PAGES PROLETARIENNES

lundi 9 mars 2020

LE CAPITALISME EST-IL RESPONSABLE DU CORONAVIRUS ?


Comparons avec les temps de la peste...
« A un moment le virus va se fatiguer de circuler dans les organismes » (Femme médecin sur C News le 8 mars)

« La nature aliénée du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu'il n'existe pas de contrainte physique ou autre, on fuit le travail comme la peste ».  Marx, Ébauche d'une critique de l'économie politique. (Pléiade, Gallimard, II. page 60)

« Au cours des crises, une épidémie qui à toute époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société – l’épidémie de la surproduction. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industries, trop de commerce. Ou encore les forces productives sont devenues trop puissantes. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses qu’il crée ». Manifeste du parti communiste


Voyons du côté de l'indignation marxiste simpliste ce que suggère l'épidémie du « connardvirus ». Il fallait bien s'attendre à ce que nos dinosaures prolétariens trouvent immédiatement la causalité diabolique du virus. Celui-ci : « Tant dans son origine que dans sa propagation, l’épidémie de coronavirus est une épidémie du capitalisme ». Tautologie ou connerie ?Que cette épidémie ait lieu dans le capitalisme, je ne le contesterai point, mais qu'il en soit la cause relève de l'interprétation eschatologique aux temps de la peste noire. Elle relève d'un déterminisme scientiste cette stigmatisation de la Chine où le coronavirus ne serait tout simplement que « le produit direct en Chine de l'exploitation intensive du travail par le capital pour les besoins de la guerre commerciale »1. A défaut de trouver une explication rationnelle, comme ce fût le cas lors des vagues successives de pestes dans le lointain jadis, on trouva un bouc-émissaire, c'est rassurant quelque part. Face aux ravages de la pandémie au Moyen âge, on voua au bûcher juifs et homosexuels. Heureusement nous n'en sommes plus là, même s'il y a eu, ici ou là, des actes de racismes anti-asiatiques.
Pas question non plus ici de nier les mensonges des Etats capitalistes, à commencer par le mastodonte « communiste » chinois, car, même si les différents Etats continuent à distiller des petits mensonges, la pandémie est là, croissante, ils ne peuvent plus ni la nier, ni en atténuer les effets. Ils sont impuissants avec leurs misérables mesures de prophylaxie tardive où ils se prennent les pieds dans le tapis entre mesures sanitaires et répression sécuritaire. Là est le scandale et le révélateur qu'il nous faudra analyser2. Et ce n'est pas le retour à l'Etat d'assistance gaullo-stalinien avec des hôpitaux fournis en nombre respectable de soignants qui pourrait endiguer le truc. Il ne faut pas non plus s'imaginer que les Etats en profitent pour mieux contrôler leurs populations ni que celles-ci auraient oublié révoltes grévistes ou les causes de la crise économique mondiale3. Le virus défini comme allié de la bourgeoisie, il allait l'inventer ! Nos doux rêveurs syndicalistes radicaux ont-il déjà vu, voire imaginé, des révoltes ou révolutions au temps des épidémies qui ont jalonnées l'histoire de l'humanité, ou l'épidémie aurait été facteur d'insurrection4 ? Il n'y en eût jamais. Dans des circonstances aussi tragiques et inquiétantes le prolétariat ne peut même pas être cet autre virus qui menacerait la classe dominante, comme le fantasment les anarchistes. Ou alors un prolétariat confiné, chacun se tenant à un mètre des collègues dans les AG et toujours en train de chercher à se laver les mains... belle ambiance pour développer unité et solidarité face à la maladie et au risque de mort !5 On peut être d'accord avec la conclusion rationnelle d'un article du CCI :
« Quoi qu’il arrive avec ce nouveau virus du Covid-19, qu’il devienne une nouvelle pandémie, qu’il s’éteigne comme le SRAS, ou qu’il s’établisse comme un nouveau virus respiratoire saisonnier, cette nouvelle maladie est un nouvel avertissement que le capitalisme est devenu un danger pour l’humanité, et pour la vie sur cette planète. L’énorme capacité des forces productives, y compris la science médicale à nous protéger des maladies se heurte à la recherche meurtrière du profit, à l’entassement d’une proportion toujours plus grande de la population dans des villes immenses, avec tous les risques de nouvelles épidémies. La menace du capitalisme ne s’arrête pas là, il y a aussi les risques de pollution, de destruction écologique et de guerres impérialistes de plus en plus chaotiques ». 

Du jamais vu ?

Tous les jours on est assommé par l'avancée du virus qui se propage dans le monde entier sans fléchir. Aujourd'hui l'épidémie a dépassé les 105.000 contaminations avec plus de 3500 morts dans au moins 98 pays et territoires. En France, 19 décès et 1126 cas sont désormais confirmés. Suivez les dernières informations ou déformations de pseudo-toubibs éclairés... L'Italie est le deuxième pays touché après la Chine mais parce que c'est le pays européen qui contient le plus de vieux, c'est pas pareil ; faut pas tout lui mettre sur le dos à ce connardvirus. Dans le nord du pays, les mesures draconiennes pèsent sur le quotidien des habitants. Il s'agit clairement d'une militarisation de la vie sociale, temporaire dans la durée ou intemporelle dans l'inefficacité ? Les militaires ne seront plus aux barrages mais dans les villes avec la police pour dire aux gens de rester chez eux ; couvre feu obligatoire aussi où ils autoriseront seulement les déplacements urgents". Autre image d'exode (de guerre) : dans la première région industrielle autour de Milan 15 millions de personnes sont confinées, et certains essaient de s'échapper de ce confinement. L'Italie est notre futur plan 3 geignent les journalistes. Les fermetures d'écoles, de crèches, de cinémas, de stades de foot, vont se multiplier. Ce soir le ministre de la santé a appelé chacun à la responsabilité civique et nationale : travail, mouchoir, mains lavées ; et surtout « ne vous embrassez plus » (que va devenir notre vie sexuelle?). Combien de temps ça va durer ? On ne sait pas ? Y aura-t-il un vaccin ? On ne sait pas. Combien de masques disponibles ? On ne sait pas. Peut-on faire confiance aux médecins généralistes ? On ne sait pas ou oui plutôt qu'au personnel politique. Quoique... nous sommes tous égaux devant le virus, déjà deux députés sont touchés eux aussi comme l'électeur lambda et mis en quarantaine.
Comme je l'ai déjà remarqué, on se croirait en temps de guerre6, quoique sans propagande efficiente. On ne sait pas. Dans une guerre chantante on exulte, on va aller foutre la pâtée aux salauds d'en face et porter haut le fanion patriotique... là, l'ennemi est intérieur, invisible. On en sait pas. Patrons et généraux sont infoutus de l'identifier vraiment. Plus soucieux de la santé de l'économie du profit, les PDG font grise mine. Bizarre guerre où il n'y a pas de front, où pioupiou comme officier peuvent tomber victimes, pauvre comme riche, vieux comme jeune, patron comme ouvrier7.
Qu'un système de domination politique et sociale puisse devenir nocif pour toute l'humanité est très bien perçu par le jeune Marx par sa lecture révélatrice, pour lui philosophe en chambre, de l'ouvrage de son nouveau pote Engels – La situation de la classe laborieuse en Angleterre – ouvrage qu'il trouve « tout à fait extraordinaire ». Conscient du gaspillage à son époque, il écrit un jour à Engels : « au lieu de jeter tous ces nutriments dans la Tamise, on ferait mieux d'en faire de l'engrais pour l'agriculture ». Plus tard, il dénoncera l'incroyable gaspillage du capitalisme au moment des crises. Mais n'allons pas chercher l'écolo-bobo chez le jeune Marx ni un frangin des potesses féministes.
L'apparition d'épidémies dans la longue histoire connue de l'humanité est probablement liée à un châtiment divin au XIV ème siècle8, à la méchanceté bourgeoise en 1918 et en 2020, mais voyons plus sérieusement comment cela se déroule au temps de la peste. Où l'on verra que la société de l'époque fût aussi impuissante que notre actuelle société moderne et « développée », si éloignée, nous assurait-on, de la... barbarie.
Comme si un malheur ne suffisait pas, la peste apparaît alors que de nombreux pays sont confrontés à un contexte économique, politique et social particulièrement dégradé. Les royaumes de France et d’Angleterre sont en guerre depuis 1337, la couronne d’Aragon, plongée dans une âpre guerre civile, ou la péninsule italienne connaissent de nombreux troubles politiques et militaires entraînant la misère, la famine et le brigandage liés, notamment, au déplacement des troupes. Toutes ces crises, plus ou moins graves, et surtout répétées, ont naturellement des répercussions sur une courbe démographique, jusque là ascendante, qui stagne à partir des années 1310-1320. La Peste noire, par conséquent, n’arrive pas dans un “ciel démographique serein”, mais dans une conjoncture “déjà profondément dégradée”. Pour de nombreuses contrées, elle ne va être que le paroxysme d’une série de calamités9.
En cette fin de première moitié du xive siècle, en l’espace de quelques années, la peste, après avoir ravagé l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, le Danemark, la Norvège, l’Europe centrale et de l’est, les villes allemandes, la Pologne, la Lituanie la Hongrie, la Bohême, la Suisse, etc, laisse un monde désemparé et diminué. Elle fait 28 millions de morts. La France perd 40% de sa population. Progressant généralement suivant un rythme saisonnier, dû très certainement à l’activité biologique des puces, elle-même influencée par le climat dont les interactions précises avec la Peste noire sont encore sujettes à discussions ; régressant au cours de l’hiver, si elle ne prend pas une forme pulmonaire, plus vive au printemps et en été, la peste à partir de 1347 s’installe pour plusieurs siècles en Occident : c’est la naissance de la seconde pandémie.
Face à ce fléau, tous les traitements recommandés par les médecins se révèlent inopérants. Les hommes de l’Art ne peuvent que constater leur impuissance. Ils tentent, pourtant, de trouver des explications au mal qui les frappe. Partout, que les terres soient musulmanes ou chrétiennes, de nombreux traités de peste sont écrits à partir de 1348 par de célèbres médecins ou profanes. Malheureusement, et cela est aussi commun à tous, les moyens curatifs proposés sont totalement inefficaces, souvent inaccessibles aux plus pauvres, extrêmement douloureux et fréquemment dangereux, comme l’incision des bubons, technique alors couramment pratiquée. Les seules chances de salut résident en fait dans la préservation, c'est à dire le même genre de confinement que pour notre ami le connardvirus. Dès le XIIIe siècle, on avait pris l'habitude chasser les pestiférés hors de la ville. On leur demandait d’aller mourir à la campagne. On dressait des murailles pour éviter de les voir revenir. Un garde était chargé de vérifier qui entrait et qui sortait de la cité... comme à Milan en ce moment A partir du XVème siècle, on ne chasse plus les malades hors de la ville mais on les confine dans des quartier ou des rues bien précises. Les bulletins de santé du XVIIIe siècle permettent une mise en quarantaine de 9, 20, 40 jours ou plus. Si t’es pas mort au bout d’un certain délai et que tu sembles aller mieux, tu peux sortir de chez toi. Pas avant ! En 1720, un capitaine de santé est chargé de frapper à toutes les portes de son secteur pour vérifier qu’il n’y a pas de nouveaux malades. Si c’est le cas, il doit quitter sa maison. Si un malade tente de cacher sa contamination, il risque la mort. Si quelqu’un cache la maladie d’un autre, même principe : au bûcher. Ils pratiquent aussi l’abstinence sexuelle pour éviter de propager la maladie d’un humain à l’autre ; cela ne nous a pas été encore demandé par le nouveau ministre de la santé, mais cela nous pend au nez. Père du masque chirurgical en papier, on invente le masque à bec de canard . On pense que la peste, comme de nombreuses maladies, se transmet par la bouche, le souffle et la salive. Alors pour se protéger, on imbibe une éponge de vinaigre blanc, d’absinthe, de genièvre ou encore de marjolaine, sauge, clou de girofle, romarin et camphre qu’on considère comme désinfectants et on se le met devant la bouche. C’est d’ailleurs pour ça que le médecin De Lorme a créé le masque au bec de canard que l’on connaît
bien, on y plaçait les éponges ou les plantes aromatiques désinfectantes et en avant ! Les médecins se vêtaient d’une grande cape, d’un chapeau, de gants et de leur masque pour entrer en contact avec les victimes et tenter de les soigner. En vain. Tout le monde pensait que le masque et les plantes permettaient aux médecins de ne pas attraper la peste, en réalité, c’est leur grande cape en cuir qui les protégeaient des piqûres de puce !10
En même temps, bien que désemparées, les autorités réagissent et instaurent, avec plus ou moins de rapidité et de réussite, des mesures préventives et souvent coercitives, visant à empêcher la venue de la peste ou à la circonscrire lorsqu’elle se manifeste. Des mesures d’“hygiène publique” sont immédiatement prises ou réactivées, un peu partout, et même le roi de France tente de réagir en promulguant en 1352, une ordonnance établissant, pour le royaume, des règles sanitaires à suivre afin d’éviter les risques de surmortalité, après la triste expérience de la Peste noire. Malheureusement, la réalité politique, financière, mais aussi la méconnaissance des règles d’hygiène les plus élémentaires, feront de ces tentatives des échecs constants. Enfin, gardons toujours à l’esprit, que toutes ces mesures sont prises non pas pour combattre un péril microbien, d’ailleurs méconnu et conséquence de l’insalubrité, mais pour éviter, conformément aux croyances médicales du temps, la “corruption” de l’air, donc un risque de contagion provenant des mauvaises odeurs exhalées par tous les détritus. Parallèlement, les corps de ville de quelques grandes cités, dans un premier temps surtout italiennes, se montrent particulièrement réactifs face à la menace que représente ce nouveau fléau.
Si les quarantaines, les hôpitaux de peste et les mesures de désinfection sont promis à un bel avenir, pour beaucoup, se protéger de l’épidémie et de la panique régnante est synonyme tout simplement de fuite. Nombreux sont ceux qui, conformément aux préceptes médicaux, quittent leur cité sinistrée pour se réfugier en des lieux qu’ils espèrent plus cléments. Malheureusement, cela ne fait que contribuer à la propagation de la maladie. Quant à l’isolement, s’il limite réellement la contamination interhumaine, il reste sans doute relativement inefficace, car les rats et puces sont partout présents et leur rôle dans les épidémies est complètement ignoré par les contemporains.
De ce fait, il y a de bonnes raisons de penser que, face à l’agression d’une bactérie à la virulence nouvelle et exacerbée, les Européens, jusque-là non immunisés, se sont trouvés dans une situation semblable à celle des Amérindiens lors de l’invasion des conquistadors apportant la variole. Ceci peut expliquer, en partie, l’extraordinaire coût démographique de l’épidémie.
Les villes sont particulièrement touchées, car l’entassement de la population, l’extrême insalubrité et les fréquentes difficultés d’approvisionnement favorisent la contagion. Cette impression de catastrophe démographique urbaine (malheureusement et généralement réelle), est d’autant plus renforcée à nos yeux, que les sources sur la Peste noire encore existantes sont très souvent des “archives urbaines” produites par les corps de ville, officiers royaux, corps ecclésiastiques, etc. Gardons par conséquent à l’esprit que c’est une vision fragmentaire de l’épidémie, car elle se répand en fait partout dans un monde – l’Occident – où quatre vingt dix pour cent de la population est rurale.

IMPUISSANCE DES AUTORITES A EXPLIQUER LA PROPAGATION DE LA PESTE

Une fracture est engendrée par la Peste noire. Sa rapidité à tuer, l’impossibilité de trouver un remède efficace, la terreur qu’elle suscite déclenchent des attaques contre des groupes aussi divers que les juifs, les clercs, les étrangers, les mendiants, les pèlerins et les musulmans auxquels nous pouvons rajouter les lépreux. Quels que soient les moteurs et les racines profondes dans lesquels ces actes de violence de rejet, se nourrissent il en résulte que ces groupes sont fréquemment accusés de disséminer la peste, d’introduire le mal dans une communauté en souillant les portes du pus des pestiférés, en empoisonnant les puits, en entretenant des rapports avec le Mal, etc. De nombreux échanges épistolaires, entre quelques communes des royaumes de France et d’Aragon, nous éclairent parfaitement sur l’impuissance des autorités à expliquer la propagation de la peste, si ce n’est par des actes délétères, commis par des étrangers à la cité. C'est déjà un constat positif que la crise du coronavirus confirme l'existence d'une conscience universelle que tout le monde peut être touché, et cette conscience est générée par le prolétariat mondial et indique ainsi, paradoxalement, malgré son invisibilité, qu'il ne peut tomber dans les bras d'une classe dominante « prophylactique » et médicinale, ni croire à l'opération du saint esprit. De là à ce qu'il incline à penser que le monde peut être changé ou devra être remplacé, il y a une marge.

La peste n'a pas été une maladie propre au Moyen âge et toutes les épidémies qui ont frappé les humains à cette période n'étaient pas due à la peste. Il n'en est pas moins vrai que les immenses ravages occasionnés par cette maladie ont inscrit tout au long du Moyen âge de profondes ornières. Le XIVe siècle qui est sûrement le temps qui fut le plus éprouvé par les calamités, voit ainsi à la peste noire, s'ajouter aussi quantité d'autres maux  : des hivers rigoureux, des chaleurs excessives, des  invasions d'insectes, de sauterelles, des  tremblements de terre, des guerres, qui concourent à tous à la famine et à la maladie, sans que la mortalité causée par l'une ou l'autre ne puisse être dissociées. Et, si la peste continua à sévir au cours des siècles suivants, ce fut d'une façon moins meurtrière. Déjà, au XVe siècle, l'évidence de la contagion de la peste avait conseillé quelques mesures de prophylaxie publique. 

Par la mortalité qu’elle cause, l’épidémie bouleverse l’économie et entraîne de nombreuses perturbations maintenant bien connues comme la hausse du prix des produits agricoles. À cause de la crise dont les composantes sont la peste, mais aussi la guerre, les disettes (en Aquitaine, 1373-1375), les déprédations des routiers, la surmortalité d’un grand nombre de contribuables, l’interruption des échanges commerciaux, etc. Les nobles, les commerçants, mais aussi les finances municipales connaissent parfois une baisse significative de leurs revenus. En revanche, les survivants bénéficient de la carence de main-d’œuvre et, par contre coup, d’une hausse des salaires urbains, pouvant entraîner un exode rural. Les richesses sont aussi redistribuées et parfois concentrées à la suite d’héritages quelquefois inespérés et multiples. Au final, comme le souligne Georges Duby, « l’épidémie a déterminé une hausse générale du niveau de vie » mais pas à une révolution.

A l'époque de Boccace il faut bien constater que les liens sociaux se trouvent pour ainsi dire rompus; l'épouvante des populations est à son comble, d'autant mieux qu'à cette lugubre époque la guerre est presque universelle et que les années 1346,1347 se signalent par leurs mauvaises récoltes. Restriction de la vie sociale, interdiction des manifs de plus de mille personnes, voire moins, les grèves n'en parlons pas (elles encouragent la proximité et l'affection de la solidarité), tout cela est un grand complot de la bourgeoisie infectée et affectée assurent nos faux marxistes du NPA aux micro-sectes qui veulent "généraliser" une maladie mortelle pour le capitalisme… et l'espèce qui va avec.

La grippe n'a pas été éradiquée; on dit qu'elle tue encore dix mille personnes par an en France et son vaccin ne sert à rien. Le capitalisme avec ses progrès en médecine n'aura pas pu tout résoudre. La peste existe toujours mais, grande différence, le coronavirus n'a aucune chance de réveiller les interrogations eschatologiques et apocalyptiques des confréries en sorcellerie, ni de redonner une audience électorale à la réforme capitaliste, qu'elle soit macronienne ou trumpienne, sauf à laisser végéter et prophétiser d'obscurs cénacles fossilisés de barbus sans barbe.






NOTES

1Interprétation d'un niveau crypto-stalinien simpliste par la secte Nuevo Curvo, on peut même dire du niveau intellectuel des « complotistes » .
2 Le PCI-Le Prolétaire est à moitié lucide dans son titre : « Coronavirus : une épidémie que la bourgeoisie ne contrôle pas... mais qu’elle utilise pour accroître son contrôle politique et social » ; ce qui est faux tant au plan national qu'au plan social où partout la classe ouvrière est dubitative et inquiète. Ce résidu gauchiste du maximalisme soutient Erdogan dans sa politique de chantage aux migrants qu'il faudrait accueillir par centaines de milliers en tant que nouveaux substituts du prolétariat européen« raciste » ; que vont dire ces trois pelés face aux mesures de confinement qui seront requises aussi pour limiter la propagation du virus chez les migrants, et ces pauvres hères ne vont-ils pas être accusés comme les juifs et les homos au Moyen âge de le propager ?
3Un individu écrit : « Le coronavirus est aussi l’occasion pour la bourgeoisie mondiale de reprendre la main vis-à-vis du prolétariat international aux plans médiatique et idéologique pour effacer des esprits et des mémoires la succession de luttes ouvrières et de révoltes sociales massives de ces derniers mois. Les appels à l’union nationale au nom de la santé et de la lutte contre l’épidémie sont systématiques. Et surtout, la propagation du virus est déjà le cache sexe avancé pour cacher les causes réelles de l’explosion de la crise économique et financière qui vient ».
4On lit aussi cette invraisemblance : « « Produit et facteur, certes tout particulier et temporaire, des contradictions du capital, l’épidémie de coronavirus devient à son tour un élément, mineur et tout aussi momentané, mais réel et à part entière, des confrontations massives entre les classes, qui sont le prélude à la résolution dans un sens ou dans l’autre de l’alternative historique révolution ou guerre ».
5Le CCI n'apparaît pas aussi délirant que les quelques néo-marxistes simplistes évoqués ci-dessus. Il pointe du doigt l'urbanisation accélérée, l'entassement sans hygiène des populations, le fait que la pollution généralisée confirme la décadence du capitalisme, mais il tombe dans le même type de Cette pandémie a fait plus de victimes que toute la guerre mondiale, avec une mortalité majeure pour les hommes de 20 à 40 ans. Cette grippe est considérée comme la pire de toutes les épidémies connues. Pire, même, que celles qui ont accompagné la chute de l’Empire romain ou que la peste bubonique, la peste noire du Moyen Âge . Le capitalisme s'avère encore plus formidablement destructeur que tous les régimes qui l'ont précédé.
causalité simpliste concernant la grippe espagnole en la rattachant à la guerre de 14-18. Elle se développa après la guerre, par une mutation aléatoire et elle se serait développée (comme le coronavirus) même s'il n'y avait pas eu la guerre ; quoique les mouvements de troupe aient accéléré l'épidémie. Epidémie qui a massacré plus que la guerre mondiale ! C'est sûr que si l'avion avait existé au Moyen âge et pas la charrue à bœuf, la peste se serait diffusée à plus vive allure.
6A l'Elysée se tenait ce soir : un « Conseil de défense ». Clémenceau es-tu là ?
7Je n'ai trouvé qu'un crétin sur Slate, de formation populo stalinienne certainement, pour laisser entendre que les riches pourraient être épargné par l'infection généralisée et se protéger : "Les riches mettent le paquet pour se préparer au coronavirus. « Pour les entreprises qui vendent ce genre d'équipements luxueux, l'épidémie apparaît comme du pain béni. La plupart ont d'ailleurs écoulé leurs stocks de masques, gels hydroalcooliques (35 dollars –soit 31 euros– les 30 millilitres ici) ou encore sacs d'urgence. »

8Cf. le mouvement des flagellants et Saint Roch.
10Cf. Gallica.