PAGES PROLETARIENNES

samedi 11 septembre 2010

Dernière minute: c'est bouclé! Les grouillots ont voté la retraite à 62 et 67 ans!


Mon commentaire sur Libération dès potron minet:

NE SOYEZ PAS NAIFS VOUS TOUS!

La loi était votée depuis longtemps dans les arcanes du pouvoir, les députés, ces cuistres, ne sont toujours que des godillots de L'Elysée, comme les syndicats d'ailleurs derrière lesquels vous avez défilé comme des boeufs! Désormais dansez, chantez "on a gagné, on a gagné, on a..." Couic!
Je suis consterné moi aussi, mais voici la réalité:
1. c'est une illustration de plus de la dictature de la classe dominante (ultra-minoritaire mais surprotégée par une armée de flics en armes et surtout une armée de flics syndicaux de base de secteurs "protégés" et avec retraite aménagée (pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, je signale qu'en 1914 les militants syndicaux pour la défense nationale étaient exemptés du front...)
2. il faudra du temps, du sang et des larmes, avant que la classe prolétaire déchire toutes ses illusions syndicales et démocratiques, réfléchisse, réfléchisse encore sur comment lutter vraiment, qui sont nos amis et nos ennemis, quelle révolution est nécessaire, comment allons-nous recréer des organismes du type des conseils ouvriers de 1917 en Russie et en Allemagne...
Une chose est claire, indépendamment du "méchant" Sarko, la bourgeoisie paupérise sans gêne et SUPPRIME progressivement la retraite. Elle ne sait même pas à quoi cela va aboutir.
Samedi 11 septembre à 05h10

PRECISIONS POUR LES EXCITES SYNDICALISTES GAUCHISTES ET LEUR POSTIER GREVEGENERALISTE

Sous le titre « Les conditions d’une crise sociale ne semblent pas réunies », une journaliste de la gauche caviar/Nouvel Obs (Marine Pennetier) a été demander son avis à un zozo spécialiste des relations sociales (mais oui cette espèce d’observateur existe), voici ce qu’il lui a confié qui confirme en tous points la réussite de la stratégie d’usure du gouvt et de son intrasyndicale (et évidemment les analyses prévisionnistes de ce blog) :

« Malgré la pression accrue des syndicats, la mobilisation contre la réforme des retraites en France a peu de chances d'aboutir à une crise sociale mais Nicolas Sarkozy doit se garder de tout faux pas, estiment des analystes. Pour Hubert Landier, spécialiste des relations sociales, on ne déclenche pas une crise sociale - risque évoqué par le dirigeant de la CGT Bernard Thibault - en appuyant sur un bouton et, pour l'instant, chaque acteur s'en tient à son rôle. « Nous assistons à une commedia dell'arte avec des acteurs qui connaissent leur rôle et qui s'est jouée sans trop de couacs jusqu'ici", dit-il. "Il était prévu à l'avance dans le scénario que le gouvernement conserverait du gras pour répondre à l'appel de la rue et apporter quelques concessions supplémentaires. Tout ceci était déjà dans les tuyaux ». Entre 1,1 et 2,7 millions de personnes selon les sources ont défilé mardi contre le texte phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui (a fait voter dixit hier) notamment le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ en retraite. Les syndicats, forts de ce succès, ont appelé à une nouvelle mobilisation le 23 septembre (Ah Ah Ah !). François Fillon a exclu jeudi d'autres concessions sur la réforme après les "avancées" proposées la veille par le chef de l'Etat sur des sujets annexes, comme la pénibilité. Face à cette fin de non-recevoir, la situation ne devrait pas pour autant s'envenimer, estime Guy Groux, chercheur au Cevipof.
« Jusqu'à présent, la CGT et la CFDT font preuve d'une attitude raisonnable en ne demandant pas le retrait du texte et ne parlant pas de 'texte scélérat' comme cela a pu être le cas par le passé », dit-il. "Leur objectif est d'obtenir des concessions pour sortir de cette affaire sans avoir l'air d'avoir tout perdu aux yeux des adhérents et de l'opinion publique."
SYNDICATS DIVISÉS (ah la bonne excuse à la fin du film !), OPINION FRAGILE
Sur les huit syndicats qui participeront à la nouvelle journée de mobilisation, seul Solidaires agite ouvertement le drapeau d'une grève reconductible.Partagée sur la stratégie à adopter, l'intersyndicale a mis plusieurs heures mercredi pour se mettre d'accord sur la date du 23 septembre, fruit d'un délicat compromis. Ce dilemme se retrouve chez les Français. Une récente étude de l'Ifop insiste sur la "fragilité" de leur positionnement, une tendance qui était moins marquée lors des précédentes réformes des retraites, relève Hubert Landier.
"L'opinion publique a bougé en faveur d'une réforme des retraites. Ça ne veut pas dire qu'elle soutient la réforme mais elle estime qu'une réforme pour garantir le financement des futures retraites est indispensable", avance-t-il. Selon lui, la prochaine manifestation sera avant tout l'occasion de tenter d'obtenir de nouvelles concessions et ne devrait pas aboutir à des grèves comme en 1995 ou à des mouvements du type de celui contre le contrat première embauche (CPE) de 2006.
"En 1995, le mouvement était parti non pas d'une loi mais d'un discours d'Alain Juppé. Pour le CPE, c'était une décision personnelle de Dominique de Villepin, qui était isolé dans l'opinion publique et dans son propre gouvernement. Le contexte actuel est différent, on est face à une réforme qui est inéluctable dans un contexte de déficit budgétaire," dit-il.
PRUDENCE
Céline Bracq, directrice adjointe de BVA Opinion, note "une résignation plus forte pour cette réforme que pour une autre"."La majorité de la population ne croit pas en la promesse du PS de rétablir l'âge légal de la retraite à 60 ans s'il revient au pouvoir", estime-t- elle. Si l'opinion soutient les manifestations, la majorité des Français ne sont pas prêts à descendre dans la rue, dit-elle. "Il s'agit plus d'un soutien de coeur que d'un soutien effectif. Les grévistes sont une part marginale de la population."Pour obtenir le retrait du projet de loi, réclamé par FO et Solidaires, il faudrait que les dirigeants syndicaux provoquent une crise sociale. Mais selon Hubert Landier, les conditions pour y parvenir ne sont pas réunies. "Une crise sociale est imprévisible et n'est jamais décidée par les états-majors syndicaux", explique-t-il. "Une crise sociale est une réaction du corps social qui est prise en charge par les syndicats." Pour autant, le gouvernement doit prendre garde à ne pas faire de faux pas dans les semaines qui viennent (il a pas besoin d’un tel conseil d’ami pourtant ! jlr).
Les soupçons de trafic d'influence qui pèsent sur le ministre du Travail, Eric Woerth, pour ses liens avec le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt est un sujet sensible qui menace de faire basculer l'opinion du côté de la radicalisation (n’importe quoi !). "Il faut que le gouvernement, l'Elysée fassent très attention dans la période actuelle. Les gens comprennent qu'il faut faire des efforts sur les retraites mais veulent que ce soit une répartition juste des efforts à faire et ne toléreront pas d'écart", souligne Hubert Landier.


Il a du bon sens le spécialiste des rapports de classes, mais glisse pas mal d’insanités : le gouvernement ne risque RIEN pour l’instant !
Bien entendu s'il s'avérait que le gouvernement n'ait pas été prudent, d'autres moyens plus persuasifs sont avancés parallèlement, une petite bombe calmerait bien vite quelques esprits échauffés, il paraît que la menace du terrorisme "n'a jamais été si grande"; suivez mon regard:
"Dans une interview au JDD, Bernard Squarcini, patron de l'antiterrorisme français, dit craindre un attentat kamikaze en France : « Nous sommes aujourd'hui au même niveau de menace qu'en 1995. S'il y a des militaires dans les aéroports, des barrières devant les écoles et des sacs poubelles en plastiques, ce n'est pas pour rien. Tous les clignotants sont dans le rouge. »
Il ne faut jamais oublier que quand les ballons rouge de la CGT et des intrasyndicales ne fonctionneront plus du tout il y aura "de la mitraille, toujours de la mitraille pour les prolétaires" (Blanqui) mais à la façon moderne, indirectement. En 1995, mouvement le plus important en France depuis 1968, si cela avait "dégénéré", comme disent les journalistes, un attentat bien ciblé dans le métro aurait mis tout le monde à la raison. raison de plus!

vendredi 10 septembre 2010

RETRAITES A LA CARTE: A PROPOS DU FOUTAGE DE GUEULE DES SYNDICATS




Reçu un courrier mail de notre ami Dominique Kalachnikov du site « Vive la révolution » (qui se plaint toujours d’être censuré, et qui subit certainement des bidouillages policiers) où il s’aperçoit clairement que les « directions syndicales se foutent de notre gueule », mais pas du foutage de gueule permanent des syndicalistes « de base » ni de la capacité des appareils syndicaux à varier les plaisirs dans leurs manipulations stratégiques et langagières. Il croit qu’on peut appeler à ce miracle éclusé de « grève générale » à tout bout de champ et surtout dans le cimetière des illusions syndicales. Il croit qu’on a gagné sur la sécu en 95 (alors qu’on a juste fait sauter le fusible Juppé et que les cheminots seuls ont préservé leurs avantages). Il croit qu’en concentrant notre haine sur le chef Thibault cela permettrait de « comprendre » ou « combattre » le système ; rien n’est plus faux, Thibault n’est qu’un pion. Si nous voulons monter des coordinations de la lutte ou des conseils de travailleurs, cela dépendra : 1. de la gravité de la situation, 2. d’un rejet violent du syndicalisme de compromission de classe, 3. (et sans doute en premier lieu) d’une réelle perspective politique maximaliste. Dominique a une vision simpliste, unilatérale et anarchiste ouvriériste de la révolution. La révolution ce n’est pas « la grève qui ne s’arrête jamais », c’est une foultitude d’événements où la grève massive ou partielle (dans quelques industries ou transports très « bloquants ») peut cesser – le monde moderne est fragile et il faut alimenter une énorme population (on n’est plus dans les faubourgs de 1848 ou de 1917). La lutte de classes prend diverses formes : vie active des AG, législation des Conseils de prolétaires, débat sur internet avec les révolutionnaires du monde entier, manifestations, occupations, désarmement de la police et de l’armée avant ou après la destruction de l’Etat, etc.
Je vous livre son courrier et ses propositions, et, par après je vous livre mon analyse des « adaptations » programmées de l’Etat (gouvernement + syndicats).

LE COURRIER DE KALACHNIKOV

Bonjour à toutes et à tous,

La prochaine grève est dans quinze jours !
C’est un progrès par rapport à l’an dernier où les journées d’actions avaient lieu tous les deux ou trois mois.
Mais, les directions syndicales continuent à se foutre de notre gueule !
Je viens d’entendre un commentaire sur Itélé qui vient à l’instant de dire qu’incontestablement Sarkozy peut regarder ce soir un DVD tranquillement.
Je rappelle que si l’on a gagné en 1995, sur la sécu, c’est parce qu’il y avait une journée d’action chaque jour !
Puisque les directions syndicales font partie du pouvoir et sont nos ennemis autant que les patrons, montons une coordination qui "décrètera" (*) la :
GRÈVE GÉNÉRALE SAUVAGE TOTALE ET ILLIMITÉE !
Note (*) : mot choisi spécialement pour faire plaisir à la CGT.
Le 8 septembre 2010
Bien à vous,
do
http://mai68.org/spip

Retraites - Ne comptons pas sur les "socialistes" en 2012 :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1433

Résumé : qu'il sagisse de Martine Aubry ou de Dominique Strauss-Kahn, tous les deux ont dit qu'il fallait augmenter l'âge de la retraite !

Et Bernard Thibault devint chef :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1170

Ou : http://kalachnikov.org/ag/869.htm

Ou : http://www.chez.com/vlr/ag/869.htm

Résumé : si Thibault est devenu chef, c'est grâce au fait qu'il a réussi, en 1995, à empêcher les cheminots de monter une coordination.

Qu'est-ce qu'une coordination :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1081
Dans une coordination, tout part de l’individu mais rien ne s’y arrête. Une coordination n’est pas un syndicat. Son but n’est donc pas de les concurrencer mais de donner le pouvoir à la base. Dans un syndicat, c’est le bureau qui décide. La différence entre un syndicat et la coordination est une différence de nature, de qualité. En pratique, avec une coordination, les individus font ce qu’ils désirent. L’étymologie du mot le dit : la coordination n’est là que pour coordonner les actions et les réflexions quand c’est possible.
Tout part de chaque individu. Il s’exprime et vote en Assemblée Générale d’usine (ou d’école, etc.) Cette A.G. élit et mandate deux délégués qui iront à la coordination départementale pour voter selon leur mandat et pour exprimer les idées de leur A.G. La coordination départementale débat sur chaque proposition qui lui est faite à titre de mandataire ou à titre personnel. Puis elle l’adopte ou la refuse. La coordination départementale élit et mandate deux délégués pour la coordination nationale. Le rapport entre la coordination départementale et la coordination nationale est le même que celui qui s’établit entre l’A.G. d’usine et la coordination départementale ou entre l’individu et l’A.G. d’usine.
Les propositions adoptées par la coordination départementale redescendent en A.G. d’usines qui décident ce qu’elles en font.
Les propositions adoptées par la coordination nationale redescendent en A.G. d’usines par l’intermédiaire des coordinations départementales. Les coordinations départementales et les A.G. d’usines décident ce qu’elles en font.
Ainsi se crée un va et vient entre les individus et la coordination nationale où ce sont les individus qui ont le pouvoir. Les délégués ne faisant que transmettre les informations, les propositions ou les votes pour lesquels ils sont mandatés. Les présidents de séances ne sont pas des chefs. Ils sont élus pour, et seulement pour orgaaniser les tours de parole. Délégués et présidents de séances sont révocables à tout instant par ceux qui les ont élus. Un observateur s’exprime toujours à titre personnel. Il ne vote jamais. Il peut faire des propositions. Un délégué peut aussi s’exprimer à titre personnel à condition de le préciser à chaque fois. Quand un individu constate un "vice de forme" dans le développement d’une réunion, il le signale en criant : "point d’ordre". son intervention est alors prioritaire !
Fait le 15/02/1987 par le "comité pour une coordination"
Note : La révolution, c’est quand la grève ne s’arrête jamais, c’est quand l’auto-organisation des individus en coordination devient le seul "pouvoir". Là j’ai du mettre le mot "pouvoir" entre guillemet parce que si on en arrive là un jour, c’est que le pouvoir aura disparu !

DECRYPTAGE DES ADAPTATIONS PROGRAMMéeS DE L’ETAT BOURGEOIS (gouvernement + syndicats)

Les titres de la presse gauche caviar étaient lamentables :
Le Monde : Fillon inflexible, les syndicats offensifs !
Libération :Inflexible sur les 62 ans, Fillon n’exclut pas certaines « adaptations » !

Les "adaptations" ou futur prétendu "recul du gouvernement" ou "avancée syndicale" portent sur ladite "pénibilité du travail". Quelle ignoble farce même pas déguisée! C'est le travail en général sous ses multiples formes d'ignominie (bravo aux descriptions du derner Günter Wallraff in "Parmi les perdants du meilleur des mondes")qui est PENIBLE! Il en sera de la pénibilité des professions de merde du bâtiment comme de l'embauche des seniors: du vent, encore du vent, toujours du vent!
L'Etat bourgeois croit-il que ses incessantes humiliantes mascarades avec ses milliers de larbins syndicaux ne vont pas lui péter à la gueule? Qu'est-ce quo'n attend pour être heureux?

Thibault fait risette à nouveau en tête des manifs et croit qu’on a oublié que certains de ses partisans, face à ses trahisons successives, lui déposaient des chats morts devant sa porte. Il fait le malin dans ses déclarations à Le Monde :
- en jouant sur l’hypothèse d’une crise sociale d’ampleur,
- en accusant son chef Sarkozy d’avoir « instrumentalisé la réforme des retraites « pour des raisons politiques » (ce qui est du sabir et ne veut strictement rien dire,
- en disant que « la démocratie sociale a été bafouée » alors qu’il trinque régulièrement avec le Président
- en disant que l’Exécutif français a verrouillé toute discussion (faux ils ne font que ça négocier entre eux)
- patelin il ajoute « plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera les esprits »

Sur un « Chat » de Le Monde toujours, à la question « ne craignez-vous pas que certains salariés en colère partent en colère reconductible sans les syndicats ? », un bonze CFDT répond en outre au même Le Monde :
« Marcel Grignard : C'est tout à fait possible. Cependant, je crois que la très grande majorité des salariés qui expriment à la fois le besoin d'une réforme, et en même temps d'une réforme juste, attendent des organisations syndicales qu'elles pèsent au mieux dans le débat parlementaire actuel pour des résultats très concrets. Il n'est pas du tout certain, pour la plupart des salariés, que le processus de grève, notamment reconductible, peut conduire à ce résultat. »
On peut admirer le même sabir que l’autre con de la CGT. Grigri parle au nom de la « grande majorité » (tranquille) qui « comprend le besoin de réforme » et attend le miracle syndical et distingue les ouvriers spectateurs de leur propre défaite d’éventuels troublions innommables (et pas nommés) pour s’asseoir sur l’idée même de grève reconductible, forcérnent anti-syndicale puisqu’elle suppose des AG de prolétaires qui la décideraient et non les désidératas des cartels syndicaux. A la question de Claudine, qui sait très bien l’art intersyndical de détruire une éventuelle montée en puissance de contestation (« Jusqu’où l’intersyndicale peut-elle aller sans risque de fracture de l’unité à propos des 60 ans ? »), le bonze Grigri reste évasif mais ne nie pas que c’est ce qui pend au nez des milliers de naïfs si cela devait durer. Michel, lui, décidément très méfiant pose une question dans le même sens que Claudine (car tout le monde finit par bien connaître les tactiques de sabotage syndical), on admirera encore une fois la réponse évasive du bonze :
« Michel : Pensez-vous vraiment que les journées d'action à répétition ne vont pas émietter la mobilisation et ainsi faire le jeu de ce gouvernement ?
Marcel Grignard : Le gouvernement a tout fait pour nous rendre la vie difficile en annonçant le contenu de son projet à la veille de l'été et en adoptant un calendrier de débat particulièrement rapide. D'une certaine manière, il nous oblige à multiplier les temps de mobilisation. Je pense malgré tout que la compréhension de plus en plus grande de ce que sont les injustices de cette réforme pousse à réussir les mobilisations successives et, de fait, à croire possibles des avancées significatives ».
Puma et Hibou vont enfin poser les questions qui entrainent des réponses qui révèlent la cuistrerie de tous les syndicalistes (je vous laisse juge du sabir si clair des larbins du gouvernement.fr) !
« Puma : Peut-on encore obtenir du gouvernement un recul sur les 62 ans ?
Marcel Grignard : Si nous avons décidé, avec d'autres, de poursuivre, et si possible d'amplifier les mobilisations, c'est parce que nous sommes convaincus que globalement les choses peuvent changer. Sur la question des 62 ans, je crois qu'il sera difficile de faire bouger le repère en tant que tel. Par contre, je crois qu'il est possible d'obtenir des infléchissements sérieux qui en limitent fortement l'impact.
C'est en particulier la question des carrières longues. On ne peut pas accepter qu'un salarié qui commence à travailler à 18 ans devrait, du fait du recul à 62 ans, cotiser quarante-quatre ou quarante-cinq ans avant de partir à la retraite, alors que d'autres en seront à 41,5 ans.
Hibou : Les syndicats ne sont-il pas trop frileux ? Pourquoi une nouvelle journée de mobilisation si tard ?
« Marcel Grignard : On ne pouvait pas décider d'une nouvelle journée d'action plus tôt que le 23 septembre, tout simplement parce que l'organisation de telles journées prend du temps et que, par exemple, il faut au minimum quinze jours dans les transports pour déposer un préavis. Par ailleurs, nous sommes dans un processus parlementaire où nous avons voulu peser dans le débat à l'Assemblée nationale en manifestant le premier jour du débat, le 7 septembre. La journée du 23, en amont du débat au Sénat, vise à réinterpeller les élus, qui doivent entendre ce que leur disent les salariés qui sont leurs mandants sur cette réforme.Par ailleurs, on n'ignore pas la difficulté pour les salariés, tant sur les questions d'emploi que sur les salaires. On ne peut pas appeler à tout bout de champ à l'action et à la grève ».
L’organisation de la grève par les syndicats gouvernementaux a été légèrement différente des précédentes JA, sinon cela lasserait les troupes, cela aucun des participants au « Chat » ne le relève. En bloquant intégralement les transports comme les autres fois, surtout sur Paris, on aurait vu encore moins de manifestants ; en laissant le métro circuler on a incité les gens à venir défiler (pas très jeunes et surtout des embrigadés syndicaux). Les manœuvriers syndicaux sont capables de varier le mouvement des troupes, faut pas les prendre pour des imbéciles. La grève « reconduite » pour le 23, mais par les Etats-majors des syndicats gouvernementaux est la nique aux gauchistes suivistes extrémistes : elle aura lieu pour faire coucou aux élus bourgeois dans leur hémicycle de ratifieurs béni-oui-oui face aux cris d’orfraie des clowns de la gauche caviar.
Evidemment, dans un tel débat « national » piégé depuis des mois et dans la nasse syndicale, le questionnement est trop confus. La détermination de l’Etat (gouvernement + syndicats) à faire durer le plaisir de l’attente sado-maso était nécessaire pour mieux « entuber » la classe ouvrière, lui refiler ce sentiment d’impuissance et d’amertume inévitable après avoir été enfermée dans une série de longues manœuvres depuis les coulisses de l’Etat, manœuvres sybillines, perverses et difficiles à confronter comme telles:
- il y a, je le répète, 36 sortes de retraite en cours et à venir, et contrairement à une éventuelle revendication unitaire (rêvée par gauchistes et maximalistes) autant demander l’égalité des salaires : les retraites sont en elle-même un scandale depuis 50 ans, quoi de commun entre la retraite des cadres et des ouvriers et de ceux qui n’ont pas toutes leurs annuités ? La plupart des prolétaires partent désormais « à la carte », « à la tête du client » ; votre voisin d’atelier ou de bureau a déjà rajouté deux ou trois ans pour un taux approchant même pas les 70% ; on part depuis longtemps à 62, 63 ou 65 ans…
- la presse du gouv.fr (Le Figaro) montre du doigt les régimes spéciaux qui conservent leurs avantages (comble d’hypocrisie, la CGT pousse les cheminots aux JA sans lendemain autre que disque rayé et pour faire croire à une « solidarité unitaire »)
- hors des sondages mensongers une majorité d’ouvriers n’ont pas oublié que CGT+CFDT ont fait passer les réformes successives des Balladur et Fillon (toujours en première ligne et nullement fustigé, quoique les bonzes l’aient snobé en public à la télé car ils sont les obligés du Sarkozy en titre) et ne croient aucunement à leur bla-bla contestataire ampoulé et véreux face aux journalistes ;
- la presse ment sur les conditions du passage à 65 ans ou 67 ans dans les autres pays européens où il existe autant de régimes différents et privilégiés de retraites,
- les manifestants n’étaient déjà que les figurants des états-majors syndicaux et ils sont désormais figurants du débat entre élus bourgeois au parlement.

Cette dite « lutte pour défendre la retraite à 60 ans » par les menteurs de la gauche caviar face à une droite caviar « pour sauver LES retraites » (celles de riches cadres et des femmes de bourgeois) est bien une gigantesque foutaise dont nous, les millions de prolétaires, sommes les spectateurs impuissants face aux gestionnaires du Capital. La vraie question posée est de foutre en l’air le système. Mais c’est pas encore le moment et ce système machiavélique nous fera avaler beaucoup encore des tonnes de vaches ,enragées avant qu’on dise : STOP ON VA DEVENIR VIOLENTS ET ON VA VOUS BOTTER LE CUL!

mercredi 8 septembre 2010

LA XENOPHOBIE EN MILIEU OUVRIER : UNE EXAGERATION QUI A LA VIE DURE



Critique et extrapolations à partir du livre de Gérard Noiriel : Le massacre des Italiens
(Aigues-Mortes, 17 août 1893) Ed Fayard 2010


Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes où la récolte du sel rassemblait des centaines de travailleurs français et italiens, s’est déroulé une émeute opposant « trimards » français et ouvriers immigrés italiens. Au moins 8 italiens ont été tués et des dizaines d’autres blesses. En dépit des preuves accablantes réunies contre les saisonniers autochtones, les assassins furent tous acquittés. Directeur d’études à l’EHESS (école des hautes études sociales) et membre de la commission gouvernementale antiraciste, Noiriel a étudié de près le déroulement du drame, l’expliquant comme conséquence des mutations politiques et économiques de la fin du XIXe siècle. Selon lui, les discours officiels sur la fierté d’être français ont incité les laissés-pour-compte de la République à s’acharner contre ces étrangers ; le patronat, les militaires, les journalistes, les juges et les politiciens sont parvenus à échapper à leurs propres responsabilités. L’analyse est assez réductrice et conforte les ignorances sur les causes réelles et la théorie gauchiste bobo d’un racisme éternel intrinsèque aux classes pauvres. Noiriel en rajoute une couche, en refaisant l’histoire de la fin du XIXe siècle mais à la lumière de ce qu’il voit en ce début du XXIe siècle. C’est une sorte d’histoire à l’envers qui, sous couvert d’érudition du passé, jette la confusion et tente de ressourcer les idées humanistes, intemporelles et hypocrites de la bourgeoisie ; il n’est donc pas étonnant qu’il soit publié chez Fayard, en tant que membre d’une commission gouvernementale. A propos des Italiens tués lors des affrontements sanglants de ce 17 aout 1893, Noiriel parle explicitement de « victimes de l'identité nationale », avec une allusion plus qu'évidente à ce qui se passe de nos jours. En faisant un parallèle avec la situation actuelle, il conteste bien la thèse du livre du bourgeois souverainiste Max Gallo auteur de « Fiers d'être Français ! » ; ce derrnier se sert de la tragédie d'Aigues-Mortes de façon instrumentale chauvine. Il prétend opposer les Italiens d'antan, qu'il considère comme un modèle d'intégration, aux peuples de banlieue et leurs émeutes, dont il ne faut pas nier la « dimension ethnique », qui risquent de provoquer la « balkanisation de la France ». Noiriel lui oppose un article du site gauchiste Bellaciao qui s'intitule « Mohammed s'appelait alors Giovanni », comme exemple de tentative de « susciter un réflexe de solidarité avec [les immigrés] d'aujourd'hui » en rappelant les souffrances de ceux d'hier.
L’ouvrage de Noiriel « Le creuset français », paru en 1988, passe pour la première histoire générale de l'immigration en France. Critiqué lors de sa sortie, l’ouvrage, qui a intronisé Noiriel comme sociologue présentable et récupérable, décrivait la construction juridique et administrative de l'immigré, en particulier que l'apparition des termes « immigration » et « immigré » coïncide avec les débuts de la Troisième République. Noiriel n’innovait pas, le mouvement révolutionnaire a toujours souligné que l'immigration est intimement liée à l'industrialisation des pays développés, en permettant au patronat de s'en servir comme variable d'ajustement face aux résistances de la paysannerie ; et que les prolétaires n’ont pas de patrie.

XENOPHOBIE OUVRIERE ?

Noiriel veut vendre sa camelote avec une idée passe-partout, typique de l’élite bourgeoise, qui ne voit les prolétaires que comme de perpétuels crétins : « En effet, cette affaire (d’Aigues-Mortes) figure aujourd’hui dans toutes les histoires de l’immigration comme l’exemple le plus sanglant de la xénophobie ouvrière » (p. 71). Noiriel met évidemment xénophobie sur le même plan que le concept large et confus de racisme, qui permet de diaboliser en général les classes inférieures. En réalité, loin d’être des rixes racistes ou xénophobes, les quelques 80 rixes qui ont lieu en France de 1870 à 1890 (y inclus les « Vêpres marseillaises » du 17 juin 1881) ne concernent pas une lutte pour « l’identité nationale » mais, très prosaïquement pour « défendre son boulot », et ces rixes se confondent souvent même avec la lutte contre les « jaunes » ce que n’examine pas monsieur le sociologue gouvernemental. Le « massacre des Italiens » du 17 août 1893 est largement extrapolé par le sociologue à sensation (éditoriale et financière, toutes les médiathèques de gauche ont acheté son livre…) est fort simplement résumé au plus près de la vérité dans l’annexe 1, le rapport du procureur général de Nîmes Léon Nadal. Personne n’est blanc. Les ouvriers piémontais plus costauds que les « trimards français » cassent les cadences ; ce sont eux les premiers provocateurs quand l’un d’eux jette son pantalon sale dans la cuve à eau potable des ouvriers autochtones, déclenchant la bagarre meurtière. Noiriel hausse au rang d’un prétendu combat politique nationaliste un fait divers, certes émeutier et sanglant, mais dont il fait usage au même titre que les médias de l’époque mais… aujourd’hui, et contre une classe ouvrière, supposée traditionnellement arriérée et chauvine. Il place ce fait divers sur le même plan que les représailles un an plus tard contre des Italiens en France suite à l’assassinat par Caserio du président Sadi Carnot, mais il n’explique ni les éléments et groupements qui ont exercé ces représailles, comme il ne s’étend pas sur les dits « ouvriers massacreurs » d’Aigues-Mortes. En vérité, la chasse à l’italien dans les rues d’Aigues-Mortes est encouragée par les petits patrons et ces fameux « trimards » qui ne sont pas des ouvriers évolués. Peut-on même les qualifier de prolétaires ? Ils sont pour la plupart vagabonds, SDF apaches, saisonniers sans foi ni loi. Ils sont bagarreurs et violents. La classe ouvrière est encore en train de se « moderniser » dans les années 1880 mais compte une majorité d’anciens ruraux, illettrés et instables. Elle n’est pas encore cette classe de masse qu’elle va devenir subitement au début du XXe siècle, délaissant les vieux fantasmes jacobins et sanguinaires. Les éléments massacreurs d’Aigues-Mortes sont plus proches du lumpen que de cette classe ouvrière industrielle qui n’aura plus le culte de l’émeute, et ne se rangera plus derrière les petits boutiquiers terroristes pour qui l’appel au meurtre est le pic de la révolte. Noiriel ne nous dit quasiment rien des réactions de la IIe Internationale qui pourtant, face à ce drame, rappela la fraternité fondamentale entre ouvriers.
Le seul élément moderne que nous retiendrons du drame d’Aigues-Mortes est qu’il a lieu en pleine crise économique, en tout cas d’une grave crise du « bassin d’emploi » des salins du Midi. Et cela nous apparaît comme une explication bien plus moderne, et utile à la compréhension de nos problèmes… modernes, apparemment insolubles comme le sel.

L’IMMIGRATION N’EST PAS SOLUBLE DANS LA NATION

Contrairement à Noiriel, des auteurs anglo-saxons plus sérieux ne se sont pas limités aux bornes de leur pays. Eric Hobsbawm a fait remarquer que « le milieu du XIXème siècle marque le début des plus grandes migrations de l'histoire de l'humanité », avec pour commencer le flux énorme d'immigrants européens aux Etats-Unis et, dans une mesure moindre, en Amérique du Sud, Australie et Afrique du Sud. Le résultat le plus spectaculaire est celui des USA, la proverbiale « nation d’immigrants », sa classe ouvrière étant formée des vagues successives d'immigration. Il y a de nombreux autres cas, qui vont des travailleurs immigrés irlandais dans l'Angleterre victorienne à l’utilisation massive de travailleurs agricoles polonais par les propriétaires fonciers prussiens de la fin du XIXème siècle. Le recours au travail immigré s'est imposé comme un des traits structurels du capitalisme avancé dans la deuxième moitié du XXème siècle. Dès le début des années 70 il y avait près de 11 millions d’immigrés dans l'Europe Occidentale, venus d'Europe du Sud ou des anciennes colonies durant le boom des années 50 et 60. Et même pendant les années 70 et 80, marquées par la crise, les USA ont continué à attirer une vaste immigration nouvelle d'Amérique Latine et d'Extrême-Orient. Les capitalistes emploient des travailleurs immigrés à cause des bénéfices économiques qu’ils leur apportent : ils contribuent à la flexibilité de l'offre de travail, acceptent naturellement des emplois dans des travaux sales et mal payés. Mais, bien au-delà, l'existence d'une classe ouvrière composée d'indigènes et d’immigrés (ou, dans le cas des Etats-Unis, de représentants de vagues plus ou moins récentes d'immigration) rend possible la division de cette classe selon des démarcations raciales, surtout si les origines nationales correspondent, ne serait-ce que partiellement, aux différentes situations dans la division technique du travail (par exemple, entre ouvriers qualifiés et OS).
Marx comprenait la façon dont les divisions raciales et ou religieuses entre travailleurs indigènes et immigrés pouvaient affaiblir la classe ouvrière, comme il l’a montré dans sa célèbre lettre à Meyer et Vogt du 9 avril 1870. Marx tentait d'y expliquer pourquoi la lutte des Irlandais pour l’autodétermination était une question vitale pour la classe ouvrière britannique :

« Enfin, l'essentiel. Tous les centres industriels et commerciaux d'Angleterre ont maintenant une classe ouvrière scindée en deux camps ennemis : prolétaires anglais et prolétaires irlandais. L'ouvrier anglais ordinaire déteste l'ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau de vie. Il se sent à son égard membre d'une nation dominante, et devient, de ce fait, un instrument de ses aristocrates et capitalistes contre l'Irlande, et consolide ainsi son pouvoir sur lui-même. Des préjugés religieux, sociaux et nationaux le dressent contre l'ouvrier irlandais. Il se conduit envers lui à peu près comme les blancs pauvres envers les niggers dans les anciens Etats esclavagistes de l'Union américaine. L'Irlandais lui rend largement la monnaie de sa pièce. Il voit en lui le complice et l'instrument aveugle de la domination anglaise en Irlande. Cet antagonisme est entretenu artificiellement et attisé par la presse, les sermons, les revues humoristiques, bref, par tous les moyens dont disposent les classes au pouvoir. Cet antagonisme constitue le secret de l'impuissance de la classe ouvrière anglaise, en dépit de sa bonne organisation. C'est aussi le secret de la puissance persistante de la classe capitaliste, qui s'en rend parfaitement compte ».

Dans ce passage remarquable, Marx ébauche une explication matérialiste de la xénophobie dans le capitalisme moderne. Nous pouvons y trouver trois conditions fondamentales de l'existence du « rejet de l’autre »:
1) La concurrence économique entre les travailleurs (« l’ouvrier anglais ordinaire déteste l'ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau de vie »). Il y a un schéma particulier de l'accumulation du capital qui implique une distribution spécifique du travail, représentée sur le marché du travail par des taux de salaires différents. Dans les périodes de restructuration du capital, alors que le travail se trouve déqualifié, les capitalistes remplacent les travailleurs qualifiés en place par une main d’œuvre meilleur marché et moins qualifiée. Si les deux groupes de travailleurs ont des origines nationales/religieuses différentes, et par voie de conséquence sans doute des langues et des modes de vie différents, il existe un potentiel de rejet irrationnel dans les deux entités de prolétaires. C’est une situation qui s’est souvent répétée dans l'histoire de la classe ouvrière américaine sous forme de divisions raciales, alors qu’au fond elles ne peuvent être que des tentatives bornées des travailleurs qualifiés pour défendre leurs positions dans le cadre national limité. Dans toute une série d'occasions, au cours du XIXème siècle, des travailleurs noirs américains furent délogés des niches de qualification qu’ils étaient parvenus à occuper à la place de travailleurs blancs - par exemple, par des immigrants irlandais sans qualification dans la période qui a précédé la Guerre de Sécession.
2) L'attrait de l'idéologie du rejet (non pas du racisme) pour les travailleurs autochtones (pas spécialement blancs de peau) (« le travailleur anglais ordinaire... se sent un membre de la nation dominante »). Le simple fait de la concurrence économique entre différents groupes de travailleurs n'est pas suffisant pour expliquer le développement de la xénophobie. Pourquoi la xénophobie opère-elle une telle séduction sur les travailleurs autochtones ? Les gauchistes hurlent contre l’assimilation de la délinquance à l’immigration et confortent ainsi la xénophobie, en premier lieu, en niant une part de la réalité subie par des prolétaires maghrébins français de souche eux aussi. D’autre part dans le cas de la France, c’est un fait que les derniers arrivés (les italiens avant guerre, les maghrébins de nos jours) étant les plus pauvres et les plus ostracisés dans le marché du travail, ce n’est même plus la deuxième génération mais la troisième génération qui se laisse tenter par les petits trafics illégaux et qui dégage le plus d’éléments violents, qu’on peut assimiler aux lumpens plus qu’aux « trimards » d’Aigues-Mortes en 1893.
Les commentaires angéliques du milieu ex-ultra gauche genre CCI esquivent le fond du problème en faisant de la simple surenchère humanitaire par rapport aux gauchistes, et de peur de paraître faire des concessions aux fractions d’extrême droite ; ce n’est pas très courageux. La théorie (marxiste) d’une unité de la classe ouvrière ne marche plus dans les conditions actuelles de domination des communautarismes et l’étalage des colifichets religieux. La division est soigneusement entretenue et vient de loin. La fraction de gauche de la bourgeoisie française porte une lourde responsabilité dans l’établissement de cet éclatement social : depuis sa prise du pouvoir au début des années 1980 elle a laissé se généraliser le voile ; on se souvient des terribles images de 1983 où les ouvriers des usines de Poissy ou d’Aulnay sous bois, se balançaient à la figure des boulons …
On creusera plus loin la question de l'obtention de salles de prière dans les usines, qui n’étaient pas l'objet principal des grèves dures comme à Talbot Poissy en 1982. Lors d'une grève chez Renault en 1983, Pierre Mauroy déclara : « Les principales difficultés qui demeurent sont posées par des travailleurs immigrés […] agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises ». En charge de la gestion de l’Etat bourgeois, alors qu’elle venait de promettre électoralement de raser gratis, la gauche au pouvoir ne pouvait que miser sur la division des ouvriers entre français et immigrés, tout comme d'assimiler les grévistes immigrés à des intégristes en puissance.

TOUTES LES FRACTIONS BOURGEOISES ONT FAVORISE LA RENAISSANCE DE LA XENOPHOBIE

La fraction de droite accuse la fraction de gauche en France de laxisme par rapport à l’actuelle « islamisation » et « halalisation » de la France. Propos d’estrade. Les choses sont plus compliquées, et on ne peut même pas dire que les politiciens soient vraiment responsables de la déstructuration de la société – ou du moins de cette espèce de bariolage communautaristo-religieux qui s’est progressivement implanté – car la société capitaliste obéit avant tout à des exigences économiques et sociales ; députés et ministres bourgeois ne contrôlent pas grand-chose même quand ils pensent tenir la barre. La droite actuellement au pouvoir reproche à la gauche d’avoir favorisé par son laxisme l’intégrisme de rue, le foulard, la viande halal… C’est en partie vrai. L'apparition de "foulards" à Creil, en 1989, étrangement semblables au voile iranien imposé en Iran depuis la révolution islamique de 1979, avait déclenché un grand débat national. Le ministre de l'Education nationale d'alors, Lionel Jospin, avait renoncé à légiférer, laissant chaque chef d'établissement régler "à sa sauce" la question. S'en tenant à un recours au Conseil d'Etat, il jugeait le "foulard islamique" compatible avec la laïcité : "son interdiction ne serait justifiée que par le risque d'une menace pour l'ordre dans l'établissement ou pour le fonctionnement normal du service de l'enseignant". Lors de la séance à l'assemblée nationale le 3 novembre 1989, Lionel Jospin (soutenu par Jack Lang, alors ministre de la Culture), est vivement critiqué par « l'opposition libérale et le Parti communiste, mais aussi par plusieurs députés socialistes » parce qu'il ne respecte pas le principe de laïcité ; les enseignants du collège de Creil demandaient à Lionel Jospin de venir dans l'établissement pour expliquer ses directives ; La Voix de l'Islam, une association ultra-musulmane (dite « islamiste »), avait appelé à une manifestation pour le port du voile à l'école, mais l'avait annulé pour organiser « un débat sur les droits et les devoirs des musulmans en France » le 11 novembre 1989. Le 4 novembre 1989, ce sera au tour de Danielle Mitterrand de se prononcer pour le respect des traditions et accepter les filles voilées à l'école. Danielle Mitterrand sera accusée par Marie-Claire Mendès-France de faire le lit de la « charia musulmane ». De son côté, Julien Dray (PS) prônait l'acceptation des filles voilées qui, ainsi, « évolueront d'elles-mêmes » tout en soulevant la problématique d'intégration de la population d'origine étrangère, avec ce double langage typique des contestataires de l’appareil. Ce sera sous Jacques Chirac, pour marquer sa faible différence dans sa continuité gouvernementale après la gauche, que le port du voile, progressant inexorablement, donnera lieu à la loi sur "l'interdiction des signes ostensibles religieux à l'école" sera votée... en 2004, après les travaux approfondis de la Commission Stasi. Les Verts et les gauchistes apportèrent leur soutien aux « voilées » ; il faut toujours un bouffon dans les rangs de la gauche caviar pour laisser penser que tout est tolérable… pour les pauvres et les aliénés.
Indépendamment de ce charivari entre compétiteurs bourgeois, dans un contexte de discriminations multiples (recherche d'emploi, de logement, entrée en discothèque, contrôle de police au faciès etc), une partie de la population d'origine immigrée se réfugie dans la religion, ce qui explique un certain retour de l'islamisme. Comme au niveau international, cela s'explique aussi par l’effondrement il y a vingt ans du faux communisme « soviétique ». En tout cas, au nom de la « tolérance républicaine », et de leur laxisme électoraliste.
Ces petits chantages ou accusations entre amis des fractions de droite et de gauche ne sont que le reflet de la politique de la bourgeoisie au niveau mondial. Depuis une dizaine d'année, une véritable vague d'islamophobie a été attisée par les gouvernements des pays impérialistes. La véritable raison idéologique pour cela a été de justifier l'intervention impérialiste au Moyen Orient (guerres et invasion de l'Irak et de l'Afghanistan, occupation israélienne de la Palestine) ainsi que la « guerre au terrorisme » sous couvert d'une prétendue menace islamiste. Toute la civilisation occidentale serait ainsi en danger à cause de la montée de l'islamisme dans ces pays ainsi que au sein des communautés immigrées (théorie du « choc de civilisation »). Comme au temps du colonialisme, cette théorie a pour but de masquer la bagarre planétaire entre grandes puissances sous le drapeau de la lutte pour l’antiracisme, la démocratie et le droit des femmes.

L’USINE STADE SUPREME DE L’INTEGRATION

Revenons au cœur du problème qui se situe… dans la lutte (désormais) opaque des classes. Ami de la gauche caviar et antiraciste, Noiriel ne peut pas être utile à la réflexion sociale et politique pour comprendre à la racine la DESINTEGRATION sociale. Il ne le peut certainement pas en mettant sur le même plan immigrés italiens et arabes, non pas seulement parce que ce serait une histoire de religions (les italiens étant intégrable comme chrétiens… ce qui ne les a pas empêchés d’être assassinés par d’autres chrétiens mais français à Aigues-Mortes) – mais parce qu’il s’agit de deux époques différentes : la fin du XXe siècle est encore une phase de révolution industrielle et les émeutes même ouvrières sont encore marquées par la phase artisanale de la société ; à la fin du XXe siècle déjà la société est marquée par une désindustrialisation intensive, et on parle couramment depuis l’an 2000 de « destructions d’emplois ».
Penchons-nous, pour mieux comprendre et la différence de période et la fin des possibilités d’intégration, sur un moment de l’histoire, à la veille d’ailleurs de la fin des deux grands blocs issus de la Seconde Guerre mondiale, sur des événements très particuliers au début des années 1980 en France. Et concernant des salles de prière en usine où, en principe le religieux n’a pas sa place, ni le politique au demeurant.

LA FIDELISATION PIEGE A CONS

Dans la période qui suit mai 1968, moment pas du tout ludique de remise en cause surtout du « travail à la chaîne », la bourgeoisie a beau jeu d’invoquer la « participation », un encadrement plus humain, et relâcher les rênes, les ouvriers français urbains ne se précipitent plus vers les usines. Les campagnes du côté de Flins et Sandouville voient de moins en moins s’approcher des « forteresses ouvrières » les fils de paysans. Il faut mener une autre politique, au moins aussi importante : la fidélisation des ouvriers immigrés qui, eux, poussés par les privations hors des anciennes colonies, sont instables. On leur interdit depuis le début des sixties de venir en famille et ce sera Giscard qui, en 1974, permettra enfin le « regroupement familial », non par souci d’humanité mais pour fixer une main d’œuvre intéressante. Cependant comme les ouvriers français soixantehuitards, les prolétaires immigrés ressentent cruellement la robotisation et la déshumanisation de l’usinisme ; ils seront d’ailleurs le fer de lance de la lutte contre la robotisation à peine dix ans plus tard avec en face d’eux la gauche bourgeoise au gouvernement. Le prolétaire immigré a besoin de pain mais, comme tout être humain, il a aussi besoin « d’âme », ou d’esprit, ou d’identité. Quand la droite bourgeoise accuse la gauche d’avoir favorisé par ses laxismes la montée de l’intégrisme, elle oublie de rappeler qu’elle était au pouvoir lorsque ses patrons ont négocié avec les imams les premières salles de prière pour « fidéliser » ces prolétaires coupés de leurs racines et voués à cette vie morne « métro-café de l’usine-usine-dodo dans un meublé », qui tendaient à s’enfuir régulièrement. Ainsi, en 1979, est tolérée avec bienveillance la création de l’Association Islamique de Billancourt, qui obtient même des locaux municipaux pour ses réunions. Peu après, succédant à la droite patronale bienveillante, les technocrates de la gauche au pouvoir se rendent compte à leur tour que l’entreprise doit rester le lieu essentiel d’intégration, moyennant des concessions religieuses pour tenir les nouveaux principaux forçats d’un usinisme de plus en plus rejeté (*).

En 1982-1983, la gauche au pouvoir aggrave la crise malgré elle et doit y faire face, alors qu’elle aurait dû rester dans l’opposition. Les trois premières années du gouvernement Mauroy sont une catastrophe, le chômage bondit à des hauteurs inégalées. Nous les maximalistes révolutionnaires nous combattons généreusement contre les licenciements et toujours angéliquement pour l’unité de tous les ouvriers français et immigrés. Pourtant la perception est différente à l’intérieur des usines de PSA et de Renault où les ouvriers immigrés sont de plus en plus majoritaires. Frappés en première ligne par les licenciements, ils refusent de quitter cette putain d’usine qui est leur « lieu de vie », et en plus ils considèrent que leur licenciement est un « acte raciste ». La presse bourgeoise se fait l’écho en 1982 d’un « Printemps de la dignité » à Talbot-Poissy et à Citroën-Aulnay (Renault ce sera en 85) mais sous le signe de « L’intégrisme musulman » ; les professionnels de l’intox mettent au premier plan une intox de première : la revendication de salles de prière intra-muros dans l’usine, chose propre à choquer le français lambda bien logé, qui a son Eglise et sa famille à la campagne. En vérité, les ouvriers – qui vont se canarder salement à coups de boulons contre les énergumènes du syndicat maison - avaient alors débrayé pour plus de liberté syndicale, une augmentation des salaires, et davantage de dignité (sous-entendu éliminer les méthodes terroristes des fachos de la CFT). Les salles de prière n’étaient pas une des revendications principales du mouvement, mais elles se sont greffées au mouvement, réclamées par des responsables syndicaux de la CGT après le 29e jour non travaillé. La gauche légalisa une situation de fait, sous prétexte d’humaniser la vie de merde du travailleur expatrié, qui, comme il n’y avait pas de salle aménagée (il était interdit de faire la prière à l’usine), priait de toute façon à son heure au bord des lignes de montage et c’était très dangereux. Depuis trente ans, la gestion de l’islam en entreprise est devenue un réflexe chez PSA. Pendant la période du ramadan, les pauses déjeuners sont adaptées aux horaires de la rupture du jeûne. Les musulmans pratiquants ont droit à cinq minutes de plus pour manger, les non-musulmans en profitent pour fumer une cigarette ou boire un café. Des sandwiches hallal cohabitent avec ceux au saucisson sec dans les distributeurs.
En 1986, une partie des ouvriers algériens refuseront de continuer à aller à la mosquée de l’usine, estimant légitime de disposer d’une vraie mosquée à l’extérieur du lieu de travail. Ce choix n’est pas un choix vraiment décidé mais accompagne les licenciements. Perdre son travail en usine signifie perdre quelque part aussi son identité de musulman puisque c’était le lieu où était effectuée la prière. La fermeture de Renault-Billancourt accélère le désarroi des ouvriers musulmans. Alors que certains avaient déjà eu tendance à délaisser les règles religieuses au contact des ouvriers français, le fait de se retrouver au chômage va les pousser à compenser par un refuge plus grand encore dans l’islam. La CGT utilise sans gêne cette religion et ses imams-ouvriers comme vecteur de ses grèves. Parallèlement, les différents Etats d’Afrique du Nord, dont les revenus des ouvriers sont une manne appréciable, les relient à leur pays d’origine par l’entremise de leurs propres imams. Et ce maintien d’un esprit national, qui n’est pas pour déplaire aux patrons de Renault et PSA, passe par les bons offices du syndicalisme qui recrute de plus en plus des permanents arabophiles. On peut même parler d’une espèce de militant « syndicalo-religieux » (j’avais pris la parole devant l’usine d’Aulnay sous bois, une fois, à côté d’un zèbre de cette espèce, filmé par FR3 SVP !).
Il faut le noter, la reconnaissance de l’islam dans l’usine a précédé sa reconnaissance et intronisation au niveau de l’ensemble de la société. Répétons-le, pas par souci de tolérance ni de respect des religions quelles qu’elles soient, mais pour « fixer » dans le bagne usiniste les prolétaires migrants. Jusqu’à présent pourtant, bien que facteur de division parmi les ouvriers des usines classiques, l’islam reste une religion conçue différemment selon les uns et les autres. Majoritairement l’intégrisme dur n’est pas plus accepté que la politique en général. L’intégrisme radical (de type fasciste) est perçu comme totalitaire ou extrémiste par la plupart des ouvriers. Contrairement à la réputation qu’on lui fait d’être grégaire, l’islam reste affaire de l’individu face à soi-même : « On ne peut pas forcer un gars à faire le ramadan ou la prière » (tunisien, 51 ans, 21 ans d’ancienneté, non-syndiqué, imam du département 49 ; cf. Revue européenne de Migrations internationales n°3, 1991 : « Les travailleurs musulmans à Boulogne-Billancourt, Le repli » par Xavier Bougard et Philippe Dialo).
Un constat pour clore aujourd’hui ce message-blog : La société capitaliste décadente ne peut plus réaliser l’intégration « sédentaire », c’est sa crise systémique inexorable qui freine puis empêche toute intégration, même la nôtre à nous pauvres autochtones frappés autant par le chômage, la peur du lendemain, la maladie et la vieillesse que nos frères de classe immigrés. Ni Sarkozy ni le Coran ne représentent notre avenir.


(*) En 2009, on trouve cet article dans Les Echos : « C'est l'une des questions les plus sensibles dont ont à connaître certaines entreprises : la prière, souvent perçue par les autres collaborateurs comme un signe de radicalité. Les pratiques se font discrètes, excepté chez les constructeurs automobiles, sans doute parce que le secteur fut l'un des premiers à faire appel à une population immigrée. Ainsi, une salle de prière existe à l'intérieur même de l'usine de Flins. « Elle est souvent utilisée le vendredi par les équipes du matin. Cela leur évite de se rendre à la mosquée, observe-t-on chez Renault. A un moment, il y avait même un imam salarié de l'usine ! » Certes, les entreprises ne sont nullement tenues de fournir ces espaces de recueillement. Mais « on autorise bien les fumeurs à s'absenter quelques minutes, alors pourquoi ne pas laisser quelques instants à ceux qui veulent s'isoler pour prier, si cela ne gêne pas le service », observe Philippe Hagmann, responsable de la vie au travail et de la diversité chez EDF.

mardi 7 septembre 2010

BOCHET REHABILITE LES « BOCHES »

Critique des numéros 30 (355 pages) et 31 (211 pages) de la revue Discontinuité (juillet 2010)

Naguère, nous avions l’habitude de plaisanter, en tant que militants du CCI, sur les apparitions à éclipses des modernistes, c'est-à-dire de la petite bourgeoisie intellectuelle parasitaire : « en période de lutte de classe, ils disparaissent. Lorsque le temps calme revient, ces chauves-souris repointent le bout de leur nez pour ressortir leurs salades ». Le modernisme a disparu, absorbé par la sociologie bourgeoise qui l’avait déjà conditionné ; son bâtard, le « mouvement communisateur » est resté un embryon mort-né qui n’a trouvé aucun lectorat fiable. Il reste quelques individus épars, sans tradition, infantiles et sans foi ni loi, qui glissent invariablement dans l’idéologie la plus minable et la plus glauque de la bourgeoisie, un retour au passé pour analphabètes et impuissants. F. Bochet est de ceux-là, triste illustration de l’errance d’une ultra-gauche disparue dont seuls les anarchistes incultes se disputent les oripeaux.
En ce jour de promenade syndicale, je livre ce long texte d’analyse d’une déchéance intellectuelle, plus que d’un danger d’avenir. Le mot perversion recouvre assez bien l’examen des délires d’un petit professeur isolé : perversion de l’entendement, perversion de la logique, perversion de la perception humaine, perversion de la conception de la politique, etc.
Loin d’être marginal, notre petit Bochet de rien du tout est bien « dans le vent ». Plus que ces « jeunes » qu’il méprise comme prof hautain, plus que ces wesh-wesh encapuchonnés et fous de communication avec une technologie qui l’empêche, il fonctionne en pervertissant toute compréhension du monde. Tiens, comme les bonzes syndicaux aujourd’hui. C’est subtil, mais cela doit fonctionner. D’habitude, lors d’une JA nationale d’action sans but, ils ordonnent à leurs sous-fifres de la RATP et de la SNCF de tout bloquer pour faire croire qu’ils sont suivis, et empêcher en même temps les gens d’aller aux manifs. Aujourd’hui – et la province est à part, où elle peut défiler massivement sans gêner le gouvernement – « ils » ont laissé le métro fonctionner… pour que tous les bobos parisiens puissent venir faire risette sur les boulevards et faire croire qu’on a dépassé « les deux millions » de la balade inutile précédente.
Subtil hein ! Et sans forcer sur la surenchère. Mais revenons au long laïus de Bochet, je l’ai analysé avec soin, et je l’ai soigné aux petits oignons pour toi le travailleur qui est resté à la maison, décidé à protester contre l’ignominie de l’attaque du gouvernement mais sans te solidariser avec ses complices qui organisent ne ce moment même le défilé des cocus de la république. Tu verras que le marxisme et la présence du prolétariat provoquent encore une haine pathologique qui ne trouve ses expédients que dans les colifichets et la propaganda inisipide de la barbarie militaire du passé qui n’est pas passé.

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Les lecteurs de PU sous forme papier au début des années 2000 savent encore ce que je pense de « l’œuvre » de François Bochet, récipiendaire de sa revue artisanale «Discontinuité », qui se réclame du révisionnisme d’Invariance deuxième série : mépris littéraire et aristocratique du prolétariat et délires naturiens. On peut résumer ainsi cette longue accumulation de textes disparates : reprises de textes de la tradition communiste pour en pourrir le fond et les noyer aux côtés des textes les plus réactionnaires des idéologues bourgeois des XIXe et XXe siècles, enfin une entreprise moderniste anti-révolutionnaire et nihiliste déversoir de citations emphatiques, de notes éléphantesques, de considérations piquées ici et là au courant maximaliste communiste, pimentées d’un antisémitisme récurrent de moins en moins dissimulé, sans oublier une tendance à faire la leçon à Bordiga, invité d’honneur permanent aux humeurs d’un petit prof de province qui se prend pour un nouveau Montaigne ; Bordiga est cité à tout bout de champ pour appuyer une démonstration réactionnaire en faveur d’une restauration d’un ordre moral très terrien, comme pour donner du sel à un long discours parfaitement insipide et limité dans ses considérations ponctuelles et superficielles. Bochet ne serait-il, du point de vue de l’analyse cacophonique et apeurée de la société, qu’une sorte d’Edgar Morin, ce fabricant de marmelade idéologique, de l’ultra-gauche enterrée ?
Il est prof comme tous ses collègues successeurs du modernisme, les clowns "communisateurs » qui n’ont jamais pu « percer » dans l’édition ni être reconnus à leur juste inanité intellectuelle de "maîtres à politiser" en dehors de leur salarisation pour enseigner le ba b a. Les profs, cette catégorie de fainéants petits bourgeois, ont du temps pour lire, énormément de temps. Bochet lit beaucoup et comme il est seul dans son coin, il peut dé-lirer beaucoup, et il n’aura personne pour le contredire. Pendant plusieurs années Bochet a fait traduire ou traduit lui-même une certain nombre de textes du maximalisme européen non accessibles aux lecteurs francophones, mais avec cette désagréable propension à les démolir en notes et à conchier Marx, Lénine, Bordiga, Pannekoek, etc. et lui, petit provincial de l’Eduque naze, qui n’a jamais pris un risque dans sa vie, qui est si piètre orateur (cf. sa conférence poussive où il essaie de faire passer Bordiga pour crypto fasciste), s’ingénie à faire la morale au monde entier (certes décadent, putrescent et pornographique) au nom de sa propre impuissance végétarienne, pacifiste et contemplatrice. Bochet est un bouddhiste nu dans la ville polluée en envahie par les horribles pestilences rayonnantes du portable, des satellites et le bruit incivilisé des rots des wesch-wesch.
Avec les numéros 30 et 31 de sa publication « irrégulière », Bochet a franchi un pas. Il se lâche, longtemps contenu dans une prudence sur le qui-vive vis-à-vis de la « répression » de la « police de la pensée gauchiste ». Il vomit littéralement des citations tout azimuts qu’il pompe à droite et à gauche, quoique de plus en plus à l’extrême droite, mais il s’affirme comme admirateur principal de son œuvre bariolée de décryptage des horreurs du monde capitaliste puant et envahi par la technique aliénée. Il s’affirme en même temps contempteur du prolétariat « intégré » et « soumis » au moins autant qu’il est contempteur du « lobby juif » et négateur des chambres à gaz. Lors de la charge de la police de la pensée gauche caviar et gauchiste dans les années 1980, le petit escargot avait pris peur et était rentré dans sa coquille (contrairement au pauvre Dauvé, il était passé à travers les mailles des accusateurs publics stalino-gauchistes comme les policiers Didier Doudingue et A. Finkielkraute (passé à l’extrême droite sarkozienne et récompensé de la légion d’honneur) adoubé par leur adjoint Bourseiller (pistonné à Sciences-Po). A présent, il nous ressort sans fard des apologies de Céline, Maurras, Degrelle, Rassinier, Plantin, il nie les chambres à gaz à chaque page, etc. et va jusqu’à nous fournir une compil de textes SS « naturiens »(cf. n°31 intitulé « Vie nouvelle »). Pourquoi se gênerait-il alors que toutes les idéologies bourgeoises débiles proches ont pignon sur rue : l’exploitation méritée des millions de travailleurs lobotomisés par la civilisation de supermarché, le mépris aristocratique des élites syndicales et politiciennes envers ces masses de « consommateurs », l’islamophilie consensuelle avec son ramadan stupide (si naturien pourtant !), l’antifascisme de salon (si intellectuel)le philosémitisme pacifiste garant de la légitimité des massacres de l’Etat d’Israël, la lutte morale de la police contre le grand banditisme hors du gouvernement, la chasse aux gitans par « l’Etat raciste », etc.

Si cet énergumène ne mêlait pas nos grands noms du mouvement révolutionnaire à ses délires littéraires et philosophiques, je ne lui accorderais même pas une ligne sur ce blog ; et je n’ai jamais encensé son « apport » contrairement à R.Camoin. Ne faisant pas partie des crieurs de la démocratie bourgeoise antifasciste faisandée, je ne suis pas là pour dénoncer ni agonir un individu isolé qui se fourvoie dans le marais de l’idéologie de l’extrême droite ; ce fourvoiement ne m’étonnant guère d’autant que Bochet n’a jamais été militant révolutionnaire maximaliste (comme d’ailleurs son compère F.Langlet qui publie lui ses considérations sur Bordiga dans Arrrrgh) ; j’ai souligné dans mon histoire du Maximalisme révolutionnaire que le passage dans le camp bourgeois (de gauche, de droite et d’extrême droite) ne concerne en général qu’une infime minorité de renégats, même si j’ai appris récemment la sympathie parallèle du fondateur du GCM pour l’extrême droite, le GCM n’ayant pas été un groupe notable du maximalisme, mais comme C ou C, une simple queue sectaire de la Gauche italienne.
Je chercherai plutôt à comprendre où Bochet veut en venir et si ses solutions, mâtinées de l’idéologie bourgeoise la plus nulle et élitaire (mélange de Heidegger et de Bakounine), sont à considérer. Ou si simplement il espère exister à travers ses compilations livresques et grotesques.

UNE ABSENCE DE CADRE D’ORIENTATION POLITIQUE

A moins que Bochet ne se prenne pour Spinoza, lequel écrivait en deux temps : le texte proprement dit et un deuxième texte d’analyse sur le premier, des notes copieuses adjointes. Peut-être pense-t-il être le fils légitime de Camatte, ancien militant bordiguiste de valeur, renégat réfugié dans la nature (si on peut dire), qui avait inauguré sa dissolution politique par des notes enflures en même temps que son compère Dangeville dénaturant tout cadre d’analyse politique cohérent, où l’exégète, dans une paranoïa croissante finit par confondre son écriture avec celle du maître ou finit persuadé d’avoir pénétré sa substantifique moelle au point d’imaginer abuser le lecteur dans la substitution.
Bochet innove dans son parcours. Pour la première fois, dans le patchwork que constitue le numéro 30, le texte de présentation n’est plus ni présentation ni introduction du compilateur en son propre chef, mais une série de notes de lectures foisonnantes et dissonantes collées qui donnent lieu à une série de notes numérotées mais faramineuses, disproportionnées où Bochet nous étale tout ce qui lui passe par la tête, où il veut nous montrer qu’il passe plus de temps à lire tout ce qui lui tombe sous la main qu’à réfléchir à la réalité politique et sociale.
Dans sa solitude, il est comme un beauf, sujet à toutes les affres des faits divers. Coupé de toute notion de classe sociale mais abusé par sa salle de classe « d’inférieurs », il est « suggestionné » par les événements du monde qui lui apparaissent cryptés à dessein par un complot universel contre dame nature. Coupé des réalités il ne ressent du monde que l’écho du fait divers, invention journalistique identifiée par Gérard Noiriel : « On sait, depuis Aristote que la tragédie est le genre littéraire qui a le plus d’impact sur le public car elle mobilise deux types d’émotions universellement répandues : la terreur et la pitié. Telle est la principale raison expliquant l’importance exceptionnelle que les journaux de masse ont accordé, dès le départ, à la violence, dimension centrale des faits divers. La structure du fait divers est toujours la même. Elle met en scène trois personnages : une victime (à laquelle sont censés s’identifier les lecteurs), un criminel et un justicier (policier ou juge). Le journaliste crée la connivence avec ses lecteurs sur le mode du « eux » et « nous », en parlant au nom des victimes et en défendant leur cause. Un grand nombre de faits divers se terminent par un enseignement édifiant qui peut légitimer une revendication généralement de type sécuritaire. L’invention de la rubrique des faits divers (au sens large du terme) permet à la presse d’utiliser des ressources émotionnelles empruntées à la littérature » (cf. Le massacre des italiens, Fayard 2010).
Quoique l’œuvre ininterrompue de notes infinies de Bochet ne puisse être comparée à du Alexandre Dumas en feuilleton, elle fourmille de rebondissements anodins ou hors de propos comme chez Cervantès, en pas drôle du tout. Avec le numéro 31, la prose des SS va remplacer celle de Bordiga et de la « Gauche allemande » des premiers numéros. Inouï !

UNE GLOSE NOMBRILISTE

Le numéro 30 lui permet de régler de vieux comptes qu’il n’osa pas conclure, ce grand timide, en temps et en heure. Sous l’intitulé « Sur Léon Tolstoï, Richard Wagner, Otto Rühle, Theodor Kacsynski et quelques autres », il nous explique la raison de son choix prométhéen de détritus littéraires collectés sur la plage abandonnée de la communisation échouée : « Notre objectif est toujours celui de sauver, de faire connaître et de mettre en relation des textes tombés dans l’oubli et séparés par le devenir historique, des mouvements ou des individualités méconnues, participant, et contribuant en cela, à la disparition de ce monde humain et de cette humanité qui en est partie prenante, et pour la qualification desquels il n’existe plus de nom ni d’adjectif. Nombre de ces textes n’ont pas de liens avec le mouvement révolutionnaire tout au moins avec le mouvement révolutionnaire classique orthodoxe, lequel mouvement est, selon nous, partie prenante de la vision scientifique anti-naturelle, industrielle et post-industrielle du monde… ».
Lorsqu’il veut paraître original, Bochet plagie des formules de Bordiga sur d’autre sujets pour donner un peu de relief à sa pérégrination intellectuelle monastique, accompagnée d’un pot d’eau fraîche et d’un croûton de pain, masquant sa pauvreté idéologique : « La révolution l’a bien emporté, le marxisme est devenu le discours officiel et infernal des médias et même de l’Etat antiraciste, écologiste, libertaire, antifasciste, philo-islamiste, xénophile, et antiautoritaire » (p. 3). Derrière le contempteur du philo-islamisme se cache pourtant un admirateur du ramadan sexuel: « … même l’exigence de la continence est à prendre en compte car si elle n’est pas naturelle, au contraire de la fin d’une consommation qui relève de la toxicomanie compensatoire, étant données la folie de l’espèce et sa conséquence horrible l’explosion démographique, le pullulement humain, une période de continence (volontaire ou forcée) risque d’être nécessaire pour que puissent survivre l’espèce humaine et les autres espèces humaines ». Ce type n’aura qu’un pas à franchir pour défendre la nécessité des chambres à gaz face à ce « pullulement » !
La compilation de notes de lectures sur divers grands auteurs de Goethe à Dostoïevsky ne sert qu’à illustrer que Bochet ne vit que dans le monde des idées et dans les bibliothèques après ses cours. La vraie il ne la connaît point, comme ces adolescents onanistes qui restent toujours cloitrés dans leur chambre. L’ado Bochet est dégoûté du monde de l’homme, cette racaille : « Là où l’homme arrive, tout est d’abord dégradé, puis pollué et ensuite détruit, et l’homme est maintenant partout… » (p.60). Effaré dans sa chambrette, il manifeste des délires malthusiens, des bouffées de chaleur catholiques traditionnalistes ; il voue une admiration sans borne aux péquenots. Dans ses fantasmes Heidegger bouscule Stirner qui serre la main à Celma, engueule Bordiga et Rühle. De ses mains fragiles d’ado perturbé il nous exhibe quelques feuillets d’un certain Kaczynski, mathématicien qui « ne prétendait pas agir au nom du prolétariat, de la lutte de classe, du communisme, et autres inepties » (p.72) ; ce triste sire, adoubé par le sieur Bochet, prend la défense du Ku Klux Klan et des nazillons à moto aux USA, cf.n°31, p.167).
On l’a compris Kaczynski est un des maîtres à penser de Bochet, car le matheux en question est d’accord « avec les anarchoprimitivistes pour dire que l’avènement de la civilisation fut un grand désastre et que la révolution industrielle fut un désastre encore plus grand ». Bochet est mal placé pour juger de la révolution industrielle vu son niveau de connaissances en mathématiques (il nous a montré à plusieurs reprises dans ses compilations qu’il dispose de plus de prétentions que de connaissance réelle des mathématiques supérieures). L’orientation du citoyen Bochet est claire, mondialiste et plus monacale que le moine Bitot (marxiste défroqué) : « L’espèce humaine doit se limiter, limiter sa croissance, sa production, sa consommation, ses constructions, ou alors elle doit disparaître, elle a déjà fait trop de mal sur cette planète » (p.77). Bienvenue aux bébés phoques dans la secte « Discontinuité » !

UN PATCHWORK MYSTICO-PHILOSOPHIQUE

Naturisme ? Naturianisme ? Mouvement naturien ? Peu nous chaut l’histoire de cette branche nudiste et frugale de l’anarchisme. Entre 1895 et 1938 environ, des anarchistes troglodytes exprimaient leur primitivisme théologique dans quelques revues : L'Etat naturel, La Nouvelle Humanité, La Vie naturelle, Le Flambeau. Ils pensaient que la civilisation urbaine était la cause principale de nos souffrances. Un retour à la nature était nécessaire. Ils condamnaient la science, le déboisement, le machinisme et s'opposèrent ainsi à d'autres anarchistes tels que Reclus ou Kropotkine. Ils pensaient qu'une bonne hygiène corporelle et alimentaire les aideraient à lutter contre le capitalisme. Toutes les sectes naturiennes ne sont pas végétariennes mais se caractérisent comme des mystiques de la « Nature ». Plus récemment, des éléments dispersés comme Bochet (de la branche naturiste individualiste) ont abordé le problème de la défense des animaux à la suite de leur grand-mère Brigitte Bardot, célèbre actrice française des sixties, devenue électrice du FN. Le végétarisme des naturiens intégristes est défini comme un « système d'alimentation excluant tout ce qui est de nature à compromettre l'équilibre physiologico-mental et par voie de conséquence la vigueur de l'homme ». A côté de la viande et du poisson, il faut aussi exclure de son alimentation le sucre, les alcools, le chocolat, le café. Avec le naturiste Bochet, il faut aussi exclure les travailleurs actifs qui lui livrent ses produits « bio », le marxisme, l’histoire du mouvement révolutionnaire et la lutte des classes.
Exposer les théories naturiennes comme telles est d’un ennui considérable et n’intéresserait personne. Tous ces marginaux doivent se définir par rapport au monde existant. De plus, disputailler sur la « société de consommation », les « nuisances », la « pollution », la « montée des eaux », la « destruction de la nature », on en a déjà fait le tour, les médias philo-écolos nous abreuvent régulièrement des « malfaisances industrielles » et les lobbies écologistes dénoncent à satiété les criminelles cheminées d’usines chinoises et américaines, et chacun sait que c’est que cette « intox » est aussi barbante que la candidature électorale de Nicolas Hulot.

L’individualiste Bochet, par contre, pourrait devenir un bon guru de la secte naturienne par sa manière de faire. Observons sa technique. Il escompte faire passer sa propaganda au fil de ses lectures, aussi indigestes soient-elles, et surtout en en référant d’abord , avec l’air du connaisseur, aux personnalités du mouvement révolutionnaire prolétarien. Face à la fluidité du discours naturien (très écolo bourgeois en réalité), il agite les eaux boueuses du marxisme déchu, les scories délétères d’un mouvement ouvrier dissous dans les caddies de supermarché et le ronflement des autos pétrolifères, etc. Ensuite il minimise la théorie marxiste et l’histoire des combats de classes en noyant toute approche politique dans ses commentaires potaches de lecteur comme si la vie en société se résumait ou ne dépendait que de la vie des idées et des productions des clercs parasites du prolétariat et du mode de production.
Chemin faisant il peut ainsi dévider toute sa haine de cette société « industrielle » qui lui a fourni pourtant un ordinateur, une chaise où s’asseoir et des postiers pour envoyer ses bottins de commentaires naturalistes sans fin.

BOCHET SE LACHE

Plein de haine contre le mouvement révolutionnaire prolétarien, Bochet ne cesse jamais de le rouler dans la boue et, Zeus du nihilisme il feint d’en réécrire l’histoire : « L’histoire du mouvement révolutionnaire a, elle aussi, besoin d’être récrite car elle relève souvent de l’hagiographie pieuse ». Il doit salir non seulement les marxistes « ringards » mais aussi les courageux anarchistes comme Berneri et Barbieri ; il va touiller dans les archives de police pour démontrer que ce n’étaient que des… pilleurs de banque. Même les organisations antifascistes ne trouvent pas grâce à ses yeux parce qu’elles étaient « infiltrées » par les fascistes dont il veut restaurer la saga naturienne. Ce salarié bien protégé qui n’a jamais mis un pied dans une manif ni pris le risque de formuler en public ses billevesées nous donne franchement envie de soutenir les militants anarchistes qu’il conchie lâchement : « … l’anarchisme n’a jamais fait la coupure avec le mouvement démocratique-bourgeois et son fondement théorique est bien faible, la spontanéité, la sincérité, le courage ne suffisent pas quand ils s’accompagnent d’un grand confusionnisme » (p.80). De la même manière, Bochet s’arroge de détenir l’entière biographie de Bordiga qu’il cite n’importe comment sans se douter de l’humour de Bordiga et du sens différent voire de l’à peu près de paroles rapportées ; ainsi il lui fait dire « j’étais devenu hitlérien, ni plus ni moins » ; Bochet prend son cas pour une généralité en s’attribuant la paternité fictive du grand Bordiga !
On saute ensuite dans la vision de 68 propre à l’extrême-droite : une manip des SS (services secrets SVP) pour « affaiblir De Gaulle ». Quelle science ! Ensuite il nous conte comment les « leaders juifs » maoïstes ont envoyé à la mort le brave ouvrier Overney… Puis il passe au tour des « ivrognes » situationnistes. Il égratigne ensuite la revue Tiqqun qui ne dit pas moins d’âneries que les textes abscons de ses amis communisateurs comme R.Simon et Guigou/Wajmachin. De fil en aiguille et de note en note, qui le dispense de justifier un lien quelconque entre ce défilé de mode des idées révisionnistes, il tente de reconstituer un puzzle totalement favorable à la lie d’extrême droite et aux vieux fascistes aigris : « Les révolutionnaires de toutes tendances, à de rares exceptions près (…) entrèrent en transe et unirent leurs voix scandalisées et leurs vociférations haineuses au chœur démocratique de l’hystérie mondiale, déclenchée par les déclarations de Monseigneur Williamson, lequel s’était contenté d’affirmer, avec beaucoup de classe et de courage (sic) , mais sans aucune haine, sur un ton très mesuré et très calmement (bis) qu’il ne croyait nullement ni à l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration national-socialistes en territoire polonais ni à l’extermination au moyen d’icelles de six millions de juifs (le chiffre sacré et immuable, mais totalement arbitraire de la nouvelle religion mondiale) ». Il déplore que des bons copains comme les disciples de Monseigneur Lefebvre aient « désavoué » l’archidiacre, lequel a eu aussi le mérite de dénoncer le simulacre d’attaque de New York du 11 décembre 2001…

Bordiga « héraclitéen éléate » !!!

Bochet salue ses nouveaux amis au passage, tel le terroriste repenti de la fraction armée rouge Horst Mahler « lui aussi devenu nationaliste allemand ». Il salue aussi au passage Alain de Benoist et l’ouvrier antisémite August Winnig. Bochet va chercher de plus en plus ses références dans les poubelles de la droite catholique et ultra-réac. Défilent au milieu de sa collection de timbrés : Brasillach, Bardèche et cette merde de Léon Degrelle, ce qui se fait de plus puant et de plus ignoble en matière d’antisémitisme dans les bibliothèques vermoulées de la droite féodale. Le tout est saupoudré de citations de Bordiga, arrimé finalement à la théorie féodalo-nazie de Bochet : « Bordiga devient contradictoirement antimoderne, trait qui le rattache à la pensée réactionnaire, on pourrait le qualifier d’héraclitéen éléate, ou de révolutionnaire conservateur » (p.96). Voilà notre pauvre Amedeo rangé aux côtés du facho Mircea Eliade, un autre « héraclitéen éléate », désigné comme anarchiste par certains, mais en réalité « despotique » selon le maître d’œuvre du bottin discontinu. Révélation soudaine : le « dogmatique » Bordiga n’était plus marxiste après 1945 : « Un autre élément qui rend Bordiga irréductible au marxisme est son insistance sur l’espèce humaine. Le prolétariat, les classes elles-mêmes, passent souvent dans ses écrits, après la Seconde Guerre mondiale, à l’arrière plan, la dictature du prolétariat est réellement une étape vers l’unification de l’espèce et non un but en soi comme elle l’est souvent chez les théoriciens du marxisme ». Bochet se met à dire une chose et son contraire dans la même phrase comme ses compères communisateurs de l’espèce des imbéciles enseignants confusionnistes ! Il procède aussi plus loin au détournement scatalogique de Bordiga, imaginé en tant que pervers utilisateur de la dictature contre le prolétariat marcusien : « Bordiga affirma plusieurs fois, surtout après 1960 (où ?) que la dictature était surtout une nécessité contre le prolétariat, drogué par la consommation, la démocratie et la technologie, c’est plus que jamais vrai, et ajouterons-nous (nous c’est Bochet) cette dictature (…) doit surtout être exercée sur les enfants et les jeunes gens qui ne peuvent plus vivre ni concevoir la vie sans les moyens de consommation et d’information modernes » (p.227). Déformation professionnelle : Bochet hait ses élèves qui le lui rendent bien, semble-t-il, et il leur promet de sacrés coups de règle « communisatrice » sur les doigts.

Nul ne peut empêcher un individu politiquement pervers, comme P.Guillaume par ex., d’utiliser des textes de Marx ou du parti bordiguiste pour les dévitaliser et les mettre au service de l’idéologie bourgeoise dissolue. Bochet est intrinsèquement pervers en philosophie comme en politique (approximative). Il n’est peut être pas pédophile mais sûrement marxophobe et bordigaphobe bien qu’il essaie à nouveau de l’annexer à son révisionnisme discontinu à la page suivante en lui prêtant son obsession des juifs. Il nous balade par après chez Pierre Leroux et l’abbé Joachim de Flore et Jean de Parme au sujet des Evangiles avant de sauter à nouveau sur Bordiga pour démontre qu’il avait tort d’enraciner le programme communiste dans le passé car, en réalité (dixit Herr Bochet) « … un autre enracinement est nécessaire pour donner la force de défendre le programme et la communauté future, un enracinement plus concret (sic) : celui dans une région et une communauté, une famille, la Heimat des allemands que « pays natal » ou « patrie » rend de façon très incomplète » (p.103). Bochet agrippe Bordiga et lui fait dire que son retour à l’orthodoxie n’était qu’un retour aux précédents du christianisme d’autant qu’il était un « aristocrate » de parti. Au fond Heidegger et Bordiga ne sont-ils pas si proches, quoique Bordiga ait été particulièrement inculte en philosophie (il est nul en métaphysique, cf . p.282) au point que Gramsci était obligé de donner des cours sur cette même philosophie à sa femme !
Puis notre intrépide et boulimique colleur de concepts abstraits et antinomiques se croit autorisé à assurer que Bordiga, suite à l’échec du pouvoir des conseils ouvriers en Russie et en Allemagne ne concevait qu’un pouvoir des organismes de parti (ce qui est faux, cf. son texte sur l’Etat de transition, que j’évoque dans mon livre « Dans quel Etat est la révolution ? »). Ce qui lui permet de sous-entendre (puisqu’il méprise, depuis sa planque lycéenne en province, les foules ouvrières et le concept de démocratie) que seule la dictature fasciste sera naturienne, car toute l’école des penseurs réactionnaires de la bourgeoisie a eu raison : « le socialisme et le communisme ne sont qu’une composante de la démocratie et du progressisme, le communisme est effectivement un criticisme, puis un nihilisme, puis un déconstructivisme » ; Bochet prend encore son cas pour une généralité. Il regrette que « les grands hommes fassent actuellement cruellement défaut » (p.109). Ach ! pas de nouvel Hitler à l’horizon pour exercer la dictature de l’espèce humaine… ni de nouvelle puce malléable comme Bordiga pourtant « prisonnier du marxisme » (p.109). Le nouveau grand homme ne serait-ce pas le timide Bochet qui en passant se cite lui-même de plus en plus ? Sera-t-il ce mutant envisagé par le prince « révolutionnaire » Roland Simon avec sa revue imbitable « Théorie communiste » par « l’abolition des femmes et des hommes », que Bochet gifle en passant pour une telle programmation communiste transexuelle, alors que la connerie de Simon se prête plutôt bien aux propres fantasmes onanistes et unicellulaires du naturien batracien Bochet !
Dans sa saga discontinu et écoeurante de confiture culturelle philosophicomique Bochet revient de façon récurrente à son obsession des juifs mais pour reprendre l’argument d’Hitler : à Moscou ils étaient partout comme à Hollywood ! A la barre viennent témoigner, Céline, G.Sorel, Hermann Göring, Fritz Sauckel, David Irving, Rassinier, Maurice Joyeux, Hegel, Yuri Slezkine (et son délirant « siècle juif ») qui vient en appui de Bochet, Ford. Il nous est livré une superbe apologie du « Protocole des sages de Sion » injustement dénoncés par les médias alors qu’ils s’inscrivaient sainement dans la prévision de notre monde décadent, dans le même sens que Bordiga… C’est mieux écrit que « 1984 » d’Orwell, n’est-ce pas ?
Défilent aussi, mélangés sans façon « les gnostiques Hegel, Bordiga et Mircea Eliade » pour que le commentateur avisé nous explique finalement que les juifs n’ont pas été victimes du nazisme mais « de la modernité » ! Un noble polonais déchu mais malin, Malynski est convié à expliquer que le juif Marx n’a pas vraiment désiré le communisme pour le bonheur de l’humanité souffrante, sinon … il n’aurait pas touché à la famille et à l’Eglise ! Marx n’aura été qu’un pédophile industrialiste puisqu’il comprenait, ce salaud, qu’on fasse travailler les enfants !

LE COMPLOT ISLAMISTE POUR DETRUIRE (NOTRE) SOCIETE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE


Arrivent ensuite les archi-réacs Léon de Ponçins, Maurras (encore), Julius Evola suivi de Guénon, Kipling, du martinisme, de Rennes le château (comme on aura les écologistes avant l’heure Darré et Gobineau, Dühring et Chamberlain, Feuerbach et Schopenhauer, Novalis et Nietzsche, Vacher de Lapouge (« un adversaire décidé du métissage »…) et tout ce petit peuple de croyants traditionnalistes et de contre-révolutionnaires patentés débouche sur l’islamophobie de notre antisémite de plume, il ne lui manquait plus que cela : « La situation s’est aujourd’hui compliquée en France avec l’émergence de l’islam que révolutionnaires progressistes et philosémites espèrent bien utiliser pours détruire la société catholique traditionnelle, en utilisant la figure de l’islam des Lumières ». Bochet en remet plusieurs couches sur plusieurs pages encore concernant la place des juifs, en prenant des précautions parfois (Big Brother Sarko veille!) en se cachant derrière d’autres négateurs des chambres à gaz comme Vincent Renouard : « Islam et judaïsme sont des forces dissolvantes de première importance mais il est possible qu’eux-mêmes soient dissous par le consumérisme, l’individualisme et l’hédonisme modernes » (p.141). Mais Bochet se trahit de toute façon le paragraphe d’après : « Il y a bien lieu de récrire l’histoire, et cette récriture passe en effet par une certaine réhabilitation du national-socialisme dans la mesure où il est nécessaire de réfuter les tombereaux de contre-vérités, d’immondices, de mensonges et de falsifications à son propos » (plus loin : « ce qui n’implique en aucune façon un ralliement plus ou moins subit au national-socialisme ». Non, non pas du tout même si le ralliement transpire à pleines gouttes…
Il rend hommage sur plusieurs pages à cette merde puante de Degrelle, au franc-mac Rosanvallon, à l’eugénisme, veut mouiller Racovski et Elysée Reclus à ses amalgames fascistes; comme il inventera plus loin un Babeuf, nègre de Fouché, dans sa défense de la Vendée réactionnaire, un autre classique de l’extrême droite ; comme le « grand Napolitain Bordiga sera accouplé p.183 au « grand traditionaliste français Veuillot ». Suivent des pages et des pages encore sur les juifs et les « fausses chambres à gaz », et la négation classique de l’extrême droite française du rôle de passeuse des acquis grecs par la civilisation arabo-musulmanne. La modernité occidentale a développé le monde pas l’arriération arabe, dit-il en substance, se faisant tout à coup le chantre de cette horrible modernité qu’il ne cesse de pourfendre en général, et pour tenter de ne pas être confondu avec l’intégrisme… ancien très vichyste-catho-prussien!
Comme un vulgaire militant du FN Bochet s’énerve de la fixation des gauchistes sur l’immigration – qui est certes une politique petite bourgeoise racoleuse – mais avec pour argument (classique du FN) qu’ils « détruisent toutes (nos) traditions » ; alors que l’envahissement que j’ai délimité dernièrement comme « idéologique » n’est pas le fait de la main d’œuvre immigrée mais de l’autorisation par notre Etat bourgeois du maintien des traditions importées arriérées et de la femme ficelée.
Bochet recopie et recopie sans cesse sans se relire. On passe étrangement, après cette rancœur contre l’envahissement immigré à l’exaltation du progrès en Afrique, où la « modernité » du portable place ce continent en pole position. Bochet n’a pourtant que des mots très durs pour tous les gadgets électroniques de la « modernité » en général (on disait bibelots au temps de ses ancêtres aristocratiques). As de la confusion anti-communiste, Bochet nous extrait de sa tombe le Groupe Communiste Mondial (GCM)- dont deux grues viennent d’éditer des insanités polpotistes - pour nous assurer que « Marx et Bordiga y auraient souscris ». Toujours cette volonté perverse de ridiculiser le juif Marx et le rital Bordiga, sans oublier de flinguer au passage le « matérialiste grossier » Engels (p.259).

BITOT DISCIPLE DE BOCHET

Le vieux Bitot serait-il passé sous la coupe du quadra Bochet ? En tout cas Bochet est épaté que l’ancien bordiguiste rangé des voitures marxistes se rallie à son combat contre la « modernité » pornographique (voir note subséquente). Il est donc naturel qu’il prenne sa défense contre l’olibrius Jean-Louis Roche qui s’est permis de remettre le renégat Bitot à sa place sur son blog en 2008. Pour la première fois de sa carrière de composteur des idées extrêmes, Bochet perd son calme et enfin débride sa haine contre Roche. Ma prose ne lui convient pas, ne parvenant pas à la qualifier comparée à son lénifiant discours plat de petit prof c’est « écrit en langage ‘jeune’, l’horrible sabir que nous avons appelé ‘le new french’ ». Il s’énerve ensuite sur ma défense du prolétariat, son indifférence au « problème de l’eau » (agité par Chirac, Hulot, Bitot et Bochet). Les prolétaires peuvent mourir par la faute au Capital, concède Bochet, mais « combien meurent et sont malades à cause de leur propre folie consumériste, nullement imposée par le capitalisme ( ?) (tabagie, toxicomanie, automobile, alcoolisme, alimentation démente) » ; en plus ces idiots de lycéens gardent en permanence le portable irradiant branché dans leur poche « pour recevoir les précieux messages » (par ex « ton prof de math Bochet est un con ! »).
Pire : « Roche invective facilement et grossièrement, il traite stupidement Simone Weil de bigote, Gaston Leval de pseudo-historien anar, parle des idioties malthusiennes (pourquoi idioties ?) », etc.
Roche « ne veut pas se passer des portables, télés, avions et… internet… véritable égoût répugnant qui charrie toutes les folies et perversions d’une humanité sans plus aucune substance naturelle… ». « Bitot est accusé de vouloir revenir à la vie des hommes des cavernes, à la bougie et aux sabots en bois véritable ». En effet. Bochet milite monacalement pour la même vie de contention sexuelle (voir plus haut) que curé Bitot. Bochet est outré par les « gay pride » et « love parade », pas bien méchantes pourtant, et plus amusantes que les musulmans cul en l’air tournés vers la Mecque.
Bochet, ivre de fureur s’agite contre mon « Précis de communisation » - il lit attentivement tous mes livres – qui « s’en prend sur un ton souvent insultant et grotesque en vrac aux théoriciens de la « communisation ». En effet, et si j’avais pu être plus insultant, je l’eus été plus encore. En tout cas ces confrères en « communisation » se sont fondus dans la nature et ont dû faire couler les éditions L’Harmattan avec leurs invendus. Bochet, innocemment, admet que le retour dans les grottes (après destruction atomique ?) « n’est pas le mode de vie le plus mauvais ni le plus absurde ». S’il savait que je suis POUR le nucléaire dans l’immédiat, quels cris aryens ne pousserait-il pas ?
Enfin Bochet m’accuse de malhonnêteté concernant la trajectoire de Lucien Laugier, que je regrette de ne pas avoir connu comme Camatte. Dans le numéro 3 de Tempus Fugit, revue de Langlet dont je ne savais pas encore qu’il collaborait en douce à Aaaaaarh ! j’ai écrit que Laugier était demeuré un mémorialiste du courant communiste fractionné par la contre-révolution. Bochet soutient que Laugier avait viré moderniste au contact de Camatte. Possible, mais personne n’a pu me prouver le contraire de ce que j’ai écrit malgré certains textes de Laugier dans Invariance qui ont un parfum révisionniste moderniste (exaltation des luttes parcellaires, des jeunes étudiants, des noirs, etc.).

Je suis encore taxé de malhonnêteté en page 215 mais pour des raisons plus récentes que le retour à la vie hippie rêvée par le merdeux post-Berkeley Bochet : « Jean-Louis Roche n’est guère plus généreux (que Roland Simon), ni plus honnête, puisqu’il voit dans ceux qui remettent en cause l’existence des chambres à gaz homicides dans les camps de déportation et de travail allemands durant la Seconde Guerre mondiale des « plumitifs » ( ?) et des « futurs médaillés sarkoziens », des « pseudo-chercheurs » mais tout s’explique quand l’on apprend que les librairies d’extrême droite étaient liées financièrement à l’Etat iranien (Le prolétariat universel, lundi 30 novembre 2009) ! ».
Le projet prédéfini de Bochet : « Notre objectif est toujours celui de sauver, de faire connaître et de mettre en relation des textes tombés dans l’oubli et séparés par le devenir historique, des mouvements ou des individualités méconnues » se précise en réalité comme un retour au fascisme primitif. Les références sont là, Rivarol n°2901 : « L’islamisation de la France est un phénomène voulu au plus haut niveau de l’Etat depuis plusieurs décennie et favorisé également, ce qui est encore plus grave, par les hiérarques de l’Eglise conciliaire ».
Bochet ne réfléchit pas trop avec ces citations d’aristo-fachos qui voient des comploteurs étrangers et juifs partout. Il est vrai que la « tolérance » démocrato-religieuse est un élément de division non seulement de la classe ouvrière mais de la société. Il est vrai que cette « tolérance » favorise le bordel ambiant, place au premier plan les faits divers et nous fait chier (OK avec l'article de Siné sur l'islamisation de son quartier). Nous n’avons pas besoin des fantasmes et des récriminations de la fraction bourgeoise féodaliste pour comprendre en revanche que toutes les idéologies religieuses ont besoin de se serrer les coudes parce qu’aucune, prise isolément, n’apporte de solution à ce monde en décadence et surtout en faillite, parce qu’un Tolstoï – avec son texte nunuche « Pourquoi les gens se droguent-ils ? » - ne nous y aide nullement et qu’il n’y comprendrait rien de rien ce brave barde paysan s’il se réincarnait. Après P.Guillaume, l’arriviste déçu Bochet se réfugie systématiquement non pas dans des « textes tombés dans l’oubli » ou des « individualités méconnues » mais dans les eaux malodorantes de la fraction bourgeoise la plus primitive et la plus superficielle pour comprendre en quoi le monde va mal. Obama est ainsi taxé d’être « philo-juif et philo-musulman », ce qui est une accusation typique de « Minute ». Obama, moi je l'aime bien et je crains plutôt ce qui lui succédera. La « tolérance » en faveur de toutes les religions des Etats bourgeois pour mieux éradiquer la signification de la lutte des classes n’est pas comprise comme politique d’Etat orientée par la fraction d’extrême droite, laquelle n’imagine pas un seul instant que nous puissions encore réclamer « l’union grandissante » du prolétariat depuis 1848, mais exige la fermeture des frontières pour protéger le château féodal de la nation défunte.
Aux côtés du moraliste coincé Bitot, Bochet nous ressort les affres typiques du macho d’extrême droite, vieux féodal dont l’épouse devait rester au tricot et fuir l’école laïque perverse : « la démission des parents se réalise avec le travail de la femme hors du foyer familial » (p. 218) ; « la pornographie se déchaîne », « le grand réseau électronique mondial (produisant des générations de violeurs et d’impuissants) » ; notre petit prof provincial reprend les mêmes accusations des curés contre la télé vecteur de pornographie… sans oublier « l’introduction diabolique du magnétoscope », « les immondes radios pour les jeunes ».
Il est certain que Bochet et moi n’avons pas la même vision de la décadence du capitalisme, même s’il évoque « les grandes heures de la décadence de l’empire romain ». Bochet s’attaque aux gadgets électroniques comme tous ces profs jaloux des jeux pour ados, plus prisés que les lectures ronflantes scolaires qu’ils tentent de leur ingurgiter. Il se situe pourtant au même niveau que les wesh-wesh, dans l’apolitisme aliéné. Il ne parle pas politique, il ne réfléchit pas politique. Le gouvernement des hommes, l’exploitation, la peur du lendemain, le chômage et son père le licenciement il ne connaît point. Bochet est typiquement le fils à maman, qui dispose de tout l’argent de poche dont il a besoin. La société des hommes reste un mystère pour lui avec des jouets abominables qu’il voudrait voir détruit. Il se réfugie toujours dans sa solitude de gosse de riche dans le feuilleton plaisant des « Pierreafeu ».

LE RETOUR VEGETARIEN AU FASCISME PRIMITIF

Bochet doit collectionner les runes et les colifichets nazis car, via ce pauvre parpaillot d' Ellul, il ne tarit pas d’éloges sur la « révolution national-socialiste » (p.231) sommet de la lutte contre « la modernité », qui « reste un mouvement éminemment révolutionnaire ». Tout barbon féodal vous dira à l’unisson de Bochet qu’il faut un solide retour à l’ordre contre « la société du bruit et du virtuel » (ces merdes d’élèves, graines prolétariennes lobotomisées par leur walk-man, qui ennuient le brave professeur et se fichent de son enseignement répétitif qui ne peut que les livrer au chômage), voire une "bonne guerre mondiale pour restaurer les vraies valeurs".
Bochet collectionne en tout cas les portraits de ces bons nazis probes combattants contre « la modernité » … juive et arabe :

- « Himmler et Rudolf Hess, parmi les dignitaires nationaux-socialistes, étaient de fervents défenseurs de l’homéopathie, des médecines par les plantes, du végétarisme, etc. »
- Hess, ce passionné de botanique « écrivait fort lucidement et justement (que) l’artificiel est partout, partout la nourriture est frelaté » (p.236)
- « Hitler lui-même était végétarien et ne buvait pas d’alcool, il critiquait l’utilisation de graisse de baleine (qu’est-ce qu’on s’en branle…)
- « Darré (théoricien de la race et général SS, sic) était passionné par les problèmes de l’écologie, l’agriculture, organique, biologique, (…) il critiquait la société urbaine industrielle » (quel grand homme !)
- « Pour Darré , seule une race fortement enracinée dans le sol peut être saine, le parasitisme est l’une des caractéristiques de la ville » (comment le parasite Bochet peut-il citer cela sans dégommer ce tortionnaire nazi ?)

Ce brouet de lectures disparates et de collages merdeux est très lassant, et finit ordurier. Bochet est une ordure comme le furent les collabos et il nous suffit de reproduire son vomi de petit prof complexé pour montrer jusqu’où va la vilenie… fasciste :
« L’adversaire (fictif ou non) est idéal pour Kraus qui défend « l’héroïque martyr », flétrit les classes dirigeantes qui ont soutenu la monstrueuse guerre mondiale, qui exploitent les ouvriers, les animaux, qui sont sans bonté, sans pitié. Mais il se donne le beau rôle et se contente d’invectives faciles, il évite de poser des questions plus embarrassantes : les ouvriers n’ont-ils pas accepté cette guerre mondiale, n’y ont-ils pas participé ? Les ouvriers berlinois, ne se sont-ils pas, dans leur grande majorité, au mieux restés passifs après l’assassinat de la révolutionnaire, en fait une grande partie ne lui est-elle pas restée hostile ? Rosa Luxemburg n’a-t-elle pas jusqu’au bout refusé de rompre clairement avec ses assassins, les majoritaires du SPD ? Plus profondément, Luxemburg n’a-t-elle pas consacré sa vie et donné sa vie pour un idéal vide ? La révolution socialiste prônée par elle n’est-elle pas au mieux qu’un doux rêve au pire une absurdité créatrice de despotisme ? Ces questions ne sont pas abordées, Kraus reste dans l’indignation vertueuse : on a osé attenter à la mémoire de la grande et héroïque martyre du prolétariat, etc. Dans tous les cas la correspondante écrit que Rosa Luxembourg, au lieu de consacrer sa vie à la révolution prolétarienne, aurait mieux, fait, avec les connaissances qu’elle avait, d’être botaniste au zoologue (en fait elle s’intéressait également vivement à la géologie). Malgré une certaine grossièreté du propos, et un ton provocateur, elle n’avait pas tort ». (p.308).

N’importe qui, un peu sensé, peut répondre à ces ignominies de petit prof facho. Le facho Bochet exalte « humainement », contre les « juifs » Luxemburg et Kraus, l’apport théorique du fascisme italo-boche : « Le national-socialisme a défendu la forêt allemande mais de même le fascisme italien a défendu la forêt italienne, une chose dont on ne parle guère ». De même qu’on ne parle guère dans la petite école provinciale de Bochet du bois des forêts allemande et italienne qui a servi à attacher les communistes avant de les fusiller.

Il suffira au lecteur de se reporter à la compil des textes bucoliques et nunuches nazis qui ont ravis Bochet, au point qu’il les a traduits dans son numéro 31. La défense de la forêt romantique allemande y est indéniable, comme était indéniable l’avancée des tanks, des lance-flammes et des Messerschmidt de couleur verte kaki au nom de la préservation de la civilisation des vétérans du passé harmonieux et végétarien au temps d’Hitler.

Note subséquente: Cette note va ravir mes amis de l'ex-GCM qui admirèrent jadis le "grand marxiste" Bitot. Pour m'agonir d'avoir écrit sur mon blog qu'il abandonnait le marxisme, Bitot me téléphona un jour de 2008 je crois. J'essaie de vous retranscrire: "... je n'ai pas abandonné le marxisme, seulement sur certains aspects de la lutte de classes et du prolétariat... Je mets une croix sur le prolétariat. Je mets une croix sur le marxisme. Si tu avais été attentif et si tu ne lisais pas à toute vitesse, tu aurais vu que je considère que la critique de Marx est indépassable. Toi, tu n'abandonnes pas le marxisme, mais ton marxisme c'est Bilan, la Gauche Communiste de France, le "grand" Chirik et le CCI... Tu aurais été plus profond et plus honnête si tu avais référé aux textes de Marx que j'évoque... tu hallucines... t'es intoxiqué par la mode... tu es un bobo... ta photo avec la gonzesse sur ton blog c'est de l'exhibitionisme! (j'avais posté une photo sur la plage de Sète avec une copine, pas amante, qui exhibait ses nibars et moi deux melons)... tu n'as pas compris dans mon texte que quand je dis que la société retournera en arrière c'est qu'elle n'aura pas le choix... rejeter le portable et internet c'est être pour toi un Taliban... tu es un bobo... le capitalisme a épuisé la planète depuis un siècle... le capitalisme n'a pas créé les conditions décentes du communisme... il faudra un communisme sans électricité... il faut démécaniser".
"laisse-moi parler". Crac!