Je n’ai pas vocation à être archiviste de toutes les saloperies des « partenaires sociaux » mais quand même, il faut reconnaître qu’en milieu prolétaire on a la mémoire courte en France. Voici ce que j’écrivais sur mon blog (Le Prolétariat Universel) le 25 février 2010.
LES SYNDICATS CONTINUENT A RIDICULISER LES GREVES
Avec la Grèce en pole position pour une grève générale sur commande comme les adorent les gauchistes et leurs amis anarchistes - qui nous annoncent à chaque fois « l’insurrection qui vient » au cul des bonzes syndicaux avec Besancenot et Mélenchon pour porter la bannière «tous ensemble » vers … plus de « justice sociale » - chaque grève, oui chaque grève est toujours plus bafouée par les « responsables » syndicaux locaux et régionaux. Qui parle encore de la grève d’IKEA ? Annoncée comme une « surprise », elle est aussitôt ramenée à l’occupation du « siège de la direction » par 6 ou 7 « responsables syndicaux ». Dans un secteur où la mentalité ouvrière est faible voire inexistante, les magasins réouvrent les uns après les autres, et les grévistes inexpérimentés n’ont plus qu’à lire Le château de Kafka.
Dans le cas de la grève dans les raffineries de pétrole TOTAL, la manipulation conjointe entre gouvernement et syndicats (CGT surtout) est si claire que même Libé ne peut que nous en fournir la description atterrante, avec un titre désarmant : « Après les menaces, la CGT siffle la fin de la grève » (20 minutes, plus réac en général, se contentait de : « Les syndicats ont-ils lâchés les salariés de Dunkerque ? ») (NB : vous détenez la réponse). Il faut ajouter un commentaire exceptionnel : c’est du jamais vu, la plupart de ces grèves font l’objet d’un traitement direct depuis l’Elysée avec le conseiller social du président, Raymond Soubie.
« Au septième jour de grève dans les six raffineries du groupe Total, la CGT a appelé hier soir à la suspension du mouvement. Eloignant le spectre d’une pénurie d’essence qui aurait bloqué la France entière à la veille d’élections régionales déjà périlleuses pour la majorité. A condition que les salariés sur le terrain, ce matin, ne désavouent pas la consigne nationale. Que s’est-il donc passé pour que le syndicat passe si vite d’un appel enflammé à la population, lundi, exhortant celle-ci «à créer la pénurie» de carburant dans le pays, à cette quasi-reddition décidée en raison des «avancées significatives» obtenues après une journée de négociations avec la direction du groupe ? A-t-il obtenu la réouverture de la raffinerie des Flandres (près de Dunkerque) à l’origine du conflit ? Eh bien non. A l’issue d’une journée entière à négocier avec le directeur des ressources humaines au siège de Total, à Paris, les syndicats n’ont obtenu que la confirmation de ce qui était grosso modo sur la table depuis deux jours : l’engagement du pétrolier qu’«au-delà du projet d’évolution de l’établissement des Flandres, il n’y aura ni fermeture, ni cession de ses raffineries françaises au cours des cinq prochaines années» ; la garantie que chaque salarié de Dunkerque aura un emploi chez Total correspondant à ses compétences ; l’organisation, avant fin mars, d’une table ronde portant sur les perspectives économiques du bassin dunkerquois (avenir de la raffinerie des Flandres, impact sur l’emploi…) et, au deuxième trimestre, d’une table ronde sous l’égide du ministre de l’Industrie consacrée à l’avenir du raffinage. Ce dernier engagement arrache un sourire un peu crispé à ce responsable national de la CFDT : «Il y a un an et demi, quand on commençait à voir venir la crise du raffinage en France, on avait demandé aux organisations patronales d’organiser une telle table ronde. Total était d’accord à condition que toutes les organisations syndicales y participent. La CGT avait alors refusé.» En réalité, la journée d’hier avait tout d’un baroud d’honneur. Car, en dehors du paiement des jours de grève, la principale avancée avait été obtenue dès lundi quand Total avait annoncé, sous la pression des pouvoirs publics, qu’il ramenait au 8 mars la tenue du comité central d’entreprise (CCE) destiné à clarifier la situation sur Dunkerque. Un CCE qui avait été, trois semaines plus tôt, repoussé au 29 mars à la demande… des mêmes pouvoirs publics. L’Elysée et le gouvernement vont-ils oser apparaître comme les pompiers du conflit alors qu’ils en ont été les principaux pyromanes ? » (NB : vous détenez la réponse)
La grève d’Air France n’est pas aussi médiatisée que les deux grèves précédentes car elle touche un secteur de hauts salaires et peut-être aussi facilement ridiculisée qu’une grève du RER A avec « une frange qui bloque tout ». Pourtant, à Air France, comme chez Total, même si les mafias syndicales prennent les devants, le fait qu’il y ait une participation (même moutonnière) aux rassemblements syndicaux, même sans AG, même en ficelant chaque secteur comme on sait depuis un siècle, il s’exprime une peur de l’avenir immédiat des conséquences de la crise systémique. Si les médias ont eu pour consigne de ne plus dramatiser avec les chiffres abyssaux et de laisser au placard les analystes catastrophistes, les prolétaires vivent eux, concrètement et cruellement, les menaces réelles sur leur vie par des annonces de fermetures (par ex. Carrefour en Belgique) qui alternent le chaud et le froid. La gestion directe des grèves par le sommet de l’Etat révèle néanmoins qu’une course de vitesse est engagée, par-delà la période électorale dont se fout royalement le prolétariat, par-delà même les échéances présidentielles ou octogonales : la crise implique une simultanéité des attaques et l’Etat bourgeois a donc plus que jamais besoin des feuilletons syndicalistes. Il faut éviter le tous en même temps, il faut éviter surtout qu’une même région soit drastiquement touchée pour éviter les risques d’embrasement.
LA DEFAITE ANNONCEE DANS LA BATAILLE DES RETRAITES
Je reprends la plume (ce jeudi 14 octobre). On mesure malheureusement comment, depuis plusieurs mois, les travailleurs en lutte ont été régulièrement bafoués, et cela continue, et bafoués par la complicité – ou même mieux « le partage du travail » entre partenaires sociaux. On prend le peuple pour un imbécile et il l’est souvent. Après toute une série de JA traînes savates le principal chef d’orchestre du sabotage de la haine de classe contre la suppression de la retraite pour les travailleurs, la CGT a lancé l’ordre de dispersion « démocratique » : chacun fait ce qu’il veut dans son coin, dans les AG comme dans les chiottes : participez au vote démocratique pour jouer les prolongations d’un combat perdu d’avance. La CGT, experte en la matière, a attendu comme un toréador, de faire suffisamment « marcher » une partie du peuple travailleur, de plus en plus nombreux à marcher à l’abattoir les pauvres (mais cela ne nous étonne point, on a vu pire en 1914 et avec des fleurs), pour faire mine de les consulter, évitant le simple appel à tout bloquer beaucoup plus simple.
La CGT ne pouvait et ne pourra jamais lancer un tel appel car elle n’est qu’un rouage de l’Etat. Par contre, complice en cela avec l’objectif du roi Sarko droit dans ses bottes, et sachant depuis longtemps que les prolétaires n’ont pas les moyens de faire grève longtemps ni d’être trop longtemps pris pour des caves, la CGT instrumentalise à nouveau le secteur des raffineries de pétrole… dès qu’il y aura pénurie, comme en 68, Sarko n’aura qu’à siffler la fin du cinéma via son vassal Thibault et tout rentrera dans l’ordre.
L’hypocrisie qui suinte de la classe dominante dans le règlement plus difficile que prévu de cette sombre attaque contre la classe ouvrière, est patente lorsque l’on lit Le Monde du jour (+ mes commentaires entre crochets):
« … Mais si les syndicats ont montré leur capacité de résistance face à Nicolas Sarkozy, [les appareils ou le smanifestants ?] ils ne feront pas céder le président - et ils le savent [hi hi depuis le début en effet]. La réforme des retraites sera votée par le Sénat le 15 octobre, moyennant des concessions marginales [le futur est de rigueur]. Et elle sera adoptée définitivement par l'Assemblée nationale avant la fin du mois [ah bon ! on la croyait déjà adoptée !?]. Face à la fronde, M. Sarkozy est resté inflexible [çà c’est un mec !]. Le président est en passe de gagner son pari [c’est l’ensemble des plumitifs du Monde derrière l’édito qui l’affirme]. Il aura réussi à imposer, malgré le rejet de l'opinion, une réforme des retraites qu'il n'avait pas inscrite à son programme de candidat en 2007. Mais son trophée est sérieusement terni. En refusant tout débat, toute négociation, il a gravement mis en péril une cohésion sociale dont il devrait être le garant [menteurs ! Ils négocient en permanence et les syndicats ont tranquillement « expliqué » » il y a un an qu’une « réforme (était) nécessaire »]. Au plus bas dans les sondages, il court le risque d'un effet boomerang lors de la présidentielle de 2012 [la bourgeoisie s’en tape, elle gagne toujours les élections avec un clan ou un autre].
Aujourd'hui, le blocage social est total et les syndicats sont en panne de stratégie de sortie [mensonge : ils organisent la dispersion]. L'éventualité d'une série de votes en faveur de grèves reconductibles à la SNCF et dans les raffineries, au moins jusqu'à la prochaine mobilisation, samedi 16 octobre, est une impasse [comment le savez-vous déjà alors que les consultations viennent à peine de commencer ?]. A l'image de la petite chèvre de Monsieur Seguin qui se battit vaillamment toute une nuit avant de succomber au loup, ils prennent le risque d'entretenir la tension alors même que le combat paraît perdu d'avance [bis repetita…malgré le nombre « considérable » et « considéré » de manifestants, on nous ressort la chèvre de Monsieur Séguy…]. Mais l'intransigeance de M. Sarkozy, à travers le refus du moindre dialogue, alimente le scénario de la radicalisation [radicalisation piège à cons, vieille mythologie anar comme la grève générale].
Dans ce contexte, et alors que la bataille va se déplacer sur le terrain politique [ça vient de sortir ? Ils vont en débattre à notre place dans l’oligarchie droite-gauche ?], le Parti socialiste cultive l'ambiguïté. Martine Aubry et Ségolène Royal en viennent à demander le retrait de la réforme, alors même que les syndicats - à l'exception de FO et de Solidaires - n'expriment pas cette exigence et réclament des négociations [la gôche caviar est plus radicale que la bonzerie syndicale ma chère !]. Tout en admettant le principe d'une augmentation de la durée de cotisation, le PS veut à la fois rétablir l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans, ce qui est peu crédible, et accorder la liberté d'une retraite à la carte [la gôche caviar peut toujours promettre d’autant qu’elle fait le nécessaire pour rester confortablement dans l’opposition]. D'ici à 2012, il devra donc clarifier son projet [ah ah mais 2 ans c’est trop court pour la vie !]. D'autant que la réforme Sarkozy n'est pas financée au-delà de 2018 [en voilà un scoop, que veulent donc dire les francs-macs du Monde ?]. (Article paru dans l'édition du 14.10.10)
Un sacré raffinage du pétrole prolétarien, tellement fluidifié par les raffineries syndicales qu’il ne sera même plus capable de faire fonctionner le moteur à explosion de la lutte des classes.
Espacez ce pavé. C'est indigeste, et du reste, totalement indigent !
RépondreSupprimeret je t'encule!
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