PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 mai 2010

A PROPOS DU BLOG ANARCHO-MONARCHISTE DE LA SECTION PS DE RODEZ


Le secrétaire de blog de la section soc. De Rodez, lecteur régulier et bienveillant de P.U., m’écrit ceci :
« Faisons confiance aux masses, qui, même sans langue commune, sauront trouver les moyens d’imposer leur force face aux Etats aux abois et même pour leurs gentils conseillers révolutionnaires amateurs." Faire confiance aux masses ? Tu plaisantes, j'espère ? Gentils conseillers révolutionnaires amateurs ? De qui parles-tu ? De toi ? Tu espères donc que les masses te feront plaisir un jour ? Jean-Louis, en toute amitié, je te le dis : il n'y a pas de place pour les rêves en politique, surtout à notre époque ! Hyarion reprend une autre de mes affirmations : "Cette affirmation du prolétariat comme colonne vertébrale de la révolution, et non comme masse diluée dans ce crétin de peuple, est l’étape indispensable qui doit se nourrir de réflexion politique, [...] par la capacité, dans les affrontements politiques et sociaux, des masses à imaginer et solutionner la nécessaire refondation d’un autre monde, libéré du capitalisme ». Mais depuis quand les masses sont capables d'"imaginer" ou même de penser quoi que ce soit ? Quant à cette "affirmation du prolétariat comme colonne vertébrale de la révolution", on en revient toujours au même point : quel "prolétariat" ? Pour quelle "révolution" ? Il est où, le prolétariat ? Elle est où, cette sacro-sainte "conscience de classe" si nécessaire pour l'"émancipation" de l'humanité ? Et à part renverser le capitalisme, quid novi ? On fera quoi, après ? Des "conseils ouvriers" pour nourrir la planète? Et tout le monde sera heureux, sachant qu'apparemment, d'après ce que tu as écrit, les notions de justice et de liberté sont des "valeurs capitalistes" ? Désolé, Jean-Louis, mais tout cela, ça ne donne pas envie, mais si je n'aime pas le capitalisme. Je ne comprends pas comment on peut à ce point, en bon matérialiste sans doute, placer toute sa confiance dans la capacité supposée des masses humaines à réfléchir. La révolution, pour la plupart des gens, ce n'est qu'un mot, qui fait d'ailleurs souvent peur à beaucoup, et dont beaucoup ignorent la signification, comme c'est le cas d'ailleurs pour de nombreux mots figurant dans les dictionnaires. Et, surtout, les hommes sont ce qu'ils sont : aucune idéologie, même universaliste, ne les changera. Aucune révolution non plus. Il y en aura toujours qui préfèreront avoir plutôt qu'être. Il y en aura toujours qui en voudront plus que les autres. Et tout cela ne pourra aboutir qu'à une énième guerre civile, même si je sais que tu ne souhaites pas que le sang soit versé, car il y aura toujours des gens prêts à défendre leurs intérêts particuliers, y compris par la violence, contre la prétention d'autres à un monde débarrassé du capitalisme. Et cela, tu n'y peux rien. Personne n'y peut rien. Tu me répondras sans doute que ce n'est pas une raison pour "fermer sa gueule", et tu auras raison. Mais je trouve un peu triste que tu t'illusionnes à ce point sur la nature humaine. C'est beau, les convictions, mais qu'il n'y a plus guère de place pour le doute - ce doute pourtant cher à Marx, parait-il -, ça craint quand même un peu, comme dirait l'autre... Amicalement,
Hyarion.(13 mai 2010 13:38)

Je connais un peu l’ami Hyarion, je l’aime bien comme homme mais la vérité m’est plus chère. Ce garçon est cultivé, en connaît un bout en histoire, sait raisonner mais la connaissance et le raisonnement basé sur les pires clichés bourgeois n’ont jamais produit un bon lait de chèvre pour nourrir nos petits. Hyarion l’anarcho-oligarchique tient le même langage que le contre-révolutionnaire français du début du XIXe siècle, Bonald, qui n’avait déjà que mépris pour les viles « multitudes » et niait déjà le prolétariat bien qu’en lui reconnaissant des capacités émeutières « décadentes » :
« Les manufactures entassent dans les villes une population immense d’ouvriers, dépourvus des vertus qu’inspirent le goût et la culture des propriétés champêtres, livrés à tous les vices qu’enfante la corruption des cités qui offrent des jouissances à la débauche et des ressources à la fainéantise. La moindre diminution dans leur travail, la moindre variation dans le goût des objets qu’il produit, livrent à la faim et au désespoir cette multitude imprévoyante, qui travaille peu pour consommer beaucoup ; et ces alternatives fréquentes d’aisance et de misère, ce passage subit de l’intempérance à la faim, le rend, suivant que l’Etat est tranquille ou agité, cause de désordre ou instrument de révolution. Nos villes fabricantes et manufacturières ont donné aux campagnes le signal de la révolte ».
Comme Maurras il imagine la « vile multitude nomade» inconsciente, moutonnière et impulsive :
« La grande nouveauté de l’usine moderne, ce vaste rouage inhumain, comportait un ouvrier sans attaches, véritable nomade égaré dans un désert d’hommes, avec un salaire qui, même élevé, variait trop, ne lui assurait aucune défense économique sérieuse (…) sa faculté de débattre la condition du travail, limitée par les conditions de sa vie, le refus du travail, qu’il vînt de lui ou de l’employeur, pouvait le réduire à la mort sans phrases ».
Un individu intelligent comme Hyarion peut commettre un léger glissement dans la vision de la réalité du monde politique, et même un grave dérapage. Comme on va le voir il va nous expliquer lui-même que la « vile multitude » inconsciente et moutonnière est constituée, non par ces « masses prolétaires » (qu’il ignore) mais par les papies et mamies membres des sections du principal parti oligarchique français, le PS ; il est d’ailleurs le seul jeune de la section de Rodez. Mais avant de vous livrer sa démonstration de la façon caricaturale dont fonctionne un parti bourgeois comme le PS (comme tous les autres partis, du FN à l’UMP ou au NPA et LO), je vais répondre à ses commentaires insanes sur les masses.
En premier lieu, même en tant que marxiste je n’ai jamais aimé le mot « masses », terme usité par sociologues bourgeois et réformistes effrayés au début du siècle dernier par le « nombre » des masses. Derrière cette « masse » il n’y a pas un troupeau de bétail, mais des hommes, des femmes et des proles (enfants). Ces « masses » contrairement aux animaux (les moutons par exemple) ont le droit d’avoir des rêves, entre autres de vraie justice et de vraie liberté. Ces dites masses n’ont pas besoin pour réfléchir par elles-mêmes de conclaves de papys du PS attelés à leurs éléphants ni de cénacles de révolutionnaires de pacotille profs en retraite. Pour tout être humain réaliser un rêve n’est pas forcément utopique ni insane. Je peux rêver d’avoir un meilleur salaire et me donner les moyens d’exaucer ce rêve en faisant grève. Je peux rêver sortir avec une jolie fille et en inviter une au bal, sans que ce rêve se concrétise. Je peux rêver gagner un jour une forte somme au loto, sans pour autant jamais gagner un centime d’euro.
Il y a rêve et rêve. L’individu qui ne rêve jamais ne peut jamais faire de projet d’avenir, on est d’accord ami Hyarion ? Il s’agit ici d’un souhait, comme d’ailleurs toi-même tu souhaites trouver une meilleure situation sociale que tu mérites par ta formation et ton dynamisme.
Venons-en au prolétariat, que, soit dit en passant tu méprises plus que tu ne l’ignores. L’existence du prolétariat est un fait qu’aucun bourgeois ne se permet d’ignorer dans la terrible crise systémique qui n’en est qu’à ses débuts. Il suffit de lire même les simples journalistes pour se rendre compte des affres dont ils témoignent, par exemple on peut lire dans Le Figaro ou Le Monde ou Les Echos des commentaires tels que : « la non résolution des problèmes de la dette des pays endettés va entraîner des mouvements sociaux dangereux et des morts ». Le prolétariat est mouvement (mouvement social depuis ses origines), je ne vais pas épiloguer là-dessus, il faut cesser de prendre les prolétaires pour des imbéciles sans mémoire qui goberaient toujours le nihilisme des classes par l’idéologie dominante. Le prolétariat, avec ses innombrables métiers modernes, fait tourner la société. Le prolétariat ce n’est pas simplement des bras qui obéiraient à des crânes d’œuf, c’est une conscience universelle. Tu te laisses abuser par l’atmosphère aliénée du monde actuel où prévaut l’égoïsme, où, tel ce con de Sartre décrivant un garçon de café aux gestes mécaniques, on ne pourrait considérer tel ouvrier au travail que comme une simple machine. Or, même s’il existe de nombreux mécontents et tires-au-flanc, la plupart des travailleurs connaissent aussi leur utilité sociale (mais aussi jetable et corvéable à merci) mais surtout ils sont amenés, par période ou par contrainte, à se constituer en force collective pour se défendre. Désolé de prendre un peu de temps pour expliquer ce qui est le b a ba pour tout prolétaire conscient. Le chômeur, le précaire, l’assisté, le chômeur intermittent, nous comprenons qu’il ait perdu de vue cela dans sa solitude ; mais ce n’est pas une généralité, la cause de cet abandon de la « conscience de classe » est surtout dûe au sabotage syndical et de la gauche bobo (ton parti en tête avec ses caciques et ses classiques politiciens).

Sur la question de l’initiative des masses, Hyarion, honorable secrétaire de Rodez et suiviste impénitent des magouilles intestines du PS (comme il va nous le démontrer si bien plus loin), n’a pas réfléchi aux grands événements historiques, bien qu’il ait un vocabulaire plus riche que ces « masses »… illettrées, imagine que l’histoire est faite par de « grands hommes ». Il ne tarit pas d’éloges sur Napoléon III (dit le petit). Son blog étale des photos géantes de personnages « historiques » aussi considérables que M. Chirac, M. Sarkozy, M.Frêche, Mme Royal et même Laeticia Casta (je dois dire que les nus de Mlle Casta sont plus agréables à voir que les tronches des autres zigotos auxquels il consacre une place démesurée en pixels).
Lorsque les méchants marxistes Marx, Engels, Lénine, Rosa Luxemburg, Trotsky, Pannekoek ont le culot de relever « l’initiative des masses », nous sommes totalement en phase avec ces théoriciens. Même avant leur naissance… En 1789, en 1830, en 1848, en 1871, en 1905, en 1917, en 1918-19, en 1920, pour ne citer que de grandes dates, nous avons sous les yeux, sans être prof d’histoire ou prof d’athéologie ou curé de secte, de multiples exemples de l’initiative des masses : elles se soulèvent contre la faim, contre la guerre, contre l’oppression. Certes à chaque époque des « incoyables » aux « mencheviques », des intellectuels méprisèrent ces masses, mais ces « critiques » aux mains blanches ne se soucièrent jamais de remettre en fonctionnement la société, ou même sur d’autres bases. Ce genre d’intellectuels porte un nom, ce sont des voyeurs de la bourgeoisie ; et tu te ranges, cher Hyarion aux côtés des mêmes voyeurs contemporains qui ont pour nom ridicule « communisateurs » ou « observateurs ».
Au surplus, ces « masses » ne se contentent pas de se soulever pour casser comme les vulgaires émeutiers cagoulés et promettre l’autogestion de village à la Coupat où chacun plantera ses choux ou son cannabis, mais elles posent la question de la réorganisation de la société. TOUTES les révolutions de 1789 à 1917 ont montré les intenses débats que les « masses » ont impulsés : comment gérer les usines après octobre 1917, par les ouvriers eux-mêmes ou par l’Etat dit « prolétarien » ; même à Kronstadt, et confusément, comment exercer mieux la démocratie prolétarienne et ne pas subir les désidérata d’un seul parti. Pendant une dizaine d’années dans une Europe secouée d’insurrections, de 1920 au milieu des années 1930, il y a des débats pas simplement entre minorités ou partis politiques mais parmi les millions et les millions, et cette putain de crise de 1929 relança même le « rêve » (comme tu dirais) de mettre fin au chômage massif et encouragea aussi le « rêve » qu’une 2ème Boucherie mondiale n’ait pas lieu !
Moi je continue, Hyarion, à me battre pour ce que tu appelles des « rêves » et qui sont pour moi des objectifs, des projets tout à fait matérialistes et par conséquent réalisables. Tu révèles combien tu es bouffé par l’idéologie dominante lorsque tu te moques : « Des ‘conseils ouvriers’ pour nourrir la planète » ! Mais, malheureux égaré, même sans « conseils » (organismes politiques de contrôle du pouvoir et non syndicats lèche-botte) ce sont en ce moment les « ouvriers » qui te nourrissent et nourrissent la planète, de l’ouvrier agricole à l’employé qui commande tes boites de conserve sur son clavier pour que tu puisses les acheter à ton supermarché.

LA BAUDRUCHE DE LA « NATURE HUMAINE »

Enfin, après avoir étalé ton souverain mépris des « animaux prolétaires », tu nous ressort la vieille chanson de l’aristocratie (d’où le titre de ton blog explicite) repris par la bourgeoisie : la nature humaine ne changera jamais, il y aura toujours Truc pour exploiter Machin. Philosophiquement et psychologiquement une foule d’auteurs ont démontré que la nature humaine n’existe pas de façon figée, constante, mais surtout qu’elle est l’objet d’une foule de délires spéculatifs. Nous sommes avant tout modelés depuis la naissance par la société donnée où nous naissons et mourrons. Sous le capitalisme, l’individu et son égoïsme sont portés au pinacle. Tu sais que je ne suis pas borné ni religieux dans mon espoir de voir transformé la « « nature humaine » formatée sous le capitalisme ; comme Hermann Gorter, je ne suis pas sûr que, même sous une société dite libérée, nous ne conserverons pas encore longtemps des tares héritées d’un lointain passé génétique. Mais là n’est pas la question. C’est ton refus d’envisager le possible qui nous révèle que tes « maîtres à penser » (après Bayrou, puisque tu as été membre duModem) sont le profond philosophe Michel Rocard, le grand écrivain Georges Frêche et l’épatant penseur Laurent Fabius. Tous ces grands penseurs n’ont jamais dit autre chose dans leur parcours en fin de jeunesse scolarisée, Rocard au seuil du PSU, Frêche à la sortie du trotskisme, et l’autre zigue au carrefour du cavalier sans tête entre sentier de droite et sentier de gauche ; en résumé : « ouais, ouais, n’en doutons les révolutions c’est fini, il faut gérer le possible ».

Je t’ai déjà dit que mon rêve était que tu fiches le camp au plus vite de cette merde de parti bourgeois oligarchique où ils ne parlent pas politique ni social. Dans vos réunions avec les papys soc-dém çà cause d’élections bidons, des petits personnages des particules concurrents. Les « éléphants » - quand ils se déplacent – vous laissent poser vos questions très apolitiques sur les personnes : qui est présidentiable, qui ne l’est pas, qui roule pour qui, qui va chier une fois sur le trône, etc. Pourtant, toi, voici les seules questions intéressantes que tu poses et dont ils ne veulent pas :
« Plutôt qu'un débat sur l'identité nationale, il aurait mieux valu proposer tout autre chose : un débat sur la violence gratuite qui gangrène notre belle société névrosée et hypocrite, par exemple, ou un débat sur le statut du chômeur et du salarié dans notre gentille société de cinglés consuméristes, ou un débat sur la place que devrait occuper le pognon dans notre merveilleuse société soumise à la tyrannie de l'urgence et des apparences… ». Après tu retombes dans l’apolitisme entretenu par ce genre de structure oligarchique qui s’égare sur la regrettable publicité octroyée à la baudruche Le Pen, le souci (chauvin) de « notre pays ». En fait tu sais bien que ces débats simplistes sont réservés aux gogos (je t’ai informé comme tous mes lecteurs des tractations secrètes du pape des grands bobos Mitterrand et du Chirac avec la bande à Le Pen…) donc tu cherches autre chose : soit obtenir un bon salaire comme permanent de cette structure bourgeoise ou soit être pistonné par un de leur franc-mac pour trouver un job convenant à tes… rêves.

PROPOSITION DE CHANGEMENT DE TITRE A TON BLOG :
LE BLOG DU SOCIALO-OLIGARQUE

« Une oligarchie - du grec oligos (peu nombreux) et arkhê (commandement) - est une forme de gouvernement par une classe dominante peu nombreuse qui s'est cooptée elle-même selon des critères mal définis. Sa légitimité n'est pas fondée sur celle des autres types de régime: ni d'être les meilleurs (aristocratie), ni les plus riches (ploutocratie), ni les plus populaires (démocratie), ni les plus compétents (technocratie), ni non plus le tirage au sort, la force ou l'hérédité, mais d'exercer un pouvoir de fait, en s'appuyant parfois sur un ou plusieurs des critères de légitimité qui caractérisent les autres régimes ».

Voici enfin la démonstration de l’oligarchie qui règne au PS et l'illustration de la osumission de "ses masses" par le « traître » Hyarion :

« En ce qui me concerne, dès le soir du premier tour, le 14 mars, les résultats m'ont évidemment satisfait en ce qui concerne la gauche de gouvernement... y compris en Languedoc-Roussillon... (…) Le 30 novembre dernier, j'ai été invité, en tant qu'adhérent du PS, à participer à une nouvelle élection interne, le 3 décembre, pour la désignation de la liste des candidats censés représenter les socialistes aveyronnais aux élections régionales : rappelons que lesdites élections régionales sont un scrutin de liste à deux tours, et que si les listes sont régionales, elles comportent des sections propres à chaque département de la région. Partout en France, ce jour-là, les adhérents du PS ont eu à se prononcer sur le choix des listes départementales, dans leurs sections respectives. J'ai donc, une fois de plus, fait le déplacement de Toulouse à Rodez pour participer à cette élection interne (ne me demandez pas pourquoi je suis encore prêt à faire des déplacements par ça, sachant tout ce que je sais : à chacun ses déviances), alors que l'invitation n'avait pu être envoyée que fort tardivement dans la mesure où les responsables de ma section, au moment d'envoyer les invitations aux adhérents, ne disposaient pas encore des informations concernant la composition de la liste sur laquelle nous étions censés, moi et les autres adhérents, nous prononcer : il semble, en effet, que deux réunions du Conseil Fédéral socialiste départemental n'avaient pas lors permis une entente entre les différentes motions (du congrès de Reims) pour proposer une liste acceptable par tous. Le jour de l'élection interne, une liste (fruit notamment d'une alliance entre le PS et le PRG [Parti Radical de Gauche]) dont la composition avait dû être probablement négociée jusqu'au dernier moment, a finalement bel et bien été soumise au vote des militants. Elle a été adoptée sans difficultés, et j'ai moi-même voté pour, dans la logique de mon vote pour Malvy comme tête de liste régionale la fois précédente. Les choses auraient pu en rester là, mais le PS ne serait pas le PS sans ses fameux petits "imprévus" (hi hi) de dernière minute pour perturber la bonne marche de son fonctionnement interne. Ainsi, j'ai appris, par la suite, que la liste des candidats aveyronnais aux élections régionales avait été modifiée après le vote des adhérents (ohooooooo c’est pas bien ! JLR), sans doute par la volonté de quelques personnes "importantes" du parti réunies en petit comité. Les changements dans la composition de la liste se sont révélés assez peu perceptibles de mon point de vue, mais si j'en crois le compte-rendu d'une réunion de ma section qui eu lieu un peu plus tard, le 16 décembre, il s'est tout de même trouvé des voix dans ladite section pour dénoncer, sans doute à juste titre, un "processus peu démocratique". Pour ma part, il n'y a pas de surprise : au PS, on prend moins les adhérents pour des crétins qu'à l'UMP, mais il n'en reste pas moins vrai que les membres de base des partis politiques n'ont jamais le dernier mot dès lors qu'il y a de gros enjeux électoraux à la clé (« c’est la nature humaine ! » JLR). D'où des irrégularités quasiment consubtancielles à la vie politique interne des partis, et qui se produisent toujours ici ou là, à des degrés divers. Si l'on constate que de telles choses se produisent même dans un territoire aussi calme que celui de l'Aveyron, on imagine l'étendue des magouilles qu'il peut y avoir ailleurs en France... Pour ma part, aujourd'hui, j'avoue que, au risque de paraître cynique, tout cela ne me dérange pas outre mesure : les magouilleurs de tout poil peuvent bien faire ce qu'ils veulent, ce n'est pas moi qui les empêcheraient de continuer leur route sur la voie pathétique qu'ils ont choisi (bêêêêê, JLR). Ayant ma conscience pour moi, je ne puis qu'espérer (tu vois que tu rêves ! JLR) que les responsables du parti dont je suis membre aient, eux aussi, leur conscience pour eux, puisque, encore une fois, si les partis politiques n'ont pas de morale par définition, cela ne dispense pas les membres de ces partis d'en avoir une, de morale (ce dont je doute, à vrai dire, s'agissant de la plupart d'entre-eux)... »
ah putain de nature humaine inconstante du sommet à la base…

jeudi 13 mai 2010

COMMENTAIRES SARCASTIQUES SUR UNE CARTE POSTALE






Le sarcasme (du grec ancien σαρκασμός / sarkasmos) désigne une moquerie ironique, une raillerie tournant en dérision une personne ou une situation[1], c’est donc de manière sarcastique que nous examinerons cette photo de manifestants archéo-staliniens juchés sur la ville haute d’Athènes, lieu qui servait de refuge à la population lorsque Athènes était attaquée dans l’Antiquité. La mise en scène des avatars staliniens synthétise assez bien la situation de la « cure d’austérité » qui déferle sur l’Europe industrielle. Le Parthénon à la toiture effondrée symbolise bien le délabrement du libéralisme capitaliste et la poignée de manifestants représente bien la capacité d’agitation ridicule et creuse de la gauche bourgeoise ringarde.


Arrêtons-nous un instant sur les deux panneaux, afin certes de ne pas tomber dedans, mais pour en révéler l’innocuité politique. Les avatars grecs du stalinisme ont pris soin de traduire en grec leur injonction en langue internationale : « Peuples d’Europe, soulevez-vous ! ». Cette injonction a enchanté tout ce que l’Europe, et en particulier la France compte d’autres avatars staliniens qui, nouveaux Lazare (s), croient ressortir vivant de la tombe du stalinisme. J’ai déjà signalé dans la colonne ci-contre comment un des sites du PCF (« Le grand soir » (sic) avait salué avec enthousiasme : « Les travailleurs et militants du KKE et du PAME (qui) ont lancé un véritable appel à l’insurrection populaire sur le continent européen ». Le site « Front syndical de classe » de la CGT n’a pas été en reste pour afficher le même enthousiasme pour ce chemin grec vers de nouveaux « fronts populaires » en saluant le PAME: « Pourquoi il est maintenant nécessaire de créer un Front populaire des travailleurs européens pour résister et contre-attaquer »[2].


Les sites des croque-morts français de la lutte de classe dans notre hexagone rapportent avec une compassion touchante « l’exemplarité » grecque. Sous le titre ultra-gauchiste : « Réponse massive et de classe au capital et à la politique antipopulaire du gouvernement socio-démocrate, de l’Union Européenne et du Fond Monétaire International », il nous est rapporté le discours de l’inter-nationaliste (sic) du PAME Yorgos Perros (qui) a souligné : « Nous avons droit et nous lutterons pour notre Grèce qui sera mille fois meilleure que la leur. Même si ces mesures sont votées, elles ne seront jamais légalisées dans notre conscience. Nous n’obéirons jamais à ces lois. Jour après jour, mois après mois, nous nous regrouperons pour contrer la réalisation de ces lois, jusqu'à ce que nous les renversions leurs lois et eux-mêmes ». Le responsable du PAME a terminé son discours en notant que : « Nous les ouvriers, les travailleurs indépendants, les artisans, les petits commerçants, les agriculteurs petits et moyens, les jeunes, nous formons la majorité. En construisant notre front, notre alliance, nous devenons plus forts. Et quand nous construirons notre front populaire, nous ne serons pas simplement forts, mais superpuissants. Car nous aurons construit le vecteur de notre pouvoir. Nous aurons construit l’outil pour planifier et produire selon nos propres besoins. Nous aurons crée le mécanisme principal, afin d’empêcher la minorité des usurpateurs et des parasites à vivre de nos richesses, de notre travail qui nous suffit largement à notre vie, celle de nos enfants et des générations à venir. Ceci est notre devoir patriotique et notre grande responsabilité. Ceci est notre seule issue et nous ne reculerons pas malgré tous les sacrifices nécessaires ».


Ainsi armés pour un combat de classe… patriotique, chacun peut envisager tour à tour un socialisme néo-stalinien, mi-keynésien mi-capitaliste d’Etat, après avoir viré les usurpateurs, pour produire des pistaches et des olives « selon nos besoins ».


Le site « frontiste » de la CGT française informe ensuite ses lecteurs webisé[3] du niveau de la réaction « populaire » à l’attaque capitaliste que : « Les forces de classe du PAME apportent une réponse militante à cette vague de mesures anti-ouvrières. Ils appellent le peuple à être vigilants et à partir pour une nouvelle grève générale le mercredi 5 mai. Avec le slogan « C’est à la ploutocratie de faire banqueroute », ils appellent les travailleurs à participer de manière encore plus déterminée aux piquets de grève et aux manifestations du PAME dans tout le pays. Aleka Papariga, secrétaire-général du KKE lors de la manifestation du 1er mai n’a-t-elle pas finement déclaré : « Peu importe combien de milliards ils prêtent à l’État grec, cela ne veut rien dire pour le peuple. Après tout, le capital continuera à exploiter les travailleurs encore plus durement et ce système politique en décrépitude continuera à les piétiner et à les intimider, il continuera à avoir besoin de travailleurs à la tête basse ». Au nom du KKE, elle a aussi rejeté les rencontres en grande pompe entre dirigeants politiques qui, comme elle l’a affirmé, « ne visent qu’à donner l’impression que le peuple y consent ». De plus, le KKE a déclaré « qu’il n’y a absolument aucune nécessité à rencontrer les représentants de la ‘troïka’ (UE, BCE, FMI) » et a donc refusé de participer à une telle rencontre comme l’ont fait les syndicats jaunes et les partis bourgeois ». Le site cégétiste excipe donc la possible comparaison avec une aura qu’il espère recouvrer en franconie: « Des dizaines de milliers de travailleurs et en particulier les jeunes – à qui cette année le jour du travail était dédié – se sont rassemblés une fois de plus et dans une conjoncture difficile et critique derrière le PAME, la force la plus importante et celle qui exprime véritablement les intérêts de la classe ouvrière dans le mouvement syndical et ouvrier et dans les luttes ».


Observons encore le langage du KKE-PAME, sans trop nous pâmer de rire, car il est de la même eau de boudin électoraliste que le fade Mélenchon, la prof laguillienne Arthaud et le voilé trotskien Besancenot3. Il ne s’agit pas d’une lutte de classes dans le langage populiste de la gauche grecque mais d’une lutte de peuple indistinct – une majorité de « pauvres » contre une minorité de « riches » - discours évidemment totalement lyophilisé et anti-subversif par excellence, en un mot démagogique et vecteur d’impuissance politique. Extraits : « 12 /05 /2010 19PAME lutte avec les travailleurs indépendants et les agriculteurs afin que les mesures ne soient pas appliquées et que les gens ne soient pas acculés à la faillite ; nous luttons pour un développement répondant aux besoins des peuples au lieu de servir les profits du capital. Lors du sommet des 16 Etats-membres de la zone euro, il a été décidé de donner 720 milliards d'€ aux banques européennes (en 2008, les gouvernements de l'UE ont donné 2000 milliards). Il y a de l'argent pour le Capital, malgré la crise, mais pas pour le peuple. En même temps, ils ont décidé une longue période d'austérité, de chômage et de coups contre les droits des peuples d'Europe pour accroître les profits des monopoles. C'est pourquoi il est maintenant nécessaire de créer un Front populaire des travailleurs européens pour résister et contre-attaquer ». Cette union électorale[4] prônée entre les petits patrons artisans (rois de la magouille en Grèce) et la petite bourgeoisie des appareils syndicaux et politiques de gauche (as des amalgames)[5] , confondus avec une classe ouvrière hétérogène et sans initiative indépendante, a tout de la poulpe sans colonne vertébrale, et qui vous donne des boutons marxistes si vous la caressez.


D’ailleurs, en réalité, sous ces discours hystériques, faussement marxistes, il ne se passe rien en Grèce, et il ne s’y passera plus rien d’intéressant pour l’extension de la lutte DES classes. Ill ne faut jamais oubliéer que la GRèce reste un pays d'émigration, comme la plupart des pays latins au siècle dernier, les prolétaires ne gardent comme meilleure solution que de s'expatrier d'un pays sous-développé. Un certain Makis Kavouriaris a déclaré au Monde : "L'ambiguïté subsiste au sein de la population" : "les gens sentent que les mesures touchent leur quotidien, leur niveau de vie. Parallèlement, le gouvernement a créé une telle peur panique de la banqueroute qu'une partie de la population se dit que c'est nécessaire. Cependant, il n'y a pas de politique de relance pour accompagner ces mesures. Les gens sont prêts à faire des sacrifices, mais à condition qu'ils aient des perspectives. Là, on n'a aucune perspective ! Les jeunes eux-mêmes n'en ont aucune. Et leur mobilisation ne faiblira pas". Bof et alors, mobilisation pour quoi et dans quel but politique ? Un but de jeune ?[6] Les discours « de classe » mais « populaire » des staliniens et gauchistes grecs sont de nature à conforter non simplement l’ambiguïté d’une impossible solution nationale mais simplement l’impuissance du fait d’une classe ouvrière diluée dans la population où règne le chacun pour soi, l’artisan se fiche du chauffeur de taxi qui méprise le journaliste trop bien payé ou le toubib qui ne paye pas d’impôt !


Revenons à notre étude de l’image du rocher de l’Acropole avec ces militants avatars staliniens. Historiquement les grandes révolutions d’où qu’elles partent lancent un appel universel à les rejoindre, à les imiter, plus à les imiter qu’à les soutenir moralement. La révolution française lance une déclaration « universelle » des droits de l’homme. La glorieuse révolution russe, sous la responsabilité des bolcheviques, lance un communiqué aux prolétaires du monde entier : « A tous, à tous…. ». Depuis il n’y a plus eu d’appel sérieux à « généraliser la lutte du prolétariat » au monde entier, sauf quelques clowneries de potaches[7]. Et les appels actuels du CCI et filiales, notamment sa ridicule soustraction interne Bull. com. ne se font que les porte-voix des hâbleurs avatars staliniens grecs.


L’appel aux peuples d’Europe à se soulever par KKE-PAME contient trois mensonges.



  • Le premier, peu crédible, concerne la notion de peuple. Le peuple n’est rien qu’un conglomérat de classes aux intérêts divergents voire antagonistes. Depuis les polémiques de Marx contre les anarcho-libéraux, les peuples ont démontré n’être plus que de vastes poulpes malléables et corvéables à merci dans la tricherie électorale démocratique qui n’élit que du personnel bourgeois. Les peuples sont les vecteurs renouvelés des poussées nationalistes et faciles à embrigader. A la notion de peuple, délimitée, communautariste et nationale, s’oppose la notion de prolétariat ; notion que KKE-PAME évitent comme la peste d’utiliser dans leurs proclamations de partis parlementaires. Evidemment si sur les panneaux du rocher Acropole ils avaient écrit à la place « prolétariat », dans les circonstances actuelles, cela n’eût pas eu plus d’effet vu l’ostracisme et la moquerie (en partie justifiée) dont la Grèce est l’objet[8]. Le prolétariat reste nié partout par toutes les officines contestataires et potaches des classes dominantes. Les prétendus amis du prolétariat du camp maximaliste n’aide en rien le prolétariat à s’affirmer en lui serinant que l’approfondissement des attaques économiques partout l’amènera à lutter uni. Partout au contraire la bourgeoisie utilise mille ficelles pour diversifier ses attaques, sans les porter au même moment et sans toucher tout le monde à la fois. A l’heure actuelle par exemple, en Grèce, comme en Espagne, et bientôt en France, l’Etat s’attaque aux « fonctionnaires », ou plutôt s’attache « à réduire leurs avantages », chose qui ne choque nullement ceux du privé qui se branlent des « privilèges particuliers » de cette catégorie[9].

  • Le deuxième, « peuples d’Europe » est aussi creux que « peuples d’Asie » ou « peuples d’Afrique ». Dès avant 1914, un Lénine s’était moqué du mot d’ordre d’union des peuples d’Europe comme nationaliste, contrairement à l’opportuniste Trotsky qui a généré cette idiotie encore défendue par les Krivine et Besancenot de « Etats-Unis socialistes d’Europe ». On s’en fout d’une union de l’Europe dans le mouvement révolutionnaire[10]. Le socialisme n’est pas une denrée pour pays riches qui se l’offriraient en primeur (comme le colonialisme) avant de l’étendre au reste du monde. De même que la crise systémique n’est nullement circonscrite à l’Europe riche, de même l’appel à la lutte simultanée s’adresse aux cinq continents ou elle n’est que du pipeau. Enfin cet appel aux peuples opaques est comme un appel aux carpes dans la rivière à venir mordre aux crochets des partis bergers du capitalisme d’Etat définitivement obsolète.

  • Si, par un hasard heuristique[11], l’actuel premier ministre portugais se nomme Socrates, ce n’est pas la sagesse qui l’emporte dans l’affolement des Bourses et des chefs d’Etat bourgeois et chez les clowns du KKE-PAME. Le troisième mensonge, l’appel aux peuples à se soulever, qu’on a vu traduit sur un site avatar stalinien français par « vive l’insurrection nationale », est encore plus du pipeau que les deux précédents. Autrement dit : aller au casse-pipe ! Et c’est mémorable quand on se souvient que les staliniens français toutes les années qui ont suivies mai 68 nous accusaient nous les maximalistes et les gauchistes de vouloir pousser la classe ouvrière à « aller au casse-pipe » insurrectionnel quand ils avaient, eux, envoyé vraiment au casse-pipe impérialiste les jeunes prolétaires en 39-45, en Indochine et en Algérie. En réalité cet appel au « soulèvement » ne vaut pas un kopeck ni un euro. C’est du flanc. L’appel au soulèvement, dans une situation qui n’est pas encore terriblement dramatique, n’est qu’un appel au soulèvement… électoral, et au soulèvement… des manifs syndicales carnavalesques et bon enfant.

Pour qu’un appel à « entrer en lutte », à « généraliser », à « se préparer à prendre les armes » (oui, mais comment ?), à « foutre en l’air l’Etat des banques », encore faudrait-il une alternative politique, un « programme » ? Or il n’y en a pas ! Plus aucun des partis de gauche en Grèce, en France et partout ailleurs n’a plus pour programme et ne peut plus avoir pour programme que de faire se serrer la ceinture à la classe ouvrière, à accepter de tomber dans la misère absolue comme un aléas immanent d’une crise diabolique qui échapperait à toute volonté humaine. Chez les révolutionnaires maximalistes, deux programmes s’opposent. D’un côté, les gentils veilleurs de nuit (type CCI et dérivés) : attendons la prise du pouvoir par les conseils ouvriers conseillés par un parti gentleman en coulisses. D’un autre côté, les plus incrédibles mais invariants propagateurs de la théorie stalinienne à la sauce Bordiga : le parti prend le pouvoir, exerce un terreur sorélienne et décide pour les masses instinctives et impulsives.


Laissons les cartes postales et leur innocuité totale pour la nécessité de transformation d’un monde en perdition, et faisons confiance aux masses, qui, même sans langue commune, sauront trouver les moyens d’imposer leur force face aux Etats aux abois et même pour leurs gentils conseillers révolutionnaires amateurs. Cette affirmation du prolétariat comme colonne vertébrale de la révolution, et non comme masse diluée dans ce crétin de peuple, est l’étape indispensable qui doit se nourrir de réflexion politique, non pas en ressassant sur les tentatives des utopistes du XIXe siècle ou les bricolages des opposants à Staline pour trouver les vrais moyens d’instaurer une société qui fonctionne d’abord pour le bien commun de l’humanité, mais par la capacité, dans les affrontements politiques et sociaux, des masses à imaginer et solutionner la nécessaire refondation d’un autre monde, libéré du capitalisme.








[1] Choisissez soigneusement votre cible. Évitez les gens qui pourraient vous battre physiquement ou verbalement et qui sont des symboles d'autorité. Être sarcastique avec un professeur ou un policier pourrait vous apporter des problèmes et si vous voulez être respecté par votre professeur ou tout autre adulte, utilisez un langage respectueux


[2] Le PAME, dit Front militant de tous les travailleurs, n’est que la courroie de transmission du KKE, PC grec, 3e parti nationaliste bourgeois du pays avec 22 parlementaires et contre l’appartenance de la Grèce à l’Europe, donc pour des solutions nationales.


[3] Ou plutôt krasuckisé puisque l’auguste ex sec. Général bègue figure avec une citation en tête du site.


[4] Avec ce truisme à pisser de rire « les droits des peuples d’Europe »… revenez oh « démocraties populaires » brejnéviennes !5] Voir leur dénonciation de la « provocation » des anars incontinents, qui rappelle les célèbres anathèmes du grand imbécile Marchais.


[6] Bourdieu a eu un mot percutant et juste : « la jeunesse est un mot ». Quoi de commun entre les jeunes bobos encagoulés des classes moyennes flouées et les jeunes prolétaires grecs et immigrés ?



[7] En 1968, le quarteron anarchiste des situationnistes lance ses pitreries au monde entier, fort comique mais peu sérieux comme ce télégramme envoyé à Moscou : BTREMBLEZ BUREAUCRATES STOP LE POUVOIR INTERNATIONAL DES CONSEILS DE TRAVAILLEURS VA BIENTÔT VOUS BALAYER STOP L’HUMANITÉ NE SERA HEUREUSE QUE LE JOUR OÙ LE DERNIER BUREAUCRATE AURA ÉTÉ PENDU AVEC LES TRIPES DU DERNIER CAPITALISTE STOP VIVE LA LUTTE DES MARINS DE KRONSTADT ET DE LA MAKHNOVTCHINA CONTRE TROTSKY ET LÉNINE STOP VIVE L’INSURRECTION CONSEILLISTE DE BUDAPEST EN 1956 STOP À BAS L’ÉTAT STOP VIVE LE MARXISME RÉVOLUTIONNAIRE STOP = COMITÉ D’OCCUPATION DE LA SORBONNE AUTONOME & POPULAIRE. Ri/CCI avec son tract sur la Pologne en 1981 puis dans chaque article depuis 30 ans appelle au soulèvement du prolétariat partout, avec l’impact mérité d’une secte perdue dans son désert théorique.


[8] Les généralités sur c’est partout pareil, utilisées par ultra-gauches et maximalistes, servent à simplifier les choses pour l’imbécile révolté moyen mais n’aide en rien à progresser dans l’examen du moment et des tactiques politiques qui s’imposent, surtout contrer tous les emballements actuels des excités du spectacle des violences épisodiques.



[9] Pourquoi ce qui a si bien marché avec l’attaque préliminaire sur les retraites dans le privé par Balladur, puis plus tard par Fillon contre le secteur public, ne fonctionnerait pas aussi bien ? Diviser pour mieux régner, puis frapper séparément !



[10] On n’est ni pour ni contre, mais la gauche bourgeoise, consciente de la perversion de l’idée d’union socialiste européenne tient un double langage, elle est contre l’Europe des trusts mais pour une imaginaire Europe socialiste.



[11] Heuristique (du grec ancien ερίσκω, eurisko, « je trouve » [] est un terme de didactique qui signifie l'art d'inventer, de faire des découvertes (Littré).

mercredi 12 mai 2010

LE LIBERALISME ACTUEL EST PERVERS NARCISSIQUE


par Spinoziste (article repiqué sur LE POST)



Après la vague de suicides dans plusieurs entreprises comme à France télécom, en octobre Xavier Darcos lançait un "plan national d'urgence pour la prévention du stress professionnel".
Le résultat doit être connu aujourd'hui. Les "bons et les mauvais élèves" seront désignés sur le site
travailler-mieux.gouv.fr. Le plan concerne 1.500 entreprises françaises de plus de 1 000 salariés. Le résultat sera "sanctionné" par 3 niveaux : rouge pour les cancres, orange et vert pour les meilleurs élèves.
Voilà mon analyse.

Encore une fois, lorsqu'il s'agit de faire changer certains comportements du patronat et plus globalement du neo-libéralisme, l'Etat ne légifère pas et se contente de propositions, de remontrances ou de montrer du doigt dans ce cas là ... Par contre lorsqu'il s'agit de modifier certains comportements ouvriers comme avec le droit de grève par exemple, le gouvernement n'a pas hésité pas à légiférer. Il s'agit pourtant là d'un cas touchant à la vie des employés .. Un cas qui devraient être considéré comme grave, si l'être humain et plus précisément, le peuple, était placé au coeur du système comme la démocratie l'exige.

De la rémanente nature des divers patronats ...

Tous les patrons ne sont pas les mêmes. Certains sont de très bon patrons, humains et bienveillants envers leurs ouvriers. Je ne parle ici que de grandes dominances pour éclairer certains mécanismes et dans le but essentiel de leur apporter quelques éléments supplémentaires pour changer. Le libéralisme dans les 30 glorieuses, quand il y avait davantage de travail que d'ouvriers, et quand les syndicats étaient suffisamment puissants pour représenter un contre pouvoir efficace, était obligé d'être bienveillant. Simplement ce genre d'équilibre de forces, instinctivement, le patronat (et plus généralement, les libéraux décomplexés), n'a de cesse de travailler à le démolir. Une grande partie de son énergie, il la passe à manoeuvrer pour dévaluer l'influence des syndicats et des divers contre pouvoirs (journalistes, penseurs, justice etc.) et à construire des sociétés ou le nombre d'ouvriers est beaucoup plus important que le nombre d'emplois de manière à pouvoir exercer son chantage et imposer sa loi ... Quand le patronat et le libéralisme (ou le capitalisme) parviennent à reconstituer une position de toute puissance quand il parvient à marginaliser la critique comme il l'ont fait pendant des décennies, leur véritable nature apparaît. Et dans cette nature, s'il y a l'offensivité commerciale, l'esprit d'entreprise, etc., il y a également l'aptitude à la perversion narcissique. Si l'on observe globalement les conduites du libéralisme depuis les années 80, date à laquelle, la chute du communisme et de son potentiel critique, l'a conduit à la toute puissance, toutes les conduites de la perversion narcissique se retrouvent dans les conduite du marché vis à vis du peuple ouvrier que l'on peut considérer comme sa victime. Le pervers narcissique soumet sa victime à un stress permanent pour l'empêcher de réfléchir sur ce qui lui arrive. Il ne cesse de la culpabiliser (tu travailles pas assez, tu es fainéante, tu en fais pas assez pour me faire plaisir ... prend exemple sur moi, tu as vu comment je travaille, etc. etc ... ) le but étant d'en faire une esclave domestique, docile et incapable de réfléchir à ce qui lui arrive. (c'est en sortant de l'emprise du pervers, que la victime mesure alors la dégradation de sa condition de vie sur des années). Le pervers conduit sa victime à oublier son image pour qu'elle ne vénère que son maître. Il subtilise l'image qu'elle devrait avoir d'elle-même, à son profit ... Regarde moi comment je suis beau .. comment tout ce que je fais, tout ce que je dis est beau, tous mes objets sont beaux et éclatants, pas comme les tiens et c'est normal je suis le maître ... tu as de la chance de m'avoir hein ... etc... C'est exactement ce qu'a fait le marché envers le peuple. Le grand miroir de la société qu'est la télé est entièrement thésaurisé par l'élite du marché qui montre sa superbe et sa dominance. Depuis 3 décennies, seule l'élite du marché apparaît à la télé, le miroir n'a quasiment jamais été tendu aux ouvriers et aux employés qui, comme les victimes des pervers, se tapent tout le boulot de la maison ... et quand il lui est tendu c'est pour en dégrader l'image ... Et enfin, le pervers narcissique ne bouge pas le petit doigt à tous les avertissements d'épuisement de sa victime ... Sa victime ne comprend pas ce qui lui arrive mais elle n'en peut plus .. elle est épuisée, a une image désastreuse d'elle-même, se demande si elle existe et pourquoi elle existe si qu'on ne reconnaît jamais ce qu'elle fait ou qu'on le dégrade (juste on sait la flatter quand on veut abuser d'elle) ...Alors elle met fin à ses jours comme c'est le cas du monde ouvrier soumis au pervers narcissique qu'est le marché ... et comme c'est un pervers narcissique, il est dans le déni .. c'est pas sa faute ... elle avait qu'a pas être si fragile .... Et si la société ne reconnaît pas la responsabilité du pervers narcissique dans le suicide de sa victime comme c'est bien souvent le cas actuellement (c'est pourquoi on dit qu'ils sont des assassins sans indices), et bien tout simplement, ils recommence ... Autrement dit, si on se contente d'une petite critique vite oubliée, au lieu de maintenir le nez du marché dans ses agissements jusqu'à ce qu'il reconnaisse enfin que son attitude est responsable de la vague de suicide, il se débinera de ses responsabilités et recommencera régulièrement avec d'autre victimes ...

Le libéralisme lorsque son narcissisme est exacerbé ne voit pas l'ouvrier, il le considère comme un outil. Il applique à l'homme le même souci d'efficacité qu'il applique à une machine. Quand rien ne réveille sa conscience, il transforme peu à peu ses employés en robots qu'il change quand ils cassent .. Ce n'est pas la faute ni du libéralisme, ni du patronat, ni des gouvernement libéraux decomplexés ... leur état d'esprit est comme ça quand ils sont dans la toute puissance et c'est à nous, les contre pouvoirs de l'éveiller à sa conduite, pour qu'il l'a modifie...

PS (de JLR): excellente allégorie sauf que je jeune Spinoziste confond peuple et prolétariat, croit aux valeurs capitalistes telles que justice, syndicat et liberté, et imagine des "contre pouvoirs" qui n'existent pas encore.

P.N. En psychologie, ce que l'on appelle un « pervers narcissique » et que je préfèrerais nommer «manipulateur caractériel », est une personne qui a généralement un ego surdimensionné, qui a besoin de chercher à utiliser un autre pour se donner de l’importance – pour s’assurer de sa supériorité - en pompant sa substance au point de tenir sa « victime » sous son emprise jusqu’à l’étouffer. La victime du P.N. souffre sans trop comprendre que son tortionnaire a attisé une chimie négative en lui et sans jamais parvenir vraiment à éteindre la brûlure interne qui le dévore. Il ne peut pas trouver d’alternative pour sortir de cette panique émotionnelle dévastatrice d’où il n’échappe pas à chaque réveil. Il se suicide en général d’une façon ou d’une autre. Chaque jour qui passe voit l’annonce dans la presse d’un suicide en prison et en entreprise (ou même d’un prof dans son lycée) sans qu’on assiste à un autre commentaire que la déploration d’un « système inique » lequel est pourtant très bien représenté par un maton, un contremaître ou un chef de service P.N. (mais de cela la presse ne parlera point pour ne pas désorganiser le service de l’entreprise). On peut en conclure néanmoins que les PN sont très recherchés par les « chasseurs de tête » d’entreprise : lâches et soumis aux objectifs des « supérieurs », on remarque tout de suite leurs capacités perverses de « manipulateurs » d’hommes, qui savent très bien se faire passer pour de blanches colombes une fois leur crime commis (quotidiennement). En littérature, Kafka, fils d'un P.N., a merveilleusement décrit l'univers de la victime dans "le procès", au cinéma le film de Theo Van Gogh "Interview" montre bien le rapport du PN et son complice (cf. le livre de Alberto Eiguer). Les P.N. sont parmi nous. Dans votre vie quotidienne vous en subissez sûrement, sans oublier l'hôte de l'Elysée et le viré Gordon Brown, ou dans le milieu glauque des variétés Lalanne, la plupart des rocks stars et le pigiste Géant vert, etc.


dimanche 9 mai 2010

POURQUOI LA SECTE DE LA PSYCHANALYSE A-T-ELLE REUSSI ?


Si vous avez regardé l’émission de Ruquier « On n’est pas couché » où le scandaleux Michel Onfray était à l’honneur, vous ne le saurez point. Le gentil libertaire Onfray en résumant simplement ce qui avait été dit dans le livre noir de la psychanalyse s’offre à bon compte un best-seller. Son apport philosophique est pourtant à peu près nul car son fond de commerce demeure l’anarchisme et une pensée gauche bobo. La démarche anarchiste en histoire des idées ne permet pas d’en comprendre l’apparition, leur déroulement et leur obsolescence. Dire que Freud était un charlatan est une stupidité, il reste un grand écrivain. Dire que la psychanalyse était réac depuis le début correspond bien à la pensée lilliputienne de ce petit anar de rayon de librairie, pour qui, par exemple, le développement de l’industrie capitaliste était mauvais au début aussi…
On laissera de côté la polémique acharnée et haineuse dont Onfray est l’objet par ses confrères de la haute bourgeoisie comme BHL et Cie comme hors sujet. Il faut d’abord dire à quoi a correspondu l’apparition de la théorie de la psychanalyse. Il suffit de lire ce que j’ai écrit : « le freudisme originel est une théorie critique athée inventée à l’orée du XXe siècle pour suppléer en milieu bourgeois à la mort de la religion, mais progressiste à une époque où le désir sexuel de la femme était considéré comme folie » (p. 110 de mon « Marx était-il dépressif ? ». Cette nouvelle religion athée a pour but comme la religion classique de « décomplexer » les bourgeois, c’est clair par le fait qu’elle ramène tout à l’individu nihiliste et nie toute causalité sociale, et c’est pourquoi sa clientèle est restée jusqu’à nos jours une clientèle bourgeoise, aisée ou prêt à s’endetter pour aller à confesse de son nombril. Elle n’est pas simplement une aventure abstraite ou la recherche de gloire par l’écrivain Freud, elle correspond à une urgence : le capitalisme à la fin du XIXe a fait exploser le nombre des fous, des fous qui viennent de ces lieux de perdition que sont les usines, on enferme à tour de bras des milliers de femmes qui ne sont pas folles mais frustrées… Mais, contrairement à son adresse à l’élite, invitée à s’allonger sur le divan, la psychanalyse va permettre de fliquer la société, de ficher par type les individus, de « somatiser » dans la loi bourgeoise de paix sociale colères, indignations, refus d’obéir, etc. L’explication socio-politique sera remplacée par l’explication psychologique dans toute la gamme des psys du psychiatre classique à son nouveau concurrent, le psychanalyste, théoricien fantasque prétendant innover sur les « maladies de l’âme ».
Le mouvement ouvrier et révolutionnaire n’a pas à faire le malin devant son incapacité à se préoccuper de la folie, de la place de la femme et de la sexualité ; après les avancées géniales de Engels et Marx, puis Bebel, il est resté pudibond et assez réac (on ne s’est soucié du vote de la femme que tardivement quand la bourgeoisie elle-même l’a imposé et le stalinisme a été longtemps le prolongement de ce mouvement en faveur de la seule position du missionnaire!). Mais revenons à nos idiots superficiels de plateau télé ; les deux terreurs de midinettes Naulleau et Zemmour restèrent sur leur faim face à la réponse de leur ami anar Onfray : la psychanalyse a réussi parce qu’elle était organisée comme une secte ! Un peu court l’explication. La question réduit à néant le recopiage d’Onfray en réalité. Si la psychanalyse a réussi c’est parce qu’elle correspondait à un besoin humain dans un monde sans plus de foi ni de loi. C’est avec ce même genre de question que raisonnent sans réponse crédible tous les anars ; par ex. prenez « Lénine est une secte qui a réussi », mais avec çà, vous ne comprenez pas pourquoi la bourgeoisie criminalise Lénine ; et parce que Lénine correspondait à un besoin de masses : 1. de faire cesser la guerre mondiale, 2. de mettre fin à la misère.
L’invention de la psychanalyse (en vérité compilation de vieilleries de la psychologie bourgeoise et d’écrits d’auteurs oubliés) fût bien sûr une réponse fausse et impuissante, réponse qui ne guérit pas de la souffrance psychique sous la domination du capitalisme, mais qui eût le mérite de poser des questions que ni le brave mouvement ouvrier ni les religions séculaires arriérées n’avaient osé poser depuis les… Grecs. Le génie de Freud n’est finalement que d’avoir ressorti de sa tombe universitaire la pensée des philosophes grecs, mais en ignorant les vrais penseurs modernes de l’avenir comme Marx et Engels, pour laisser croire à une « guérison » dans le monde bourgeois.
La psychanalyse, une des formes de la littérature moderne psychologique, est restée un élément de la culture bourgeoise au même titre que la littérature de l’élite huppée de l’aristocratie dominante (avec un apport non négligeable d’insultes populaires : parano, obsédé, PD refoulé, etc.), comme le golf. Le golf ne soigne pas les maux de tête ni ne fait cesser la persécution du contremaître, jusqu’à preuve du contraire.

Conseils de lecture : évidemment mon livre « Marx était-il dépressif ? » connaît un regain de commandes. Dépêchez-vous pour les derniers. Vous pouvez lire aussi avec quelque profit le seul article brillant et profond sur la psychanalyse dans le désert théorique de toute critique de cette pseudo-science – et par conséquent de la souffrance psychique en général dans le prolétariat - par 50 ans de maximalisme (de Bilan à R.I.), celui de Vico dans la revue Controverses n°2, lisible sur leur site, où je peux vous faire suivre une copie à la demande.