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dimanche 9 août 2020

DEVOIR DE VACANCES: ARCHIVES DE LA GAUCHE COMMUNISTE ITALIENNE, IL SEME N°5 (suite du bulletin interne)

                                            Une critique des camarades belges

concernant la position contenue

dans le rapport Vercesi

sur les “revendications partielles”

(traduction:JP Laffitte)  

Les numéros 7 et 8 de “Comunismo”, l’organe de la Fraction belge, contiennent une étude de la situation en France intitulée : “Les convulsions de la décadence capitaliste dans la France du Front populaire”. Nous conseillons aux camarades de suivre les publications de la Fraction belge ; et, dans ce numéro de “Seme”, nous ne pouvons que nous limiter à mentionner les parties de cette étude qui sont destinées spécifiquement à critiquer les positions contenues dans le rapport Vercesi sur la question des revendications partielles.

« Si nous examinons maintenant les répercussions économiques que les Accords de Matignon ont eues sur les salaires ou sur la situation dans les entreprises, il est avant tout évident qu’elles ont été un coup dur pour ces dernières, et ce d’autant plus que – nous l’avons déjà indiqué – leur capital est en général de composition moyenne, c'est-à-dire d’équilibre entre le capital constant et le capital variable, et que les fluctuation des salaires se répercutent plus sensiblement sur le taux d’exploitation des forces de travail que dans les grandes  usines à machinisme développé. Rappelons qu’à capital égal, les grandes entreprises bénéficient normalement d’un taux d’exploitation supérieur. Mais, dans un cas comme dans l’autre, il n’en est pas moins vrai que toute augmentation des salaires réels fait baisser automatiquement le taux d’exploitation, étant donné que le salaire et la plus-value sont les deux éléments constitutifs de la journée de travail et que l’augmentations de l’un réduit inévitablement la part de l’autre, et inversement. En conséquence, quand les camarades italiens (dans “Bilan”  n° 43, p. 1405) nous disent que « le capitalisme parvient à élever le taux d’exploitation des ouvriers tout en procédant en même temps à des augmentations de salaire », il ne peut s’agir que d’une erreur provoquée par leur désir de conférer la force d’une preuve à la thèse qu’ils défendent et sur laquelle nous reviendrons dans le second chapitre (voir la suite des extraits de l’étude – Ndr). Ce qui est exact, c’est que l’augmentation du profit (et aussi de son taux – en  pourcentage – Ndr) peut parfaitement se conjuguer avec celle des salaires dans une phase d’expansion de la production, quand le capital constant se répartit sur une plus grande quantité d’unités produites, comme lorsque la masse de plus-value augmente. Dans le cas concret, en France, ni l’une, ni l’autre de ces éventualités ne s’est réalisée dans une mesure équivalente à une reprise. ».

L’on peut en revanche affirmer que les augmentations de salaire (en moyenne de 10%), combinées avec l’application des lois sociales, ont fait baisser temporairement le taux d’exploitation du travail à un niveau tel qu’il n’assurait plus (à l’exception des grandes entreprises) la rentabilité capitaliste. L’erreur consistait dans le fait de considérer que ce qui avait été concédé sous la poussée des masses pouvait s’incorporer définitivement dans le programme du capitalisme. La vérité est que le Front populaire a vu sa théorie de l’augmentation du pouvoir d’achat des travailleurs consacrée par les faits, et ce malgré lui : c’est ainsi que son crédit auprès des masses s’en est trouvé renforcé, ce qui constituait pour le capitalisme le gain politique qui compensait la perte économique subie en raison des Accords de Matignon. Ceux-ci étaient les conséquences que le capitalisme payait pour le rétablissement de l’ordre et la consolidation de l’Union sacrée. Mais le fait que, au lieu de pouvoir “diminuer” ses dépenses de production, comme la situation le lui imposait, la bourgeoisie ait été obligée de les augmenter et d’hypothéquer le profit prévu portait déjà préjudice à l’attitude qu’elle aurait prise à l’égard des réformes quand les circonstances lui seraient redevenues favorables, attitude qui s’est précisée après le dernier Conseil des ministres de Rambouillet.

La dictature capitaliste pouvait tolérer de grandes réunions populaires : cortèges, meetings, serments collectifs, et même des grèves de masse, à condition que cela se produise dans la confusion, dans une ambiance politique qui étoufferait les tout petits embryons de conscience prolétarienne susceptibles de devenir les éléments constitutifs d’une Fraction de gauche. La dictature démocratique comprenait qu’elle ne pouvait pas empêcher l’éclatement des conflits sociaux, mais il était toutefois d’une importance capitale pour elle de les encadrer dans le Front populaire et de les réabsorber, y compris au prix de concessions économiques temporaires au sein de l’Union sacrée des classes, laquelle ne pouvait pas trouver d’autre issue en dehors de la guerre impérialiste.

À notre avis, quelques précisions s’imposent ici parce qu’il semble que les formules énoncées par nos camarades italiens, préoccupés qu’ils sont de situer avec exactitude les luttes partielles dans le cycle des conflits impérialistes – qui ouvrent une nouvelle phase du capitalisme –, ont quelque peu embrouillé, plutôt qu’éclairci, les positions de la lutte prolétarienne dans la nouvelle situation.

Nous croyons pouvoir résumer l’opinion de ces camarades (Bilan, numéros 41-43 : Thèses de Vercesi) à peu près de la manière suivante : la nature prolétarienne de la grève revendicative ne garantit pas l’orientation ultérieure des événements vers des solutions prolétariennes : de plus, la lutte pour des revendications partielles ne traduirait plus réellement la contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat parce que l’évolution des situations aurait modifié la substance de cette contradiction. En d’autres termes, l’antagonisme social aurait été transféré de la sphère des grèves revendicatives dans la sphère supérieure des luttes pour le pouvoir.

Ceci se justifierait par le fait que les luttes partielles s’intègrent actuellement à un processus économique orienté essentiellement vers la production de guerre et que les succès revendicatifs conditionneraient en quelque sorte la collaboration des ouvriers à l’organisation et au fonctionnement de l’économie de guerre et, par conséquent,  également leur adhésion à la politique d’Union sacrée qui les précipite dans le massacre impérialiste ; la production intensive des armements rendrait ces succès possibles, et c’est ainsi que certaines concessions économiques du capitalisme (augmentation des salaires, 40 heures, congés payés, etc.) ne seraient plus incompatibles avec l’existence d’une société bourgeoise en déclin, comme les communistes l’affirmaient jusqu’au début de la période actuelle. Pour ce qui concerne la lutte partielle en soi, il est certain que, malgré le caractère inaltérable de sa nature de classe, elle n’a jamais contenu des vertus capables d’assurer le développement de la conscience de classe du prolétariat, mais uniquement des possibilités d’un tel développement.

Quand nous constatons par exemple que les succès économiques des ouvriers, en mai 1936, qui ont été obtenus incontestablement sous la pression des grèves, ont réalisé en contrepartie la victoire politique du capitalisme, nous n’enregistrons pas du tout un phénomène particulier à l’époque présente, celle de l’expansion de l’économie de guerre. Cette contradiction, nous la retrouvons par exemple à l’époque de “stabilisation” capitaliste de 1924-1928  et, plus en arrière, dans la phase “coloniale” du capitalisme, environ vers 1880-1900 ; les “succès revendicatifs” sont à la base de l’opportunisme de la II° Internationale et ils n’ont pas du tout développé automatiquement un progrès dans la conscience de classe.

Sans tomber dans le paradoxe ou dans l’arbitraire, l’on peut dire que le prolétariat a souvent – si ce n'est toujours – tiré de plus grands enseignements de classe de ses défaites que de ses victoires. Ceci se produit également dans le domaine revendicatif.

Pour un marxiste, la réforme sociale n’a jamais représenté “un morceau de socialisme” – même quand celle-ci se manifestait sous les formes les plus radicales de la “socialisation” comme en Espagne, en juillet 1936 – pour l’excellente raison qu’il s’agissait d’une expression de la vie capitaliste évoluant dans le cadre du système capitaliste et que, donc, par nature, elle était incapable de menacer les bases de ce système ; la réforme sociale est à la dictature bourgeoise ce qu’est la transformation sociale à la dictature du prolétariat. D’où l’opposition fondamentale entre Octobre 1917 en Russie et Juillet 1936 en Catalogne. Ceci ne signifie pas que, même dans le cadre bourgeois, la réforme sociale ne se heurte pas à des limites historiques pour être finalement écrasée dans les convulsions décadentes de l’évolution capitaliste. Mais quand nous interprétons cette situation comme étant une caractéristique du déclin impérialiste, nous n’avons pas l’intention d’énoncer une notion absolue, mais plutôt de souligner une tendance plus importante, que certaines conjonctures peuvent conserver ou bien renverser temporairement.

L’on peut donc affirmer que les succès ouvriers dans le domaine économique n’ont jamais enfreint les lois de la production bourgeoise, mais qu’ils ont plutôt tendu à “régulariser” le fonctionnement de la loi de la valeur et du salaire. En revanche, les étapes du développement du prolétariat, en tant que force idéologique et politique indépendante, ont représenté autant de coups de pioche dans l’édifice de la domination capitaliste et c’est bien pour cela que la bourgeoisie, si elle a souvent consenti à des compromis économiques, n’a jamais admis de transiger quand se posait la question du pouvoir.

Dans une telle éventualité, c’est la violence qui tranche le nœud gordien de la lutte, c'est-à-dire le rapport des forces en présence et non pas la volonté des révolutionnaires.

De manière analogue aujourd'hui, si nous devons rattacher les manifestations primitives de la lutte de classe (grèves revendicatives) à la réalité de la situation internationale, laquelle pose en termes aigus l’alternative de la guerre ou de la révolution (l’objectif central et permanent des marxistes consiste dans le fait de relier les réactions de classe aux situations réelles), nous devons le faire en nous rattachant nous-mêmes à la réalité du rapport de classe existant en définitive. Dire que la contradiction de classe s’est déplacée de la lutte revendicative vers la lutte pour le pouvoir et que, par conséquent, la revendication immédiate des ouvriers ne s’exprime pas dans la première, mais dans la seconde, c’est, par rapport au présent, se confiner dans le numéro gagnant.

C’est le travail central des communistes, lequel inspire toute leur activité immédiate et ultérieure, que de poser le véritable enjeu de la situation actuelle, à savoir sa chute inévitable si le prolétariat ne parvient pas à briser les liens de l’Union sacrée qui l’asservissent à l’État capitaliste : de souligner que, comme les prolétaires d’Espagne et de Chine doivent opposer leur défaitisme de classe à la guerre antifasciste, ceux des autres pays doivent agir de manière analogue par rapport au processus économico-politique qui les entraîne à leur tour dans le cycle de la guerre impérialiste, localisée ou générale. Il s’agit donc de directives générales qui traduisent la situation en langage communiste et qui font partie de la propagande politique de l’avant-garde. Mais il reste alors à les incorporer dans la lutte ouvrière afin de l’orienter vers l’autre issue de l’alternative : la révolution.

Le problème concret n’avance donc pas d’un pas parce que l’on affirme que l’antagonisme de classe ne se manifeste pas aujourd'hui entre patrons et ouvriers, mais entre capitalisme et communisme. En effet, l’opposition entre ces deux types de société révèle la nature de la contradiction fondamentale qui s’affirme en permanence, mais aussi objectivement depuis le moment où la production bourgeoise est en déclin. D’autre part, la lutte partielle, si elle n’est plus qu’une forme (la moins élevée) de la lutte historique entre la bourgeoisie et le prolétariat, elle demeure toutefois une expression de la contradiction de classe et elle ne peut pas être autre chose.

Pour les communistes, la revendication partielle n’est pas un objectif en soi, mais un moyen, un point de départ. Le fait que, à l’époque de la décadence capitaliste, lorsque la lutte ouvrière se limite à l’action revendicative, cela affecte toujours de manière défavorable son résultat, c’est l’ABC du marxisme, mais la lutte partielle revêt une importance capitale quand les ouvriers utilisent leur arme spécifique : la grève, que le capitalisme vise précisément à détruire. Dans certaines conditions, la grève est la seule action qui donne au prolétariat les possibilités de s’opposer à l’appareil d’oppression économico-politique du capitalisme et d’ouvrir un cours qui débouche vers le renversement des situations. Étant donné que nous vivons encore dans une phase profondément réactionnaire de la lutte de classe qui révèle que le prolétariat n’existe pas en tant que force politique indépendante, il est impossible de faire effectuer un saut à la lutte de classe en substituant comme objectif immédiat la lutte pour le pouvoir à celle qui incite les ouvriers à défendre leur pain. C'est dans la bataille revendicative que les communistes doivent démontrer aux ouvriers qu’ils doivent rattacher leurs actions à des objectifs supérieurs débouchant sur la phase révolutionnaire. Il ne s’agit pas de mettre la revendication partielle au premier plan, mais il s’agit simplement de ne pas oublier que c’est elle qui détermine tout le développement ultérieur et que c’est dans ce sens qu’elle est immédiate.

Sinon, l’on en revient à la position de Trotski qui, sur la base d’une analyse de la situation en France (avril 1935) et après avoir dénoncé le néo-communisme (sans la grève) des centristes, en arrive à conclure que « la plus immédiate de toutes les revendications était de revendiquer l’expropriation des capitalistes  et la nationalisation, la socialisation des moyens de production, mais que, puisque cette revendication était irréalisable sous le domination de la bourgeoisie, il fallait conquérir le pouvoir ! ».

        

 

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Idéalisme ou matérialisme ?

 

 

« Il y a toujours eu des faits, et des événements, visibles et tangibles pour tous (termes non soulignés dans le texte) et non pas seulement par certains prophètes privilégiés, qui imposent, de par leur évolution, des solutions de plus en plus claires et progressives, toujours dans l’esprit d’ “un pas en avant des masses” ».

 

Ce passage se trouve à la page 50 de SEME n° 4. Le renvoi aux faits, aux événements, n'est pas suffisant pour masquer le contenu antimarxiste de cette pensée.

Je dis antimarxiste, parce qu’idéaliste :

1°) Le terme “tous” détruit la notion de l’avant-garde qui doit être conçue du point de vue matérialiste, à savoir, par conséquent, en prenant comme comparaison le cerveau, qui secrète la pensée, et qui correspond à une “matière” plus élevée que ce que peut être l’autre, c'est-à-dire celle que tous, sous l’impulsion brutale des événements, peuvent concevoir.

2° Les mêmes tous, sans toucher et sans voir, savent par exemple qu’il y a aujourd'hui la guerre en Chine, mais pas tous cependant et même très peu savent que, en Espagne, c’est une guerre impérialiste qui y est menée, et tous ces gens qui ne savent pas cela en ce moment même paient de leur vie cette impossibilité de leur part de pouvoir s’élever au-dessus du toucher et du voir, et de comprendre la trame sanglante de l’embuscade tendue par l’ennemi.

 

Un philosophe idéaliste des années 1700 disait à peu près ceci : « Si tous les gens présents lors d’un certain fait qui a eu lieu s’accordent à dire la même chose après avoir vu, senti, touché, il est évident que cette pensée est juste ». Eh bien la Fraction, à elle toute seule, sans “toucher”, sans “voir”, a pu donner par exemple une réponse aux événements d’Espagne, une réponse qui, par la suite, a eu une confirmation si retentissante que même ses adversaires (les plus sincères) doivent reconnaître. Avec ceci, je ne veux pas dire qu’il est nécessaire d’être éloigné des événements pour pouvoir bien les comprendre, non, mais je veux seulement démontrer que ce n'est pas la présence pure et simple lors de certains mouvements qui permettent d’arriver à une compréhension, de même que ce n'est pas non plus lorsque les faits sont saisis par tous que l’avant-garde s’exprime, puisque son rôle n’est confirmé qu’à la condition qu’elle sache indiquer les symptômes d’une tendance en mouvement.

 

Cette condition idéaliste, que je trouve chez Bianco, pointe dans cet autre passage,    page 52 du SEME n° 4 : « Il y a celle du moindre effort qui substitue aux faits, à la vie, qui semblent arrêtés, des solutions idéales (les termes ne sont pas soulignés dans le texte) construites de manière cérébrale avec la pensée ».

 

Il est évident que l’on défend ici l’idée selon laquelle la pensée n’est pas le fruit de la matière, c'est-à-dire que la pensée peut être élaborée en dehors des faits, finalement de la vie ; l’on détruit ainsi la thèse fondamentale de la conception matérialiste qui proclame que la pensée est le produit du cerveau, lequel n’est rien d’autre qu’un organe bien “matériel” fonctionnant en tant qu’attribut de la réalité extérieure.

 

Et c’est toujours sur la même base idéaliste, à propos du rôle des militants communistes dans les syndicats, que Bianco s’exprime à la dernière page n° 56 du SEME n° 4 : « Le militant communiste dans le syndicat participe à toutes les manifestations, quelles qu’elles soient, qui sont organisées par les syndicats, il accomplit en cela la fonction d’un thermomètre qui enregistre la température. Son cerveau ne peut pas en être déréglé étant donné qu’il se trouve en dehors du milieu où se déroule la manifestation et que les fils régulateurs sont à l’extérieur, dans le parti qui lui se trouve dans le milieu historique déterminé et en opposition ouverte avec celui de la manifestation (termes non soulignés dans le texte). ».

 

Il est clair qu’ici aussi pour Bianco, le cerveau n’est pas un organe qui agit en reflétant la réalité, et c’est la raison pour laquelle celui-ci peut croire qu’il peut rester relié au parti tout en se trouvant dans le milieu historique en opposition ouverte à celui de la manifestation, même si lui, Bianco, demeure dans le milieu de la réalité ennemie, de sorte que pour Bianco, le militant qui est tel, puisqu’il est le fruit du milieu du parti, peut se détacher de ce milieu et agir sur un terrain qui n’a aucun lien avec la finalité que le parti lui-même se propose.

 

Et il ne faut pas croire que Bianco veuille répéter une notion ancienne et juste quand il est question d’agir sur un terrain spécifique de classe, non, il ne dit pas cela, bien qu’il écrive de manière très claire ceci : opposition ouverte à la manifestation ; c'est-à-dire que le parti se trouverait en opposition ouverte et que l’on pense que cette opposition n’a été appliquée par la Fraction que quand il s’agit d’organismes passés à l’ennemi. C'est pourquoi il est clair qu’il s’agit de la conception caricaturale du léninisme qui nous fait voir le bolchevik présent dans tous les lieux où la masse est présente et, quand l’heure sonne, crac, les “dirigeants” sont présents ; mais certainement que Bianco ne veut pas dire cela parce que, si c’était vrai, il aurait élargi le plan “stratégique” et proposé une pénétration de toutes les administrations de l’État par les militants ; et alors, qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Pour autant que je le sache, la Fraction s’est trouvée en lutte contre tous sur les trois points suivants : 1°) pour la destruction et non la pénétration des syndicats fascistes ;           2°) contre la participation à la guerre impérialiste et pour le défaitisme et la transformation de cette guerre en guerre civile ; 3°) désertion et dénonciation des manifestations, y compris celles qui sont organisées par les syndicats sur un terrain d’union sacrée, prélude à la guerre impérialiste et lien direct avec elle. Bianco se trouvait-il peut-être en désaccord avec la Fraction sur l’un de ces trois points ? C’est impossible car ils sont unis par un lien si indissoluble que, si l’on en rejette un, cela revient à détruire les autres.

 

En définitive, s’il existe l’indépendance individuelle dans le domaine de la pensée vis-à-vis du parti, à l’intérieur de celui-ci, il n’est pas possible d’accepter l’indépendance du militant sur le terrain extérieur où l’organisme agit avec une physionomie organique et centralisée. D’autre part, le parti doit maintenir son indépendance au sein de la classe et il doit lutter toujours sur le terrain de classe, y compris quand celle-ci est la proie de l’ennemi. Le cours parallèle qui se déroule entre la classe prolétarienne et le parti n’a pas lieu parce qu’il existe une coïncidence entre les deux éléments, étant donné que, si l’on concevait les choses ainsi, l’on oublierait que le parti est également un fruit expérimental historique qui lui permet de rester sur les voies de classe en toute situation (et quand le parti dégénère, la Fraction apparaît en tant que continuité révolutionnaire).

 

Lier le parti aux conditions que l’ennemi parvient à donner au prolétariat équivaudrait à réduire l’avant-garde au même niveau que les organismes de masse, qui représentent un stade inférieur de la lutte historique de la classe prolétarienne, laquelle, au contraire, s’exprime par le biais du produit supérieur qu’est le parti.

 

Le terme de “synthèse” prend la place du concept démagogique ouvriériste que l’opportunisme est parvenu à faire triompher, afin de mieux trahir ce même prolétariat dont il voulait défendre “l’honneur” en déclarant que le parti est une partie intégrante de la classe. Dans la pratique, le concept en question est réalisé avec la transformation du parti en cellules, base décisive pour la destruction de la notion de parti. La formule de la synthèse exprime au contraire très clairement l’élément parti avec les points suivants : 1°) la notion d’indépendance du parti vis-à-vis de la classe, et bien que la marche des deux éléments soit parallèle, aille dans la même dircetion, il n’existe pas de solubilité des deux éléments ; 2°) la nécessité d’un apport scientifique historique qui ne peut provenir que des déserteurs de la classe ennemie(*) ; 3°) le caractère spontané des adhésions individuelles qui, en triomphant de tout particularisme, sont disposées à tous les sacrifices pour un organisme issu de la même volonté politique de ses membres, et, à leur tour, ces membres sont le fruit des conditions mêmes qu’ils ont créées.

 

Évidemment, si l’on accepte que le militant soit un produit du parti et que, d’autre part,  la théorie nous enseigne que l’individu ne peut être conçu qu’en tant que produit social et non isolé, en lui donnant une investiture divine (et c’est ce que Bianco fait) il n’est pas possible – à moins il ne s’agisse d’un phénomène inconnu de la science – que Bianco reste et agisse matériellement sur un terrain bien défini et concret, c'est-à-dire sur le terrain qui représente le cours qui est à l’opposé de l’autre cours révolutionnaire, celui où se trouve et agit cet organisme dont il est le produit.

 

Quand Bianco affirme que son cerveau ne se dérègle pas parce qu’il est attaché au parti « avec des fils », il fait encore une fois une erreur. Si l’on peut accepter que Bianco maintienne l’indépendance de son propre cerveau “individuel” (et, encore une fois, il ne s’agit pas de concevoir l’individu isolé, mais il s’agit ici d’un militant qui veut lutter pour la révolution dans le camp ennemi), et cette possibilité d’indépendance est très relative, le cerveau qu’est la cellule du parti est cependant immédiatement détruit. Si cela n’était pas vrai, toutes nos positions intransigeantes à l’égard de la méthode manœuvrière, érigée en principe par le centrisme, le trotskisme, etc., seraient erronées. Seraient alors justes toutes les manœuvres qui ont entraîné tant de défaites pour le prolétariat ; serait alors juste tout le bagage opportuniste à partir duquel, en tant que son opposition brutale, notre Fraction est née ; et enfin on verrait la destruction de la thèse historique fondamentale de l’impossibilité absolue de pénétration et de coexistence de la classe prolétarienne au sein de la classe capitaliste. Après le réformisme de la II° Internationale, après l’expérience de la dégénérescence de l’État prolétarien, et enfin après la dernière expérience des socialisations tant proclamées de la Catalogne, ce postulat historique représente l’un des points décisifs sur le chemin de l’émancipation de la classe prolétarienne, sur la route qui mène à la conscience de pouvoir opposer à la société existante l’autre société qui, abstraitement, se trouve au sein de la classe ouvrière et qui, concrètement, se forme et se réalise au sein de l’avant-garde, et ceci n’est possible qu’en opposition extrême à tout ce qui tourne autour de la société actuelle qui est mourante.

 

Une autre thèse, exposée à la page 54 du SEME n° 4, démontre la manière de penser antidialectique du camarade Bianco : « Les communistes ont toujours su et affirmé que les syndicats ont toujours représenté de fait l’Union sacrée en temps de paix et en temps de guerre. Ils savent que les syndicats ont toujours représenté, dans tous les pays, l’instrument fondamental, la soupape de sécurité, destiné à maintenir le lien du capitalisme avec le prolétariat et son contrôle sur lui ».

 

En admettant a priori un fait qui s’est conclu par l’évolution contradictoire d’années dont les révolutionnaires ont pu prévoir et dénoncer la tendance, mais dont il ne pouvait pas constater la conclusion sans tomber dans le ridicule, c'est-à-dire avant que la quantité de facteurs dégénératifs ne se soit transformée en qualité réelle de trahison, Bianco non seulement détruit la conception du saut, étant donné que, si la chose existait, la nécessité du déclenchement fait défaut, et qu’elle est même est impossible, mais encore une fois, avec ce raisonnement, il parvient au renversement de l’idéologie matérialiste qui admet le mouvement de la matière. De cette manière-là, dans le domaine des sciences naturelles et physiques, si l’on suit le concept de Bianco, l’on pourrait affirmer par exemple que l’être humain a toujours existé alors qu’il est prouvé que, avant l’homme, il existait des animaux, et que, encore avant, la planète se trouvait en pleine combustion volcanique.

 

La méthode dialectique permet au contraire, dans une certaine mesure, de concevoir et de mettre en œuvre des perspectives parce qu’elle donne la possibilité de repérer les différents éléments qui composent un mouvement donné, mais c’est seulement quand les conclusions se présentent concrètement qu’il est possible de prendre position sur la nouvelle orientation que les situations prennent à chaque étape conclusive.

 

En déclarant, face à la réalité objective actuelle de l’union sacrée, que celle-ci a toujours existé, Bianco exclut la possibilité d’évoluer dans les nouvelles situations, étant donné que la pensée marxiste ne peut progresser que sur la base concrète des faits. Il n’est pas possible de suivre l’évolution des situations sans avoir des points d’appui bien clairs. Bien qu’étant la négation de la logique formelle, la pensée dialectique n’en renonce pas pour autant à la proclamation de la vérité logique objective qui consiste à dire par exemple que nous sommes aujourd'hui dans une situation de guerre impérialiste. Cette constatation objective permet l’élaboration d’une pensée relative à une perspective à venir ; si, au contraire, l’on dit que la situation de guerre, d’union sacrée, a toujours existé, c’est la renonciation totale au progrès de la pensée et la pétrification de l’organisme qui, pour être révolutionnnaire, doit se trouver sur le “halte qui va là” des situations sous peine de se fossiliser.

 

Bien qu’étant un facteur de volonté, le parti agit dans les situations sur la base d’une possibilité d’action, et le croisement qui se produit entre la volonté et la situation objective représente la capacité du parti d’avoir une connaissance exacte de la situation extérieure. La capacité de la part du parti (ou de la fraction) de savoir déserter le terrain de l’union sacrée et dénoncer son action : la guerre, etc., c’est aussi la capacité d’intervenir demain dans les situations de la lutte révolutionnaire. Nous tromper en gravant la réalité du devenir dans sa propre caractéristique est une erreur relative, mais c’est une erreur fatale quand au contraire l’organisme est incapable de répondre au caractère immédiat de la situation. Si la capacité de juger la situation qui se présente fait défaut, c’est alors l’incapacité de savoir saisir le moment suprême, celui que Lénine, seul, en octobre 1917, a su indiquer et qu’il a fait triompher au sein de la Centrale du parti, c'est-à-dire le moment d’une situation, bien que se caractérisant comme révolutionnaire, pour laquelle la question insurrectionnelle ne se posait pas indépendamment de la présence de facteurs dont le contrôle demandait une extrême sensibilité à tous les mouvements de la matière incandescente. Le fait que la capacité du parti en ce moment-là se soit concentrée en un seul individu était peut-être inévitable, comme il était inévitable que le triomphe de la nécessité de l’insurrection soit acceptée à l’unanimité et cela non pas en raison d’un esprit “papiste”, mais parce que Lénine a pu s’élever au niveau du contrôle de la situation étant donné qu’il était le produit d’un milieu dont l’extrême sélection politique comportait une grand capacité de laquelle devait inévitablement naître une unité de vues.

 

Dire que le fait que les syndicats aient été la proie de la classe ennemie a toujours existé, c’est céder au pur fatalisme. Ce qui est certain et qui a toujours existé depuis que les organisations syndicales existent, c’est que deux orientations se présentaient à elles : l’orientation révolutionnaire ou celle de l’incorporation dans la classe ennemie ; la capacité marxiste, c’est la capacité de savoir surveiller et dénoncer là où l’incorporation se produit ; ne pas se préoccuper de cela, c’est concevoir que la lutte dans les syndicats doit toujours être menée les yeux fermés, même quand ces organismes ne sont plus sur un terrain prolétarien, cela veut dire mettre la conception marxiste au rancart, ne pas savoir distinguer ou ne pas chercher à distinguer les deux terrains : le terrain prolétarien et le terrain capitaliste ; voilà une belle méthode d’analyse digne de ceux qui pensent que la terre est immobile.

 

Il n’est pas possible non plus d’affirmer qu’il existait déjà un fait concret, dans sa formation, même minuscule, d’incorporation, du moment que les syndicats se trouvaient à la merci d’un ensemble de facteurs qu’il n’est pas possible de vouloir les comparer à la situation actuelle.

 

Avoir voulu affirmer dans le passé que tel ou tel facteur représentait les éléments définitifs de la trahison et de l’union sacrée aurait été du pur fatalisme ; ce qui en revanche est évident, c’est que le poison ennemi était présent et que le syndicat ne pouvait l’éviter qu’en empruntant la voie opposée, celle de la révolution. Ce poison était représenté par ces tendances contrerévolutionnaires qui agissaient bien sur un terrain de classe prolétarien, mais que la fraction n’hésitait pas quand même à dénoncer dans leur activité, parce que celle-ci, avec la maturation des situations, aurait amené le prolétariat dans les bras de l’ennemi.

 

On peut dire, après les déclarations de Staline et le 14 juillet 1935, que l’unité syndicale représente la conclusion victorieuse du capitalisme. C'est une unité qui s’effectue avec l’accord réciproque des deux organisations pour “l’indépendance syndicale” et l’interdiction de la liberté de fraction. Ne luttions-nous pas continuellement pour l’unité syndicale ? Eh bien la réalisation de cette unité a coïncidé avec la destruction  de l’unique élément qui représentait  l’espoir d’une orientation de classe : la fraction syndicale ; c’est sur cette unité que le capitalisme a réalisé les conditions pour une phase inévitable dans le parcours de sa décadence.

 

« Dans les périodes de “vide” qui coïncident presque toujours avec l’absence physique de l’avant-garde révolutionnaire, les éléments qui apparaissent sur la scène comme dominants, ce sont les antagonismes et la rivalité entre les différentes castes qui demeurent les acteurs principaux ».

 

Ce passage dénote une fausse vision de ce que représente la lutte de classe. Comme tous les prolétaires décapités, Bianco est transporté par la nébuleuse de la manœuvre de la bourgeoisie et il voit la situation à travers les lunettes que l’ennemi a imposées aux masses. Est-ce que ce sont les castes “rivales” qui luttent entre elles ? Ou bien est-ce la classe capitaliste, laquelle se présente sous les divers masques qui vont du fasciste au trotskiste, etc., qui se trouve dans les différents points qui correspondent à la place exacte occupée par la fonction d’empêcher le véritable ennemi (le prolétariat) de voir clair ? Il est sûr que les castes “rivales” luttent entre elles, mais c’est pour trouver la meilleure façon de massacrer le prolétariat, et c’est pour cela que la lutte de classe continue ; elle ne continue pas cependant sur le terrain d’hier, mais plutôt là où l’on assiste aujourd'hui à la destruction du prolétariat, que ce soit dans la guerre armée ou que ce soit dans la phase inférieure de l’union sacrée et de l’économie de guerre, et c’est dans ce secteur de la guerre que le prolétariat doit lutter pour faire irruption sur le terrain révolutionnaire, car c’est là qu’il est cloué. Un jour viendra où le prolétariat rira au nez de ceux qui indiquaient le sentier tortueux au fond duquel ne se trouvait pas le début de sa libération, mais plutôt la chaîne des fronts impérialistes et de l’économie de guerre.

 

Et de nouveau apparaît ici la fausse notion du concept marxiste : périodes vides, lutte de caste. Sans certainement le vouloir, Bianco annonce l’arrêt de la lutte de classe. Au contraire, la pensée marxiste nous enseigne que la matière est en mouvement perpétuel. Et si l’histoire trouve porte close sur le terrain du progrès économique, quelle est l’issue que le marxiste doit prévoir à propos de cette matière qui ne s’arrête jamais ?

 

Peut-être Bianco croit-il que ce sont les “castes” qui peuvent arrêter le mouvement ? Impossible, puisque la réalité extérieure existe indépendamment de la volonté humaine. Ce que peut faire Mussolini par exemple, c’est de fournir une orientation au mouvement, vers l’Éthiopie, vers l’Espagne, et le Front populaire ne fera rien de différent, c'est-à-dire canaliser le mouvement vers le secteur de l’économie de guerre. Mais est-ce que ceci pourra durer ? Non, impossible, et c’est pourquoi il faut que l’organisme puisse se trouver au point où la matière débordera et qu’il puisse savoir lui donner une orientation.

Et il est normal que, quand l’on ferme les yeux devant la situation de guerre et que ces yeux sont bien ouverts pour constater la lutte entre les “castes” en tant que facteur dominant, l’on ne puisse pas accepter l’indication qui correspond à la forme brutale dans laquelle la  lutte de classe se manifeste.

Les castes auxquelles Bianco fait référence ne peuvent pas lutter entre elles parce qu’il n’existe pas un abîme de classe qui les sépare ; toutes ces castes sont le fruit direct de la base économique sous-jacente qui se nourrit des chairs des prolétaires, elles sont le moyen de diversion que la bourgeoisie crée consciemment ou inconsciemment par lequel Bianco se fait brouiller la vue, de même que malheureusement tous les prolétaires ont la vue brouillée.

Les communistes au contraire, bien que surveillant les feux d’artifice qui éclatent entre les différentes castes, vont à la source réelle de la caractéristique de la situation, c'est-à-dire de la matière de base, et c’est pourquoi ils peuvent se permettre d’indiquer au prolétariat une voie de sortie qui, bien qu’elle ne soit pas acceptée immédiatement par les prolétaires, représente de toutes façons et inévitablement l’issue qui les rassemblera spontanément sous l’impulsion de situations finales.

 

   « Les revendications partielles : là comme ailleurs, le progrès est synonyme d’une extrême confusion. Pour rétablir certaines notions élémentaires sur ce problème, il est utile de préciser la signification que la question des revendications immédiates a toujours eu pour les communistes » (termes non soulignés dans le texte). Page 54 du SEME n° 4.

 

Bianco commence en disant que le terme de “progrès” est synonyme de confusion extrême, mais, après avoir fait cette déclaration, il ne répond pas au problème et il se transporte au contraire sur l’autre terrain, celui de l’orientation que les communistes doivent donner aux revendications : ce qui démontre que Bianco crée un dualisme entre les revendications de classe : soit un élément qui naît des contradictions de la société capitaliste en mouvement continu (ce qui ne veut pas dire seulement progrès car, dans la phase actuelle, le mouvement est orienté vers la régression (destruction)) et l’autre élément, celui du parti, qui (comme cela est dit dans une autre partie de l’article), indépendamment du fait qu’il agisse en se fondant sur la réalité immédiate de la lutte de classe, contient en lui une capacité et une conscience de l’expérience historique qui, ajoutées au facteur volonté, le fait se retrouver à l’avant-garde aussi bien des situations contingentes que de la phase historique. Dans la période progressiste du capitalisme, les revendications, en tant que facteur en soi, représentaient une poussée du progrès social historique, même si elles ne trouvaient pas immédiatement leur débouché sur le terrain politique. C'est le bernsteinisme et rien d’autre qui devait être le facteur contrerévolutionnaire, et pourquoi pas le réformisme ? Parce qu’il pouvait réellement s’appuyer sur des réformes qui n’étaient pourtant pas menées par magnanimité puisque la phase se caractérisait par la multiplication continuelle de l’exploitation économique fondée sur l’extension de la production et par la marche qui s’ensuivait vers le socialisme. Au lieu du socialisme, l’on a eu la guerre ; celle-ci était inévitable en raison de l’absence d’un organisme fondé sur la véritable interprétation de l’idéologie marxiste qui aurait su se servir du contenu progressiste des revendications et les orienter vers la conquête du pouvoir politique. Ceci démontre que les réformes, les revendications, etc., n’étaient pas en contradiction avec le cours révolutionnaire et que, jusqu’à un certain moment, il et elles marchaient du même pas.

 

Mais il vaut mieux passer immédiatement à la situation actuelle (en négligeant la période de reconstruction) laquelle pourrait être désignée comme l’extrême opposé de la phase indiquée ci-dessus, étant donné que, aujourd'hui, l’économie est fondée sur la production de guerre, c'est-à-dire non pas sur la multiplication, mais sur la destruction, de richesses, et donc sur la régression avec l’augmentation de l’exploitation.

 

L’élément politique contrerévolutionnaire de cette période ne peut pas être le réformisme classique ; pour transférer le prolétariat sur le terrain où il se trouve actuellement, il était absolument nécessaire qu’intervienne un élément capable de masquer l’exploitation terrible des masses à l’aide de la démagogie révolutionnaire, en particulier quand la situation se trouve déjà dans l’engrenage de la guerre. Pourquoi le centrisme et non pas le réformisme ? La réponse à cette question est fournie par l’importance actuelle de l’économie et logiquement des revendications.

 

Dans une autre partie de son document, dans SEME n° 4, Bianco tente de faire du tapage en se référant à Lénine, et mal lui en prend quand il veut citer le Que faire ?, son ouvrage “monumental”, parce que, en citant ce chef d’œuvre, il se trouve dans l’impossibilité de reproduire certains passages qui ne représenteraient pas une attaque contre ceux qui parlaient de « mouvement ouvrier pur », de « surestimation de l’idéologie », ou encore « d’ouvriers pour les ouvriers », contre ceux qui voulaient justifier la « soumission servile » à la spontanéité. Enfin, dans son livre, Lénine entre en lutte ouverte contre tout ce qui est périmé, contre ceux qui voulaient réduire le parti à un trade-union, contre ceux qui voulaient étouffer l’organisme (qu’il a su gagner en 17) sous le poids d’une phase dépassée, et, pour conclure son livre tout en répétant le titre : que faire ?, Lénine répondait : « liquider la troisième période ».

Liquider la phase primitive de l’évolution de l’organisme, ouvrir la voie vers le parti en renforçant le bagage expérimental grâce aux dernières expériences décisives, jeter les bases des liens internationaux, pousser les recherches à travers des perspectives générales, ne pas perdre de vue le maillon le plus faible, telle est la réponse de la Fraction.

 

Gigi

Le problème soulevé par le camarade Bianco dans le n° 4 du SEME est, je le crois personnellement, d’une très grande importance, et non pas parce que Bianco voudrait fournir une réponse à la situation actuelle avec des reflets de situations historiques qui ont évolué, mais il est important parce qu’il touche à une question de fond inhérente aux “critères marxistes d’analyse des situations” ; une tentative de clarification de ces critères serait, à mon avis, un grand pas en avant de la part de la Fraction sur la voie de la transformation en parti. Mais, pour avancer dans cette dircetion, il est nécessaire d’éviter que la polémique demeure restreinte à deux éléments, et c’est pourquoi l’entrée en piste d’autres camarades ouvriers entraînerait l’élargissement de la vision compréhensive d’un problème aussi important.

 

G.    

       

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 Résolution sur la question du fonds

 

Il résulte de l’analyse et de la discussion qui s’est ensuivie de l’article (le seul) publié dans le n° 4 du SEME signé Nino une série d’affirmations théoriques qui dénaturent la fonction politique de notre Fraction, et qui se contredisent les unes les autres.

Il n’y a pas d’ébauche de clarification de ce problème sérieux et épineux. Les positions de classe se confondent avec celles des rapports avec les masses. Les principes, les bases organiques, sur lesquels l’action des communistes doit se fonder, deviennent des conditions circonstancielles.

L’on refuse la présence de la classe dans les syndicats, mais on la retrouve sur le front de la guerre impérialiste. L’unique argument solide contre la résolution du groupe de Marseille serait l’absence de sérieux dans la partie polémique parce que l’on se réclame de la fonction de la Croix Rouge. Mais l’on fait silence sur les principes qui y sont exprimés.

Toute la tendance reste sur la tentative de justifier la position en occultant la notion centrale qui, bien qu’elle soit ancienne, ne cesse pas d’être ce qu’elle est.

Tout demeure conditionné par les bonnes intentions de la C.E. et non pas par l’harmonisation des positions politiques exprimées par la Fraction au regard de la guerre impérialiste.

Étant donné que notre Fraction est l’expression historique de la finalité de la classe prolétarienne, toutes les positions prises sont nécessairement des positions de classe, même quand elles sont d’énormes erreurs (voir la question syndicale).

La réunion décide de présenter des conclusions nécessaires à la clarification des positions opposées sur le fonds :

1°) Elle réaffirme son adhésion totale aux positions contenues dans la résolution présentée par la groupe de Marseille.

2°) Elle demande à tous les camarades de la Fraction de s’exprimer sur la question qui est arrivée à un point tel qu’elle compromet toute activité conséquente de notre organisation.

3°) Elle engage la C.E. à rédiger une résolution définitive sur le problème en discussion.

et 4°) d’organiser ensuite dans la Fraction un référendum sur les deux positions en présence afin de ne pas traîner la question jusqu’au congrès, ce qui équivaudrait à l’arrêt de toutes nos activités relatives à la situation espagnole, et ce qu’aucune mesure disciplinaire ne pourrait modifier et encore moins résoudre.

 

2 janvier 1938                      Voté par les groupes de Marseille, de La Seyne et de Lyon

                                                                       Un vote contre

Procès-verbal de la réunion

du groupe de Chambéry

avec la présence d’un camarade de Lyon

 

 

On ouvre la discussion sur la question de la solidarité, sur la base de souscriptions, pour toutes les victimes de la guerre impérialiste d’Espagne.

Le camarade de Lyon demande que la Fraction ne parle pas de souscriptions et qu’elle reprenne sa position initiale de ne pas intervenir par de l’aide dans la guerre d’Espagne, tout en considérant que, bien que cette guerre réponde à tous les caractères de la guerre impérialiste, elle présente et elle conserve un caractère tout à fait particulier. En réfléchissant sur les recommandations de la Fraction concernant toutes les victimes de la guerre, il se demande si ce n'est pas exactement le même sujet (l’aide) qui se présente également pour les volontaires fascistes de la guerre impérialiste éthiopienne. Puisque la Fraction soutient qu’en aidant une partie l’on prolonge la guerre, en aidant l’une et l’autre, sa durée sera doublée.

Deux camarades de Chambéry : si la C.E. avait bien interprété l’esprit de la lettre de Chambéry, ses reproches auraient été mineurs ou nuls. L’on y affirmait  la complète solidarité politique avec la position de la Fraction. Il était donc compréhensible que cette ligne politique serve de base de discussion (position déjà prise et défendue par ces camarades avant votre communication), tout en soutenant en même temps que la Fraction ne serait intervenue en Espagne que pour aider les saboteurs de la guerre impérialiste. C’est seulement à ces victimes d’un camp et non de l’autre qu’elle exprimait et offrait sa solidarité politique, morale et si possible matérielle. Ils n’ont pas eu l’intention de faire une rébellion politique en refusant de faire circuler les fiches telles qu’elles sont remplies mais, en toute franchise, ils ont dit non au lieu de oui (en ne faisant rien) quand ils reconnaissaient l’impossibilité de mener à bonne fin l’initiative que vous avez prise, comme vous-mêmes vous vous efforcez de le faire comprendre en affirmant que plus que la quantité d’argent récolté, c’est la solidarité morale qui émane de cet acte hautement classiste. Nous avions dit : il est impossible de faire circuler ces fiches parce qu’autrement même le peu de travail politique que nous pouvons effectuer ferait défaut. Vous n’entendez pas la chose ainsi. Nous au contraire, nous affirmons et nous considérons comme très utile à toutes fins de dire résolument non quand ceci reflète, comme dans ce cas, le sens de l’impossibilité.

    

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 Fédération du Sud –

Réunion élargie du Groupe de Marseille

 

Ordre du jour :

1°)  a) communications  -   b) cas Bacco

2°)  Lettre du Bureau de Paris

3°)  Situation internationale et les origines de la guerre

 

Communications et autres : l’on examine la situation financière des groupes et autres questions de détail.

Cas Bremond : Romano, Tullio et Pataro (La Seyne) demandent que soient prises des décisions sur l’attitude de ce camarade qui ne répond plus aux convocations du groupe. La décision est prise.

Lettre du Bureau parisien : Romano donne à nouveau lecture de la réponse d l’U.P.P., Tullio explique comment le Comité a été chargé de rédiger un schéma de réponse étant donné que la teneur ambiguë des conclusions des camarades de Paris avait soulevé un ensemble de considérations de caractère politique, mais, étant donné la présence d’un délégué du groupe de La Seyne, la lettre sera lue après la discussion.

Pataro : « Notre groupe a discuté de la réponse de l’UP ».

Alfredo s’est exprimé totalement contre, il dit que l’on ne répond aux questions que de manière incomplète ou complètement négative. Pataro dit que, pour lui, la question la plus brûlante est la question syndicale ; elle resurgit en plein  dans ses contradictions précédentes, en particulier après le projet Chautemps sur le “Code du travail”.

Milanese : « Malgré les contradictions créées par l’industrie de guerre, les bases essentielles des mouvements de masse demeurent les revendications partielles. Si l’on veut rester des communistes, défendre des positions de classe, il faut éviter de se poser “préventivement” le  problème de l’inéluctabilité de notre exclusion des organisations syndicales ; sur le fond, la Fraction a pris des responsabilités politiques. La lettre fait de l’ironie sur la question, mais ce qui reste, c’est la tentative de vouloir infiltrer dans la Fraction des idéologies “nouvelles” et tout aussi dangereuses. Si l’on insiste encore à vouloir tout renvoyer au congrès, nous devrons insister à notre tour sur la tenue rapide de celui-ci ».

Piccolo : « La première question à l’ordre du jour, c’est le fonds. Il est nécessaire de la résoudre parce qu’elle a pour nous une grande importance politique et qu’elle est aussi un problème d’activité communiste ; il est étrange que l’on cherche à l’éliminer en la rejetant au second plan pour ne plus en discuter. De toute façon, l’on devra rendre compte des décisions de nos groupes. “Question syndicale” dit que l’on veut appuyer sur le point faible, celui de la position sur les émigrés, mais il existe des positions de principe qui peuvent être défendues et porter leurs modestes fruits dans la lutte de classe ; tout le méfait est et reste dans le super-confusionnisme théorique qui culmine dans la position dangereuse : “il faut se faire exclure des syndicats”. Également sur notre proposition de faire venir un camarade, l’U.P.P. veut la résoudre de la manière la plus bureaucratique. En dehors de la presse qui est désormais devenue une normalité, il n’est pas possible de faire autrement, l’on méconnaît toute l’importance d’un minimum de travail politique, et l’effort des camarades qui voudraient le faire est refusé sous des prétextes financiers. ».

Romeno : « Refuser que l’on puisse défendre les positions de classe de la Fraction relative aux syndicats, c’est méconnaître l’utilité du travail parmi les masses. Même si l’on tient compte de notre position de soi-disant étrangers, cela ne peut cependant pas faire obstacle aux questions de principe qui sont notre fondement, et que personne d’entre nous n’a jamais pensé à abandonner, comme on le prétend, pour faire quelque chose. Cela ne dépend certainement pas de nous si la situation évolue dans une direction favorable au capitalisme, car ici intervient une série de facteurs que nous avons examinée et que nous continuerons à examiner. ».

Eugenio : « J’insiste particulièrement sur la question du fonds, nous avons fait un effort pour clarifier la position qui nous semble juste et le centre n’a pas le droit de renvoyer la conclusion à l’infini ». Romano réplique que cela fait des mois qu’au lieu d’éclaircir le débat, on l’embrouille, et qu’il est nécessaire de pousser la discussion jusqu’à son point maximal.

Tullio : « Je souligne que l’on fait un effort pour régler différentes questions à l’amiable. Il y a un abîme entre les thèses syndicales proposées à l’époque et le dernier article de fond du journal. S’il est vrai que l’on n’a pas pris des positions publiques sur la nouvelle “orientation”, du moins sur l’orientation syndicale, la question de l’arrêt du peu de travail péniblement entamé a été un fait que personne ne peut démentir. Les camarades n’ont qu’à examiner la situation complètement opposée de nos groupes par rapport aux contacts avec de petits groupes d’ouvriers syndicalistes et en tirer les conclusions. Toutes les “nouvelles” questions sont la conséquence de cette analyse de la situation internationale. Il est urgent d’approfondir les problèmes qui sont débattus dans la Fraction, et certains camarades se sont déjà opposés à l’exagération de l’évaluation donnée aux manifestations particulières, mais qui n’ont, à mon avis, rien de nouveau. C'est pour ces raisons-là que le groupe a décidé de reprendre la discussion sur le nœud de l’affaire embrouillée : la situation internationale et les origines de la guerre. ».

Romano donne lecture de la copie d’une réponse à l’U.P.P., laquelle est approuvée par le groupe.

Pataro déclare que le groupe de La Seyne décidera lors de sa réunion la réponse conforme aux conclusions des camarades.

Étant donné l’heure avancée, la discussion sur la situation internationale est renvoyée à la prochaine réunion.

À la suite d’une explication que l’on a eue avec le camarade Bacco, le groupe a décidé d’annuler la candidature dudit camarade. De plus amples informations seront transmises au centre dans la lettre qui suivra. Par voie de conséquence, suspendez l’envoi de la correspondance au susdit.

Saluts fraternels

Tullio

 

    

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 Résolution présentée par le camarade Martin

à la suite de la réunion de la Fédération (9 janvier)

et approuvée par deux membres du C.F. de paris

 

Le camarade Balilla écrira ce qu’il pense de ce problème.

 

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Pour résumer la discussion qui a eu lieu dans la Fédération sur la constitution du Bureau international, le C.F. déclare qu’il existe un accord entre le C.F. et l’ensemble de la Fédération sur le fait de constater que la constitution du B.I. représente la réponse marxiste à la conclusion de la situation, conclusion qui s’exprime objectivement dans la guerre de par le monde entier, même si on ne la fait pas dans tous les secteurs, étant donné que l’économie qui exprime la maturation de la situation de guerre dans ces secteurs, où les contradictions sociales se trouvent encore à évoluer, se situe dans le domaine qui voit la manœuvre du capitalisme pour faire déboucher la situation dans le conflit armé lequel n'est rien d’autre qu’une conséquence directe des caractères économiques fondés de manière éminente sur la production d’engins de destruction qui représentent pour le moment en soi la destruction de richesse dans l’attente de la destruction du potentiel humain.

Le C.F. constate qu’il existe une évolution dialectique des positions prises dans le passé sur la question des rapports avec le mouvement international.

La constitution du B.I. par la C.E. et par la Fraction belge est la réponse communiste à la situation actuelle ; la réponse marxiste pour ceux qui pensent être l’avant-garde et le guide des luttes prolétariennes de demain.

Ce n’est ni par hasard, ni par caprice de sa part, ni par sa volonté de faire quelque chose, que la C.E. a créé le B.I., et encore moins pour compléter le troisième angle d’un triangle. L’histoire nous enseigne que toutes les situations qui se créent ne sont qu’une continuité de la lutte historique entre deux ennemis de classe, c'est-à-dire que les situations résultent des contradictions du régime bourgeois et que les solutions procèdent de l’avant-garde prolétarienne ; les événements historiques ne sont qu’une chaîne d’événements qui se succèdent l’un entrelacé avec l’autre, et les solutions communistes à toutes ces situations sont aussi une suite de solutions dont l’une complète l’autre, c'est-à-dire qui s’entremêlent en créant un bagage idéologique communiste qui nous permet de fermer l’anneau de la chaîne idéologique marxiste ; que ceci soit un triangle ou un carré, nous laissons aux géomètres d’en décider. Avec ceci, bien entendu, il n’est pas exclu qu’un crochet de la chaîne puisse être mal soudé et qu’il ne brise momentanément la bonne continuité de la ligne marxiste.

Pour ceux qui pensent que, du fait de l’isolement de la Fraction par rapport aux masses (et c’est pour cela qu’ils sont opposés à la constitution du B.I.), l’on ne peut pas donner une réponse marxiste à la situation  parce que la Fraction est isolée, que ses mots d’ordre ne sont pas entendus, ces camarades sont de fait dans l’autre camp ; en effet, nos ex-amis de l’ex-minorité, avaient exactement la même réponse concernant l’Espagne : « Ceux qui ne voulaient pas aller se battre en Espagne avec la masse prolétarienne étaient des traîtres et des gauchistes de bistrot, ou des gens qui vivaient dans les nuages » (parole qui était très chère à l’ex-minorité), mais rester sur la terre, c'est-à-dire aller là où est la masse, ne pas se détacher d’elle, voulait dire ne pas donner une réponse communiste à tous les problèmes. Nous n’hésitons pas à affirmer qu’il vaut mieux vivre dans les “nuages” que rester sur “terre” et se rendre de ce fait responsables du massacre. Il semble juste de penser pour ceux qui ne répondent plus de manière marxiste à la situation, en raison du fait que les masses ne nous entendent pas, mais au contraire approuvent le criminel qui trucide ses meilleurs défenseurs, que nous vivons hors du monde réel, mais que nous sommes convaincus, ou du moins nous nous y efforçons, que lors du réveil des masses, celles-ci nous trouveront sur la “terre”, bardés de l’idéologie communiste qui conduira à la victoire, et non pas dans le camp de ses bourreaux. Les erreurs de Lénine sur la question de la constitution de la III° Internationale et des partis, le 1923 allemand, toujours sur la base de la thèse selon laquelle l’on ne doit pas se détacher des masses, doivent nous enseigner à répondre aux problèmes que la situation nous impose : non pas du point de vue de l’influence numérique, mais de l’autre point de vue marxiste qui correspond aux intérêts finaux du prolétariat.

C’est la raison pour laquelle la réponse fournie par la C.F. à la situation, avec la création du B.I., correspond à la nécessité de sauver la classe du tourbillon dans lequel elle se trouve, à savoir celui de la guerre.

Avec la parution de “Bilan”, la Fraction a donné à l’avant-garde du monde entier les directives pour la constitution de groupes ainsi que la possibilité de le faire, grâce à une clarification idéologique indispensable, en vue de la création de la Fraction dans tous les pays, et si aucun groupe ne s’est constitué autour de ces directives, la situation impose à la Fraction de ne pas attendre cette création, mais si elle se retrouve seule, ou presque, la réponse à donner n'est que le corollaire marxiste pour les besoins historiques des masses.

Et donc la création du B.I. correspond pleinement à la réalité actuelle en vue du sauvetage des énergies prolétariennes et de permettre à celles-ci de créer l’organisme marxiste en tant qu’unique garantie de la victoire de demain.

D’autre part, la création du B.I. établit aussi la nécessité pour l’activité de la Fédération de faire apparaitre les conditions de sa création par la gauche en France, et cette activité doit être effectuée par la direction révolutionnaire et contre toutes ces formations politiques qui crient pour réclamer dix sous de plus pour le salaire et des armes pour l’Espagne. Soutenir aujourd'hui en France, et faire croire aux ouvriers, que les luttes partielles sont une victoire de classe, sans promouvoir dans le même temps la lutte contre la guerre, c’est permettre qu’ils ne trouvent pas le chemin de classe, c’est se rendre complice de l’Union sacrée.

 

Janvier 1938

 

 

     

 

 

 

      

 



(*) « Le porteur de la science n'est pas le prolétariat, mais les intellectuels bourgeois : c'est en effet dans le cerveau de certains individus de cette catégorie qu'est né le socialisme contemporain, et c'est par eux qu'il a été communiqué aux prolétaires intellectuellement les plus développés, qui l'introduisent ensuite dans la lutte de classe du prolétariat là où les conditions le permettent. Ainsi donc, la conscience socialiste est un élément importé du dehors dans la lutte de classe du prolétariat, et non quelque chose qui en surgit spontanément. ». (Citation de Kautsky dans le Que faire ? de Lénine).