PAGES PROLETARIENNES

samedi 15 mai 2021

L'Antiracisme contre la lutte de classe

 


« Il n'y a pas de mission nègre ; il n'y a pas de fardeau blanc (…) Ma vie ne doit pas être consacrée à faire le bilan des valeurs nègres. Il n'y a pas de monde blanc, il n'y a pas d'éthique blanche, pas davantage d'intelligence blanche. Il ya de part et d'autre du monde des hommes qui se cherchent (…) Je ne suis pas esclave de l'Esclavage qui déshumanisa mes pères ».

Frantz Fanon (cité par P. Bruckner)


Le 2 juin 2020 Le Monde titrait :

« Le racisme tue, ici, là et partout » : des milliers de manifestants rassemblés à travers le monde

Les manifestations dénonçant les brutalités policières et le racisme se sont propagées dans au moins 140 villes américaines, mais aussi en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Irlande ou en France.

Des portraits de George Floyd et un panneau sur lesquels était écrit « Le racisme tue, ici, là et partout dans le monde » ont été accrochés sur la clôture devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. Dimanche, à Rio de Janeiro, au Brésil, des manifestants scandant « Je ne peux pas respirer ! » s’étaient rassemblés à proximité du Palácio Laranjeiras, le palais du gouverneur de l’Etat, et ont été dispersés par la police en tenue antiémeute, alors qu’à Sao Paulo certains manifestants ont apporté des pancartes faisant référence à George Floyd lors d’un rassemblement contre le président Bolsonaro. »

Le 13 mai 2020, un an après on pouvait lire le même credo :

« Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi 13 mai au Brésil contre le racisme et les violences policières, une semaine après une sanglante opération de police dans une favela de Rio de Janeiro, qui a fait 28 morts.

«Ni balle, ni faim, ni Covid. Le peuple noir veut vivre!»: les manifestants, qui portaient des masques sanitaires contre le coronavirus, ont réclamé la fin de la discrimination envers les personnes noires et métisses - qui représentent 55% de la population - le jour où le Brésil commémore la fin de l'esclavage en 1888 ».

Dans le défilé à Rio de Janeiro, des pancartes proclamaient «Contre le génocide, la rébellion est juste» ou «Justice pour Jacarezinho», du nom de la favela où a été mené le raid meurtrier de la police, selon laquelle il s'agissait de démanteler un groupe qui recrutait des enfants et des adolescents pour des activités de trafic de drogue, vols, enlèvements et assassinats.

Selon des associations de défense des droits humains, cette opération antidrogue a été la plus meurtrière jamais réalisée dans les favelas de cette métropole brésilienne, où vivent les populations les plus défavorisées, noires majoritairement, habituées à ce type de descentes policières.

(...)

Ce que nous voyons, c'est que les noirs sont ceux qui meurent le plus, ceux qui meurent le plus par arme à feu, qui sont le plus au chômage et qui sont le moins vaccinés. C'est une politique de génocide, une politique mortifère», a déclaré à l'AFP une manifestante, Dara Santana de Carvalho. «Nous sommes ici pour exiger la fin du génocide noir, réclamer des vaccins, des emplois et l'égalité des droits», a renchéri un autre manifestant, Alexandro de Santos Visosa. Des manifestations similaires, organisées par la « Coalition noire pour les droits », ont également eu lieu à Brasilia, Salvador et dans la capitale économique du pays, Sao Paulo, où 500 personnes se sont rassemblées, dont certaines avec des pancartes «Dehors Bolsonaro», le président d'extrême droite

La police visait des trafiquants de drogue accusés de recruter des enfants et adolescents à Jacarezinho, considéré comme une base du «Comando Vermelho» (le «Commando rouge»), le plus important gang de trafic de drogue de Rio de Janeiro. Le raid a transformé à l'aube cette favela en zone de guerre. Certains habitants ont raconté avoir vu des cadavres gisant au milieu de mares de sang dans les ruelles. Une femme a dit à l'AFP qu'un jeune avait été abattu à l'intérieur de sa maison, où il s'était réfugié après avoir été blessé par balle. La police a assuré avoir suivi les procédures avant d'ouvrir le feu et avoir saisi d'importantes quantités de drogue et d'armes à feu.

Parmi les morts figure un policier victime d'un tir en pleine tête et dont les funérailles vendredi après-midi ont donné lieu à un hommage ému de la part de ses collègues et des mouvements prônant un tour de vis sécuritaire dans un Brésil gangrené par la violence et la drogue

Les 27 autres morts sont des «suspects», a assuré la police, qui va devoir le prouver et expliquer pourquoi ces personnes n'ont pas été arrêtées. Durant la pandémie de coronavirus qui sévit toujours à Rio, les raids de la police ont été suspendus par la Cour suprême. Le juge Edson Fachin, de la même Cour suprême, a ordonné vendredi au parquet fédéral et à celui de Rio d'enquêter sur deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont l'une «montre une action qui, en théorie, pourrait représenter une exécution extrajudiciaire».


Nul doute que la police du populiste incompétent Bolsonaro ne se gêne pas pour tirer dans le tas, ce que le RN ferait probablement s'il parvenait au pouvoir en France, chose peu probable mais qui conviendrait à beaucoup de gens chez nous excédés par les violences de « territoires perdus de la république », mais qui, tout autant que le laxisme et l'impuissance de la justice bourgeoise, ne résoudrait en rien la question sociale et la décomposition sociale.

Revenons au Brésil, pays très influencé lui aussi par les médias américains notamment par cette trouvaille en exclusivité mondiale de la culpabilité des « blancs ». En France depuis 2016 on a vu défiler les manifs du comité « Vérité pour Adama » protestant contre une bavure policière ; nombre d'autres bavures jalonnent les années 2000 et ne donnaient pas lieu à des manifestations d'ampleur, voire disparaissaient pour perte et profit. La visibilité et la persistance d'une telle protestation, basée surtout sur une protestation raciale ne peut s'expliquer en restant hors du contexte de protestations de toutes sortes de communautés ou minorités dans le monde. Comme le féminisme et l'écologie, l'antiracisme s'intègre dans cette trilogie d'une dénonciation suprême du capitalisme, mais pourtant sans danger pour lui. D'Hollywood à toute la petite bourgeoisie européenne l'antiracisme est devenu source de succès. La sœur d'Adama a même fait la une du Times avec une chevelure qui fait croire qu'Angela Davis était coiffée en brosse.

Le slogan « justice » clamé par les manifestants antiracistes ou sincèrement compatissants avec la bavure en dit long sur l'absence de radicalité politique de cette protestation ; comme si dans le monde actuel l'Etat capitaliste et « sa » justice pouvait rendre justice aux victimes de sa répression, fussent-ils marginaux et dealers, ce que certains anarchistes n'ont compris que partiellement1.

Comité Adama comme Black Lives Matter ne sont aucunement une expression du prolétariat mais au contraire participent de sa négation qui n'est pas faite pour déplaire à la classe dominante très antiraciste donc très moraliste, qui laisse populariser et défiler des mouvances racialistes, des mouvements de jeunesse sans tête et sans réflexion historique, ni véritable appréhension de quelle révolution est nécessaire.

Il n'y a pas un « peuple noir » comme le répercute la presse recopiant le cri imbécile d'un activiste racialiste au Brésil ou en France, mais un peuple de pauvres et surtout au milieu ou autour la classe ouvrière.

AU BRESIL LA POLICE NE TIRE PAS SUR « LES NOIRS » MAIS SUR LES PAUVRES !

Embringué par journalistes et activistes gauchistes on est submergé par la nouvelle idéologie américaine – tout à fait antiraciste mais couplée avec cette ineptie de « privilège blanc » (que la bourgeoisie rigole bien!). Idéologie simpliste et totalement mensongère et anarchronique où la culpabilisation des blancs procède hors de toute réflexion sociale, économique et historique. Ce que démontre Pascal Bruckner dans son dernier livre, sans doute le meilleur2 :

« L'Amérique défie le racisme dans les termes même du racisme en renvoyant chacun à sa couleur de peau, au mépris de toute analyse sociale. Elle combat le mal en l'aggravant. Le résultat en est une fragmentation à l'infini » (p.23).

« Puisque le conflit des identités a remplacé la lutte des classes, toutes lee catégories opprimées ont en commun de ployer sous le joug d'un même ennemi, l'homme blanc hétérosexuel, le couple intersectionnel par excellence ». (p.43)

« Les nouveaux lobbies (CRAN, CCIF, Brigade enti-négrophobie, etc.) se constituent selon des lignes ethniques ou religieuses. Ils recrutent directement dans les quartiers, épinglent la moindre dérive pour obtenir une reconnaissance médiatique et progresser sur un marché en pleine expansion ». (p.169)

« ...S'ils sont pris sur fait lors d'un vol ou d'une agression, on soupçonnera immédiatement la police d'avoir agi par racisme. Et cela s'étend jusqu'au terrorisme dont les coupables devraient être exonérés pour la même raison (on invoquera alors le grief d' « islamophobie »). (ibid)

Les Houria Bouteldja, Taha Bouafs comme la sœur Traoré considèrent leurs opposants, qu'ils se nomment Zemmour ou Tartempion comme des « sous-chiens »...

Il y a des années que le milieu révolutionnaire (étroit et méconnu que je nomme maximaliste) a dénoncé le virage négationniste du prolétariat par les bourgeois « socialistes »3, Bruckner rappelle très bien la manœuvre qui aboutit à cette navrante idéologie anti-blanc et qui voit des colonisateurs partout, fils et petits fils :

« ...en 2010, la Fondation Terra Nova (proposa) d'abandonner le peuple d'hier au profit de l'alliance des bourgeois urbains cosmopolites et des banlieues. La prédominance du racial sur le social, de l'éthique sur le politique, du minoritaire sur la norme, de la mémoire sur l'histoire, explique l'effondrement des gauches classiques et la résurgence des estrêmes gauches reconverties dans la défense des loyautés ethniques. Au lieu d'engager un combat collectif en faveur du progrès et de défendre l'égalité devant la loi, les social-démocraties s'enlisent dans un flirt douteux avec les mouvances indigénistes et décoloniales, mercenaires idéologiques d'une certaine Amérique ».

Si le mot révolutionnaire n'était pas si galvaudé on pourrait dire ici que Brukner est révolutionnaire.

« Il n'y a pas de communauté « noire » en France, car il n'y a pas d'histoire commune entre tous ces individus, entre un Antillais, un Sénégalais ou un Congolais, ou un afro-descendant ou un sub-Saharien qui ne parlent pas la même langue et ne peuvent même pas « revendiquer le monopole funeste de la victime ». (p.208)

Brukner oublie de noter que la coupure culturelle est effectuée, avec l'accord de l'Etat, au sein de la classe ouvrière avec les mosquées autorisées dans les usines et de sprofs en banlieue qui se plient aux codes islamiques :

« Outre la Shoah, Madame Bovary (est) remise en question car d'était l'histoire d'une femme adultère, le plan des basiliques également, Voltaire aussi qui avait insulté le prophète. Tous « haram », péché... ». (p.233)

« Qu'est-ce qu'un migrant ? Le nouveau héros de la martyrologie contemporaine qui a remplacé le prolétaire et le guérillero. Il est à la fois l'étranger qui va nous régénérer et le damné de la terre ». (p.271)

« Ce que deviennent les naufragés ensuite retient moins l'attention, qu'ils finissent rackettés par des gangs, exploités par des marchands de sommeil, employés à des salaires de misère par des patrons indélicats ou jetés dans des camps de fortune, dans des conditions indignes comme à Lesbos en Grèce, Calais ou Grande-Synthe dans le nord de la France ». (p.285)

« Au lieu d'intégrer les différentes minorités, la société debrait s'adapter à elles et embrasser leur vocation messianique ». (p.323)

LE VIRUS IDEOLOGIQUE DU RACIALISME A LA MODE

Plus brillant encore est le livre de Mathieu Bock-Côté – La Révolution racialiste (ed La Cité). Qu'on n'en finira pas de citer :

« La racialisation des rapports sociaux devient l'horizon indépassable du progrès démocratique dans la civilisation occidentale ». (p19)

« Qu'une telle mouvance se déploie n'est pas surprenant : le messianisme hante l'histoire de la civilisation occidentale et l'énergie religieuse inemployée dans une société sécularisée qui ne croit plus aux vielles idéologies qui ont marqué le XX ème siècle finira toujours par se canaliser quelque part ». (p.23)

« Cette idéologie pénètre désormais le milieu de l'entreprise privée qui, loin d'y résister, s'en fait le vecteur, en assure la publicité, comme s'il s'agissait d'une image de marque. Cette nouvelle idéologie américaine s'acharne particulièrement sur la France, à laquelle on reproche de s'entêter à ne pas voir le monde sous le prisme racial ». (p.29)

« … la prospérité de la civilisation occidentale serait fondamentalement illégitime, elle ne devrait rien à sa propre dynamique religieuse, philosophique, politique, culturelle, technique et économique. Elle serait exclusivement le fruit de l'exploitation coloniale et du pillage ». (p.54)

« Attribuant une fonction messianique aux minorités, elle (Nathalie Batraville) ajoutait même que, « depuis des siècles, les Autochtones et les Noirs se tiennent prêts à guider nos communautés vers un point où nous pourrons contempler ce qui existe au-delà de la suprématie blanche ». (p.64)

« Il n'est donc plus rare, au-delà des frontières américaines, de voir des inspecteurs mandatés par le régime diversitaire tenir une comptabilité raciale stricte des organisations publiques et privées, pour en arriver à la conclusion attendue que les Blancs y sont encore trop présents et que la diversité peine à s'y faire une place. « Diversité » étant le terme codé pour dire que les Blancs sont trop nombreux dans des sociétés historiquement « blanches », même si elles ne se représentaient pas dans ces termes. Dans le monde occidental du début des années 2000, on peut donc, très ouvertement, reprocher à quelqu'un sa couleur de peau au nom de l'antiracisme ». (p.98)

« Car l'Université n'habite pas seulement un monde parallèle : elle en fabrique un où elle force la société à basculer et parvient ç interdire par la maîtrise et la surveillance du langage public qu'on en sorte. Elle fabrique un réel de substitutions, fondé sur une épistémologie radicalement constructiviste, qui artificialise intégralement l'existence humaine, comme si elle était purement plastique, et ne permet qu'on l'aborde qu'après l'avoir idéologiquement reconstruite de part en part. C'est dans les sciences sociales que s'élabore l'idéologie dominante de notre temps. En d'autres termes, elles ne se contentent pas de légitimer l'idéologie dominante, mais elles la produisent en fabriquant ses concepts et les représentations du monde ; elles produisent un savoir nouveau sur le monde, censé transformer fondamentalement notre rapport à l'existence, dans une perspective émancipatrice. Le réel ici n'est qu'un fantasme réactionnaire et la nature, une fiction idéologique au service de patriarcat. Les sexes n'existent plus qu'à la manière de résidus biologiques. On décrète aussi l'inexistence des peuples, des nations, des civilisations, des religions, comme si le fantasme de la table rase se redéployait dans le langage de la sociologie ». (p.180)

En tout cas, merci beaucoup à des deux auteurs, à leur défrichage et déshabillage de la principale mystification issue de la décomposition de la gauche bourgeoise.


NOTES

1« Effrayée pa l'incendie social et la colère, la bourgeoisie libérale, depuis Kim Kardashian jusqu'à Jeff Bezos, ont alors promis la prise en compte des Noirs. Ils ont promis la fin du racisme et ils mentaient » (cf. « Soulèvement, premiers bilans d'une vague mondiale par Mirasol (?) ed Acratie). Sous un langage anti-parti et anti-syndicat cet obscur collectif tient un bla-bla inconsistant à la gloire des gilets jaunes, Live Blaks Matter et Black blocs ; les appels sont de types anarchistes, tout en se réclamant de Marx et de Lénine : « Pillons et distribuons. Attaquons la police. Dans la composition du prolétariat américain, Black Lives Matter est donc un cri de révolte et de refus des conditions sociales d'existence ». (p165). Ils (il?) proposent de « porter la révolution au sein de l'armée ». De nouveaux maos spontex ? Avec le même fond d'idéologie gauchiste multiculturelle et antiraciste.

2 Un coupable presque parfait, la construction du bouc émissaire blanc, ed Grasset

3Lire : Contribution : l’« anti-capitalisme » gauchiste contre le prolétariat - Révolution ou Guerre (igcl.org), et la plupart des articles du CCI sur l'idéologie gauchiste « ressourcée » antiraciste mais plus du tout anticapitaliste.

lundi 10 mai 2021

La « conscience raciale » de la gauche bourgeoise

 


« Elisons des inconnus »

Tag de la Commune de Paris


De la « figuration » antiraciste en politique :

L'autre jour, sortant du métro Gentilly, je prends en passant un tract qu'on me tend. Sans le lire comme toujours, je le plie en quatre et le glisse dans ma poche. Ce n'est que plus tard, à la maison, que je le déplie et découvre les deux personnes en photo sans sigle politique clair. Un bandeau rouge avec deux lettres VM et « Val de Marne EN COMMUN avec Christian Favier ». Au milieu vous pouvez lire : « UN DEPARTEMENT ECOLOGIQUE PROTECTEUR DEMOCRATIQUE », et c'est signé « VALDEMARNEENCOMMUN.FR ».

Les deux candidats du tract rédigé en langage inclusif, semble-t-il pour une élection régionale sont à l'évidence des candidats de la théorie de la « diversité », elle est arabe et lui africain d'origine, et certainement français juridiquement. D'ordinaire pour ce genre de placard électoral, on adjoignait une personne de la « diversité » à un français d'origine. L'homme noir candidat porte un nom célèbre pour les uns sujet à caution pour d'autres, Traoré. A quoi répond tout ce trafic d'une présentation surtout peu claire sur l'origine politique initiale de ces deux candidatures sans prétendant de souche « blanche » ou en tout cas française ancienne, me suis-je demandé ?

Une remarque d'abord du point de vue communiste originel. Lorsqu'au début du siècle dernier des candidats de partis vraiment communistes se présentaient dans un cadre électoral encore considéré comme progressiste ce n'était pas avec leur tronche mais pour un programme. Depuis la contre-révolution de l'avant deuxième boucherie mondiale, tous les partis exhibent des « tronches », politiciens blancs, puis politiciennes femmes, maintenant politiciens arabes ou africains. Rien ne change sur le fond de la tartufferie électorale bourgeoise. Je me souviens avoir refusé sur le marché d'Etaples le tract distribué par un arabe, lequel papier ne présentait que sa tronche et le sigle PS ; je trouvais cela infamant pour les électeurs d'origine arabe, ainsi traité comme... illettrés !1

Deuxième remarque, la propagande racialiste est aussi grossières, en visant une certaine population concentrée mais surtout ghettoïsée dans des blocs d'immeubles en béton et parqués près du périph. Les logements HLM du pourtour de Paris sont peuplés de plus en plus d'une population d'origine immigrée dont Saint Denis est emblématique 2– qui comprend le truc de la loi française : pour disposer d'un appartement avec plusieurs chambres, il faut se dépêcher de faire au moins trois gosses3. L'argument de favoriser la diversité favorise en fait la ghettoïsation malgré le discours officiel. Cette population de travailleurs, fliquée par l'islamisme, qui vient décorer les « quartiers à bobos » (mais en reste séparée, et en bordure) est nécessaire à la bourgeoisie parisienne pour les boulots de merde. Ces travailleurs sont eux-mêmes concurrencés par des prolétaires pakistanais ou africains qui s'entassent dans une chambre de bonne ou des caves intra-muros pour servir comme cuistots ou manœuvres en tout genre. Hélas pas de pot pour les rabatteurs électoraux de la gauche disparue, ces prolétaires ne risquent pas de voter pour eux, et ceux qui sont mieux logés non plus car la plupart croient plutôt au messianisme islamique qu'au messianisme municipal ou national de l'aile gauche décatie de la bourgeoisie et de ses succédanés islamo-gauchistes.

Alors qu'il y a une forte abstention qui se confirme à chaque échéance et malheureusement un racisme désolant, qui confirme que si l'intégration ne marche plus, l'acceptation sans préjugés non plus, Kofi vient se plaindre lui de sa gloire passée bafouée. Le livre de Kofi Yamgname, élu et célébré jadis comme premier maire noir de France à Saint-Coulitz dans le Finistère - « Mémoires d'outre-haine » - puis récompensé comme ministre du bourgeois Mitterrand, vient témoigner d'une arriération qui existe encore en France. On peut regretter qu'il n'ait pas été publié plus tôt et ne vienne que s'adosser à la campagne perverse de Black Lives Matter – au même niveau démagogique que Me Too - qui sert surtout brouiller les questions politiques de fond, et faire oublier que Kofi ne fût qu'un pion de cette gauche bourgeoise dont personne ne veut plus, sauf les vieilles momies mitterrandolâtres qui commémorent en vain la « force tranquille » de « Dieu ». Kofi roule lui aussi désormais aux côtés des momies inconsistantes pour cette fable « d'émancipation raciale », qui est une geste aussi révolutionnaire que lorsqu'il était sous-ministre de l'Etat bourgeois4.

Revenons à nos deux élus en lutte pour ravir le canton du Kremlin-Bicêtre-Gentilly . Ce qui est frappant est qu'ils avancent racialisés et masqués...politiquement. Ce ne sont que des grenouilles du PCF décati, qui tente de se refaire une santé politique sous couleur raciale. Le Kremlin (sic) comme Arcueil ont été longtemps des territoires staliniens, qui ont été contrariés dès la fin des années 1990 et discriminés comme trop chauvins, et qui tombent depuis longtemps comme feuilles mortes. Les héritiers putatifs du stalinisme ont laissé tomber la classe ouvrière multiraciale pour caricaturer un faux internationalisme racial qui rend les blancs coupables de tous les péchés y compris la colonisation sauvage des siècles passés

Au bourrage des urnes habituel en zone stalinienne, ont succédé des bâtards du PS avec l'étiquette écolo. Ainsi lors des municipales de 2020 à Arcueil la tambouille électorale locale était aussi puante qu'au niveau national. Face à la candidature PS-écolo du maire Christian Métairie, la nouvelle droite centriste (LREM et MoDem) avait présenté un noir, Benoît Joseph Onanmbele, qui fort de ses 29% de voix au premier tour, se voyait déjà élu de plus avec un retournement de veste de Karim Baoutz, le soutenant pour le deuxième tour, alors qu'il était le candidat de Mélenchon.

Résultat : 64% d'abstention !

Cette racialisation de la vie politique locale vous l'ignorerez si vous êtes un brave gauchiste vivant dans un loft à deux pâtés de barres en béton et vous vous contenterez de penser que les 64% d'abstentionnistes ne sont que des fachos racistes. Peau de balle ! Même les prolétaires d'origine immigrée de ces banlieues n'ont pas mordu à l'hameçon de la tambouille électorale. L'écolo-PS a été remis en place de justesse malgré la concurrence « antiraciste » (figurée) de la droite centriste macronienne et nos deux candidats « racialisés » pour la photo sont bénis par le bonze Favier du conseil départemental, institution girondine dépendant de l'Etat bourgeois.


DES CANDIDATURES DE COULEUR POUR RETOQUER LA DEMOCRATIE BOURGEOISE

(La gauche bourgeoise qui n'a plus de nom n'est plus qu'une pitoyable marionnette de l'antiracisme oecuménique)

D'une manière générale, la « racialisation » de la vie politique est la nouvelle morale générale désormais qui prétend culpabiliser les prolétaires, surtout blancs, avec un manichéisme hérité du stalinisme . D'un quelconque Traoré à Besancenot et dans les ministères, c'est la nouvelle mantra capitaliste qui signifie que le racisme est pire que le capitalisme, tout comme vous pourriez dire que la paix est pire que la guerre, en oubliant que l'une renvoie à l'autre, et que le pire est tout de même la guerre. La plupart des journalistes, artistes et intellectuels de renom nous chantent cette complainte. Couplé à la terrible accusation d' « islamophobie », l'accusation de racisme « intrinsèque » est devenue le nouveau terrorisme idéologique qui a pour but d'empêcher de penser sérieusement la politique, de la même manière que la pensée stalinienne imposait la binarité diable/bon dieu et la génuflexion devant ses politiciens incultes et bonzes syndicaux.

Ce souci d'imposer un quota de représentation d'arabes et de noirs sur les plateaux TV ou dans les conseils municipaux a pour prétention de revaloriser une démocratie « non-raciste » mais pas de « changer la vie », comme l'avait laissé croire Tonton, ni surtout de parler de révolution prolétarienne, car, comme le dit un auteur prisé par Libération Ulysse Rabaté : « Les communistes ont perdu quand « le peuple de gauche a décidé de ne plus être de gauche, et même de ne plus être le peuple carrément »5.

Comprenez c'est la faute aux ouvriers français qui déjà, se fichaient du PCF, because devenus racistes. Evoquant avec nostalgie le « communisme municipal », Ulysse Rabaté, ce rabatteur de l'idéologie « racialiste » dont les quartiers doivent devenir les promoteurs... grâce à son école de formation (la FRAP) ; notez bien les termes « nous recrutons », « nous construisons », nous « sédi...mentons » si toutefois cela vous rappelle un parti « municipal » :

« Les jeunes que nous recrutons se sont présentés spontanément à la formation : la première promotion a choisi de se nommer « Les Misérables », en référence au film de Ladj Ly, qui lui-même reprenait Victor Hugo6. C’est complètement l’esprit du mouvement que nous construisons : nous nous inscrivons dans une histoire politique, celle de la gauche, et nous revendiquons une capacité à sédimenter à cette histoire un ensemble de pratiques et de profils qui peuvent, d’une certaine manière, la sauver. D’Olivier Besancenot à de Kaabal, en passant par Elsa Faucillon, Danièle Obono ou Joëlle Bordet, les personnalités qui ont accepté d’intervenir l’ont fait selon nous au nom de cette nécessité, qu’ils ont également identifiée. Nous sommes extrêmement fiers de voir nos jeunes progressivement accepter et assumer ce rôle »7.

LA MIXITE IDEOLOGIQUE RACIALE AU CINEMA

Le cinéma reste le principal vecteur de l'idéologie dominante et l'endroit où l'on fait croire que les préjugés sociaux de tout ordre peuvent disparaître sous domination capitaliste. La réussite de certains acteurs noirs n'a rien changé au quotidien parfois intolérable pour des populations « étrangères » ni modifié les conditions de travail des millions noirs et blancs. Le cinéma reste ce qu'il est, de l'illusion. La bourgeoisie aime bien vendre de l'illusion.

Les œuvres d'art sont donc également touchée par le nouveau jdanovisme. Les dix petits nègres d'Agatha Christie ont donc été renommés « ils étaient dix ». Comme si le ridicule ne suffisait pas à cette nouvelle inquisition raciale, tout écrivain ou cinéaste, ou professeur peut se voir mis en procès s'il a utilisé la mot nègre par exemple et non pas un simple N. Si vous dites « n »gger » c'est un péché, il est obligatoire de dire « n »word ». Comme les blancs sont fondamentalement racistes, il faut prévoir : « … une formation à la diversité obligatoire pour tout le personnel enseignant.. »8.

Quentin Tarantino devra aller se rhabiller et demander pardon. Sorti en 2013, Django Unchained est l'un des grands succès critiques et populaires de ce réalisateur. Mais si son western spaghetti dénonce l'esclavage dans le sud des Etats-Unis, il a tout de même été accusé de racisme. Des critiques américains reprochent au long-métrage l'utilisation outrancière du "mot qui commence par un N", utilisé à 110 reprises dans le long-métrage.

Cachez ce sein que je ne saurais voir.



À suivre...


NOTES

1Franchement les origines de ces deux personnes m'importe peu ; elles sont placardisées pour une même politique de guerre des places pour l'ego de chacun et son porte-monnaie. Ces jeunes néophytes de couleur ou pas, sont aussi corruptibles que ceux de vieille souche, et incontrôlables tout leur mandat comme tous les élus bourgeois. Si ces deux personnes, présentes comme moi en AG de grève, postulaient en tant que prolétaires pour être délégués et sur base de propositions claires, je voterais tout à fait fraternellement pour elles.

2Les PLS (Prêt Locatif Social) et les PLI (Prêt Locatif Intermédiaire), attribués aux familles dont les revenus sont trop élevés pour pouvoir accéder aux locations HLM ordinaires, mais trop bas pour pouvoir se loger dans le secteur privé (plafond en région fixé à 34.743 € de revenus annuels pour un couple sans enfant).

En Île-de-France, les plafonds sont plus élevés, d'environ 20 %.

Les différentes catégories ont été fixées pour créer de la diversité au sein du parc social. "Le but, ce n'est pas de créer des ghettos, explique Juliette Furet, responsable du département des politiques sociales à l'Union sociale pour l'habitat, il faut pouvoir répondre aux besoins des publics défavorisés, tout en contribuant à la mixité sociale des villes".

De plus, en fonction de la surface habitable du logement, le nombre de pièces attribuées aux locataires est également normalisée :

1 personne : T1 au T2 maximum (studio ou deux pièces, environ 32 m2)

2 personnes : T1 au T3 maximum (du studio au trois pièces, environ 45 m2)

3 personnes : T2 au T4 maximum (deux, trois ou quatre pièces, environ 65 à 80 m2)

4 personnes : T3 au T5 maximum (du trois au cinq pièces, environ 95 m2)

Quels sont les cas prioritaires pour obtenir un HLM ?

Il existe des catégories prioritaires dans l'accès au logement social : les personnes mal logées ou en logement temporaires, les personnes en reprise d'activité après une période de chômage, les personnes menacées d'expulsion ou sans logement et les victimes de violences conjugales. Les demandes entrant dans ce type de catégories sont traitées avant les autres et peuvent bénéficier d'un temps de réponse réduit.

"Chaque situation est traitée au cas par cas, explique Raymond Fraccola, directeur de l'association régionale pour l'habitat dans la région du Nord, une femme seule avec un enfant est, en principe, plus prioritaire qu'une autre famille, sauf si cette dernière se trouve dans une situation de plus grande précarité".

4 « Je crois que l'avenir de notre planète est dans le métissage racial, culturel et scientifique. Nous mourrons des frontières géographiques, religieuses, idéologiques. Il faut mettre fin à tout ça », est la généralité de base de Kofi Yamgnane.

5Ulysse Rabaté dans Libération du 3 mai, petit arriviste professoral qui ose prétendre que « les obsédés de l'islam et du communautarisme trustent l'espace public » et dénonce « les sénateurs qui interdisent aux femmes voilées d'accompagner des sorties scolaires ». Ce zigoto de la gauche sans nom fait partie de cette mouvance louche du clan Adama qui a décrété que la police est raciste. Il regrette le bon temps du « communisme municipal » : « C’est aussi à cette distance désarmante entre la gauche et les classes populaires, et particulièrement les quartiers, que l’on peut mesurer la disparition du communisme municipal et de « l’extraction populaire » qui faisait la spécificité et l’autorité de ce modèle ».

6Film débile, racialiste qui voulait héroïser les banlieues en déshérence et exalter le meurtre des flics comme révolutionnaire et islamique, et qui fût salué par les artisses suivistes et corrompus.

7« Les mobilisations antiracistes récentes révèlent une conscience politique ancrée dans les quartiers » - Entretien avec Ulysse Rabaté (lvsl.fr) . Ce rabatteur de l'idéologie racialiste et communautaire a fait l'objet d'une pub élogieuse par l'ensemble de la presse bourgeoise de Libération au Parisien.

8« La révolution racialiste » de Mathieu Bock-Côté, p.91.

Après le NPA le parti macroniste s'y met aussi