PAGES PROLETARIENNES

jeudi 2 décembre 2010

LES RAISONS DU SUCCES DE CANTONA

La ministre de l'Economie Christine Lagarde était hagarde en voyant le buzz provoqué par la « révolution Cantona ». Elle fit donc la remontrance publiquement à Eric Cantona, qui suggère aux particuliers de retirer leur argent des banques pour faire s'écrouler le système, « Il ne devrait pas jouer à l'économiste, chacun son métier», commença-t-elle par morigéner, avant de tacler l’artiste du ballon rond :
«Je ne me risque pas à jouer au football et Eric Cantona devrait éviter de jouer à l'économiste». Lors d'une conférence de presse, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, alternant flatteries et mépris oligarchique, porta un deuxième tacle non sifflé par l’arbitre : «Je crois que quelqu'un qui est un grand footballeur ou un grand acteur de cinéma doit se garder d'intervenir dans le domaine financier, économique, surtout quand il n'en maîtrise pas les mécanismes», a tranché la ministre, après quatre jours de silence. En gros, la groupie de l’arbitre Sarkozy a dit : « ferme ta gueule Cantona, t’as le droit de taper dans le ballon comme les fils de prolos déshérités de banlieue mais ne te mêle pas de politique ! ». Du coup, nous les sans-grades, les pue-la-sueur, on s’est dit que la dame se fichait aussi de nous parce qu’on n’y connaît rien à l’économie mais suffisamment pour savoir que les banques nous roulent et que le gouvernement a fait passer sa loi contre les retraites des prolétaires. Et on aurait eu presqu’envie de suivre Cantona… comme on avait suivi les syndicats, sans lendemain !
C’est un fait que l’incursion du sombre footballeur adulé dans les quartiers ouvriers de Manchester passionne plus les prolétaires en France que les révélations de Wikileaks. Cantona continue d’ailleurs à faire le buzz (mon article de réponse précédent a été lu par 8500 personnes); des dizaines de milliers de personnes discutent depuis plusieurs jours sa « provocation » à ministre financière dans l’exercice de ses fonctions et crée l’événement sur facebook et Le Post. Malgré le caractère limité, franchouillard et sans perspective du précepte de Cantona, on peut lui être reconnaissant d’ouvrir une écoutille pour laisser s’exprimer le désarroi qui persiste en France après l’échec d’une défaite planifiée par syndicats et gouvernement sur les retraites (l’oubli est un élément du pouvoir : tout le monde a oublié la gaffe de Sarkozy en Janvier : « l’affaire sera pliée d’ici l’été… euh d’ici la fin d’année »).
Cantona a fait le buzz parce qu’il n’y a eu aucun bilan de la panade syndicale sur les retraites. Ou plutôt il y a eu deux ou trois bilans non répercutés par les médias, sur mon blog, sur le site de Robert Paris, un numéro spécial de « Révolution Internationale », ou sur celui de la CGT Goodyear Amiens qui demandait (sans rire) aux appareils de l’Etat de se ressaisir pour revenir aux fondements (défunts) du syndicalisme !
« La CGT Goodyear avait en septembre 2010 écrit au secrétaire général de la CGT, mais cette fois-ci nous estimons que la responsabilité de l’échec (car il faut parler d’échec) de la lutte contre la réforme des retraites est clairement le fait d’une stratégie qui dès le départ à donné le tempo d’une lutte volontairement molle !!!! (…) Vous ne mesurez pas l’impact négatif de cette lutte perdue d’avance du fait de vos positions confédérales, des milliers de salariés ont une impression légitime d’avoir été trahis, le gouvernement peut se contenter de cette situation, même si dans beaucoup d’endroit la colère couve et s’exprimera tôt ou tard, pourquoi ne pas avoir appelé à une grève reconductible interprofessionnelle le premier jour, en moins de 5 jours le gouvernement aurait plié, blocage des zones industrielles, des poumons économiques de notre pays, dès le premier jour et là, nous aurions gagné, c’est une certitude !!!! ».
La proposition de Cantona est bien faite pour plaire à ces syndicalistes et aux gauchistes qui ont joué le rôle de rabatteurs des manifs pépères pendant dix mois, comme s’en sont félicités les O.Besancenot et C .Autain. Où sont les stridents appels à la « Grèève Générâââle » et autre « Grève Interprofessionnelle jusqu’au retrait du projet du gouvernement » du genre de l’intersyndicale FO-Solidaires-FSU de Loire Atlantique qui n’acceptait pas « cette nouvelle dégradation pour toute la classe ouvrière au moment où le gouvernement arrose les banques et les spéculateurs à tout va, de plusieurs centaines de milliards d’euros …». Les frères siamois syndicaux ont disparu du paysage odieux-visuel. Pour la bourgeoisie, seul le porte-parole du parti socialiste, Benoît Hamon, a dressé un bilan "contrasté" de la mobilisation contre la réforme des retraites : « Mais il (le bilan) est exceptionnel par le témoignage de solidarité entre les Français du public et du privé, entre jeunes et moins jeunes durant les cinq mois où les gens sont descendus dans la rue », « Le soutien dans l'opinion ne s'est jamais "démenti" », a-t-il ajouté, ce qui nous a fait une belle jambe.
Après la félonie des syndicats et de leurs exécutants de base, faut-il attendre celle de Cantona ?
Personne n’y a fait attention, mais Cantona a dit deux bêtises dans la présentation de son précepte pour « faire tomber le système ». Il a déclaré « les syndicats font ce qu’ils peuvent », non, « L’intersyndicale a mené la lutte dans le mur » (titre d’un excellent article-bilan de l’historien Robert Paris sur le site Matière et révolution du 27 octobre). Cantona a déclaré aussi que les manifestations ne servaient plus à rien. Cela aussi est faux, bien que repris naïvement par nombre d’internautes. Les manifestations sont toujours nécessaires mais encore faut-il qu’elles soient décidées par les travailleurs eux-mêmes avec un but précis et pas par une intersyndicale obscure, qui s’éclipse sans gêne fin novembre sans rendre des comptes à qui que ce soit.
Les enthousiastes de l’action anti-banque de Cantona tombent dans la même logique des mois de balades syndicales inutiles. Ils attendent le 7 décembre comme ils attendirent chaque annonce de la prochaine JA syndicale sans réfléchir que l’intersyndicale gouvernementale menait dans le mur. Et le 8, ils attendront une nouvelle consigne de Cantona : brûler les billets retirés de la banque par exemple ?
Le désarroi non des « français » mais de la masse des prolétaires conviés à un travail morne et sans fin est perceptible derrière l’engouement pour la proposition farfelue de Cantona. Ce désarroi n’est pas méprisable contrairement à la proposition farfelue qui relève de l’action individuelle et atomisée « interclassiste », donc inefficace. Les élections sont truquées, ce ne sont que bourgeois ou bourgeoises qui se font élire. Les syndicats ne mènent qu'à des défaites successives. Que reste-t-il à faire? La révolution? Impossible faut payer avant ses dettes aux agioteurs des banques, truands protégés par la loi. Risquer de faire couler le sang inutilement pour retomber dans pire ? Conclusion de milliers de prolétaires anonymes et de bobos militants : il faudrait défiler derrière un footballeur qui a ergoté comme Mesrine qu’il faut frapper au porte-monnaie, prendre l'argent où il est, vider donc les banques. Et après? on verra bien. Désarroi et attente du Grand émoi.
Patience ! Tous les économistes reconnaissent que ce système va s'effondrer! Le système bancaire monétaire est en train de crever, et pas seulement l’euro. Il faut tout changer, c’est la planète qui court à sa perte en laissant de jours en jours de + en + de prolétaires dans la misère.
Depuis le début de la semaine, la panique a discrètement gagné les marchés européens, n’avez-vous pas remarqué que depuis 2009 les médias ont mis un bémol aux humeurs trop intempestives sur la gravité redoublée de la crise systémique ? Les taux auxquels les pays parviennent à emprunter de l’argent sont de plus en plus élevés en Espagne, en Italie, au Portugal, et même en Belgique et en France. Dans la péninsule ibérique, ils atteignent des records jamais connus depuis la création de l’euro en 1999. Un futur Fonds de soutien permanent aux pays en crise, est appelé à voir le jour mi-2013, en remplacement du mécanisme actuel, temporaire, mais certains exigent qu’il soit avancé d’urgence… Ne vous inquiétez pas, c’est pas Cantona qui va faire écrouler le système bancaire, sa faillite est déjà là, et nous n’aurons qu’à pousser un tout petit peu pour l’aider à s’effondrer vraiment, sans faire la queue à la banque ou au pole emploi.

1 commentaire:

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    Attention! BankRun 2010:

    BankRun 2010 est un retraits d'espèces de masse auprès des banques qui se produira le 7 Décembre 7 qui est initié par l'ancien joueur de football Eric Cantona. Il est organisé sur Internet par un réseau d'événements Facebook et a attiré l'attention des médias

    J'ai pensé que beaucoup d'autres que ce mouvement été spontané et naïf et j'ai pensé que je pourrais m'y accrocher afin d'établir La Nouvelle Économie.
    Après une discussion sur Skype avec Géraldine Feuillien j'en suis venu à la conclusion que c'était un mouvement dont le cerveau manipulateur est encore inconnu, mais dont le but est d'établir un système économique sans doute fasciste qui apparaîtra par la terreur plutôt que d'un mouvement qui va favoriser les intérêts économiques des chacun d'entre nous.

    La page de notre communauté contient des instructions concernant les mesures à prendre avant le 7 Décembre pour préserver vos économies.

    La Nouvelle Économie.


    http://post-crash.com/fa/attention/

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