PAGES PROLETARIENNES

vendredi 8 novembre 2024

DONALD TRUMP NOUVEAU BADINGUET?


 TRUMP EST IL ADVENU SEULEMENT POUR TROMPER ?

«L'industrie est une machine qui fonctionne sans régulateur ; peu lui importe la force motrice qu’elle emploie. […] Véritable Saturne du travail, l’industrie dévore ses enfants et ne vit que de leur mort.» 

Napoléon III (extinction du paupérisme)

« Le véritable auteur de la guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire. » Montesquieu

« Quelle que soit l'issue de la guerre, elle aura exercé le prolétariat français au maniement des armes, et c'est là la meilleure garantie pour l'avenir» (lettre à Kugelmann, 13 décembre 1870).

« La classe ouvrière ne peut être poussée dans le feu du combat que sous la persécution directe de l'État. (Marx à Engels, 14 sept 1870)

« Mais, c'est la situation de la France elle-même qui me donne les plus vives inquiétudes en ce moment. La prochaine grande bataille ne pourra pas ne pas s'achever autrement que par une défaite française. Et alors? Si l'armée battue se retire sur Paris sous la direction de Bonaparte, ce sera la paix la plus humiliante pour la France, et peut-être la restauration des Orléans. Si une révolution éclatait à Paris, on peut se demander si elle aurait les moyens et les chefs pour opposer une résistance sérieuse aux Prussien? On ne peut se dissimuler que les vingt années de farce bonapartiste ont créé une démoralisation profonde. On peut difficilement compter sur le seul héroïsme révolutionnaire. Qu'en penses-tu? »

Marx à Engels 8 août 1870

« Tout gouvernement actuel devient, nolens-volens, bonapartiste »

(Engels à Sorge, 1890). 

« Le nouvel essor du capitalisme à partir de 1895 environ affaiblit les tendances bonapartistes, le déclin du capitalisme après la guerre les renforça extrêmement. » (Trotsky 1938)



La victoire de Trump a été un solide coup de bambou sur les têtes de la gauche bourgeoise américaine et wokiste tout comme sur les cervelles petites bourgeoises wokistes françaises. Les wokistes en chef de mamie Angela Davis à l'employé de bureau Besancenot en ont eu plein le baba, après avoir soutenu en vain la représentante des bobos new-yorkais. Plus que des mots creux pour dénoncer un « fasciste » :


« Une majorité des électeurEs a donc fait le choix la brutalité d’un homme blanc réactionnaire, raciste et misogyne, un capitaliste climato-sceptique dont l’obscène slogan de campagne « Drill, baby, drill » (« Fore, chéri, fore ») résume sa caricature et replonge ses électeurs dans le fantasme d’une Amérique toute-puissante.  Si les démocrates, en particulier Kamala Harris, étaient à juste titre contestés par les militantEs de la cause palestinienne pour leur soutien à Israël et leur complicité dans le génocide en Palestine, c’est plus généralement le bilan socio-économique de Joe Biden qui a été sanctionné, car les inégalités n’ont jamais été aussi fortes aux États-Unis. Malgré l’absence d’illusions des forces de gauche dans le vote Kamala Harris et la politique capitaliste libérale qu’elle représente, faire obstacle au retour de l’extrême droite au pouvoir était au cœur des préoccupations ». (édito du NPA)

Il y a aussi un couplet qui lance la nouvelle mode gauchiste, la lutte contre le Carbo fascisme, nouvelle conception pour replâtrer l'idéologie écologiste bourgeoises, car le « fasciste » Trump est écolo-sceptique.Trump fasciste ? Cela reste à démontrer. N'est-ce pas plutôt une variété de bonapartisme ou plutôt, pour actualiser la notion, du populisme ? Voyons comment le wokisme politique du trotskisme girouette définit ces notions sur leur wikirouge :


« La notion de fascisme n'est pas, pour les marxistes, un fourre-tout dans lequel on doive mettre tous les régimes autoritaires. Le fascisme est un écrasement du mouvement ouvrier, que le grand capital peut réaliser en s'appuyant sur un parti de masse basé sur la petite-bourgeoisie radicalisée. En arriver à ce degré de violence fait courir des risques à la bourgeoisie, cela peut notamment provoquer un sursaut révolutionnaire du prolétariat. Par ailleurs, contrairement aux chimères qu'il répand pour mobiliser sa base plébéienne, le fascisme gouverne in fine au service du capital financer. La conséquence, c'est que le fascisme ne conserve pas longtemps cette base de masse, et dégénère en bonapartisme ».


Bien sûr que si pour ces marxistes en peau de lapin la notion de fascisme est leur fourre-tout le plus ridicule et le plus répandu ! Mais cette explication contient en plus deux mensonges historiques (hystériques). Le premier est de faire croire que c'est le fascisme qu a écrasé le mouvement ouvrier. Non c'est la social-démocratie, le fascisme n'a fait qu'achever le travail, et le règne de la terreur fasciste n'a jamais entraîné un sursaut révolutionnaire du prolétariat ! Deuxième mensonge, le fascisme dégénérerait en bonapartisme. Falsification historique d'abord qui inverse les données comme pour leur interprétation du fascisme. Le fascisme dégénère surtout dans la guerre et les régimes capitalistes qui lui ont succédé ne furent pas spécialement bonapartistes, ce vieux gimmick de papy Trotsky.


La secte Lutte ouvrière, est plus proche de la réalité du tournant que signifie une nouvelle ère Trump, Trump est-il là pour tromper en étant porteur d'un néo-fascisme ? ? Tout s'explique-t-il par manque d'un parti ouvrier ? Le simplisme de la secte est aussi patent que celui des charlot(tes) du NPA sur le fond :


« Cette fois-ci, Trump a élargi sa base, en gagnant non seulement la bataille du collège électoral, c’est-à-dire les grands électeurs, mais aussi celle du « vote populaire », avec peut-être 80 millions de suffrages. Il a sans doute bénéficié du bilan désastreux de l’administration Biden-Harris. Si les plus riches ont beaucoup gagné ces dernières années, de nombreux Américains, en particulier dans les classes populaires, ont vu leur niveau de vie se dégrader, avec une inflation de 25 % en quatre ans et des salaires qui n’ont pas suivi. Des millions de personnes ont perdu leur travail et ont dû prendre deux, voire trois emplois précaires et mal payés. Dans les classes populaires, certains, faute de pouvoir payer un vrai logement, vivent dans une caravane, voire dans leur voiture. Des personnes âgées en sont réduites à distribuer des catalogues ou à dépendre de l’aide alimentaire. Certains travailleurs, désorientés, se sont donc rabattus sur Trump, pourtant leur ennemi patenté. »

LO n'a pas vraiment tort, l'enjeu n'a pas été le « politiquement correct », c'est la question économique qui a prévalu sur tous les délires de part et d'autres. Mais l'explication reste plate, superficielle et insuffisante si n'est pas pris en compte la (les) campagne idéologique.

« Make America Great Again » ?

Nous voici donc face à un nouveau parti bonapartiste pour ne pas dire populiste, au sens où défier les élites permettrait au peuple d'en bas de retrouver confiance en leur bourgeoisie nationale : le MAGA, formule inventée jadis par le cow-boy Reagan. L'explication sociologique courante de la part des sociologues anti-wokes jette une confusion plus grande encore pour peu qu'on s'y arrête, les Guilluy et Yascha Mounk  en particulier qui se réjouissent d'avoir eu raison contre les wokistes.. Il ne serait question que de la rivalité entre élites et peuple, Métropolia contre Periphéria! Par conséquent plus de classes sociales et essentialisation de la ville comme bobo city et des campagnes comme révolte des ploucs.

Un sociologue anglais marxiste a démonté cette théorie des élites dans un livre de 1964 que j'avais acheté à Dublin en 992, que vient de traduire Jean-Pierre Laffitte – et j'appelle tout éditeur à publier ce passionnant petit livre. « Elites et société » de Thomas Burton Bottomore dépoussière d'avance les théories modernistes. C'est de la foutaise cette séparation semblable à celle de Castoriadis entre dirigeants et dirigés :

« Dans la théorie marxiste qui emploie le concept de classe dominante, le conflit entre les classes devient la force principale qui produit des changements dans la structure sociale ; mais, dans la théorie des élites – malgré le fait que Pareto ait été très élogieux à l’égard de la conception de Marx de la lutte des classes, qu’il décrit comme « profondément vraie » –, les relations entre la minorité organisée et la majorité inorganisée sont nécessairement représentées comme plus passives, et le problème qui en résulte de savoir comment expliquer l’essor et la chute des élites gouvernantes, s’il est vraiment affronté, doit être traité soit en postulant une décadence récurrente dans l’élite (Pareto), soit en introduisant l’idée de l’ascension de nouvelles “forces sociales” parmi les masses (Mosca), ce qui rapproche cette théorie du marxisme »1

LE POPULISME EST- IL D'EXREME DROITE ?

Guilluy récuse cette imbécillité mais nous invente une « autonomie culturelle » des classes populaires versus une « sécession des élites » car les gens n'écoutent plus les débats télévisés ni les intellectuels ni la presse. Il a raison d'expliquer le clivage du fat de la désindustrialisation qui crée chômage et afflux de migrants et concurrence accrue entre travailleurs.Le mouvement : « ... ne dépend donc d’aucun parti, ni syndicat, ni même d’aucun leader : c’est la working class américaine qui fabrique Trump et non l’inverse ! ». Ce n'est pas faux, de la même manière que le socialisme utopique avait fabriqué Badinguet.

C'est tout de même une récupération bourgeoise, que Guilluy comme simple sociologue ne voit pas, et qui, par cette théorie du va et vient voit lui aussi avec mépris ces »gens ordinaires » :

«Ce sont ces classes populaires et moyennes qui écrivent la feuille de route. Et aux États-Unis comme en Europe, cette feuille est identique : protéger les travailleurs, relancer l’économie, réindustrialiser, maîtriser les frontières et réguler les flux migratoires. Ainsi, contrairement à ce qu’on imagine, l’élection de Trump doit moins à son talent qu’à sa capacité à s’adapter à la demande d’une majorité ordinaire qui refuse d’être mise au bord du monde ».

Il ne voit pas le paradoxe en reconnaissant plus loin que c'est bien la bourgeoisie qui pilote depuis des années cette dissolution (en théorie) de la classe ouvrière caractérisée confusément comme « classes populaires » : :

«  les classes populaires étaient aussi de trop pour les élites démocrates. Ces dernières - qui portaient la révolution sociétale qui devait accompagner le changement de modèle économique - avaient, elles aussi, besoin d’invisibiliser une working class de moins en moins fidèle électoralement, mais surtout trop attachée à ses valeurs traditionnelles (cette stratégie arrivera plus tard à gauche avec la note Terra Nova).  Dans la représentation globalisée, tertiairisée, métropolisée des prescripteurs d’opinions, la working class n’existe pas, pas plus que l’idée d’une majorité ordinaire. Prisonniers du bocal métropolitain, beaucoup de médias et de sondeurs ne perçoivent l’électorat de Trump qu’à travers le panel d’une working class blanche en voie de disparition ».


UN VOTE QUI TRADUIT UNE REAFFIRMATION DE LA CLASSE OUVRIERE

Guilluy se fiche de la classe ouvrière avec sa bipartition sociologique qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'opposition fumeuse entre riches et pauvres (pur jus mélenchonien, dixit « univers des dépossédés »), et, tout en analysant justement la chute du wokisme aux Etats Unis, il n'y voit pas derrière le populisme ridicule, pointer une conscience de classe qui se fiche des bisbilles entre wokistes et anti-wokistes :

« L’un des faits marquants de cette élection est également le vote des minorités. La stratégie de clientélisme « racisé » et « genré » de Kamala Harris n’a pas fonctionné… A contrario, cela contredit l’idée que le vote Trump se réduirait à un vote de « petits Blancs en colère »…

Par sa critique du libre-échange Trump a fait sortir les républicains du modèle dépassé de la globalisation, porté par Reagan dans les années 1980. Parallèlement, il est frappant de constater que les démocrates, et au-delà la plupart des gauches européennes, restent enfermés dans une représentation culturelle très datée des classes populaires. La mise en avant de ce qu’on appelle pompeusement le wokisme révèle un assèchement de la pensée typique du bocal métropolitain ».

La société des gens d'en bas est déjà multiethnique et multiconfessionnel dans le monde du travail ! Aux États-Unis comme en France, cet ensemble n’est pas un monde de « Blancs, hétéros, et homophobes ». Lors des interviews de rue pendant la campagne électorale on vit des électeurs de Trump, noirs, clamer : « on ne se bat pas pour une communauté ou une ethnie mais en tant que travailleurs blancs et noirs, y a pas de différence ». Yascha Mounk – le trumpisme n'est pas un accident de l'histoire -va plus loin que Guilly et identifie le nationalisme, qui n'est ni un fascisme ni un racisme, derrière le populisme :Le premier ressort de ce vote, son cœur battant, si l’on peut dire, reste, comme en 2016, la colère des classes populaires et leur rejet de la globalisation post 1991, qui a mené à la fois à la délocalisation de l’industrie américaine vers la Chine et à une immigration massive. C’est de ce point de vue, non pas une réaction raciste comme cela a souvent été dit, mais un projet nationaliste, visant à « protéger l’Amérique d’abord », ce qui explique que Trump ait trouvé un écho chez les minorités hispaniques et afro-américaines. Dès son apparition sur l’escalator de la Trump Tower pour lancer sa campagne de 2016, Trump avait promis une approche protectionniste, dénonçant les traités commerciaux « injustes » qui ont mené à la paupérisation de la classe ouvrière américaine, et promettant de construire un mur sur la frontière avec le Mexique ».

« La question de l’idéologie identitariste woke qui a submergé les institutions américaines depuis la fin de l’ère Obama, a été un autre élément clé de la mobilisation populaire en faveur de Trump, qui a promis de débarrasser les universités des départements d’équité, diversité et inclusion qui ont entrepris de révolutionner les critères de recrutement méritocratiques et les curriculums. Dans toutes les interviews que nous avons faites en pays trumpiste, l’exaspération face à la spirale de déconstruction, d’utilisation outrancière de la carte raciale, et de multiplication des incidents visant à permettre aux hommes transgenres de pratiquer les sports féminins, a cristallisé une véritable rébellion parmi les Américains, qui parlent « de revenir au bon sens ».

Le succès du populisme n'est pas à mépriser si l'on n'ignore pas ce qu'il y a derrière du point de vue des masses ouvrières et, en outre queTrump a piqué sa radicalité passée à la gauche bourgeoise :

il y a aussi une raison beaucoup plus profonde, c’est que les Américains n’ont plus confiance en leurs institutions. Une grande partie des Américains a perdu toute confiance en l’impartialité des médias, dans l’ouverture de leurs universités, et même dans la possibilité de pouvoir assumer leurs opinions politiques s’ils travaillent dans une grande entreprise. Trump a toujours promis de bousculer cet establishment, associé dans les esprits au Parti démocrate »2.

L'affirmation suivante a de quoi nous interloquer. Pourquoi ce soudain intérêt populiste, en Amérique, pour l'heure – car le populisme traditionnel a vocation à dissoudre la classe ouvrière dans le peuple :

« Le projet de Vance est de construire une coalition multiethnique de la classe ouvrière comme nouvelle base du Parti républicain, ce qui est très différent de la base électorale de Mike Pence. Et cela montre que cette fois il n’y aura pas de compromis ».

Une telle reconnaissance relève du fait accompli!dont s'empare le populisme : la classe multiraciale existe depuis longtemps indépendamment de tous ces moralisateurs. Reconnaissance d'autant plus urgente que la bourgeoisie ne peut pas faire face aux grèves dans l'automobile, chez Boeing et ailleurs avec des arguties wokistes qui font rire les milliers d'ouvriers en lutte. Résumé de bon sens de classe :

« Les gens qui sont tristes de l’élection de Trump devraient se réjouir de cette dépolarisation de l’électorat du point de vue ethnique. C’est un fait positif que l’appartenance à un groupe ethnique nous dise moins pour qui on a voté aujourd’hui qu’en 2016. Je ne veux pas vivre dans un pays où je peux déduire le vote de quelqu’un en me basant sur la couleur de sa peau ».

Yascha Mounk ne tresse pas des lauriers au populisme trumpiste, certes autoritaire mais en souligne la faiblesse au court terme :

« Cela n’enlève rien au fait que, pour moi, Trump est un populiste autoritaire qui peut être comparé à Viktor Orban en Hongrie ou à Hugo Chavez au Venezuela. Toutefois, on a vu pendant les dix dernières années que ce genre de figure politique ne parvenait pas toujours à concentrer le pouvoir entre ses mains ».

UNE ETRANGE RESSEMBLANCE DE NOTRE PERIODE AVEC CELLE DES ANNES 1870

Il faut souligner cette leçon géniale tirée par les Marx et Lénine : la bourgeoisie nationale ne peut commencer une guerre sans l'aval ou la soumission du prolétariat, ce que des démagogues populistes ont pu faciliter. Je ne crois pas que Trump soit en mesure d'en déclencher une, même s'il la prépare au long terme avec ses promesses de paix ; lesquelles ne dépendent pas que delui ; Napoléon ne voulait pas de la guerre.

À l’époque de la Commune, la France est encore à forte dominante rurale, 65% d’une population de plus de 38 millions. Paris compte environ 2 millions d’habitants, dont plus de 900 000 employés et ouvriers, 114 000 domestiques, 45 000 concierges. La composition « industrielle et commerciale » représente environ 70% de la population parisienne.

Confronté à de sérieux problèmes de politique intérieure et à un mouvement ouvrier revendicatif, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Un mois et demi plus tard, l’empereur capitule à Sedan le 2 septembre. La République est proclamée le 4 septembre et est formé un gouvernement composé.

La réaction communarde -en pleine guerre – surprend totalement la bourgeoisie. Contrairement aux fixations staliniennes la révolte au début n'est pas seulement parisienne. A la nouvelle de la catastrophe de Sedan et de la révolution du 4 septembre consacrant l'effondrement du Second Empire, il y eut de grandes manifestations d'ouvriers révolutionnaires dans de nombreuses villes françaises. Des organes du pouvoir - communes - furent créés à Lyon, Marseille et Toulouse. Le gouvernement de la Défense nationale ne put tolérer cet État rival et entreprit de le réprimer par tous les moyens. Dans les provinces, les Communes instaurèrent, malgré leur brève existence, une série de mesures révolutionnaires importantes: remplacement de l'appareil administratif et policier, libération des prisonniers politiques, introduction de l'instruction laïque, forte imposition des grandes fortunes, restitution des objets - au-dessous d'une certaine valeur - mis en gage aux monts-de-piété.

Dès le 4 septembre, la liberté d’expression et de réunion donne la parole au peuple. Des journaux et des clubs apparaissent. Pendant le siège, dans plus de 28 clubs, des idées révolutionnaires se propagent et la Commune se prépare. Les clubs se prononcent sur la défense nationale jusqu’à la victoire, ainsi que sur le rôle central de la Garde nationale.

Le peuple volontaire vient grossir les rangs de la Garde nationale, qui devient une véritable armée, totalisant jusqu’à 350 000 hommes. Pour coordonner leur action, les bataillons de la Garde nationale décident de se fédérer, créant un Comité central de la Garde nationale. C’est dans la Garde nationale que s’expriment au mieux le patriotisme du peuple et son attachement profond à la République. Pourtant derrière ce patriotisme se cache pour peu de temps la vocation socialiste universaliste à changer le monde. Le Gouvernement de la Défense nationale a peur de ce peuple parisien en armes. Aussi, plutôt que de continuer la guerre, il préfère la trahison, signant le 28 janvier 1871 l’armistice livrant à l’Allemagne l’Alsace et la Lorraine. Appelée à ratifier la paix, l’Assemblée nationale élue le 8 février, est majoritairement royaliste. Elle choisit de siéger à Versailles, ancienne capitale de la monarchie, plutôt qu’à Paris, ville populaire, ville dangereuse. Aussi, elle nomme Adolphe Thiers, ancien ministre de l’Intérieur sous la Monarchie de Juillet, chef de l’exécutif.

À l’aube du 18 mars, sur ordre d’Adolphe Thiers qui veut désarmer Paris, environ 6000 soldats attaquent les Gardes nationaux qui gardaient les canons sur la butte Montmartre. Au cours de la fusillade, le garde national Turpin est le premier combattant de la Commune tué par les Versaillais. Les femmes se lèvent tôt pour travailler. Elles font sonner le tocsin à l’église Saint Pierre de Montmartre et les comités de vigilance du 18e arrondissement, avec Louise Michel et Théophile Ferré, organisent la riposte. Les gardes nationaux et la population, hommes, femmes et enfants confondus, s’avancent vers la troupe en criant : « vive la ligne ; vive la République » ! Le général Lecomte donne à sa troupe l’ordre de tirer à trois reprises. Finalement, les soldats mettent crosses en l’air et arrêtent leur général. Dans l’après-midi, le général Thomas, un fusilleur du peuple en 1848, qui se promenait en civil, était reconnu et arrêté à son tour. Ils sont tous deux exécutés le soir du 18 mars.3

Et pourtant, dieu sait si Badinguet n'avait pas été avare de « réformes socialistes ».

Il avait écrit des années auparavant un ouvrage référentiel faisant le constat du triste sort de la classe ouvrière, et suggère de créer dans les campagnes des colonies agricoles pour les chômeurs et les indigents des villes. L’attention du prince à la condition des plus pauvres, à la misère des travailleurs, est l’un des fils rouges de sa pensée. Et aussi de son règne : la Deuxième République puis le Second Empire furent marqués par des avancées sociales majeures, des retraites au droit de grève. Précurseur de la capacité d'anticipation politique des bourgeois les plus intelligents, son souci de la classe ouvrière avait aussi un arrière-fond politique. Dans la conception bonapartiste du pouvoir, l’Etat est dirigé par un homme providentiel, qui tire sa légitimité du peuple, via le suffrage universel. S’assurer du bien-être des masses est aussi une façon d’obtenir leur adhésion, et d’éviter qu’elles ne se révoltent, comme en 1789 ou en 1830. Même s’il se présente comme le défenseur de la propriété privée face à la menace du collectivisme, la feuille de route du candidat Bonaparte comprend un long volet progressiste : «Quant aux réformes possibles, voici celles qui me paraissent les plus urgentes : admettre toutes les économies qui […] permettent la diminution des impôts les plus onéreux au peuple ; […] pourvoir à la vieillesse des travailleurs par des institutions de prévoyance ; introduire dans nos lois industrielles les améliorations qui tendent, non à ruiner le riche au profit du pauvre, mais à fonder le bien-être de chacun sur la prospérité de tous. Le candidat apparaissait alors comme plus à gauche que les Républicains modérés, menés par Cavaignac, bourreau des quartiers ouvriers lors des Journées de juin 1848 [où des milliers d’insurgés furent tués, NDLR]. Ces quartiers votèrent massivement pour lui.» En combinant cette image sociale et le nom ultrapopulaire de Bonaparte – qui lui assurait ainsi le soutien des paysans, des bourgeois et des partisans de l’ordre –, le prince rafla 74,2 % des voix.

Mais, dans l’immédiat, l’élan social n’alla guère plus loin. Plusieurs raisons l’expliquent. Même devenu empereur, Napoléon III ne pouvait pas tout se permettre. «Il devait prendre garde de ne pas s’aliéner les élites conservatrices qui l’avaient soutenu lors de son coup d’Etat», poursuit Eric Anceau. De plus, l’ouverture aux revendications ouvrières avait ses limites : elle se doublait d’une volonté de contrôle des masses, d’une méfiance face au «péril rouge», dans un climat de restriction des libertés publiques. Améliorer le sort des miséreux, oui ; les laisser faire de la politique, non… La loi de 1852 sur les sociétés de secours mutuel était aussi une façon de remplacer les associations ouvrières autorisées en 1848, vues comme des foyers de subversion. Les cités ouvrières promues par Napoléon III avaient aussi des fins d’encadrement – et nombre de travailleurs refusaient d’ailleurs d’y vivre. D’autres lois, sur la réorganisation des conseils de prud’hommes (1853) ou encore le livret ouvrier (1854), témoignaient également de l’ambivalence du régime.

Au début, c’est vrai, les ouvriers le soutenaient. Mais il y eut une sorte de lassitude. Si le souverain s’intéressait à eux, il y avait aussi, de l’autre côté, la fête impériale, le luxe tapageur, la proximité avec la bourgeoisie et l’Eglise... Les républicains, eux, faisaient une propagande astucieuse, se posant comme les héritiers de la Révolution. Tout cela explique une progressive défection.» Si la classe ouvrière vivait mieux, elle prenait aussi conscience de sa condition. Une partie d’entre elle réclamait désormais son émancipation politique, s’engageait dans la lutte active, basculait du réformisme à la révolution, alors que Marx publiait, en 1867, le premier livre du Capital. La libéralisation de l’empire, loin de calmer les oppositions, eut pour conséquence leur multiplication et leur radicalisation. Au grand dam de l’empereur, qui, en 1870, étudiait encore des nouvelles mesures en faveur des masses laborieuses. Il n’eut pas le temps de les appliquer.

Marx, dans son ouvrage le 18-Brumaire, analyse le bonapartisme comme la volonté d'une conciliation de l'héritage contradictoire de la monarchie et de la révolution dans les mains de la classe moyenne et avec le soutien d'une partie de la paysannerie, attitude qui conduira à la prise du pouvoir par Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Trump, lui, n'est pas parti pour tenir 20 ans ni 4 années.

Comment ne pas vous resservir Blanqui ?

Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours.

Que le peuple choisisse !






1Il serait trop long de citer l'analyse de Bottomore, mais il continue ainsi plus précisément :

« Une autre différence entre les deux concepts réside dans la détermination de la mesure dans laquelle elles permettent des explications sur la cohésion de la minorité gouvernante. L’“élite gouvernante”, définie comme comprenant les personnes qui occupent des positions de commandement dans une société, est simplement supposée être un groupe soudé, à moins que d’autres considérations, telles que leur appartenance à la classe des riches, ou leurs origines familiales aristocratiques, ne soient introduites (comme elles le sont systématiquement par Mosca, et occasionnellement par Pareto). Mais la “classe dominante”, définie comme étant la classe qui détient les principaux instruments économiques de production dans une société, est présentée comme un groupe social cohérent tout d’abord, parce que ses membres ont manifestement des intérêts économiques en commun, et, chose plus importante, parce qu’elle est engagée de façon permanente dans un conflit avec d’autres classes dans la société, du fait duquel sa conscience de soi et sa solidarité sont continuellement rehaussées. En outre, ce concept affirme sous une forme précise ce qui est un fondement de la position dirigeante de la minorité, à savoir sa domination économique, tandis que le concept d’“élite gouvernante” dit peu de choses sur les bases du pouvoir que l’élite possède, sauf dans la mesure où elle incorpore des éléments de la théorie marxiste des classes. Dans l’étude de Mills relative à l’“élite de pouvoir”, il  existe une tentative d’expliquer la position de pouvoir des trois principales élites prises séparément – celle des dirigeants d’entreprise par la croissance en taille et en complexité des sociétés commerciales ; celle des chefs militaires par la gamme et les dépenses croissantes des armes de guerre, déterminées par la technologie et la situation de conflit international ; et celle des leaders politiques nationaux, d’une manière quelque peu moins satisfaisante, en raison du déclin du corps législatif, de la politique locale et des organisations volontaires –, mais l’unité de l’élite de pouvoir en tant que groupe unique, et la base de son pouvoir, ne sont pas expliquées. Pourquoi y a-t-il un seul pouvoir d’élite et non pas trois ?


2En réalité, c’est l’élection de Trump en 2016 qui a fait avancer les idées woke. Car après son élection il est devenu impossible de critiquer ces idées à l’université sans être accusé de préférer secrètement Donald Trump. Cette stratégie a failli. Elle semblait avoir gagné en 2020, mais aujourd’hui on constate qu’elle a juste préparé une victoire très large de Trump. Par extension c'est ce qui est en train de se passer en France et en Europeoù les accusations à tout bout de champ de fascisme et d'antisémitisme non seulement ne sont plus crédibles mais savonnent la planche aux gens comme Bardella.



mardi 5 novembre 2024

NETANYAHOU CETTE ORDURE DE LA C.I.A.



«
Sinwar Leaks » : comment Netanyahou aurait orchestré l’abandon des otages 

A quand le prochain tribunal de Nuremberg? Les médias pro-US et son larbin vont faire passer cet article d'un journal israélien pour une fake news, mais sachez lire entre les lignes, vous y verrez une vérité aveuglante qu'on est peu nombreux à avoir entrevue ou plutôt déduite depuis le dramatique 7 octobre. Le limogeage du général Yoav Gallant, qui contestait l'extrémisme sanglant, signifie que la bourgeoisie israélienne prépare une alternance pour tôt ou tard vu la montée de l'indignation pas seulement chez les familles des malheureux otages, sans compter surtout avec les choix de Trump.

 

Depuis des semaines, et l'offensive sans fin de l'armée israélienne contre Gaza et ensuite le Liban sud, plus aucun dialogue n'a abouti entre les médiateurs israéliens, américains, égyptiens et qataris. Les Israéliens ont pour beaucoup, sans autre choix d'ailleurs, soutenu Benjamin Netanyahou dans la guerre qui oppose l'État hébreu aux deux organisations islamistes, mais ils se sont toujours montrés extrêmement critiques sur son action pour la libération des otages.

À chaque reprise des pourparlers, Israël envoyait une délégation, se montrait ouvert, puis finissait par balayer tout espoir. Les attaques virulentes sur le manque de stratégie de « Bibi » fusent dans l'opinion sans que le Premier ministre israélien n'ait jamais remis le dossier des otages sur le dessus de sa pile de priorités. Et si tout cela avait été orchestré de main de maître ?

Les « sinwar leaks »

Dans un article du journal israélien Yedhot Araonot, évoquant la publication de documents sensibles, les « Sinwar leaks », on en apprend davantage sur la stratégie délibérée du Premier ministre pour tromper l'opinion israélienne, afin de poursuivre la guerre avant tout et reléguer la question des otages au second plan. Cet article revient sur la divulgation de documents classifiés en Israël, impliquant des fuites de renseignements sensibles et une campagne politique de désinformation, qui visait à manipuler les Israéliens.

Depuis des semaines, et l'offensive sans fin de l'armée israélienne contre Gaza et ensuite le Liban sud, plus aucun dialogue n'a abouti entre les médiateurs israéliens, américains, égyptiens et qataris. Les Israéliens ont pour beaucoup, sans autre choix d'ailleurs, soutenu Benjamin Netanyahou dans la guerre qui oppose l'État hébreu aux deux organisations islamistes, mais ils se sont toujours montrés extrêmement critiques sur son action pour la libération des otages.

À chaque reprise des pourparlers, Israël envoyait une délégation, se montrait ouvert, puis finissait par balayer tout espoir. Les attaques virulentes sur le manque de stratégie de « Bibi » fusent dans l'opinion sans que le Premier ministre israélien n'ait jamais remis le dossier des otages sur le dessus de sa pile de priorités. Et si tout cela avait été orchestré de main de maître ?

Les « sinwar leaks »

Dans un article du journal israélien Yedhot Araonot, évoquant la publication de documents sensibles, les « Sinwar leaks », on en apprend davantage sur la stratégie délibérée du Premier ministre pour tromper l'opinion israélienne, afin de poursuivre la guerre avant tout et reléguer la question des otages au second plan. Cet article revient sur la divulgation de documents classifiés en Israël, impliquant des fuites de renseignements sensibles et une campagne politique de désinformation, qui visait à sécurité appropriée, avec la complicité apparente de certains membres du gouvernement. Plusieurs personnes ont déjà été arrêtées en lien avec ces soupçons. L'affaire, un peu complexe, se compose de plusieurs volets. On parle d'abord d'une fuite de documents classifiés des institutions de défense, pouvant représenter de vrais risques pour la sécurité nationale, car la publication de ces informations pourrait révéler des méthodes opérationnelles sensibles.

Ensuite, un individu, ayant à l'époque échoué aux tests de sécurité requis sur de tels dossiers, aurait eu accès à des zones sensibles. Un individu pourtant présent lors de réunions et voyages confidentiels du Premier ministre lui-même. On parle aussi de la manipulation de certains documents secrets au sein du bureau du Premier ministre, compromettant potentiellement la sécurité nationale, et qui auraient fuité.

Enfin, il y aurait donc bien eu la mise en place d'une campagne de désinformation sophistiquée qui visait à tromper les Israéliens en leur expliquant pourquoi les otages n'ont pas été libérés, et rendant seul responsable le Hamas de l'échec.

L'orchestration d'une campagne de désinformation des Israéliens

Cette campagne aurait été orchestrée de toute pièce pour faire diversion et surtout éviter une enquête officielle en Israël sur le pourquoi du comment de l'échec de la libération des otages israéliens. L'article confirme bien que le Premier ministre Netanyahu était réticent à accepter un accord de libération des otages en raison de pressions politiques et surtout de la crainte de voir sa coalition voler en éclats. Pourquoi ? Car libérer « quoi qu'il en coûte » les prisonniers voulait dire négocier et faire des compromis.

Netanyahou, qui a tout fait pour revenir au pouvoir et compte bien y rester, ne doit son salut, qu'au soutien des deux partis d'ultra-droite suprématistes et racistes dirigés par Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich, celui des finances. Or, ces deux faiseurs de roi pour « Bibi » ne veulent rien discuter ou négocier depuis le 7 octobre, mais en finir avec le Hamas et par voie de fait avec le Hezbollah. Ils veulent aussi en finir avec les Palestiniens, la Palestine, et les Arabes. Beaucoup d'Israéliens traumatisés, après le cataclysme humain du 7 octobre, étaient du même avis bien entendu, mais pas forcément à tout prix. C'est là que le bât blesse : on veut la fin du Hamas et on veut la libération des otages dans le même temps.

Le sacrifice des otages pour une survie politique

Cela ne s'est pas passé comme cela, mais à travers un certain nombre de documents diffusés dans l'opinion et les médias, Netanyahou a cherché à rendre systématiquement responsable le Hamas de l'échec de toutes les négociations de cessez-le-feu et de libération des otages. Le Hamas voulait avant tout la libération de prisonniers palestiniens. Mais quoi penser quand on sait que Yahya Sinouar, l'instigateur et chef d'orchestre du 7 octobre, a passé 20 ans dans les geôles israéliennes, et a finalement été libéré lors de la libération en 2011 du soldat israélien Gilad Shalit détenu à Gaza pendant 5 ans ?

Près de 13 mois après le drame, il ne resterait qu'une cinquantaine de prisonniers israéliens encore vivants dans les tunnels du Hamas. Et tel que c'est parti, il y a fort à parier que tous meurent au fur et à mesure, dans des conditions terribles, car Netanyahou est face à une impasse, son impasse : s'il discute, s'il négocie, il perd le soutien de sa coalition, et son gouvernement tombe. Hors de question pour lui, de s'arrêter en si "bon chemin », alors qu'il a réussi à faire éliminer les principaux dirigeants et cadres du Hamas et du Hezbollah, pour laisser les lauriers se tresser à un hypothétique successeur.

Mais la suite de l'enquête, et les conséquences de l'arrestation de certains individus proches de l'affaire, tout comme la montée inexorable de la colère des Israéliens qui attendent le retour de leurs proches depuis un an, risque bien d'entraver un peu plus encore le chemin à Netanyahou, accusé depuis des années de petits calculs politiques pour sa propre survie. Cette fois-ci, ce serait le plus grand scandale politique qu'il ait provoqué pour l'une des pires tragédies qu'Israël ait connu depuis sa naissance. Les lettres du nom de Netanyahou risquent bien de rester marquées au fer rouge dans la mémoire de tous les Israéliens.

En attendant, Netanyahou a du mauvais sang à se faire le temps de l'interrogatoire que subira le principal suspect arrêté, qui est un de ses proches, et qui au centre de l'affaire en cours. Netanyahou n'aura-t-il alors plus d'autre choix que de finalement démissionner ? Et quel risque Israël prendrait-il dans une période de chaos régional comme il a rarement connu depuis sa création ?

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(*) Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l'IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense), à l'Institut d'Etudes de Géopolitique Appliquée (IEGA Paris), au NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm) et à l'Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).

 

dimanche 3 novembre 2024

LES FAUX-SEMBLANTS D'UN ORDRE BOURGEOIS EN CRISE


 : « JL Roche, c'est un type à qui on ne la fait pas ». ((Camate dans une lettre à François Langlet  2002)

«Ton livre sur le fascisme est bienvenu » . Gilles Dauvé '2002)

"Jean-Louis intervient toujours d'un point de vue de classe" Raoul Victor (1977)

Les faux-semblants de l'ordre, du désordre bourgeois surtout constituent le règne de la confusion dominante . Ce qu'on peut nommer des mystifications politiques et sociales est en renouvellement constant par le pouvoir de la presse et des syndicats avec une continuité entre chaque époque. A ce point de vue il faudrait que le « Rapport sur la lutte de classe pour le 25e Congrès du CCI » du mois de juillet de l'an passé soit lu plus que par ses propres sectateurs. Ce ne sera probablement pas le cas hélas car comme les mots gauche et communiste cela sent la naphtaline : rapport pour qui ? Congrès minuscule ou réunion générale d'une secte sans influence sur les masses de prolétaires (aïe ! Encore un terme qui fait ringard). Sans compte le sigle CCI plutôt bien connu comme Chambre du Commerce et de l'Industrie.

Pas sûr qu'un simple changement des termes résoudrait le rejet superficiel ou mettrait fin au questionnement. Les héritiers décatis de la contre-révolution stalinienne restent des bons professionnels des faux-semblants et surtout du mépris du prolétariat, du résidu PCF aux trotskiens ouvriéristes de LO on ne parle plus que de « peuples » et de « travailleurs » quand les atrons sont aussi des travailleurs dans leur genre.

Dans une série d'articles sur une idéologie post soixante-huitarde, dite « communisation » (et à lire dans leur dernier journal sur leur site) ; ils ne font que reprendre ce que j'en disais dans mon livre « Précis de communisation » (2008) sans y faire référence – je suis personnage non grata1 ou policier infiltré - ou sans avoir besoin car c'est tout de même ce courant qui a été le constant et plus clair dénonciateur de cette idéologie...bakouniniste et petite bourgeoise.

Le terme inventé par quelques intellectuels revenus de leur « croyance au dieu prolétariat n'existe pratiquement pas en référence à leur trouble communicationnel et à leur obscurité idéologique. Pour rire, citons deux ou trois définition glanées sut tel ou tel dico du web. Celui-ci : « Processus de mise en commun des biens dans le but de réaliser le communisme. », ce qui ne mange pas de pain, et résume assez bien la débilité du concept tel un banal déménagement de meubles : on en fait des tas et cela est supposé être le communisme avant le communisme. Une encyclopédie fait plus bête «fait de communiser », elle aurait aussi bien pu déclarer « fait de communier ». J'ai toujours pensé qu'ils n'auraient dû utiliser qu'un seul m. Les archivistes poussiéreux anonymes sont des gens perplexes et sans racines claires. Alors ils croient actualiser en ressortant des généralités rigolotes comme celle-ci : « Le terme « commune » désigne, de manière générale, un mode d'organisation humaine qui, par son ancienneté et par son universalité, révèle l'existence d'une nécessité technique et la permanence des aspirations profondes qui sont à l'origine des sociétés politiques. La nécessité est celle qui s'impose à tout groupe, lorsqu'il entreprend d'administrer les intérêts qui lui sont propres, de se donner une expression institutionnelle appropriée. »

L'article nous explique au fond que ces « comunisateurs » n'ont été que de braves types perdant toute illusion sur un prolétariat plus décevant qu'inexistant ou l'inverse. Conforté dans leur retour au bakouninisme (ou bakounisme » par ce cruel reflux de la révolution romantiquement exagérée de mai 68 dans « le processus de politisation des luttes ouvrières n’a pu aboutir durant les années 1970 et 1980 alors même que la classe révolutionnaire avait resurgi sur l’avant-scène, qu’elle parlait à nouveau de révolution et cherchait à se réapproprier son histoire ». Hou que je n'ai jamais aimé ce terme gauchiste de politisation ! Passons. Et de remonter à l'école de Francfort dont le meilleur épigone sexuel Marcuse était déjà célèbre avant 68. Puis en effet de résumer le fondement réel de cette idéologie dite bourgeoise (alors qu'elle est petite bourgeoise) :

« Le résultat pitoyable de tout ce remue-ménage est très simple. Les communisateurs n’avaient qu’une seule idée en tête, corriger Marx à l’aide de Bakounine qui, le premier, avait clamé les vertus créatrices de la destruction, qui prônait un socialisme sans transition. « Nous persisterons, disait Bakounine, à refuser de nous associer à tout mouvement politique qui n’aurait pas pour but immédiat et direct l’émancipation complète des travailleurs » C’est quoi ce « but immédiat et direct » sinon l’auto-négation du prolétariat et le passage sans transition au communisme ? ».

Enfin pour sonner l'alarme sur ces « dangereux idéologues », pourtant petits clowns comparés au populisme régnant :

« En bref, contrairement aux naïvetés enfantines des modernistes des années 1970, les communisateurs sont aujourd’hui extrêmement dangereux pour la lutte du prolétariat. Ils reflètent la société bourgeoise en décomposition et s’y accommodent. Il s’agit en effet d’une société où, pour la classe dominante, il ne reste plus qu’à gérer les situations de crise au jour le jour, à agiter le bâton de la violence d’État, où le passé et le futur ont disparu, où la pensée tourne en rond, psalmodiant une méfiance générale envers toute démarche scientifique, toute démarche politique. Chez les communisateurs, l’immédiatisme a été poussé à son comble, à la caricature ».

Foutaises. Nos communisateurs ne sont plus rien et n'ont jamais été que du rien ! Leur prose de secte n'a jamais séduits qu'une poignée d'étudiants attardés et n'a jamais été sujet de débats dans les AG des ouvriers en grève.

Le problème permanent et originel du CCI reste et a toujours été (carences chez son fondateur MC?) de ne jamais vraiment comprendre le rôle et la place de la petite bourgeoisie, ce qui explique confusions (avec la bourgeoisie) comme ses illusions sur les singeries estudiantines (qui ne font que plagier les formes de la lutte de casse) et ne sont que les mieux de manipulation par les pires tenants des idéologies pas seulement débiles mais dissolvantes de toute conscience de classe. Pourtant, plus loin dans leur rapport, cela fait plaisir de lire la dénonciation du wokisme dont ils ne font jamais état pourtant dans leur presse : «  dans tous les pays centraux, le prolétariat est de plus en plus pollué par l’écologisme et le wokisme ». On pourrait aussi dire que ce wokisme est un bâtard de la communisation, mais cela serait insuffisant comme explication : en réalité ces différentes idéologies, successives ou pas, sont des créations des petites bourgeoisies intellectuelles, dont la bourgeoisie ne peut d'ailleurs se servir complètement soit pour leur aspect véritablement débiles soit parce qu'elles ne marchent pas surtout dans les basses classes et en milieu ouvrier.

Le paragraphe suivant du rapport décrit impeccablement des mystifications plus graves et dangereuses que feu la communisation, quoiqu'on s'interroge sur le « comme ce fût le cas en 1917 » (ces cons-là existaient-ils déjà en tant que « mencheviks racialistes » en 1917?)

« ...comme ce fut le cas en 1917, les idéologies écologistes, wokistes, racialistes, zadistes… balaient la lutte de classe, la nient ou même la jugent coupable de l’état actuel de la société. Selon les racialistes, la lutte de classe est un truc de blancs qui maintient l’oppression des noirs ; selon le wokisme, la lutte de classe est un truc du passé marqué par le paternalisme et la domination machistes ou alors, selon la théorie de l’intersectionnalité, la lutte des travailleurs serait une lutte égale aux autres : féminisme, antiracisme, "classisme", etc. seraient toutes des luttes particulières contre l’oppression qui pourraient parfois se retrouver côte à côté, "converger". Le résultat est catastrophique : rejet de la classe ouvrière et ses méthodes de lutte, division par catégories qui n’est autre qu’une forme de chacun pour soi, critique superficielle du capitalisme qui aboutit à demander des réformes, une "prise de conscience" des puissants, de nouvelles "lois", etc. La bourgeoisie ne se prive donc pas, chaque fois que possible, de donner le maximum d’échos à tous ces mouvements ».

Cette classe sacrément fluctuante principale créatrice des faux-semblants

Vous allez dire que je manque d'imagination iou de connaissances en en référant souvent aux définitions pas si encyclopédiques qu'on croit, mais c'est toujours utile. La petite bourgeoisie a toujours été fluctuante, gluante et opportuniste. Elle croit concurrencer la bourgeoisie mais elle lui reste toujours inférieure  et soumise, on verra que c'est encore mieux expliqué sous la monarchie ::

« La petite bourgeoisie est une forme économiquement plus faible de la bourgeoisie. Désignant à l'origine dans la théorie marxiste les petits capitalistes, qui possèdent de petits moyens de production (artisanspetits commerçants, boutiquiers, petits agriculteurs propriétaires...), le terme prend à la fin du xxe siècle une acception plus large et finit par désigner tous ceux qui se situent entre la bourgeoisie et la classe laborieuse. Dans le langage courant, l'expression est employée pour désigner la classe moyenne, bien que les deux concepts puissent être distingués ».

« En 1966, Jean Alter écrit : « La place que l'Ancien Régime réserve à la petite bourgeoisie n'a rien d'enviable. Elle se trouve à la limite du tiers état et du peuple. Ses métiers ne mènent ni à l'honneur, ni à la fortune, ni même à la considération publique. Elle groupe petits marchands, boutiquiers et revendeurs, usuriers des quartiers, maîtres artisans «qui se rapprochent de la condition ouvrière», fonctionnaires subalternes de justice, sergents, huissiers, greffiers, commis divers, paysans enrichis1. »

On ne développera pas ici toutes interprétations, mais sans oublier la plus stupide qui revient à Trotsky qui écrit à la mode des années d'avant-guerre : « « La petite-bourgeoisie peut se ranger du côté des ouvriers si elle voit en eux un nouveau maître. La social-démocratie apprend à l’ouvrier à se comporter comme un laquais. La petite bourgeoisie ne suivra pas un laquais. La politique du réformisme enlève au prolétariat toute possibilité de diriger les masses plébéiennes de la petite bourgeoisie et par là même transforme ces dernières en chair à canon du fascisme. »

Deux idées fausses historiquement qui relèvent d'une vision stalinienne où des « maîtres » (en marxisme?) se disputeraient le pouvoir avec des « maîtres » (en fascisme?). Un : la petite bourgeoisie n'est pas l'essence du fascisme. Deux : il n'y a pas une petite bourgeoisie mais plusieurs : le paysan, le bobo parisien, le clochard zadiste, l'ouvrier et le fonctionnaire individualistes, etc.

En gros la petite bourgeoisie est le marais de la confusion politique généralement méprisante à l'égard du « laquais ouvrier » (selon l'expression malheureuse de ce pauvre Trotsky décadent). Cela doit nous conduire à dire qu'elle n'est pas la bourgeoisie, sinon c'est se refuser à comprendre pourquoi par pans entiers elle peut se mettre derrière le prolétariat. En période domination bourgeoise on verra qu'elle peut s'enorgueillir d'être en tête de protestations confuses et en impasse, avec une totale irresponsabillité comme les cliques à Mélenchon et Le Pen ; preuve de leur place petite bourgeoise : la bourgeoisie leur interdit d'accéder au pouvoir sauf pour des places accessoires. Ils peuvent parfois influencer, déplorablement, d'un point de vue objectif, la direction de l'Etat. Ainsi le bourgeois Hollande ne fût qu'une passoire pour les cliques féministes, écologistes anti-nucléaires, laxistes vis à vis de l'islam, des migrations et de la sécurité de la population. En revanche la haute bourgeoisie peut exiger de ses laquais petits bourgeois qu'ils soient les meilleurs commerciaux de la clanique guérilla parlementaire.

En sociologie et Marx peut être aussi considéré comme un des premiers sociologues – des définitions sont éclairantes :

« Le nom de petite bourgeoisie a pu être donné au cours du xxe siècle à une certaine catégorie de fonctionnaires, d'employés qualifiés, de cadres moyens, voire de cadres supérieurs des PME, renforçant la confusion de la notion avec celle de classe moyenne.

Peuvent être qualifiés de « petits bourgeois » certaines catégories de travailleurs indépendants, comme les gérants de petits commerces. Cette définition, prise dans un sens restrictif, fait de la petite bourgeoisie une catégorie sociale en déclin continu dans les pays industrialisés au cours du xxe siècle, du fait de la disparition de nombreux petits commerces au bénéfice de la grande distribution, dont les employés peuvent être assimilés à la classe ouvrière ».

C'est Bourdieu qui reste le meilleur :(entre parenthèses les ajouts sont de mon cru)

«  Il scinde celle-ci en trois sous-catégories principales :

  • la petite bourgeoisie en déclin, constituée des petits artisans et petits commerçants, dont la position en régression induit des goûts rétrogrades et un certain ressentiment à l'égard du modernisme.(et aussi paysans, petits entrepreneurs autogérés...)

  • la petite bourgeoisie d'exécution, c'est-à-dire les cadres moyens. Les sacrifices auxquels ils consentent pour monter dans la hiérarchie professionnelle les conduisent à un goût prononcé pour la morale, qu'ils brandissent en particulier face à l'imprévoyance des classes populaires. Leur reconnaissance sans vraie connaissance de la culture légitime se traduit par une bonne volonté culturelle anxieuse. (cadres syndicalistes de l'aristocratie ouvrière, leaders étudiants et gilets jaunes, députés LFI et RN, influenceurs...)

  • la petite bourgeoisie nouvelle. Son capital culturel parfois mal converti en capital scolaire la conduit à chercher à ajuster les postes à ses ambitions, au lieu du contraire, en vendant son mode de vie : animateur culturel, tenancier de bar branché, diététicien, guide touristique, nouvel artisan d'art, conseiller conjugal …(communisateurs, wolkistes...)

  • Toutes les catégories de la petite bourgeoisie ont en commun de devoir à la fois travailler assidûment et se restreindre dans leur consommation afin d'accumuler du capital, revivant ainsi éternellement la naissance du capitalisme".

La petite bourgeoisie est donc un phénomène très complexe mais n'est pas la bourgeoisie. C'est pourquoi la conception rigide du CCI explique leur simplisme et leurs carences d'analyse de cette « non-classe » qui les conduit comme la secte LO à un certain ouvriérisme qui néglige le fait que la conscience de classe peut se répandre aussi vite aux couches qui ne sont pas spécialement issues du prolétariat. En un sens les modernistes étaient plus proches de la vérité avec leur classe universelle, car le communisme ne vise en fait que la création d'une seule classe...d'humains, là où résidait leur erreur c'était dans l'inversion ; jusqu'à la révolution (si elle a lieu) les classes antagonistes subsistent !

LES DONNEURS DE LECON DE MORALE AU PROLETARIAT

Comme tous les partis socialistes et communistes du passé, les petites organisations comme le CCI peuvent prêter le flanc à la caractérisation de petite bourgeoise, qui n'est pas criminelle mais aller selon moi sur une déviation du point de vue le la réalité de la situation de la classe exploitée.

UN RAISONNEMENT IDEALISTE QUI REFLETE PLUS UN DESIR QUE LA REALITE

Leur rapport, pour intéressant qu'il soit sur des questions de fond, contient moult fanfreluches. On veut nous faire avaler qu'il existe en Chine une classe ouvrière plus éduquée qu'en Ukraine : «  En Chine, en Corée du Sud et à Taiwan la classe ouvrière a une concentration, une éducation et une conscience supérieures à celle vivant en Ukraine, supérieure à celle vivant en Russie. Le refus d’être transformé en chair à canon est aujourd’hui encore la situation la plus plausible dans ces pays. Ainsi, au-delà du rapport de force entre les puissances impérialistes impliquées dans cette région du monde, en premier lieu la Chine et les États-Unis, la présence d’une très forte concentration ouvrière éduquée représente le premier frein à la dynamique guerrière ». A vérifier lorsque la dictature chinoise commencera à attaquer Taïwan.

La leçon de morale à la manière des sectes gauchistes donneuses de leçon point régulièrement sur la question de la guerre misant sur un lien curieux avec la lutte sociale :

« L’une des limites actuelles de l’effort de notre classe est son incapacité à faire le lien entre la dégradation de ses conditions de vie et la guerre. Les luttes ouvrières qui se produisent et se développent sont une riposte des travailleurs à la condition qui leur est faite ; elles forment la seule réponse possible et porteuse d’avenir à la politique de la bourgeoisie mais, en même temps, elles ne se montrent pas, pour le moment, capables de reprendre à leur compte et d’intégrer la question de la guerre ».Curieux raisonnement : on ne voit pas en quoi des luttes parcellaires voire hyper-corporatives pourraient être ou devenir des luttes contre la guerre. Ces luttes corporatives « seraient la seule réponse d'avenir... » !!!??? Le moraliste tente toujours d'illustrer ses désirs chastes par une série d'exemples. Tiens la lutte contre la réforme des retraites (possible lutte anti-guerre?), et du point de vue de l'observateur petit bourgeois :

« Il nous faut néanmoins rester très attentif à l’évolution possible. Par exemple, en France, il y a eu le jeudi 19 janvier une manifestation extrêmement massive après l’annonce d’une réforme des retraites au nom de l’équilibre budgétaire et de la justice sociale ; le lendemain, le vendredi 20 janvier, le Président Macron officialisait en grandes pompes un budget militaire record de 400 milliards d’euros. La concomitance entre les sacrifices demandés et les dépenses guerrières va nécessairement faire, à terme, son chemin dans les têtes ouvrières ».

Comme disait le commissaire Bourrel : « mais bien sûr il fallait y penser, eurêka ! »3. Ces idiots de têtes d'ouvriers comprendront-ils ainsi l 'entourloupe macroniste belliciste et n'est-ce pas avec notre argent qu'on fabrique et achète les canons ? Même pendant les guerres du passé il y eût des grèves en rien révolutionnaires. Notons en plus que pour l'instant ce n'est pas la classe ouvrière mondiale ni locale qui empêche les gouvernants d'aller à la guerre mondiale mais le fait qu'ils sont pour un certain nombre possesseurs de l'arme nucléaire fatale pour tous.

Pour un rapport qui se targue d'avoir tout prévu du monde chaotique, il faut déplorer qu'on n'y trouve aucun approfondissement sur l'économie de guerre quand celle-ci en Russie en particulier mène à un effondrement exemplaire mieux que les pétitions du GIGC et autres concurrents, ou même que des milliers de grèves corporatistes partout. Où un arrêt des hostilités prématuré évitera peut-être la catastrophe sociale et grâce à Trump ?

Le moraliste adepte du faux-semblant des revendications « unificatrices »

Le mouvement ample et répété a enchanté le CCI y voyant une volonté, plus souterraine, voire inexistante d'unification des luttes avec un but commun ? Un but commun ?

« En France, le gouvernement Macron a dû annoncer sa grande réforme des retraites début janvier 2023, après des mois de recul et de préparation. Résultat : des manifestations massives, dépassant même les anticipations syndicales. Au-delà du million de personnes dans la rue, c’est l’atmosphère et la nature des discussions dans ces cortèges en France qui révèlent le mieux ce qui se trame aux tréfonds de notre classe :(...) C’est là une confirmation qui grandit ce que nous avions déjà perçu dans les manifestations de 2019 et lors des grèves de l’automne 2022 : le sentiment d’être tous "dans le même bateau". Les grèves éparpillées qui ont lieu depuis des mois en France sont perçues comme une impasse, le "c’est tous ensemble qu’il faut lutter" émerge de plus en plus dans les têtes.

 Mais le fait que les syndicats, pour coller aux préoccupations de la classe et garder la tête du mouvement, doivent organiser de grandes manifestations apparemment unitaires alors qu’ils ont tout fait pour l’éviter durant des mois, montre que les ouvriers ont tendance à vouloir se solidariser pour lutter ».

« Tous dans le même bateau » ? Ou tous menés en bateau ? En 1936 on a bien baladé des millions d'ouvriers tous dans le « même bateau » de la croyance que le Front popu allait raser gratis, oui « tous ensemble pour être rasés gratis (sauf les femmes)» puis envoyés an front tout court !

Or la protestation pour les retraites est l'un des meilleurs faux semblants des vingt ou trente dernières années. En 68 on s'en foutait des manifs des retraités syndicaux . La retraite est d'ailleurs une des pires idéologies réactionnaires : on pourrait se reposer enfin des affres du capitalisme, et le travail serait un mal en soi donc il faudrait s'en passer dans une possible société communiste. La retraite est très commmunisatrice en fait. Il faut le dire, si elle est louable et fût une conquête ouvrière, elle est devenue une foire d'embrouilles et d'andouilles. La retraite accordée (électoralement) à 60 ans par la clique à Mitterrand ne fût pas seulement une concession sociale qui a coûté cher à la bourgeoisie mais servit à écarter, très jeunes (j'ai vu des employés du secteur public partir à la cinquantaine), du terrain social une masse d'ouvriers « éduqués » par mai 68.

Pour le reste elle a servi à cacher que l'aristocratie ouvrière continua et continue à en bénéficier à partir de 55 piges ; par après, hier comme aujourd'hui un grand nombre de prolétaires continuent à travailler vu leur minable retraite.

Gigantesque faux semblant entretenu par la « gauche du capital », qui est surtout petite bourgeoise avec les cliques LFI, NPA, LO, CGT encadrée désormais par femmes cadres, et diverses sectes syndicalistes de base. Sachant que la plupart de ces agités du "radical" de la rue bobo SAVENT que c'est impossible vu l'explosion du nombre de vieux et très vieux qui sont parfois majoritaires dans certaines communes ou lieux de villégiatures. COMME ILS SAVENT QU'EN OPPOSITION IL EST NORMAL ET SOUHAITABLE DE PROMETTRE LA LUNE. Pour les plus cons un effondrement de l'Etat en France mènerait immédiatement à une révolution salvatrice avec retour à la campagne et vacances cubaines. Moi, du radical j'en ai donné tous les jours à mon chien et il en est crevé.

Sans compter le taux d'endettement faramineux de l'Etat français qu'il veut faire payer à sa « classe universelle » d'imposables jusqu'au top des couches moyennes. Un train peut toujours en cacher un autre. La lutte pour des retraites unies, solidaires et équivalentes = un faux semblant immédiatement remplacé par cet autre faux semblant gouvernemental : sauver NOTRE économie et NOTRE PAYS des dépenses et de l'enrichissement de NOTRE bourgeoisie sur NOTRE dos !

LE MORALISTE EXPLIQUE COMMENT LA GUERRE NE PEUT PAS SERVIR LA REVOLUTION

On nous parle d'intensification de l'économie de guerre, mais sans préciser où.  En Russie oui, en Israël oui, pour nous radoter que les têtes ouvrières sont encore incapables de faire le lien entre guerre et capitalisme. Pour justifier l'absence de réaction du prolétariat international aux deux massacres à Gaza et en Ukraine il nous invente ceci :

«  L’histoire montre que la classe ouvrière ne se mobilise pas directement contre la guerre au front mais contre ses effets sur la vie quotidienne à l’arrière. Déjà, en 1982, dans un article de notre revue qui posait en titre la question "La guerre est-elle une condition favorable pour la révolution communiste ?", nous répondions par la négative et nous affirmions que c’est avant tout la crise économique qui constitue le terreau le plus fertile au développement des luttes et de la conscience, ajoutant fort justement que "l’approfondissement de la crise économique brise ces barrières dans la conscience d’un nombre grandissant de prolétaires à travers les faits qui montrent qu’il s’agit d’une même lutte de classe ».

C'est faux à un double titre. D'une part les désertions massives sur le front sont la manifestation que le prolétariat réagit toujours d'abord par la fuite. Ce qui fut le cas en 1914 et la débandade en 1940. D'autre part, parce que les faux semblants de la petite bourgeoisie empêche toute réaction de classe contre la guerre. La lutte contre la guerre du Vietnam fût menée par des étudiants « qui choisissaient un camp » dit juste lutte de libération nationale. Le pacifisme, on le vit en grand avant-guerre choisit toujours un camp, en l'occurrence le « pacifisme occidental démocratique » face aux fascismes. Actuellement le faux semblant principal qui empêche toute lutte réelle de classe contre la guerre est le faux semblant pacifiste de la clique à Mélenchon et de ses suiveurs trotskiens qui CHOISISSENT UN CAMP BOURGEOIS CRIMINEL. Ce choix petit bourgeois permet d'ailleurs à la bourgeoisie d'enfermer le questionnement entre soutien au terrorisme ou à la « démocratie ».

Comme lot de consolation notre maître à penser de classe nous explique tout à l'aide de constats sociologiques généralistes où l'irrationnalité, nouveau gadget, rend même le prolétariat irrationnel mais on doit constater que tous leurs rapports disent la même chose et, comme disait l'autre, quand tu dix dix fois la même chose dans la même journée, tu finis par avoir raison. En sachant raison garder.



NOTES


1Terme dont la définition par ailleurs m'agrée « Persona non grata - Locution adjectivale Personne considérée comme indésirable et non bienvenue dans un contexte ou un lieu donné. Quelques mois plus tard, on lui avait conseillé de prendre sa retraite puisqu'il était persona non grata et comme il avait réussi à faire tomber les ripous, il ne s'était pas fait prier ».

2Les communisateurs n'ont pas dit que des conneriries mais dire cela vous vaut l'accusation immédiate d'un quidam du CCI : « moderniste va ! ». Car le CCI a désormais un « patrimoine » à exhiber, répéter cette stupidité de Lénine : derrière toute grève se cache la révolution !: «  « En effet, autant le prolétariat ne peut trouver un terrain de rassemblement de classe dans des luttes partielles contre les effets de la décomposition, autant sa lutte contre les effets directs de la crise elle-même constitue la base du développement de sa force et de son unité de classe." Nous avions donc vu juste quand, dans notre dernière résolution sur la situation internationale, nous affirmions : "nous devons rejeter toute tendance à minimiser l'importance des luttes économiques "défensives" de la classe, ce qui est une expression typique de la conception moderniste qui ne voit la classe que comme une catégorie exploitée et non également comme une force historique, révolutionnaire." Nous défendions déjà cette position cardinale dans un de nos articles appartenant à notre patrimoine, "La Lutte du prolétariat dans la décadence du capitalisme" : "La lutte prolétarienne tend à dépasser le cadre strictement économique pour devenir sociale, s'affrontant directement à l'État, se politisant et exigeant la participation massive de la classe » C'est la même idée qui est contenue dans la formule de Lénine : "Derrière chaque grève se profile le spectre de la révolution".(Cf. annexe).

3Faux semblant du CCI pour éveiller les têtes ouvrières, on suppose aussi que la réforme des retraites est une nécessité pour la bourgeoisie et que l'économie de guerre aurait été bloquée par le charivari syndical : « Pourquoi, dans ces conditions, la bourgeoisie française entreprend-elle de porter une telle attaque contre la classe ouvrière ? Le retard pris depuis plusieurs années par la bourgeoisie française pour « réformer » le système des retraites demeure une faiblesse de poids vis-à-vis des bourgeoisies concurrentes. Cet impératif s’accroît d’autant plus que l’intensification de l’économie de guerre impose une intensification inexorable de l’exploitation de la force de travail. Après avoir échoué une première fois en 2019, Macron et sa clique font de cette nouvelle tentative un enjeu pour leur crédibilité et leur capacité à jouer pleinement leur rôle dans la défense des intérêts du capital national ».