PAGES PROLETARIENNES

vendredi 22 janvier 2010

ENTRE DRAME ET REVENDICATION :

PEUT-ON SAUVER LA « PROTECTION SOCIALE » OU FAUT-IL DETRUIRE LE CAPITALISME ?

On se sent bien petits après le massacre de nos frères de classe paupérisés et jetés à la rue à Haïti plus vite par le tremblement de terre que par la crise capitaliste, à revendiquer pour la défense de la « protection sociale » des travailleurs, pour « nos retraites légitimes », à compatir aux défilés de nos malheureux « fonctionnaires » inquiets pour leurs statuts. La colère monte, nous disent en coin les voix gauchistes. Une petite boite suédoise en France a vu ses cadres séquestrés… quoique les salariés aient eu gain de cause, entendez « par chance ils seront mieux indemnisés » lors de… leur tout proche licenciement économique. Hourrah !

LA RIPOSTE DE CLASSE N’EST PAS A LA HAUTEUR DES ENJEUX

Et pour comprendre cette atonie il ne suffit pas de rouspéter contre les illusions syndicalistes ou d’attendre que Coupat et ses amis provoquent l’émeute du grand soir bobo, ou de chier systématiquement sur la police surtout dans les quelques cas où elle fait son boulot dans les banlieues où les caïds du guidon ou de la BMW volée croient faire la loi. L’anti-Sarko systématique, l’anti-flic systématique ne vaut pas mieux que l’intégriste qui oblige sa femme à porter le voile pour qu’on ne voie pas ses ecchymoses, ou le gauchiste qui défend depuis son loft soft parisien la venue discontinue des « sans-papiers ». La cacophonie des rouspéteurs fait partie du paysage idéologique hétéroclite qui se diversifie chaque jour ; il paraît même que s’est constitué un syndicat intégriste contre la mixité au travail…

Où sont les grands mouvements de grève de naguère dans la sidérurgie, l’automobile, etc ?

Les grandes usines (polluantes) ont été expatriées dans les zones du capitalisme « émergeant » et détergent dans les murailles sordides de la Chine, de l’Inde, d’Asie et d’Amérique du sud. Dans les vieux pays classiques du capitalisme règne la sous-traitance et la maltraitance des prolétaires kleenex isolés.

Les schémas, la vision classique de la possibilité de la lutte massive contre les exploiteurs et de l’insurrection des masses contre les Etats exploiteurs ont pris un sérieux coup dans l’aile.

Ce qui ne signifie pas pourtant que la révolution prolétarienne n’est plus nécessaire ni impossible. Il faut comprendre les moyens que se donne la bourgeoisie pour la rendre impossible.

L’EXEMPLE DE LA BOURGEOISIE AMERICAINE

Rien d’étonnant à ce que, face à la grave crise systémique, la bourgeoisie la plus puissante, la plus intelligente, donne le la. L’élection d’Obama a été un coup de maître, et sans développer sur le sujet, je rappelle que j’ai souligné ici combien l’élection de ce politicien « démocrate » était indispensable pour succéder à la ruée impérialiste des trois cycles de la famille pétrolifère Bush. Le prolétariat américain, bordé par la misère et ficelé dans les communautarismes, avait besoin de souffler face aux attaques économiques ininterrompues ajoutées à l’impôt du sang. Obama a ralenti certes, mais maintenu l’effort militaire en espérant calmer le jeu jusqu’à la prochaine conflagration. Il nous a permis d’assister à un débat surréaliste – mais il faut compter avec la capacité de déformation des médias européens – où une partie de l’Amérique était présentée comme hostile aux « garanties sociales » et à une protection de santé pour tous. Invraisemblable mais vrai ? Il existerait des gens, hors de la gestion cynique de l’Etat bourgeois, pour trouver normal qu’on laisse crever de maladie les pauvres qui n’ont pas les moyens de se faire soigner ? Les « dépenses de santé » pèseraient sur le budget de l’Etat US et « handicaperaient » les emplois, réduiraient les profits ? On croit rêver tant le discours est pachydermique. La perte du siège détenu par feu Edward Kennedy dans le Massachusetts, faisant perdre d’une voix le contrôle du Sénat par Obama remettrait en cause son généreux projet pour la santé universelle du citoyen US. La réforme, qui visait à fournir une couverture santé à 31 des 36 millions d'Américains qui en sont dépourvus, a pris du plomb dans l'aile, mais elle était déjà inapplicable du point de vue du Capital US, et cela Obama LE SAVAIT. Que cela soit le cas ou non – le projet santé d’Obama est de la poudre aux yeux dans la réalité – les médias font dire ce qu’ils veulent aux élections. Les électeurs de cet Etat américain seraient de vils ennemis de la « protection sociale » entendit-on. Mais pas du tout un vote de protestation contre la politique d’Obama qui N’A RIEN CHANGE A LA SITUATION SOCIALE !

L’intermède Obama, outre de faire croire qu’il allait mettre un bémol aux investigations guerrières de l’empire US – son armada a tranquillement mis les pieds à Haïti sous couvert humanitaire – outre de faire croire qu’il allait réformer le système de santé (ce ne sera pas de sa faute si cela échoue mais aux électeurs « sadiques » du Massachusetts) rebondit comme « héros des pauvres » car il « poursuit sa croisade contre les banques et leurs lobbies » : « Après avoir décidé de les taxer, il souhaite désormais limiter leur taille et imposer une barrière entre banque d'investissement et banque de dépôt ». Formidable Obama !

« Si les banques et leurs groupes d’influence «veulent se battre, je suis prêt», a dit Obama, en annonçant le projet d’interdire à toute banque collectant de l’épargne et des dépôts de spéculer sur les marchés pour son propre compte ».

Pour le « révolutionnaire » Obama : « il s’agit d’en finir avec le comportement des banques qui font comme si la crise n’avait pas eu lieu. Le système financier «fonctionne exactement selon les mêmes règles qui l’ont mené au bord de l’effondrement (…). Ma détermination à réformer le système n’est que plus forte quand je vois le retour aux vieilles méthodes», a-t-il ajouté, s’en prenant à l’«irresponsabilité» des banques. Les propositions de Obama devront recevoir l’aval du Congrès, où elles pourraient trouver de l’écho au-delà de son propre camp. Son adversaire à la présidentielle, le sénateur John McCain, passe par exemple pour être favorable à un retour au Glass-Steagall. Le Business Roundtable, syndicat patronal de la finance, a en revanche attaqué le projet, affirmant qu’il était de nature à affaiblir le système financier et à «limiter la capacité» des banques à créer des emplois. Son annonce a eu lieu alors que le président fait face à un mécontentement croissant de la population, également très remontée contre les banques, et que les démocrates ont perdu mardi leur majorité qualifiée au Sénat lors d’une partielle dans le Massachusetts, à moins de dix mois des élections de mi-mandat » (cf. Libé de ce jour).

L’émotion de la bourgeoisie US s’est immédiatement exprimée du fond de son cœur : « Cette fois la pugnacité affichée par le président semble avoir eu plus d’effet. L’indice phare de la Bourse de New York a plongé de 2,06% jeudi, tiré par les banques, dont certaines ont clôturé en baisse de plus de 6% ». Commentaire de Gizzly qui exprime assez bien l’entourloupe :

« Poudre aux yeux… ou martyrdom ? ... Obama a été mis au pouvoir par wall street et la haute finance, les 3/4 de son cabinet trempe a wall street, surtout du cote de goldman sachs...
Alors de deux choses l'une:
1- Il mord vraiment la main qui le nourrit... et la il va devenir un Kennedy # 2 au final... ou,
2- Faut redorer un blason qui part en vrille, un an à la maison blanche et marasme, promesses trahies etc... et la pression qui monte sérieusement contre les banquiers, responsables a 100% de la crise économique pilotée depuis wall street par ces parasites.. ses commanditaires. Il y a même un mouvement pour faire un audit de la Fed.. Un truc qui ne s'est JAMAIS fait, et même n'a JAMAIS été envisagé.. donc faut calmer les esprits qui s'échauffent contre les banquiers.. comment ?.. en lâchant du lest... taxer les banques.. Quelle rigolade hein ?.. Ils vont reprendre ça au centuple de toute façon... et ça donne l'impression qu'on s'occupe du problème... A grand renfort de propagande, l'opinion risque de marcher et y croire... dans le pire des cas, il gagnera un temps précieux... Obama est la marionnette de wall street... Peut on croire qu'il se rebelle contre ses seigneurs et maîtres ?... Rien n'est impossible, mais si c'est le cas... commandez déjà le sapin...Personnellement j'en doute, je penche pour l'option #2 celle de l'illusion... c'est la recette depuis un bon moment... mais ca s'use, ca s'use... ».

Un autre ajoute : « et pendant ce temps là.....!!!!!"La Cour suprême des Etats-Unis autorise les entreprises à financer librement les campagnes électorales. Le monde à l'envers. Depuis une vingtaine d'années, la tendance était plutôt à la limitation du financement des campagnes électorales, surtout côté contributions privées. Mais à la surprise générale, la Cour suprême américaine vient de secouer tout ça. Jeudi, par 5 voix contre 4, elle a autorisé les entreprises et les syndicats à financer librement les campagnes nationales. CQFD ».

Mais d’une manière générale, les commentateurs anonymes plongent dans la comédie du « président noir », et notre premier bloggeur tombe lui aussi dans le piège de l’excitation contre les banques, oubliant que celles-ci ne sont que des rouages du capitalisme et que les donneurs d’ordre sont… le pouvoir politique bourgeois et la régence d’un machiavélisme hyper sophistiqué, exemplaire pour tous les pays «civilisés » dominants. Plus grave que l’enrichissement des banques et des patrons est la montagne des retraites, comme on va le voir.

LE PETIT IMITATEUR SARKOZY

En France les banques sont aussi montrées du doigt comme flibustiers de la finance et surfant sur la crise. Il semble même que Sarkozy avait anticipé la comédie « socialiste » d’Obama mais s’est rallié aux excuses de mise des dirigeants US face aux « scandales » des banquiers et des exhibitions de la jet set. La bourgeoisie française en rajoute une couche en instrumentalisant l’indignation contre les « hauts salaires ». Premier épisode, la provocation : Proglio promu PDG d’ERDF est annoncé comme cumulant son nouveau et ancien « salaire » (terme impropre). Déchaînement du PS, des gauchistes et des bloggeurs. Deuxième épisode, l’Elysée aurait téléphoné à Proglio pour qu’il fasse preuve de plus de décence. Bon prince il accepte de ne percevoir qu’un seul « salaire » mais gonflé de 45% et avec une petite prime, comme l’annonce l’AFP aussitôt : « Veolia a provisionné 13,1 millions d'euros pour la retraite chapeau de son président Henri Proglio, selon le rapport annuel 2008 du groupe de services à l'environnement, confirmant des informations de presse ». Ce n’est qu’une petite retraite justifie le quidam. Interrogé sur ce sujet jeudi soir sur France Info, M. Proglio a déclaré: "Ca s'appelle une retraite complémentaire, j'y ai de toute façon droit puisque j'ai des annuités et donc aujourd'hui, il n'y a pas de sujet à cet égard." Normal le mec il est un exemple d’employé de plus de 50 piges qui n’hésite pas à continuer à « travailler » malgré une retraite bien méritée[1].

PROGLIO L’ARBRE QUI CACHE LA FORET

J’ai reçu à la boite aux lettres attendues le commentaire documenté suivant qui circule sur le web (merci Maurice):

« RETRAITES DOREES : Les technocrates européens jouissent de véritables retraites de nababs... Même les parlementaires qui, pourtant, bénéficient de la Rolls / des régimes spéciaux, ne reçoivent pas le tiers de ce qu'ils touchent... C'est dire !
Giovanni Buttarelli, qui occupe le poste de "contrôleur adjoint de la protection des données", aura acquis après seulement 1 an et 11 mois de service (en novembre 2010), une retraite de 1 515 € / mois. L'équivalent de ce que touche, en moyenne, un salarié français du secteur privé après une carrière complète (40 ans). Son collègue, Peter Hustinx, vient de voir son contrat de cinq ans renouvelé. Après 10 années, lui aura droit à près de 9 000 € de retraite / mois. C'est simple, plus personne ne leur demande des comptes et ils ont bien décidé d'en profiter. C'est comme si, pour leur retraite, on leur avait fait un chèque en blanc.
En plus, beaucoup d'autres technocrates profitent d'un tel privilège :
1. Roger Grass, greffier à la Cour de justice européenne, va toucher 12 500 € de retraite par mois;
2. Pernilla Lindh, juge au Tribunal de première instance, 12.900/mois;
3. Damaso Ruiz-Jarabo Colomer, avocat général, 14 000 € / mois.


Pour eux, c'est le jackpot. En poste depuis le milieu des années 1990, ils sont assurés de valider une carrière complète et, donc, d'obtenir le maximum : 70 % du dernier salaire
.
Car, c'est à peine croyable. Non seulement leurs pensions crèvent les plafonds mais il leur suffit de 15 années et demie pour valider une carrière complète alors que pour vous, comme pour moi, il faut se tuer à la tâche pendant 40 ans et, bientôt, 41 ans.
Face à la faillite de nos systèmes de retraite, les technocrates de Bruxelles recommandent l'allongement des carrières : 37,5 ans, 40 ans, 41 ans (en 2012), 42 ans (en 2020), etc. Mais, pour eux, pas de problème, le taux plein c'est 15,5 ans... De qui se moque-t-on ?

A l'origine, ces retraites de nababs étaient réservées aux membres de la Commission européenne puis, au fil des années, elles ont également été accordées à d'autres fonctionnaires. Maintenant, ils sont toute une armée à en profiter : juges, magistrats, greffiers, contrôleurs, médiateur, etc
. Mais le pire, dans cette affaire, c'est qu'ils ne cotisent même pas pour leur super retraite. Pas un centime d'euro, tout est à la charge du contribuable...
Nous, nous cotisons plein pot toute notre vie et, au moindre retard de paiement, c'est la déferlante : rappels, amendes, pénalités de retard, etc. Aucune pitié. Eux, ils (se) sont carrément exonérés. On croit rêver ! Rendez-vous compte, même les magistrats de la Cour des comptes européenne qui, pourtant, sont censés "/contrôler si les dépenses de l'Union européenne sont légales, faites au moindre coût et pour l'objectif auxquelles elles sont destinées.../ ", profitent du système et ne paient pas de cotisations.
Et, que dire de tous ces technocrates qui ne manquent pas une occasion de jouer les "gendarmes de Bruxelles" et ne cessent de donner des leçons d'orthodoxie budgétaire alors qu'ils ont les deux mains, jusqu'aux coudes, dans le pot de confiture ?
A l'heure où l'avenir de nos retraites est gravement compromis par la violence de la crise économique et la brutalité du choc démographique, les fonctionnaires européens bénéficient, à nos frais, de pensions de 12 500 à 14 000 € / mois, après seulement 15 ans de carrière et sans même cotiser... C'est une pure provocation ! Mon objectif est d'alerter tous les citoyens des Etats membres de l'Union Européenne. Ensemble nous pouvons créer un véritable raz de marée. Il est hors de question que les technocrates européens continuent à jouir, à nos frais et en toute impunité, de telles retraites. Nous allons leur remettre les pieds sur terre.
Sauvegarde Retraites a réalisé une étude précise et très documentée qui prouve par "A+B" l'ampleur du scandale. Elle a déjà été reprise par les médias :
CLIC.....
http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2009-05-19/revelations-les-retraites-en-or-des-hauts-fonctionnaires-europeens/916/0/344867>. Diffusons, diffusons massivement auprès de tous les relais des vingt-sept pays de l'Union Européenne, il en restera bien quelque chose…. ».

« Alerter les citoyens de l’Union européenne »… Il rêve celui-là. Les citoyens votent où et quand on leur dit de voter et sont parfaitement méprisés comme masse indistincte. Le problème se réglera si la classe ouvrière se fâche dans la rue et dans les entreprises. Le vrai big problème est posé aux aspirants relayeurs du pouvoir d’Etat. La bourgeoisie n’est pas loin d’une grave crise de crédibilité politique qui va réveiller les masses tôt ou tard.

LA CRISE ET L’IMPUISSANCE DE L’OPPOSITION CAVIAR ET GAUCHO

Martine Aubry a-t-elle voulu faire perdre les élections au PS français ? En s’alignant sur les vœux du gouvernement de droite de porter cette année la retraite à 61 ans, alors qu’on nage dans le fouillis total où un jour on laisse entendre que la retraite a déjà été portée à 65 ans et que 67 serait le mieux pour faire comme tous les concurrents européens. Ebranlement au PS, rectifications des seconds couteaux, lamentations des gauchistes et des succédanés du PC stalinien et de leur pneu de secours Mélenchon. Mais tous affichent des « nuances », on examinera ensuite ce que recèlent ces nuances et on cache les dessous de table.

Commentaires d’un journaliste du Figaro : « Entre l'aile gauche, qui plaide pour le maintien de l'âge légal de départ en retraite à 60 ans, et l'aile plus progressiste, qui appelle à des évolutions, les tensions sont fortes. Mais le PS tient à se présenter uni face à Nicolas Sarkozy plutôt que de le laisser «piocher» lui-même un socialiste dans le vivier de Solferino. Au PS, on pense d'ailleurs que le pouvoir avait déjà approché le député Jean-Marie Le Guen. Une tentative que le parti s'est empressé d'étouffer. À l'extérieur du PS, et à la veille des élections régionales, ses alliés traditionnels observent avec attention les discussions de la Rue de Solferino. Jeudi la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, a rappelé, au «Talk Orange-Le Figaro», que la retraite à 60 ans était un «acquis social» tout en précisant qu'elle ne voulait pas résumer le débat sur la retraite à la question de l'âge. Quant au PCF, il s'oppose à toute remise en question du marqueur des 60 ans ».

Comme on le voit, même les bobos verts « nuancent » alors qu’une dénonciation plus franche de la remise en cause du « marqueur » aurait pu leur valoir quelques présidences de région. Seuls le PCF et les trotskiens hurlent à l’infamie, mais ils ne sont pas candidats au pouvoir en pleine gabegie économique du système. Eux et leurs amis syndicats ont déjà largement contribué à faire passer les marches précédentes sous Balladur et Sarko Ier par leur sale travail de division de la classe ouvrière et de promesse viriles.

La déclaration de la nouvelle dame patronnesse du parti bourgeois déplumé par Sarkozy n’est pourtant nulle part taxée de « bêtise » comme seule en est capable la mère Royal ou les petits encravatés Montebourg, Peillon et Cie. Mettons-nous à la place, sans façon, des gestionnaires ou aspirants gestionnaires de l’Etat capitaliste : on est à la croisée des chemins. Il est impossible à une société moderne de fonctionner avec une majorité de retraités, même si on réduisait considérablement les « retraites dorées », et une masse de chômeurs définitifs à plus de 50 ans ou moins, face à un nombre inférieur de prolétaires produisant la richesse sociale. Les charlots gauchistes et staliniens peuvent bien jouer les extrémistes, il en faut pour faire passer toutes les lois scélérates, le constat est là : le système ne peut plus fonctionner comme avant. C’est donc tout à fait consciemment que la cheffe de parti « alternatif » bourgeois Aubry a fait part de sa « compréhension » à Sarkozy. Le contraire, une attitude boute au feu à la façon de la gauche « ringarde » des belles années de prospérité, aurait considérablement nui à l’avenir gouvernemental du PS, un avenir conditionné de plus en plus à une nouvelle sorte d’union nationale de la bourgeoisie contre le péril prolétarien, multiforme et aux contours encore imprécis (cumul d’émeutes ? de grèves exponentielles ? d’affrontements de rue plus graves ?). Tout gestionnaire de l’Etat ne peut se déroger au tour de vis inévitable s’il ne veut pas voir s’effondrer non seulement les profits des « hauts salaires » mais aussi de « l’empire du milieu » - la large bande des friqués bobos coincée elle aussi de plus en plus - dans la concurrence entre Etats pour pressurer beaucoup plus le prolétariat.

« Nuancer », « être ouvert à la discussion » signifie pour tous les aspirants sérieux au pouvoir ou à le partager, que l’on n’y coupera pas. La nuance peut même « sensibiliser » une partie du prolétariat, et surtout des électeurs des couches moyennes à un « problème de société » « qui nous concerne tous » (bien que pas de la même façon).

La lutte pour la « défense de la retraite » alors qu’elle a toujours été inégale et basée sur le favoritisme (cf. les retraites dorées à n’importe quel âge) ne peut pas être unificatrice cependant. Dans leurs « nuances » les bourgeois gardent sous le coude des exceptions pour « pénibilité du travail » mais au compte-goutte et certainement pas pour les kleenex sans papiers. La propagande pour « prendre à bras le corps ce ‘problème de société’ » a déjà largement fait son effet endormeur. Les syndicats gouvernementaux sont déjà sur le pied de guerre pour organiser les défilés d’enterrement des protestations contre le dépassement du « marqueur 60 » alors que dans les faits énormément de vieux travailleurs ont repris un job ou tentent désespérément d’en trouver un pour gonfler une pension de merde. Les grèves suivent leur petit bonhomme de chemin, avec le train-train des « fonctionnaires » et nul ne s’en aperçoit plus comme l’avait si bien observé le tenant du titre présidentiel.

Ne voulant nullement être prophète je pronostique des confrontations graves, non pas du fait de l’appauvrissement de la population prolétaire mais face aux incrédibles dominants gouvernementaux et à leurs oppositionnels politiques qui n’ont plus rien à proposer. Dans l’espoir que la société qui succédera à la présente ne tardera pas, je propose d’ores et déjà de penser à convertir la carte bleue en carte rouge. Le principe repris au capitalisme électronique, après suppression de l’argent, permettra de conserver en mémoire la quantité d’heures de travail fourni à la société et d’acheter en conséquence selon les besoins. Il n’y aura plus de retraite, chacun suivant son âge et ses capacités pourra contribuer à la vie de la société sans être parasite, en restant membre actif de la vie commune. La nouvelle société s’engagera à fournir du travail à tous afin que chacun ait la possibilité de manger, de s’habiller et de voyager. Les agioteurs qui voudront accumuler en piquant des heures de travail à leur voisin ne le pourront plus. Le dépensier attendra la fin du mois de travail suivant pour recharger sa carte rouge.

Vive le communisme avec la carte rouge non bancaire mais rétribueuse du travail universel



[1] Libération a décidé de ne pas ouvrir cet article aux commentaires.

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