PAGES PROLETARIENNES

dimanche 18 novembre 2007

NEWS FROM France (2)

LA BLITZKRIEGE RATEE DE LA BOURGOISIE

BRAVO LA GREVE POLITIQUE !

Le gouvernement a voulu la grève à la SNCF mais dans cette catégorie plus rétive et moins manipulable que celle de la RATP, les risques étaient plus grands. Le bonze CFDT Chérèque avait averti pourtant les ministres du risque (« en ouvrant grande la porte à la grève on ne sait pas quand l’arrêter »). La prolongation, que les syndicats la présentent comme durcissement et le gouvernement et ses laquais journalistes comme pourrissement, vérifie l’impuissance de la bourgeoisie à assurer le « service minimum » promis électoralement ; que celui-ci ait été imposé par décret ou pas aux syndicats, les travailleurs seraient passés outre de toute manière.

Le gouvernement voulait agir vite, non pour tenir les promesses électorales du candidat président (toujours candidat à une légitimité réelle) ni pour sa gloriole, mais pour pouvoir faire passer des attaques de plus grande envergure dès l’an prochain. C’est raté.

Depuis quatre jours, gouvernement et syndicats radotent. Si, dans le domaine du contenu des discussions, dans la façon dont gouvernement et syndicats prétendent parler au nom de l’opinion « majoritaire » ou des salariés « minoritaires » on se trouve toujours face à la dépossession bourgeoise de toute décision prolétarienne ou civique, ceux qu’on nomme avec mépris « la base » ont bien cassé le petit jeu programmé de nos exploiteurs. Quelle jubilation de constater que tout reste bloqué en vue de la semaine qui vient ! Si les autres travailleurs en ont marre d’être victimes comme usagers, qu’ils se mettent en grève eux aussi contre le gouvernement bourgeois qui est seul responsable du bordel qui se prolonge, qu’ils saisissent l’opportunité de la journée de mardi, mais à condition que celle-ci ne soit pas le grand foutoir où chacun reste compartimenté comme en 1995 : IL FAUT ETABLIR DES LIENS DIRECTS ENTRE LES ENTREPRISES EN PASSANT PAR-DESSUS LES SYNDICATS.

LA HAINE CROISSANTE DE LA PRESSE ET DES TELEVISIONS

Petit retour en arrière pour que nos lecteurs à l’international mesurent l’importance de la résistance ouvrière, inversement proportionnelle à l’hystérie anti-ouvrière des médias, avec le risque que la grève, au lieu de tenter d’encercler le gouvernement par des discussions hors des entreprises, se laisse déliter par les actions commandos (tags, coupures sauvages, cassages de gueule, etc.) déjà en vigueur. La haine distillée par les journalistes appelle une haine de la rue, et une tendance qui se généralise à virer des AG ces bouffons et à casser leurs appareils photos de flicage.

Le premier jour de la grève les espions journalistes étaient tout sourire, le deuxième un peu moins, le troisième pas du tout, le quatrième véritablement hargneux. Les chiens aboient quand le maître s’impatiente.

Le chef CGT Bernard Thibault est immédiatement mis hors jeu. On a envoyé son second, Didier Le Reste et les amis de la CFDT et de Sud pour faire de la surenchère négociatrice, mais aussi pourrie que celle de leur chef en vue de noyer encore le poisson pour de « vraies négociations sans préalable » non de façon centrale sur les retraites mais sur les problèmes corporatifs ( ?), de fret ( ?), de pouvoir d’achat et d’emploi ( !??). Dans la même bande, ce que ne comprennent pas les ouvriers en colère c’est que SUD est sur la même longueur d’onde que les traîtres officiels ! Et qu’ils pourront toujours voter plus pour SUD que pour la CGT dans un mois, la grève aura été détruite par l’incapacité des travailleurs à s’en remettre à eux-mêmes et à élire des comités d’AG non phagocytés par les cartels syndicaux.

Le 15, selon l’imbécile qui rit tout le temps sur BFM, Ruth Elkrief, au premier déclic pourtant de la grève, les syndicats se montraient plus ouverts « parce qu’ils savent que l’opinion publique est contre la grève ». La grève n’était pas encore commencée que le gouvernement avait décidé que « l’opinion » était contre, mais elle se continue le 16 et le 17 et cette pauvre opinion publique, comme la Justine du Marquis de Sade, souffre le martyre.

Les uns et les autres des porte-voix gouvernementaux supputent une obstination de la base ou un recentrage de la CGT, une « modernisation » quoi, c’est-à-dire non pas un succès électoral professionnel plus grand dans les boites du privé mais une capacité à négocier plus vite que la négociation dans tous les cas...

Le 16, plastique Bertrand le ministre, qui radote en faveur de la pédagogie bourgeoise "tous pour un, un pour tous", ne cesse d'en appeler à cesser la grève pour négocier. Autrement dit il ordonne aux grévistes de baisser culotte, de vider les chargeurs des révolvers et d’avancer main en l’air pour se rendre. Les grévistes, comme Cambronne, font la réponse idoine.

Heureusement les estafettes plume au cul, veillent. Deux porte-plumes du pouvoir, Laurent Joffrin et un certain Yvan Rioufol, lequel n’est lu que dans les beaux-quartiers, rivalisent de modernité sur i-télé pour « faire évoluer les mentalités ». Pour l’éditorialiste du Figaro, Rioufol, tout ce tintouin n’est qu’un épiphénomène d’un « monde qui meurt » face à une opinion « qui soutient ce processus de réformes » ; il s’érige accusateur public : « ce sont des corporatismes qui s’imposent et la population est prise en otage » ! En analyste loin des coups de pieds au cul des ouvriers, le lâche Rioufol cire les pompes de ses maîtres : « le gouvernement a été habile en poussant les syndicats à la faute », la CGT, cette minable, « a accepté de se plier à un réformisme libéral ». A ses côtés, Joffrin, peu habitué à voir les intellectuels pétainistes relever la tête, ne défend pas la gauche muette indéfendable, mais abonde dans les suppositions démographiques pour justifier l’inégalité de la répartition des richesses fournies par l’exploitation des prolétaires et ne voit qu’addition de mécontentements.

Les éditoriaux du Rioufol se succèdent et suent la haine en hurlant à l’extinction de la grève. Sous le titre « Une grève incompréhensible » (Oh oui pour les possédants !) ce larbin radote les mêmes invectives contre un syndicalisme « à l’image dégradée » qui entraîne un raidissement de la France profonde « face aux corporatismes qui marquent la fin d’une époque où des minorités s’imposaient par la rue ». Puis il se cache derrière un universitaire pour dénoncer le comportement de « khmers rouges » de certains étudiants.

Monde journaleux de l’étrange désinformation, du faux et du préfabriqué, zappons sur les crachats…. « Thibault qui sent que l’opinion n’est pas derrière lui » (M. Cotta), « l’exaspération des usagers monte et le front syndical se lézarde » (FR3).

Le samedi 17, GAFFE ! Fuite de RTL, un accord aurait été signé en coulisse entre plastique Bertrand le ministricule de Sarkozy et le traître CGT Thibault, mais aurait été jeté au panier vu la persistante mauvaise opinion des grévistes contre le gouvernement. Apparemment le chef syndical n’a pas perdu la main auprès du « pouvoir public » ni dans son état-major.

Le dimanche, lors de la rediffusion sur France 5 de l’émission minable « Revu&corrigé », exhibant Bertrand et syndicalistes radicaux (censurés par Amar le chien), le ministre et ses obligés journalistes parlent au nom des travailleurs : « les couches les plus pauvres sont hostiles à la grève… » (ils s’en moquent en général de ces sous-couches) et « ¾ des agents SNCF sont pour la négociation » (pourquoi pas ¾ des indiens d’Amérique ?)

Bon ce serait trop long de perdre son temps et mon blog à rapporter tous les dégueulis de ces pauvres types, le silence de la gauche caviar, et trop c’est trop, même la presse bourgeoise plus précautionneuse comme Libé a dû se faire l’écho du ras le bol de l’opinion lambda concernant l’acharnement médiatique anti-grève (Les JT cassent la grève), et L’Immonde le plus servile pleurer le haro sur les médias complices.

LES SYNDICATS NE VALENT PAS MIEUX QUE LES JOURNALISTES

Le fait que les journalistes larbins du pouvoir tapent sur les syndicats ne leur redonnera pas une crédibilité perdue (aux syndicats). Modernisés ou accommodants, les syndicats sont en permanence des traîtres à la classe ouvrière. Ils négocient en permanence sur son dos, et comme l'a avoué le PDG de la RATP ,"on n'a jamais cessé les négociations" ou plastique Bertrand " depuis deux mois on n'a pas cessé de se voir avec les syndicats" (...) "je suis en contact permanent avec les syndicats"(émission du suce-boule Paul Amar). En général, on se pince de rire quand ils demandent de cesser les grèves pour « ouvrir les négociations », nous entendons bien à chaque fois qu’ils « ouvrent les manipulations » !

VIEILLIR AU TRAVAIL N’A AUCUN INTERET !

Les cheminots ont mille fois raison de refuser la remise en cause de leur retraite. Pourquoi travailler encore après 55 ans quand dès 45 ans on est pris pour de la merde, mis au rencart et méprisé. Le chômage touche principalement cette tranche d’âge et rien n’est fait ni ne sera fait par messieurs les bourgeois patronaux pour remédier à cet ostracisme.

A BAS LES DISCUSSIONS SECRETES TRIPARTITES !

Ce qui aura été le plus choquant dans toute l’orchestration de cette grève si particulière, ce n’est pas la vieille ficelle de l’opinion, à qui l’on peut faire dire ce que l’on veut comme avec les enfants, c’est le culot avec lequel le gouvernement et les syndicats auront mené leurs discussions secrètes (en 1981, les ouvriers polonais avaient imposé micros avec amplificateurs externes). Et, quand le 15, les six syndicats, sans le chef CGT Thibault démonétisé, viennent dire aux caméras qu’ils envoient une lettre pour discuter avec le ministre, c’est avec le même culot la volonté de nous refaire le même coup de la négociation échappatoire toujours en catimini avec TOUS les bonzes menteurs de la CGT à SUD !

Syndicats et gouvernement avalisent le partage des discussions secrètes entreprise par entreprise et favorisent une mise en scène de grévistes de la SNCF à part. Les chiffres sont carrément truqués pour EDF où on nous parle de 1% de grévistes le vendredi 16 alors qu’il n’y avait pas grève ce jour-là !

Des concessions importantes semblent bien avoir été faites par le gouvernement, compensations salariales, étirement de l’application de la décôte, mais trop tard, alors que la grève est devenue POLITIQUE, et que cette histoire de prolonger la durée du travail a jeté dans la bataille de jeunes prolétaires à qui on promet un avenir imbitable.

Echec pour la stratégie bourgeoise, la grève reprend de plus belle, bien qu’on s’acharne à fournir un nombre de grévistes en baisse chez les cheminots, quand personne n’en sait rigoureusement rien. Même minoritaire la grève devient majoritaire politiquement.

EMIETTER LE MOUVEMENT PAR LE MARCHANDAGE CORPORATIF

Non seulement les discussions restent secrètes mais elles sont sous-traitées entreprise par entreprise. Les médias ne se centrent plus que sur les cheminots, plus sur la RATP, des discussions seraient menées à part à EDF… alors que les cégétistes les plus durs organisent des coupures sauvages de courant dont la presse ne fait pas état. Il faut écarter toute négociation frontale, qui risquerait de faire capoter l’ensemble de la réformette et ses clauses secrètes d’accommodement et un maintien déguisé des régimes spéciaux, qui permettrait non un retour pour tous au 37,5 annuités comme le crient les jusqu’auboutistes de SUD, mais de poser les vraies questions de société qui sont :

- non pas le déficit des caisses de retraite mais le poids du chômage et des retraites des députés, des maires, des cadres supérieurs…

- non pas l’égoïsme des cheminots mais le cynisme des profiteurs et de l’appareil politique bourgeois,

- non pas le respect des urnes du troupeau civique manipulé mais le respect des assemblées des prolétaires qui font tourner la société et qui sont seuls aptes à la révolutionner.

- Non pas la retraite en soi, qui est une fin de vie plus ou moins longue, mais l’absence d’avenir des enfants de la classe ouvrière et le vide politique de la société!

TACTIQUE GOUVERNEMENTALE : AGITER LES DIVERS MECONTENTEMENTS POUR AFFAIBLIR LA GREVE POLITIQUE

L’agitation étudiante a été particulièrement caricaturale. Beaucoup plus vaine que la lutte contre le CPE, le remue-ménage, en effet minoritaire et instrumentalisé par l’extrême gauche, autour de la défense d’une Université seulement sponsorisée par l’Etat bourgeois, nous a fait pisser de rire. Il existe encore des militeux et des petits bourgeois pour croire à un accès égalitaire des couches sociales inférieures aux études supérieures ?

Après avoir chouchouté plus ou moins la colère étudiante puis inventé sa généralisation, les médias se sont félicités qu’on leur ait envoyé la police anti-émeutes, en attendant de l’expédier face aux prolétaires. La grève étudiante ne coûte rien et elle est bien plus facile à éteindre que la grève ouvrière. La menace d’un blocage des gares par les étudiants n’a jamais été prise au sérieux et le collabo Julliard en aurait été choqué. La grève étudiante sert à faire désordre, comme la protestation des avocats contre la suppression de plusieurs tribunaux. Cette suppression est pourtant bienvenue, bien qu’insuffisante (il faudrait supprimer tous les tribunaux bourgeois) et je suggère à la ministre groupie de supprimer aussi les prisons.

Quel remue-ménage pour précipiter des réformes d’Etat qui ont en commun de pressurer un peu plus la classe ouvrière ! On voudrait ainsi faire oublier que le fer de lance de la lutte contre l’Etat bourgeois reste la classe ouvrière, pour peu qu’elle soit capable de s’unir en brisant les barrières catégorielles, en éjectant tous les syndicats, pour construire ses propres Conseils ouvriers. Le gouvernement a sans doute fait d'énormes concessions corporatives comme le laissent entendre ses plumitifs, mais les prolétaires n'ont pas plus confiance dans ce gouvernement que dans les divers partis politiques. Malheureusement, aucun groupe révolutionnaire n’est présent aux côtés des grévistes en France (où il n’en existe plus hélas) pour défendre cette alternative. Seuls les clowns trotskiens, au programme classique néo-stalinien, LO et LCR ont apporté leur soutien de cuistres à la grève ; la LCR sabordant son projet précipité de nouveau parti au nom tarte (Résistance sociale) et laissant le soin au petit pois lambertiste de se ridiculiser avec ses deux ou trois maires de villages par l’annonce de la fondation façon « poupées russes » d’une autre momie du PT, le POI (parti ouvrier indépendant) ; le poujadisme trotskien qui se rit du suivisme syndical et social-démocrate des LO-LCR, pompe à vélo de la gauche bourgeoise dégonflée.

Il est à prévoir pourtant, plus modestement dans l’immédiat, que la journée de mardi 20 novembre ne serve qu’à faire jouer le rôle de pompier à la traditionnelle journée d’action des fonctionnaires ces autres « privilégiés » que l’Etat bourgeois daube tout autant que le dangereux dernier carré des intraitables.

Tôt ou tard se posera la question de la tenue de véritables assemblées de travailleurs sur les questions politiques et sociales insolubles dans le cadre étriqué de l’Etat bourgeois français.

NOTA BENE : A Toulouse, à l'initiative d'un comité inter-luttes est appelé pour mardi 20 novembre à 17H pour la première fois depuis la fin des années 1970, à une ASSEMBLEE GENERALE DANS LA RUE DE TOUS LES TRAVAILLEURS! Bravo à ce comité. Il faut reprendre cette idée partout ailleurs, sans se faire d'illusions vu la précipitation du gouvernement et des syndicats, apeurés par le niveau de combativité qui se confirme depuis la grève à Air France (et aussi en Allemagne et en Finlande).

(à suivre…)

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