PAGES PROLETARIENNES

samedi 4 septembre 2010

POURQUOI VOUS ALLEZ MANIFESTER POUR DES PRUNES LE MARDI 7 SEPTEMBRE ?


Les grands crimes du gouvernement Sarkozy vont se réfracter en détresses individuelles. Les syndicats n’ont pas cessé de négocier en secret et en permanence avec l’escroc Woerth qu’ils feignent de lâcher publiquement tout en suppliant le gouvernement de lui trouver vite un successeur. Les manifs du 7 serviront tout au plus à faire sauter le fusible Woerth (prononcez Beuark !) mais laisseront le champ libre aux obligés députés de la finance et du gouvernement des exploiteurs à la chambre d’enregistrement de la bourgeoisie dite Parle-ment pour allonger non simplement la durée de vie au travail mais surtout pour ACCROITRE LE CHOMAGE DES PLUS AGES ! La bourgeoisie prétend alléger les caisses de retraite en renvoyant les travailleurs vers le pole emploi qui « individualise » le problème et démine toute possibilité de protestation ou d’insurrection ! Ce n’est pas de défiler comme des moutons derrière les syndicalistes collabos que nous avons besoin mais bien d’exercer notre droit au soulèvement. Mais vous êtes encore si plein d’illusions démocratiques et si incapables de réflexion politique de classe qu’il faudra attendre la Saint Glinglin. La presse bourgeoise ne vous laisse pourtant aucune illusion, tout en voulant vous domestiquer dans l’impasse de la protestation syndicale impuissante.
« Malgré une évolution ( ?) les salariés sont jugés « âgés » bien avant la retraite », titre Le Monde : « …Malgré des progrès depuis dix ans, les salariés restent considérés comme "âgés" par les employeurs "bien avant l'âge de la retraite" (58 ans et demi en moyenne) et la formation continue diminue après 50 ans, indiquent deux études du ministère de l'emploi (Dares) publiées vendredi 3 septembre. 58 ans et demi correspond à l'âge moyen à partir duquel les employeurs considèrent les salariés de leur établissement comme "âgés", selon une enquête menée en 2008 sur la Gestion des salariés de 50 ans ou plus (EGS50+). Cet âge est "bien inférieur à l'âge minimal légal de départ à la retraite dans le secteur privé (60 ans) ainsi qu'à l'âge moyen de liquidation de la retraite dans le secteur privé (61,5 ans en 2009)", souligne la Dares. Les trois quarts des employeurs ont accepté de répondre à cette question qui appelait une réponse spontanée, 17 % ont refusé et 8 % se sont dits sans opinion. En 2001, "66 % des employeurs considéraient qu'on était "âgé" avant 55 ans, contre 44 % en 2008, et 91 % considéraient qu'on était "âgé" avant 60 ans contre 86 % en 2008", a précisé la Dares. Ces évolutions s'inscrivent dans un contexte de vieillissement rapide de la main d'œuvre : au nombre de 6,3 millions en 2008, les salariés de 50 ans et plus représentent 24,3 % de l'emploi total, contre 4,7 millions en 2000 (20,5 %). Ce vieillissement est lié à l'arrivée à la cinquantaine des générations nombreuses du baby-boom. Seules 13 % des entreprises se préoccupaient de la question du vieillissement au début de la décennie 2000, rappelle l'étude. Par ailleurs, depuis le début de la décennie, les mesures se multiplient pour tenter de favoriser le maintien en emploi des seniors.
L'analyse de la pyramide des âges est intégrée à la gestion de davantage d'établissements (36 % en 2008, contre 25 % en 2001). Interrogés sur ce vieillissement, 70 % des responsables estiment que ce sera positif en terme d'expérience et de transmission des savoirs-faire. Les craintes exprimées concernent principalement les coûts salariaux, la productivité du travail et les perspectives de carrière pour les plus jeunes mais elles "s'atténuent" selon la Dares. L'âge demeure un facteur discriminant dans l'accès à la formation. En 2006, 44 % des salariés accédaient à une formation, contre 34 % pour les seniors (38 % pour les 50-54 ans, 31 % pour les 55-59 ans et 24 % pour les 60-64 ans). Par ailleurs, si la majorité des établissements (57 %) a formé des salariés en 2007, seulement une minorité (37 %) a formé ses seniors. La Dares livre aussi un chiffre éloquent sur les difficultés pour se faire embaucher après 50 ans. En 2007, 18 % des établissements ont recruté au moins un senior tandis que 81% ont recruté au moins un salarié ».

vendredi 3 septembre 2010

Ce n’est pas la tolérance qui fait cheminer le monde

Anticléricalisme et socialisme

PAR BORDIGA (1949)

HIER

Retroussez-vous les manches et frictionnez-vous les avant-bras à l'alcool à 9O°, car nous plongeons les mains dans le plus grave processus d'infection du mouvement socialiste: l'anticléricalisme.
On aurait pu peut-être penser, dans les dernières années de la période pacifique du capitalisme, à la veille de la Première Guerre mondiale, que la fracture principale, en matière politique, s'était déplacée de l'ancien et usé terrain de la lutte entre cléricaux et laïques à celui des divergences entre militaristes et internationalistes, domaine, de beaucoup, plus proche de nos orientations de classe.
Il n'en a pas été ainsi puisque parmi les forces et les armes de la classe bourgeoise dominante dans le monde, tant l'appareil militaire que l'appareil ecclésiastique ont toujours un poids formidable. Il n'en a pas été ainsi puisque parmi les déviations d'avec la ligne prolétarienne, du fait de la chute dans les charmes du patriotisme et de la trahison de l'adhésion à la guerre impérialiste, figurent encore à la fois un opportunisme acceptant non seulement la croyance en des principes religieux mais encore la pratique du culte, et parallèlement un opportunisme dialectiquement complémentaire défendant l'alliance avec des courants bourgeois ou petits-bourgeois équivoques, libre-penseurs et francs-maçons.
Nous avons pu dire en Italie, quand se forma le fascisme, qu'il n'était qu'une nouvelle forme de la domination bourgeoise, plus adaptée à l'époque moderne, sans toutefois regretter, désirer ou préférer les formes de domination déjà connues; nous disions alors que le véritable danger porté par le fascisme n'était pas le désaveu ni la violation du libéralisme démocratique, mais l'inévitable nouvel attrait que malheureusement les doctrines ruineuses de ce dernier recommençaient à exercer sur les masses prolétariennes. De l'actuelle forme de gouvernement basée sur un parti - la démocratie-chrétienne - cher au Vatican autrefois bête noire de la bourgeoisie italienne, on peut dire à bon droit qu'elle vaut autant que les gouvernements libéraux, que le fasciste, ou autant qu'un hypothétique gouvernement de gauche démocratique, socialiste, républicain qu'il aurait plu aux vainqueurs de la dernière guerre de placer au pouvoir. Le danger principal que ce gouvernement, ou régime philo-catholique comme on commence à l'appeler, représente pour nous, c'est justement cette résurgence de la campagne anticléricale mensongère, nouvelle épidémie corruptrice du mouvement de classe, qui a déjà subi l'autre désastreuse crise de l'antifascisme.
Grâce au souvenir, plongeons-nous dans le fatras de la chronique de l'anticléricalisme, lequel a encombré la jeunesse de la génération qui a vécu les deux guerres. Ceux qui ont maintenant les cheveux gris ne peuvent pas ne pas se souvenir des invocations confusionnistes et bloccardistes proférées dans les meetings: Vous êtes monarchistes? Alors vous devez être anticléricaux parce que la monarchie de la Maison de Savoie a réalisé l'unité italienne en s'engouffrant dans la brèche ouverte dans la Porte Pia et en affrontant l'excommunication papale. Vous êtes républicains? Alors vous devez être anticléricaux comme le furent Garibaldi et Mazzini, ennemis jurés de l'église catholique. Vous êtes socialistes? Alors vous devez être anticléricaux parce que le prêtre est l'allié des patrons. Vous êtes anarchistes? Alors vous devez être anticléricaux parce la première liberté est celle de s'affranchir de l'obscurantisme ecclésiastique. Et donc, accourez tous dans les rangs du «bloc populaire», du cercle anticlérical, de l'«association de la libre-pensée», pour finalement, ajoutait-on plus discrètement, rejoindre la loge maçonnique.
Le matériel, l'arsenal de propagande de ce mouvement était immense, il faisait appel à l'histoire, à la littérature, à la chronique de tous les pays, il utilisait la pensée des écoles, des auteurs, des écrivains parmi les plus prestigieux; on mobilisait Dante et sa Louve, Saint François et la madone de la Pauvreté, les persécutions contre les hérétiques, les bûchers de Arnaud, de Bruno et de cent autres, les guerres de religion et les massacres des protestants, la nuit de la Saint-Barthélemy, les hauts faits de l'Inquisition, l'Index, le Syllabus, les histoires plus ou moins romancées du Saint Office et de la Compagnie de Jésus, la Vendée en France et le pouvoir temporel en Italie avec le martyr des héros du Risorgimento, un insondable arsenal propre à émouvoir.
Les grands moments de cette campagne, en cette période, furent la loi en France sur la suppression des congrégations religieuses comme institutions juridiques, avec les opérations de police pour expulser les occupants des couvents, contrariées par des foules de bigots en prière, véritable divorce de la Troisième République d'avec la Rome papale, puis en Italie la formidable ivresse du bloc maçonnisant entre socialistes de droite républicains et démocrates radicaux, lequel bloc eut pour drapeau le fameux Asino (l'âne) de Guido Podrecca, journal illustré qui exhibait chaque semaine jusqu'à l'ennui la figure grasse et crasseuse de Bepi (Pie X) à côté de celle, sèche, du secrétaire d'Etat espagnol Merry del Val, et alimentait des campagnes bruyantes avec les scandales dans les couvents catholiques, portant à la célébrité historique les noms de quelques prêtres sexuellement dévoyés; enfin la campagne internationale de protestation après l'exécution dans les fossés du fort de Montjuich de l'anarchiste espagnol Francisco Ferrer ennemi de l'influence des jésuites, en 1913, ce dont profitèrent les hypocrites courants radicaux bourgeois pour se mêler aux organisations extrémistes, allant jusqu'à faire paraître en place publique, devant la Sorbonne à Paris, dans des démonstrations populaires, les tenues secrètes et les insignes maçonniques endossés par les dignitaires suprêmes.
La critique marxiste s'est dirigée contre les effets délétères de ce type de contacts et de contagion entre les forces politiques de la classe bourgeoise et le mouvement des partis ouvriers, démontrant comment ces contacts conduisaient directement à l'égarement de toute orientation de classe. Tout ce rideau de fumée idéologique sur une prétendue guerre entre des forces bourgeoises modernes, progressives, intelligentes et un obscurantisme ecclésiastique, tout ce tintamarre entendu au cours de démonstrations multicolores ponctuées de drapeaux tricolores et de drapeaux rouges, balbutiant un extrémisme de fête foraine, avec ses vagues de sifflements et de huées pour conspuer un quelconque prêtre passant par là, tout ceci fut dénoncé comme un expédient dilatoire, destiné à retarder la formation d'organisations de classe des travailleurs qui menaceraient directement les intérêts patronaux du bourgeois et voudraient supprimer l'exploitation capitaliste en abattant le pouvoir qui les défend, sans appliquer un traitement différent au donneur de travail ou au fonctionnaire de police qui, d'aventure, pourraient prouver être ennemi du pape et ne pas croire en Dieu.
Cette polémique, qui implique des questions profondes de doctrine et d'expériences fondamentales de tactique politique, n'eut son plein développement que dans les pays latins de religion catholique dominante, avec des résultats et des contrecoups insuffisants dans les pays anglo-saxons et les pays de l'Europe centrale et orientale, elle constitue un trait fondamental de la lutte marxiste contre l'opportunisme.
La lutte de la classe bourgeoise contre les pouvoirs féodaux s'est exprimée théoriquement comme revendication du libre-arbitre et du droit de critique, par la nécessité de s'opposer au principe d'autorité essentiellement fondé sur des bases religieuses et sur des organismes de l'église. Ces mouvements grandioses, présentés dans le domaine de la pensée et de la culture comme renaissance, réforme, illuminisme, romantisme, ont encadré l'accession au pouvoir des marchands et des industriels bourgeois, leur tradition historique étant précisément celle du nouveau type de société capitaliste moderne. Ses victimes, les opprimés, les ennemis de cette nouvelle société et de sa nouvelle classe dominante, les travailleurs salariés, engagés sur la voie d'une nouvelle révolution de classe et d'une nouvelle lutte pour le pouvoir, se dotent avec le marxisme, d'une nouvelle doctrine. Cette doctrine consiste à son tour en une critique des fondements de l'organisation sociale contemporaine, de sa nature économique comme de ses origines historiques, et en une démolition des principes idéologiques par lesquels celle-ci se justifie. Une telle doctrine socialiste se rend parfaitement compte de la transition sociale qui fut annoncée par la bataille critique contre les fondements de la conception théologique du monde, par la lutte pour soustraire l'investigation scientifique et la diffusion de ses enseignements au monopole de l'encadrement religieux et aux limites de ses canons et de ses dogmes. Mais dans le même temps, la critique marxiste démasque et dénonce les illusions selon lesquelles le «libre examen» serait une conquête suffisante pour éliminer du sein de la société les rapports d'exploitation et d'oppression de classe.
Seules les classes parvenues au pouvoir peuvent se servir du «libre examen» et des grandes forces représentées par la science, l'enseignement et l'école; il s'agit là d'une conquête réalisée par les seuls membres de cette classe, c'est-à-dire par une minorité privilégiée très réduite. La majorité contrainte à un surtravail et à une sous-nutrition ne tire aucun avantage de la proclamation, vide et abstraite, du droit à la recherche, du droit à l'étude, du droit à se faire le propagandiste des résultats de la critique. Le droit à se nourrir et à subsister doit précéder et non suivre le droit à la pensée. Appliqué tel qu'il est appliqué au sein de la société bourgeoise, ce droit signifie seulement la contrainte pour les non-bourgeois et les affamés à penser selon les canons et les théorèmes des doctrines justifiant le capitalisme et le système du patronat, conformément aux intérêts des rassasiés et des puissants.
Le noyau de la position marxiste était perdu si l'on ne voyait pas que cet encadrement des forces prolétariennes dans la lutte pour la liberté de pensée «en général» coïncidait avec la lutte pour imposer aux prolétaires, parallèlement à l'esclavage économique, l'obligation à penser et à se mouvoir, pire encore à se sacrifier et à combattre ainsi pour des principes sur lesquels la bourgeoisie avait construit son pouvoir.
Cette revendication des directives classistes s'est appelée dans la pratique et l'action politique, intransigeance, refus des alliances électoralistes, incompatibilité entre appartenance au parti socialiste et appartenance à la franc-maçonnerie et autres sociétés anticléricales, universités «populaires» et autres.
Depuis lors, il fut absolument évident que l'adjectif populaire était devenu répugnant. Le populus romain et le demos grec excluaient les esclaves, mais regroupait patriciens et plébéiens. La seigneurie féodale ne voulait pas se considérer comme faisant partie du peuple, aux côtés des «vils mécaniques», mais exaltait cependant la libération chrétienne des esclaves de l'Antiquité. La révolution des bourgeois anti-féodaux ramena sur la scène historique le peuple qui, dans l'acception moderne, signifie l'amalgame des patrons industriels, des commerçants et des financiers avec les petits possédants et les salariés, dans un ensemble indifférencié, soumis à une discipline juridique commune. Peuple, de nos jours, signifie étreinte amoureuse entre exploiteurs et exploités.
Le marxiste qui parle de peuple et de populaire s'est suicidé.

Aujourd'hui

Nous sommes donc revenus après tant d'événements à la lutte contre l'obscurantisme. Les partis d'étiquette communiste et socialiste, administrés dans un pur esprit de fonctionnaires, se sentent désormais tenus de participer à un tel capharnaüm. Appelés à lutter contre l'Hitlérisme et le fascisme, trouvant commode d'utiliser l'allié démocrate-chrétien, ils se moquèrent alors des préjugés anti-religieux et anti-prêtres; ils ont organisé le travail révolutionnaire dans les couvents, autorisé les adhérents à assister à la messe, à recevoir l'eucharistie et l'huile bénie. Ils ont ratifié les concordats avec le Vatican, non seulement pour faire plaisir à leurs alliés sociaux-chrétiens, mais ils les ont respectés au pied de la lettre comme l'avaient stipulé en leur temps les fascistes abhorrés.
Appelés aujourd'hui à lutter contre l'américanisme, puisque celui-ci se sert du parti démocrate-chrétien (démo-prêtre, dans le texte, NdT) en Italie, ils puisent dans l'arsenal du vieux maçonnisme. Mais imaginez un instant que les patrons yankees aient trouvé un terrain propice pour gérer l'Italie avec l'aide d'un regroupement de type maçonnique, si les républicains, les libéraux et les sociaux-démocrates de droite avaient été plus forts, vous verriez alors ces messieurs les sociaux-communistes faire usage ample et désinvolte des thèses de la critique marxiste orthodoxe à la bourgeoisie laïque et anticléricale.
Le signal du nouvel alignement des forces a été donné par l'excommunication lancée par le Vatican, provoquée par le fait que les staliniens locaux ont commencé à créer trop d'ennuis, non pas aux nouvelles hiérarchies, mais aux cercles dirigeants du capital international.
Et puisque désormais l'appel à une mobilisation des alliés est devenu l'unique moyen de lutte politique - ne disons pas un moyen toléré mais un moyen exclusif - immédiatement on lance la campagne pour l'union de tous les «esprits laïques», jaloux de la conquête sacrée de la «liberté de pensée» et des plus nobles traditions anticléricales italiennes.
Nous ne savons plus où ces alliés, auxiliaires et associés, pourraient se trouver, dévoués comme le sont toutes les couches petites-bourgeoises maçonniques au capital et à l'état-major occidental. Mais le discours laïcisant était de rigueur et on essaie quand même, bien que cela ne puisse toucher les Saragat, les Pacciardi, ni même les Nitti, Orlando et Bonomi et rejetons similaires de la culture politique laïque.
Ne pouvant mobiliser les vivants, on mobilise les morts illustres. Les éditeurs du parti et ceux plus ou moins alignés réimpriment Voltaire. Les chefs staliniens préfacent le «Traité sur la tolérance»!
La voie du recul est une voie sans fin. Nous sommes partis d'un vague réformisme de la société bourgeoise, nous sommes arrivés à une défense de la révolution bourgeoise et carrément à sa répétition historique, on rejoue à la destruction glorieuse du féodalisme. Un pas en avant, deux pas en arrière. On fait aujourd'hui l'apologie du réformisme de la société féodale, qui permettait des cultes différents du catholicisme.
Et dire qu'il s'agirait de l'authentique école léniniste! Du terrorisme révolutionnaire et de la dictature du prolétariat, les gens de Moscou sont donc parvenus d'étape en étape à la tolérance, mot d'ordre qui serait susceptible de créer des ennuis décisifs et causer de sérieuses difficultés à la politique de De Gasperi. Disons simplement que ce plan serait et est totalement imbécile. Nous devons simplement relever qu'il aurait été beau que ces gens se fussent arrêtés à la tolérance laïco-maçonnique partant de si loin. En parole on a parcouru une telle voie, mais dans les faits on a accompli celle, encore plus longue, qui conduit au terrorisme contre-révolutionnaire. Voltaire fait sourire, mais ce ne serait que de la camomille dans les mains des porteurs de ciguë.
Il y a quelques années, un beau film appelé Intolérance fit un succès sur les écrans. Dans un raccourci de l'histoire et de ses luttes tragiques, il voulait mettre en valeur la thèse selon laquelle l'origine de tous les maux humains et de toutes les tragédies sociales résidait dans un fait intellectuel et moral, l'incompréhension, la dure obstination à ne pas admettre et ne pas respecter les opinions d'autrui.
Thèse apte à émouvoir le parterre, thèse totalement cohérente avec la littérature laïque et la libre-pensée!
C'est cette position que le marxisme a voulu renverser une fois pour toutes. Ce n'est pas la tolérance qui fait cheminer le monde. Elle soumet et attache les classes opprimées et soumises au conformisme des privilégiés. L'histoire s'ébranle quand le troupeau humain s'écarte des illusions de la tolérance. Peu d'hommes sont des loups pour l'homme, trop sont des moutons. Les dominations de classe vacillent lorsque, dans le processus des formes organisées de la production, de violentes incompatibilités avec les engrenages traditionnels poussent l'avant-garde d'une classe jusqu'alors à genoux à se débarrasser de l'hypocrisie de la tolérance, pour emprunter la grande et intolérante voie de la Révolution. (1)
Notes:

Note des traducteurs:A la première page de ce filo Bordiga parle de Bloccardisme. Il s'agit de la maneuvre qui consiste à faire bloc avec d'autres partis, représentant d'autres classes, particulièrement avec
1. Page deux, la Louve de Dante est un des trois animaux allégoriques qui apparaissent au Chant 1 de la Divine Comédie avec le guépard et le lion. La signification symbolique de ces trois animaux - qui semblent repris de Jérémie, V,6 - a fait couler beaucoup d'encre. Il semblerait que la louve représente l'avarice, c'est-à-dire la soif d'or, la cupidité.
2. Arnaud est Arnaud de Brescia, élève de Abélard, réformateur religieux, partisan d'un retour de l'Eglise à la pauvreté originelle; les ecclésiastiques, par exemple, ne devaient pas être propriétaires fonciers. On voit là mêlées les dimensions anti-féodales communistes et les dimensions anti-féodales capitalistes-bourgeoises, deux dimensions qui se retrouvent dans de nombreux mouvements hérétiques. Arnaud, quant à lui, s'en prit au pouvoir temporel du pape Adrien IV qui, aidé de son ennemi implacable l'empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen avec qui il se réconcilia pour l'occasion, le fit pendre puis brûler.
3. Le Syllabus est un recueil de quatre-vingts propositions condamnées par le pape Pie IX, contenant les «principales erreurs de notre temps». Elle fut rendue publique en 1864, nouvelle tentative de l'Eglise catholique romaine de préserver son identité face au déferlement du mouvement du capital qui sapait ses fondements. Il en sortira évidemment, comme tout au long de l'histoire de cette Eglise, un compromis avec le monde, c'est-à-dire avec le capital. Ce sera la tâche de Léon XIII, réconciliation qui n'excluait pas une condamnation par ce pape de l'«américanisme».
4. L'exécution de F. Ferrer eut lieu en fait en 1909 et non en 1913.
5. Pour revenir à L'Eglise catholique romaine, ajoutons que de compromis en compromis avec la société en place (son acte de naissance est lui-même un compromis avec l'Empire romain, compromis au XIIIe siècle avec le thomisme, compromis lors de la Contre-Réforme avec Ignace de Loyola, etc., sans parler du compromis du Jésus des évangiles, Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, Matthieu, XXII, 21) elle s'est totalement vidée de sa substance et a perdu tout contenu propre pour devenir une organisation purement capitaliste, les rodomontades de Jean-Paul II, l'actuel pape, n'y pouvant rien changer.
6. Avec le redémarrage du commerce international et de la valeur (phénomène surtout des républiques maritimes d'Italie, impulsées elles-mêmes par le commerce musulman) au X° siècle, la raison, la philosophie, la dialectique vont progressivement pénétrer la théologie (il faut maintenant des preuves à l'existence de Dieu, Anselme de Cantorbury, véritable père de la scolastique, il n'y a plus évidence intuitionnelle, position de l'augustinisme) pour déboucher sur un compromis: les grands systèmes scolastiques du XIIIe siècle.
7. Dans les trois religions abrahamiques, on assistera à la réalisation de ce compromis avec quelques figures emblématiques: Thomas d'Aquin en terre chrétienne, Maïmonide en terre juive, Averroès en terre d'Islam. Dans les trois aires, on assista, dans le domaine philosophique, à un repli du néoplatonisme (augustinien chez les chrétiens) au profit de l'aristotélisme, l'unité supérieure était cependant trop forte en Islam pour que les positions d'Averroès fussent intégrées à la Sunna comme les théories du Stagirite furent intégrées à la théologie chrétienne. Dans les trois aires, le retour de la philosophie déclencha une violente réaction de la part des partisans de la composante anti-grecque du christianisme, refus du devenir à la pulvérisation, à la ville, à l'individualisation, mouvement qui produira le nominalisme de Guillaume d'Occam. Parmi les opposants au mouvement de la valeur aux Xe, XIe XIIe et XIIIe siècles, citons Pierre Damien, Rupert de Deutz, Ghazali et Ibn Taymiyya.
8. Pour montrer que nous n'avons pas dévié de notre sujet, Bordiga, en parlant de la théorie pneumatologique de Joachim et de son attente du troisième âge, celui de l'Esprit, nous finirons ces longues notes en citant la fin de «La civilisation des "quiz" est sourde aux messages élevés» (Il Programma Comunista, N°1, 1956), article qui est un commentaire d'un discours du pape Pie XII:
«Ce n'est peut-être qu'à ce moment-là, ô pontife romain, (après la disparition du capitalisme, NDR) que l'espèce humaine sera plus près de ce que les religions antiques, balbutiement de l'humanité mais balbutiement génial et vital, appelèrent le monde de l'esprit.» (souligné par l'auteur.) [back]

SOURCE: «BATTAGLIA COMUNISTA», N° 35, 21-28 SEPTEMBRE 1949

mardi 31 août 2010

Le capitalisme tel qu’il est: sur les derniers événements au Chili


Communiqué fourni par les camarades de la revue Balance (Barcelone) dans une traduction approximative par mes soins. Je joins en bas l’original espagnol (et que les camarades m’excusent si j’ai commis des contre-sens).
Ce communiqué fait suite à un accident de mine au Chili et dénonce plus largement l’hypocrisie des « sauveurs » capitalistes qui espèrent se laver de leur culpabilité. Ces 33 mineurs sont ensevelis depuis 17 jours dans une mine de cuivre et d'or près de la ville de Copiapó au Chili. Ils ont confirmé être en vie. Leur message avait été écrit à l'encre rouge sur un bout de papier dans un sac en plastique fixé à l'extrémité d'un appareil de forage, utilisé pour atteindre un refuge dans les profondeurs de la mine, où les ingénieurs pensaient que se trouvaient les mineurs.Bien qu'un sauveteur eût informé les familles des mineurs du message en début de matinée, les autorités ne confirmèrent pas avant 16 h heure locale. Le président Sebastian Piñera annonça la nouvelle devant la mine, déclenchant des manifestations spontanées de joie dans les rues de plusieurs villes, et apportant un soulagement très attendu aux familles et à tous les Chiliens. Un forage est entrepris pour percer un trou de 66 centimètres pour extraire un à un les mineurs. Ce forage devrait durer en réalité de deux à trois. Les mineurs ont reçu le soutien « moral » du pape, mais on s’en fout et nous pensons très fort à eux. Tiendront-ils tous aussi longtemps au creux de leur enfer ?


33 mineurs pris au piège de 700 pieds de profondeur dans le nord. 15 inculpés dans l'affaire "Bombas". Plus de 30 prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim. Le système s’affiche tel qu’il est. Il ne devrait pas nous surprendre, mais nous ne pouvons pas nous habituer. Les travailleurs pris au piège sous terre ne constituent pas un cas exceptionnel, ni au Chili ni dans le monde. Ils illustrent une réalité quotidienne qui condamne la majorité à subir les conséquences du travail aliéné, une entreprise qui a pour objectif le maintien de l'accumulation continue de la richesse, la justification du Capital pour quelques-uns Évidemment, tout ce spectacle apparaîtra dans la poubelle du cirque de presse et de la caste politique, déversant des mots vides, lune hypocrite bonne volonté, en promettant de l'aide et des améliorations générales, en cherchant les «coupables» de cet «accident». Comme s’ils n’étaient pas responsables ceux qui s'efforcent de maintenir ce système, qui joue en permanence avec le sacrifice de nos vies. Et pour maintenir l'ordre, le système capitaliste, en s'appuyant sur son corps politique qui est la règle, les États vont contenir toute velléité de questionnement, de résistance et / ou le potentiel de les combattre. C'est pourquoi, quand ils n'ont aucun moyen de trouver le responsable de plusieurs attaques contre des propriétés privées (principalement ATM), qui ont conduit à galvauder ( ?), ils produisent un montage absurde qui pénalise les gens sur leur identité sociale politique (en tant qu’anarchistes et agitateurs sociaux), en donnant des arguments et des «preuves» des plus stupides et fiévreux "d'esprit" d’entre eux qu'un procureur peut imaginer. Mais était-il nécessaire que les hauts responsables aient eu besoin de s’afficher d’urgence publiquement, en utilisant la coterie de journalistes serviles qui composent la majeure partie de la presse chilienne (écrite, TV et radio) -comme les gardiens de l'ordre et de la citoyenneté démocratique (même ordre, nous insistons qui conserve nos 33 frères de classe ensevelis sous 700 mètres) ? Et comme si cela ne suffisait pas, en tant d'années, l'État chilien continue à agir (administré soit par voie d'accord ou par la coalition), par la répression brutale du peuple mapuche, qui refuse de faire partie de la machine capitaliste et de laisser leurs terres pour le pillage d'entreprise. Cette répression, l'État l’a exercée par le harcèlement judiciaire, la militarisation des communautés en conflit, le meurtre d'un membre de la communauté mapuche et, bien sûr, l'emprisonnement (en masse) de ceux qui luttent, en tirant pleinement parti de l'anti-terrorisme, hérité de la dictature de Pinochet, moulé en fonction de besoins de l'entreprise / État : punir le questionnement radical de ce système meurtrier. Précisément, le but principal de l'abrogation de cette mauvaise loi, rédigée dans la lutte générale du peuple mapuche qui lutte pour leur indépendance, plus de 30 prisonniers politiques dans des prisons différentes de l'État, ont commencé il ya plusieurs semaines une grève de la faim, qui a été pénalement cachée par la presse et ignorée par le gouvernement actuel.
Tel est le visage du capitalisme. L'État gardien politique fidèle des appareils de domination de classe, maintenant géré par le milliardaire Piñera, suit la voie tracée par la conclusion : trouver la plus plaintive "critique" du prétendu droit. Compte tenu de cette offensive capitaliste étonnamment claire, contre cette exploitation dévastatrice au quotidien avec l'impunité du travail aliénant, nous, en tant que classe exploitée, on ne peut pas encore articuler une réponse efficace. L'ensemble des exploités et opprimés de la terre est imprégné de l'idéologie dominante (égoïste, individualiste, compétitive avec leurs pairs, peur, etc.) Fragmentée et largement indifférente à tout, si ce n'est que parce que les médias officiels se répercutent partout. Principalement par l’utilisation de cette tragédie, ils cherchent à tirer profit, si possible, montrer quelque chose « d’humain», par exemple interrompre la programmation matin avec un flash des correspondants dans le nord, les conducteurs simulant leurs visages affligés sincères; apparaissant quelques secondes pour dire, avec le large sourire, les avantages du produit que les promoteurs veulent vendre ou de le faire "croiser" avec un organisme de bienfaisance qui réduit en morceaux la solidarité du peuple, comme dans l'hystérie soporifique des téléthons).
Sommes-nous donc obligés d’avaler notre impuissance? Faut-il succomber aux «faits»? De nous taire dans cette liberté pseudo-hédoniste individuelle que le système peut, dans certains cas peut offrir (le promettant pour toute la famille, avec habitation, automobile et ce vieux rêve d'un navire de croisière dans le monde). Misez sur le chœur plaintif du réformisme ou peut-être mettez notre confiance dans les leaders politiques, spirituels ou dans l'au-delà?
La critique en colère de celui qui est convaincu que rien ne peut être fait doit-elle rester en retrait ? «Devons-nous nous joindre au grand troupeau de l'aliénation de masse? » Nous ne le pensons pas. Nous ne savons pas quand cela va finir. Nous affirmons qu’il y a une limite. Cette limite est précisément la conscience / l'activité de ceux qui sont la pierre angulaire de ce système: le prolétariat. comme exploités et opprimés. Nous insistons sur l'aspect totalitaire de la domination capitaliste dans dans une aliénation globale dont nous voulons nous débarrasser. Mais, nous l'avons déjà dit, notre classe est baignée en surface dans l'idéologie du capital, mais elle n’y est pas noyée complètement. Les faits l’ont déjà démontré, après le tremblement de terre dans les villes de la huitième région: L'idéalisation des citoyens entièrement attaché à la législation s’est effondrée partout. Ce citoyen qui était venu quelques semaines avant voter pour Piñera, affichant un exemple "de comportement démocratique international» de temps en temps, a été briser les vitres de chaque grand centre commercial. Bien sûr, ce n'est pas un phénomène que l'on peut lire comme une révolte consciente prolétarienne. Même dans ces actes l'idéologie dominante est exprimée. Mais ce n'est pas entièrement habituel à la consommation des citoyens. On peut voir une vague de mobilisation populaire, le développement des luttes partielles de divers secteurs, à même d'effrayer la classe dirigeante.
Notre confiance dans un changement radical de ce système est dans le développement global de ces luttes Dans la transformation et la modernisation de ces démonstrations de classe et avec le mouvement révolutionnaire. Dans cette tâche, nous croyons que nous devons maintenant chercher, à élaborer des outils théoriques et pratiques dans la classe, l’absorption dans ce cas de la contribution des luttes historiques du peuple, ici et partout dans le monde. C'est dans ce développement révolutionnaire dans les relations sociales qui le système capitaliste pourra être affaibli et détruit. C'est dans ce processus qui se construit le communisme, l'anarchie. Mais cela ne veut pas dire que nous devrions ignorer les actions de solidarité avec les opprimés d'aujourd'hui, précisément parce qu'ils font partie des réponses radicales au capitalisme, ni à ceux qui en subissent les conséquences quotidiennes dans le travail aliénant. Au contraire, nécessairement processus de formation de l'objet classe révolutionnaire consciente intègre ces actions.
Contre la répression directe de nos frères de classe, nous devons exprimer notre claire solidarité révolutionnaire. Comprise comme lutte d’ensemble, cette action marquera le début de l'édification du communisme révolutionnaire, la confrontation directe contre le capital / Etat et ses serviteurs.
Pas d’accident. C'est le terrorisme d'affaires. Ils sont les terroristes qui font régner la terreur en permanence dans nos sociétés. Mais ces terroristes commencent à se faire peur. Donnez-leur plus de raisons pour avoir peur.

Autonomie prolétarienne réseaux – RAP

(S'il vous plaît, faites circuler)

El capitalismo tal cual es
Sobre los últimos acontecimientos en chile

33 mineros atrapados a 700 metros de profundidad en el norte. 15 procesados por el denominado “caso bombas”. Más de 30 presos políticos Mapuche en huelga de hambre. Es el sistema mostrándose tal cual es. No debiera sorprendernos, pero tampoco podemos –ni podremos- acostumbrarnos. Los obreros atrapados bajo tierra no constituyen un caso excepcional, ni en chile ni el mundo. Son el ejemplo más duro de una realidad cotidiana que condena a la mayoría a padecer las consecuencias de un trabajo alienado, realizado con el objetivo de mantener la continua acumulación de riquezas -la razón de ser del capital- de unos pocos. Obviamente, aparecerá todo el círculo circense de la prensa basura y la casta política, derramando frases huecas, de falsa buena voluntad, prometiendo ayuda y mejoras generales, buscando a “los culpables” de este “accidente”. Como si no fueran ellos mismos los responsables; quienes se afanan en mantener este sistema, que se reproduce continuamente gracias al sacrificio nuestro. Y para mantener el orden, este sistema capitalista, apoyándose en su órgano político en que consiste el Estado, precisa contener cualquier atisbo de cuestionamiento, de resistencia y/o potencial combate al mismo. Es por ello que, al no tener manera de encontrar culpables por los diversos atentados a inmobiliaria privada (principalmente cajeros automáticos), que han dado lugar al manoseado “caso bombas”, éste elabora un absurdo montaje que criminaliza a personas por su identidad socio-política (anarquistas y agitadores sociales), entregando argumentos y “evidencia” que sólo la más estúpida y febril “mente” de un fiscal puede imaginar. Pero es que los mandamases necesitaban urgentemente de culpables; precisaban públicamente mostrarse -utilizando para ello la camarilla de periodistas serviles que conforman la gran parte de la prensa chilena (escrita, TV y radio)- como los guardianes del orden ciudadano y democrático (mismo orden, volvamos a insistir, que mantiene a 33 hermanos de clase sepultados bajo 700 metros). Y por si no bastara, como hace años el estado chileno lo viene haciendo (administrado ya sea por la concertación o por la coalición), se sigue reprimiendo brutalmente al pueblo Mapuche, que se resiste a entrar a formar parte del engranaje de la maquinaria capitalista y dejar sus tierras para el saqueo empresarial. Esta represión, el estado la ha ejercido a través de hostigamiento judicial, montajes, militarización de las comunidades en conflicto, asesinatos a comuneros Mapuche y, como no, el encarcelamiento (masivo) de quienes luchan, sirviéndose para ello de la Ley Anti-terrorista, heredada de la dictadura pinochetista, amoldada esta según los requerimientos del empresariado/estado para castigar el cuestionamiento radical de este sistema asesino. Precisamente, con el principal objetivo de derogar esta nefasta ley, enmarcado en la lucha general del Pueblo Mapuche que lucha por su autonomía, más de 30 presos políticos, en distintas cárceles del Estado, han iniciado hace varias semanas una huelga de hambre, que ha sido ocultada criminalmente por la prensa e ignorada por el gobierno de turno. Este es el rostro del Capitalismo. El estado, fiel aparato político garante de la dominación de clases, administrado hoy por el multimillonario Piñera, sigue la senda trazada por la concertación, encontrando a lo más lastimeras “críticas” de parte de la pretendida izquierda.
Ante esta contundentemente clara ofensiva capitalista, ante esta demoledora cotidianidad de explotación impune en el trabajo alienante, nosotros/as, como clase explotada, no hemos podido sin embargo articular una respuesta efectiva. El conjunto del pueblo explotado y oprimido se halla superficialmente impregnado de ideología dominante (egoísta, individualista, competitivo con sus iguales, atemorizado, etc.), atomizado y en gran medida indiferente a todo, cuando no sea porque los medios oficiales le ordenan lo contrario (principalmente, ante alguna tragedia de la cual éstos buscan sacar provecho, mostrándose en lo posible algo “humanos”, por ejemplo interrumpiendo la programación de sus matinales con algún contacto de sus corresponsales en el norte, simulando sus conductores caras de sincero afligimiento, para pasar en pocos segundos a indicarnos, con la más amplia sonrisa, las bondades del producto que sus patrocinadores quieren vendernos; O para hacer “cruzadas” que reducen a caridad los retazos de solidaridad que el pueblo tiene, como en las soporíferas y a la vez histéricas teletones).
¿Nos debemos entonces tragar nuestra impotencia? ¿Debemos sucumbir ante los “hechos”? ¿Encerrarnos en una hedonista seudo-libertad individual que el sistema puede, en algunos casos, ofrecer (volcarse por entero en la familia, en la casa, el auto y en el sueño de una vejez a bordo de cruceros por el mundo), unirse al coro del reformismo lastimero o depositar nuestra fe en quizá que líder político, espiritual o del más allá? ¿Criticar desde algún oscuro rincón con la ira de quien se convence de que nada se puede hacer? ¿Nos sumamos al gran rebaño de la masa alienada? Creemos que no. Sabemos que no. Afirmamos que esto tiene un límite. Límite que precisamente se haya en la conciencia/actividad de quienes son el sustento de este sistema: El proletariado. Los/as explotados/as y oprimidos/as. Debemos enfatizar en el aspecto totalizante de la dominación capitalista, en la alienación global a que nos pretende someter. Pero si anteriormente hemos dicha que nuestra clase está superficialmente bañada de la ideología del capital, es porque realmente su integración no es total. Ya lo demostraron los hechos tras el terremoto en ciudades de la octava región: la idealización de ciudadanos completamente apegados a la legalidad se les desmoronó por todas partes cuando la población en masa saqueó todo gran centro comercial. Ese ciudadano que semanas antes había acudido a votar ordenadamente por Piñera, dando un “ejemplo internacional de comportamiento democrático”, de un momento a otro se encontraba rompiendo vitrinas y cargando cuanto pudiera. Por supuesto, aquello no es un fenómeno que podamos leer como una conciente revuelta proletaria. Aún en esos actos la ideología dominante se expresa. Pero no hay tal ciudadano-consumidor completamente sumiso. Se puede constatar un auge de movilizaciones populares, el desarrollo de luchas parciales de variados sectores, que comienzan a asustar a la clase dirigente. Nuestra confianza en un cambio radical de este sistema está en el desarrollo integral de estas luchas. En la transformación y superación de estas movilizaciones en un movimiento clasista y revolucionario. En esta tarea creemos que debemos hoy abocarnos, en la construcción de herramientas teórico-prácticas en el seno de la clase, rescatando en este sentido el aporte de las luchas históricas del pueblo, aquí y en todo el mundo. Es en ese desarrollo revolucionario en el cual las relaciones sociales que conforman el sistema capitalista se debilitan y destruyen. Es en ese proceso en el que se construye el comunismo, la anarquía. Pero ello no dice que debamos dejar de lado las acciones solidarias con quienes son reprimidos hoy precisamente por formar parte de las respuestas radicales al capitalismo, ni tampoco hacia quienes diariamente padecen las consecuencias del trabajo alienante. Al contrario; necesariamente el proceso de conformación de la clase en sujeto revolucionario conciente comprende estas acciones. Contra la represión directa hacia hermanos de clase, debemos manifestar nuestra más clara solidaridad revolucionaria, entendida esta dentro de la acción integral que dará paso a la construcción comunista revolucionaria, al enfrentamiento directo contra el capital/estado y sus servidores. No hay accidentes laborales. Es terrorismo empresarial. Ellos son los terroristas, quienes hacen del terror una constante en nuestras sociedades. Pero estos terroristas comienzan a aterrorizarse. Démosles más motivos para ello.

Redes por la Autonomía Proletaria – RAP

(Favor difundir)

dimanche 29 août 2010

Viatique pour s’éloigner du quotidien pourri de la domination bourgeoise

Cette intro de Bordiga de 1956 à son « Dialogue avec les morts » devait être publiée sur mes archives maximalistes dont le site est en plein bug ; cette prise de distance avec l’actualité n’est pas faite pour dénoter dans ce blog résolument de plain pied dans l’actualité morose, contrite et pleine de faux-semblants journalistiques et syndicaux. Même avec ses exagérations, avec son style flamboyant et viril, Bordiga (1M80) dit l’essentiel pour notre époque d’attente de la révolution (je reproduirai plus tard son texte sur l’hypocrite « tolérance » bourgeoise que je n’ai pas encore retrouvé, mais qui est la meilleure réponse à l’angélisme antiraciste de toutes les fractions capitalistes actuelles, complété par le diabolisme anti-rom de Sarko et consorts (qui ont mis étrangement un bémol sur « l’intégration ratée » des ex-colonisés). La barque du partage des rôles entre méchants et gentils du même tonneau a encore de beaux jours devant elle, mais se brisera sur les principes communistes.

VIATIQUE POUR LES LECTEURS

"La connaissance du Dialogue avec Staline est une quasi nécessité pour comprendre clairement le présent travail, il a été publié par le mouvement qui publie ce dernier. Dans les pages par lesquelles cet écrit s’ouvre on en dit assez sur le lien chronologique et sur la nature toute spéciale du « débat contradictoire » que l’on continue ici à développer. Dans la préface de 1953 du Dialogue avec Staline nous avons clairement présenté les trois périodes de cette opposition ancienne et profonde.
Dans la première période, qui alla de 1918 à 1926, on peut dire qu’il s’agissait d’une divergence sur la tactique, au sein d’un mouvement qui tendait au même but, de la Troisième Internationale Communiste, fondée sur les ruines de la Deuxième tombée dans l’opportunisme social- patriote, sous l’impulsion de la Révolution russe d’Octobre 1917. L’aile gauche du socialisme italien, dont nous dérivons, dans la guerre et l’après-guerre, lutta, à partir de 1914, pour rompre avec toute version démocratique et pacifiste du socialisme et couronna sa lutte par la fondation à Livourne en janvier 1921 du Parti Communiste d’Italie. Au sein du mouvement international ce courant soutint des thèses qui divergeaient de celles de l’Internationale Communiste et de celles de Lénine lui-même, quant à la tactique parlementaire et à celle tendant à mettre en déroute les partis ouvriers opportunistes ; ce courant niait que la méthode de ce que l’on appelait alors le front unique, et pire la méthode du gouvernement ouvrier, étaient aptes à cette fonction de dispersion.
Ce bagage de contributions qui contenaient une dénonciation explicite des dangers de dégénérescence eut pour étapes les congrès de Moscou de 1920 à 1926 et les congrès du parti italien à Rome en 1922 et à Lyon en 1926.
Dans une deuxième période, après 1926, la divergence se développa jusqu’à la séparation organisationnelle et politique au cours de laquelle l’opposition de gauche fut partout fièrement battue, alors que ses prévisions d’involution de la majorité au pouvoir en Russie, en Europe et en Italie se trouvaient gravement confirmées. En Russie, la fausse théorie de la construction de la société socialiste russe sans révolution prolétarienne mondiale et en dehors de celle-ci l’emportait, et l’opposition, qui sur ce point et d’autres restait fidèle aux traditions des bolcheviks et de Lénine, succombait diffamée et exterminée. En Europe l’arrêt de la vague révolutionnaire et la consolidation insolente du capitalisme avaient comme conséquence défaitiste et lâche le passage des communistes dans les rangs des blocs comportant des partis et des classes non prolétariens, non pas avec pour objectif de renverser la bourgeoisie, mais pour sauver la démocratie libérale bourgeoise.
Dans une troisième période, avec la deuxième guerre mondiale, il fut clair que le désaccord s’était élargi jusqu’à devenir un abîme infranchissable de doctrines et de principes, avec le reniement total de la part du Kremlin, et de ses agrégats extérieurs, du marxisme révolutionnaire, notamment des principes fondamentaux défendus et revendiqués après la première guerre mondiale par ceux qui luttaient comme Lénine et avec lui1. Les partis étrangers furent jetés dans la collaboration sociale- nationale, dans une première phase en Allemagne, dans une deuxième en France, en Angleterre et en Amérique. La consigne de Lénine revendiquant le défaitisme dans tous les pays impérialistes belligérants et le renversement du pouvoir militaire et civil des capitalistes, fut remplacée par celle d’une ligue avec les États qui étaient militairement alliés à Moscou, alors que la lutte contre les États ennemis était menée non pour y détruire la bourgeoise mais pour rétablir ses formes libérales, liquidées dans la théorie de Marx et de Lénine, écrasées matériellement pour toujours à l’intérieur de la Russie, tant révolutionnaire qu’impériale.
Cette période marqua la liquidation organisationnelle et théorique de l’Internationale de Lénine et d’Octobre ; on y vit tirés les corollaires du passage total à la contre-révolution. Peu nombreux, mais avec un bagage puissant de continuité historique et doctrinale, nous proclamâmes, en dehors des clameurs des foules trompeusement ivres qui entouraient les partisans de ce que l’on nommait alors de tous les côtés le stalinisme, que nous avions depuis de nombreuses années en face de nous non plus un dissident qui avait perdu le chemin qui était hier le sien, et qui était toujours le nôtre, marxistes de toujours, mais un ennemi mortel, un ennemi juré de la classe ouvrière et de son chemin historique vers le communisme. Et dans le même temps, on fournissait des preuves évidentes de la nature capitaliste de la société économique instaurée en Russie, et de l’infamie centrale qui consistait à la présenter au monde comme une société socialiste ; infamie dans laquelle nous reconnaissions le sommet suprême de tant de trahisons bruyantes, le chef d’œuvre de l’infamie contre-révolutionnaire.
Dans le Dialogue avec Staline nous nous étions proposés de tracer les « périodes » futures de ce débat historique – que nous appelons tel même s’il manque à l’une des parties en présence des lettres de créance illustres – et nous prévîmes la confession à venir dans laquelle on déclarerait que deux liens étaient rompus : celui entre la structure productive russe et le socialisme ; et celui entre la politique de l’État russe et celle de la lutte de classe des travailleurs de tous les États contre la forme capitaliste mondiale.
Après trois années, le XX° congrès du Parti Communiste de l’Union Soviétique, s’il ne nous a pas mené au terme de cette étape historique future, a toutefois représenté un saut énorme, et peut-être nous a rapproché de celui-ci plus que ce à quoi nous nous attendions. Puisque toutefois les aveux scandaleux , qui ont un retentissement mondial à cause de la prise de distance vis-à-vis du mort Staline, prétendent encore être proférées dans la langue de Marx et de Lénine, le Dialogue avec le contradicteur fantôme doit se poursuivre : la Confession totale, qui viendra un jour du Kremlin, mais nous ne savons pas s’il suffira de trois nouvelles années, le réduira à leur monologue. Eux, ils avaient tant vainement espéré des confessions qu’ils arrachaient en torturant les révolutionnaires. Les Confesseurs se confesseront.
Notre position est aujourd’hui la suivante devant la torture infligée de façon exagérée et jusqu’à l’obscénité à celui qui était une Idole il y a encore trois ans : nous n’applaudissons pas du tout les iconoclastes. Notre position est cohérente à ce que nous avions établi à l’époque en prévoyant que tout au long de la course terrifiante à l’abîme allait s’élever le cri de ricanement du monde bourgeois contre les grandioses conceptions de notre doctrine révolutionnaire. Nous écrivions ce qui suit :
« Les méthodes de répression, de broyage que le stalinisme applique à ceux qui résistent, quelle que soit leur origine, trouvent une ample explication dans toute la critique que nous avons rappelée de son développement et elles ne doivent pas amener à donner son appui à tout type de condamnation qui, si peu que ce soit, voudrait se repentir de nos thèses classiques sur la Violence, la Dictature et la Terreur, armes historiques dont nous revendiquons l’emploi et dont il n’y a pas à se repentir. Ce repentir, aussi vague soit-il, n’est que le premier pas vers la propagande hypocrite des courants du ‘‘monde libre’’ et leur revendication mensongère de tolérance et du respect sacré dû à la personne humaine. Les marxistes, ne pouvant pas être aujourd’hui les protagonistes de l’histoire, ne peuvent rien faire de mieux que de souhaiter la catastrophe politique, sociale, et militaire de la domination américaine sur le monde capitaliste. Nous n’avons donc rien à faire avec la revendication de méthodes plus libérales ou démocratiques défendue par des groupes politiques ultra-équivoques, et proclamée par des États qui, dans la réalité, eurent, comme celui de Tito, les origines les plus féroces ».
De ces quelques paroles claires, comme de toute notre construction, d’autant plus compacte et différente de toutes les autres qu’elle n’est pas récitée devant des caméras de télévision par des figures de farce, on comprend l’accueil que nous devions faire aux contorsions pitoyables du XX° congrès et à la comédie de l’abjuration de Staline présentée comme un retour aux classiques de notre grande École ; alors qu’elle n’est qu’une étape dans la marche à reculons vers les superstitions les plus fausses de l’idéologie bourgeoise, une génuflexion vile devant les super-puissances du lupanar capitaliste contemporain.
Nous avons mis en couverture la brève épigraphe qui, avec ce raccourci de notre origine
historique, sauve notre petit groupe des confusions indésirables et déplorables.
Ajoutons une autre distinction. Il est certain que chaque pas de l’engloutissement que nous avons décrit plus haut des hommes du Kremlin dans les sables mouvants de la contre-révolution bourgeoise, nous rapproche de l’objectif dur et difficile à atteindre de la reconstitution du parti révolutionnaire auquel nous dédions toutes nos forces sans impatience vaine.
Quand l’histoire sonnera l’heure de cette reconstitution, la formation de l’organe de classe ne se réalisera pas au moyen d’une constituante risible de petits groupes et cénacles qui se disaient et se disent antistaliniens ou qui aujourd’hui se disent, bien ou mal, « anti-vingtième congrès ».
Le Parti, détruit goutte à goutte par trente ans d’une tourmente ennemie, ne se recompose pas comme les cocktails de la drogue bourgeoise. Un tel résultat, un tel événement suprême, ne peut que se trouver à la fin d’une ligne unique ininterrompue qui n’est pas caractérisée par la pensée d’un homme ou d’un groupement d’hommes, présents sur la « place publique », mais par l’histoire cohérente d’une série de générations.
Il ne doit surtout pas naître de nostalgiques illusions de succès qui ne sont pas fondées sur la certitude doctrinale indestructible du cours révolutionnaire que nous possédons depuis des siècles, mais sur la vile exploitation subjective de l’agitation et du fléchissement d’autrui. Exploitation qui est une voie misérable, stupide et illusoire pour un résultat historique immense.