PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 avril 2023

COMMENT LES SYNDICATS NOUS ONT baladé PENDANT TROIS MOIS


 « Avis aux milieux militants : « Si par là vous entendez les haines personnelles, les jalousies, les rivalités d’ambition, je me joins à vous pour les flétrir, elles sont un des fléaux de notre cause; mais remarquez que ce n’est pas une plaie spéciale au parti, nos adversaires de toutes les couleurs en souffrent comme nous. Elles n’éclatent plus bruyamment dans nos rangs que par suite du caractère plus expansif, des mœurs plus ouvertes du monde démocratique. Ces luttes individuelles, d’ailleurs, tiennent à l’infirmité humaine ; il faut s’y résigner et prendre les hommes tels qu’ils sont. S’emporter contre un défaut de nature, c’est de la puérilité sinon de la sottise. Les esprits fermes savent naviguer au travers de ces obstacles qu’il n’est donné à personne de supprimer et qu’il est possible à tous d’éviter ou de franchir ».Blanqui

« Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, de la mitraille enfin, de la misère toujours.» Blanqui


A y est ! Et Macron n'a même pas attendu 48 Heures mais la promulgation a eu lieu nuitamment, ce qui a le mérite de ridiculiser nos jusqu'au-boutistes syndicaux attendant une invalidation, après que «  les «sages» ont livré une décision brutale et jeté de l’huile sur le brasier social » (cf. édito de Libération : Le choix du pire). Hier « l'opposition » unanime a dénoncé une nouvelle fois le mépris d'un « homme seul » (pas si seul que ça) et menacé de l'indignation des « français » ou de la colère du « peuple » ; or ni l'indignation ni la colère, surtout après trois mois de promenades ridicules, n'ont changé le monde.

Ainsi le énième suspense envers une fumée blanche du Conseil constitutionnel, dont la syndicratie avait fait imaginer un espoir de blocage, comme elle le fit à chaque étape des institutions bourgeoises, fut noire. Indignation de « l'opposition » qui assura que « la lutte continue » contre une « brutale décision », que « on lâchera rien » que « ça va exploser ». Les médias n'étaient pas en retrait pour dramatiser un Macron, « qui a mal expliqué », « qui est resté buté » comme sa ministre « bornée ». Les larbins du pouvoir savent eux aussi jouer la radicalité, comme le leur a appris à l'école Danton, sans du tout encourager une quelconque subversion. On vit une étrange humilité des généraux syndicaux et des chefaillons de la gauche bobo lors de l'annonce « décevante » du conseil des sages, très sages en effet en matière de conservation des prérogatives patronales (indes des vieux à la poubelle) ; la loi fait force de loi... pour tous ces petits caciques rétribués par le même Etat. Parangons de « l'apaisement » (sous condition que Macron baisse culotte), pour un peu ils se feraient passer pour les vrais sages, si soucieux d'éviter au gouvernement des émeutes stériles, mais qui, par leurs menaces simplement verbales envoient au casse-pipe des poignées de jeunes anars qui croient que l'incendie de quelques poubelles c'est la révolution, puis qui, lors de leur arrestation individuelle après coups de matraque, se retrouvent seuls face aux flics et sans aucune aide des allumeurs de réverbère de la gauche bourgeoise.

Le risque d' « explosion » s'est vite dégonflé au cours de la soirée. Les journalistes mentirent en annonçant cortèges « sauvages », « improvisés », Le premier défilé se dirigeant vers la mairie de Paris n'était pas spontané mais déclaré et organisé par la syndicratie, et il n'y avait pas foule d'ouvriers. A l'arrivée il n'y avait pas 3000 ni 4000 personnes, c'était très clairsemé. On assista à quelques feux de poubelles, mais surtout à la « mitraille » policière. Certes ce ne peut plus être des fusillades comme au XIX ème siècle ; tirer dans le tas n'entraînait pas seulement des émeutes mais des révolutions. C'est pourquoi De Gaulle a inventé les CRS en 1945, brigades anti-émeutes, composées de militants staliniens, chargées de réprimer à coups de bâton plutôt qu'à coups de fusils, ce qui fut encore le cas lors des grèves dures de l'époque et pendant la guerre d'Algérie. Quand la police tire à balles réelles, on s'arme dans le prolétariat aussi vite qu'on peut.

Un portail de couvent et une entrée de commissariat cramés en province, c'est pas l'immense émeute généralisée que nous promettaient journalistes et bonzes syndicaux. La contestation de la police s'avère ressembler plus à un monôme étudiant du temps jadis, sauf que les flics disposent d'armes de répression plus sophistiquées que les pèlerines lestées de plomb. On ne nous fera pas avaler que les jeunes, étudiants ou pas, se battent pour la retraite. La haine du pouvoir et de ses hiérarchies en est plutôt leur aiguillon, dont les pancartes anti-Macron ne sont que la surface. A noter que la classe ouvrière, gagnée par l'aquoibonisme, n'a nullement ressenti ce besoin de barricadiers juvéniles ni pour s'y associer ni pour croire que cette agitation pourrait faire reculer l'Etat.

Plus inquiétant, faille relevée depuis quelques jours par certains commentateurs, et que j'avais placée en premier au début de la manœuvre perverse déployée « à l'initiative des bureaucraties syndicales » : on n'est plus aussi sûr que gauche bourgeoise et syndicats pourront regagner leur crédibilité perdue depuis des décennies. La plupart des prolétaires devant leur télés ont dû avoir un sourire de mépris face à cette gauche décatie, avec une cheffe syndicale féministe et des syndicalistes à tête de flics sans képis, avec leurs injonctions infantiles et grossières enjoignant le président à baisser culotte d’une façon ou d’une autre ; d'abord ne pas promulguer la loi, puis enlever les deux articles méprisant pour les seniors (dont toute la gauche se fichait au parle-ment), enfin reprendre le RIC ridicule par un RIP aussi débile que faussement démocratique. Menaçant à nouveau d'actions de blocage aléatoire ou suivant les humeurs de tel ou tel général syndical. La vieille tactique jusqu'au-boutiste de guérillas confuses et inutiles visant à effacer toute lutte réelle de masse, avec ce même radotage lassant « on lâchera rien surtout après avoir saboté toute dynamique de classe indépendante des professionnels de l'encadrement social et politique. Et ce « chaos » peut durer des mois et des années.... à la façon des gilets jaunes un samedi ou un dimanche par mois par exemple. Une giletjaunisation terminale, radicalisation dans les cordes et les ordres, qui ne peut pas du tout changer quoi que ce soit aux décisions de l'Etat et servir à occuper et faire défiler, en costumes et avec chars de carnaval syndicaux, les bons retraités des services publics et, entre autres, ce qu'il faut taire, ceux des régimes spéciaux voire de quelques commerciaux mais sans participation des sénateurs.

Enfin, le fin du fin sans fin, est de continuer à accuser Macron, de fixer comme objectif de lui pourrir la vie jusqu'à la fin de son mandat. D'en rajouter une couche en jetant cet espoir fallacieux d'organiser un 1er mai terrifiant, massif et ordonné ! Comme si la protestation massive n'était pas sur la pente glissante. Or, d'une part le 1er mai n'est plus depuis des décennies qu'un fétiche pour vieux anars, et de l'autre, non seulement c'est le même séquençage de report à quinze jours, pour chaque manif (12 intermèdes), de la « colère », quand une vraie colère c'est immédiat...et ça retombe si elle n'est pas suivie d'effet...reconductible immédiat. De plus la colère a eu largement le temps de retomber, même si l'indignation persistera toujours.

UN SABOTAGE HONTEUX GRACE AUX «PARTENAIRES SOCIAUX » DU GOUVERNEMENT

Deuxième fin du fin, empêcher de désigner les responsables de la défaite, les syndicats et la gauche bobo. Historiquement on n'a jamais vu mouvement protestataire aussi soumis, ordonné avec des cortèges avec ficelles pour délimiter avec les (méchants et possibles blacks blocs) badauds. Seul couac, mais sans conséquences, les pré-manifs, confirmant qu'une masse se refuse à faire confiance aux « organisateurs » de tout acabit. Mais à la remorque aussi finalement d'une lutte alambiquée, certainement pas unificatrice sur le fond en vue d'une union du prolétariat avec cette farce d'union des français, du peuple ou des syndiqués.

L'organisation séquentielle des manifs successives a témoigné de l'impensable suivisme de la protestation, d'une incapacité à voir et comprendre que l'ennemi n'est pas seulement en face. Manifs présentées comme nombreuses, puis très nombreuses mais espacées d'une semaine à quinze jours au désiderata de l'Etat-major des généraux syndicaux .

POURQUOI AVONS-NOUS ASSISTE A CES DEFILES DE VEAUX QU'ON MENE A L'ABATTOIR ? (sans qu'ils s'insurgent)

Les expériences de luttes précédentes ont-elles été oubliées complètement ? Les syndicats d'Etat seraient-ils devenus nos amis ? Les prolétaires seraient-ils si naïfs ou dénués de diplômes pour saisir quand on les mène en bateau ?

Mai 68 c'était au siècle dernier. La lutte des ouvriers polonais en 1980 ne peut plus être exemplaire et reste comme un simple épisode de la déstalinisation qui finalement, au long terme, nous ramène à une possible troisième Guerre Mondiale. La gauche caviar au pouvoir reste par contre un souvenir ancré dans les têtes. Ses derniers mohicans restent incrédibles ou simples additifs à Mélenchon. Le PCF est mort malgré les sourires du gentil Roussel. Les syndicats restent minoritaires même dans les services publics. Ce qui prédomine n'est pourtant pas la soumission à un capitalisme démocratique, sympa et bienheureux. Mais confirme que les enseignements du passé sont difficiles à maintenir ou à retrouver. C'est le rôle pourtant de toute organisation ou parti sérieusement en faveur de la révolution des masses de prolétaires où les employés sont aussi prolétaires et où les cadres inférieurs ne se sentent nullement « couches moyennes », cette expression sociologique débile.

C'est un fait. Mais il y a pire, c'est cette prétention de certaines sectes à rappeler de fausses leçons, sans se douter que cette référence rend service aux mystificateurs d'aujourd'hui, syndicalistes et gauchistes.

LES ENSEIGNEMENTS DE LA LUTTE CONTRE LE CPE EN 2006

Croyant exhiber comme exemple à la révolte trimestrielle actuelle avec ses manifestations cycliques et espacées afin de laisser les généraux syndicaux mouiller la poudre, le CCI nous ressort la « victoire contre le CPE », événement qui date de 17 ans, autant dire un siècle dans la mémoire des prolétaires trentenaires. Puis de nous restaurer la chronologie dans leur tract informatique, sans noter que la lutte est finalement totalement prise en main par les syndicats, ni qu'elle n'a rien changé pour les jeunes chômeurs des banlieues ; comme si aujourd'hui la réforme de Macron avait été rejetée, cela ne modifiant en rien l'inégalité entre les diverses retraites et pérennisant les plus minables. Ils nous en donnent une vision retoquée, romancée et après recopiage de Wikipédia :

« Le 1er mars, treize universités sont en grève. Blocages, filtrages et fermeture totale des universités sont décidés par les AG des étudiants en grève. Ce sont de véritables AG : elles décident des actions à mener et des mots d’ordre, elles sont ouvertes aux travailleurs, aux chômeurs et aux retraités. Ce qui a fait la force de ce mouvement, c’est d’abord et avant tout le renforcement de la solidarité active dans la lutte. C’est en resserrant les rangs, en construisant un tissu très serré, en comprenant que l’union fait la force, que les étudiants (et les lycéens) ont pu mettre en pratique le vieux mot d’ordre du mouvement ouvrier : « Un pour tous, tous pour un !»

Beaucoup de bla-bla et de répétions pour nous faire croire à un développement autonome, voire irrécupérable. Or il ne s'agit que d'une série d'approximations.

Foutaise généraliste ! On aurait pu s'attendre à ce que ce groupe antique, hier flamboyant, fasse preuve d'un esprit critique et surtout ne nous place pas devant ce cruel questionnement : POURQUOI SI LE MOUVEMENT DE 2006 AVAIT ETE SI INDEPENDANT DES MAGOUILLEURS SYNDICAUX ON NE TROUVE AUJOURD'HUI QUE DES ETUDIANTS MOUTONS DES TROTSKISMES ET DES SYNDICATS ?

Heureusement un groupe d'étudiants de SUD vient nous décrire la vérité de ce moment qui se fixe non de se débarrasser des syndicats mais de les « corriger »  en s'émancipant de mai 68 :

« ...cela se traduit par la lourde difficulté des organisations syndicales et politiques à s’enraciner et à donner la parole à la jeunesse qui entre en révolte à l’hiver 2005. Cette observation ne fait que se renforcer au printemps 2006. De la même manière, les expériences de l’après-CPE pour recréer ces convergences paraissent encore bien trop faibles relativement aux enjeux sociaux et politiques. En cela, il est inexact et illusoire de définir la mobilisation de 2006 comme « une synthèse des points forts des mouvements des précaires, du mouvement étudiant, du mouvement lycéen et du soulèvement des banlieues »; précisément parce que la jonction avec les mouvements des quartiers populaires n’a pas eu lieu.

« Enfin, la séquence courte du printemps 2006 et celle intermédiaire des luttes des années 1990 et 2000 s’inscrivent dans un plus vaste héritage mémoriel des luttes. Les propos tenus au cours du printemps 2006 le confirment : les luttes impliquant des étudiant·es restent marquées par la mémoire fantasmée et normalisatrice de Mai 68. Tout au long de la mobilisation, les acteurs/trices n’auront de cesse d’évaluer leur propre mobilisation à l’échelle soixante-huitarde : « plus nombreux·euses qu’en… », « première grève depuis… », « jamais bloqué, même en… ». Au-delà de ces références quantitatives, la mémoire joue un rôle plus concret dans les formes prises par la mobilisation car « Mai continue de hanter acteurs et analystes du mouvement social […]. L’autogestion, en revanche, demeure toujours, depuis un quart de siècle, inaudible et invisible […]. Mais certains traits actuels du mouvement social s’inscrivent en mode mineur dans cet héritage non assumé : affirmation du “social” au détriment du politique, valorisation de la base et banalisation des formes d’auto-organisation des conflits, recherche de contre-pouvoirs par l’expertise ou la mobilisation. »1.

 « Ce processus, qui s’enracine dans des initiatives locales, est progressivement porté par la coordination nationale étudiante. De fait, la multitude d’actions par lesquelles les étudiant·es démontrent leur détermination sont autant de points d’appuis pour contraindre l’intersyndicale nationale à accélérer le tempo de la mobilisation. Au-delà des incantations qui émaillent les textes des coordinations nationales réunies chaque week-end pendant ces trois mois, ce que les étudiant·es retiennent, c’est bien la nécessité de porter des actions qui rompent avec l’attentisme des grandes confédérations. Le témoignage des acteurs/trices de l’intersyndicale, comme les analyses des observateurs/trices du mouvement sont unanimes : ce sont bien « les étudiant·es et des lycéen·nes qui ont entraîné les syndicats de salarié·es », ce sont aussi ces actions qui ont contraint les confédérations syndicales à demeurer sur un mot d’ordre de retrait. Il s’agit là d’une leçon pour l’ensemble des salarié·es et des étudiant·es ».

LES VRAIS ENSEIGNEMENTS INATTENDUS DE 2006 ...

« Le mouvement de 2006 représente finalement une nouvelle vague sociale, qui remet au goût du jour des pratiques déjà expérimentées, tout en cherchant constamment à les adapter à l’évolution de la société contemporaine. Certains sociologues ont affirmé que le printemps 2006 avait permis « un regain de légitimité de la forme syndicale chez les étudiants ». pendant que d’autres voient dans cette lutte « une occasion extrêmement importante pour contribuer au renouveau du syndicalisme et de la politique ».Ces hypothèses ont été vérifiées, puisque le mouvement syndical étudiant s’est trouvé renouvelé par cette mobilisation. En termes quantitatifs, une fédération comme Sud-Étudiant connaît la création d’une dizaine de sections locales dans les mois qui suivent la lutte contre le CPE. En termes qualitatifs, on assiste en juin 2007 à un congrès d’un syndicat étudiant (Sud) qui s’étendra sur cinq jours – fait sans précédent depuis 1968. Les discussions entre les syndicalistes étudiants de lutte (Sud, FSE, associations para-syndicales locales, syndicats bretons, corses, catalans et basques) se font plus fréquentes, permettant notamment la construction d’une mobilisation contre la loi LRU, contre la volonté de l’UNEF. Ces discussions traduisent la volonté de construire une organisation syndicale étudiante de lutte, unifiée (sic).

« Le regain du syndicalisme étudiant de lutte est amplement dû à sa volonté de promouvoir des formes d’auto-organisation et de démocratie radicale au cours de la lutte. En observant les assemblées générales au cours de la lutte, Évelyne Perrin les voyait d’abord comme « un formidable bouillonnement sans hiérarchie et rejetant la mainmise des organisations syndicales ou des partis politiques », avant de noter que « la méfiance s’est peu à peu estompée ». Le succès de l’auto-organisation au cours de la lutte contre la LEC, puis contre la LRU en 2007, permettent d’affirmer que les syndicalistes autogestionnaires ont marqué des points dans la recomposition idéologique du paysage militant. Ces acquis sont d’ores et déjà perceptibles dans les organisations étudiantes, malgré la forte rotation des militant·es, car les étudiant·es devenu·es salarié·es conservent une mémoire des pratiques expérimentées au cours de la lutte du printemps 2006 ».

Il n'y a rien de pire que ceux, secte ou organisation qui, s'appuyant sur un exemple pas vraiment idyllique, s'en servent pour adouber un mouvement foireux déjà sur le déclin :

« Ainsi, malgré les provocations, les multiples pièges tendus par le gouvernement, les syndicats et toutes les autres forces de la bourgeoisie, la lutte en France se poursuit! La massivité, la combativité et la solidarité restent intactes. Ce qui n’est pas sans préoccuper des parties de la bourgeoisie française qui, face à l’isolement et au « jusqu’au boutisme» de Macron et son gouvernement cherchent résolument une porte de sortie » (R.I.)

 Alors qu'un de leurs articles décrivait bien la trahison perpétuelle et les manigances syndicales :

« ... garants de manifestations pacifiques et des luttes efficaces. En réalité, non seulement ils collaborent de manière classique en partenariat avec la préfecture et les flics pour préparer les cortèges, mais en plus ils assurent eux-mêmes un service d’ordre, organisent les manifestations de manière à bien les saucissonner, à les segmenter par secteur, profession, catégorie, chacun derrière sa banderole, encadré par son syndicat et ses sonos pour empêcher les discussions et couper court à toutes autres initiatives que celles qu’ils ont orchestrées. Bien sûr, une autre face de cette médaille est celle des partis de gauche et les médias bourgeois qui cherchent à distiller un poison dans la tête des ouvriers : faire croire qu’il pourrait exister une «police au service du peuple » agissant dans le cadre d’une «déontologie irréprochable». Ce sont des mensonges! Les syndicats, comme la police, sont des organes d’État. Ils sont fondamentalement au service du fer de lance de la défense de l’ordre bourgeois ».

La panade finale façon gilets jaunes de la protestation contre la réforme des retraites n'invalide pas une réelle volonté de combattre de la part du prolétariat, mais le chemin est ardu et il est inconséquent de commencer dans un triomphalisme à côté de la plaque, trafiquant les leçons du passé, voire disproportionné en lien avec ce qu'ils nomment un réveil international du prolétariat, ce dont nous causerons ensuite.


12006 : victoire contre le CPE – Les Utopiques Des militantes et des militants de SUD-Étudiant



lundi 10 avril 2023

LA PROTESTATION SUR LES RETRAITES ELLE AUSSI PARTIE EN VRILLE

spectacle pour manifestants gnangnans

Où on verra la réapparition de cette notion si bien mise en évidence pourtant en 1968 ; La récupération (ou détournement), désormais populiste, écologique et féministe.

« Savoir terminer une grève », disait Thorez, à la suite des accords Matignon, qui entre autres accordent les congés payés. Le membre de phrase repris naguère autant par Sarkozy que par Hollande1, a longtemps servi à toutes les chapelles gauchistes ou ultra à dénoncer une CGT briseuse de grève et un PCF complice. Or du point de vue de l'ordre social et de l'impossibilité d'une autre révolution à l'époque Thorez n'avait pas tort. Dans le milieu révolutionnaire lorsqu'une grève part en vrille, on a toujours pour habitude, sauf quelques excités jusqu'au-boutistes qui imaginent la révolution à chaque coin de rue, de dire stop à la fois pour ne pas vider complètement les poches des ouvriers grévistes mais surtout pour tirer les leçons de l'échec inévitable, momentané, mais bien tombé en quenouille.

Avec les douzième ou treizième défilés pantouflards « pacifiques », si glorifiés comme tels par le gouvernement, les journalistes et le CCI2, on a envie de déclarer: « il faut savoir terminer des défilés sans fin et inutiles », « Il faut savoir terminer un mouvement dès lors que « on n'a rien lâché » mais rien obtenu non plus. Il faut même savoir consentir à analyser les vraies raisons et responsables de cette plongée en vrille, même si les organisateurs syndicaux ont maintenu ce langage si radical, si jusqu'au-boutiste et creux, et que l'on croyait que l’on obtiendrait sans aucun doute la victoire » avec le retrait de la réforme honnie par un « Macron affaibli ». Leur langage « révolutionnaire » contrastait d'ailleurs avec ces défilés moutonniers gentils, souriants, et on peut même dire que le langage « radical », le plus agressif possible des aboyeurs en chef sert à éviter à la masse d'user d'autre chose que de cette violence verbale. Danton disait ; « soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être ».

Une classe ouvrière pacifiste et ficelée (au sens propre) par des garde-chiourmes, avec bandeau syndical « sécurité », qui tenaient les cordes, n'a jamais inquiété l'Etat bourgeois, ni en 68 ni aujourd'hui3. Ce ficelage imbécile est une invention paranoïaque de la syndicratie pour empêcher toute analyse critique au sein des manifestations.

POSONS LA QUESTION QUI FACHE : EST-CE QU'ON SE SOUVIENT EN GENERAL DES CAUSES DE L'ECHEC DE TELLE GREVE OU MOUVEMENT DE LUTTE ?

Il faut répondre NON. L'esprit humain, face à la foule des données puis des événements politiques et de sa vie quotidienne, oublie ou déforme, ou ne conserve que le goût de l'échec. Comme on le sait la révolution n'est que le résultat d'une longue suite d'échecs, parfois ponctués de courtes victoires. Encore faut-il rester prudent avec la nature ou le sens des ces courtes victoires ; or comme je l'ai remarqué dans l'article précédent, aller chercher comme exemplaire le retrait du CPE comme le CCI l'exhibe c'est se ficher du monde. Ce retrait n'a d'une part nullement facilité l'emploi des jeunes les plus mal lotis en diplômes ou en origine raciale, mais, malgré des AG ou regroupement autonomes, et d'autre part abouti au triomphalisme de l'opposition de gauche bourgeoise. Ce mouvement en plus est si ancien qu'une secte peut bien croire frappant de le ressortir de l'oubli alors que, sur le moment comme aujourd'hui il apparaît indubitable qu'aucune leçon sérieuse n'en a été tirée par la classe ouvrière sauf à se laisser encadre et mener en bateau par les généraux syndicaux « unis ».

Il faut déjà constater que le mouvement des gilets, tout petit-bourgeois que fut son contenu, eût plus de panache « révolutionnaire » que cette dizaine de défilés traînes savates : on monta à l'assaut de l'Elysée, on plongea les beaux quartiers dans la terreur par l'encerclement violent de l'arc de triomphe (alors qu'en 68 on n'avait fait que pisser sur la flamme du soldat inconnu, j'y étais).

Mouvement autrement prometteur d'un réel conflit avec l'Etat, hors de ce suspense longuet à la retraite plus ou moins juste où on nous a fait défiler de façon couplée avec les décisions des assemblées politiques de l'Etat bourgeois, tout en laissant croire qu'elles pouvaient tenir compte de « la rue », où ce n'était pas la classe ouvrière qui manifestait mais « la population ». « La rue » en soi ne veut rien dire, reste une qualification vague ou anarchiste.

Le mouvement des « gilets jaunes » était né à la suite d’une hausse des prix de l’essence liée au lancement de la taxe écologique (attaque frontale de l'industrialisme écologiste soutenue par les bobos des fractions petites bourgeoises), qui coïncidait avec une flambée du prix du carburant à l’échelle mondiale. En octobre 2018, ces non-citoyens avaient appelé à manifester partout et pas dans ce parcage antédiluvien Bastille-République-Nation, marcage soigneusement délimité et institutionnel des « partenaires » gouvernementaux et syndicaux, sorte de bac à sable d'une lutte classe infantilisée.

Ces anars sans foi républicaine ni loi écologiste prennent comme symbolique le fameux gilet jaune, associé non seulement à la route mais aussi aux dépenses jugées inutiles mais rendues obligatoires par l’Etat, sans gilet jaune dans sa voiture, l’automobiliste est mis à l’amende.

C’était le mouvement des « inaudibles » plutôt provinciaux (entendez : ploucs et électeurs du RN). Un mouvement de contestation avant tout économique et social des classes populaires moyennes inférieures, bien avant d’être un mouvement interrogeant journaleux et socio-pleureurs en tant que « crise de la représentation ». C’était l’émergence de la société civile non organisée, avec toute une partie de la population qui ne passait pas par les corps intermédiaires classiques comme les mafias syndicales.

Pas d'interruption séquencée et aux ordres pour les premiers gilets jaunes, ACTIONS SANS DISCONTINUER ! PAS D'ATTENTE EN SOIREE DES DECISIONS DES ETATS-MAJORS SYNDICAUX SUR « LA SUITE A DONNER AU MOUVEMENT ». Aucune demande d'autorisation de manifester ni discontinuité par des officiels des compromis secrets !

Leur contestation était passée des réseaux sociaux à la rue le samedi 17 novembre 2018. Avec elle, les premières occupations de ronds-points et des manifestations dans les centres-villes qui réunissent dès le premier « acte » 287.710 personnes, selon la police alors que des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre feront plus de 400 blessés.

Rendez-vous est pris tous les samedis pour des manifestations, tandis que certaines occupations de ronds-points se font sept jours sur sept. Après trois autres samedis de manifestations à plus de 100.000 participants, 166.000 lors de l’acte 2, et 136.000 pendant l’acte 3 et 4, toujours selon les chiffres des flics, quand même indicatifs.

Mouvement minoritaire donc comparé aux balades syndicales de 2023, mais quel impact et quelle résonance et interrogations. La lutte contre la réforme, elle, est devenue une butée stupide : rien contre rien. « On lâchera rien » contre « On ne cédera pas ». Le nombre comme les sondages en défaveur sont là, majoritaires Et puis après ?

Comment s'est effiloché le mouvement des gilets jaunes ?

J'ai considéré dans mes articles précédents qu'on assistait à une « giletjaunisation » de la révolte syndicalisée contre la réforme des retraites, et on va voir des ressemblances indéniables via les provocations du gouvernement – je rappelle que pour le marxisme, le gouvernement n'est qu'une partie de l'Etat avec tous les autres organismes du parle-ment aux syndicats, etc. Même fin stupide à l'appel d'une démocratie imaginaire: RIP  et RIC et  rac!

Où vous verrez que l'intérêt de tenir un blog c'est comme un journal de bord où la mémoire ne peut être prise en défaut4.

symbole de la lutte contre les riches

1.L'incendie du Fouquet's 16 MARS 2019 et la « récupération »

(la noyade organisée par les écolos-bobos et les syndicats)

 ...La scène a un goût de réchauffé. Et je ne suis pas le seul à être interloqué par la mise en scène bâclée que d'aucuns nomment stratégie de la tension . Le gouvernement rêvait de rééditer l'effroi citoyen espéré lors de l'assaut de l'Arc de triomphe le 1er décembre 2018 – quand ce pauvre Macron fit piteuse mine chassé des beaux quartiers où il espérait incarner le retour à l'ordre parfait - aussi toute la journée d'hier ne fût que consignes de laisser-faire aux policiers, aucune fouille générale comme lors des précédentes manifestations parisiennes, pas d'arrestations massives, pas d'usage du LBT. Le mot d'ordre était simple : cassez ! Cassez ! Il en restera toujours quelque chose de bon, voire de tout bon : la victimisation de l'Etat bourgeois. Et « gloire aux black blocks « qui font parler de nous » pour les plus stupides des GJ. 

L'Etat a fait mine d'être surpris par une nouvelle scène de guérilla inattendue, toujours « inédite », sachant pourtant, comme nous tous, qu'on allait nous refaire le coup du tag "les gilets jaunes triompheront" et des méchants encapuchonnés venus aussi d'Europe. Les sites des groupes du marais des autonomes anars appelaient pourtant depuis des semaines à faire de cette journée un « ultimatum » en manifestant « autrement que par les mots » ou les tweets navrants de Drouet ou de casquette à l'envers ; des meneurs gilets jaunes se démarquaient eux-mêmes piteusement de la violence vengeresse qui s'annonçait sans fard.

 Dès potron minet des groupes, avec ou sans gilets jaunes, remontaient tranquillement l'avenue des Champs-Elysées. Puis les pavés volent, les flics se contentent de lancer des lacrymos ; on pille tranquillement sans qu'un pandore ne moufte, comme lors du pillage place de la République lors de l'acte je sais plus lequel. Des gilets jaunes font des selfies, contents d'assister au spectacle en direct. Des voitures flambent complaisamment filmées par les médias.

Certains participants nous émeuvent un instant ; un handicapé vêtu de jaune est mêlé aux casseurs avec ses deux cannes, il progresse en sautillant comme simple manifestant avec ses moyens ; plus loin un gilet jaune sur chaise roulante, poussé par un gilet jaune valide, agite ses bras, voire a lancé un pavé. Tout le monde peut participer, même les vieux et les handicapés. Inédit ! La prochaine fois j'emmènerai un de mes aveugles.

 Mais ce n'est que la partie « récréative » où les badauds sont devenus admirateurs des black blocks sans cervelle. L'essentiel se joue ailleurs et les agités de l'émeute exhibitionniste ne s'en rendent même pas compte. Même le retour faussement précipité du Macron au ski (une "omniabsence" manière de signifier qu'il s'en fichait du présumé ultimatum) ne permet pas de dramatiser outre mesure les incendies des quartiers huppés; on a fini par en avoir l'habitude, l'opinion aussi. Même s'il y avait eu mort d'homme, et dieu sait si Castaner en rêvait, l'opinion aurait jugé fifty fifty répression policière et casse des cagoulés. On ne « retourne » pas l'opinion aussi facilement que dans les sixties surtout après une aussi longue contestation de la politique de pillage fiscal de l'Etat. Enfin, le stop and go policier n'abuse plus personne.

L'essentiel de la noyade politique du mouvement « contestataire » gilets jaunes incapable en définitive de mettre en cause le capitalisme et de se rallier à la seule classe dangereuse, la classe ouvrière, était déjà orchestré depuis plusieurs jours sous couvert de la catégorie « jeunes » avec leur embrigadement derrière la protestation écologique soft et infantile. On les avait fait défiler par milliers la veille avec un slogan emprunté aux gilets jaunes « fin du monde et fin de mois difficiles ». La presse se félicitait, tout en exhibant prioritairement les poignées d'individus dispersés sur les Champs et en train de casser, en commentant sans cesse le fait « indéniable » que les « plus pacifiques des gilets jaunes » se soient rendus à la « Marche pour le climat ».

C'est le Figaro, plus macronien qu'on ne croit qui qualifia cette césure comme UN NAUFRAGE POLITIQUE, avec la paraphrase terroriste que « les 1500 casseurs présents dans la capitale se sont une nouvelle fois servis des «gilets jaunes» comme de «boucliers humains» pour piller les commerces, incendier des bâtiments et harceler des policiers et gendarmes pourtant prévenus et déployés en nombre. La capitale a renoué avec ce mauvais parfum de décembre ». Ce que confia benoitement le petit Griveaux(employé ministériel) : «  Je vais vous dire mon sentiment : la France n’en peut plus ! Nous faisons face à une minorité d’enragés. J’ai aussi vu samedi dans les rues des gens qui ont manifesté calmement pour le climat, notamment des jeunes ».

  « Paris, 15 h 20 — Il y a tellement de monde à la marche du siècle que la manifestation peine à quitter la place de l’Opéra vers le boulevard des Italiens. Tout est plein, plein, plein, y compris les trottoirs. Il y a un mélange de Gilets jaunes, de pancartes sur le climat, et des drapeaux des Coquelicots, Sud-Solidaires, Attac, la CGT, la France insoumise, EELV. Agir pour l’environnement distribue des pancartes aux manifestants, Oxfam maquille les gens qui le veulent, les paysans de la Confédération paysanne sont là. On ne peut dire encore combien de monde est là, mais certainement plus que prévu. C’est impressionnant[5].

« Aujourd’hui, les différents mouvements à Paris nous permettent d’instaurer un vrai rapport de force, estime Samir Baaloudj, militant issu des quartiers populaires. Depuis 40 ans, on subit des violences policières, on parle de précarité, de pouvoir d’achat, de chômage. C’est ce qu’on vit, et c’est aussi ce que l’on partage avec les Gilets jaunes. »

 Nous avons décidé de marquer symboliquement et de façon très forte la convergence de nos revendications. Nous demandons à reprendre en main notre destin commun. Nous ne ferons pas l’impérieuse transition écologique si nous n’arrivons pas à rétablir la justice fiscale et sociale », a

François Boulo. « J’ai appelé dès le 8 décembre à la convergence entre les mouvements climatique et Gilets jaunes car la cause est dans ce système économique qui laisse de côté à la fois la nature et les gens », a approuvé Cyril Dion, qui rencontrait pour la première fois François Boulo.

« Ce qui se passe cette semaine est déterminant. Il doit y avoir un avant et un après, un basculement. Nous ne pouvons plus avoir des actes du gouvernement allant à l’opposé des discours sur la question sociale et climatique », a confirmé Jean-François Julliard, de Greenpeace ».

 Avec fiston Glücksmann, essayiste au Nouvel Obs mais parfait inconnu sur la planète jaune et prolétaire, le PS moribond croit pouvoir surfer sur une nouvelle génération d'électeurs écolo-compatibles avec le même vieux bla-bla confusionniste qui chie sur la classe ouvrière :

« Les “gilets jaunes” ne luttent pas seulement pour le pouvoir d’achat mais contre les injustices sociales et la prédation des multinationales qui épuisent les ressources de la planète », assure cette fonctionnaire. Un « même combat » qui a rassemblé plus de 100 000 personnes à Paris, dans un cortège surnommé la « marche du siècle », et plus de 350 000 dans 220 villes de l’Hexagone, selon les organisateurs. Les préfectures de police, elles, évoquent 36 000 manifestants dans la capitale, 8 000 à Montpellier, 2 500 à Marseille, 2 000 à Rennes. Quels que soient les chiffres, la mobilisation reste forte au lendemain de la grève scolaire pour le climat, qui a rassemblé 168 000 jeunes dans le pays, et plus d’un million dans le monde.

La veille, l'essayiste avait annoncé sur France Inter sa décision de mener, avec la militante écologiste Claire Nouvian, une liste aux élections européennes du 26 mai. Il précisait son souhait de lancer une troisième offre cohérente à côté de "l'offre des nationalistes et des populistes" et de "l'offre libérale qui gouverne aujourd'hui la France et la Commission européenne". Il défendait notamment "une offre écologique et sociale. Un dépassement de la social-démocratie, une régénération de la social-démocratie à travers l'écologie." 

Tant pis pour les Jadot et Hamon, mais cette « convergence électorale » liste de bric et de broc de politicien parisiens bien trop mise en honneur au cours de ce nouveau samedi émeutier a peu de chance de faire oublier que la gauche bourgeoise a intronisé Macron et son hyper libéralisme, pour nous « sauver du fascisme » ; ni de faire vraiment de l'ombre à Macron.

Complet accord avec cet internaute anonyme : « la convergence des luttes" est une antienne de l'extrême gauche urbaine qui essaie de récupérer le mouvement des gilets jaunes né en novembre et décembre avec lequel elle n'a rien à voir. Les gilets jaunes ont disparu, remplacés par les habituels gauchistes qui se sont déguisés... et ont dévitalisé le mouvement qu'ils avaient d'abord raillé ». L'écologie est la nouvelle morale number one du capitalisme qui, au nom de l'œcuménisme de monsieur tout le monde et de madame personne nous convie à prier pour un monde propre nettoyé surtout des soucis "de classes" et qui a pour but de faire passer à la trappe que c'est le capitalisme qui est la première pollution de l'humanité.

Le 10 décembre 2018 j'écrivais :

« Pour cet acte IV la stratégie de dramatisation par l'Élysée visant à séparer les casseurs des Gilets jaunes "raisonnables", a porté ses fruits en faisant emprisonner d'abord des manifestants qui n'étaient pas des casseurs. L'arrestation massive de centaines de simples manifestants avant qu'ils n'aient mis le pied sur le sol parisien, totalement arbitraire, a servi toute la journée à justifier ce gros mensonge : « D'ampleur inédite, les interpellations et fouilles préventives ainsi que la présence massive des forces de l'ordre ont permis d'éviter un nouveau déchaînement insurrectionnel à Paris ». La plupart de celles et ceux qui ont été arrêtés, et curieusement en majorité le soir avec un simple « rappel à loi » n'étaient pas venus pour « déchaîner une insurrection », ni ce brave Coupat qui voit sa GAV prolongée comme si sa seule présence avait eu un quelconque intérêt pour les gilets jaunes. L'Etat a l'habitude de fabriquer des complots pour abuser l'opinion publique, je peux vous en rappeler plusieurs et sous tous les présidents. A coup sûr,nous dit-on curieusement dès potron minet, les dégâts « seront plus étendus » que le samedi précédent. C'est bon pour l'audience. Et les sondages ».

« La police si zélée depuis le matin pour arrêter « préventivement » les manifestants venus de province a laissé le soir les casseurs détruire place de la République pendant de longues minutes alors que les télévisions d'Etat filmaient tranquillement ces abrutis qui s'acharnaient à détruire des vitrines... indestructibles. Les forces d'annihilation de toute protestation sociale s'étaient livrées tôt le matin à de véritables rafles de manifestants pas du tout casseurs mais pour abonder sur leur nombre supposé pour alimenter la chronique de leurs amis journalistes et ainsi prouver l'efficacité policière. Les forces de maintien de l'ordre social ont bien fait « leur boulot », et le spectacle de désolation des vitrines défoncées et des véhicules incendiés une nouvelle fois de façon arbitraire et un peu partout dans Paris et surtout d'une ampleur notable et inédite en province, devrait suffire à inverser la tendance de l'opinion mais pas assez pour que le roi des cons puissent caracoler et oser se montrer dans son arrogance psychopathe sans baisser un peu plus culotte ».

Le système a tout à perdre à ce que des policiers/casseurs en civil soient identifiés (cf. le cas du 23 mars 1979), aussi est-ce rarement que l'on peut dénoncer des manips grossières ; l'Etat adope des manipulations plus subtiles, que je nomme « stop and go », comme on l'a vu lors des contestations précédentes : « Tout est mis en place pour que les manifestations dégénèrent. Côté renseignement, on constate depuis une dizaine d’années une double évolution, avec des manifestants beaucoup plus pacifiques qu’avant, mais des casseurs toujours plus violents, organisés de manière quasi paramilitaire. Certains de ces groupes sont identifiés avant qu’ils intègrent les manifestations. Mais aucune consigne n’est donnée pour les interpeller en amont. En fin de journée, nous savons qu’un groupe de casseurs dangereux vient d’arriver gare du Nord pour aller perturber Nuit debout, à République. Une compagnie de CRS se trouve sur leur passage, prête à intervenir. Mais l’ordre leur est donné par la préfecture de se pousser dans une rue adjacente ! Les collègues leur signalent l’imminence de l’arrivée du groupe de casseurs. Mais ordre est donné de les laisser passer.

(…) J’ai constaté la présence dans les manifestations de policiers (?) sans uniforme, habillés comme des Black blocks, et munis de marteaux sur l’usage desquels on pouvait légitimement s’interroger. Lorsque l’on sait que sous le régime d’Emmanuel Macron n’importe qui peut s’affubler d’un brassard et tabasser des manifestants, sans que la justice ne s’en émeuve beaucoup. J’ai lu force témoignages parlant de la passivité de la police au moment des déprédations et des pillages. J’ai vu que le profil des personnes arrêtées en masse et condamnées lourdement pour des infractions fantaisistes, démontrait qu’il ne s’agissait absolument pas des casseurs habituels qu’en général la police connaît. Alors, j’ai fini par me dire « tiens cela me rappelle quelque chose ».

https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/291010/linfiltration-policiere-des-manifestations-est-un-fait-mais-comment-linterpreter

Une fin sans rien... et RIC RAC

Patatras, l'absence d'une conscience de classe et de projet crédible au nom de cette farce de « révolution fiscale » reprise brièvement par le récupérateur démagogique et limité Mélenchon... tout ça pour rien, pratiquement. Parce qu'on est revenu au point de départn l'augmentation du prix de l'essence, de l'électricité, du gaz, du fioul pour une minable prime de 100 euros en octobre, indemnité non pour les gogos mais pour combattre...l'inflation !

La première cause de la faillite des gilets jaunes repose sur leur absence de référence de classe. Comme tout mouvement poujadiste il put être violent aussi par absence de programme crédible comme cette requête d'une vraie « démocratie référendaire », le RIC, tas de foutaises qui ne conduisaient à rien, un peu comme lorsque Coluche disait vive la lessive qui lave le linge plus blanc que blanc. Des leaders hétéroclites, élus par eux-mêmes ou placés sans aucune légitimité sur les plateaux des médias pour dire tout et n'importe quoi. Mais la vraie cause reste une répression furieuse avec des mutilés et trente personnes avec un œil crevé ; j'ai vécu cette peur au milieu des manifestants vers la fin de l'acte IV. Le mouvement montrait sur les graphiques une courbe nettement descendante. Par après le Macron caracoleur et vantard fit son tour de France du bla-bla, assez napoléonien. Le clap de fin avait été servi par les cliques de la gauche écolo-bobo, comme je l'ai rappelé plus haut.


  1. symbole de la lutte contre les riches (bis)

    2. L'INCENDIE DE LA ROTONDE jeudi 6 avril 2023 et le même genre de récup...

Hormis une violence désordonnée, assumée courageusement par nombre de gilets jaunes qui n'étaient pas des casseurs professionnels, policiers ou anarchistes, et un aspect incontrôlable, le déroulement final (finalisé!) de l'indignation contre la réforme du cynique représentant des financiers européens s'est fait noyer dans les mêmes idéologies que les gilets jaunes. D'abord, bien que plus majoritaire, la caractérisation du mouvement comme populaire, puis l'embrigadement d'une partie des « jeunes » étudiants (mais pas des jeunes ouvriers des banlieues). La répression enfin intervient après une série de manifs monotones, triomphalistes en diable. Elle reste sélective. C'est contre les marginaux éclectiques et gauchistes a Sainte Soline qu'elle a été la plus dure et la plus voyante. Le régime macronien ne tenait pas à ce qu'il y ait une dure répression contre les prolétaires ni mort d'hommes. Ce qu'il peut se permettre avec les mouvements marginaux, zadistes et autres clochards modernistes. Exemple de la collusion de la lassitude et d'une propagande accompagnatrice, entre chaque semaine ou 15 jours d'attente de la prochaine manif programmée par les Etats-majors, on parle d'autre chose, on ne prépare rien, d'autres s'occupent de tout... Tout cela pour rien... sans que les ouvriers soient même capable d'avoir autre chose...que la haine pour Macron. C'est pire qu'en 36. Au moins ils avaient obtenu les congés payés avant la Guerre Mondiale. A notre époque non seulement ils n'auront plus de retraite mais ils regarderont la troisième sous les bombes de la Russie et de la Chine. Et RIP et CRAC !

Autre clap de fin, dont il faut éviter de parler, le remplacement du chef CGT « macho » (comme la CGT pendant plus de cent ans) par (enfin) une femme, passée par l'école du PS bourgeois et spécialiste de l'encadrement des cadres. On espère aussi que le Berger de la CFDT connaîtra aussi cette révolution féminarde en élisant une Bergère !

Qu'on se le dise le capitalisme décadent est entré dans l'industrie écologique, qui ridiculise ici et maintenant tout prétention « communiste » à sauver la terre dans un temps lointain. Le nouveau Lénine de cette révolution terrestre sera une femme, partout. Le langage de cette révolution est résolument wokiste et féministe. Le vieux capitalisme de papa n'est plus en cause, mais le machisme oui. Sur France Inter, le 30 mars, une émission de l'élite se demandait : « Pourquoi le nucléaire s’impose comme un véritable symbole du patriarcat ? ». Pour y répondre, non pas des scientifiques… Mais Jade Lindgaard, journaliste au pôle écologie de Mediapart, et Pauline Boyer, activiste climat antinucléaire et chargée de campagne sur la transition énergétique pour Greenpeace. Une approche écolo-féministe et spirituelle que même les heureux retraités n'imaginent pas : pour un monde libéré du patriarcat, la femme à sa quenouille et les hommes à la lanterne !

Cependant le « détournement » féministe a tendance à devenir de plus en plus ridicule.

NOTES 


1"Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications" (11 juin 1936)

2On croirait lire une déclaration pacifique et substitutionniste de Georges Séguy dans les années 1970 : « Mais notre force ne réside pas dans l’affrontement stérile avec les bataillons suréquipés et surentrainés des CRS, gendarmes mobiles et autres porte-flingues de « l’ordre » des exploiteurs.De même, notre lutte ne consiste pas à casser des vitrines et brûler des poubelles. Les violences minoritaires ne renforcent pas le mouvement. Au contraire elles l’affaiblissent ! Nous sommes la classe ouvrière ! Nous sommes une force collective, capables de rentrer en lutte massivement, de nous organiser, d’être solidaires, unis, de débattre et nous dresser ensemble face au pouvoir pour refuser la dégradation continue de nos conditions de vie et de travail, pour refuser ce système qui plonge l’humanité dans la misère et la guerre. Voilà ce qui inquiète vraiment la bourgeoisie  : quand nous luttons ainsi en tant que classe. Voilà pourquoi elle nous tend aujourd’hui le piège du pourrissement et du chaos par la violence. Elle veut briser la dynamique en cours et le processus qui se développe depuis des mois à l’échelle internationale ». C'est la même position rabatteuse que le NPA qui appelle ceux qui ne sont pas encore entrés en grève aux ordres des syndicats à y entrer à leur tour « contre la dégradation continue de nos conditions de vie ».

3Avec cet argument minable de la protéger de quelques dizaines de méchants blacks blocs, qui ne sont jamais hostiles aux manifestants, mais jouent à cache cache avec la police au milieu des troupes syndicales voyeuses ravies des grandes flammes au-dessus des tas de trottinettes incendiées, et finalement conférant une couleur « radicale » à leur promenade moutonnière et sans discussions de groupes.