PAGES PROLETARIENNES

mardi 4 janvier 2022

POURQUOI CES CORTEGES INCESSANTS DE FOULES IMBECILES ?

 


Pourquoi cette imbécile contestation permanente et mesquine de l'Etat et de la science médicale ?

Atteinte à la « liberté de circuler » ou à l'égotisme consumériste ?

« La fin approche mais nul ne sait ni l'heure ni le jour »1

« Ah les cons ! S'ils savaient » Edouard Daladier

« Il y a plus d'intelligence dans une assemblée de femmes de ménage que dans un conclave d'académiciens ». Gustave Le Bon


L'hystérisation des débats sur les façons de soigner ou pas covid et le petit dernier l'omicron, après la focalisation zemmourienne sur les migrants (problématique réelle mais aussi hystérisée) n'est pas prête de faire lever le dense brouillard qui pèse sur le monde, sur son avenir, sur la durée et le développement des pandémies, etc. Ce qui me frappe est que désormais, et pas seulement dans le cloaque les réseaux sociaux, tout le monde critique tout le monde. Sur les plateaux de télévision et dans la presse, à part quelques fayots indéfectibles, tous les journalistes tirent à boulets rouges sur le gouvernement responsable de bout en bout de sa mauvaise gestion de la pandémie, dénoncé sans relâche par une ruée d'infectiologues et de docteurs d'opérette qui y vont chacun de leurs leçons de morale ou de yakas.

De l'extrême gauche à la dite extrême droite les reproches pleuvent de la même eau de boudin quotidiennement avec les mêmes simplismes quand Le Bon se moquait du parlementarisme2 . Ce capharnaüm nous interroge au-delà des querelles de bistrots télévisés des Praud et Hanouna. La société ne semble plus contrôler des événements ou des modifications en profondeur qui la dépasse et à une échelle historique. La fin du monde n'était-elle pas attendue pour l'an mille. Le cercle des étudiants de la Bible de Russel ne s'attendait-il pas à ce que le capitalisme soit renversé à la fin de l'année 1914 ? Les profonds bouleversements techniques, culturels, scientifiques, économiques, sociaux et impérialistes avaient eu de fortes répercussions sur la vie quotidienne à la fin du 19 ème siècle, et il était inévitable que l'inquiétude qui en découla provoquât de graves crises religieuses individuelles, finalement étouffées (provisoirement) par la première boucherie mondiale. Le retour des religions les plus arriérées et notamment de l'islam depuis la chute du règne stalinien, on n'en tire guère des conclusions approfondies (lire l'article très cultivé et génial de Sumit Paul-Choudhury : Les dieux de demain, quel est l'avenir de la religion?)3

On doit bien réfléchir qu'il n'est pas question, sous la pression permanente de cette pandémie qui n'en finit pas, d'une simple contestation de la science médicale par exemple du côté des anti-vax farouches et éclectiques où il s'agit plutôt, comme dans le cas de la révolte des gilets jaunes, d'une contestation petite bourgeoise du pouvoir centralisé. Cette contestation n'est pourtant en rien révolutionnaire, même si certains incarnent leur désaccord comme auguste politique opposée aux profits des laboratoires, surtout étrangers, et à ce capitalisme extra-terrestre dont les plus grands dénonciateurs seraient Greta Tumberg, le macroniste Cohn-Bendit et l'échevelée veuve éternisante Assa Traoré.

Les partis de droite et zemmouriens font leur beurre de cette perpétuelle dénonciation du gouvernement Macron, mais sans que Ciotti ni Pécresse ne les extirpent de leur détresse , ni que les miettes de la gauche caviar ne retrouvent un goût prolétaire. Egalement contestataire de carnaval la dite extrême gauche, avec les deux 0,5 % Poutou et Arthaud.

LA GRANDE REVENDICATION DE TOUT CE BEAU MONDE : LE DROIT A LA LIBERTE DEMOCRATIQUE ?

Quasiment la même revendication creuse d'une démocratie réelle dans le bateau capitaliste après le RIC-hochet de feu les gilets jaunes contre un gouvernement « liberticide ». Avec les mêmes arguties que les antivax le NPA réclame le « jouir sans entraves » avec la petite bourgeoisie commerçante et artistique : «  Avec le « pass vaccinal », la vaccination est maintenant obligatoire pour les loisirs, les restaurants et cafés, les transports interrégionaux… Un test négatif reste obligatoire pour l’accès aux établissements de santé, alors que ces tests restent non remboursés pour les non-vaccinéEs. Ces mesures isolent et discriminent celles et ceux qui ne se vaccinent pas, la plupart du temps en raison de difficultés d’accès ou par méfiance vis-à-vis des politiques de santé ».

Argument électoral éventuel mais pas sûr vu l'aura étroite de cette secte féministe inclusive, qui se garde de tout reproche aux rétifs qui ont refusé jusqu'ici de se faire vacciner, tout comme ces nombreux « révoltés » bobos (contre la dictature d'Etat) obligeant au port du masque et à garder une distance d'un mètre dans les queues, et surtout à vélo. Tout est de la faute au gouvernement, cette engeance de comploteurs qui, certes fût nul concernant les masques au début, tenta un génocide des vieux (GIGC). Face à ce gouvernemental criminel, le NPA propose une mesure radicalement capitaliste d'Etat : « Une vaccination de masse, passant par la conviction et non la contrainte, et s’appuyant sur le contrôle et la réquisition des laboratoires pharmaceutiques », avec des commissaires politiques pour appuyer la conviction, sans doute via les réseaux sociaux. Une mesure que le gouvernement bolchevique imposa certainement durant la grippe espagnole face aux anars anti-vax de l'époque...

Lutte ouvrière, via sa voix laguielletienne et fade de son institutrice, toujours fidèle aux artisans, aux petits commerçants et aux « gens d'en bas », a trouvé l'esbrouffe gouvernemengtale : « En réalité, loin de se préoccuper de la santé publique, Macron poursuit aujourd’hui son opération de diversion consistant à reporter la responsabilité de l’épidémie sur les non vaccinés, désignés comme des boucs émissaires ». Les anti-vax apprécieront.

Le CCI apparaît le moins débile dans l'analyse de la situation. Il analyse assez finement cette « Méfiance à l’égard du gouvernement, des vaccins et de la science », mais insiste sur « l'accompagnement » de ces doutes : « ...accompagnée d’une recrudescence de la désinformation et des théories du complot  (…) La méfiance et la peur généralisées des vaccins sont alimentées par des campagnes populistes et conspirationnistes, avec un impact particulièrement fort aux États-Unis, conduisant à une polarisation extrême entre les « pro » et les anti-vax ».

Incontestablement la bourgeoisie reste ridiculement limitée derrière ses barrières nationales et ce fait, plus que les soupçons de complot explique mieux son incapacité à freiner et à résoudre plus activement la pandémie ( ce groupe politique maximaliste reconnaît la nécessité du vaccin)  : « la bourgeoisie est incapable de développer une politique unifiée pour vacciner la population mondiale et contrôler globalement la pandémie. Il n’y a pas de concertation au niveau international qui permettrait l’augmentation nécessaire de la production du vaccin. Au lieu de cela, tous les pays se sont lancés dans une course aux vaccins, les pays les plus riches accumulant des stocks dans le but d’être les premiers à obtenir une immunité de groupe ».

Mais CCI dis-moi ce que ferait de mieux que l'improvisation inévitable du gouvernement Macron un Etat « socialiste transitoire » dans de telles circonstances – à moins que le communisme fasse disparaître par enchantement tout virus et tout tremblement de terre - ? Surtout qu'il existera toujours des croyants anarchistes dans l'autonomie régionale enclavée et l'auto-immunisation naturelle!

Seul le CCI détient la solution miracle , bien qu'il ne nous propose aucune échéance messianique à moyen terme: «  Seule l’abolition du capitalisme offre une perspective (…) la pandémie illustre la décomposition, la putréfaction accélérée des fondements mêmes du mode de production capitaliste ». En posant tout de même une mission de désinfection généralisée à deux ingrédients supposés de la révolution thérapeutique : « C’est une manifestation terrible du contraste entre l’énorme potentiel des forces productives et l’atroce misère qui se répand dans le monde ».

La misère n'est pas si répandue ni instrument de prise de conscience dans les pays riches, ce sur quoi je reviendrai plus loin. Et les «  forces productives » sont devenues en grande partie « improductives » et dispersées... en particulier en France comme en Europe.

DES REVOLTES ECLECTIQUES ET INCAPABLES D'AFFICHER UN PROGRAMME DE CHANGEMENT DE LA SOCIETE

Les divers mouvements de protestation de ces dernières années ont tous en commun une haine de l'Etat, ce qui ne serait pas grave en soi, ni révolutionnaire, mais en premier lieu haine pathologique de toute centralisation ; théorie mère du libertarisme individualiste qui régit désormais le monde entier, et pas seulement le bourbier des réseaux sociaux : je fais ce que je veux, comme je veux et personne n'a à me dicter ma conduite, je peux cracher, tuer, violer, égorger si je me prends pour Allah ou Napoléon, etc. La décomposition fantasmée par Houellebecq n'est plus du seul domaine de son imaginaire célinien4, ni le seul credo d'un groupe politique tel le CCI.

Et surtout caca sur le gâteau, on réclame « la démocratie » ! A faire retourner dans sa tombe Christopher Lasch ! Les Gilets jaunes c'était déjà le même genre de litanie. Mes articles (une dizaine), qui en ont étudié les différentes étapes, étaient lus par 1000 à 4000 lecteurs. Je ne me fais qu'un reproche, celui d'avoir sous-estimé l'analyse du CCI qui expliquait le néant et le charivari impuissant des gilets jaunes comme une conséquence des défaites successives de la classe ouvrière. Je rejoins maintenant ce point de vue, mais indirectement : la situation de confusion est due au fait de l'absence du poids du prolétariat dans la période actuelle – en lien non avec l'échec cyclique d'une « généralisation des grèves » mais à une désagrégation de sa composition (voir à la fin) - laissant l'animation (si je puis dire) de la rue à une noria de couches petits bourgeoisies suivistes et inconsistantes et à diverses sectes fachos ou communautaristes mécontentes et sans projet d'avenir.

Je fais une parenthèse ici pour témoigner de mon expérience sur le terrain à Etaples, où j'ai participé au début au mouvement en jaune fluo, modestement en tant que retraité. Juste pour rappeler l'inconsistance de ce type de mécontentement sans principes - manipulable par le ou la première démagogue venue - dans le déroulement de leur principale et unique AG dans un local prêté par la mairie et surveillé par les flics. Les mouvement était dirigé surtout par des femmes, comme c'est la mode qui fait chic et bon genre dans la colère officielle labellisée antiraciste et féministe. La leader, une syndicaliste CGT, infirmière, qui avait garé son 4X4 sur la place, arriva comme Artaban, suscitant presque l'émerveillement en traversant au milieu de la centaine de présents, pour la plupart petits ouvriers du port et familles pauvres des environs. Elle se jucha sur une chaise et posa à la présidente de la réunion, parlant matériel, agenda avec les autorités, pic-niques,etc. Je fus évidemment un des premiers à prendre la parole. Je saluais d'abord la mobilisation pour protester contre le racket gouvernemental, mais je remarquais que bloquer la circulation automobile n'était pas un moyen éternel et que j'avais désapprouvé le comportement hargneux et autoritaire des certaines et certains avec des automobilistes qui n'étaient pas agressifs ; qu'on pouvait envisager de donner d'autres formes à la protestation... Je n'ai pas vu surgir une petite bonne femme qui m'arracha le micro des mains (je me rendis compte par après qu'elle était une de ces hystériques qui aboyaient contre les automobilistes avec l'arrogance d'un petit flic de base et à qui j'avais crié « ça suffit ! »). Puis ces mêmes femmes se succédèrent pour parler de choses et d'autres, de petites choses, des couvertures, du café à préparer avant les occupations du rond-point. Un jeune ouvrier de Valéo pris la parole à son tour pour propose qu'on se coordonne avec Berck et les villes environnantes. Corinne, la leader, depuis sa position surélevée sur la chaise pris fort mal la proposition : « Qu'est-ce que ça veut dire ? Moi j'ai assez de boulot comme ça, prévoir le ravitaillement, le remplacement des équipes, le dialogue avec la police... on a assez de travail au niveau local sans chercher à se disperser ! ».

Interloqué, je balayais du regard la salle pour voir si quelqu'un allait d'indigner d'une telle rebuffade. Comme rien ne venait, j'élevai la voix : « Je soutiens la proposition du gars de Valeo, c'est la bonne démarche, le reste c'est du bla-bla. Pour qui tu te prends Corinne sur ta chaise ? T'es élue par l'assemblée pour distribuer les sandwiches ? Tu te crois indispensable parce que tu négocies avec la police ? Mais la police on s'en fout c'est des larbins de l'Etat ! Qui doit prendre les décisions ici l'assemblée ou toi comme présidente auto-proclamée ? ». La salle s'est mise à me huer et à crier « vive Corinne ». C'était infernal, je cherchais en vain quelqu'un qui aurait pu aller dans mon sens. Mon voisin devant mon insistance leva les yeux au ciel. Je décidai de m'en aller, près de la sortie un maçon qui avait tracté avec moi me dit : « on ne peut rien faire ici, c'est pas la peine ». Dehors deux flics contrôlèrent mon identité. Fin de la parenthèse qui est restée longtemps un souvenir cuisant.


Voici quelques remarques choisies des mes analyses globales sur les tares de cette révolte qu'on peut toujours lire sur mon blog.

Comme le poujadisme des années 1950, le giletjaunisme n'a pas de programme. Il n'est qu'un émiettement de revendications décousues après avoir cumulé plusieurs types de réclamations, du référendum chimérique à l'abolition ou diminutions des taxes, puis à l'ajout de revendications pour « plus d'argent » . Il sera resté l'affaire sous-politique de nostalgiques d’un temps où les petits travailleurs indépendants étaient mieux reconnus que le prolétariat ou que les salariés d’un secteur tertiaire « moyen » en devenir.

Dans la pérennité d'une petite mythologie du giletjaunisme on adjoindra une autre similarité avec Poujade, la voiture paradoxale, arme de combat anti-écologique, péril de cancer et aussi instrument de travail. Le rôle des transporteurs routiers, des marchands forains, des représentants de commerce dans la diffusion du poujadisme à ses débuts fût aussi notoire que les tweets des routiers Drouet et Nicolle Maxime.

Comme je l'avais signalé avant la fin de l'an passé, c'est le politologue5 Jérôme Sainte-Marie qui avait vu clair sur les causes au tout début contrairement à tous mes super-marxistes maximalistes (mais je ne m'étais pas aperçu que le politologue produisait la même analyse judicieuse que le CCI) :

« Il y a tout d’abord, la défaite en rase campagne du mouvement social dans la première année du quinquennat. Puis, l’opposition politique est hors d’état de profiter de l’impopularité de l’exécutif de par ses divisions profondes. Le pays est dans un état de nervosité perpétuelle. Il est donc logique que des formes de contestation plus ou moins spontanées, émanant de la base, voient le jour ». (De l'étincelle au déclin mai 2019).

Je restais dubitatif devant cette dialectique qui faisait naître de la faiblesse du prolétariat une révolte d'ampleur inédite et non pas de l'arrogance d'un gouvernement de jésuites sourds et méprisants, tout autant que par leur crucifixion de la révolte dans cette infâme « interclassisme » où les prolétaires sont en général les dindons de la farce … (article : Des péquenots sans conscience de classe ? 1er mars 2019).

Avec le hochet RIC (référendum d'initiative citoyenne) les gilets jaunes sombrèrent dans le ridicule démocratisme bourgeois hors classes et cet idéalisme de bistrotier, la « justice fiscale ».

« Il y avait Ali Baba et les 40 voleurs, voici le RIC et les 42 revendications gilets jaunes ! Il nous faut sérier ce qui pose problème non seulement à celui qui rédige ici, ni non plus à la seule opinion généraliste mais à tout ouvrier qui réfléchit et qui ne se laisse pas happer par l'enfer des borborygmes et menaces sur les réseaux, où celle-là et celui-ci se comportent littéralement comme un flic : « c'est le RIC qu'il nous faut... c'est ça ou rien... tu n'es pas un « vrai » gilet jaune... Arrêtez d'attaquer Eric c'est le meilleur... ». (article : Le cheval de Troie des gilets jaunes 28 janvier 2019).

Mon article le plus lu fût certainement ma lettre ouverte à Priscilla Ludovsky.

«  (…) Or vous vous arrogez de déterminer trois seules revendications finales en quelque sorte à cette jacquerie moderne qui a dérangé autant le pouvoir bourgeois que les marxistes de salon, comme terminales du mouvement : la baisse des taxes, le RIC « en toutes matières » et la baisse prioritaire des revenus des hauts fonctionnaires. Vous êtes de quel côté ? Des puissants ou des pauvres ? Vous imaginez que nous les pauvres ont croit pouvoir obtenir SOUS LA FERULE DE CE POUVOIR, le beurre, la crémière et le salaire de la crémière ?

D'un côté vous êtes bien représentative d'un mouvement emmené par de petits entrepreneurs comme vous, qui se pensent plutôt managers confirmés à l'avenir que prolétaires comme la majorité de celles et ceux qui ont été au devant des flash ball criminels de la police du sieur Macron, et qui ont été mutilés à vie.

Vous résumez vous-même votre argumentation auprès de ces messieurs du CESE, Conseil Economique Social et Environnemental - cette sinécure à politiciens fainéants - pour la COMMISSION TEMPORAIRE : « FRACTURES ET TRANSITIONS : RECONCILIER LA FRANCE, ainsi sur 4 thèmes :

  1. la transition écologique

  2. les fractures sociales et territoriales

  3. le pouvoir d'achat, les conditions de vie, la justice fiscale,

  4. la participation citoyenne.

Votre participation anodine à ce conclave gouvernemental est déjà une trahison du mouvement , de ses morts, de ses nombreux blessés à vie, de ses injustement condamnés. On ne s'autorise pas de négocier avec un gouvernement qui s'est comporté depuis deux mois comme une bande de voyous, où, par l'antiphrase son premier flic a constamment joué au big brother qui faisait brutaliser les manifestants pour « les protéger contre eux-mêmes ». Vous venez contribuer parallèlement à la mise en route de la supercherie du débat national taillé sur mesure pour le prince, entre tous ses marquis et valets politiciens , du plus vulgaire pion maire de village à la bande des députés soumis dont nous ne supportons plus l'image ni en peinture ni sur BFM. » (Lettre ouverte du 18 janvier 2019).

DIFFERENCES AVEC LES NOUVELLES CONVULSIONS VIOLENTES PETITES BOURGEOISES

Dans son article sur le Covid, le CCI déplore la montée des violences contre le personnel soignant, mais on vient de constater que menaces de mort et dégradations s'adressent désormais aussi au personnel politique, certes bourgeois mais ce qui n'autorise pas à menacer de mort ces personnes ni à les agresser. La violence primaire est tout sauf révolutionnaire. Or, autant nous avions été choqué par la violence policière contre les gilets jaunes, autant nous sommes choqués par cette violence de tout bord, menaces de viols ou d'égorgement à la manière de daech, et du premier abruti venu dans cette ambiance de contestation généralisée de la médecine, de la science et même de tout raisonnement sensé. Les couches petites bourgeoises sont-elles désormais complètement déjantées parce que moyenâgeuses et royalistes ?

La lutte de l’homme contre les maladies infectieuses est fort ancienne. Elle découle probablement de deux notions : des maladies à symptômes bien identifiées étaient connues comme épidémiques ; parmi celles-ci, certaines ne récidivaient pas chez le même individu. On peut lire sur le web d'intéressantes études sur les progrès de la médecine et des vaccinations, je ne vais pas ici épiloguer, mais à d'autres époques des obligations « à la liberté de ne pas se faire vacciner » ont heureusement eu force de loi.

Une méthode coercitive différente fut parfois adoptée : dès 1810, à Dijon, les familles ayant des enfants non vaccinés furent privées du secours des bureaux de bienfaisance. Suivant les pays et leurs traditions de liberté individuelle ou, au contraire, de responsabilité de chaque individu vis-à-vis de la société, des positions très différentes furent adoptées concernant les vaccinations obligatoires. Certains légiférèrent très vite : la Bavière, en 1807 ; la Suède fit en 1816 ; en France, une loi fut promulguée en 1902. La Reine Victoria dû faire adopter six actes successifs (de 1840 à 1867) pour rendre obligatoire la vaccination anti-variolique de ses sujets, sous peine d’amendes ou même d’emprisonnement. La résistance pouvait conduire à la prison mais pas à une vaccination forcée. Très vite, un nombre important de personnes s’élevèrent contre ces lois. En Angleterre, l’ Anti-compulsory Vaccination League fut fondée à Londres, dès 1853. D’autres sociétés ont, très vite, été établies un peu partout. Dès 1898, une clause de conscience fut introduite en Grande-Bretagne permettant d’échapper sans difficulté à l’obligation de vaccination. Le relâchement fut rapide. Les oppositions sectaires aux vaccinations généralisées ont été la plupart du temps orchestrées par curés et bigots.

Un des exemples les plus notables d'une révolte insensée contre une campagne de vaccination se déroula jadis au Canada. Montréal faisait alors face à l'une des pires épidémies de variole de son histoire. À la fin de l'été 1885, la Ville était complètement dépassée par le nombre de malades. Comme si les choses n'allaient pas assez mal, des vaccins de mauvaise qualité avaient obligé les autorités à suspendre la campagne de vaccination en cours. Cette vaccination obligatoire provoqua des émeutes. L'Hôtel de Ville fût pris d'assaut par des gens en colère, qui cassaient les vitres et tentaient de mettre le feu à la maison d'un médecin vaccinateur. L'armée fût appelée en renfort. Après les émeutes de Montréal en 1885, les médecins chargés de la vaccination s'étaient retrouvés plusieurs jours sous protection policière.

La contestation de l'action vaccinale n'est donc pas nouvelle. La contestation n'est pas totalement arriérée si elle en réfère à de graves manquements (médicinaux et pas politico-démocratiques), à des erreurs dans la production ou diffusion des vaccins, aux errements ponctuels des gouvernements. Mais elle oublie généralement les progrès si important pour l'humanité :

1853 premier vaccin obligatoire en Angleterre pur les enfants malgré les cries d'orfraie des opposants bigots. (vu l'éducation primaire de la population de l'époque, l'obligation pour la santé de tous n'était pas plus liberticide que de nos jours...).

1885 Pasteur met au point un vaccin contre la rage mais on l'accuse de l'inoculer.

Années 1920 : Les années 1920 voient se multiplier les vaccins: contre la tuberculose (BCG, 1921), la diphtérie (1923), le tétanos (1926) et la coqueluche (1926).

MAIS la réussite n'est pas automatique. En 2009, une pandémie de grippe H1N1, causée par un virus de la même famille que celui de la grippe dite "espagnole" de 1918, fait sonner l'alerte à l'OMS. Des campagnes de vaccination sont organisées mais l'épidémie s'avère moins grave que prévu. Des millions de doses doivent être jetées et les reproches de mauvaise gestion renforcent la défiance à l'égard de cette campagne, d'autant qu'un des vaccins, le Pandemrix, s'avère augmenter les risques de narcolepsie. En Suède, sur 5,5 millions de personnes vaccinées, 440 personnes reçoivent des indemnisations pour ce trouble du sommeil.

La pandémie actuelle qui dure depuis presque trois années vient pourtant chambouler toute idée de progression non simplement du capitalisme mais d'une science assujettie au profit, d'un hôpital public laissé à l'abandon ; elle vient confirmer, même si personne ne veut en parler (de peur du ridicule ou du fantasme d'un nouvel an mille?) le risque d'une fin de l'humanité, en tout cas de la maladie mortelle portée par le capitalisme : le profit à tout prix et même la guerre à tout prix comme peut la contenir une violence croissante dans toutes les pores de la société civile même.

L'OMS ne parle pas de l'effondrement du capitalisme mais met en garde contre une possible catastrophe sanitaire plus grave que ce que nous connaissons : « Le « tsunami » des cas de Covid-19 dus aux variants Omicron et Delta met à rude épreuve les systèmes de santé, déjà au bord de l’« effondrement », a mis en garde mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ».

On ne peut pas raisonnablement faire systématiquement porter au gouvernement une volonté perverse d' évacuer ses responsabilités mais il faut bien reconnaître que la plupart des anti-vax ont des comportements de marginaux et que nombre de défilés exhibent une foule d'imbéciles, qu'à force de jouer aux gros malins certains y ont laissé leur peau, comme les syndicalistes martiniquais Alain Decaille et Aimé Agat, ou les clowns savants frères Bogdanoff présentés comme de grands scientifiques (bigots) mais plus bêtes qu'une femme de chambre anti-vax. Ces exemples d'inconscients bateleurs de foire égotistes servent au moins à nombre de gens pour se dépêcher d'aller désormais aussi se faire vacciner.

DES PROTESTATIONS QUI ILLUSTRERAIENT UNE PERTE DE CONFIANCE EN L'ETAT ? MAIS LAQUELLE ?

Le phénomène marquant de l'après-guerre, un individualisme intériorisé des foules était déjà identifiable, ce que fit David Riesman avec son livre « La foule solitaire ». C'est encore plus vrai de nos jours. Qui dit foule solitaire dit solitude, mal être, perte des repères de classe. Or ce qui a toujours caractérisé la classe ouvrière c'est l'esprit collectif, la solidarité et la volonté de renverser l'Etat bourgeois pour créer une nouvelle société radicalement différente de la décadence individualiste. Dans cette circonstance d'affolement national où le gouvernement Macron ne se gêne pas pour utiliser en sous-main l'idéologie d'union nationale (« nous sommes en guerre » avait-il déclaré il y a deux ans), la classe ouvrière est naturellement absente, avec ces qualités que je viens d'évoquer rapidement et qui impressionnaient le reste de la société. A-t-elle disparu cette classe comme en rêvaient les Aron, Ellul, la secte mitterrandienne et gauchiste Terra nova et les intellectuels modernistes ultra-gauche ? Certainement pas, mais il y a eu une déstructuration industrielle incontestable qui n'est pas non plus de l'ordre du complot mais de l'adaptation irresponsable des économies nationales à la crise historique et inévitable du capitalisme. Examinons les arguments des sociologues présentés comme « indépendants » et auteurs à succès comme Jérôme Fourquet, lequel a fait sensation avec ses mises en parallèle en surface seulement.

Le 30 mars 1992, l’usine de Renault-Billancourt, haut lieu de l’histoire industrielle et de ses luttes sociales, fermait définitivement, et, douze jours plus tard, le 12 avril, était inaugurée dans un enthousiasme délirant le parc de loisirs Euro Disney, rebaptisé Disneyland Paris deux ans plus tard.

Pour le politologue Jérôme Fourquet et le journaliste Jean-Laurent Cassely, cette conjonction, véritable «destruction créatrice» à la Schumpeter, symbolise un basculement fondateur. La France est alors passée d’une économie centrée sur la production et l’industrie à une société organisée autour de la consommation, des services et du tourisme. Cette «grande métamorphose» comme ils l’appellent est le sujet de leur livre devenu best-seller en deux mois, La France sous nos yeux. Rien de plus visible en effet que le remodelage de nos paysages qui s’est opéré en trois décennies. La disparition de 936 usines de plus de 50 personnes, pour s’en tenir à la recension faite depuis 2008, a laissé la place à quelque 5000 centres logistiques qui quadrillent tout le territoire. Une noria de poids lourds sillonne en permanence autoroutes et nationales alors que des files de camionnettes embouteillent les villes. «La plateforme logistique a remplacé la vieille gare de triage», résument les deux auteurs: il ne s’agit plus de desservir les usines, mais d’approvisionner les centres commerciaux.

Les qualifications demandées sont tout autant bouleversées. «Le cariste d’Amazon a remplacé le métallo de Renault.» Selon l’expression de l’économiste Patrick Artus, «partout en Occident les agents de logistique prennent le pas sur les soudeurs», au grand dam de la filière nucléaire, qui n’en trouve plus pour réparer ses cuves. Fait aggravant, la désindustrialisation a été particulièrement violente en France ; la production industrielle constituait 24 % environ du PIB (Produit intérieur brut) au début des années 1980, elle n’y contribue plus aujourd’hui que pour 10 %.

Paupérisation des métiers et donc de la société? «Services à la personne, chauffeurs VTC et livreurs: la nouvelle classe ancillaire (sic).» Fourquet et Cassely ne mâchent pas leurs mots qui voient dans «la crise des ‘‘gilets jaunes’’ le soulèvement des classes subalternes». Le déclassement est manifeste comparé aux emplois industriels d’antan qui ont servi d’ascenseur social aux «classes populaires». Et ils en concluent à «une démoyennisation par le bas» de toute la population. Ce qui devrait se traduire selon moi plutôt par paupérisation des couches petites bourgeoises est décrit comme une perte de statut social intermédiaire et regrettable pour cadres et autres petits chefs.

Un Olivier Galland, chercheur au CNRS et spécialiste de la jeunesse (!?) , s’inscrit en faux contre une prétendue «démoyennisation»: «Cette classe à moindre pouvoir d’achat a toujours existé et elle était même plus nombreuse pendant les Trente Glorieuses, simplement, le sentiment qu’on pouvait s’en extraire était sans doute plus fort.» Les graphiques remontant à 1936 qu’il a publiés sur le site Telos indiquent certes un effondrement des catégories «ouvriers», «agriculteurs», «artisans, commerçants» et même «employés». Mais à l’inverse, les métiers de «cadres», 15 % des actifs aujourd’hui, sont en plein essor, tout comme «les professions intermédiaires» (professeurs des écoles, infirmiers, assistantes sociales, contremaîtres, etc.) qui représentent une personne en emploi sur quatre, selon l’Insee. «En réalité, on assiste plus à une recomposition de la classe populaire qu’à la fin de la classe moyenne: les ouvriers (surtout les non qualifiés) laissent progressivement la place aux travailleurs peu qualifiés des services. Mais ces groupes sociaux peuvent difficilement être rangés dans la classe moyenne», souligne Olivier Galland.

De surcroît, la paupérisation s’exprime moins en termes pécuniaires - pouvoir d’achat théoriquement préservé en 25 ans pour toutes les classes - que dans les modes de vie. Des vies mutilées pour beaucoup. La France «qui se présente à nos yeux» est celle du «hard discount» et de la frénésie du Black Friday, «le seul moment de l’année où pour certains il est possible d’acheter un téléphone portable électronique ou un écran plat neuf», note Fourquet. Il décrit ainsi «une économie de la débrouille» dont les infrastructures sont constituées par les plateformes d’achat/vente d’objets usagers, tels Leboncoin et Vinted.

Fourquet est bien gentil mais oublie l'essentiel : l'extension du domaine de la solitude. Ce qu'une

Lise Barnéoud met bien en relief pour expliquer les rétifs contre les vaccins, ou le complotisme vient se substituer à la réelle conscience politique de classe :

« Je crois que le récit anti-vax peut plaire surtout dans des moments comme ceux que nous venons de traverser, avec beaucoup d'angoisses et de solitude. Ce discours consiste à dire : "Attention, on cherche à nous manipuler. Ne faites confiance à personne".

Les gens ont passé des mois isolés avec peu de sources d'information et Internet fonctionne comme une chambre d'écho. Plus on commence à lire ce genre de contenus, plus on va nous en proposer. Puis plus on va le partager et on va se créer sa propre communauté. On va avoir l'impression que c'est la vérité parce que toute sa communauté partage les mêmes informations." Un discours parfois repris par les médecines douces ou alternatives. Certaines personnes pensent que la nature nous a pourvus d'une meilleure immunité que celle des vaccins. Or on le voit bien, la nature ne suffit pas toujours pour se défendre ».

Pour quelques sociologues la méfiance anti-étatique et envers les vaccins est plus présente chez les personnes qui ont un faible revenu. Le sentiment antivax est également plus présent chez les femmes que les hommes (celles qui sont cloîtrées à la cuisine?) et se retrouve plutôt chez les personnes qui rejettent totalement les partis politiques, ou qui sont proches des partis d'extrême droite, et dans une moindre mesure d'extrême gauche. Ce n'est pas faux, dans le nord de la France comme à Marseille on compte une proportion plus importante de la population non vaccinée. Ce ne sont pas les couches les plus dynamiques de la classe ouvrière mais cela s'explique et n'est pas simple. Après des décennies de licenciements paupérisation et remplacement des immigrés en lieu et place de la classe ouvrière classique, la méfiance anti-étatique, injustifiée sur le plan médical, demeure. Mais on ne peut pas l'imputer aux seules couches « à faible revenu ». Comme le dit celui-ci : « le profil n'est plus le même si l'on s'intéresse spécifiquement aux antivax qui militent. Et ceux qui manifestent contre le passe sanitaire ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui militent sur Internet. Prenez le cas de l'extrême droite : la majorité des électeurs sont plutôt issus des CSP- [les catégories socioprofessionnelles modestes, comme les ouvriers ou employés à bas revenus, NDLR], alors que dans les manifestations, vous avez une surreprésentation de CSP+ [cadres, hauts revenus, NDLR] »6

De plus, les manifestations anti-passe sanitaire sont très hétérogènes. Les mouvements traditionnels antivax y sont très présents. Mais il y a aussi l'extrême droite, notamment via Florian Philippot qui gravite dans les cercles complotistes. A la gauche de la gauche, il y a une partie qui est embêtée et dont le discours consiste à dire "nous ne sommes pas contre la vaccination, mais contre le passe" et qui tente de faire un peu de ménage dans les cortèges, en enlevant certaines banderoles, et une autre partie opposée à la vaccination. Il ne faut pas oublier les groupes Gilets jaunes. Et dans tout cela, personne ne sait si les antivax composent la majorité des cortèges ou pas.

AUX ORIGINES DE CETTE CONTESTATION HETEROCLITE...

Bien sûr la disparition au premier plan de cette classe ouvrière industrielle et concentrée (centre de tri postal, centres SNCF et EDF, etc.) explique cette contestation qui se mort la queue noyée dans l'individualisme le plus crasse, incapable d'une vraie critique politique du capitalisme, cherchant plutôt comment adapter sa décadence à leurs besoins égotistes, locaux ou corporatifs. La désillusion pour les partis politiques et les syndicats, pas négatives en soi concernant ces mafias classiques, interdit toute conscience de la nécessité de partis « de classe » puisque les contestataires ne sont qu'un marais d'individus mécontents comprenant même nombre d'ouvriers paumés, dont l'abstention ou le vote zemmourien ne représentera que le grand rien.

Le concept de « chantage sanitaire » vise à faire croire qu'une opposition primaire et incohérente à l'Etat serait une lutte politique fondamentale pour contrer le fichage généralisé par un gouvernement « liberticide », et nocif à monsieur toulemonde.

Enfin l'insistance de tous ces braves sociologues que nous venons de lister sur la « déstructuration de la classe ouvrière » n'est en fait que la continuation de la négation de celle-ci par les clans de la gauche au pouvoir pendant deux décennies à la suite de Aron et Cie. Car même sans centres industriels, et sur des bases de révolte contre les inégalités, la répression, les conséquences sociales et économiques des dépenses impérialistes, la classe ouvrière des improductifs, des services et des derniers petits bastions industriels peut se retrouver dans la rue où retrouver sa force et sa solidarité dans un combat unificateur qui débouche sur l'élection de Conseils révolutionnaires. Au moins la mobilisation initiale des gilets jaunes laisse cet exemple de la possible massification de rue. D'ailleurs, comment a-t-on pu l'oublier, Mai 68 ne s'est pas déroulé à partir des ouvriers enfermés par le syndicat dans l'usine Renault mais dans la rue avec une joyeuse spontanéité, une générosité et une indifférence au statut sociologique ou à l'âge ou au sexe de celle ou celui qui marchait à côté de vous sur les grands boulevards. Pas pour le « respect des droits démocratiques » et autres hochets de la bourgeoisie « républicaine » mais pour une révolution bien lointaine et encore imaginaire dont tout laissait à croire qu'elle ne resterait alors qu'une rêverie de hippies plus ou moins trotskiens ou anarchistes attardés. Pour l'heure.



NOTES

1https://www.lexpress.fr/informations/enquete-sur-la-fin-du-monde_595621.html. Et il serait intéressant de lire mon livre sur le messianisme marxiste, que personne ne veut me publier.

2« Le régime parlementaire représente d'ailleurs l’idéal de tous les peuples civilisés modernes. Il traduit cette idée, psychologiquement erronée mais généralement admise, que beaucoup d'hommes réunis sont bien plus capables qu'un petit nombre de prendre une décision sage et indépendante sur un sujet donné. Nous retrouverons dans les assemblées parlementaires les caractéristiques générales des foules : le simplisme des idées, l'irritabilité, la suggestibilité, l'exagération des sentiments, l'influence prépondérante des meneurs. Mais, en raison de leur composition spéciale, les foules parlementaires présentent quelques différences que nous indiquerons bientôt.Le simplisme des opinions est une des caractéristiques les plus importantes de ces assemblées. On y rencontre dans tous les partis, chez les peuples latins surtout, une tendance invariable à résoudre les problèmes sociaux les plus compliqués par les principes abstraits les plus simples, et par des lois générales applicables à tous les cas.Les principes varient naturellement avec chaque parti ; mais, par le fait seul que les individus sont en foule, ils tendent toujours à exagérer la valeur de ces principes et à les pousser jusqu'à leurs dernières conséquences. Aussi ce que les parlements représentent , ce sont des opinions extrêmes ». Psychologie des foules, 1895.

4« L’époque qui précède cet avènement est la nôtre : celle de la montée de la violence et du racisme, de la haine des bébés (maternité de plus en plus tardive) et des enfants, de la mort des vieux traités comme des déchets (les décès par suite de la canicule passent dans les mœurs) (p. 351), de la désexualisation des relations, de la toxicomanie, du suicide, du pullulement des sectes, de perversions diverses (pédophilie, pornographie, cannibalisme, parricide), et de la généralisation d’actes de torture et de barbarie. Officiellement, dans cette société de consommation, rien ne manque et tout est permis, sauf le meurtre des enfants et la pédophilie : progressivement, l’on n’y baise plus (d’abord à partir d’un certain âge) et l’on y préfère les chiens aux relations humaines. Bref, nous sommes en pleine « décomposition de la société » (p. 128)… La solution Houellebecq par Marie-Jean Sauret : https://www.cairn.info/revue-psychanalyse-2006-3-page-27.htm




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