« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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samedi 10 juillet 2010
CE QUE JE DIRAIS A LA PLACE DU ROTURIER SARKOZY LUNDI sur FRANCE 2
Par Paul le Poulpe, la nouvelle voyante universelle
Presque toujours en politique le résultat est contraire à la prévision.
François-René de Chateaubriand
Jamais scandale n’a été si scandaleux et si révélateur: les riches à poil sont laids et bêtes ! Jamais les dentelles en soie et les dentiers en or des vieux bourgeois n’ont été ainsi exhibés au bon peuple ! Quelle aubaine crie l’oligarchie de la gauche caviar ! Quelle aubaine hurle le site gauchiste Rue 89 ! Quelle chance pour les chiffres de vente de nos études bourdieusiennes sur la haute société, s’exclame le couple Pinçon-Charlot ! Guerre au palais, paix aux chaumières chante le chétif Besancenot, voile (noir) autour du cou !La mayonnaise avariée de toute cette agitation mortifère n'aurait certainement pas pris si nos bleus n'avaient pas perdu aussi piteusement. Ressaissez-vous, nous connaitrons d'autres victoires ensemble.
Certes mon Woerth de poche est maire du château de Chantilly. Certes sa mémère a l’air con avec ce large chapeau emprunté aux dames de forte corpulence noble. Certes elle fût jusqu’à récemment la tabatière de la plus riche rombière de France et de Navarre. Certes mon petit Woerth a toujours été une cheville ouvrière de la circulation mafieuse de l’argent pour les cliques de droite. Et alors ? Vous croyez que le PS c’était mieux avec l’affaire Urba et le PCF avec l’argent de Moscou ?
Et d’abord, est-ce que ma justice en robe noire et chapeaux rigolos a porté plainte, comme disait l’autre jour mon ami le sondologue Reynié ? Non, alors la ferme ! Est-ce que Charles Pasqua s’est plaint que j’ai remplacé mes juges par un panel de sénateurs et de députés amis qui l’ont blanchi ? Non, alors la ferme !
Vous savez chers concitoyens qui est le plus ridicule dans cette histoire de scandales qui ne fait que débiter des évidences séculaires qui ne vous empêchent nullement de suivre les derniers matchs de la coupe du monde de foutball ? Eh bien je vais vous le dire : les journalistes bobos. La plupart n’ont pas la classe de mes amis Val et Pujadas bien sûr. Ces journalistes investigateurs sont en réalité tous aigris que je ne les ai point promis à la direction de mes chaînes de radio et de télé. Voilà pourquoi ils vont nous chercher des poux chez nos bons riches sans qui l’ouvrier n’aurait point de travail. Mes chiens de porte-parole ont en vain aboyé contre ce site de merde Médiapart cornaqué par un louche ancien trotskien à moustache stalinienne. J’ai été bien gentil de retenir la laisse de mon principal pitt bull Lefebvre car il était parti pour le dévorer.
Vous voyez, chers compatriotes de quel degré de maîtrise il a fallu que je m’empare pour éviter les débordements de mes chiens, et ma magnanimité princière, pardon démocratique. Mon lapsus soudain n’est, je dois vous le dire, aucunement une concession à la théorie des gauchistes bourdieusiens sur une soi-disante « noblesse d’Etat ». Les mannes du Général De Gaulle me pardonneront mon excès de langage, ce n’est qu’une connerie de plumitifs, hélas trois fois hélas ! Cette charge contre la minorité dirigeante oligarchique – je sais 69% des ouvriers n’ont pas voté aux dernières élections – est typique des couches intellectuelles petites bourgeoises qui votent massivement pour le PS et son concurrent nain les Verts. La dénonciation des riches ne risque pas plus de faire tomber mon gouvernement que l’insurrection potache des amis jeteurs de cailloux du petit Julien Coupat. Ce n’est pas dans mes habitudes de citer un ennemi ancestral, je dois vous le dire, mais je vous le dis. Il dit un jour que le véritable ennemi du prolétariat n’est pas représenté par l’infime minorité des riches possédants mais par cette masse immense de petits bourgeois intéressés à la conservation du système capitaliste et nullement disposés à « tomber dans le prolétariat ». Cet homme lucide se nommait Wladimir Ilitch Lénine et mourut au siècle dernier à l’âge de 54 ans.
Le danger représenté par ce scandale d’argent « sale » - hi hi vous pensiez que l’argent était « propre » ? – n’est pas intrinsèque à nos magouilles habituelles et bien connues même du bon prolétariat. Il est dans la tentative faite par tous ces scribouillards de faire capoter ma volonté comme honorable délégué de la classe dominante, je tiens à la préciser – vous pensez bien que s’il n’y avait pas eu la crise, j’aurais préféré garder au chaud mes millions de retraités peinards, serviles électeurs – de supprimer progressivement cette vieillerie républicaine de retraite. Quoi de choquant que mon ministre du travail soit un simple secrétaire de la principale fortune de France et que sa femme en nettoie les écuries ? Pinay était palefrenier. Pompidou cireur de pompe chez Rotschild. Giscard portier à la banque de France et Sapin forestier chez M. le duc.
N’oubliez pas que mes principaux collaborateurs, Chébault et Thirèque, n’ont pas jugé utile de se mêler à cette horrible chasse à l’homme – et croyez bien que je sais de quoi je parle car, entre nous dans notre ghetto d’ultra-riche, nous pratiquons la chasse à courre mais après un vulgaire animal. Ces syndicats sont tout de même les représentants de l’immense majorité silence des travailleurs.
Comme vous le voyez mes assises sont solides concernant ladite rentrée. Vous ne croyez pas d’une part que les salariés roulés dans la farine par tant d’enterrements syndicaux de rue vous être nombreux à défiler derrière mes serviteurs à qui j’interdis simplement d’appeler à voter pour moi officiellement ; et d’autre part vous ne croyez pas qu’il y a une solution alternative, chez mes partenaires de la couche inférieure de la gauche caviar, pour solutionner les graves déficits par lesquels notre pays est meurtri.
Chers compatriotes, je vous dois la vérité. Cette réforme je la conduirai à terme et aucun des coyotes qui aboient ne pourra se mettre en travers. Je vais vous dire pourquoi. Nous ne réformons pas la retraite en général. Nous nous attaquons surtout à la retraite des plus démunis du secteur privé. La revendication salariale comme facteur d’unification de la lutte contre l’Etat bourgeois a toujours été du pipeau marxiste. Vous n’imaginez pas que les régimes spéciaux maintenus, comme celui de la SNCF, vont bouger le petit doigt pour les pauvres prolongés du privé ! Z’avez qu’à s’embaucher dans un service public quand ils avaient 20 ans… et puis le privé a été longtemps mieux rémunéré que le public, n’est-ce pas. C’est pourquoi j’ai, dès le début de mon mandat, révolutionné les conditions de travail pour tous afin de permettre à la sélection naturelle des meilleurs de travailler plus pour gagner plus ; pensez à ces grands patrons qui n’ont pas d’heure ni de retraite ! Quant à cette partie des couches moyennes boutiquière, artisans et commerçants, ils ne prennent pratiquement jamais leur retraite, et pour cause, ou lors de leur dernière heure. Et je peux ajouter que je n’ai fait que légaliser une pratique courante, partout dans le monde les retraités s’emmerdent tellement qu’on les trouve partout prêts même à travailler gratuitement pour des associations transhumanitaires… J’aimerai donc qu’on cesse de me karchériser ainsi que de jeter des tomates sur mes ministres, nous ne sommes que les modestes délégués de la classe dominante.
L’augmentation de la durée d’emploi des enseignants, qui va-t-elle choquer ? A part les concernés et encore, les profs d’université ont si peu d’heures qu’ils en redemandent. N’ont-ils pas trois mois de vacances par an ces feignants d’électeurs des monarques socialistes ?
Non, voyez-vous, chers compatriotes, ce que je crains le plus derrière toute cette abracandantesque agitation, comme aurait dit mon prédécesseur les grand feignant, c’est que la vieille bourgeoisie bourdieusienne, avec ses moyens formidables pour corrompre la presse, de Médiapart à FR3, n’en ai marre de notre ascension à nous les néolibéraux roturiers. Elle avait accepté pourtant au début mon langage de charretier, mes discours de bateleur de foire rédigés à la va vite par mon plumier Gaino. Possible qu’elle manigance mon éviction en estimant que je ne serais plus ni cohérent ni efficace pour empêcher un nouveau 68 ou 95. En terminant ce discours, je tiens donc à m’adresser à elle, par-dessus vos têtes ignares, et dans l’intérêt de notre nation.
Chers compatriotes fort respectables d’héritiers récipiendaires de la longue tradition du pillard et tueur Clovis, du nain Napoléon, du puant Clemenceau, des rigolos de la IVème République, et des incontinents De Gaulle et Mitterrand, prenez garde à ne pas trop jouer avec le feu. Il risque de nous roussir tous. Quelle alternative à mon gouvernement de réformes ? Je vous le demande. Qu’est-ce qu’on fait si les ouvriers débordent les syndicats en octobre ? Croyez-vous que le PS et Cohn Bendit ont les moyens de faire rêver les foules prolétariennes ? Non, franchement vous n’y pensez pas !
Enfin, pour conclure cette adresse au peuple français, je me tourne vers vous tous, mes compatriotes prolétariens, chômeurs, immigrés et sans papiers : aidez-moi à rester au pouvoir contre les riches manipulateurs pervers !Parce que je le vaux bien moâ!
Paul le poulpe (improbable émissaire du Cthulhu de H. P. Lovecraft ?), a parlé, bien que son bec ne soit pas censé le lui permettre, d'autant plus qu'il n'a pas de cordes vocales, pour autant que je saches. On peut toujours imaginer la pieuvre utiliser son volumineux cerveau, son encre noire et ses tentacules pour nous écrire un petit message... Et on essaie en tout cas d'imaginer l'actuel chef de l'Etat français s'exprimant avec les mots du poulpe le plus célèbre du monde... et là, encore une fois, j'ai comme un doute...
RépondreSupprimer"Etudes bourdieusiennes" ? "Bon prolétariat" ? "Wladimir Ilitch Lénine" "homme lucide" ? Imagine-t-on un seul instant, l'actuel chef de l'Etat français employer un tel vocabulaire ? Et je ne parle même pas d'un poulpe (animal céphalopode par ailleurs connu pour sa grande intelligence) !
Non, l'actuel chef de l'Etat français serait plutôt du genre à dire des choses comme "Moi, pendant la campagne, j'ai pas menti, moi", "Moi, j'ai pas été élu pour perdre mon temps, moi", ou tout autre fulgurance verbale du même acabit... Mais faire allusion à Lénine, Marx, ou même Bourdieu, que nenni !
Par contre, s'il pouvait dire quelques mots sur Paul le poulpe, voire sur les poulpes en général, ça pourrait peut-être être intéressant... pour une fois.
En tout cas, c'est bien essayé, Jean-Louis, mais ton déguisement céphalopodo-sarkozyste laisse un peu trop voir ses coutures : on t'a reconnu sous les tentacules !
Le truc qui aurait pu peut-être faire vraiment illusion, ça aurait été d'écrire un article sans jamais écrire les mots "prolétariat", "bourgeoisie", et autres termes similaires. Mais bon, je sais, c'est difficile...
En tout cas, j'aime bien les poulpes : quand j'étais petit, j'étais fasciné par la manifestation de leur intelligence, en regardant à la télé les films documentaires de J.-Y. Cousteau (encore un type que tu ne dois pas aimer, n'est-ce-pas Jean-Louis ? Faut dire qu'il n'était pas très marxiste, le commandant au bonnet rouge, même si le courant semble être plutôt bien passé entre lui et Fidel Castro, quand il est venu le voir)...
http://www.youtube.com/watch?v=daXBUcvCsrE
Amicalement,
Hyarion.