PAGES PROLETARIENNES

samedi 6 février 2010



Du nouveau chez les grèves sauvages, des grèves «surprise» ou en kit ?


Grève en kit chez ikea Thiais



De notre envoyé spécial Haicekrim,

Ma compagne Ornella et moi nous sommes rendus ce matin au centre commercial de Thiais avec l’intention d’acheter un fauteuil (made by children of China) chez Ikea pour la petite. Nous nous sommes rendus compte que quelque chose ne tournait pas rond immédiatement près de l’entrée après l’escalador qui nous avait amené depuis le parking souterrain mal numéroté. Un groupe d’une dizaines d’hommes avec la même tenue (des vigiles ?) empêchaient d’entrer les autres consommateurs. Nous avons pensé tout de suite qu’il y avait eu sans doute un braquage et que les hommes de la loi et les gens d’armes faisaient leur boulot pour nous protéger, et ensuite nous laisser librement et démocratiquement consommer.Je m’approchai tout de même du premier planton pour m’enquérir de la nature du fait divers :


- à quelle heure a eu lieu l’agression ?


- c’est un « mouvement social » me répéta-t-il en chuchotant, comme il venait de l’indiquer au consommateur précédent.


- Pourquoi chuchotez-vous, il n’y a pas de honte à faire grève ? fis-je.


Le gars sourit quand j’ajoutai que je ne pouvais dans ces conditions que les approuver complètement et je m’enhardis à leur poser des questions :


- c’est une grève pour quoi ?


- pour les salaires, me répondit l’un, légèrement emprunté.


- Bon sang, vous n’avez pas à avoir honte ! Et c’était planifié par les syndicats ou sans préavis ?


- Sans préavis.


- Bravo…


Les gars reculaient un peu devant ma grande taille et aucun n’osait entreprendre vraiment la conversation avec moi. Pourtant même si je peux assurer je ne suis jamais violent ni vindicatif, mais je fais du rentre dedans, par habitude, par expérience aussi, si on essaie de me raconter des histoires.


- Je parie que vous êtes du genre d’ouvriers qui laissent les syndicats décider comme bon leur semble la programmation de la grève en AG…


Ils rigolent. J’en rajoute une couche :


- dans le temps quand je venais me renseigner au piquet de grève, il y en avait toujours qui me disait « attend on va aller chercher un responsable syndical », vous aussi vous allez laisser un zigoto du syndicat parler à votre place ?


Ils rigolent encore, mais gênés comme des ados pris en faute, alors j’atténue ma sévérité :


- bon vous n’êtes pas pour la révolution comme moi… ni soixante-huitards…


(le groupe rit franchement, ils sont tous jeunes). Je continue :


- ce qui me choque c’est que vous n’avez même pas de banderole, « en grève » par exemple vous éviterez d’expliquer votre cessation de travail aux centaines de personnes qui vont défiler toute la journée devant vous…


- On veut s’adresser directement à la clientèle, dit l’un, qui s’écarte aussitôt timidement.


- ???? Tous les magasins Ikea en France ?


- Oui tous.


- Et vous en êtes où ?


- Les négociations ne sont même pas ouvertes…


- Les négociations de qui ?


- …….


Ma compagne Ornella met le doigt dans le mille :


- pourquoi n’allez-vous pas chercher la solidarité auprès des gars de la FNAC à côté ?


Elle m’en a bouché un coin, à moi le vieux routier de la révolution, mais oui c’était cela l’essentiel à leur dire d’emblée ; je n’avais plus qu’à en rajouter une couche :


- eh oui ! (joignant le geste à la parole) et vous bloquez tout le centre commercial. Plus tard, si les gars de la FNAC ont des problèmes ils viendront vous voir à leur tour… L’extension c’est mieux que de rester comme des cons à faire le planton toute la journée ou pendant une semaine, regardez à Dunkerque ils ont menacé de bloquer toutes les raffineries en France et le ministre a cédé aussitôt… Bordel faites ce genre de proposition à l’AG !


Un des jeunes, le plus près de moi :


- cela semble une bonne idée…


Nous avons souhaité bon courage à tous.


Ornella et moi on était content – on achèterait la chaise un autre jour ou on irait à BUT ou Conforama. Ornella avait entendu un cri « ils ont le droit de faire grève »… donc des consommateurs devaient être mécontents. Le droit ? Quel droit ? Ils ont raison c’est tout. Ce qui m’a frappé malgré tout, camarade du Prolétariat Universel, c’est la timidité de ces employés. La plupart d’entre eux n’osaient pas s’approcher pour engager ou favoriser la discussion. Ils se sentaient pratiquement coupables de participer à une grève non annoncée d’avance. Dans un réseau d’entreprises commerciales dotées d’une tradition de luttes peu anciennes….De retour à la maison j’ai été surfer sur le web où je lis, répété par chaque site de presse ou modifié à une phrase près, le communiqué de l’AFP: « Plusieurs magasins du groupe d'ameublement Ikea étaient touchés samedi par un mouvement de grève portant sur les salaires, a-t-on appris auprès des syndicats et de la direction. A la mi-journée, le magasin de Thiais (Val-de-Marne) n'avait toujours pas pu ouvrir ses portes, « faute de personnel suffisant pour assurer la sécurité des clients », a indiqué à l'AFP Pierre Deyries, directeur de la communication d'Ikea France (ou plutôt pour assurer les ventes…). Selon la direction, les magasins de Vélizy (Yvelines), Grenoble et Montpellier étaient perturbés mais ont pu ouvrir au public. Le magasin de Roissy-Paris-Nord, situé à Gonesse (Val-d'Oise), n'a pu ouvrir qu'avec deux heures de retard samedi matin, selon Sébastien Heim, délégué syndical central Force Ouvrière, qui précise que certains caissiers grévistes ont été remplacés par des responsables de vente. A Bordeaux-Lac, environ 70 salariés ont observé un débrayage de deux heures et manifesté samedi à la mi-journée devant le magasin, a indiqué à l'AFP Thierry Friconnet, délégué CFDT, selon lui, il s'agit du premier mouvement de cette ampleur au niveau du magasin bordelais qui compte 295 salariés. "La direction propose une augmentation des salaires de 1,2% ce qui ne couvre même pas l'augmentation du prix de la mutuelle", a expliqué M. Friconnet qui a ajouté que d'autres magasins comme celui de Toulouse étaient également touchés. Les trois principaux syndicats d'Ikea (CFDT, FO, CGT) protestent contre les propositions salariales faites par la direction lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), laquelle s'est pour l'instant engagée à consentir une augmentation moyenne de 1,2% sur la base de hausses individuelles ou au mérite. Mais les syndicats réclament aussi une augmentation collective (appliquée uniformément à tous les salariés) d'environ 4%. Les syndicats soulignent qu'Ikea France a réalisé en 52 millions d'euros de bénéfice net en 2009, un chiffre qu'a refusé de confirmer la direction à l'AFP. Ils exigent d'être reçus par le nouveau directeur général d'Ikea France, Stefan Vanoverbeke, les négociations étant actuellement confiées à la direction des ressources humaines. Le direction explique son refus d'accorder une augmentation de salaires collective à une conjoncture économique difficile dans le secteur de l'ameublement et aux incertitudes économiques pour l'année 2010 ». J’adore le questionnement simplet des journalistes : grève pour les salaires ? Y dit quoi le patron ? Y font quoi les syndicats ? Jamais ces plumes pour bourgeois voyeurs ne posent les questions troublantes : comment se déroule la grève, qui décide, qui a décidé, y-a-t-il des AG, avez-vous obéi ou désobéi aux syndicats, vous font-ils la comédie de l’unité syndicale, voyez-vous plus loin que les murs de votre entreprise, etc. ? Depuis des années une expérience de lutte marque pourtant cette chaîne suédoise d’ameublement original et pas cher. En décembre, en langage shamallow journalistique on trouvait déjà comme info : « Ikea: une grève perturbe des magasins », c’était à Montpellier, une « grève surprise » d’une vingtaine de salariés, « du jamais vu depuis 2005 » ; merde au Père Noël !


Sur le site espagnol Sociologias qui recopie un article de La Libre Belgique (28,05.09), on peut faire remonter l’expérience en 2009 en Belgique, et comprendre que la timidité de ces prolétaires s’explique parce qu’ils travaillent dans un secteur exposé à la crise, friand d’emplois précaires, celui des PME, et que leur mode d’action est reflété et encadré par un syndicat soft et inodore : le CNE, qui ne veut ni casser des briques ni gêner le capitalisme (en gras le discours typique du syndicat-maison).


« 28 Maio 2009


Préavis de grève national chez Ikea


La direction d'Ikea Belgique a décidé de déposer, auprès de la Fedis, une requête en conciliation après l'échec des discussions, jeudi, avec les syndicats nationaux. Ces derniers ont pour leur part déposé un préavis de grève national et quitté la table des négociations, dénonçant l'attitude du management. "Ikea Belgium espère que la Commission paritaire pourra réconcilier le plus rapidement possible les points de vue divergents", souligne la société dans un communiqué. Dans la foulée, elle "demande à ses collaborateurs d'être compréhensifs et d'avoir une attitude constructive face à la situation". Pour rappel, le personnel des sites de Hognoul et d'Arlon avait débrayé en fin de semaine dernière afin d'exprimer son ras-le-bol face à la surcharge de travail imposée par une sévère restriction des effectifs au sein des magasins. Le travail avait par la suite repris à Arlon. "Nous avions demandé - par respect pour les travailleurs - que le 'plan de crise' de la société constitue le premier point évoqué lors de la réunion de ce jeudi, ce que la direction a refusé, affirmant à présent que ce sujet devait être discuté au niveau local", regrette Brigitte Streel (CNE). "Après une interruption de séance et un nouveau refus de la direction, nous avons décidé de déposer un préavis de grève au niveau national, arrivant à échéance dans 15 jours", ajoute-t-elle en évoquant un "durcissement possible du mouvement". Sur le terrain, des assemblées du personnel seront organisées demain/vendredi à Arlon et à Hognoul où il est fort peu probable que le travail reprenne. De son côté, la direction rappelle que son objectif, en présentant son plan d'action, n'était "ni d'effrayer ses collaborateurs, ni de les mettre sous pression". "C'est précisément pour garantir l'emploi que l'entreprise propose de ne pas renouveler les contrats à durée déterminée et les contrats de remplacement, et de limiter les jobs d'étudiants", ajoute-t-elle en regrettant que les syndicats aient "rompu la concertation sociale". Enfin, selon les représentants des travailleurs, la réunion de conciliation demandée par le géant suédois de l'ameublement devrait avoir lieu dans les tous prochains jours ».



Ce n’est pas, cher camarade du Prolétariat universel, parce que j’allais faire mes courses au centre commercial de Thiais, que j’ai cru être tombé sur un miracle de la lutte de classes, ni une de ces étincelles qui annoncent le grand chambardement, que je tenais à vous tenir informé mais parce que cela permet de révéler, aux intellectuels dégrisés de leurs rêves barricadiers ou bolcheviques primaires, que la lutte des classes ne cesse pas et qu’elle tend à s’amplifier en période de crise même dans des secteurs où la défense ouvrière est fort faible[1].


Il y a un an, dans la filière belge d’IKEA, l’expression de cette faiblesse s’était manifestée par l’incapacité à se poser la question de l’extension, on lisait encore dans La Libre Belgique : « Les six magasins de décoration et ameublement IKEA du pays (Anderlecht, Arlon, Hognoul, Ternat, Wilrijk et Zaventem) ont été bloqués dès 6 heures vendredi matin par des piquets de grève empêchant les travailleurs de rentrer. Dans la plupart de ces magasins, la direction a envoyé un huissier de justice pour constater les faits, noter les noms des travailleurs empêchés de travailler et les compter ».


On a vu le même type d’action à caractère limité et « introverti », si je puis dire avec la séquestration en France de patrons d’une entreprise du même type qu’IKEA :


« Des salariés de Pier Import, qui ont séquestré deux dirigeants pendant une nuit cette semaine, ont manifesté samedi pour réclamer de meilleures indemnités de licenciement, apprend-on de source syndicale. Selon la CGT, des rassemblements ont eu lieu à Romans-sur-Isère (Drôme), Bordeaux-Lac (Gironde) et Pontault-Combault (Seine-et-Marne) devant les magasins La Foir'Fouille, une marque détenue par le même actionnaire que Pier Import, Claude Ben Behe. Les manifestants demandent un entretien à ce dernier, après un rendez-vous manqué mercredi. Des dizaines de salariés de Pier Import avaient retenu la P-DG Sonia Ben Behe, nièce de l'actionnaire, et le directeur général Gérard Démaret toute la nuit de lundi à mardi au siège de l'entreprise à Villepinte (Seine-Saint-Denis).Le groupe de meubles et de décoration a été placé en redressement judiciaire en septembre dernier, ce qui entraîne la fermeture de 25 magasins et 140 licenciements. Les salariés réclament un demi-mois de salaire par année d'ancienneté. "Là on nous propose le minimum : un salarié qui travaille 35 heures depuis cinq ans va toucher 1.000 euros", a déclaré à Reuters Jésabelle Rocher, directrice du magasin Pier Import de Niort (Deux-Sèvres) qui doit fermer, selon elle, vers le 20 février. "On a montré notre bonne foi en relâchant les deux dirigeants mais l'actionnaire ne s'est pas présenté mercredi", a ajouté l'employée, qui est allée manifester samedi devant un magasin La Foir'Fouille de Bordeaux. Selon une participante, Nafissatou Ménard, une quarantaine de personnes se sont rassemblées devant un magasin de la même enseigne à Pontault-Combault, où elles ont empêché les clients d'entrer. La séquestration des deux dirigeants de Pier Import a été dénoncée par le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, pour qui "il ne peut pas y avoir de vraie négociation quand il y a de la violence". Avec la crise, les séquestrations de dirigeants d'entreprise se sont multipliées ».



Les journalistes ne se placent jamais du point de vue de la classe ouvrière, et comme les gauchistes décrivent d’un « point de vue extérieur » ce qui se passe. Or, les petites boites, ou les boites ramifiées sur plusieurs régions ou pays,


1°) ne se posent jamais la question de l’extension aux autres entreprises (même françaises), vu la faiblesse des AG, la dominante des emplois précaires et une solidarité peureuse,


2°) les prolétaires n’y sont pas capables d’envoyer leurs propres délégations d’AG vérifier si les syndicalistes ne racontent pas des bobards sur la lutte ailleurs (ils en racontent toujours !) pour mieux empêcher l’extension de toute façon dans les filiales ; dans le cas d’IKEA les syndicats soft ont menti en disant à ceux de Thiais que la situation de blocage était la même partout (or il suffisait de parcourir le web pour voir que là ils avaient déjà repris le collier, ailleurs deux heures de blocage seulement, etc.).



En tout cas, blocage par piquets de grève, séquestration de patrons, révèlent d’abord que la lutte démarre sur des bases faussées : le blocage signifiant que ce n’est pas forcément la majorité des travailleurs du site qui a décidé la grève, et la séquestration amène tout de suite les huissiers et les flics. C’est pourquoi la question de l’extension est préliminaire comme arme foudroyante au tout début de la grève ; les autres actions que je viens d’évoquer ne sont jamais une étape vers l’extension mais parmi les multiples moyens des avocats sociaux, misérables syndicalistes gauchistes, syndicaux soft et néo-staliniens, pour torpiller toute réelle lutte de classe en la ridiculisant comme simple protestation corporatiste.


Voilà cher camarade du Prolétariat universel ce que j’avais à vous communiquer pour mon week-end, pas tout à fait gâché de consommateur, mais néanmoins complice du prolétariat.









[1] Allez voir un très beau reportage de grève chez Ikea, humain et fraternel, bien qu’au ras des pâquerettes syndicalistes : pfff "la vie est un long fleuve tranquille"?! http://www.kizoa.com/i-Contact/sflite.swf?fmode=5&did=449775&kc=3493056





TOUT VA TRES BIEN MADAME LA MARQUISE,

TOUT VA TRES BIEN, TOUT VA TRES BIEN



L’angoisse gagne les marchés boursiers

LE MONDE 06.02.10


es espoirs des gérants, qui, fin 2009, misaient sur une remontée spectaculaire des marchés boursiers, seraient-ils en train de s'évanouir ? Une chose est sûre, la nervosité est plus que palpable sur les marchés financiers. En Asie comme en Europe ou aux Etats-Unis, les places boursières ont ainsi entamé le mois de février sur des reculs significatifs. En cinq séances, entre le 1er et le 5 février, le CAC 40 à Paris a cédé 4,70 %, le Footsie de Londres 2,46 %, tandis que l'Ibex à Madrid a perdu 7,71 % sur la période. Aux Etats-Unis ou à Tokyo, les baisses des indices ont été moins spectaculaires (- 0,55 % pour le Dow Jones et - 1,38 % pour le Nikkei) mais la tendance est là: les investisseurs ont à nouveau peur.









La faute à qui ? Aux déficits publics colossaux de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal ou de l'Italie, surnommés d'une façon pas très sympathique les "pays du Club Med" de l'Europe, ou, plus méchamment, encore les "PIGS" (cochons) ? Au risque d'un éclatement de la zone euro lié aux difficultés de ces pays ? A la situation de l'emploi américain qui peine à se redresser ? Ou à la prise de conscience que l'économie mondiale est encore loin d'avoir surmonté toutes ses difficultés ? Sans doute un mélange de tout cela. "Les inquiétudes sur la dynamique de croissance pour 2010-2011 préoccupaient déjà les marchés. Ces derniers jours, les questions budgétaires des deux côtés de l'Atlantique ont été un élément déclencheur. Surtout en Europe, où l'accord de la Commission sur le budget grec a été perçu davantage comme un accord politique qu'économique", résume Philippe Waechter, responsable de la recherche chez Natixis AM.


Après celle de la Grèce, la situation budgétaire de l'Espagne et du Portugal ont également été jugées préoccupantes par les marchés. Et ces craintes ont été l'étincelle qui a fait vaciller les marchés en Europe à partir de jeudi 4 février. La dégradation des comptes publics, en créant des tensions sur le marché de la dette, a particulièrement affecté les cours des sociétés qui ont beaucoup emprunté. Ces dernières pourraient en effet être parmi les principales victimes de ces turbulences en ayant de plus en plus de mal à se refinancer. Le titre du groupe de BTP espagnol Ferrovial, dont le cours a plongé de plus de 11 % sur la seule séance de jeudi à Madrid, en fait partie.


Les valeurs bancaires ont aussi subi sévèrement ce mouvement de panique. En Italie, les cours d'Intesa Sanpaolo ou d'UniCredit ont perdu plus de 4 % en fin de semaine. En Espagne, le cours de la banque Santander a lui dégringolé de près de 10 % jeudi, le marché ignorant totalement les résultats annuels pourtant solides publiés le même jour par l'établissement.


Outre-Atlantique aussi, les investisseurs ne sont pas franchement rassurés. Si les Etats-Unis se sont toujours plus ou moins accommodés d'un déficit public colossal, le discours du président Barack Obama, faisant savoir que des mesures de soutien à l'économie étaient encore nécessaires, a démontré, à qui l'ignorait encore, que la situation du pays n'est pas encore totalement satisfaisante.


Les derniers chiffres de l'emploi ont illustré la convalescence difficile de la première économie mondiale. Les investisseurs ont ainsi appris, jeudi, que les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient remontées à 480 000, contre 455 000 attendues. Et vendredi, le ministère du travail a fait état de nouvelles destructions d'emplois (20000) en janvier, alors que les investisseurs espéraient que l'économie serait à même d'en créer à nouveau.
Une consolation, toutefois, le taux de chômage a reculé à fin janvier, passant de 10 % à 9,7 %. Une baisse paradoxale qui peut s'expliquer par le fait que les Américains sont moins nombreux à cumuler désormais deux emplois. En prenant acte de cette reprise globalement mollassonne, les marchés ont sanctionné les valeurs cycliques, plus sensibles à la conjoncture économique, sur toutes les places boursières: industrie, automobile, sidérurgie… Les seules bonnes surprises de ces derniers jours sont venues de l'Asie et du secteur du luxe. Dans la foulée d'autres grands noms du luxe mondial, les français LVMH et Hermès ont annoncé jeudi et vendredi des ventes en hausse au quatrième trimestre, laissant entendre que le gros de la crise pourrait être passé pour le secteur. L'appétit grandissant des Chinois pour les produits haut de gamme étant l'une des principales raisons de cette embellie.




Claire Gatinois

Article paru dans l'édition du 08.02.10

mercredi 3 février 2010



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MARC LAVERNE



« INEDITS »



Tome III







Textes de Marc Chiric (dit Marc Laverne),


Recueillis, choisis et annotés par Jean-Louis Roche


(dit Pierre Hempel)












Les Editions du Pavé


Janvier 2010





TABLE DES MATIERES



Présentation



Première partie : le théoricien du parti moderne



A propos du programme (Internationalisme n°2, 1945)



Le mouvement ouvrier en France (conférence d’avril 1945)



La tâche de l’heure : construction du parti ou formation des cadres ? (1946)



Problèmes actuels du mouvement ouvrier (1ère suite)



Signification de la grève Renault et quelques enseignements (mai 1947)



Une conférence des groupes révolutionnaires (juillet 1947)



« Bravo Abdel-Krim » ou la petite histoire du trotskisme (1947)



Problèmes actuels du mouvement ouvrier (2e suite)



Problèmes actuels du mouvement ouvrier : la conception du chef génial (3e suite)



Deuxième partie : vers la construction d’une organisation mondiale



Rapport de la commission d’organisation (1974)



Une incompréhension de la nature de la classe ouvrière, la tendance Bérard (1974)



Réponse à la section de Rouen sur la question des divergences (mai 1978)



A propos de la Revue Internationale, en réponse à Chénier (décembre 1979)



La gauche dans l’opposition ou la droite au pouvoir (octobre 1979)



A propos des démissions (juillet 1981)



Lettre au camarade Juan MacIver (1981)



Un révolutionnaire peut être atteint de paranoïa… ((1981)



Intervention complémentaire à la conférence extraordinaire (1981)



Brèves notes et réflexions sur les derniers événements dans le CCI (octobre 1982)



Les bulletins internes, cahiers de récriminations ? (mars 1982)



Sur la conférence extraordinaire


Remarques à l’article de M.Roux sur les fractions



Remarques à l’article de Gieller sur le parti



Si le cours historique se renversait, réponse à Max



Jalons de quoi ? la revue de Camoin (juillet 1984)



Jalons n’est plus…



Baisse tendancielle du taux de profit et recul (1984)



DEBAT SUR LES « RESERVISTES »



Réflexions en marge du bilan du dernier Bureau international plénier


(sur l’opportunisme et le centrisme)



MARXISME REVOLUTIONNAIRE ET CENTRISME DANS LA REALITE PRESENTE ET LE DEBAT ACTUEL DANS LE CCI (mars 1984)



Michel Lazare polémiste et théoricien



Centrisme, conseillisme et susbtitutionnisme (intervention orale, 1985)



Reponse à la lettre du Noyau de Galice.



POSTFACE : L’enfant de Marc, le CCI, une épave.









PRESENTATION




L’éminence grise du maximalisme marxiste de la fin du siècle dernier





Marc Chiric est certainement le militant et théoricien qui a le plus écrit sur l’organisation révolutionnaire au XXème siècle après Lénine. Il est resté méconnu des éditions officielles et des historiens professionnels du fait de l’incapacité du courant dont il a été porteur à rappeler vraiment son rôle considérable – quoique dans un milieu restreint de militants maximalistes – pour plusieurs générations successives de jeunes éléments révoltés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Rôle éminent, non pas tant « éminence grise » comme on dit d’un comploteur de l’ombre que parce qu’ignoré plus involontairement que volontairement des « spécialistes »[1], et surtout conchié par la plupart des groupes qui n’ont pas voulu être ses héritiers.



Au XXe siècle, on a pu mesurer l’importance d’un homme politique révolutionnaire pour la postérité un nombre de scissions qu’il a suscitées. Lénine avait bien commencé ; même si on ne peut lui attribuer toutes les scissions, le « schisme » était la voie du salut pour lui. Trotsky a été et reste imbattable pour le nombre de scissions trotskiennes qui se sont égrenées tout au long de la dernière moitié du siècle. Bordiga peut se prévaloir d’un score honorable en troisième position. Sur cette dernière marche du podium peut monter également Marc Chiric. Pas moins de cinq groupes maximalistes peuvent se réclamer peu ou prou de ses enseignements, sans compter de multiples succursales réduites du Venezuela à la Turquie et affiliées au réseau centralisé pourtant très modeste qui se qualifie de CCI (courant communiste international). Vingt ans après sa disparition il n’a jamais fait l’objet ni d’une biographie, alors que son ami Malaquais a été porté au pinacle dans des éditions certes marginales, ni été célébré ou au moins remémoré par des articles ou études des groupes qui pouvaient prétendre se réclamer de lui. Curieux non ? Enterrement de première classe ou simple décadence de son courant, mais pas du maximalisme marxiste tout entier ?


Punition de Dame Histoire pour son « école » ? il y a eu des « léninistes », des « trotskystes », des « bordiguistes », mais pas de « chiriquistes »… et tant mieux pourtant, il n’aimait pas les « ismes » autour du nom d’une personne sauf pour « marxisme ».



L’activiste Grandizio Munis, éclectique et touffus, voit son oeuvre pas à pas reproduite dans une édition propre et luxueuse par les camarades de Balance à Barcelone. Tant mieux, il le mérite comme le mériteraient les Gaston Davoust, Lucien Laugier, Ottorino Perrone, etc., mais il y a une certaine injustice à laisser à la critique rongeuse des souris l’œuvre de Marc Chirik. Doit-on le classer parmi les relaps, les diaboliques d’un néo-stalinisme supposé, comme n’hésitent pas à le faire les petits intellectuels égarés, militants fondateurs dégrisés du prolétariat et petits profs dogmatiques de la dernière heure ?



Excepté la réalisation à 100 exemplaires ( !) de deux tomes successifs des écrits de « M.C. » par mes soins, aucun effort de mise à disposition d'un des meilleurs analystes et polémistes du mouvement révolutionnaire marxiste, n’a été produit, rien d'important n'a été fait au moment où je termine ce troisième tome qui ne sera même pas publié sous forme livre, faute de moyens, mais restera à l’état de « fichier-texte ». Rien de la part de l'organisation qu'il avait patiemment contribué à faire naître, le CCI, rien de ses multiples épigones dispersés. Depuis près de quinze ans je me suis mis à la tâche, de 1994 à aujourd'hui, tâche parfois délaissée puis remise dernièrement sur le métier.



Je n’ai pas raclé tous les textes au fond de mes tiroirs[2], ni tapé l’intégralité. J’ai voulu faire ressortir enfin le théoricien et l’homme d’organisation, aussi rigoureux en 1945 qu’en 1980. Ce tome III contient deux grandes parties :



- ses textes d'analyse de l'immédiat après-guerre, très lucides, dont je ne disposais pas pour le tome I mais où, en filigrane – qu’il traite des événements internationaux ou des grèves en France – apparaît et se développe une notion du parti pour la révolution qui va au plus près des nécessités modernes et du rôle de cet organisme dans le monde contemporain. La Gauche italienne n’a pas voulu le reconnaître pour maître, tout à son dieu Bordiga, mais ce dernier n’était déjà plus qu’un souvenir comme Blanqui ;



- la plupart de ses textes polémiques sont flamboyants dans le CCI jusqu'à la fin des années 1980, même s’ils comportent souvent des craintes (exagérées : l’épée de Damoclès de la 3e guerre mondiale, sans doute vieux relents de son angoisse au moment de la guerre de Corée), un immédiatisme effréné scolastique (« la reprise des luttes » sans cesse agitée), une propension en toujours dire « nous » et à être cruel dans la polémique ; ils sont flamboyants dans l’argumentation, Marc développe l’idée d’un vrai parti communiste qui ne prend pas le pouvoir à la place des masses, un parti pour classe ouvrière « développée ».



Oralement il était plus percutant et convaincant que par écrit, avec sa voix nasale et des gestes avec des bras courts qui inspiraient confiance. Il parlait simple comme un vrai prolétaire, même si au fond il était très érudit et disposait d’une capacité intellectuelle à aller à l’essentiel qui lui permettait de contrer les meilleurs universitaires.


Avec les générations qui se succèdent après 1968, il n’a pas de chance. Est-il resté aveugle devant la petite bourgeoisie sémillante ?


Il a ouvert grands les bras aux étudiants qui ont constitués majoritairement les jeunes sections affiliées un peu partout, lesquelles ont plus ou moins assimilé le marxisme dans sa version « chiriquiste » (décadence du capitalisme) mais ont été happées régulièrement par les vents d’ouest modernistes ou séduits par les aventuriers Bérard, Chénier, Albar… Marc a voulu se servir des éléments de la petite bourgeoisie au profit de la classe ouvrière, mais la classe intermédiaire, qui n’a pas la reconnaissance du ventre, a eu raison de lui parce que la rencontre n’a pas eu lieu avec le prolétariat ; réveillé en 1968, malgré quelques insomnies, il s’est rendormi à nouveau jusqu’au siècle dit de la fin du monde par les sorcières, les roturiers et les couturiers.



Ce tome III, malgré des textes qui n’ont pu se retrouver dans leur ordre chronologique dans les tomes I et II, peut se suffire à lui-même, pour l’insistance qui transparaît, à la fois novatrice et classique, sur la nécessité du parti politique du prolétariat. Il transparaît un combat d’arrache-pied, âpre et obstiné de la part de Marc pour « faire vivre » le marxisme – étant entendu que le marxisme ne pouvait être pour lui que l’organisation, un « mode de vie et de penser organisationnel » (dont il était le capitaine au long cours ou le timonier indomptable), pas une idéologie. Il se sera battu comme un lion pour éviter les dérives de l’organisation… jusqu’au ridicule. Tous les statuts (certes les meilleurs du monde), toutes les résolutions (certes les meilleures du monde) qu’il aura inspirés n’auront pas empêcher la décadence de « son » œuvre, son lent étiolement à coups de procès et d’exclusions déguisées, sa survie à l’état de secte grandiloquente.


Cette grandiloquence, les derniers bédouins du CCI la tiennent certes du « vieux » qui trônait comme à la tête d’un parti de masse avec « organes centraux », « commissions d’orga » et autres « bureaux », s’arrogeait de dire « nous » même s’il parlait pour sa pomme. Sa démarche était honnête, rectiligne, mais valable pour une autre époque – devant nous encore – et il n’a pas vu le décalage avec la réalité de la luttes des « classes » ; j’insiste sur ce pluriel car il écrivit et fit toujours écrire à ses plus suivistes admirateurs « lutte de classe ». Or dans la lutte « des » classes, le prolétariat n’est pas la seule classe à lutter, il fût, au cours des trente dernières années, largement devancé et dominé par les désiratas conservateurs d’une énorme petite bourgeoisie, aisée et encore épargnée par la crise, aussi mercantile qu’elle est ambiguë (car pour partie elle est constituée de la partie haute des salariés). Cette immense couche moyenne a produit des dilettantes, des comètes militantes qui ont vite trouvé que cela salissait les mains de s’occuper du cambouis politique de la classe ouvrière. Pourtant, en fil de votre lecture, vous pourrez le voir solide comme un roc face à tous ces petits intellectuels « conseillistes », « centristes », « anarchistes », « individualistes ». Il resta vigilant face aux enfants des « couches moyennes », sans craindre de les choquer parfois, et en se moquant franchement.



« Je n’ai pas usé mes fonds de culottes


sur les bancs


de l’université »



Lors du débat dans le CCI de 1984 sur la signification du « centrisme » était apparu pour la première fois de son histoire un grave clivage dans l’organe central ampoulé, le bureau international d’un tout petit groupe ramifié sur deux ou trois continents en quelques agences postales grosses comme un timbre. Des doutes sur l’orientation militante de « parti de masse » (fictif) du CCI s’étaient emparés de certains honorables composants de l’organe central, et pas des moindres : Judith Allen et Raoul Victor, Lazare pas encore en cendres, les Mac Intosh et Iver pas encore en fibrillation, ci-devant membres fondateurs quoique « formés » au biberon par « le vieux ».


« Le vieux » avait-il réchauffé des serpents en son sein ? La contestation de tels « fondateurs» suivis par leurs « amis » belges et américains fût difficile à saisir dans sa nature initialement. « Le vieux » prit les devants comme toujours avec une rapidité intellectuelle fulgurante, fonçant comme un éléphant dans le magasin de porcelaine d’une petite bourgeoisie intellectuelle qui croyait avoir pris racine, et pension politique, définitivement dans l’organisation.



Le texte « Marxisme révolutionnaire et centrisme dans la réalité présente » (de 1984) commence par une étonnante et profonde analyse de la méthode marxiste[3]. La deuxième partie donne la leçon à la chef de file Judith[4] avec tout le brio et la cruauté dont MC était capable en polémique, au point malheureusement que « le vieux » se compare aux plus grands du passé, ce qui affaiblit la démonstration ; il cire un peu trop les pompes à un Marx hypocondriaque et dépressif dont hélas les épithètes pour « dézinguer » un adversaire ne m’apparaissent plus si reluisantes que naguère. Le lecteur qui n’a jamais été « dedans » comme les ex-militants, risque de n’y rien comprendre, en l’espèce à cette notion de «centrisme»; la reproduction de l’intervention orale titrée « Centrisme, conseillisme, substitutionnisme » apportera plus de lumières au lecteur lambda.



Le texte fit scandale à l’époque à l’intérieur du CCI. La majorité des militants étant constituée dans les groupes maximalistes d’intellectuels et de profs, la remarque de MC « je n’ai pas usé mes fonds de culotte sur les bancs de l’université » fit pousser de hauts cris. D’aucuns se dirent rouges de honte pour l’orga d’un tel « ouvriérisme », d’un tel mépris des honorables intellectuels passés à la classe ouvrière. Le « vieux » était-il devenu fou ? voire stalinien ?



Tous les aigris, tous les déconfis de leur « place » de dirigeants d’une organisation de généraux sans armée font dater le début de dégénérescence du CCI de cette époque : en vérité ce n’était que l’avant-garde de toute une série de contestations de couches successives d’éléments hostiles au fond au marxisme et à l’idée d’organisation politique. Comme les morts-vivants dans le fameux film de Romero, les petits bourgeois chancelants se mettront debout successivement pour quitter le CCI jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une épave.



C’est la faute au vieux cacique pas à nos diplômes ni à notre amour des colloques!



A la dernière réunion de Perspective Internationaliste, fin 2009, un désormais vieux petit prof, Greg salua ce cartel d’intellectuels déconfis d’un militantisme trop soixantehuitard à leur gré, comme « premières victimes » non des crimes des derniers sectateurs, mais du «vieux » qui les aurait poussés du haut de la falaise de leur confort intellectuel. Il résumait à lui seul l’argument bouclier de bonne conscience pour tous ces ex-étudiants, ex-militants qui ont tout renié, et comme les gosses crient : « c’est la faute à l’autre ! ». Minable.



Or, ce tournant dit « léniniste », était une gageure. Est-ce que le développement du petit cercle de 68 allait se confirmer comme une voie vers un réel parti du prolétariat ? Non. L’histoire en a décidé autrement. Les « années de vérité » n’ont pas permis au prolétariat de sortir de l’ornière et la petite bourgeoisie politique spontanéiste et idéaliste a repris le dessus. Cette « vieille salope » avait commencé à relever la tête à la fin de la vie du « vieux gardien » des principes. Il avait réussi à la contenir puis à l’éloigner de ses prétentions à « conseiller » le prolétariat bien au chaud et sans risques. La dernière partie du texte « scandaleux »[5] n’est ni léniniste ni kautskyste, quoique ni Lénine ni Kautsky n’aient eu entièrement tort, elle indique qu’il faut « une certaine éducation au socialisme », que la conscience ne tombe pas du ciel, et – scandale des scandales – que le prolétariat a besoin d’une « organisation de combat ». Il fallait du courage non seulement pour le défendre théoriquement mais pour l’assumer dans la rue face aux brutes CGT. C’est ce que je me flatte d’avoir fait aux côtés de Marc à l’époque.


Sacré Marc ! A la relecture il dérange encore. Si le CCI est mort, Marc ne l’est toujours pas.



Voici avec le bouclage du Tome III de l'oeuvre de Marc Chirik un dernier aperçu de l'homme comme redoutable debater dans la défense du parti. L’avant-dernier texte, intervention orale - il parla une heure durant - date de 25 ans et n'a pas pris une ride. Tout ce qu'il a expliqué et pronostiqué dans la polémique s'est vérifié. Les grands intellectuels réservistes, y inclus d'augustes fondateurs, qui n'avaient ni compris la méthode ni tenté de comprendre des notions classiques du marxisme, ont abandonné la théorie révolutionnaire. Les Judith et Michel Lazare se sont rangés des voitures, Raoul Victor joue à l'ordi "lillipucien", les quelques anciens de la "tendance informelle" devenue Perspective internationaliste ne sont plus qu'un cercle de réception mondaine où de gentils professeurs viennent "approfondir", causer et étaler leur science... sociologique. La plupart des départs du CCI ont été contaminés tour à tour par le centrisme sous la forme du démocratisme petit-bourgeois sensible aux modes sociétales et désespéré de la "nullité" factuelle du prolétariat. Tous ces gens parlent de tout et de rien, comme la réunion lamentable de Smolny-Tumulteuse à Toulouse avec les pithécanthropes de PI et les vertes pousses de Controverses. On discute de tout et de rien, on sympathise. Dommage que le CCI ne soit plus qu’une épave. Un lot de consolation. Marc nous laisse un solide héritage théorique, pour ceux qui auront la chance de consulter ses écrits et d’y réfléchir.





























[1] Excepté le dilettante Bourseiller dans son histoire fantaisiste de la mouvance ultra-gauche, qui ne fait d’ailleurs que pomper sans méthode mes propres travaux ou remarques concernant Chirik. Consulter plutôt mon Histoire du maximalisme, ed du pavé 2009. Marc aura été le premier a tenter une histoire du CCI, « Rapide survol de la préhistoire du CCI », texte dont je ne dispose plus dans son entier.



[2] L'oeuvre ne sera pas complète hélas, avec ce tome III et sous ma seule égide, car il y manquera ses articles du journal L'étincelle dont j'ai confié la collection complète à la fois aux camarades du CCI en Allemagne (il y a 20 ans) et à Smolny (il y a deux ans) qui dort dessus et ne les reproduit pas dans son prétendu "fonds Chirik" ; sans compter nombre de textes que je n'ai pas retrouvé. La production théorique de cet homme, qu'on l'approuve ou qu'on le rejette, a été considérable et reste curieusement négligée (ou noyée sous la publication intégrale de la revue Internationalisme par la fraction exit du CCI). Les trois énormes fichiers-textes que j'ai réalisés permettront, je l'espère, un jour à un historien consciencieux de replacer l'ensemble des textes dans l'ordre chronologique et par périodes, et de restituer une pensée rigoureuse, toujours novatrice dans le sens de la tradition et qui savait se renouveler constamment dans la confrontation, la polémique, « en pompant » même le substance de l’adversaire dans la polémique. Lui ayant longtemps servi de secrétaire tapeur sur une bécane antique, je corrigeais parfois son mauvais français ou m’étonnais qu’il reprenne les mots mêmes de ses vis-à-vis pour les fondre dans une autre dimension…



[3] Pas un truc écrit à la va vite… Marc s’était mis à potasser partout dans sa bibliothèque et m’avait demandé de lui prêter le numéro jaune d’invariance « thèses… ».



[4] Qui fût longtemps sa fille spirituelle, mais aussi son amante, comme R.Victor fils spirituel reconverti après la césure de l’an 2000 dans la communisation « lillipucienne ».



[5] Comme d’ailleurs tous les textes de Marc (cf. du tome II) qui dénonçait les comportements petits bourgeois : clans d’amis, haschichins, etc. Toujours au nom d’une organisation « propre » qui devait des comptes au seul prolétariat…