Critique des numéros 30 (355 pages) et 31 (211 pages) de la revue Discontinuité (juillet 2010)
Naguère, nous avions l’habitude de plaisanter, en tant que militants du CCI, sur les apparitions à éclipses des modernistes, c'est-à-dire de la petite bourgeoisie intellectuelle parasitaire : « en période de lutte de classe, ils disparaissent. Lorsque le temps calme revient, ces chauves-souris repointent le bout de leur nez pour ressortir leurs salades ». Le modernisme a disparu, absorbé par la sociologie bourgeoise qui l’avait déjà conditionné ; son bâtard, le « mouvement communisateur » est resté un embryon mort-né qui n’a trouvé aucun lectorat fiable. Il reste quelques individus épars, sans tradition, infantiles et sans foi ni loi, qui glissent invariablement dans l’idéologie la plus minable et la plus glauque de la bourgeoisie, un retour au passé pour analphabètes et impuissants. F. Bochet est de ceux-là, triste illustration de l’errance d’une ultra-gauche disparue dont seuls les anarchistes incultes se disputent les oripeaux.
En ce jour de promenade syndicale, je livre ce long texte d’analyse d’une déchéance intellectuelle, plus que d’un danger d’avenir. Le mot perversion recouvre assez bien l’examen des délires d’un petit professeur isolé : perversion de l’entendement, perversion de la logique, perversion de la perception humaine, perversion de la conception de la politique, etc.
Loin d’être marginal, notre petit Bochet de rien du tout est bien « dans le vent ». Plus que ces « jeunes » qu’il méprise comme prof hautain, plus que ces wesh-wesh encapuchonnés et fous de communication avec une technologie qui l’empêche, il fonctionne en pervertissant toute compréhension du monde. Tiens, comme les bonzes syndicaux aujourd’hui. C’est subtil, mais cela doit fonctionner. D’habitude, lors d’une JA nationale d’action sans but, ils ordonnent à leurs sous-fifres de la RATP et de la SNCF de tout bloquer pour faire croire qu’ils sont suivis, et empêcher en même temps les gens d’aller aux manifs. Aujourd’hui – et la province est à part, où elle peut défiler massivement sans gêner le gouvernement – « ils » ont laissé le métro fonctionner… pour que tous les bobos parisiens puissent venir faire risette sur les boulevards et faire croire qu’on a dépassé « les deux millions » de la balade inutile précédente.
Subtil hein ! Et sans forcer sur la surenchère. Mais revenons au long laïus de Bochet, je l’ai analysé avec soin, et je l’ai soigné aux petits oignons pour toi le travailleur qui est resté à la maison, décidé à protester contre l’ignominie de l’attaque du gouvernement mais sans te solidariser avec ses complices qui organisent ne ce moment même le défilé des cocus de la république. Tu verras que le marxisme et la présence du prolétariat provoquent encore une haine pathologique qui ne trouve ses expédients que dans les colifichets et la propaganda inisipide de la barbarie militaire du passé qui n’est pas passé.
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Les lecteurs de PU sous forme papier au début des années 2000 savent encore ce que je pense de « l’œuvre » de François Bochet, récipiendaire de sa revue artisanale «Discontinuité », qui se réclame du révisionnisme d’Invariance deuxième série : mépris littéraire et aristocratique du prolétariat et délires naturiens. On peut résumer ainsi cette longue accumulation de textes disparates : reprises de textes de la tradition communiste pour en pourrir le fond et les noyer aux côtés des textes les plus réactionnaires des idéologues bourgeois des XIXe et XXe siècles, enfin une entreprise moderniste anti-révolutionnaire et nihiliste déversoir de citations emphatiques, de notes éléphantesques, de considérations piquées ici et là au courant maximaliste communiste, pimentées d’un antisémitisme récurrent de moins en moins dissimulé, sans oublier une tendance à faire la leçon à Bordiga, invité d’honneur permanent aux humeurs d’un petit prof de province qui se prend pour un nouveau Montaigne ; Bordiga est cité à tout bout de champ pour appuyer une démonstration réactionnaire en faveur d’une restauration d’un ordre moral très terrien, comme pour donner du sel à un long discours parfaitement insipide et limité dans ses considérations ponctuelles et superficielles. Bochet ne serait-il, du point de vue de l’analyse cacophonique et apeurée de la société, qu’une sorte d’Edgar Morin, ce fabricant de marmelade idéologique, de l’ultra-gauche enterrée ?
Il est prof comme tous ses collègues successeurs du modernisme, les clowns "communisateurs » qui n’ont jamais pu « percer » dans l’édition ni être reconnus à leur juste inanité intellectuelle de "maîtres à politiser" en dehors de leur salarisation pour enseigner le ba b a. Les profs, cette catégorie de fainéants petits bourgeois, ont du temps pour lire, énormément de temps. Bochet lit beaucoup et comme il est seul dans son coin, il peut dé-lirer beaucoup, et il n’aura personne pour le contredire. Pendant plusieurs années Bochet a fait traduire ou traduit lui-même une certain nombre de textes du maximalisme européen non accessibles aux lecteurs francophones, mais avec cette désagréable propension à les démolir en notes et à conchier Marx, Lénine, Bordiga, Pannekoek, etc. et lui, petit provincial de l’Eduque naze, qui n’a jamais pris un risque dans sa vie, qui est si piètre orateur (cf. sa conférence poussive où il essaie de faire passer Bordiga pour crypto fasciste), s’ingénie à faire la morale au monde entier (certes décadent, putrescent et pornographique) au nom de sa propre impuissance végétarienne, pacifiste et contemplatrice. Bochet est un bouddhiste nu dans la ville polluée en envahie par les horribles pestilences rayonnantes du portable, des satellites et le bruit incivilisé des rots des wesch-wesch.
Avec les numéros 30 et 31 de sa publication « irrégulière », Bochet a franchi un pas. Il se lâche, longtemps contenu dans une prudence sur le qui-vive vis-à-vis de la « répression » de la « police de la pensée gauchiste ». Il vomit littéralement des citations tout azimuts qu’il pompe à droite et à gauche, quoique de plus en plus à l’extrême droite, mais il s’affirme comme admirateur principal de son œuvre bariolée de décryptage des horreurs du monde capitaliste puant et envahi par la technique aliénée. Il s’affirme en même temps contempteur du prolétariat « intégré » et « soumis » au moins autant qu’il est contempteur du « lobby juif » et négateur des chambres à gaz. Lors de la charge de la police de la pensée gauche caviar et gauchiste dans les années 1980, le petit escargot avait pris peur et était rentré dans sa coquille (contrairement au pauvre Dauvé, il était passé à travers les mailles des accusateurs publics stalino-gauchistes comme les policiers Didier Doudingue et A. Finkielkraute (passé à l’extrême droite sarkozienne et récompensé de la légion d’honneur) adoubé par leur adjoint Bourseiller (pistonné à Sciences-Po). A présent, il nous ressort sans fard des apologies de Céline, Maurras, Degrelle, Rassinier, Plantin, il nie les chambres à gaz à chaque page, etc. et va jusqu’à nous fournir une compil de textes SS « naturiens »(cf. n°31 intitulé « Vie nouvelle »). Pourquoi se gênerait-il alors que toutes les idéologies bourgeoises débiles proches ont pignon sur rue : l’exploitation méritée des millions de travailleurs lobotomisés par la civilisation de supermarché, le mépris aristocratique des élites syndicales et politiciennes envers ces masses de « consommateurs », l’islamophilie consensuelle avec son ramadan stupide (si naturien pourtant !), l’antifascisme de salon (si intellectuel)le philosémitisme pacifiste garant de la légitimité des massacres de l’Etat d’Israël, la lutte morale de la police contre le grand banditisme hors du gouvernement, la chasse aux gitans par « l’Etat raciste », etc.
Si cet énergumène ne mêlait pas nos grands noms du mouvement révolutionnaire à ses délires littéraires et philosophiques, je ne lui accorderais même pas une ligne sur ce blog ; et je n’ai jamais encensé son « apport » contrairement à R.Camoin. Ne faisant pas partie des crieurs de la démocratie bourgeoise antifasciste faisandée, je ne suis pas là pour dénoncer ni agonir un individu isolé qui se fourvoie dans le marais de l’idéologie de l’extrême droite ; ce fourvoiement ne m’étonnant guère d’autant que Bochet n’a jamais été militant révolutionnaire maximaliste (comme d’ailleurs son compère F.Langlet qui publie lui ses considérations sur Bordiga dans Arrrrgh) ; j’ai souligné dans mon histoire du Maximalisme révolutionnaire que le passage dans le camp bourgeois (de gauche, de droite et d’extrême droite) ne concerne en général qu’une infime minorité de renégats, même si j’ai appris récemment la sympathie parallèle du fondateur du GCM pour l’extrême droite, le GCM n’ayant pas été un groupe notable du maximalisme, mais comme C ou C, une simple queue sectaire de la Gauche italienne.
Je chercherai plutôt à comprendre où Bochet veut en venir et si ses solutions, mâtinées de l’idéologie bourgeoise la plus nulle et élitaire (mélange de Heidegger et de Bakounine), sont à considérer. Ou si simplement il espère exister à travers ses compilations livresques et grotesques.
UNE ABSENCE DE CADRE D’ORIENTATION POLITIQUE
A moins que Bochet ne se prenne pour Spinoza, lequel écrivait en deux temps : le texte proprement dit et un deuxième texte d’analyse sur le premier, des notes copieuses adjointes. Peut-être pense-t-il être le fils légitime de Camatte, ancien militant bordiguiste de valeur, renégat réfugié dans la nature (si on peut dire), qui avait inauguré sa dissolution politique par des notes enflures en même temps que son compère Dangeville dénaturant tout cadre d’analyse politique cohérent, où l’exégète, dans une paranoïa croissante finit par confondre son écriture avec celle du maître ou finit persuadé d’avoir pénétré sa substantifique moelle au point d’imaginer abuser le lecteur dans la substitution.
Bochet innove dans son parcours. Pour la première fois, dans le patchwork que constitue le numéro 30, le texte de présentation n’est plus ni présentation ni introduction du compilateur en son propre chef, mais une série de notes de lectures foisonnantes et dissonantes collées qui donnent lieu à une série de notes numérotées mais faramineuses, disproportionnées où Bochet nous étale tout ce qui lui passe par la tête, où il veut nous montrer qu’il passe plus de temps à lire tout ce qui lui tombe sous la main qu’à réfléchir à la réalité politique et sociale.
Dans sa solitude, il est comme un beauf, sujet à toutes les affres des faits divers. Coupé de toute notion de classe sociale mais abusé par sa salle de classe « d’inférieurs », il est « suggestionné » par les événements du monde qui lui apparaissent cryptés à dessein par un complot universel contre dame nature. Coupé des réalités il ne ressent du monde que l’écho du fait divers, invention journalistique identifiée par Gérard Noiriel : « On sait, depuis Aristote que la tragédie est le genre littéraire qui a le plus d’impact sur le public car elle mobilise deux types d’émotions universellement répandues : la terreur et la pitié. Telle est la principale raison expliquant l’importance exceptionnelle que les journaux de masse ont accordé, dès le départ, à la violence, dimension centrale des faits divers. La structure du fait divers est toujours la même. Elle met en scène trois personnages : une victime (à laquelle sont censés s’identifier les lecteurs), un criminel et un justicier (policier ou juge). Le journaliste crée la connivence avec ses lecteurs sur le mode du « eux » et « nous », en parlant au nom des victimes et en défendant leur cause. Un grand nombre de faits divers se terminent par un enseignement édifiant qui peut légitimer une revendication généralement de type sécuritaire. L’invention de la rubrique des faits divers (au sens large du terme) permet à la presse d’utiliser des ressources émotionnelles empruntées à la littérature » (cf. Le massacre des italiens, Fayard 2010).
Quoique l’œuvre ininterrompue de notes infinies de Bochet ne puisse être comparée à du Alexandre Dumas en feuilleton, elle fourmille de rebondissements anodins ou hors de propos comme chez Cervantès, en pas drôle du tout. Avec le numéro 31, la prose des SS va remplacer celle de Bordiga et de la « Gauche allemande » des premiers numéros. Inouï !
UNE GLOSE NOMBRILISTE
Le numéro 30 lui permet de régler de vieux comptes qu’il n’osa pas conclure, ce grand timide, en temps et en heure. Sous l’intitulé « Sur Léon Tolstoï, Richard Wagner, Otto Rühle, Theodor Kacsynski et quelques autres », il nous explique la raison de son choix prométhéen de détritus littéraires collectés sur la plage abandonnée de la communisation échouée : « Notre objectif est toujours celui de sauver, de faire connaître et de mettre en relation des textes tombés dans l’oubli et séparés par le devenir historique, des mouvements ou des individualités méconnues, participant, et contribuant en cela, à la disparition de ce monde humain et de cette humanité qui en est partie prenante, et pour la qualification desquels il n’existe plus de nom ni d’adjectif. Nombre de ces textes n’ont pas de liens avec le mouvement révolutionnaire tout au moins avec le mouvement révolutionnaire classique orthodoxe, lequel mouvement est, selon nous, partie prenante de la vision scientifique anti-naturelle, industrielle et post-industrielle du monde… ».
Lorsqu’il veut paraître original, Bochet plagie des formules de Bordiga sur d’autre sujets pour donner un peu de relief à sa pérégrination intellectuelle monastique, accompagnée d’un pot d’eau fraîche et d’un croûton de pain, masquant sa pauvreté idéologique : « La révolution l’a bien emporté, le marxisme est devenu le discours officiel et infernal des médias et même de l’Etat antiraciste, écologiste, libertaire, antifasciste, philo-islamiste, xénophile, et antiautoritaire » (p. 3). Derrière le contempteur du philo-islamisme se cache pourtant un admirateur du ramadan sexuel: « … même l’exigence de la continence est à prendre en compte car si elle n’est pas naturelle, au contraire de la fin d’une consommation qui relève de la toxicomanie compensatoire, étant données la folie de l’espèce et sa conséquence horrible l’explosion démographique, le pullulement humain, une période de continence (volontaire ou forcée) risque d’être nécessaire pour que puissent survivre l’espèce humaine et les autres espèces humaines ». Ce type n’aura qu’un pas à franchir pour défendre la nécessité des chambres à gaz face à ce « pullulement » !
La compilation de notes de lectures sur divers grands auteurs de Goethe à Dostoïevsky ne sert qu’à illustrer que Bochet ne vit que dans le monde des idées et dans les bibliothèques après ses cours. La vraie il ne la connaît point, comme ces adolescents onanistes qui restent toujours cloitrés dans leur chambre. L’ado Bochet est dégoûté du monde de l’homme, cette racaille : « Là où l’homme arrive, tout est d’abord dégradé, puis pollué et ensuite détruit, et l’homme est maintenant partout… » (p.60). Effaré dans sa chambrette, il manifeste des délires malthusiens, des bouffées de chaleur catholiques traditionnalistes ; il voue une admiration sans borne aux péquenots. Dans ses fantasmes Heidegger bouscule Stirner qui serre la main à Celma, engueule Bordiga et Rühle. De ses mains fragiles d’ado perturbé il nous exhibe quelques feuillets d’un certain Kaczynski, mathématicien qui « ne prétendait pas agir au nom du prolétariat, de la lutte de classe, du communisme, et autres inepties » (p.72) ; ce triste sire, adoubé par le sieur Bochet, prend la défense du Ku Klux Klan et des nazillons à moto aux USA, cf.n°31, p.167).
On l’a compris Kaczynski est un des maîtres à penser de Bochet, car le matheux en question est d’accord « avec les anarchoprimitivistes pour dire que l’avènement de la civilisation fut un grand désastre et que la révolution industrielle fut un désastre encore plus grand ». Bochet est mal placé pour juger de la révolution industrielle vu son niveau de connaissances en mathématiques (il nous a montré à plusieurs reprises dans ses compilations qu’il dispose de plus de prétentions que de connaissance réelle des mathématiques supérieures). L’orientation du citoyen Bochet est claire, mondialiste et plus monacale que le moine Bitot (marxiste défroqué) : « L’espèce humaine doit se limiter, limiter sa croissance, sa production, sa consommation, ses constructions, ou alors elle doit disparaître, elle a déjà fait trop de mal sur cette planète » (p.77). Bienvenue aux bébés phoques dans la secte « Discontinuité » !
UN PATCHWORK MYSTICO-PHILOSOPHIQUE
Naturisme ? Naturianisme ? Mouvement naturien ? Peu nous chaut l’histoire de cette branche nudiste et frugale de l’anarchisme. Entre 1895 et 1938 environ, des anarchistes troglodytes exprimaient leur primitivisme théologique dans quelques revues : L'Etat naturel, La Nouvelle Humanité, La Vie naturelle, Le Flambeau. Ils pensaient que la civilisation urbaine était la cause principale de nos souffrances. Un retour à la nature était nécessaire. Ils condamnaient la science, le déboisement, le machinisme et s'opposèrent ainsi à d'autres anarchistes tels que Reclus ou Kropotkine. Ils pensaient qu'une bonne hygiène corporelle et alimentaire les aideraient à lutter contre le capitalisme. Toutes les sectes naturiennes ne sont pas végétariennes mais se caractérisent comme des mystiques de la « Nature ». Plus récemment, des éléments dispersés comme Bochet (de la branche naturiste individualiste) ont abordé le problème de la défense des animaux à la suite de leur grand-mère Brigitte Bardot, célèbre actrice française des sixties, devenue électrice du FN. Le végétarisme des naturiens intégristes est défini comme un « système d'alimentation excluant tout ce qui est de nature à compromettre l'équilibre physiologico-mental et par voie de conséquence la vigueur de l'homme ». A côté de la viande et du poisson, il faut aussi exclure de son alimentation le sucre, les alcools, le chocolat, le café. Avec le naturiste Bochet, il faut aussi exclure les travailleurs actifs qui lui livrent ses produits « bio », le marxisme, l’histoire du mouvement révolutionnaire et la lutte des classes.
Exposer les théories naturiennes comme telles est d’un ennui considérable et n’intéresserait personne. Tous ces marginaux doivent se définir par rapport au monde existant. De plus, disputailler sur la « société de consommation », les « nuisances », la « pollution », la « montée des eaux », la « destruction de la nature », on en a déjà fait le tour, les médias philo-écolos nous abreuvent régulièrement des « malfaisances industrielles » et les lobbies écologistes dénoncent à satiété les criminelles cheminées d’usines chinoises et américaines, et chacun sait que c’est que cette « intox » est aussi barbante que la candidature électorale de Nicolas Hulot.
L’individualiste Bochet, par contre, pourrait devenir un bon guru de la secte naturienne par sa manière de faire. Observons sa technique. Il escompte faire passer sa propaganda au fil de ses lectures, aussi indigestes soient-elles, et surtout en en référant d’abord , avec l’air du connaisseur, aux personnalités du mouvement révolutionnaire prolétarien. Face à la fluidité du discours naturien (très écolo bourgeois en réalité), il agite les eaux boueuses du marxisme déchu, les scories délétères d’un mouvement ouvrier dissous dans les caddies de supermarché et le ronflement des autos pétrolifères, etc. Ensuite il minimise la théorie marxiste et l’histoire des combats de classes en noyant toute approche politique dans ses commentaires potaches de lecteur comme si la vie en société se résumait ou ne dépendait que de la vie des idées et des productions des clercs parasites du prolétariat et du mode de production.
Chemin faisant il peut ainsi dévider toute sa haine de cette société « industrielle » qui lui a fourni pourtant un ordinateur, une chaise où s’asseoir et des postiers pour envoyer ses bottins de commentaires naturalistes sans fin.
BOCHET SE LACHE
Plein de haine contre le mouvement révolutionnaire prolétarien, Bochet ne cesse jamais de le rouler dans la boue et, Zeus du nihilisme il feint d’en réécrire l’histoire : « L’histoire du mouvement révolutionnaire a, elle aussi, besoin d’être récrite car elle relève souvent de l’hagiographie pieuse ». Il doit salir non seulement les marxistes « ringards » mais aussi les courageux anarchistes comme Berneri et Barbieri ; il va touiller dans les archives de police pour démontrer que ce n’étaient que des… pilleurs de banque. Même les organisations antifascistes ne trouvent pas grâce à ses yeux parce qu’elles étaient « infiltrées » par les fascistes dont il veut restaurer la saga naturienne. Ce salarié bien protégé qui n’a jamais mis un pied dans une manif ni pris le risque de formuler en public ses billevesées nous donne franchement envie de soutenir les militants anarchistes qu’il conchie lâchement : « … l’anarchisme n’a jamais fait la coupure avec le mouvement démocratique-bourgeois et son fondement théorique est bien faible, la spontanéité, la sincérité, le courage ne suffisent pas quand ils s’accompagnent d’un grand confusionnisme » (p.80). De la même manière, Bochet s’arroge de détenir l’entière biographie de Bordiga qu’il cite n’importe comment sans se douter de l’humour de Bordiga et du sens différent voire de l’à peu près de paroles rapportées ; ainsi il lui fait dire « j’étais devenu hitlérien, ni plus ni moins » ; Bochet prend son cas pour une généralité en s’attribuant la paternité fictive du grand Bordiga !
On saute ensuite dans la vision de 68 propre à l’extrême-droite : une manip des SS (services secrets SVP) pour « affaiblir De Gaulle ». Quelle science ! Ensuite il nous conte comment les « leaders juifs » maoïstes ont envoyé à la mort le brave ouvrier Overney… Puis il passe au tour des « ivrognes » situationnistes. Il égratigne ensuite la revue Tiqqun qui ne dit pas moins d’âneries que les textes abscons de ses amis communisateurs comme R.Simon et Guigou/Wajmachin. De fil en aiguille et de note en note, qui le dispense de justifier un lien quelconque entre ce défilé de mode des idées révisionnistes, il tente de reconstituer un puzzle totalement favorable à la lie d’extrême droite et aux vieux fascistes aigris : « Les révolutionnaires de toutes tendances, à de rares exceptions près (…) entrèrent en transe et unirent leurs voix scandalisées et leurs vociférations haineuses au chœur démocratique de l’hystérie mondiale, déclenchée par les déclarations de Monseigneur Williamson, lequel s’était contenté d’affirmer, avec beaucoup de classe et de courage (sic) , mais sans aucune haine, sur un ton très mesuré et très calmement (bis) qu’il ne croyait nullement ni à l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration national-socialistes en territoire polonais ni à l’extermination au moyen d’icelles de six millions de juifs (le chiffre sacré et immuable, mais totalement arbitraire de la nouvelle religion mondiale) ». Il déplore que des bons copains comme les disciples de Monseigneur Lefebvre aient « désavoué » l’archidiacre, lequel a eu aussi le mérite de dénoncer le simulacre d’attaque de New York du 11 décembre 2001…
Bordiga « héraclitéen éléate » !!!
Bochet salue ses nouveaux amis au passage, tel le terroriste repenti de la fraction armée rouge Horst Mahler « lui aussi devenu nationaliste allemand ». Il salue aussi au passage Alain de Benoist et l’ouvrier antisémite August Winnig. Bochet va chercher de plus en plus ses références dans les poubelles de la droite catholique et ultra-réac. Défilent au milieu de sa collection de timbrés : Brasillach, Bardèche et cette merde de Léon Degrelle, ce qui se fait de plus puant et de plus ignoble en matière d’antisémitisme dans les bibliothèques vermoulées de la droite féodale. Le tout est saupoudré de citations de Bordiga, arrimé finalement à la théorie féodalo-nazie de Bochet : « Bordiga devient contradictoirement antimoderne, trait qui le rattache à la pensée réactionnaire, on pourrait le qualifier d’héraclitéen éléate, ou de révolutionnaire conservateur » (p.96). Voilà notre pauvre Amedeo rangé aux côtés du facho Mircea Eliade, un autre « héraclitéen éléate », désigné comme anarchiste par certains, mais en réalité « despotique » selon le maître d’œuvre du bottin discontinu. Révélation soudaine : le « dogmatique » Bordiga n’était plus marxiste après 1945 : « Un autre élément qui rend Bordiga irréductible au marxisme est son insistance sur l’espèce humaine. Le prolétariat, les classes elles-mêmes, passent souvent dans ses écrits, après la Seconde Guerre mondiale, à l’arrière plan, la dictature du prolétariat est réellement une étape vers l’unification de l’espèce et non un but en soi comme elle l’est souvent chez les théoriciens du marxisme ». Bochet se met à dire une chose et son contraire dans la même phrase comme ses compères communisateurs de l’espèce des imbéciles enseignants confusionnistes ! Il procède aussi plus loin au détournement scatalogique de Bordiga, imaginé en tant que pervers utilisateur de la dictature contre le prolétariat marcusien : « Bordiga affirma plusieurs fois, surtout après 1960 (où ?) que la dictature était surtout une nécessité contre le prolétariat, drogué par la consommation, la démocratie et la technologie, c’est plus que jamais vrai, et ajouterons-nous (nous c’est Bochet) cette dictature (…) doit surtout être exercée sur les enfants et les jeunes gens qui ne peuvent plus vivre ni concevoir la vie sans les moyens de consommation et d’information modernes » (p.227). Déformation professionnelle : Bochet hait ses élèves qui le lui rendent bien, semble-t-il, et il leur promet de sacrés coups de règle « communisatrice » sur les doigts.
Nul ne peut empêcher un individu politiquement pervers, comme P.Guillaume par ex., d’utiliser des textes de Marx ou du parti bordiguiste pour les dévitaliser et les mettre au service de l’idéologie bourgeoise dissolue. Bochet est intrinsèquement pervers en philosophie comme en politique (approximative). Il n’est peut être pas pédophile mais sûrement marxophobe et bordigaphobe bien qu’il essaie à nouveau de l’annexer à son révisionnisme discontinu à la page suivante en lui prêtant son obsession des juifs. Il nous balade par après chez Pierre Leroux et l’abbé Joachim de Flore et Jean de Parme au sujet des Evangiles avant de sauter à nouveau sur Bordiga pour démontre qu’il avait tort d’enraciner le programme communiste dans le passé car, en réalité (dixit Herr Bochet) « … un autre enracinement est nécessaire pour donner la force de défendre le programme et la communauté future, un enracinement plus concret (sic) : celui dans une région et une communauté, une famille, la Heimat des allemands que « pays natal » ou « patrie » rend de façon très incomplète » (p.103). Bochet agrippe Bordiga et lui fait dire que son retour à l’orthodoxie n’était qu’un retour aux précédents du christianisme d’autant qu’il était un « aristocrate » de parti. Au fond Heidegger et Bordiga ne sont-ils pas si proches, quoique Bordiga ait été particulièrement inculte en philosophie (il est nul en métaphysique, cf . p.282) au point que Gramsci était obligé de donner des cours sur cette même philosophie à sa femme !
Puis notre intrépide et boulimique colleur de concepts abstraits et antinomiques se croit autorisé à assurer que Bordiga, suite à l’échec du pouvoir des conseils ouvriers en Russie et en Allemagne ne concevait qu’un pouvoir des organismes de parti (ce qui est faux, cf. son texte sur l’Etat de transition, que j’évoque dans mon livre « Dans quel Etat est la révolution ? »). Ce qui lui permet de sous-entendre (puisqu’il méprise, depuis sa planque lycéenne en province, les foules ouvrières et le concept de démocratie) que seule la dictature fasciste sera naturienne, car toute l’école des penseurs réactionnaires de la bourgeoisie a eu raison : « le socialisme et le communisme ne sont qu’une composante de la démocratie et du progressisme, le communisme est effectivement un criticisme, puis un nihilisme, puis un déconstructivisme » ; Bochet prend encore son cas pour une généralité. Il regrette que « les grands hommes fassent actuellement cruellement défaut » (p.109). Ach ! pas de nouvel Hitler à l’horizon pour exercer la dictature de l’espèce humaine… ni de nouvelle puce malléable comme Bordiga pourtant « prisonnier du marxisme » (p.109). Le nouveau grand homme ne serait-ce pas le timide Bochet qui en passant se cite lui-même de plus en plus ? Sera-t-il ce mutant envisagé par le prince « révolutionnaire » Roland Simon avec sa revue imbitable « Théorie communiste » par « l’abolition des femmes et des hommes », que Bochet gifle en passant pour une telle programmation communiste transexuelle, alors que la connerie de Simon se prête plutôt bien aux propres fantasmes onanistes et unicellulaires du naturien batracien Bochet !
Dans sa saga discontinu et écoeurante de confiture culturelle philosophicomique Bochet revient de façon récurrente à son obsession des juifs mais pour reprendre l’argument d’Hitler : à Moscou ils étaient partout comme à Hollywood ! A la barre viennent témoigner, Céline, G.Sorel, Hermann Göring, Fritz Sauckel, David Irving, Rassinier, Maurice Joyeux, Hegel, Yuri Slezkine (et son délirant « siècle juif ») qui vient en appui de Bochet, Ford. Il nous est livré une superbe apologie du « Protocole des sages de Sion » injustement dénoncés par les médias alors qu’ils s’inscrivaient sainement dans la prévision de notre monde décadent, dans le même sens que Bordiga… C’est mieux écrit que « 1984 » d’Orwell, n’est-ce pas ?
Défilent aussi, mélangés sans façon « les gnostiques Hegel, Bordiga et Mircea Eliade » pour que le commentateur avisé nous explique finalement que les juifs n’ont pas été victimes du nazisme mais « de la modernité » ! Un noble polonais déchu mais malin, Malynski est convié à expliquer que le juif Marx n’a pas vraiment désiré le communisme pour le bonheur de l’humanité souffrante, sinon … il n’aurait pas touché à la famille et à l’Eglise ! Marx n’aura été qu’un pédophile industrialiste puisqu’il comprenait, ce salaud, qu’on fasse travailler les enfants !
LE COMPLOT ISLAMISTE POUR DETRUIRE (NOTRE) SOCIETE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE
Arrivent ensuite les archi-réacs Léon de Ponçins, Maurras (encore), Julius Evola suivi de Guénon, Kipling, du martinisme, de Rennes le château (comme on aura les écologistes avant l’heure Darré et Gobineau, Dühring et Chamberlain, Feuerbach et Schopenhauer, Novalis et Nietzsche, Vacher de Lapouge (« un adversaire décidé du métissage »…) et tout ce petit peuple de croyants traditionnalistes et de contre-révolutionnaires patentés débouche sur l’islamophobie de notre antisémite de plume, il ne lui manquait plus que cela : « La situation s’est aujourd’hui compliquée en France avec l’émergence de l’islam que révolutionnaires progressistes et philosémites espèrent bien utiliser pours détruire la société catholique traditionnelle, en utilisant la figure de l’islam des Lumières ». Bochet en remet plusieurs couches sur plusieurs pages encore concernant la place des juifs, en prenant des précautions parfois (Big Brother Sarko veille!) en se cachant derrière d’autres négateurs des chambres à gaz comme Vincent Renouard : « Islam et judaïsme sont des forces dissolvantes de première importance mais il est possible qu’eux-mêmes soient dissous par le consumérisme, l’individualisme et l’hédonisme modernes » (p.141). Mais Bochet se trahit de toute façon le paragraphe d’après : « Il y a bien lieu de récrire l’histoire, et cette récriture passe en effet par une certaine réhabilitation du national-socialisme dans la mesure où il est nécessaire de réfuter les tombereaux de contre-vérités, d’immondices, de mensonges et de falsifications à son propos » (plus loin : « ce qui n’implique en aucune façon un ralliement plus ou moins subit au national-socialisme ». Non, non pas du tout même si le ralliement transpire à pleines gouttes…
Il rend hommage sur plusieurs pages à cette merde puante de Degrelle, au franc-mac Rosanvallon, à l’eugénisme, veut mouiller Racovski et Elysée Reclus à ses amalgames fascistes; comme il inventera plus loin un Babeuf, nègre de Fouché, dans sa défense de la Vendée réactionnaire, un autre classique de l’extrême droite ; comme le « grand Napolitain Bordiga sera accouplé p.183 au « grand traditionaliste français Veuillot ». Suivent des pages et des pages encore sur les juifs et les « fausses chambres à gaz », et la négation classique de l’extrême droite française du rôle de passeuse des acquis grecs par la civilisation arabo-musulmanne. La modernité occidentale a développé le monde pas l’arriération arabe, dit-il en substance, se faisant tout à coup le chantre de cette horrible modernité qu’il ne cesse de pourfendre en général, et pour tenter de ne pas être confondu avec l’intégrisme… ancien très vichyste-catho-prussien!
Comme un vulgaire militant du FN Bochet s’énerve de la fixation des gauchistes sur l’immigration – qui est certes une politique petite bourgeoise racoleuse – mais avec pour argument (classique du FN) qu’ils « détruisent toutes (nos) traditions » ; alors que l’envahissement que j’ai délimité dernièrement comme « idéologique » n’est pas le fait de la main d’œuvre immigrée mais de l’autorisation par notre Etat bourgeois du maintien des traditions importées arriérées et de la femme ficelée.
Bochet recopie et recopie sans cesse sans se relire. On passe étrangement, après cette rancœur contre l’envahissement immigré à l’exaltation du progrès en Afrique, où la « modernité » du portable place ce continent en pole position. Bochet n’a pourtant que des mots très durs pour tous les gadgets électroniques de la « modernité » en général (on disait bibelots au temps de ses ancêtres aristocratiques). As de la confusion anti-communiste, Bochet nous extrait de sa tombe le Groupe Communiste Mondial (GCM)- dont deux grues viennent d’éditer des insanités polpotistes - pour nous assurer que « Marx et Bordiga y auraient souscris ». Toujours cette volonté perverse de ridiculiser le juif Marx et le rital Bordiga, sans oublier de flinguer au passage le « matérialiste grossier » Engels (p.259).
BITOT DISCIPLE DE BOCHET
Le vieux Bitot serait-il passé sous la coupe du quadra Bochet ? En tout cas Bochet est épaté que l’ancien bordiguiste rangé des voitures marxistes se rallie à son combat contre la « modernité » pornographique (voir note subséquente). Il est donc naturel qu’il prenne sa défense contre l’olibrius Jean-Louis Roche qui s’est permis de remettre le renégat Bitot à sa place sur son blog en 2008. Pour la première fois de sa carrière de composteur des idées extrêmes, Bochet perd son calme et enfin débride sa haine contre Roche. Ma prose ne lui convient pas, ne parvenant pas à la qualifier comparée à son lénifiant discours plat de petit prof c’est « écrit en langage ‘jeune’, l’horrible sabir que nous avons appelé ‘le new french’ ». Il s’énerve ensuite sur ma défense du prolétariat, son indifférence au « problème de l’eau » (agité par Chirac, Hulot, Bitot et Bochet). Les prolétaires peuvent mourir par la faute au Capital, concède Bochet, mais « combien meurent et sont malades à cause de leur propre folie consumériste, nullement imposée par le capitalisme ( ?) (tabagie, toxicomanie, automobile, alcoolisme, alimentation démente) » ; en plus ces idiots de lycéens gardent en permanence le portable irradiant branché dans leur poche « pour recevoir les précieux messages » (par ex « ton prof de math Bochet est un con ! »).
Pire : « Roche invective facilement et grossièrement, il traite stupidement Simone Weil de bigote, Gaston Leval de pseudo-historien anar, parle des idioties malthusiennes (pourquoi idioties ?) », etc.
Roche « ne veut pas se passer des portables, télés, avions et… internet… véritable égoût répugnant qui charrie toutes les folies et perversions d’une humanité sans plus aucune substance naturelle… ». « Bitot est accusé de vouloir revenir à la vie des hommes des cavernes, à la bougie et aux sabots en bois véritable ». En effet. Bochet milite monacalement pour la même vie de contention sexuelle (voir plus haut) que curé Bitot. Bochet est outré par les « gay pride » et « love parade », pas bien méchantes pourtant, et plus amusantes que les musulmans cul en l’air tournés vers la Mecque.
Bochet, ivre de fureur s’agite contre mon « Précis de communisation » - il lit attentivement tous mes livres – qui « s’en prend sur un ton souvent insultant et grotesque en vrac aux théoriciens de la « communisation ». En effet, et si j’avais pu être plus insultant, je l’eus été plus encore. En tout cas ces confrères en « communisation » se sont fondus dans la nature et ont dû faire couler les éditions L’Harmattan avec leurs invendus. Bochet, innocemment, admet que le retour dans les grottes (après destruction atomique ?) « n’est pas le mode de vie le plus mauvais ni le plus absurde ». S’il savait que je suis POUR le nucléaire dans l’immédiat, quels cris aryens ne pousserait-il pas ?
Enfin Bochet m’accuse de malhonnêteté concernant la trajectoire de Lucien Laugier, que je regrette de ne pas avoir connu comme Camatte. Dans le numéro 3 de Tempus Fugit, revue de Langlet dont je ne savais pas encore qu’il collaborait en douce à Aaaaaarh ! j’ai écrit que Laugier était demeuré un mémorialiste du courant communiste fractionné par la contre-révolution. Bochet soutient que Laugier avait viré moderniste au contact de Camatte. Possible, mais personne n’a pu me prouver le contraire de ce que j’ai écrit malgré certains textes de Laugier dans Invariance qui ont un parfum révisionniste moderniste (exaltation des luttes parcellaires, des jeunes étudiants, des noirs, etc.).
Je suis encore taxé de malhonnêteté en page 215 mais pour des raisons plus récentes que le retour à la vie hippie rêvée par le merdeux post-Berkeley Bochet : « Jean-Louis Roche n’est guère plus généreux (que Roland Simon), ni plus honnête, puisqu’il voit dans ceux qui remettent en cause l’existence des chambres à gaz homicides dans les camps de déportation et de travail allemands durant la Seconde Guerre mondiale des « plumitifs » ( ?) et des « futurs médaillés sarkoziens », des « pseudo-chercheurs » mais tout s’explique quand l’on apprend que les librairies d’extrême droite étaient liées financièrement à l’Etat iranien (Le prolétariat universel, lundi 30 novembre 2009) ! ».
Le projet prédéfini de Bochet : « Notre objectif est toujours celui de sauver, de faire connaître et de mettre en relation des textes tombés dans l’oubli et séparés par le devenir historique, des mouvements ou des individualités méconnues » se précise en réalité comme un retour au fascisme primitif. Les références sont là, Rivarol n°2901 : « L’islamisation de la France est un phénomène voulu au plus haut niveau de l’Etat depuis plusieurs décennie et favorisé également, ce qui est encore plus grave, par les hiérarques de l’Eglise conciliaire ».
Bochet ne réfléchit pas trop avec ces citations d’aristo-fachos qui voient des comploteurs étrangers et juifs partout. Il est vrai que la « tolérance » démocrato-religieuse est un élément de division non seulement de la classe ouvrière mais de la société. Il est vrai que cette « tolérance » favorise le bordel ambiant, place au premier plan les faits divers et nous fait chier (OK avec l'article de Siné sur l'islamisation de son quartier). Nous n’avons pas besoin des fantasmes et des récriminations de la fraction bourgeoise féodaliste pour comprendre en revanche que toutes les idéologies religieuses ont besoin de se serrer les coudes parce qu’aucune, prise isolément, n’apporte de solution à ce monde en décadence et surtout en faillite, parce qu’un Tolstoï – avec son texte nunuche « Pourquoi les gens se droguent-ils ? » - ne nous y aide nullement et qu’il n’y comprendrait rien de rien ce brave barde paysan s’il se réincarnait. Après P.Guillaume, l’arriviste déçu Bochet se réfugie systématiquement non pas dans des « textes tombés dans l’oubli » ou des « individualités méconnues » mais dans les eaux malodorantes de la fraction bourgeoise la plus primitive et la plus superficielle pour comprendre en quoi le monde va mal. Obama est ainsi taxé d’être « philo-juif et philo-musulman », ce qui est une accusation typique de « Minute ». Obama, moi je l'aime bien et je crains plutôt ce qui lui succédera. La « tolérance » en faveur de toutes les religions des Etats bourgeois pour mieux éradiquer la signification de la lutte des classes n’est pas comprise comme politique d’Etat orientée par la fraction d’extrême droite, laquelle n’imagine pas un seul instant que nous puissions encore réclamer « l’union grandissante » du prolétariat depuis 1848, mais exige la fermeture des frontières pour protéger le château féodal de la nation défunte.
Aux côtés du moraliste coincé Bitot, Bochet nous ressort les affres typiques du macho d’extrême droite, vieux féodal dont l’épouse devait rester au tricot et fuir l’école laïque perverse : « la démission des parents se réalise avec le travail de la femme hors du foyer familial » (p. 218) ; « la pornographie se déchaîne », « le grand réseau électronique mondial (produisant des générations de violeurs et d’impuissants) » ; notre petit prof provincial reprend les mêmes accusations des curés contre la télé vecteur de pornographie… sans oublier « l’introduction diabolique du magnétoscope », « les immondes radios pour les jeunes ».
Il est certain que Bochet et moi n’avons pas la même vision de la décadence du capitalisme, même s’il évoque « les grandes heures de la décadence de l’empire romain ». Bochet s’attaque aux gadgets électroniques comme tous ces profs jaloux des jeux pour ados, plus prisés que les lectures ronflantes scolaires qu’ils tentent de leur ingurgiter. Il se situe pourtant au même niveau que les wesh-wesh, dans l’apolitisme aliéné. Il ne parle pas politique, il ne réfléchit pas politique. Le gouvernement des hommes, l’exploitation, la peur du lendemain, le chômage et son père le licenciement il ne connaît point. Bochet est typiquement le fils à maman, qui dispose de tout l’argent de poche dont il a besoin. La société des hommes reste un mystère pour lui avec des jouets abominables qu’il voudrait voir détruit. Il se réfugie toujours dans sa solitude de gosse de riche dans le feuilleton plaisant des « Pierreafeu ».
LE RETOUR VEGETARIEN AU FASCISME PRIMITIF
Bochet doit collectionner les runes et les colifichets nazis car, via ce pauvre parpaillot d' Ellul, il ne tarit pas d’éloges sur la « révolution national-socialiste » (p.231) sommet de la lutte contre « la modernité », qui « reste un mouvement éminemment révolutionnaire ». Tout barbon féodal vous dira à l’unisson de Bochet qu’il faut un solide retour à l’ordre contre « la société du bruit et du virtuel » (ces merdes d’élèves, graines prolétariennes lobotomisées par leur walk-man, qui ennuient le brave professeur et se fichent de son enseignement répétitif qui ne peut que les livrer au chômage), voire une "bonne guerre mondiale pour restaurer les vraies valeurs".
Bochet collectionne en tout cas les portraits de ces bons nazis probes combattants contre « la modernité » … juive et arabe :
- « Himmler et Rudolf Hess, parmi les dignitaires nationaux-socialistes, étaient de fervents défenseurs de l’homéopathie, des médecines par les plantes, du végétarisme, etc. »
- Hess, ce passionné de botanique « écrivait fort lucidement et justement (que) l’artificiel est partout, partout la nourriture est frelaté » (p.236)
- « Hitler lui-même était végétarien et ne buvait pas d’alcool, il critiquait l’utilisation de graisse de baleine (qu’est-ce qu’on s’en branle…)
- « Darré (théoricien de la race et général SS, sic) était passionné par les problèmes de l’écologie, l’agriculture, organique, biologique, (…) il critiquait la société urbaine industrielle » (quel grand homme !)
- « Pour Darré , seule une race fortement enracinée dans le sol peut être saine, le parasitisme est l’une des caractéristiques de la ville » (comment le parasite Bochet peut-il citer cela sans dégommer ce tortionnaire nazi ?)
Ce brouet de lectures disparates et de collages merdeux est très lassant, et finit ordurier. Bochet est une ordure comme le furent les collabos et il nous suffit de reproduire son vomi de petit prof complexé pour montrer jusqu’où va la vilenie… fasciste :
« L’adversaire (fictif ou non) est idéal pour Kraus qui défend « l’héroïque martyr », flétrit les classes dirigeantes qui ont soutenu la monstrueuse guerre mondiale, qui exploitent les ouvriers, les animaux, qui sont sans bonté, sans pitié. Mais il se donne le beau rôle et se contente d’invectives faciles, il évite de poser des questions plus embarrassantes : les ouvriers n’ont-ils pas accepté cette guerre mondiale, n’y ont-ils pas participé ? Les ouvriers berlinois, ne se sont-ils pas, dans leur grande majorité, au mieux restés passifs après l’assassinat de la révolutionnaire, en fait une grande partie ne lui est-elle pas restée hostile ? Rosa Luxemburg n’a-t-elle pas jusqu’au bout refusé de rompre clairement avec ses assassins, les majoritaires du SPD ? Plus profondément, Luxemburg n’a-t-elle pas consacré sa vie et donné sa vie pour un idéal vide ? La révolution socialiste prônée par elle n’est-elle pas au mieux qu’un doux rêve au pire une absurdité créatrice de despotisme ? Ces questions ne sont pas abordées, Kraus reste dans l’indignation vertueuse : on a osé attenter à la mémoire de la grande et héroïque martyre du prolétariat, etc. Dans tous les cas la correspondante écrit que Rosa Luxembourg, au lieu de consacrer sa vie à la révolution prolétarienne, aurait mieux, fait, avec les connaissances qu’elle avait, d’être botaniste au zoologue (en fait elle s’intéressait également vivement à la géologie). Malgré une certaine grossièreté du propos, et un ton provocateur, elle n’avait pas tort ». (p.308).
N’importe qui, un peu sensé, peut répondre à ces ignominies de petit prof facho. Le facho Bochet exalte « humainement », contre les « juifs » Luxemburg et Kraus, l’apport théorique du fascisme italo-boche : « Le national-socialisme a défendu la forêt allemande mais de même le fascisme italien a défendu la forêt italienne, une chose dont on ne parle guère ». De même qu’on ne parle guère dans la petite école provinciale de Bochet du bois des forêts allemande et italienne qui a servi à attacher les communistes avant de les fusiller.
Il suffira au lecteur de se reporter à la compil des textes bucoliques et nunuches nazis qui ont ravis Bochet, au point qu’il les a traduits dans son numéro 31. La défense de la forêt romantique allemande y est indéniable, comme était indéniable l’avancée des tanks, des lance-flammes et des Messerschmidt de couleur verte kaki au nom de la préservation de la civilisation des vétérans du passé harmonieux et végétarien au temps d’Hitler.
Note subséquente: Cette note va ravir mes amis de l'ex-GCM qui admirèrent jadis le "grand marxiste" Bitot. Pour m'agonir d'avoir écrit sur mon blog qu'il abandonnait le marxisme, Bitot me téléphona un jour de 2008 je crois. J'essaie de vous retranscrire: "... je n'ai pas abandonné le marxisme, seulement sur certains aspects de la lutte de classes et du prolétariat... Je mets une croix sur le prolétariat. Je mets une croix sur le marxisme. Si tu avais été attentif et si tu ne lisais pas à toute vitesse, tu aurais vu que je considère que la critique de Marx est indépassable. Toi, tu n'abandonnes pas le marxisme, mais ton marxisme c'est Bilan, la Gauche Communiste de France, le "grand" Chirik et le CCI... Tu aurais été plus profond et plus honnête si tu avais référé aux textes de Marx que j'évoque... tu hallucines... t'es intoxiqué par la mode... tu es un bobo... ta photo avec la gonzesse sur ton blog c'est de l'exhibitionisme! (j'avais posté une photo sur la plage de Sète avec une copine, pas amante, qui exhibait ses nibars et moi deux melons)... tu n'as pas compris dans mon texte que quand je dis que la société retournera en arrière c'est qu'elle n'aura pas le choix... rejeter le portable et internet c'est être pour toi un Taliban... tu es un bobo... le capitalisme a épuisé la planète depuis un siècle... le capitalisme n'a pas créé les conditions décentes du communisme... il faudra un communisme sans électricité... il faut démécaniser".
"laisse-moi parler". Crac!
très bien tout ça... et alors ?
RépondreSupprimerVous avez oublié de tirer la chasse en partant. C'est pas bien !
RépondreSupprimeressai
RépondreSupprimerbonjour, je souhaiterais envoyer un commentaire sur plusieurs textes du blog, mais mon commentaire dépasse largement les 4000 caractères. Pourriez-vous m'indiquer comment faire ?
RépondreSupprimeren mp : sanromedio@hotmail.fr