PAGES PROLETARIENNES

jeudi 24 octobre 2019

Les Arabes peuvent-ils s'émanciper de l'islam ?



« L'existence de la religion révèle l'existence d'un manque ».
Marx
« Aujourd’hui encore, on entend bien des gens parler de la “nationalité” juive comme d’une chose qui empêche leur émancipation. [...] Mais au lieu de permettre aux juifs de sortir de leur isolement, on leur a même, l’esprit aveuglé, fait grief d’une situation dont la législation chrétienne était responsable ».
Moses Hess (1812-1875 - La triarchie européenne)


Il ne faut pas se voiler les yeux lorsque l'on parle de la question du voile islamique qui pourtant masque de bien plus graves questions politiques et sociales. La focalisation des médias sur le sujet nous apparaît superfétatoire mais reflète aussi une préoccupation de la rue. Il faut être un esprit pudibond et étroit de gauchiste de base pour se voiler la face en présence de la généralisation de femmes voilées dans les banlieues et le centre des grandes villes. La bataille des pétitions pour le voile (99 signataires dont le pitre Omar Sy) sous l'égide du journal Le Monde et de Marianne (101 contre) ne parvient même pas à restaurer l'imagerie gauche contre droite, ni à sortir d'un débat en impasse. Autant discuter du sexe des anges. Pour Eric Zemmour c'est le drapeau de l'islam conquérant qui accompagne les prénoms arabes, l'invasion des clandestins et un mépris croissant de la « nation française » où il faudrait supprimer les allocs pour les enfants étrangers via l'apatride droit du sol1. Sur Cnews, en pointe devant les autres médias d'infaux, depuis que le discours anti-migratoire est déversé en prime time, la bande à Pascal Praud, avec Elisabeth Levy, ne cesse de répéter que le voile ostentatoire est surtout une soumission au machisme arabe. Ce qui est notoirement faux. Pour ceux qui connaissent mieux la vie des familles arabes où... c'est souvent la femme qui porte le pantalon. 

POURQUOI CETTE MODE EXPANSIVE DU VOILE ?

L'islam a toujours existé depuis un temps immémorial dans les pays sous-développés voire très arriérés et anciennes colonies. Pourquoi se répand-il dans les pays développés ? Certes du fait d'une immigration massive nécessaire au développement d'un capitalisme en crise, crise de reproduction (bouleversement de la logique de l'accumulation capitaliste avec les nouveaux préceptes de l'écologie industrielle), raréfaction et crise de main d'oeuvre autochtone comme après une guerre mondiale, et fuite éperdue face aux cruelles guerres localisées. Par concomitance, les besoins du grand patronat antiraciste sont infinis2 et laissent leurs collègues des ONG mafieuses se charger ou pas de l'intendance. Le voile n'est que la crête de la vague immigrationniste. Il y a trois décennies on vit bien débarquer avec leurs hommes des femmes voilées mais on se dit qu'elles se dévoileraient à mesure que leurs hommes s'intégreraient, comme on dit en Europe. Au contraire, même celles qui étaient nées sur le territoire français, toutes l'ont conservé et ont fait école. Ce que nos gentils laïcards de plateaux de télévision n'imaginent ni ne voient, c'est la situation de la plupart de ces femmes gagnées à l'islam3. Ces femmes que l'on voit se déplacer bâchées toute la journée ne travaillent pas, ou comme nounous. Or la femme au foyer est aussi invisible dans la vie courante que les retraités. Elle ne compte pas. Elle ne représente rien. L'opportunité d'exister aux yeux de ceux qu'elles croisent est cette tunique qui va de la tête au pied et qui dérange. Elles ne se considèrent pas comme des envoyées de Daech ou de feu le grand masturbateur Ben Laden. Elles savent qu'on les regarde enfin, et qu'elles interrogent pour ne pas dire dérangent. Le voile est ainsi un tissu existentiel !
Indéniablement on peut y ajouter le détail esthétique. Le drap qui couvre tout le corps, et non le simple voile couvre-chef, allonge la silhouette. Nombre de ces femmes « d'intérieur », dans l'obscurité du ménage familial dévoué et esclavagiste, n'ont plus leurs formes juvéniles. Il faudrait parler plutôt de grossophobie que d'islamophobie. Elles marchent à quatre sur les trottoirs comme les Beatles et caquettent comme un vol de colombes. Cela fait communautariste, et bien tant pis si ce ne sont que des relations de bon voisinage. Quant à l'accompagnement pour les sorties d'enfants des écoles, tâche pas vraiment ingrate (mais bénévole) qui les sort du réduit de la cuisine, pourquoi ôteraient-elles en promenade ce qui les distingue des bonnes femmes « d'intérieur » ? Et même de leurs « petits » qui les voient jour et nuit dans la vie privée porteuses de la même coiffe au lit ou dans la cuisine ?
Question d'éducation individuelle et pas prosélytisme, puisque la pensée est libre en démocratie ! En vérité ce qui fait la force du regain islamiste est qu'il apparaît comme LA RELIGION DES DESHERITES MODERNES. Ce qui après tout a été naguère le lot du catholicisme, si bien absorbé par le capitalisme conquérant. 

ET SI LA POLITIQUE N'ETAIT QU'UN RENOUVEAU RELIGIEUX ?

Depuis la disparition de la religion stalinienne vers la fin des années 1980, on n'a pu se résoudre à ne plus croire en rien. L'islam était bien sûr déjà dans toutes les aires géographiques où il s'est implanté historiquement. Il était resté présent en URSS et dans les soit disant « libérations nationales ». On voyait des prières de rue et SOS racisme, garde rapprochée du mitterrandisme prôner multiculturalisme et évasion saharienne avec Balavoine.
L'être humain n'est pas un simple tube digestif. Il a besoin de croire et pas de croire simplement à ce qu'il voit ou aux poignées de main des politiciens démocrates. Même tordu, étatisé et déformation honteuse du projet historique du communisme, le stalinisme laisser espérer qu'il n'y avait pas qu'un capitalisme éternel, que la concurrence d'une lourde bureaucratie étatique d'esprit aussi capitaliste servait perversement d'exutoire à une vraie alternative pour un autre monde débarrassé des frontières et du fric. Les publicitaires de la religion stalinienne arboraient leurs propres colifichets : drapeaux rouges, casquettes CGT, badges PCF et leurs femmes souvent un foulard rouge. Même dans les pays les plus islamisés le référent religion stalinienne était pris en compte, au moins par les chefs d'Etat sous orbite « soviétique ». Les migrants qui migraient étaient souvent automatiquement sous couverture CGT et les slogans « français-immigrés même combat » étaient le refrain incontestable du moindre syndicaliste lambda jusqu'à son pire ennemi ultragauche, conseilliste ou bordiguiste. Tout ça c'est du passé. L'ubérisation du travail et l'immigration incontrôlable et incontrôlée ont dissous jusqu'à la notion de frères de classe remplacée par frères en islam ou en ex-colonisés « victimes des blancs ».

DANGER DE POGROMISME ?

Le seul groupe politique résiduel qui ne déconne pas trop sur le sujet, voire est capable de réflexion théorique intelligente reste le CCI, dans un article de leur petit journal Internationalisme en Belgique4. Ils analysent les dégâts de l'idéologie du capitalisme contemporain comme « produit de la décomposition sociale et idéologique du capitalisme » :
« Dans un contexte de tendance à la dislocation croissante du corps social, dans lequel la classe ouvrière ne parvient pour le moment pas à défendre une perspective révolutionnaire, le communautarisme, et toutes les tendances irrationnelles au repli sur soi se renforcent. Cette dynamique alimente les peurs, les incompréhensions, les préjugés xénophobes et raciaux, voire la haine aveugle et obsessionnelle d’une partie des “autochtones” envers les “étrangers”, et inversement ».
L'article est de qualité en décryptant, ce que ne font pas nos lâches gauchistes plénéliens, parallèlement les délires de ceux que je nomme les indigeste de la République, avec « leur haine viscérale du prolétariat et en particulier des ouvriers blancs ». Le pire est sûr avec la marginalité petite beurgeoise ! 5 Il est fait référence à un article du CCI qui intègre la vision prolétarienne de la richesse des cultures, considérées comme un facteur positif dans le combat pour l’unité dans la lutte – en opposition totale avec le multiculturalisme et le communautarisme bourgeois qui reproduisent l’idéologie identitaire. On peut faire référence à la culture des grandes nations sans être un réac indécrottable face à l'anti-France qui domine les médias faussement « internationalistes » mais acquis à la doxa américaine multiculturaliste et confusionniste.
Bémol sur les risques supposés de pogromisme. Il ne faut pas voir, à la suite des médias serviles, des xénophobes partout. Ce que la presse bourgeoise et gauchiste nomme xénophobie ou racisme, n'est le plus souvent qu'un sentiment d'insécurité qui fait de vous un fasciste en puissance. Cette insécurité est à double sens. Elle concerne autant le prolétaire qui peut être agressé en rentrant chez lui par un miséreux désespéré que ces nombreux migrants qui meurent en masse6. Autant dans l'article on est capable de dénoncer le mensonge écologique de nos exploiteurs autant il manque des maillons dans le raisonnement concernant la crise migratoire7.
Certes les dangers ciblés par le parti populiste belge Vlaams Belang sont du genre zemmourien : « la migration une menace pour la prospérité de la Belgique ». Bof ! Mais il eût été plus utile de surligner les promesses de raser gratis de ce parti populiste comme du même type que celles de la gauche bourgeoise en général dans les années de prospérité. Ils ne s'adressent évidemment pas à la classe ouvrière mais aux défavorisés en général et leurs promesses sont du vent. Pourquoi en référer à une cour d'appel bourgeoise qui les a condamné pour incitation à la haine et à la discrimination ? Les cours de justice bourgeoise sont mal placées pour défendre et le prolétariat et les personnes victimes des exactions islamistes.
Les affirmation banales sur l'immigration « inextricablement liée aux temps modernes » et « caractéristique de la classe ouvrière » ne rendent pas compte de la nature de la crise migratoire, qui n'est pas «normale », en tout cas si on suit ce raisonnement laudateur. Non la classe ouvrière ne peut pas être définie non plus comme « classe de migrants », à ce titre la bourgeoisie l'est aussi !
Certainement que le projet du parti populiste belge (comme Zemmour) de fermer les frontières pendant dix ans est débile (surtout utopique et irréel), mais le blabla gauchiste catho secouriste sur l'abandon de la terre natale « à cause d'une guerre sans merci entre puissances régionales » et « désertification à cause de la pollution », ne tient pas la route sur le fond. Le cas de l'île de Mayotte vient détruire tous ces larmoiements lymphatiques. Polygamie et aucun contrôle des naissances, au croisement de la décolonisation ratée et du maintien de la présence militaire française, l'immigration intempestive des régions débarrassées du colonialisme vers le système de protection médicale socialo-française, révèle et l'incurie des indépendantistes nationalistes et l'impuissance d'une vieille bourgeoisie à réguler la misère du monde.
L'article du CCI dénonce très honnêtement au passage les anti-populistes gauchistes qui dévient la lutte de classe vers la « défense de la démocratie » bourgeoise. Mais il est dommage que ne soit pas développé ce constat « d'impuissance de la bourgeoisie » à réguler son chaos, autrement dit à répondre au constat que nous faisons : une inflation migratoire qui révèle que, pour ainsi dire, le récipient capitaliste fuit par toutes ses pores, qu'il prétend que ce n'est pas une invasion mais que c'en est bien une si on regarde au centres des villes les plus importantes et porte de la Chapelle. A moins de rejoindre la théorie loufoque des gauchistes (« l'invasion migratoire fera exploser le système capitaliste ») et de croire à une révolution issue de la misère totale, le CCI ne peut pas nous expliquer les bienfaits d'un appel à une ouverture totale des frontières, surtout en prétendant qu'il faut que « la classe ouvrière suive de près les développements politiques de la classe dirigeante » (qui ? Et en regardant les infaux?). Comment cette classe en vapeur nuageuse pourrait-elle « contrer les efforts de la bourgeoisie pour la mobiliser » ?
La seule règle « pour les travailleurs » (comme pour sa fraction bâtarde « Révolution ou guerre ») est finalement très ouvriériste, voire grévicultrice : « ne pas se laisser entraîner sur un terrain bourgeois ou petit-bourgeois, mais rester sur leur propre terrain par la défense commune de leurs intérêts matériels et de leurs propres objectifs comme classe indépendante contre le capital. Ce n'est qu'ainsi que la classe ouvrière peut exprimer une véritable solidarité de classe contre toute forme de fausse solidarité des fractions bourgeoises ».
Rester sur le terrain de la lutte usiniste ou corporative dans des pays où il n'y a plus de grandes concentrations industrielles ? Ce n'est même pas recommencer Octobre 17 où le mouvement des femmes contre la guerre a été plus précurseur que les grèves et où les grèves ont dues cesser rapidement pour ne pas handicaper la révolution.
Le maillon qui est absent du bla-bla suivant est la nécessité de démontrer que la lutte ne passe pas par une hypothétique lutte commune migrants-ouvriers (les gauchistes cathos se chargent de cette mystification religieuse) mais par une explication politique qui souligne à la fois la décomposition capitaliste (que ne maîtrisent ni la classe bourgeoise ni la classe ouvrière) et rappelle qu'une autre société est envisageable, de mise en commun des richesses pour sauvegarder l'humanité.
«  Face à cela, il existe une solidarité inclusive totale, qui ne fait pas de distinction selon la race, la couleur, l'origine, etc., et ne connaît pas de frontières. Cette solidarité est exprimée par la classe ouvrière, la classe qui, sur la base de sa solidarité globale et internationale, met fin à toutes les classes ».
C'est du bla-bla creux, au mieux de type incantatoire religieux, et en plus faux du point de vue marxiste. La classe ouvrière dans ce monde-ci ne peut pas mettre fin à toutes les classes, c'est ce qui est supposé pour la période de la société communiste. Et la pénible question migratoire recrée des frontières qui défient les plus idéalistes de marxistes. Quant au danger de pogromisme, ne serait-ce pas plutôt une concession opportuniste du CCI aux radotages gauchistes sur la remontée perpétuelle du nazisme ? Et pogroms contre qui ? Contre une minorité de français en banlieue face à une majorité d'arabes ? Ou l'inverse en fonction d'un armement de guerre civile pas révolutionnaire du tout ?

De l'émancipation des juifs selon Marx à celle des arabes…

La question migratoire est désormais scotchée à la question de l'islam. Retournons donc aux intéressants commentaires du jeune et du vieux Marx sur la « question juive », où il y a parfouis quelques délires et clichés. Les juifs sont certainement moins responsables de la naissance de l'esprit capitaliste que les protestants. Engels ridiculisa à plusieurs reprises « le fléau héréditaire allemand , corollaire de l'esprit de soumission et de servilité et de toutes les tares congénitales des allemands »8. Dans les années 1830 le patronat allemand comme les grands propriétaires étaient majoritairement protestants. L'église catholique méprisée par le pouvoir prenait le parti des déshérités, préconisait la création de coopératives et de syndicats contre « la loi d'airain du salaire », ce qui servira de modèle au socialisme allemand9.
Marx ne lâche pourtant pas le catholicisme. Le christianisme est en effet désigné dans La Question juive comme responsable de « l’atomisation » de la société en individus isolés. Cette même atomisation, dans le Manifeste du parti communiste, sera attribuée en des termes étonnamment proches à l’action historique de la bourgeoisie : christianisme et bourgeoisie sont deux grandes formes sociales anticommunautaires, productrices d’Entfremdung (aliénation) et d’individualisation. Traditionnellement par contre l'islam apparaît comme « communautaire », ce qui n'est pas péjoratif au sens où la prière est commune et publique, et donc quelque part... communiste !La démocratie bourgeoise reproduit l'aliénation religieuse catholique dans le dualisme, chacun est libre idéalement mais asservi réellement, mais le christianisme a permis la séparation d'avec l'Etat :
« C’est seulement sous le règne du christianisme, qui rend étrangères à l’homme toutes les relations nationales, naturelles, morales et théoriques, que la société civile put se séparer complètement de la vie de l’État, déchirer tous les liens génériques de l’homme, mettre à leur place l’égoïsme, le besoin intéressé, et transformer le monde des hommes en un monde atomistique d’individus qui s’affrontent en ennemis ».
Pour les hégéliens de gauche, le christianisme constituait la dernière enveloppe religieuse au sein de laquelle s'était exprimée la lutte pour l'émancipation humaine, donc avec la création de l'Etat moderne. Bruno Bauer était la porte parole de la gauche en Allemagne, malgré son évolution ultérieure. Il déniait tout intérêt à l'émancipation des juifs. Il estimait de façon rigide (à la manière disons de l'anarchiste laïque bêta) que l’émancipation politique serait donc indissociable d’un dépassement des identités religieuses, donc : pas d’émancipation pour les juifs avant que tout le monde ne soit devenu athée ! Ce que contestait Marx :
« Aussi ne disons-nous pas aux juifs, avec Baller : vous ne pouvez être politiquement émancipés, sans vous émanciper radicalement du judaïsme. Nous leur disons plutôt : c'est parce que vous pouvez être émancipés politiquement, sans vous détacher complètement et définitivement du judaïsme, que l'émancipation politique elle-même n'est pas l'émancipation humaine. Si vous, juifs, vous désirez votre émancipation politique sans vous émanciper vous-mêmes humainement, c'est que l'imperfection et la contradiction ne sont pas seulement en vous, mais ils sont inhérentes à l'essence et à la catégorie de l’émancipation politique ». Mais en disant cela Marx pose le futur :
« C'est seulement lorsque l'homme individuel, réel, aura recouvré en lui-même le citoyen abstrait et qu'il sera devenu, lui, homme individuel, un être générique dans sa vie empirique, dans son travail individuel, dans ses rapports individuels ; lorsque l'homme aura reconnu et organisé ses forces propres comme forces sociales et ne retranchera donc plus de lui la force sociale sous l'aspect de la force politique : c'est alors seulement que l'émancipation humaine sera accomplie ».
Ce raisonnement de Marx sur la question juive face à Bauer nous semble aussi applicable concernant la « question islamique ». On ne peut pas demander à ses millions de croyants de devenir athées avant de prétendre à une réelle émancipation politique. Et ce n'est pas en se figeant sur le décorum islamique et ses oripeaux qu'on peut comprendre comment dépasser le problème ni en se mettant à la remorque des factions, qui se croient éclairées, qui veulent les « déshabiller ». L'islam n'est de toute façon pas la solution pour les migrations massives ni un véritable obstacle à la lutte de classe, quoique les comportements macho-islamiste en entreprise soient une tare.
Mais, pour Marx, l'existence comme la persistance de la religion, est le symptôme de la misère de la condition humaine. L'émancipation « réelle » aboutira non pas à laisser l'homme à sa religion mais à émanciper l'homme de la religion, en créant les conditions qui la rendent inutile. Il ne s'agit pas d'un processus autoritaire d'extirpation des religions.
Contre Bauer, Marx démontre que : « l'accomplissement de l'Etat chrétien, c'est l'Etat qui se désintéresse de la religion de ses membres ». A cet Etat succédera une émancipation pratique de l'humanité réelle, depuis cette part du peuple qui subit le « tort absolu » : le prolétariat.

IL FAUT AUSSI UN INTERMEDIAIRE…

Pour Marx il y a encore quelque chose de religieux dans l'Etat laïque, même l'émancipation politique finale garde quelque chose de religieux. Sortir de la religion ne dépend pas de l'Etat mais de la transformation sociale :
« En se libérant politiquement, l'homme se libère en faisant un détour par un intermédiaire ». Le médiateur entre l'homme aliéné et l'homme libre, c'est dieu ou un de ses représentants, selon la religion. La libération politique de la bourgeoisie est elle-même passée par le médiateur étatique. Etre libéré de la religion par un intermédiaire c'est être donc libéré religieusement. Etre libéré du capitalisme par l'intermédiaire parti c'est aussi être libéré religieusement. Pour Marx les hommes seront de moins en moins religieux en se réappropriant leur propre être communautaire.




NOTES

1Sur nombre de sujets Zemmour est un lanceur d'alerte... à retardement, car la catastrophe est déjà là. Ses constats ne sont pas faux sur le délitement sociétal, sauf qu'il se raccroche aux vieilleries du conte national, avec une tonalité qui ne peut que ravir les spectateurs RN, sans oublier des carences graves en histoire qui montre son nanisme politique et son attitude de chien de la lunette arrière. Est bien plus inquiétante la cabale des médias contre lui – au nom des hypocrites droits de l'homme et de la négation du bordel migratoire – qui milite pour son meurtre professionnel, et même son meurtre tout court (par ex L'Express qui donne ses horaires de travail et signale qu'il n'est plus sous protection policière). Le même procédé avait servi à éliminer René Bousquet avec la complicité de la police de Mitterrand.
2Le prêt à penser immigrationniste ne plaisante pas, et ce ne sont pas les politiques qui en décident en premier lieu. Pour éliminer Zemmour de Cnews, les antiracistes révolutionnaires suivants se sont ligués pour retirer leurs écrans publicitaires à l'appel du comique milliardaire Omar Sy : Nutella, la Maif, Groupama, Chanel, SFR, Petit Navire. Le champion de l'islamisation de la France reste Libération, qui avec son supplément - le petit Libé - en fait des tonnes en ciblant les enfants avec les pires clichés islamophiles: https://ptitlibe.liberation.fr/racisme-musulmans-france,101158

3Par le prosélytisme de palier entre femmes désoeuvrées de même quartier, peut-être plus souvent que par les militants politiques musulmaniaques qui ont envahis les banlieues et ne sont plus concurrencés par les militants disparus de la gauche en général et de l'extrême gauche (constat de François Pupponi, maire de Sarcelles face à Zemmour le 23 octobre). La politique urbaine de "mixité sociale" n'a finalement abouti qu'à développer les ghettos, plus qu'on ne croit en répartissant vicieusement là des antillais, là des arabes, là des comoriens, etc. Politique de division consciente du prolétariat puis théorisation d'un racisme "anti-musulman" où les édiles de la gauche bobo-écolo militent pour donner le tapis rouge à l'islamisation galopante, qui va de pair avec la vie en insécurité, dont Grenoble est le nouveau Chicago. La théorie antiraciste a pour principale fonction de masquer le mépris des élites bourgeoises pour les différences de classes.
4On peut prendre n'importe quel de leurs organes dans les pays où ils sont présents, les articles ne sont en général que la reproduction de ceux de RI France.
6Comme dans ce camion venu de Belgique en Angleterre qui transportait 39 cadavres ! Comment sont-ils donc morts ?
7Depuis des décennies le CCI n'est pas aveugle sur les tares du capitalisme en décadence : « Dans la phase de décomposition, à la suite du blocage de la lutte entre la bourgeoisie et le prolétariat, la société capitaliste transpire de tous ses pores : «la marginalisation, l'atomisation des individus, la destruction des rapports familiaux, l'exclusion des personnes âgées, l'anéantissement de l'affectivité et son remplacement par la pornographie…. En bref : l'anéantissement de tout principe de vie collective au sein d'une société qui se trouve privée du moindre projet, de la moindre perspective ».Voir : «thèses: la décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste» (CCI :online). Même s'il est lui-même empreint de religiosité, cf. ses articles à chaque fois lors du décès d'un militant sont lamentables, ils l'enterrent une deuxième fois avec des détails à chier et sans son nom réel, car le surnom empêche les descentes de police post-mortem pour un individu qui n'a jamais fait que vendre un petit journal à a criée ou faire une ou deux grèves dans sa boite.
8C'est elle qui nous a rendus si ridicules et méprisables à l'étranger. C'est la cause principale de la veulerie et de là faiblesse de caractère qui règnent en Allemagne. Elle règne sur le trône aussi bien que dans l'échoppe du savetier. C'est seulement depuis qu'il s'est formé un prolétariat moderne en Allemagne que s'est développée une classe qui n'est pratiquement pas touché par cette maladie héréditaire allemande: n'a-t-elle pas démontré dans la lutte qu'elle avait de la liberté, d'esprit, de l'énergie, le sens de l'humour et de la ténacité ? Comment ne lutterions-nous pas contre toute tentative d'inoculer artificiellement à cette classe saine la seule qui le soit en Allemagne - le vieux poison héréditaire du philistinisme borné et de la veulerie petite bourgeoise ? ».
9Mais ce courant se fossilisera dans un parti bourgeois, le Zentrum. Marx notera aussi que le protestantisme était une religion correspondant aux intérêts de la bourgeoisie anglaise ou hollandaise. Au procès de Nuremberg, les criminels de guerre nazis se réclamèrent de la pensée de Martin Luther. De là à ce que certains imaginent que la nazisme était issu du protestantisme... ce qui n'est pas ma vision, le nazisme reste un aspect de la contre-révolution bourgeoise.