une famille de 7 enfants. À l’image de ses confrères dans toute la région maghrébine, Mohamed se fait régulièrement confisquer sa marchandise par les policiers, insulter et humilier à chaque fois qu’il essaye de la restituer. Ce jour-là, il en avait assez !
Si les contestations, qui ont débutées par des dizaines de manifestants dans cette petite localité, se sont élargies à des milliers de protestants un peu partout dans le pays, c’est que tout le peuple tunisien, avec ses femmes et ses hommes, jeunes et moins jeunes, s’est identifié à Mohamed ELBOUAZIZI et avait envie de dire « BASTA » : ça suffit !
23 ans de dictature : ça suffit !, 23 ans d’humiliation : ça suffit !, 23 ans d’état d’exception où une simple réunion, un sit-in, une manifestation sont réprimés dans le sang et l’exemple du bassin minier de Rdayef et plus qu’éloquent !

“HOGRA” économique
Si les IFI, et à leur tête la BM et le FMI, ne manquent pas l’occasion pour présenter la Tunisie comme un modèle à suivre pour les pays de la région, le peuple tunisien a souffert longtemps de cette mafia économique autour du président déchu et sa femme. Au moment où la bourgeoisie tunisienne accumulaient les richesses, les jeunes avaient de plus en plus de difficultés à trouver un emploi stable et digne.
Une révolution au bon moment
Cette révolution vient pour rappeler que l’histoire de cette région maghrébine n’est pas encore finie et qu’elle sera écrite et inventée par ces militantes et militants, ces femmes et ces hommes humbles, appauvris, réprimés mais toujours fiers. La révolution n’est plus aujourd’hui un mythe ou un vœux pieux, avec le nouveau modèle tunisien, elle est redevenue possible, voire nécessaire pour l’émancipation de tous les peuples de la région.
Avec la lutte du peuple tunisien le mot “Révolution” redevient d’actualité, retrouve toute sa force, ce n’est plus un tabou réservé, comme on essayait de le présenter, à une poignée de nostalgiques rêveurs dont nous faisons partie… le mot a été démocratisé et réapproprié par le peuple…
Avec votre lutte, chères sœurs et chers frères tunisiens, la jeunesse a retrouvé sa vraie place au devant de la scène politique, la vraie politique, une politique qui s’exerce sur le terrain chaque jour et partout, dans la rue comme dans les institutions, et non pas les caricatures des élections auxquelles on nous invite chaque 5 ans !!
Avec votre révolution, chers sœurs et frères tunisiens nous avons retrouvé une boussole dont nous avions tant besoin pour guider nos lutte vers notre émancipation totale politique, économique et culturelle en tant que peuples.
Avec votre révolution, nos espoirs renaissent, nous renouons avec nos rêves, et nous rechargeons nos batteries pour continuer notre lutte.
Chers frères et sœurs tunisiens : merci !
En espérant que vous meniez votre révolution jusqu’au bout et que nous commencions la nôtre !
Jawad – 18-01-2011

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