Avec des pays secondaires comme l’Islande (bien oubliée) la Grèce mafieuse et l’Irlande, la bourgeoisie peut prendre son temps et laisser gauchistes et syndicalistes organiser balades nationales, jets de pierre et cris contre les banques. Avec les pays suivant, autrement plus important par la place qu’y occupe le prolétariat, la bourgeoisie doit prendre les devant face à la chute irrésistible de « dominos européens », c’est ce qu’elle a fait en France pendant un an de fausse lutte de l’aristocratie syndicale. C’est ce qu’elle vient de mener sans coup férir avec brio en Espagne. Deux remarques préliminaires avant d’analyser la prétendue « grève sauvage » des Aiguilleurs du ciel espagnols. La première, comme je l’ai compris grâce à des amis qui écoutent en permanence la radio, beaucoup de news passent deux à trois jours avant d’apparaître dans les autres médias, presse et internet ; certaines infos cruciales internationales ne passent même pas du tout sur les médias après avoir été testées à la radio… Ainsi dès vendredi 3 on pouvait recevoir à la radio les deux axes de la propagande du gouvernement espagnol : grève de privilégiés et atteinte à la « fragile économie » nationale ; ce n’est que dimanche matin 5 que cette grève est évoquée sur le site de TF1 et du Figaro, mais alors qu’elle a été bouclée sans dommages collatéraux (cf. le titre du site de TF1 qui résume à lui seul les deux axes de la manipulation).
La deuxième, le gouvernement bourgeois espagnol (dit « socialiste ») était obligé de frapper un grand coup et vite contrairement à son homologue français qui avait pu faire traîner en longueur une pseudo lutte pour la défense des retraites, où ce n’est que la clientèle habituelle du syndicalisme (+ une masse énorme de retraités qui ne risquaient pas de « déborder de colère » la mafieuse obscure intersyndicale) qui a été tranquillement menée dans les bras parlementaires pour une défaite annoncée, qui a servi surtout à déprimer la classe ouvrière internationale, pleine d’espoirs pour un faux combat made in France (en ce sens, le Cci se plante en titrant son supplément « comment lutter ? », alors qu’il eût fallu titrer : « comment ne pas lutter » et bien préciser qu’on ne pouvait pas identifier l’ensemble de la classe à moins d’un million d’affidés planqués des syndicats psalmodiant des conneries dans la rue).
Le coup de semonce du gouvernement espagnol a aussi valeur de symbole pour déprimer un peu plus le prolétariat universel. A la manifestation sans colonne vertébrale prolétarienne en France, présentée comme une défaite des « ouvriers en cravates » au niveau mondial, il fallait aussi ridiculiser la « grève sauvage », mais avec la dimension « sauver l’économie nationale » ; l’idéologie patriotique fût au cœur également des salades de l’aristocratie syndicale en France, il suffisait de parcourir les blogs pour voir combien les « solutions nationales » de messieurs Montebourg, Mélenchon et Besancenot, étaient prisées, et ma dénonciation de ces prétentions nationalistes était ridiculisée comme « utopique ».
"L'Espagne "choquée" par la grève des contrôleurs aériens, des "privilégiés"(TF1)
le 05 décembre 2010 à 10h20, mis à jour le 05 décembre 2010 à 10:29
La grève des contrôleurs aériens, qui peuvent toucher plus de 200.000 euros par an, a été très mal perçue dans le pays, alors que le trafic reprend peu à peu.
Sur le site du Figaro, ce blogueur, malgré ses confusions, nous permet de toucher du doigt la réalité de la manip (c’est vraiment dommage que les camarades d’Alarme à Barcelone, ne fassent pas l’effort de nous envoyer à tous un simple communiqué ou une analyse plus précise) :
« José Monerris : Et pourtant, le Gouvernement socialiste espagnol n'a pas bougé le petit doigt pour empêcher la grève sauvage qui a paralysé le métro de Madrid il y a quelques mois. Pourquoi? Parce que le gouvernement régional de Madrid est de droite et parce que l'appel à la grève avait été fait à l'occasion para les deux grands syndicats dits « de classe » : UGT (socialiste) et CCOO (communiste). Par contre, le syndicat des contrôleurs est un petit, quoique puissant, syndicat professionnel, pas de classe. Non, les socialistes espagnols n'ont pas besoin de courage pour déclarer l'état d'alarme, c'est dans sa nature le recours à mesures exceptionnelles et le mépris de la loi et des principes démocratiques : les amis de Zapatero sont Hugo Chávez, Evo Morales, Fidel Castro et Mohamed VI et je suis convaincu de que si Zapatero pouvait le faire, il gouvernerait comme eux. Alors donc, c'est très facile applaudir la décision du Gouvernement espagnol, je le comprends : les citoyens en avons assez de toutes ces grèves sauvages et de tous ceux travailleurs qui ne tiennent plus qu'à leurs intérêts particuliers, nous réclamons de nos politiciens des gestes comme celui-là. Mais il ne faut pas oublier que le Gouvernement de Zapatero ne fait rien sans tenir compte de ses intérêts électoraux à court terme. Il pouvait avoir empêché la grève et il ne l'a pas fait. Par contre, il en a profité pour proclamer des mesures d'exception auxquelles ni Franco faisait appel. Non, il ne faut pas l'oublier ».Ce citoyen, du genre brave électeur de droite bien pensant nous a permis d’approcher de la nature de la manip, merci à lui. Les autres blogueurs s’étripaient évidemment sur les « salaires indécents » des aiguilleurs et leur « sauvagerie » (pensez : la clientèle bourgeoise coincée subitement dans les hangars des aéroports comme de vulgaires sans papier en attente du charter de renvoi). Le gouvernement espagnol a monté sa provocation sur un secteur au faible nombre d’employés mais avec un max de répercussion, une centaine de grévistes emmenés par un sous-syndicat de merde, résumé du Figaro… 3 jours après les radios : « Deux tiers des contrôleurs aériens ont repris le travail après que le gouvernement espagnol a décrété ce samedi l'état d'alerte. Le ministre des Transports prévoit un retour à la normal du trafic dans 24 à 48 heures (du cousu main...jlR).
Les premiers vols au départ des aéroports espagnols ont décollé samedi en fin d'après midi après presque 24 heures d'une grève sauvage des contrôleurs aériens qui a bloqué des centaines de milliers de passagers au sol à l'aube d'un grand week-end férié en Espagne. Les deux tiers des contrôleurs aériens espagnols, en grève depuis vendredi soir, ont désormais regagné leurs postes, soit 109 sur 159 grévistes, permettant la réouverture total de l'espace aérien. Le ministre des Transport s José Blanco, ne prévoit cependant pas de retour à la normale du trafic avant 24 à 48 heures. Les grandes compagnies étrangères - Air France, KLM, EasyJet, RyanAir ...- ainsi que la compagnie nationale Iberia ayant annoncé l'annulation de tous leurs vols jusqu'à dimanche ».
Remontons légèrement en arrière toujours avec notre principal journal gouvernemental français : « Le Gouvernement espagnol s'était réuni ce matin (samedi) pour décider des suites à donner à la grève des contrôleurs aériens qui paralysait le pays, et avait décrété l'état d'urgence. Une décision lourde de conséquences. En vertu de ce décret, les contrôleurs aériens peuvent être mobilisés et les grévistes sont passibles de sanctions pénales, pouvant aller jusqu'à la prison. Cette décision signifie «que les contrôleurs sont convoqués à leur poste de travail et dans le cas contraire, ils seraient en situation de délit de désobéissance prévu par le code pénal militaire», a expliqué le ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba. C'est la première fois que le gouvernement prenait une telle mesure depuis la mort du général Franco en 1975. Vendredi, le gouvernement avait déjà confié à l'armée la responsabilité d'assurer le contrôle aérien. Sans succès, l'espace aérien étant resté fermé ». Or Le Figaro ment à retardement, c’est dès vendredi soir à la radio qu’on entendit ceci en résumé : « la grève sauvage des aiguilleurs du ciel fait l’objet d’une mise en garde par le gouvernement socialiste de M.Zappatero, les grévistes risquent la prison et des aiguilleurs militaires seront expédiés à leur place car ils mettent en danger une économie du pays déjà fragilisée par la crise ». En gros, une centaine de Cantona était ensuite livrée à la curée publique : « des salauds qui touchent 2500 euros par mois ! ».
Les commentaires du site de TF1 vous aideront à comprendre vous-mêmes le haut niveau de manip (je ne vais pas tout le temps vous mâcher le travail chers lecteurs surtout que vous êtes trop fainéants pour m’enrichir de vos commentaires) :
« Ils gagnent plus que le chef du gouvernement!": les Espagnols (lesquels ? hi hi) étaient choqués après le blocage monstre des aéroports provoqué ce week-end par la grève sauvage des contrôleurs aériens, vus comme des "privilégiés" avec leurs salaires moyens de 200.000 euros par an. Le conflit entre le gouvernement et les contrôleurs, larvé depuis des années, est sorti au grand jour en début d'année: le ministre des Transports José Blanco avait alors voulu mettre fin aux "avantages incompréhensibles" - selon son expression - dont ils bénéficiaient. Selon son ministère, il y a en Espagne 2.300 contrôleurs aériens, dont 135 gagnaient alors plus de 600.000 euros par an et 713 entre 360.000 et 540.000 euros, bien plus que leurs collègues européens, grâce à un système avantageux d'heures supplémentaires. "Il n'est pas tolérable qu'une entreprise publique donne des salaires de millionnaires à ses employés", avait affirmé M. Blanco.
Un décret, en février, a plafonné les heures supplémentaires et en a limité la rémunération, qui était avant le triple d'une heure normale. Vendredi, le gouvernement a encore baissé le plafond d'heures et mis fin à leur départ en pré-retraite à 52 ans, dans le cadre de la privatisation partielle de l'organisme de gestion aéroportuaire Aena. Au final, les contrôleurs sont passés d'un salaire annuel moyen de 334.000 euros à 200.000 euros. De quoi faire grincer des dents dans un pays durement touché par la crise, avec un taux de chômage autour de 20%. "Ce n'est pas juste qu'ils demandent des augmentations de salaire alors qu'il y a tant de gens au chômage, et ce sont des privilégiés", estimait samedi Nouria Sanchez, 31 ans, bloquée à Madrid-Barajas car son vol avait été annulé. »
300.000 passagers bourgeois coincés (oh choking !)
« En comparaison, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a réduit son salaire de 15% dans le cadre du plan d'austérité, ne touchera en 2010 que 78.000 euros. Les salaires des fonctionnaires ont baissé pour la même raison de 5% en moyenne. Le revenu moyen espagnol est lui de 21.500 euros bruts, moitié moins qu'au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne, selon une étude d'Adecco et de l'IESE Business School. Les contrôleurs avaient choisi pour bloquer les aéroports le Puente de la Constitucion, plus long pont de l'année avec cinq jours de congés d'affilée. Beaucoup d'Espagnols avaient prévu des vacances à cette occasion. Ils ont été 300.000 coincés dans les aéroports, selon Aena.
"Nous n'allons pas permettre ce chantage qui prend les citoyens en otages", s'est énervé vendredi José Blanco. La presse, aussi, était irritée: "avec cette attitude, les contrôleurs perdent la raison et la bataille de l'opinion publique", écrivait El Pais (centre-gauche). La Vanguardia (centre-droit) parlait d'une "extorsion intolérable" et ABC (droite) se moquait de ces "malades imaginaires". Sur internet, la radio Cadena Ser montrait une photo d'un repas samedi entre plusieurs contrôleurs, avec ce titre rageur: "les responsables du chaos boivent un coup à Madrid", tandis que sur Facebook, des groupes réclamaient leur renvoi, avec au total plus de 10.000 membres. Plusieurs contrôleurs, interrogés par El Pais, ont tenté de se défendre: "nous voulons seulement défendre nos droits", a dit l'un d'eux. "Nous aussi nous sommes des victimes", ajoutait un autre: "on nous montre comme les méchants du film (mais) la faute revient au gouvernement". Une troisième a dit demander "un million de fois pardon" aux voyageurs dérangés ».
Gageons que tous nos excités anars ultra-gauches, les maximalistes infantiles et Henri Simon vont saluer une superbe « grève sauvage » cassée par un gouvernement «socialiste »… passant à côté de l’analyse de la manip destinée à faire passer le message subliminal inter-national : « il faut sauver l’économie nationale de notre pays »… dans chaque pays… Du Chavez au second degré comme disait notre blogueur espagnol invité !
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