« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
▼
mercredi 15 septembre 2010
LA MAJORITE SILENCIEUSE ENJEU DE LA RESTAURATION NATIONALE
Tout s’en mêle, tout s’emmêle. La société du spectacle politique bien huilé n’en finit plus d’être supplantée par la société du scandale politique permanent. Pas un jour sans qu’un ministre ne soit accusé de malversation, pas un jour sans que la personne du président de la république, et celle de ses ministres les plus exposés ne soient couvertes d’insultes, et pas quelques unes, mais des tombereaux sur les sites des divers journaux qui laissent aimablement s’étaler injures, moqueries, insanités diverses des sans-grades aigris, des anarchistes paumés, des militants sur le pied de grue. Cette foire d’empoigne est encouragée par les partis d’opposition et les particules gauchistes. La haine est distillée, les bonzes font des commentaires plus polis mais aussi vipérins. A croire que les manifestations syndicales ne défoulent plus les naïfs qui y participent encore. A croire surtout qu’on ne peut plus discuter de politique sans insulter l’adversaire. Cette « guerre de tous contre tous » dont j’ai déjà signalé dans un article antérieur l’ampleur grandissante met mal à l’aise (voir dans messages anciens, et il est sous-titré : « Le fait divers expression de la désintégration sociale ou arme naturelle de l’Etat juridique bourgeois ?). En réalité on ne sait plus qui est qui, qui vaut quoi quand les insultes pleuvent de tous côtés, tant en ce qui concerne la liquidation du système des retraites à 60 ans qu’en ce qui regarde l’insécurité, les fantasmes contre l’étranger musulman ou Rom. Le niveau politique des individus masqués qui expriment, non leur opinion (ce serait bien) mais des éjaculations verbales est totalement affligeant ; la plupart du temps, le seul argument consiste à insulter et à traiter l’opposant ou celui qui ne file pas dans le sens du vent de « facho » ou de PMU iste (drôlerie gauchiste inversant le nom du parti au pouvoir). Internet poubelle ! Et pourtant c’est un bel instrument pour tous ceux qui n’ont pas peur de se battre pour la vérité.
Ce tohu-bohu l’Etat bourgeois en reste le maître pourtant et en tire profit encore pour l’instant. Le chaos n’est qu’apparent : les lois scélérates passent malgré le charivari des députés de la gauche caviar, les syndicats collaborationnistes parviennent à duper encore des milliers de manifestants qui en redemandent. Les blogueurs et disputailleurs se comportent comme des caïds de la Toile, des policiers de la sublime pensée de gauche pathologique anti-Sarko-garantie caca-boudin. Cette hystérie se retourne contre ses prestataires, gentils contestataires coprophages impuissants.
COTE COUR
En réalité tout se passe encore côté cour où l’on se chamaille pour un rien, où l’un flingue l’autre pourtant dans le même camp. Dans les deux principaux camps bourgeois il n’y a jamais eu pourtant d’unité intrinsèque, les cliques restent toujours en compétition, les rivaux non récompensés veulent renverser ceux qui occupent les bonnes places du pouvoir.
Les querelles n’ont pas un bien grand intérêt. Si la gauche « vierge » fustige la droite « vérolée » avec sa campagne de détournement « situationniste » (plus que nazie) sur les Roms, on sait bien qu’ils sont tous mal dans leurs chaussures cirées concernant les « raccompagnements » à la frontière, car il en reste des frontières, partout en Europe, et que les divers Etats sont prêts à en recréer autant qu’il en faudra pour duper… le prolétariat.
Au fond, il n’y a pas grand-chose de changé au pays de la propaganda bourgeoise, on nous ressort les mêmes ficelles usées depuis un siècle. Le « Touche pas à ma nation » d’un cartel d’intellectuels français a été néanmoins un fiasco, la pétition sentait trop la naphtaline face à cette moisissure de « xénophobie d’Etat », inventée par les gauchistes bcbg qui n’ont pas à gérer les flux de populations incontrôlées et qui considèrent le capitalisme comme une entreprise philanthropique apte à intégrer et à accueillir toute la misère du monde. Et le capitalisme n’est, d’une part, plus apte à intégrer ses chômeurs en surplus ni à désintégrer les coutumes les plus arriérées, et, d’autre part il oppose la misère errante à la misère salariée.
Les pitres pétitionnaires ont eu le culot de défendre… la même chose que le Président actuel, criblé de critiques de toutes parts, une forfanterie coutumière, la défense de « l’égalité entre les citoyens devant la loi ». Une galéjade à mourir de rire avant l’âge canonique de la retraite en milieu ouvrier. Du coup la loi (normale) pour supprimer la burqa islamo-tarée est passée inaperçue, mais pas forcément de la « majorité silencieuse ». En vérité, droite au gouvernement et gauche dehors mitonnent ensemble, non pas un vague populisme, mais une sorte de restauration de l’idéologie nationale, pour ne pas dire nationaliste, pour, dans les deux cas, faire croire à un intérêt commun des diverses classes dans la crise ; on laisse faire le sale boulot à la droite concernant les expulsions (en la conspuant) dans la mesure et sachant que la gauche serait obligée de mener la même politique si elle se trouvait bousculée à la place ; gauchistes et anarchistes peuvent bien hurler qu’il suffit de laisser circuler tout le monde et de distribuer des cartes d’identité comme des tracts, personne ne les prend au sérieux.
Au total, Sarkozy a gagné, non simplement parce que ses godillots parlementaires et syndicaux lui ont tracé la voie royale, non simplement en se moquant de sergents recruteurs du gauchisme et des mafias syndicales minoritaires mais parce que dans son triple langage à lui (sécuritaire, chauviniste et électoraliste) c’est le 3e qui est le mieux passé pour les actuels retraités qui, eux, votent contrairement aux ouvriers et aux chômeurs ; ils ont parfaitement compris que la bourgeoisie voulait pour l’instant « sauver » LEURS RETRAITES !
Sans en utiliser l’expression, en 2009 à Saint Quentin, Sarkozy avait déjà fait allusion à une notion de base gouvernementale, la fameuse majorité silencieuse : «J'ai également la responsabilité de ceux qui ne défilent pas. Ce n'est pas parce que les gens ne défilent pas qu’ils ne souffrent pas». Cette même majorité silencieuse qui ne s’exprime pas sur l’affaire de l’expulsion des Roms (car elle est lucide contrairement à nos idéalistes électoralistes) ni sur le bordel généralisé des pratiques communautaristes (que nous subissons tous).
COTE JARDIN
Cela nous permet d’en venir au côté jardin. Derrière la façade bourgeoise pleine de haine et de fureur, tous les signaux d’alerte économique sont allumés. Jamais notre bourgeoisie autochtone n’avait déployé autant d’efforts pour « l’avenir de la nation », pour « sauver nos retraites » à l’horizon 2018. Pourtant, jamais elle n’a eu autant d’incertitudes envers une situation à court terme gravissime, face à laquelle elle prétend parer mais que les spécialistes en calcul élémentaire jugent comme attitude fallacieuse et téméraire. La crise systémique continue à avancer à pas lourds. L’armée allemande a déjà peur par exemple de ne plus disposer d’assez de pétrole non pour la « consommation courante des ménages » - ces consommateurs égoïstes nullement prêts à aller mourir pour un pays quelconque ni à servir de claque aux sergents recruteurs du PS et des gauchistes dans des campagnes d’arroseurs-arrosés – mais pour faire avances ses tanks et ses avions létaux.
Le système s’effondre lentement et le gouvernement ne fait que poser des rustines dans un champ de mines sociales. En face l’opposition est inexistante en projet alternatif bourgeois et reste aveugle face à la catastrophe qui vient en faisant chanter ses troupeaux militants avec des comptines dignes de la méthode Coué. L’opposition évite de poser devant ses ânes suivistes les problèmes de société faramineux sous-jacents qui ne sont pas de l’ordre de la prétendue réforme mais d’une révolution méchante. Les bonzes du PS pratiquent comme les syndicollaborationnistes le même double, triple voire quadruple langage – chose normal du fait que ces gens s’adressent à différentes clientèles électorales – et ils promettent le retour à la retraite à 60 ans en 2012 s’ils remportent la mise électorale. En réalité ce ne serait pas un retour en arrière mais une continuité dans le changement comme le concède la députée Marisol Touraine, et qui dans le détail flou ne se rend pas compte qu’elle se met à dos la principale clientèle du PS, les cadres : « L’âge légal de départ à la retraite sera à nouveau 60 ans, mais ce ne «sera pas une obligation, pas une règle comme veut le faire croire le gouvernement. Il s’agira d’une protection pour les plus modestes, d’un bouclier social». Ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans et qui, lorsqu’ils auront cotisé 41,5 annuités (en 2020), pourront partir à la retraite. C’est surtout une mesure qui profitera à ceux qui exercent des métiers pénibles ou usants. En revanche, «nous pensons que certains peuvent travailler plus longtemps, par exemple les cadres, et nous voulons les inciter à le faire». La députée maintient le flou artistique total et ne démontre rien ; de jeunes travailleurs de 18 ans ou même de 17 « lorsqu’ils auront cotisé 41,5 annuités », et elle ajoute « en 2020 , pourquoi en 2020 et ceux qui ont actuellement 18 ans ils ne pourront donc pas prendre la retraite en 2051 parce que soit il faudra à l’époque encore au moins cotiser des années en plus, soit le plus probable la retraite n’existera plus ; et elle n’existe plus de fait de toute façon pour nombre d’ouvriers et même de cadres qui claquent peu avant ou peu après 60 piges !
Enfin l’argumentation de la députée est aussi peu crédible que la bouffonne S.Royal qui avait promis n’importe quoi en s’imaginant déjà en lévitation dans le fauteuil élyséen, en voulant expliquer mensongèrement qu’on ne va pas vers une diminution des pensions, elle avance sans gêne que la gauche de retour aux affaires prendra dans la poche des cadres, 900 euros de moins par an pour les petits gradés, et 1600 en moins pour les super gradés ! Voilà une bonne manière de se préparer à perdre les élections parmi les meilleurs serviteurs du Capital.
Comme il reste toujours un problème de financement, la députée nous vante une déontologie du PS qui ferait peser la taxation sur les profits bancaires… espéranza tchi-tchi-tchi… ni en 36 ni en 81 la gauche bourgeoise ne s’en est pris aux banques, et Mitterrand a même privatisé ce secteur à tour de bras. Donc, couché Marisol Touraine !
COTE USINES
De ce côté-là, la classe ouvrière continue aussi d’être humiliée et soumise aux chantages les plus odieux et les prolétaires menacés de "destruction d'emploi" sont soutenus comme la corde soutient le pendu par les fleurs bleues du PS, du NPA et de LO. La gueule menaçante d'un pistolet et cette injonction inscrite dessous : “Tes RTT ou ton travail”. C'est l'affiche des salariés de Continental à Toulouse. Lesquels se voient sommés par leur direction d'accepter une baisse de leurs revenus et une augmentation de leur temps de travail alors que l'entreprise a réalisé 38 millions de bénéfice pour 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009. «C'est inadmissible, a râlé le sénateur PS Bertrand Auban. C'est un monde qui avance sans foi ni loi. Tout ça pourrait finir par des jacqueries». Il est jacobin en carton le sénateur. A l’ AG du lundi 13 septembre à 14h devant l'usine toulousaine de Basso Cambo, avaient accouru aussi le maire-adjoint du Parti de gauche, Christophe Sellin et et la conseillère PCF Monique Durieux. Plus le NPA et Lutte ouvrière. Comme si ce conflit allait leur créer des électeurs. Il y avait même des syndicalistes de Barcelone (une catalane a été très applaudie avec son creux « mucha unidad » et un allemand venus apporter non leur solidarité de classe mais une solidarité « européenne »). On peut se féliciter que des ouvriers de Clairoix, même syndicalistes, soient venus cependant porter témoignage de leur calvaire, ils avaient accepté eux aussi des sacrifices négociés mais avaient été quand même licenciés guère plus tard. Selon la direction toulousaine, une légère majorité aurait accepté… c’est possible, moi je ne leur jetterai pas la première pierre car c’est ça ou rien, et les bonzes syndicaux par contre continuent à faire les beaux, et les idiots de posteurs pro-syndicats d’encourager les « gars » « à tenir bons » ! Tenir bon seul dans son coin, vous en avez de bonnes vous les « salariés protégés » à la solde du patronat…
C’était juste un exemple de l’égalité devant la loi républicaine prônée par nos pétitionnaires têtes universitaires couronnées et à revenus garantis.
COTE SOCIETE : LE MONSTRE DOUX ?
Après s’être longtemps choqués du gouffre grandissant entre les élites repues de la Nation et les basses classes, les gardiens intellectuels du temple capitaliste ont cherché les causes. Ils ne les ont pas trouvées et elles, ces causes, vont même faire sursauter dans le nouveau réveil du prolétariat comme ces horribles pendules mécaniques de jadis sans douceur et sans touche repeat. La politique de droite et de gauche – en résumé bourgeoise – en effet sert de tremplin pas moins qu’avant aux démocrates et aux gauchistes idéalistes. Regardez les élections, ne sont-elles pas régulièrement ridiculisées par les sondages fabriqués ? Un seul maître, l’argent, commande la décision des urnes ; comme à la Bourse, il faut « opérer sur la naïveté des masses, acheter le concours de la grande presse, et aider le hasard par une infinité de ruses » (Georges Sorel, Réflexions sur la violence). D’ailleurs démocrates de droite et démocrates de gauche s’entendent à merveille : « La démocratie est le pays de Cocagne rêvé par les financiers sans scrupules » ; les uns et les autres estiment que le monde regorge assez de richesses « pour qu’on puisse le voler largement, sans trop faire crier les producteurs ; tondre le contribuable sans qu’il se révolte, voilà tout l’art du grand homme d’Etat et du grand financier » (Sorel, Matériaux…). L’expérience de tant d’années écoulées prouve à l’évidence que la démocratie bourgeoise n’est pas autre chose qu’une « école de servitude, de délation et de démoralisation » (ibid).
J’aurais pu tout aussi bien citer Lénine, mais bon c’est un « facho » pour les ignorantins. Nous venons de prendre connaissance disons de la complicité des factions bourgeoises, mais Sorel n’avait pas eu les moyens de comprendre à son époque, plus grave et plus subtil, leur complémentarité. A chacun sa place, la gauche promet la lune (qui ne fait plus rêver depuis sa conquête par l’impérialisme US) et la droite nous ramène sur la terre ferme et peu accueillante. La droite est quelque part sacrément emmerdée de la perte de crédibilité de la faction de gauche bourgeoise ; elle lui sert les plats, accepte de gonfler le nombre des manifestants (par ex aujourd’hui, ils auraient été des milliers à conspuer les députés devant l’Assemblée nationale… les clichés de presse montrent même pas 200 personnes, bonzes permanents et retraités staliniens compris…).
La bourgeoisie feint de s’inquiéter que la droite gagne trop facilement. Titre du Le Monde : « Pourquoi l’Europe s’enracine à droite ? ». L’article présente un essai de l’italien Raffaele Simone : » Comment expliquer l'effondrement de la gauche européenne, alors que le continent souffre des contrecoups de la crise financière née des excès du libéralisme ? L'essai de l'Italien Raffaele Simone Le Monstre doux. L'Occident vire-t-il à droite ? qui sort enfin en France (Gallimard) aide à comprendre ».(…) « Son constat est sévère. Selon lui, la gauche n'est plus porteuse d'un grand projet "à la hauteur de [son] temps". Face à elle, la droite nouvelle l'emporte parce qu'elle a compris notre époque consommatrice, individualiste, pressée et médiatique, et sait se montrer pragmatique et sans idéologie. Cette droite conquérante s'est associée aux chefs d'entreprise comme aux hommes des médias pour promouvoir une société de divertissement et de défense des intérêts de court terme, tout en promettant la sécurité et la lutte contre l'immigration.Un projet que Raffaele Simone appelle "le monstre doux". Son essai a fait couler beaucoup d'encre en Europe dans les milieux de gauche dès sa sortie en Italie, début 2009 ».
Comment cela se fesse-t-il s’interroge le pigiste du Monde ? Les sondages sont quand même plutôt bons pour la gauche en France… mais « le PS n’a pas élaboré une position claire tant sur les retraites que sur les questions de sécurité et l’immigration ».
MARCUSE ET LE MODELE SUEDOIS
Fortiche le pigiste ? Puis il demande à l’auteur de décrire son « monstre doux ». Déjà R.Simone n’est pas en route pour une clarté moderne puisqu’il s’inspire de l’ancien flic Alexis de Tocqueville, devenu sociologue (hé hé) et nous balance ses descriptions de l’individualisme égoïste d’une autre époque. Nous y sommes ce "monstre doux" ce n’est pas l’Etat bourgeois (ouf !) mais le petit individu consommateur et jouisseur qui symbolise un régime de droite généralisée ; le pigiste du Monde se pâme en écoutant la révélation qui ne va pas plus loin pourtant que le système cognitif demeuré d’un anarchiste de base : « Ce régime s'appuie sur une droite anonyme et diffuse associée au grand capital national et international, plus proche des milieux financiers qu'industriels, puissante dans les médias, intéressée à l'expansion de la consommation et du divertissement qui lui semblent la véritable mission de la modernité, décidée à réduire le contrôle de l'Etat et les services publics, rétive à la lenteur de la prise de décision démocratique, méprisant la vie intellectuelle et la recherche, développant une idéologie de la réussite individuelle, cherchant à museler son opposition, violente à l'égard des minorités, populiste au sens où elle contourne la démocratie au nom de ce que "veut le peuple" » (…) .(Comme Berlusconi) « …le président Sarkozy a fait scandale par son omniprésence à la télévision et son train de vie de star. Sa politique me semble exemplaire de cette droite nouvelle refusant d'imposer comme d'effrayer les plus riches, voulant diminuer les services publics et flirtant avec le populisme et certaines thèses d'extrême droite ». R.Simone fier de sa découverte gauchiste égrène ensuite les 3 commandements du monstre doux :
1. devoir de consommer
2. devoir de s’amuser
3. le culte du corps jeune.
Rien de très intéressant ni de politiquement nouveau dans cet ouvrage présenté comme le must du moment, Marcuse a déjà dit ça il y a un siècle avec ses amis hippies. La bêtise politique de l’auteur transparaît dans sa description méprisante en fait (et si classiquement bourgeoise) des basses classes : « Un monde où le consommateur a remplacé le citoyen, où le divertissement supplante le réalisme et la réflexion, où l'égoïsme règne me semble favorable à la droite nouvelle, qui d'ailleurs le facilite et l'entretient, car ses valeurs comme ses intérêts sont associés à la réussite de la consommation et de la mondialisation de l'économie, pleine de promesses ».
La « droite nouvelle » décrète « ringarde les idées d’égalité et de solidarité, méfiante envers les pauvres et les immigrés, est plus proche des intérêts immédiats des gens…. ». Encore un exemple de triple langage psychologisant bourgeois ; trois idées dans la même phrase, toutes contestables : pas vrai que la droite au pouvoir renie les idées d’égalité et de solidarité, mais elle les place au niveau de la « nation » ; pas vrai que les ouvriers autochtones sont « méfiants » envers les pauvres et les immigrés, ils sont méfiants vis-à-vis des voyous et des flics plus sûrement ; et « les gens » c’est qui, quelle classe ? Les riches qui votent ou les ouvriers qui ne votent plus ?
Enfin R.Simone nous lâche le morceau qui fait tâche, les questions qui gratouillent : « Ils (les partis de gauche) se sont opposés longtemps, avec force, à la critique écologique du productivisme sans frein, qui aurait pu les ressourcer. Ils ont dénié l'apparition d'un facteur ethnique dans la sphère politique. Jusque récemment, ils ont refusé de discuter de l'immigration de masse et des clandestins, se montrant laxistes sur ces questions. Eux, les défenseurs de la laïcité, n'ont pas été clairs dans leur critique de l'islam radical, sur les questions du port du voile et de la visibilité des signes religieux. Ils ont montré le même aveuglement face aux violences urbaines et à l'insécurité, ne considérant que leurs causes et pas leurs effets. Ils s'obstinent à ne pas voir le vieillissement de la population et, comme en France, à ne pas évoluer sur les retraites. Ils ont abandonné la défense des ouvriers et des salariés aux syndicats et n'ont plus rien de partis populaires. Ils n'ont pas compris la montée en puissance des pays émergents… »
Ce catalogue peut faire bouillir un large spectre politique, où par ex. les bobos pourront déplorer que la gauche officielle n’ait pas été assez écolo, où les électeurs du NPA et du PS assureront que parler de problèmes ethniques est archéologiques, que supputer un surnombre des clandestins est « facho » car le problème n’existe pas, tout est de la faute aux banques, les mêmes soutiendront qu’il faut tolérer le voile comme hier ils toléraient Mao, HO Chi Minh et Staline ; les questions d’insécurité et d’autodéfense ne sont-elles pas des questions typiques du FN, surenchérira le militant gauchiste de service ?
Moi j’ajoute en tout cas, au plan strictement politique et social, que R .Simone se réveille bien tard s’il découvre seulement maintenant que les partis de gauche ont abandonné les ouvriers, et qu’il y a pire, c’est qu’ils sont devenus des combattants acharnés de toute révolution prolétarienne. D’ailleurs ils sont en bonne compagnie, puisque R.Simone utilise leur langage :
« En même temps, l'effondrement brutal et grotesque du communisme a signifié l'écroulement de quelques-uns des grands mythes de la gauche tout entière. L'idée qu'elle allait changer le monde par la "révolution", que celle-ci fût violente, comme le voulaient les bolcheviques, ou graduelle, comme l'entendaient les sociaux-démocrates, a fait long feu. Qui veut encore la révolution aujourd'hui, et pour mettre en place quel régime ? Quant aux grands discours sur "la lutte des classes", ou même "la haine de classe", nous savons bien qu'ils mènent à la guerre civile et au despotisme ».
Bien sûr, bien sûr… et franchement qui n’en veut de la révolution sanguinaire aujourd’hui ? Des intellectuels de gauche et d’ultra-gauche, « antiaméricanistes », ajoute notre bon professeur du « monstre doux », avec des sympathies dangereuses envers les Castro, Chavez, etc. R.Simone a un plan d’avenir pour sauver la gauche bourgeoise de la noyade :
« Affirmer le rôle de l'Etat dans la régulation des excès du marché et du capitalisme financier. Mettre en place des services publics forts. Investir dans des universités et des écoles de haut niveau. Défendre radicalement la laïcité contre les intrusions religieuses. Assurer durablement et sans laxisme la sécurité des citoyens. Soutenir puissamment la recherche. Appuyer la création de médias et de télévisions de qualité ». Enfin R.Simone invite la gauche moisie le coup du modèle suédois avec la théorie catho de « l’entraide » !
R.Simone, plumitif du pays de Bordiga, est un clerc de notaire de faillite, sans mémoire, sans savoir qu’il a affaire à des classes en lutte et pas à de vulgaires consommateurs individuels. Les aspects premiers de cette consommation que méprisent tous les petits bourges restent la bouffe, l’habillement et la distraction. C’est peu et méprisable pour les bourgeois, mais c’est beaucoup pour nous. L’histoire des partis bourgeois de gauche est plus la cause de leur effondrement public que la consommation des millions de petits individus misérables que nous sommes. En vérité les « monstres doux » de la gauche ont tellement trahi les intérêts et favorisé la division de la classe ouvrière qu’ils peuvent plus que tenir un langage de curé : respectez-vous les uns les autres, si un jeune de banlieue d’origine arabe te frappe tend l’autre joue et ne va pas porter plainte à la police ! (*) N’oublie pas : c’est la faute à la société ! Respecte la religion des autres et leurs colifichets. Et lit le Coran, qui est plus simple que le Capital de Marx, cela te changera des séries TV pipoles idiotes… Et fait le ramadan tu seras moins gros…
QUOI DE NEUF EN POLITIQUE ? RIEN ! La gauche bourgeoise fait la morale et la droite reste immorale. Ces deux fractions voudraient bien revitaliser la mythologie nationale, avec le sport, avec tous ces débats archi-stupides, codés et simpliste sur la nationalité ou le sexe des anges. Mais la nation est morte en 1914 et nous prolétaires vivant sur le territoire européen ne voulons plus de guerres, nous ne sommes pas nés pour tue rnos frères de classe de tous les pays.
Qu’est-ce que tu proposes ? Rien, j’attends doucement la révolution.
(*) Ce serait risible mais c’est dramatique. La gauche en décomposition commencerait à se soucier de l’insécurité (terme ambigu et large : de l’insécurité au travail à la rue… il n’y a qu’un pas) de la manière suivante. Mme Martine Aubry s’est rendue, aux côtés du ministre de l’Intérieur, à l’enterrement de la jeune joggeuse assassinée (par un français de souche ceci dit). C’est franchement minable, racoleur et électoraliste. La cause de toutes nos misères reste le capitalisme, l’abaissement généralisé des êtres humains engendre des réactions de tarés hélas, mais ni les politiciens ni la police ne nous protègent de l’exclusion sociale ni des éventuelles agressions de racailles lumpen…. Désolant mais c’est comme ça, et cela fait d’ailleurs quelques décennies que c’est comme ça. Et du point de vue de la sécurité Sarkozy n’a rien fait non plus (**), et il ne couvre même pas ses flics après des bavures malheureuses, comme celui qui est jugé en ce moment en cage pour avoir descendu un gitan qui s’enfuyait ; flics et gardiens de prison ont pourtant ordre (de l’Etat et sa magistrature) de tirer sur tout prisonnier qui s’enfuit. En réalité, tout flic qui réfléchit un peu sait qu’il est traité comme la plupart des prolétaires, c'est-à-dire comme de la merde par sa hiérarchie (d’où plusieurs suicides en ce moment)…
(**) car faire quelque chose n’est pas augmenter les képis mais donner du travail, et pas des boulots idiots et sans discriminer d’après les noms ou la couleur de peau… tout cela est au-dessus non pas des forces de l’individu Sarkozy mais tout aussi irréalisable pour une gauche impuissante et creuse, et hors de question pour le capitalisme rapace et pas du tout doux !
On aurait aimé des commentaires biens sentis, du côté de chez Libé, sur ces deux évènements majeurs de l'histoire en train de s'écrire :
RépondreSupprimer- http://www.liberation.fr/politiques/01012290604-robert-barcia-alias-hardy-est-mort-il-y-a-un-an
- http://www.liberation.fr/politiques/01012290957-la-troisieme-fete-de-la-fraternite-sera-hyper-unitaire
Amicalement,
Hyarion.
P.S.: pas obligé de rendre public ce commentaire... je ne fais que passer...