PAGES PROLETARIENNES

mercredi 12 juillet 2023

REPONSE A LA FORTERESSE ASSIEGEE par le « mouchard » JLR

 


On peut le constater, voire le déplorer, les sectes en général n'ont aucun humour, et c'est même ce qui les distingue au premier abord ; c'est sans doute le fait qu'elles se prennent trop au sérieux en exagérant leur importance. Le fait d'être une secte n'est pas en soi péjoratif ni signe de petitesse ; péjoratif l'est pour ce terme appliqué à la secte LFI ou au CC du PS. Pour Marx l'état de secte est un constat dans l'enfance du mouvement. Si je l'utilise toujours concernant le CCI, c'est sans doute parce qu'il est dans la vieillesse du mouvement.. . Ce n'est nullement de ma part la manifestation d'une haine contre ce groupe qui, par ses analyses certes répétitives, trouve toujours mon acquiescement sur les questions essentielles ; je garde même une estime pour la plupart de ces camarades pour leur longévité et conviction révolutionnaire. On peut noter que, même leur « diabolique instrument de la police » - le GIGC – malgré tant de bile déversée, les compte eux aussi toujours dans les organisations marxistes de référence. Sorti de tonnes d'exagérations et délires réciproques (de moi aussi), on aurait du pouvoir faire prédominer l'essentiel, le vrai combat politique, mais peut-on s'extraire de la fixation sur les personnes et souvent d'une psychologie de bar tabac ?


J'ai écrit deux livres de 600 pages sur le CCI - « L'organisation eggregore » et « Histoire du maximalisme, plus quatre compilant l'extraordinaire apport de Marc Chirik au mouvement révolutionnaire moderne. Je ne regrette rien et je suis fier que les historiens du présent ou du futur puissent et pourront travailler sur ces documents à la BNF et à l'institut d'Amsterdam.

Place à nos disputes picrocholines dont les ukrainiens et les chômeurs n'ont que foutre. Depuis ma création à la fin des années 1990 de ma feuille « le prolétariat universel » devenue ensuite blog, la secte l'a qualifiée de « presse pipole » de concierge. Mettons que je sois « Voici ultra-gauche », mais alors mes amis vous êtes des témoins de Jéhovah !

Jetant un œil incidemment sur de possibles commentaires l'autre soir sur mon blog, je suis tombé sur un appel au lynchage me concernant, pas une condamnation à mort mais à charge des autres sectes de s'associer au moins à un lynchage injurieux et aux sympathisants de faire ce qu'ils veulent en me croisant dans la rue. Tout cela ne m'a nullement impressionné, plutôt attristé. Cette dénonciation publique datait du 19 juin...je les remercie donc de m'avoir directement informé sur ma boite aux lettres du blog de ce mouchardage de ma petite personne, moins d'être associé sur le web au « purin parasitaire » car... nous sommes tous plus ou moins parasitaires du prolétariat tant qu'il ne nous a pas reconnu.

J'ai fuit il y a une vingtaine d'années cette organisation, à laquelle j'avais donné toute mon énergie vingt années durant,


mais pas seulement, ce fût une « école de pensée » ; j'ai pour habitude lorsque l'on me demande mon CV de répondre : j'ai le bac + 20 du CCI.

J'ai créé ce mode d'expression certes individuel (bien que j'ai tenté ) plusieurs reprises d'y associer d'autres camarades (dont feu Guy Sabatier) ; ce système peut présenter des abus (il fait partie des réseaux sociaux) dont je remercie tout de même la démocratie américaine car – comme au temps du stalinisme -vous ne pouvez pas, simple gugusse, faire publier votre article ou prise de position, ni obtenir droit de réponse ni dans le Figaro, Libé ou Révolution Internationale. On peut considérer que omerta, censure et mépris, sont la trilogie de l'idéologie dominante : vous êtes une merde et seuls les bourgeois de l'élite spécialiste ont voix au chapitre public !

Je ne prétends ni être un constructeur de parti, bien que je pense toujours qu'il en faille un (et merde aux conseillistes) ni un directeur de consciente ; et j'ai justement une conscience qui ne date pas de mon expérience dans le CCI, puisque avant 68 j'avais participé à d'autres groupes. Mais RI était sorti du lot lorsque je l'ai avaient contacté vers 1973. Contrairement à LO par exemple, avec étonnement vous étiez considéré comme individu, oui individu avec ses propres pensées, ses possibles désaccord, pas une marionnette stupide comme chez les trotskiens. Et oui j'ai fuit quand tout désaccord est devenu « individualiste » et que la discipline interne est devenue police interne et délire paranoïaque ; je me pose toujours la question du déclenchement de cette folie... une manip policière ? La maladie infantile de toute secte qui ne peut plus assumer ses divergences ?

Si j'avais eu la place j'aurais publié tout leur communiqué lyncheur, <je l'ai validé pour mes lecteurs dans la boite aux lettres et vous pouvez vous reporte sur leur site. Cela commence comme ceci :

Sur le blog "Le prolétariat universel": Des bavardages irresponsables qui font le jeu de la bourgeoisie

Soumis par Révolution Inte... le 8 juillet, 2023 - 11:14

« Fin du match », ainsi s’intitule le dernier texte publié sur le blog Le Prolétariat universel tenu par le sieur JLR.

En tête, se trouve un photomontage sur lequel est écrit « Le palmarès des menteurs ». On y voit, autour, en photo, les têtes de Macron, de Le Pen, de Mélenchon, de Martinez… et d’un militant du CCI ! D’ailleurs, pour que la cible ne fasse aucun doute, le sigle « C.C.I » barre l’ensemble en lettres majuscules. L’image introduit un long texte dans lequel JLR passe son temps à traiter le CCI de menteur. Un menteur pire que Macron, Le Pen, Mélenchon, Martinez donc… à en croire le photomontage.

Quand l’irresponsabilité débridée mène à la calomnie…

COUP D'OEIL SUR LE PASSIF

En 2002 je suis qualifié d'individualiste indécrottable qui a fuit, mis dans le même sac que Robert Camoin cloué au pilori par un vieil articulet de Marc Chirik,alors que je n'ai jamais été caractériel comme celui-ci, et que, malgré plusieurs humiliations je n'ai jamais fait acte d'individualisme.

En 2014 je suis présumé m'être associé à une agence officieuse de l'Etat bourgeois le GIGC  (scission du CCI, ex FECCI) autant de sigles à la con qui pourraient porter un simple nom au lieu de faire agences bancaires. Je fais donc partie depuis lors des « charognards », et je m 'en fiche puisque je ne fréquente aucun des malheureux expulsés, pestiférés et autres galeux des épurations successives. En général ils me gonflent même si je peux leur serrer la main en les croisant dans la rue1.

Tout au long des ces années passées je ne nie pas des outrances de ma part, qui n'ont rien à voir avec mon humeur comme le veut la psychologie de bazar de mon présent lynchage ni une hostilité fluctuante, mais un jugement soit positif quand ils ne disent pas des conneries soit négatif, voire sarcastique dans le cas contraire. En 2015, je publie leur tract contre le terrorisme (alors que je viens de faire un infarctus) ; je consacre un article au déroulement d'une de leurs réunions publiques à Paris, titré : « la décomposition peut-elle expliquer le terrorisme ? ». La réunion ne me satisfait pas, non à cause de mon humeur, mais pour ceci : « Les questions que j'avais posées initialement sur le grand remplacement du stalinisme par l'islamisme ainsi que la question d'un combat contre la guerre (qui ne soit pas cette sérénade humanitariste gauchiste de secourisme aux réfugiés) ne trouvèrent ni écho véritable ni réponses ». Toujours pas de réponse sur la première question, mais j'y réponds moi-même dans mon dernier article.

Je peste régulièrement contre leurs généralités et incapacité à voir le poids des corporatismes qui divisent la classe ouvrière, par exemple au début des années 2000 (même généralités creuses pendant les 14 randos cornaquées par des milliers de vieux coucous staliniens retraités)2 je ne suis pas tendre:

. »D'emblée le blog du courant commun invalidé, retraités provençaux, joue la surenchère par rapport aux gauchistes activistes creux : listage de grèves hétéroclites hyper corporatives « preuve » que « toute la classe ouvrière est attaquée » ! Ah bon, au même niveau ? Pour les mêmes questions ? Pas du tout. Qu'y a-t-il de commun entre les hauts salaires d'Air France, le statut stalinien des cheminots, le surcroît de travail dans les hôpitaux et les revendications vaseuses des étudiants, et l'indifférence voire l'impuissance des corpos précédentes concernant les chômeurs ? 

DE LA PHOTO CRIMINELLE A L'évitement politique

Une autre caractéristique de secte, plutôt déclinante, est le recours à la psychologie pour éviter de reconnaître ses erreurs politiques. J'en ai une part de responsabilité. Je devrais être moins incendiaires dans mes polémiques. Le docteur CCI accumule donc mes symptômes : jlr passe son temps à dénigrer le CCI (certainement pas, j'ai d'autres passions notamment le sexe),fait preuve d'une « irresponsabilité débridée » (certes pour une secte soit on est cire-pompe soit ennemi)à, etc. (je me fous de répondre à tous les déqualificatifs). La dramatisation éculée et ridicule concernant la photo criminelle. D'abord tout militant est un personnage public. Il n'a rien à cacher aux yeux de la loi. Il n'est pas un terroriste masqué, et enfin partout désormais vous ^tes flashé où que vous soyez par Tartempion avec son portable ; les flics n'ont plus besoin de se focaliser sur vous, vous êtes, que vous le vouliez ou non, référencé dans le bordel des réseaux sociaux. J'ai d'ailleurs publié ici et dans mon livre sur le maximalisme des photos d'icelui où je figure aussi avec Raoul Victor...en train de tracter à Billancourt, ce qui n'est pas un signe de déshonneur. Si ce camarade avait été encore en activité, bien sûr que je ne l'eusse pas publiée, mais une photo datant d'au moins trente ans où il était encore jeune et beau avec toutes ses dents...Un orateur brillant mais qui n'a jamais tué une mouche !

Le plus ridicule et révélateur de l'imaginaire infantile et prétentieux de la secte à étirer les conséquences supposées de l'horrible publication au meurtre de Rosa et Karl ! On ne se prend pas pour de la merde au CCI ! Sachant de plus que depuis les années 1980, la police a d'autres chats à surveiller que nos petits groupes simples propagandistes plutôt « conseilleurs » utopistes et économistes, par exemple tous les tarés activistes des divers gauchismes fémino-écolo-bobos !Donc moucharder moi jamais ni maintenant ni demain. Cam FM si tu veux que je la retire, tu me fais une simple demande et arrête délirer sur le fait que j'aurais attaquer ta famille privée.. et sans preuves.

L 'absence de preuves nous y voilà. Certes vous avez raison de dire que je ne peux qualifier la photo « on te remets 68 » de mensonge, le slogan en effet se retrouve dans plusieurs manifs, mais j'ai souri en voyant que vous avez repiqué ma photo et je ne vous ai pas fait un procès en lynchage ! Ce qui n'empêche que ces braves jeunes n'ont pas pu remettre ce vieux 68 en marche après ces minables défilés pour une paix heureuses des vieux...oubliant les jeunes qui eux allaient bientôt le faire savoir...

Enfin, et nous y voilà, au cœur du mensonge politique du CCI, spécialisé désormais dans un « réveil de classe » ; le terme mensonge n'est sans doute pas le plus approprié : erreur politique, fabulation, baratin politico-vaseux où, en fait, toute l'argumentation était néo-trotskienne comme le vilain Gérard C. développons la lutte au sein de ce combat merdique et anti-révolutionnaire pour les vieux du temps présent ! Toute chose que j'ai largement développée quand ils me rétorquent : « pas d'argument... », ce qui veut dire qu'ils ne peuvent plus répondre à mes analyses de cette mascarade syndicale totalement défaite quand même les ordures syndicales persistent à crier « victoire ». Il est encore très soporifique « le réveil du prolétariat » !

bonne journée à tous

Jean-Louis Roche





NOTES


1 Ainsi, Bourrinet, dont j'ai salué le bon travail d'historien sur le maximalisme transalpin, a bénéficié pour un vieil article de 2011 d'une tribune à relents de revanche chez les puces bruxelloises : « Pathologie sectaire dans la gauche communiste », de la forteresse assiégée à l’écroulement de la Baliverna. S'appuyant sur le grand penseur Raoul Victor, ce roi des flûtistes sémantiques qui a toujours enrichi le marxisme avec les définitions du dictionnaire – auteur d'un article complètement décalé et hors sol sur les attentats de janvier 2015 – où les termes intransigeance et sectarisme valsent comme un couple d'éclopés, nous apprenait que les organisations maximalistes ne peuvent être peuplées que de mouchards (pas de la police, mais se mouchardant entre eux face au CC, commandement central si vous voulez. Et pour ne pas paraître nihiliste, comme daech lorsqu'ils font des conneries est couvert par le coran, ce névrosé invoque à son tour de citations la sainte Rosa, démocratique et parfumée. (article : BOBONNES ISLAMIQUES ET CCI EN PYJAMA.Dans mes volumineuses archives, j'ai retrouvé une très intéressante lettre d'un certain Nicolas Lettre au Cercle de discussion de Paris sur l’organisation révolutionnaire du 21 janvier 2004, éclairante et impartiale sur la crise du cci de l'époque, je peux d'ailleurs la leur envoyer.

2Le 4 juin 2023, sur son site, le CCI conclut sur cette « victoire » : « Ce mouvement est une promesse pour l’avenir. Il est le signe que nous, la classe ouvrière, nous avons commencé à redresser la tête. À nouveau, nous nous serrons les coudes dans la lutte. Durant des décennies, nous avons subi les attaques incessantes des gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Mais dorénavant, nous refusons cette dégradation continue de nos conditions de vie et de travail. Voilà ce que montre


la massivité de notre mouvement ».
Pas une seule critique sur l'essentiel, l'organisation méthodique de la défaite par les mafias syndicales ! Vantardise de la massivité, autrement dit du nombre, qui a toujours servi d'argumentaire aux pires démagogues. Or le nombre en l'espèce a été complètement domestiqué depuis le début par les mafias syndicales. Il n'y a eu aucune conscience d'une identité de classe mais domination de l'idéologie du « peuple en colère », du malaise d'une société en crise. Enfin il n'y eût aucune remise en cause de la stratégie des promenades syndicales pépères nullement gênantes pour le gouvernement. La seule promesse qui demeure est d'attendre sur les autres sujets le renouvellement de la comédie d'union syndicale bâtarde.



Voici un autre cliché de ce pauvre militant exposé en place publique:



mardi 11 juillet 2023

COMMENT LA BOURGEOISIE A DETRUIT L'INTERNATIONALISME AVEC L'ISLAM


« Un bouquin américain, Dynamite, montre comment la disparition de la perspective révolutionnaire a  transformé le syndicalisme américain en syndicalisme criminel.

Jean-Patrick Manchette (Derrières les lignes ennemies, entretiens)

« Etre de gauche rend plus apte à critiquer le système mais inapte à critiquer la gauche qui fait partie du système » JPM

« L’Histoire montrera bientôt si les émeutes quasi permanentes annoncent l’improbable renversement révolutionnaire (et non pas simplement autodestructeur de cette tendance effroyable) ». 1991 JPM


« Nous, les musulmans, exportons l’islam dans le monde entier » Khomeyni

 « Le voile, c’est en même temps un refuge pour dissimuler l’exclusion sociale ».

Chahdortt Djavann (Bas les voiles, Gallimard 2003)


COMBIEN LA GAUCHE BOURGEOISE EST RESPONSABLE DU DESASTRE

« Le discours de la « Gauche » sur l’immigration se présente comme une évidence absolue depuis quarante ans. Presque deux générations ont grandi dans cet allant-de-soi, formant leur vision du monde, structurant les identités politiques, les découpages idéologiques, et orientant les trajectoires militantes. Cette doctrine pro-immigration s’est cristallisée dans les années 80 et fournissait une consistance commode à un « socialisme » totalement exsangue qui trouvait facilement dans le Front National un repoussoir efficace et une providentielle consistance. Il s’est ainsi constitué une véritable idéologie, l’immigrationnisme, et la question s’est forclose. Dans la grande tradition du pseudo-« antifascisme » fondé juste avant le pacte germano-soviétique, celui qui s’interroge sur le bien-fondé des positions « officielles » devient très rapide­ment un dissident, un suspect s’il persévère, un ennemi déclaré s’il assume ses doutes »1.

C'est en effet avec la glorification de l'immigration que la bourgeoisie, avec ses populistes opposés mais complémentaires (Mélenchon et Le Pen), accessoirement avec les petits islamo-gauchistes, a réussi à dévitaliser pour ne pas dire reprendre en la caricaturant et dissolvant la notion d'internationalisme. L'embrasement émeutier que vient de subir la France en est au demeurant un avatar troublant ; il ne faut pas le cacher, tout le monde a été déboussolé, y compris tous les révolutionnaires amateurs.

Dès 2015 une brochure de Lieux communs » (n°21) avait décrit l'essentiel à comprendre :

« Nous l’avons vu, le politiquement correct fait bon ménage avec l’idéologie managériale, car il lui tient lieu d’éthique et lui permet de renforcer le contrôle social en se revendiquant du bien de chacun. L’union de ces deux dimensions est parfaitement compatible avec le programme transhumaniste dans divers domaines, qu’il s’agisse de l’aide médicale à la transition sexuelle, de la suppression de l’hétérosexualité par la parthénogenèse ou le clonage, ou de la substitution de la pensée par l’intelligence artificielle »2.

« Comme l’observe J. de Maillard, « sous nos yeux, l’économie du crime est en train d’accomplir la dernière étape du processus : rendre enfin rentable la délinquance des pauvres et des laissés pour compte, qui jadis était la part d’ombre des sociétés modernes, qu’elles conservaient à leurs marges. La délinquance des pauvres, qu’on croyait improductive, est désormais reliée aux réseaux qui produisent le profit. Du dealer de banlieue jusqu’aux banques de Luxembourg, la boucle est bouclée. L’économie criminelle est devenue un sous-produit de l’économie globale, qui intègre à ses circuits la marginalité sociale » (ibid).

La société française n’était pas destinée à devenir une autoroute ouverte pour la délinquance! Quand on est un délinquant et un forcené; on en assume les conséquences. Les arrestations et appréhensions ne sont pas soumises au bon vouloir de la famille Traoré surtout quand leurs actes s'inscrivent dans des transgressions et provocations volontaires, en prétendant réclamer « la justice », et laquelle sous domination capitaliste ?.3

Dans mon premier article sur ces émeutes, j'écrivais : «  la masse des dits émeutiers est constituée de nombreux adolescents voire d'enfants. Ces jeunes ne sont ni des terroristes ni des voyous. Ils sont définissables en majorité non pas comme des « paumés » des banlieues ; mais comme enfants de la classe ouvrière, déshérités, voués à une existence de merde ».

« Ce chaos  n'est qu'un retour de bâton pour la bourgeoisie : avec son idéologie de dissolution des classes sociales depuis des décennies – le qualificatif fumeux et généraliste de « couches moyennes » et la fable de la gauche caviar nommée « mixité sociale » - elle a perdu tout moyen de négocier quoi que ce soit. Alors qu'une classe reconnue, avec tous ses composants, peut être une entité tangible avec qui négocier, là rien à discuter » (…) En quelque sorte la bourgeoisie fait face à son propre chaos qu'elle a généré et continue à générer avec le révisionnisme wokiste. Elle est même désarmée avec l'inutilité idéologique des théories bobos fémino-écolo-sexolo-rigolos. La gauche « radicale » a pris peur également : le brave Mélenchon a appelé à ne pas brûler les écoles et les médiathèques ». .

Je me positionnais en disant que ces émeutes étaient plus politiques que les 14 pantalonnades syndicales – bien que limitée à une personnalisation apolitique, à un antiracisme de confusion, tout comme à une haine de la police assez primaire - et en récusant la volonté étatique de vouloir diminuer cette colère au niveau d'un simple bordel de voyous immigrés, certes en notant : « Certes il y a toujours des petits cons inconscients, et la majorité des "gamins" ne sont pas d'origine française, mais cela n'élimine pas le fait que ce sont des enfants d'une classe ouvrière qui a perdu homogénéité et identité, et où la question raciale peut tout autant que l'exploitation capitaliste être une des causes des émeutes ».

Dans mon second article, je rappelais l'état de dissolution (provisoire?) de la classe ouvrière : « partout, on ne reconnaît plus la classe ouvrière avec le populisme de la gauche bourgeoise qui se gargarise avec les mots peuple, citoyens, femmes, transgenres, cyclistes, etc. ». Je citais Nathalie Heinich :  « L’islamo-gauchisme est le glissement du tiers-mondisme de l’extrême gauche des années 1960 au tropisme pro-immigrés des années 1980 puis à la version pro-musulmane du wokisme actuel ». Et cet autre auteur perspicace : «  Le concept de classe moyenne avait été conçu comme une fiction permettant de travestir la réalité à des fins de contrôle social ».

Je me récriais ensuite contre les sornettes d'une secte restée (CQFD) ultra-gauche qui posait à la mise en garde de la classe ouvrière généraliste de ne pas imiter l'émeute, comme si les ouvriers en général croyaient à des vertus de l'émeute, espérait en une violence aveugle, face à ce qui ne serait qu'un individualisme émeutier ».

L'article était titré « les violences aveugles sont une impasse » révélant non seulement le crétinisme de son auteur dans sa chambre douillette mais aussi l'infantilisme du groupe ; imagine-t-on un instant que le jeune ouvrier face à sa voiture calcinée, l'employé de supermarché privé de son travail devant la grande surface détruite, où même tout ou partie de la population effarée de tant de dégâts, penser que les émeutes étaient une voie royale, et vers quoi ?4

L'article était au même niveau simpliste que les divagations de n'importe site gauchiste, avec deux seules causes : le racisme et la brutalité des flics ! Or la police en général n'est pas plus raciste que le reste de la population. Il y a chaque année trois fois plus de suicides de policiers (45 en moyenne par an)5 que d'assassinats malencontreux par ces mêmes flics. Tous ces gens qui hurlent à la dissolution de la police, sont pourtant peu regardant lorsqu'ils vont déposer plainte pour un cambriolage ou le vol de leur voiture ! La répression a été moins féroce que la férocité des excités contre les bâtiments publics et contre les flics (jets de lourdes pierres, tir tendu avec fumigènes, embuscades près de leur domicile,etc.). Révolutionnaire et intouchable cette barbarie émeutière ? Qui n'est pas seulement une « impasse » mais une saloperie qui « justifie » la réplique (fort courtoise) de l'Etat, avec sa ridicule minute de silence pour non pas « un enfant » ou «un simple jeune » mais un délinquant !

Le racisme de certains flics peut même se justifier parfois lorsqu'ils sont systématiquement battus, voire tués(cf. Magnanville) par des arabes ou des noirs fanatiques de l'islam ou de la connerie. Des égorgements sont quotidiens. Tous ces dénonciateurs émérites de la police restent sourds au fait que des centaines de personnes en France sont sous protection policière, vu le nombre de menaces de morts qui touchent familles de flics comme intellectuels courageux ; sans compter les femmes battues mises aussi sous protection, ou « déménagées » en urgence par ces mêmes uniformes. Ils raisonnent tous comme nous en 68 : « le CRS maître nageur sert de justification au CRS qui matraque ». Autre époque, autres mœurs...islamisés. Le policier de base reste un prolétaire, et s'il dérape « dans ses fonctions » sa hiérarchie ne va même pas le soutenir. Que ces dénonciateurs d'une police « qui tue et qui est raciste », nous disent comment tenir la société actuelle sans flics, qu'ils nous montrent une police plus clémente que la bolchévique qui massacra des ouvriers en grève !6

Par contre j'ai trouvé marrant, sur le site du nouveau groupe trotskien déjanté et totalement anti-flic certifié et galonné anti-raciste – Révolution permanente (RGG) - un commentaire plus intelligent que les billevesées de nos ultra-gauches retraités sur un paradoxe qui n'en est pas un : « Le Réseau pour la Grève Générale refuse la logique selon laquelle les syndicats ne devraient se préoccuper que des retraites et des salaires, et pas de ce qui arrive à la jeunesse et aux travailleurs-euses dans les quartiers où on habite. Pour exiger justice et vérité pour Nahel et tous-tes les blessé-e-s, mutilé-e-s et tué-e-s par la police, dans les quartiers et dans les manifestations, nous devons peser de toutes nos forces et avec nos moyens d’actions les plus forts, notamment la grève ». Evidemment tout est mêlé mais même s'ils ne disent pas que l'émeute est une impasse (ce qui n'est un secret pour personne en milieu ouvrier) mais en appellent au poncif de grève générale.

LES CLANS DE LA GAUCHE BOURGEOISE ACTUELLE POPULISTE N'AURAIENT PAS VU LA MONTEE D'HITLER

Le fascisme était internationaliste à sa façon, l'islamisme l'est encore plus, ridiculisant les croyances protectionnistes des deux fractions du capital en France ; comme le dit brillamment le philosophe algérien Boualem Sensal : « Pendant que l’on pense hexagone, eux pensent monde. Ils peuvent aisément déplacer le théâtre des opérations en Italie, en Belgique, ailleurs ». Il fait aussi ce constat incontestable : «  La France est un État de droit, un pays ouvert, confronté à un problème inconnu d’elle, a priori insoluble: comment combattre un fascisme politico-religieux d’un autre temps qui s’abrite derrière une religion et une civilisation respectables, et se sert de sa démocratie pour l’empoisonner? ».

Contrairement à ce que certains « commenteurs » ont déclaré, la France n'est pas le seul pays touchés par des émeutes importantes (cf. les pays laxistes comme la Suède ou même l'Allemagne)7. Les mêmes qui considèrent la comparaison avec la montée du nazisme injustifiée.

 Selon Christian Ingrao, directeur de recherche au CNRS, auteur de La Promesse de l’Est, espérance nazie et génocide (1939-1943), éd. Seuil, 2016 : «La déconnexion des élites ne date pas d’hier. De nombreux intellectuels ne voient rien venir parce qu’ils ne vont pas dans les quartiers ouvriers de Berlin où règne une insigne misère. Ils ne prennent pas la mesure du désespoir d’une grande partie de la population qui finit par se dire: « On a tout essayé. Alors pourquoi pas Hitler? »

De 1928 à 1933, le thème central des propos d’Adolf Hitler, c’est le travail et le chômage (le discours raciste n'apparaît pas encore en première ligne). Quant à son autre discours, sur la politique étrangère, sur le diktat de Versailles l’humiliation de l’Allemagne, il porte d’autant plus que la majorité des Allemands partage son point de vue. Par ailleurs, le climat politique est violent. Tous les partis ont des milices qui s’affrontent régulièrement dans les rues des grandes villes. L’antisémitisme nazi, quant à lui, est bien ancré. Mais la progression a aussi été favorisée par l’incapacité des autres partis politiques à faire face à ce nouveau venu. La montée du nazisme n’a donc pas tant inquiété les défenseurs de la démocratie. La presse et les intellectuels décrivirent souvent Hitler comme un bouffon de peu d’envergure, et rares sont ceux qui prirent Mein Kampf  pour un programme politique. Certains, pourtant, ont fait preuve de lucidité : artistes, intellectuels, juges, politiciens, prêtres... ».

La terreur de ce que Boualem Sensal nomme fascisme politico-religieux ess du même ordre terroriste avec l'islamisme actuel, comme le décrit Florence Bergeaud- Blackler (menacée de mort depuis la publication de son livre et placée sous protection policière) :

« Ce caractère diffus, de travail de la société en profondeur, nous a touchés nous aussi, non musulmans. Nous-mêmes faisons attention à ce que nous disons pour ne pas froisser, pour ne pas être blessé voire tué, jusqu’à l’autocensure comme l’ont montré des sondages d’enseignants, les suspensions de conférences à l’université, les annulations d’événements culturels etc. Vous pouvez être insulté, menacé de mort si vous écrivez un livre ou dessinez une œuvre, chose impensable quand le livre de Salman Rushdie est sorti en 1992 mais à laquelle nous nous sommes hélas habitués. Les Frères y sont parvenus notamment en utilisant la terreur jihadiste mais surtout en influençant le système éducatif. Ils ont pris en main les écoles coraniques et ont développé des activités de socialisation dans le sport, dans la culture ou dans l’économie. Ils sont très forts pour islamiser la société en subvertissant nos valeurs, la rendre «charia friendly», avec des slogans comme «mon voile, c’est mon choix» ».

  La mobilisation derrière Hitler et la guerre « mondiale », c'était aussi « mon choix » !

Le sport était une vitrine indispensable pour les nazis, idem pour le frérisme politico-religieux et consorts : « La revendication du port du Hijab dans le sport est une demande expresse de l’Iran depuis les années 1990. “Vous voyez, précise Annie Sugier, que cette stratégie, née en 1990 en Iran, est reprise par les réseaux « femmes et sport » qui sont dans le relativisme culturel, reprise par les fédérations sportives, reprise par les ministres des Sports, et finalement reprise par les Nations Unies. Donc on peut suivre cette logique d’une, encore une fois, stratégie intelligente.” Ça fait 50 ans de lobbying… “Où étaient les Français ?”.

Autre innovation comparable au national-socialisme qui détruisait le mot socialisme en y associant le terme national, avant Staline, la fabrique d'un « marxisme noir » totalement anti-marxiste, qui est célébrée par les clowns trotskiens délirants « Révolution permanente ».

PENSEE BLANCHE ET MARXISME NOIR8

Depuis des années l'imbécile footeux Lilan Thuram rame dans les écoles pour vendre son livre intitulé « la pensée blanche », concept directement importé des USA. Il est épaulé désormais par une autre farce : le marxisme noir, qui atteint les sommets de l'idéologie antiraciste bcbg. Ce marxisme noir se ridiculise en rappelant ses origines... stalino-maoïstes : «  Kelley note assez justement le lien entre l’expérience de Robinson au sein de l’Afro-American Association et la publication de Marxisme noir une vingtaine d’années après (notamment dans la critique du marxisme occidental). Il y aurait donc beaucoup de choses à dire, mais en bref, le contexte de Marxisme noir est un contexte à la fois de virage vers la droite et de résistance et d’organisation politique chez les noirs étatsuniens. Il est toutefois important de noter que dans les années 1960, cette organisation s’était surtout faite par des inspirations marxistes-léninistes ou maoïstes, alors que dans les années 1980, le nationalisme noir était l’inspiration principale » (ibid)..

Sans oublier la dénonciation du « capitalisme racial » !

« Il ne suffit pas d’utiliser les mêmes termes pour que le concept soit le même. Robinson, lui, concède également qu’il y a un caractère racial au capitalisme. Toutefois, selon lui le rapport entre racisme et capitalisme découle d’un « racialisme » antérieur au capitalisme. Ainsi, selon Robinson, au début du capitalisme, le racisme était déjà assez largement présent. Pour reprendre ce que j’écris dans la préface « Le racialisme, en tant que force matérielle présente dans les sociétés européennes précapitalistes, aurait donc donné dès le départ une orientation raciale au capitalisme. » (p. 17) Le caractère racial du capitalisme ne découlerait donc pas uniquement des rapports entre l’Europe et « son dehors », mais serait à trouver au sein même de cette Europe – dans les rapports entre l’Europe et ses « parias ».

Ou comment aussi se ficher du prolétariat  avec cet internationalisme de la race;

« Rappelons-le, la race est un rapport de lutte. La race est affaire de rapports sociaux et non de « simples » hiérarchies. J’ai, toutefois, le sentiment que nombre de camarades saisissent pleinement que le prolétariat (et le Lumpenproletariat) sont pris dans des contradictions raciales. Pour paraphraser Henri Lefebvre dans son livre sur la pensée de Lénine, le prolétariat n’est pas un bloc homogène : « Ce n’est pas une entité, ni une ‘’âme’’ ou une conscience collective donnée. Il a son histoire, histoire à double aspect : social […] et national [4] . » A mon avis, la traduction de Marxisme noir va permettre aux militants de la gauche radicale ainsi qu’aux militants décoloniaux de continuer à discuter la race, à partir d’exemples historiques précis ».

COMMENT LA GAUCHE BOURGEOISE A FAVORISE LA DECOMPOSITION DU PROLETARIAT ET LA DISPARITION DES BANLIEUES OUVRIERES AVEC SON INTERNATIONALISME « ANTIRACISTE »

Les émeutes en France semblaient pourtant concrétiser la notion de décomposition du capitalisme selon le CCI, concept qu'il n'a pas inventé bien qu'il le ressasse invariablement à tout propos depuis des années. Le chaos de la notion de classes a pourtant été préparé par les think tanks socialos des années 1980 et divers auteur arguant d'une disparition du prolétariat. Ce sont surtout les appareil politiques de la gauche bourgeoise, PCF et PS, qui s'en sont chargés par...clientélisme électoral vju le déplacement de populations ethniques diverses ; certains immeubles ne sont habités que par des noirs, d'autres par des asiatiques et on ne croise dans la journée que des femmes voilées. « Pas de vague », c'est la société multiraciale, la mixité sociale et le marxisme noir !

Le début du travail de sape de l'homogénéité historique de la classe ouvrière a débuté avec la


décolonisation. C'est un personnage qui me débectait, chasseur de nazis de papier, le romancier Didier Daeninckk, ex-stalinien, qui a viré sa cuti en 2020 : « Municipales banlieue naufragée », qui reconnaît avoir vu (tardivement) le changement : « L'Algérie occupait une place de choix à une époque où on prenait soin de placer le mot travailleur avant immigré », « S'il fallait déterminer une date de ce moment de bascule où un passé gorgé d'espoirs et de combats, de fraternité, est submergé par les effets de l'instinct de survie d'une caste, c'est le printemps 2014 que je pointerais. Certains placent le curseur bien en amont, mais c'est en mars de cette année-là, au moment des élections municipales, que j'ai pris conscience de l'ampleur du désastre, quand je me suis vu contraint de téléphoner à un ancien maire, ancien député, ancien ministre, ancien sénateur, pour lui demander la raison pour laquelle ses amis, ses camarades, dans leur projet de reconquête de la ville, leur ville, recrutaient parmi les voyous, les dealers d'herbe et de cocaïne ».

Le clientélisme coule des jours heureux : « Quelques jours avant le scrutin déambulent dans les rues de certaines de ces villes des dizaines de militants blanchis sous le harnais, qui coulent une retraite heureuse en province mais ont pris soin de conserver leur adresse principale dans un HLM du parc municipal pour voter utile, loin de leur résidence principale »9.

« Dans ces vastes espaces prolétaires que géraient les organisations liées à la puissance révolutionnaire (?) ; le Parti n'est même plus l'ombre de son nombre. L'appareil implanté dans une ville de près de cent mille habitants se résume à quelques dizaines de militants pour la plupart retraités » ;

LE PATRONAT A BESOIN DE L'AGITATION GAUCHISTE ANTI-RACISTE


Mais c'est sur l'effritement social et culturel qu'un cercle d'auteurs brillants – Lieux communs (certes démocrates pacifistes) - a bien analysé un des débuts du chaos en 2013 et surtout pendant la triste année 2015. Et de décrire ce que je ne cesse de répéter comme origine du chaos et des débilités émeutières ;

« Il semble en effet que l'afflux d'immigrés, accru depuis la fin de la décolonisation, recoupait pleinement l'utilisation simplement capitaliste de cette « armée de réserve », traditionnellement utilisée pour biser les mouvements autochtones et organiser une concurrence mondiale (NB)des travailleurs. C'est d'ailleurs très conscients de ces objectifs, notamment, que les organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier visaient explicitement l'internationalisme. De même, la manière dont l'oligarchie, d'abord surprise, a finalement accompagné le surgissement des revendications communautaires ne pouvait qu'avoir un seul objectif : détruire ce qui restait des cultures ouvrières, morceler les institutions qui en sont héritées, et, au-delà, en finir définitivement avec l'héritage émancipateur de l'Occident. Inutile de montrer ici en quoi tout le fatras du relativisme post-moderne et du gauchisme culturel, sans parler de l'islamo-gauchisme, à la fois symptômes et causes de ces délitements, n'en sont qu'une rationalisation plus ou moins verbeuse. C'est ainsi qu'il conviendrait de comprendre la complaisance précoce des pouvoirs publics pour des manifestations islamistes des années 1980 : salle de prtières, menus adaptés, voiles, etc. très largement tolérés par une population profondément ouverte et pressée d'évacuer toute notion de conflictualité. L'irruption du terrorisme islamiste dès la décennie suivante pouvait aussi permettre de mettre l'ensemble de la population sous pression ».

Je ne peux pas tout citer de cette brochure de 66 pages, sauf vous urger de la lire si elle est encore trouvable (voir sur le web). Elle comporte des témoignages qui pourraient dessiller le plus bête des gauchistes :

« ...les syndicats comprennent trop bien ce qui se passe...demandent plus de postes pour intégrer cette dimension culturelle avec des slogans en arabe sur leurs pancartes...dans les banlieues des années 1960-1970 ; la culture prolétaire et les parents immigrés à cette époque-là même s'ils étaient non francophones visaient réellement l'intégration de leurs gamins et avaient un profond respect pour les maîtres et les maîtresses...Faut lire Cavanna »10.

Une dernière sur la gauche moralisatrice et qui est à la tête du chaos et de la négation de la classe ouvrière internationaliste :

«... dans le bain de la « mondialisation heureuse» vous êtes un petit réac. Dans certaines villes de banlieue où, sur 25.000 habitants il n'y a plus que tout au plus une petite centaine de français qui sont là depuis au moins trois générations... C'est une réalité géographique, dans ton train de banlieue tu croies un blanc tous les 36 du mois depuis des années maintenant et les lois de la République deviennent optionnelles. Les chantres du capitalisme, les Attali, etc. sont ravis des migrations historiques qu'on vit en ce moment, ils sont ravis de voir le peuple se dissoudre en une multitude de lobbies ethniques et de petits clans et autres gangs car en face il n'y a plus grand monde qui veuille « faire société ». La seule dimension culturelle française semble se résumer à la culpabilité : être coupable et redevable des crimes de ses ancêtres – genre, les arabes sont des enfants de cœur et ont construit un empire en appelant à l'amour universel ».


NOTES

3Je souscris à nombre de commentaires anonymes au bas des articles de presse, qui permettent de dire ce que leurs auteurs ne peuvent dire ni constater : « Mais pendant combien de temps va t on continuer à donner la parole à cette famille de délinquants !!! le père a eu 17 enfants avec 4 femmes différentes 10 ont été condamnés Problème social ou problème d éducation ? ».

Ou celui-ci très sérieux : « C'est bizarre cette victimisation permanente. Je suis moi-même enfant de parents immigrés. C'est bizarre que je n'ai jamais connu de contrôle arbitraire au faci7s. C'est bizarre aussi que chaque fois que j'ai eu affaire à la police ou que je me suis rendu dans un commissariat, je n'ai toujours eu que des rapports cordiaux avec des policiers. J'oserais même dire que dans la société actuelle, les policiers sont paradoxalement parmi les personnes les plus sympathiques que j'ai rencontré dans ma vie. Il m'est même déjà arrivé que des policiers aillent jusqu'à se mettre en tort pour m'aider. Je dois aussi préciser que je coopère de bonne foi, que je n'oppose aucune résistance à la police, que je ne les insulte/agresse/menace pas (il ne me viendrait jamais à l'esprit de le faire) et que je suis capable de dire "bonjour, merci, aurevoir... monsieur l'agent". Et bizarrement, je n'ai jamais subi aucune violence ou aucun manque de respect de la part de policiers. C'est bizarre tout ça, vous ne trouvez pas ? ».

4On peut aussi constater avec pitié le délire queer d’un certain ¨Paul B. Preciado qui est reproduit dans Libération sans commentaire, dont voici la débilité totale :

« Ce sont les petits, les «tipeux» pas les grands, qui ont enflammé la rue dans la nuit du 27 juin. Un acte collectif de résistance à la violence patriarcale, raciale et sexuelle qui s’exerce sur les mineur·es racisé·es. La veillée commença dans la nuit du 27 juin 2023, après qu’un policier a explosé un enfant racisé en lui tirant une balle dans le cœur à bout portant. Les enfants de toute la nation organisèrent une cérémonie funèbre et remplissent le ciel de feux d’artifice. Un vrai deuil est déjà une révolution. Veiller est ne pas dormir, prendre garde, faire la fête. La veillée politique pour Nahel a pris la forme de tous les feux, expression ultime du régime de production pétro-sexo-racial et début d’une nouvelle gouvernementalité. (…) L’enfance de la Bastille racisée. Ce sont les petits, pas les grands, qui ont enflammé la street. Les adultes macronistes se découvrent alors pour la première fois une peur des enfants. Le gouvernement mobilise 45 000 policiers pour éteindre le souffle d’une foule des petits armés uniquement de fusées » (8juillet).

6Le comportement de populace je l'ai toujours méprisé ; lors des manifs des gilets jaunes, dans les moments de face à face, je suis plusieurs fois intervenus pour faire cesser les insultes contre les policiers en faction et qui ne peuvent pas répondre, surtout par exemple contre les femmes CRS... dont nos pétasses néo-féministes n'ont que foutre, comme des femmes en usine.

7Pourtant, les descriptions à l’international de ce que subissent les Français dépeignent une réalité tout autre. D’un côté, certains s’amusent presque d’un «folklore» hexagonal et maquillent la révolte identitaire en «mouvement social». C’est en ce sens que l’expression répandue de «French riots» s’avère utile, dans la mesure où elle permet d’esquiver la question migratoire. Cela permet du coup de « désinternationaliser le problème » et de taxer la population (et le prolétariat) française de racisme. Quant au rigolo Juan Branco, il proclamait à la chaîne anglaise Channel 4, en parlant de la mort du jeune Nahel, qu’il s’agissait d’«un crime raciste, qui est lié et causé par des motifs racistes, soit directement par la personne ou de façon structurelle». Comble de l’ironie, il dénonce par la suite «une petite élite blanche» (à laquelle il n’appartiendrait pas) au sein de la capitale, qui pourrait avoir le luxe de ne pas s’inquiéter des événements des derniers jours ». De la même façon, la militante racialiste Rokhaya Diallo procède par une méthode désormais bien rodée. La première étape consiste à expliquer, elle aussi aux médias internationaux, que la France serait structurellement, systémiquement, institutionnellement raciste, ce qu’elle a pu faire cette fois auprès de The Guardian, au Royaume-Uni, Die Zeit, en Allemagne, ou encore CNN, aux États-Unis. Ce qui confirme que cette idéologie anti-raciste et anti-colonialiste est bien dirigée depuis l'impérialisme dominant, en particulier pour affaiblir...l'impérialisme français !.Panégyrique :  «Espagnols, Allemands, Australiens, Américains… Partout on parle de cette dimension raciste des interventions policières», et «le seul pays où l’on ne parle pas de la dimension raciale de ce qu’il s’est passé en ce moment, c’est la France. » ; « parler des «dernières manifestations en France et de la manière dont elles font écho à notre passé colonial et informent sur le racisme institutionnel de notre pays «. Propos repris à l'identique par le « démocrate » et « antiraciste » Recep Tayyip Erdogan, qui a déclaré à propos des émeutes en France: «Dans ces pays qui ont connu un passé colonialiste, le racisme culturel s’est malheureusement transformé en un racisme institutionnel. ».

9Le maire qui a tant ému la France pour l'agression crapuleuse à son domicile n'est pas un ange blanc, comme ses prédécesseurs. L’'ancien maire de L'Haÿ (Patrick Sève - PS) a été condamné pour abus de bien sociaux. Le député-maire de Fresnes (Jean-Jacques Bridey - PS, puis LREM) est mis en cause pour des notes de frais (très) litigieuses, ainsi que pour des cumuls de mandats plutôt illicites. Mais c'est sans oublier que Vincent Jeanbrun, actuel maire de L'Haÿ est un formidable cumulard avec sa femme : pour lui, maire, conseiller régional, président de la géothermie locale ou du cimetière intercommunal = >10 K€ mensuel. Sa femme : maire-adjointe + conseillère départementale = 4 K€ mensuels. Bref, la famille Jeanbrun, c'est presque 200 000 € annuels, rien qu'en mandats. Pas mal pour des gens "désintéressés" ! :-) Et at last but not least, V. Jeanbrun est visé par une plainte d'Anticor pour "prise illégale d'intérêt", entre autres, à propos des terrains arborés du centre-ville qui ont été rasés (marronniers centenaires sur un demi-hectare !) pour être cédés à 150€ du m² à un aménageur dirigé par P. Bédier - condamné pour malversations - et désormais par le fils Cecaldi-Raynaud, de Puteaux. Quel exemple "républicain" que Vincent Jeanbrun, en effet !

10Dans le même ordre d'idée, le meurtre d'Overney n'avait pas entraîné incendie des voitures des ouvriers, d'écoles et de boutiques d'artisans aux modestes revenus, etc.



dimanche 9 juillet 2023

Les intellectuels et le communisme

 



E. J. Hobsbawm

(Communism and the French intellectuals par David Caute [22 octobre 1964])

traduction: Jean-Pierre Laffitte


L’histoire d’amour entre les intellectuels et le marxisme, qui est si caractéristique de notre époque, s’est développée relativement tard en Europe occidentale, alors qu’en Russie elle-même elle a commencé du vivant de Marx. Avant 1914, l’intellectuel marxiste était un oiseau rare à l’ouest de Vienne, bien qu'à un moment donné, au début des années 1890, il a semblé qu’il deviendrait une espèce permanente et abondante. C’est en partie parce que, dans certains pays (tels que l’Allemagne), il n’y avait pas beaucoup d’intellectuels de gauche de quelque type que ce soit, tandis que dans d’autres (tels que la France) des idéologies pré-marxistes de gauche, plus anciennes, prédominaient, mais principalement parce que la société bourgeoise à laquelle ces intellectuels – satisfaits ou dissidents – appartenaient était encore une affaire florissante. L’intellectuel de gauche caractéristique de la Grande-Bretagne édouardienne était un libéral-radical, celui de la France dreyfusarde un révolutionaire de 1789, mais quelqu’un de presque certainement destiné à une place d’honneur dans l’État en tant qu’enseignant. Il a fallu attendre que la Première guerre mondiale et l’effondrement de 1929 aient brisé ces anciennes traditions et certitudes pour que les intellectuels se soient tournés directement vers Marx en grand nombre. Et ils l’ont fait par l’intermédiaire de Lénine. L’histoire du marxisme chez les intellectuels en Occident est par conséquent largement l’histoire de leurs relations avec les Partis communistes qui ont remplacé la social-démocratie en tant que représentants principaux du marxisme.

 

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Dans les années récentes, ces relations ont été le sujet d’une vaste littérature, principalement l’œuvre d’ex-communistes, de marxistes dissidents et d’érudits américains, et elle a consisté essentiellement en autobiographies ou en bottins mondains commentés des intellectuels éminents qui ont adhéré, et pour la plupart quitté, les différents Partis  communistes. L’ouvrage : Communism and the French Intellectuals [Le communisme et les intellectuels français] de Caute est l’un des spécimens les plus satisfaisants du second type étant donné qu’il accepte – et en effet il argumente fortement pour cela – que les raisons qui ont conduit des intellectuels à adhérer aux Partis communistes et qui les y ont maintenus étaient souvent à la fois rationnelles et impérieuses, et il réfute l’opinion caractéristique des années 1950 selon laquelle de tels partis ne pouvaient attirer que le déviant, le psychologiquement anormal, ou bien celui qui cherche une certaine religion séculaire, c'est-à-dire « l’opium des intellectuels ». La plus grande partie de son livre ne traite par conséquent pas tant du communisme et des intellectuels (un sujet auquel il consacre seulement une trentaine de pages sur 370) que des intellectuels et du communisme. 

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Les relations entre les intellectuels et les Partis communistes ont été turbulentes, bien  que peut-être moins que la littérature ne le suggèrerait, étant donné que les personnes éminentes et qui s’expriment bien, avec lesquelles il a principalement affaire, ne sont pas nécessairement un échantillon représentatif des gens de la moyenne et qui s’expriment mal. Dans des pays comme la France et l’Italie, où le Parti a longtemps été et reste la force principale de la gauche, il est probable que le comportement politique (par exemple, le vote) soit beaucoup plus stable que ne l’indiquerait le taux de renouvellement des adhésions au Parti – toujours plutôt important –. Nous savons qu'il en est ainsi parmi les travailleurs. Malheureusement, les difficultés rencontrées pour trouver une définition sociologique exploitable des “intellectuels” nous ont jusqu’ici privés de statistiques fiables sur eux, bien que les quelques que nous possédons (et M. Caute en cite certaines) suggèrent que cela s’applique également à eux. C’est ainsi que le nombre d’adhérents au Parti à l’École Normale Supérieure a chuté de vingt-cinq pour cent après la guerre à cinq pour cent en 1956, mais que les communistes ont obtenu vingt-et-un pour cent des votes à la Cité Universitaire en 1951 et vingt-six pour cent en 1956.

Malgré tout, quelle que soit la tendance générale de la sympathie politique qui existe chez les intellectuels, il ne peut pas y avoir de doute concernant le chemin houleux qui attend ceux qui adhèrent effectivement aux Partis communistes. Cela est attribué d’habitude à la conversion croissante de ces Partis, qui suivent l’exemple soviétique, en des organes rigidement dogmatiques qui n’autorisent aucune déviation par rapport à une orthodoxie qui a fini par recouvrir tous les aspects concevables de la pensée humaine, ne laissant par conséquent que très peu de place à l’activité dont les intellectuels tirent leur nom. Et ce d’autant plus que, contrairement à l’Église catholique romaine, laquelle a préféré conserver son orthodoxie inchangée, le communisme l’a changée fréquemment, profondément, et de manière inattendue dans le cours de la politique au jour le jour. La Grande Encyclopédie Soviétique, sans cesse modifiée, a simplement été l’exemple extrême de ce processus qui infligeait inévitablement de grandes tensions, souvent intolérables, aux intellectuels communistes. Les aspects désagréables de la vie en URSS, soutient-on, ont eux aussi éloigné beaucoup d’entre eux.

Ceci n’est qu’une partie de la vérité. Une grande partie de la difficulté éprouvée par les intellectuels provenait de la nature de la politique de masse moderne, le Parti communiste étant tout simplement la plus logique – et en France la première – expression d’une tendance générale du XX° siècle. L’adhérent actif d’un parti de masse moderne, comme le moderne M.P., renonce à son jugement dans la pratique, quelles que soient ses réserves théoriques et quelle que soit sa disposition symbolique pour la dissidence inoffensive. Ou plutôt, le choix politique moderne n'est pas un processus constant de sélection des hommes ou des mesures, mais un choix singulier ou peu fréquent entre des ensembles dans lesquels nous avalons la part désagréable du contenu parce que il n’y pas d’autre moyen pour obtenir le reste, et de toute façon parce que il n’y a pas d’autre moyen pour être politiquement efficace. Ceci s’applique à tous les partis, bien que les partis non-communistes aient généralement jusqu’ici rendu les choses plus faciles pour leurs adhérents intellectuels en s'abstenant d'engagements formels sur des sujets tels que la génétique ou la composition de symphonies.

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  Comme M. Caute l’indique judicieusement :

« L’intellectuel français, en acceptant en gros la III° et la IV° Républiques, a dû le faire malgré Versailles, la politique intérieure du Bloc national, le Maroc, la Syrie, l’Indochine, le régime de Chiappe, le chômage, la corruption parlementaire, l’abandon de l’Espagne républicaine, Munich, le maccarthysme, Suez , l’Algérie ».

De façon similaire, l’intellectuel communiste, en optant en faveur de l’URSS et de son Parti, a fait la même chose parce que, tout bien pesé sur le plateau de la balance, le bien semblait l’emporter sur le mal. Et ce n'est pas le moindre mérite de M. Caute que de montrer comment, par exemple dans les années 1930, non seulement les militants intransigeants du Parti, mais aussi les sympathisants, s’abstenaient consciemment de critiquer les purges soviétiques ou les méfaits des républicains espagnols dans l’intérêt de la cause supérieure de l’antifascisme. Les communistes ne discutaient pas souvent de ce choix en public. Cela  pouvait être tout à fait explicite dans le cas de non-membres qui optaient délibérément pour le bord communiste, ou contre l’adversaire commun, tel que Sartre, dont l'évolution politique est discutée de manière judicieuse, mais sans aucune nouveauté. Il est possible que ce ne soit pas seulement la logique française proverbiale, mais aussi l’arrière-plan de catholicisme romain (partagé pareillement, de différentes manières, par les croyants et les non-croyants), qui a rendu l’idée d’adhérer à un vaste parti avec des réserves mentales plus facilement acceptable en France que dans la Grande-Bretagne aux cent religions, mais à l’impertinence unique. Cette question n’est pas discutée dans le livre de M. Caute.

Pourtant, même si l’intellectuel du Parti faisait preuve de beaucoup d’indulgence, son chemin était difficile, et la plupart de ceux qui étaient engagés de manière active ont connu un point de rupture, y compris ceux qui avaient adhéré au Parti au cours de la période stalinienne et largement à cause de son stalinisme, c'est-à-dire parce qu’ils souhaitaient la constitution d’une armée de la révolution totalement fervente, disciplinée, réaliste et antiromantique. Même la génération brechtienne, laquelle s'est délibérément habituée à approuver les décisions les plus dures dans la guerre pour la libération humaine, a été susceptible – comme Brecht lui-même – d’arriver à ce point où elle a remis en question non pas tant les sacrifices que leur utilité et leur justification. Les militants irréfléchis pouvaient s’en tirer avec l’aveuglement des fidèles, pour lesquels toute directive ou ligne était “correcte” et devait être défendue en tant que telle, parce qu’elle provenait du Parti qui était lui aussi par définition “correct”. Ceux qui étaient intelligents, bien que capables eux aussi de beaucoup d’aveuglement, étaient davantage susceptibles de se mettre en retrait dans la posture de l’avocat ou du fonctionnaire dont les opinions privées sont sans rapport avec sa tâche, ou du policier qui enfreint la loi pour mieux la faire respecter. C'était une attitude qui découlait facilement de l'approche pragmatique de la politique par le Parti, mais qui a produit une espèce de cogneurs professionnels dans le débat intellectuel. 

*     *     * 

  M. Caute est, on le comprend aisément, dur avec ces apparatchiks intellectuels qui sont prêts à tout moment à trouver le ton de la sincérité à l’égard de l'allié potentiel ou à le vilipender en tant qu’“intellectuel-flic”(*), mais qui ne cherchent jamais la vérité. La version française de ces individus est en effet une version particulièrement déplaisante, et le livre est dominé largement – et excessivement du point de vue de son équilibre – par le dégoût de l’auteur vis-à-vis d’eux. L’on peut difficilement ne pas partager ses sentiments. Les dons d’Aragon en tant qu’écrivain n’ont aucun rapport avec les sentiments que l’on peut éprouver à l’égard de son journalisme intellectuel de caniveau, et il y a beaucoup d’autres auteurs dont les talents personnels n’inspirent pas le respect. Et ils ne peuvent pas être excusés parce que le journalisme de caniveau est une vieille habitude également parmi les intellectuels français engagés d’autres tendances politiques. Cependant, deux questions importantes ne devraient pas être obscurcies par ce dégoût.

La première se pose à propos de l’objet de cet exercice. S’il était destiné à procurer du soutien au Parti parmi les intellectuels, ainsi que M. Caute l’affirme, alors les activités publiques de MM. Stil, Kanapa, Wurmser, Garaudy et autres, étaient tout bonnement le pire des moyens pour l’entreprendre, étant donné que tout simplement le Parti faisait le vide parmi eux ; et les hommes intelligents du Parti le savaient. La vérité est plutôt que deux motifs étaient en conflit : celui d’élargir l’influence du Parti et celui consistant à barricader un mouvement vaste mais isolé, c'est-à-dire un monde privé au sein du monde de la France, à l’encontre des attaques et des infiltrations en provenance de l’extérieur. En périodes l’expansion politique,  telles que celle du Front populaire et celle de la Résistance, les deux objectifs n’étaient pas exclusifs l’un de l’autre ; en périodes de stagnation politique, ils l’étaient. Ce qui est intéressant, c’est que, dans de telles périodes, le Parti français a choisi le second objectif (ce que le Parti italien n’a jamais fait complètement), lequel consistait essentiellement à persuader les camarades qu’ils n‘avaient pas besoin d’écouter les gens de l’extérieur qui étaient tous des ennemis de classe et des menteurs. Ceci exigeait à la fois un déferlement constant de réassurance et une fourniture adéquate de culture orthodoxe destinée à la consommation interne, et M. Caute n’a peut-être pas fait suffisamment attention à cette tentative d’autarcie culturelle systématique, bien qu’il ait remarqué certains de ses symptômes. Cela impliquait qu’il fallait essayer de rendre l’artiste ou l’écrivain du Parti indépendant du monde extérieur. Cela impliquait aussi, à ces moments-là, que la réputation extérieure d’Aragon, comme celle de Belloc pour ce qui concerne les catholiques anglais d’avant-guerre, ait été précieuse en tant qu’atout au sein du mouvement, plutôt que comme un moyen de convertir les gens de l’extérieur.

*     *     *

  La seconde question est la question cruciale de savoir comment la politique communiste peut être changée. Ici de nouveau le parallèle avec les catholiques romains (à propos desquels les communistes français étaient plus informés que M. Caute ne l’admet) est pertinent. Ceux qui ont changé l’orientation du Parti n’ont pas été des hommes qui ont fait preuve d’un record de critique et de dissidence, mais ceux qui ont montré une loyauté stalinienne indéniable, depuis Khrouchtchev et Mikoyan jusqu’à Tito, Gomulka et Togliatti. La raison est non seulement que ces hommes, dans les années 1920 et 1930, ont pensé que le stalinisme était préférable à ses alternatives communistes, ou même que, à partir des années 1930, la critique avait tendance à abréger la vie de ceux qui étaient domiciliés en URSS. C’est aussi que le communiste qui se coupait du Parti – et cela a été longtemps la conséquence presque automatique de la dissidence – perdait toute possibilité de l’influencer. Dans des pays comme la France où le Parti est devenu de plus en plus le mouvement socialiste, le quitter signifiait l’impuissance politique ou la trahison du socialisme ; et, pour des intellectuels communistes, les possibilités de s’installer dans la position de personnages académiques ou culturels n’étaient pas une compensation. Le sort de ceux qui quittaient le Parti ou qui en étaient exclus était l’anti-communisme ou bien l’oubli politique, sauf parmi les lecteurs de petits magazines. Inversement, la loyauté laissait au moins la possibilité de l’influence. Depuis les années 1960, quand le livre de M. Caute s’achève, il est devenu un peu plus clair que même des fonctionnaires intellectuels inconditionnels comme Aragon et Garaudy craignaient plus qu’il ne l’admet d’être à l’origine de changements politiques. Et leurs arguments ou leurs initiatives hésitantes ne devraient pas être jugés selon les critères de la discussion libérale, pas davantage que la conduite des prélats réformateurs avant et durant le Concile du Vatican.

Cependant, considérer le problème du communisme et des intellectuels français principalement comme le problème des relations entre le Parti et les intellectuels, que ce soit du point de vue du Parti ou de celui de l’intellectuel en tant qu’individu, revient seulement à l’effleurer. En effet, le problème est au fond celui du caractère général de la politique française, de la division séculaire au sein de la société française, y compris de celles entre les intellectuels et le reste de la société. Il est possible de soutenir le point de vue selon lequel la politique du Parti, en général et dans les questions intellectuelles, avait pu être plus marquante, en particulier au cours de certaines périodes telles que les années 1920 et les années 1950.  Mais, au cas où ils auraient de la valeur, ces arguments ne peuvent être fondés que sur la reconnaissance des limites imposées au Parti par une situation sur laquelle il avait peu de contrôle.

Nous ne pouvons pas, par exemple, saisir la signification du “dilemme” de l’intellectuel communiste dans un parti prolétarien à moins de reconnaître que les causes qui avaient mobilisé le plus complètement les intellectuels français depuis 1870 ont été rarement des causes populaires. L’une des véritables difficultés du Parti communiste durant la guerre d’Algérie, de même que celle des dirigeants socialistes dreyfusards dans les années 1890, a été le fait que leur base manquait largement de sympathie à l’égard de Dreyfus ou du FLN. Pourquoi en a-t-il été ainsi ? : cela demande une analyse. Plus généralement, il en va de même pour le fait que toute la gauche française depuis 1870 – et peut-être depuis avant 1848 – n’a pas réussi à atteindre l'hégémonie politique dans la nation qu'elle a créée durant la Grande révolution. Les gouvernements de gauche entre les deux guerres (1924 et 1936-38) ont été aussi rares dans la France jacobine que dans la Grande-Bretagne conservatrice, bien qu'il ait semblé un instant, au milieu des années 1930, que la gauche pourrait reprendre son leadership perdu depuis longtemps. L’une des différences cruciales entre les Partis communistes français et italien est que la Résistance italienne, comme la yougoslave, était un mouvement national dirigé par la gauche, tandis que la Résistance française n’était que la rébellion honorable d'une partie des Français. Le problème du lâchage de l'opposition minoritaire pour intégrer l'hégémonie nationale n'était pas seulement un problème communiste.

Le livre d’Aragon, La semaine sainte, sous-estimé en Grande-Bretagne et non-mentionné par M. Caute, est essentiellement le roman de cette division séculaire parmi les Français – même parmi ceux qui “devraient” être du même côté. C’est probablement la raison pour laquelle les critiques français de tous les partis, parce qu’il concernait leur courage politique, l’ont surestimé. Le but de cette gauche française a toujours été de devenir un mouvement à la fois des travailleurs et des intellectuels qui serait à la tête de la nation. Le problème du Parti communiste provient dans une large mesure de la difficulté extrême  d’atteindre cet ancien objectif jacobin au milieu du XX° siècle.




(*)  En français dans le texte. (NdT).